Gangsters Les Diables De L Amérique S01E07 Jemeker Thompson La baronne
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00:00 [Générique]
00:02 Au début des années 80, ça se vendait comme des petits pains.
00:06 L'épidémie de crack se propage à toute vitesse.
00:10 On n'avait jamais vu ça.
00:12 Je voulais être riche.
00:14 Ça a commencé par un kilo, puis deux, puis quatre.
00:18 Jaymaker faisait des transactions à 500 000 ou 1 million de dollars.
00:22 Elle vivait avec Daf.
00:24 On était au top.
00:26 Et puis il s'est fait tuer.
00:28 [Générique]
00:30 Dès c'est là que Jaymaker Thompson a décidé de prendre les reines.
00:34 Je voulais passer à la vitesse supérieure.
00:37 Les membres de son organisation avaient tous un casier.
00:41 Ils avaient commis des actes violents et parfois même des meurtres.
00:45 Il y avait beaucoup de morts autour de moi.
00:48 J'avais peur d'être la suivante.
00:50 Elle a pris la fuite.
00:52 Ça ne pouvait pas durer éternellement.
00:54 Elle voulait voir sa famille, son petit garçon.
00:57 Elle a fait l'erreur que n'importe quelle mère aurait faite.
01:00 J'avais un pistolet dans mon sac à main.
01:03 J'étais prête.
01:05 [Générique]
01:20 Aujourd'hui dans Les Diables de l'Amérique,
01:23 Jaymaker Thompson, la baronne.
01:27 [Générique]
01:33 En 1984, Los Angeles était une ville à deux facettes.
01:37 D'un côté, il y avait le rêve hollywoodien de la cité des anges.
01:42 Et de l'autre, le cauchemar d'un fléau diabolique.
01:47 [Générique]
01:53 Le crack a fait son apparition à Los Angeles en 1984.
01:57 Il s'est répandu comme une traînée de poudre dans le ghetto
02:00 et a envahi le centre-ville.
02:02 [Générique]
02:12 En 1984, à l'occasion des Jeux Olympiques,
02:15 la ville de Los Angeles a construit une zone de haute sécurité
02:18 dans l'un des ghettos les plus violents du monde.
02:21 Le quartier de South Central.
02:24 [Générique]
02:29 195 km², 500 000 habitants.
02:33 En 1984, le nombre de meurtres, de viols, de cambriolages et d'agressions
02:39 y étaient deux fois plus importants que dans le reste de la ville.
02:42 Les rues sont devenues un champ de bataille
02:45 où la sécurité n'est plus une option.
02:47 On a peur de sortir dans la rue ou de s'asseoir devant chez soi.
02:50 On n'ose plus rien faire.
02:52 C'est à South Central que se trouve le stade
02:55 où se sont déroulés les 23e Jeux Olympiques d'été.
02:58 [Générique]
03:02 Quand j'étais ado, je faisais de l'athlétisme.
03:05 On parlait de moi dans le LA Times, dans le journal du lycée.
03:09 Participer aux JO, c'était mon rêve.
03:12 Une des jeunes athlètes les plus rapides de South Central
03:15 est montée sur la première marche du podium,
03:17 mais dans une toute autre catégorie.
03:20 J.Maker Thompson, la baronne,
03:25 était à la tête d'un vaste réseau de distribution de cocaïne.
03:28 Elle a été incarcérée pour trafic de drogue et blanchiment d'argent
03:32 et a semé la mort sur son passage.
03:35 Instinct, quand j'ai arrêté la course,
03:38 je me suis impliquée encore plus dans la drogue.
03:41 Je courais toujours, mais pour sauver ma peau.
03:44 [Générique]
03:47 [Musique]
03:53 Pendant l'été 1984,
03:55 J.Maker Thompson était au sommet de sa carrière.
03:58 À l'époque, ce n'était rien du tout pour moi d'avoir 50 kilos de cocaïne.
04:04 Avec son époux, un dealer et parieur surnommé Daff,
04:08 elle formait un des couples les plus puissants du quartier.
04:13 On avait trois maisons différentes.
04:16 Elles tournaient 24 heures sur 24,
04:18 7 jours sur 7, 365 jours par an.
04:21 On ne fermait jamais.
04:23 On ramassait de l'argent tous les jours.
04:26 [Cris de panique]
04:30 [Musique]
04:34 En préparation des Jeux Olympiques,
04:37 le chef de la police de Los Angeles, Darryl Gates,
04:40 a lancé une série d'opérations quasi militaires.
04:42 De gigantesques coups de filet
04:44 pour mettre les criminels derrière les barreaux,
04:46 le temps des JO.
04:48 [Cris de panique]
04:51 Les mains derrière la tête !
04:53 Ils ont ratissé l'arge, mais n'ont pas épinglé la baronne.
04:58 Police !
04:59 Il y avait beaucoup de violence autour de moi,
05:01 mais ça ne m'affectait pas.
05:03 J'étais protégée parce que j'étais la femme de Daff.
05:05 [Cris de panique]
05:08 À l'époque, ça ne me faisait même pas peur.
05:11 [Musique]
05:13 Je me sentais invulnérable.
05:15 [Musique]
05:17 J'ai toujours su que la drogue, c'était illégal.
05:20 Mais je pensais que je ne me ferais jamais prendre.
05:23 En 1984, la course de J.Maker Thompson ne fait que commencer.
05:30 [Musique]
05:33 Elle se détachait du lot,
05:35 parce que c'était une femme dans un monde dominé par les hommes.
05:38 [Musique]
05:40 Les gens étaient fascinés.
05:42 Ils étaient curieux et voulaient la côtoyer.
05:45 Dans le milieu, c'était une vraie star.
05:47 Elle avait recours à la violence lorsque la situation l'exigeait.
05:51 Dans la rue, tout le monde avait peur de J.Maker.
05:55 Ceux qui osaient lui mentir devaient en payer les conséquences.
05:58 Elle démarrait au quart de tour.
06:01 Et il lui arrivait parfois de prendre elle-même les choses en main.
06:05 J'étais à la soirée d'anniversaire de ma mère.
06:08 J'étais à la soirée d'anniversaire de Mohamed Ali.
06:11 Elle avait entendu dire que je comptais présenter son mari à une de mes amies,
06:15 très riche et très célèbre.
06:17 On en est venu aux mains.
06:19 Les policiers ont été obligés d'intervenir.
06:22 C'était un désastre.
06:24 Je me fichais bien de l'endroit où j'étais,
06:26 de ce que je faisais et de la tenue que je portais.
06:29 J'étais prête à me battre pour mon homme.
06:32 Me faire passer à tabac dans un club à deux pas de Mohamed Ali,
06:37 c'était insensé.
06:39 J.Maker voulait faire fortune.
06:46 Elle voulait avoir du succès, gravir les échelons.
06:49 Elle voulait étendre son pouvoir.
06:51 Mais pour une femme, à l'époque, il y avait beaucoup d'obstacles à franchir.
06:56 Quand je suis allée chez elle, elle avait une Ferrari, une Porsche Turbo,
07:04 toute une collection de voitures à couper le souffle,
07:07 une piscine flambant neuve, une gouvernante,
07:10 tout ce dont une femme pouvait rêver.
07:13 Vous savez, les émissions de télé-réalité sur les femmes richissimes,
07:17 c'était sa vie dans les années 80.
07:20 Pour moi, l'argent, c'était le pouvoir, le contrôle.
07:26 Mais c'était aussi ce qui me contrôlait.
07:28 J'en voulais toujours plus.
07:31 L'argent lui a permis de quitter South Central pour jouer dans la cour des grands.
07:36 Quand je l'ai cherchée dans les fichiers de la brigade des stups,
07:46 son nom est tout de suite apparu.
07:48 Les policiers de Los Angeles m'ont dit que c'était une grosse pointure
07:53 et qu'elle était toujours en liberté.
07:55 Un agent des stups de la Nouvelle Orléans la connaissait.
08:01 Même les Marshalls s'intéressaient à elle.
08:04 Elle avait la réputation de pouvoir s'occuper de grosses transactions.
08:11 Combien de kilos, juste ?
08:14 D'après ce que je sais, ça allait chercher dans les 500 000 ou 1 million de dollars par semaine.
08:20 J'étais intouchable et j'avais assez d'argent pour racheter mes concurrents ou m'en débarrasser.
08:30 Mais durant les Jeux d'été de 1984,
08:33 l'argent n'était plus suffisant pour mettre Jaymaker à l'abri du besoin.
08:37 Je n'aurais jamais cru perdre Daph.
08:42 Le pic de violence n'avait pas encore été atteint.
08:46 Il y a laissé sa peau.
08:49 Ça faisait partie du jeu. Cette vie, on l'a choisie.
08:54 Ça aurait pu être moi la victime.
08:58 C'est un jeu dangereux.
09:00 Quand on décide d'y jouer, il faut en accepter les règles.
09:05 Il y en a qui survivent et d'autres qui meurent.
09:11 Si Jaymaker Thompson est devenue une baronne de la drogue,
09:15 elle a été une victime de la violence.
09:18 Elle a été une victime de la violence.
09:23 Si Jaymaker Thompson est devenue une baronne de la drogue,
09:27 c'est en partie parce qu'elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.
09:31 Au début des années 80, ça se vendait comme des petits pains.
09:41 On parle de la cocaïne.
09:50 Ce n'était rien du tout pour moi d'avoir 50 kilos de cocaïne.
09:54 Et je n'avais que 18 ans.
09:57 C'était un quartier sinistré, avec un taux de criminalité très élevé.
10:02 Il y avait des voitures customisées partout,
10:06 avec des jantes chromées à 10 000 dollars,
10:09 et une sono à faire palir de jalousie les boîtes de nuit.
10:12 Ça voulait dire "moi je deal, je suis riche, et toi non".
10:18 Des jeunes de 19 ans devenaient millionnaires quasiment du jour au lendemain.
10:22 On n'avait jamais vu ça.
10:24 Des millions d'Américains sont devenus dépendants.
10:27 Le crack a fait encore plus de dégâts que l'héroïne.
10:30 Les gangs se sont multipliés,
10:33 et ils étaient de mieux en mieux armés.
10:36 D'après la police, la hausse de la violence serait liée à la drogue.
10:40 C'était l'escalade.
10:46 Tout ce que je voulais, c'était m'en sortir vivante.
10:49 Jemmaker, c'est un pur produit de la cité.
10:59 Elle avait 4 ans quand ses parents ont divorcé.
11:02 Ma mère était une femme très forte.
11:04 En tant que parent isolé vivant à South Central,
11:07 elle a fait de son mieux pour prendre soin de nous cinq.
11:10 Mais la tâche s'est avérée trop difficile.
11:15 Jemmaker avait 8 ans lorsque sa famille a été expulsée de son appartement.
11:19 J'étais triste. Je me sentais seule.
11:24 Je n'allais pas bien du tout.
11:26 Je me souviens même m'être dit ça, ça ne m'arrivera jamais à moi.
11:30 Elle a passé son enfance entre le quartier de South Central
11:35 et l'état du Mississippi, où vivaient ses grands-parents.
11:41 Chez ma grand-mère, il fallait aller à la messe tous les dimanches.
11:45 On devait participer aux tâches ménagères, faire la vaisselle, cuisiner.
11:49 Et quand on désobéissait, elle nous tapait.
11:52 Alors j'étais souvent punie.
11:55 À 14 ans, elle revient à South Central pour de bon
11:59 et se fait remarquer en compétition.
12:02 Elle concentrait tous ses efforts sur l'athlétisme
12:06 et ça lui réussissait plutôt bien.
12:09 J'étais un vrai garçon manqué,
12:11 parce que j'étais la seule fille de la fratrie.
12:14 J'étais entourée de garçons.
12:16 Et du coup, je n'avais aucun mal à m'entendre avec des hommes.
12:20 Son chemin croise celui d'un jeune homme, connu sous le nom de Daff.
12:25 Daff, c'était le boss. Il contrôlait tout.
12:32 C'était le numéro un du quartier.
12:35 Il faisait partie de ces hommes qui étalaient leur richesse sans vergogne.
12:39 Daff avait lui aussi une voiture customisée.
12:44 Elle aimait les bolides et surtout l'argent.
12:47 Il s'appelait Anthony Mosley et avait 5 ans de plus que Jaymaker.
12:52 Il n'a pas tardé à lui apprendre les ficelles du métier.
12:55 Quand j'étais en première, j'ai commencé à vendre de la marijuana au lycée.
13:02 Je gagnais des milliers de dollars.
13:05 Daff venait me voir au stade et il organisait des paris quand je courais.
13:11 Il voulait se faire de l'argent grâce à moi.
13:14 Si je me souviens bien, j'étais en première.
13:19 Daff et elle vendaient des vêtements.
13:22 Ce n'était certainement pas légal.
13:24 Ils étaient peut-être volés, je n'en sais rien.
13:27 C'était grisant d'enfreindre la loi et de s'en sortir impunément.
13:32 Et ce n'était que le début.
13:34 Il dépensait beaucoup d'argent pour elle.
13:39 Il la couvrait de cadeaux.
13:41 Elle devait avoir 16 ou 17 ans quand elle s'est trouvée une maison et a emménagé avec Daff.
13:47 Quand j'étais en terminale, notre trafic de marijuana a pris de l'ampleur.
13:55 Ça se chiffrait en kilos.
13:57 Daff se procurait la drogue.
13:59 Jaymaker trouvait de nouveaux clients.
14:02 Lorsqu'elle a terminé le lycée, ils ont fondé une famille.
14:05 Anthony Junior est né en 1982.
14:08 Dès que mon fils est né, j'ai arrêté de vendre de la drogue.
14:14 Je me contentais de récupérer l'argent.
14:17 Je faisais la collecte et je déposais les liasses de billets en lieu sûr.
14:21 Son addiction, c'était l'argent.
14:24 La marijuana leur offrait une nouvelle vie dans le quartier d'Encino, à 40 km de South Central.
14:30 La famille Jackson vivait dans la même rue que moi.
14:37 J'avais l'impression d'être une célébrité, d'être invulnérable.
14:41 Soudain, à LA, la marijuana a été supplantée par le crack.
14:45 Le crack est devenu la drogue de prédilection aux États-Unis, car elle est bon marché.
14:53 Cette industrie génère plus de 100 milliards de dollars.
14:56 J'ai vu un ado de 17 ans au volant d'une Cadillac payée rubis sur l'ongle.
15:01 Ces jeunes portent des bijoux d'une valeur de plusieurs milliers de dollars.
15:04 Et ils ont des billets plein les poches.
15:07 C'était la nouvelle génération.
15:10 Ils avaient une vision, de l'ambition.
15:13 Ils étaient motivés, intelligents, et ils ont gravi les échelons.
15:18 Comme les autres secteurs offraient très peu d'opportunités, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
15:22 Ils se sont lancés dans le trafic de drogue.
15:26 Parmi tous ces hommes, une jeune femme s'est démarquée.
15:30 Lorsque le crack est apparu dans la Cité des Anges, Jaymaker a saisi la balle au bon.
15:34 Mon objectif, c'était de passer à la vitesse supérieure.
15:38 Daff a été arrêtée pour possession d'armes. La police avait trouvé un pistolet dans sa voiture.
15:44 Jaymaker s'est chargé de le faire libérer.
15:47 La vitesse supérieure, c'est grâce à un garant de caution judiciaire qu'elle la passera.
15:51 Il m'a proposé de la cocaïne. Ce qu'il m'a donné ce jour-là, je l'ai vendue en une soirée.
15:57 Ce type avait la cote.
16:00 Je me souviens, je voulais le rencontrer, parce qu'on m'avait dit qu'il était très riche.
16:05 J'ai parlé à Daff de la cocaïne.
16:08 Je lui ai dit que je voulais devenir riche et que je voulais me lancer là-dedans.
16:13 Jaymaker a insisté.
16:16 Il préférait se concentrer sur les jeux d'argent que sur la distribution de drogue.
16:21 Tous les clients à qui je vendais de la marijuana, je leur ai fait découvrir la cocaïne.
16:26 Quelques temps plus tard, j'ai recruté du personnel.
16:29 Il y avait cinq types sous mes ordres qui en dealaient pour Daff et moi.
16:33 Ça a commencé par un kilo, puis deux, puis quatre.
16:37 Ça n'arrêtait pas.
16:39 Elle entreposait plusieurs centaines de kilos de cocaïne dans son propre garage.
16:46 Plus j'en avais, plus il m'en fallait.
16:49 C'était devenu ma petite entreprise, mon business.
16:53 En 1984, confortablement installée dans sa maison d'Encino,
16:58 l'ancienne star de l'athlétisme voit Evelyn Ashford établir un nouveau record olympique au 100 m.
17:04 La baronne est au fait de sa carrière.
17:07 Pourtant, trois mois plus tard, tout va changer.
17:11 Je vous emmène au centre de la Vajoto, au croisement de Florence et de Western Avenue.
17:22 C'est là que Daff a été tué.
17:24 Le meurtre de Daff est l'un des tout premiers règlements de compte
17:32 que l'on peut en partie attribuer à la montée de la cocaïne dans le ghetto.
17:37 La scène s'est déroulée devant une station de lavage de South Central,
17:41 une maison de jeu où Daff s'était fait un nom.
17:44 À l'époque, j'étais mariée à son frère.
17:47 Quand on a appris la nouvelle, ça nous a bouleversées.
17:51 Le téléphone a sonné. Je ne l'oublierai jamais.
17:56 Un type est arrivé par le côté du bâtiment.
18:00 Il a tiré et l'a abattu.
18:02 Je ne me souviens plus où il a été touché, peut-être à la tête ou à la poitrine.
18:07 En tout cas, le type est arrivé par le côté.
18:10 Beaucoup de gens étaient jaloux parce qu'on était au top.
18:15 On vivait pleinement notre vie.
18:18 On avait tout ce qu'on voulait.
18:21 On était ensemble, on formait une famille.
18:24 Tout allait bien. Et puis il s'est fait tuer.
18:29 Le meurtre n'a jamais été élucidé.
18:31 Ce matin-là, je ne suis pas allée à la station de lavage.
18:37 Je me suis rendue à la morgue pour identifier mon époux Daff.
18:40 Elle s'est retrouvée seule avec un enfant.
18:48 Que faire ? Postuler pour un emploi à la banque du coin ?
18:51 Elle savait faire ce que faisait son mari.
18:54 Mais elle voulait mettre la barre plus haut.
18:57 C'est là que Jaymaker Thompson a décidé de prendre les rênes.
19:00 Un de mes dealers m'a dit, "Tu sais, Jaymaker, je suis là pour toi,
19:06 mais il est temps que tu reprennes les choses en main."
19:09 C'est cette maison-là.
19:25 C'est là que je vivais avec ma mère et mes frères quand on s'est fait expulser.
19:29 J'ai dit à ma mère, "Dieu va me donner quelque chose de mieux que cette maison.
19:35 J'ai un bel avenir devant moi."
19:38 C'était un garçon manqué qui a grandi entre le quartier de South Central et le Mississippi.
19:44 De retour à Los Angeles, Jaymaker Thompson est tombée amoureuse d'un gangster à l'âge de 16 ans,
19:50 puis est entrée dans son univers.
19:54 Je vendais de l'herbe dans le quartier.
19:56 C'était mon coin pour dealer.
19:58 On avait une camionnette remplie de marijuana,
20:04 et c'était ici qu'on la fourguait.
20:06 Juste là.
20:07 Je n'en ai jamais parlé à ma mère.
20:11 Mais avec la cocaïne, les règles du jeu ont changé.
20:16 [Générique]
20:20 Les circonstances ne sont toujours pas claires,
20:25 mais ils ne défendaient personne, et le tireur ne s'était pas trompé de cible.
20:29 Anthony Mosley était un parieur, connu pour jouer gros dans le ghetto.
20:34 Tout le monde voulait s'en prendre à Daft.
20:38 C'est triste.
20:40 Ça fait mal.
20:43 Très loin.
20:45 On se sent seul quand on perd son premier amour, son mari, le père de son enfant.
20:51 Ça nous a ouvert les yeux.
20:55 Daft, c'était l'un des premiers gros dealers à se faire tuer.
21:00 Le drame s'est produit en novembre 1984,
21:07 lorsque le crack s'est mis à envahir le quartier de South Central.
21:11 [Générique]
21:15 Après sa mort, il y a eu une espèce d'effet domino.
21:24 Daft a été le premier, et ensuite c'est devenu comme une mode.
21:29 Il y avait des morts partout.
21:31 C'était affreux.
21:37 Il n'y a pas de mots pour exprimer ce que je ressentais.
21:40 Ma douleur, ma confusion, ma solitude, ma colère.
21:46 Pas de mots.
21:50 Accablée par le chagrin, elle a failli perdre l'autre amour de sa vie.
21:56 Mon fils avait deux ans.
21:58 Quelques mois après la mort de Daft, il est tombé dans la piscine.
22:05 J'ai sauté à l'eau, je l'ai sorti, et je m'ai fait du bouche à bouche.
22:08 J'ai prié de toutes mes forces pour qu'il reste en vie.
22:11 Pitié, faites qu'il ne meure pas.
22:14 J'ai déjà perdu mon mari, ne m'enlevez pas mon fils.
22:17 Ils ont passé une semaine à l'hôpital.
22:21 Un de mes dealers est passé prendre de nos nouvelles.
22:26 Il m'a dit, tu sais, Jaymaker, je suis là pour toi.
22:32 Tu peux compter sur moi, mais j'ai besoin de bosser.
22:35 Il n'y a eu qu'un coup de fil à passer pour revenir dans la course.
22:40 Après la mort de son mari, elle s'est mise à voyager pour gagner du terrain.
22:51 Dès qu'il y avait un combat de boxe à Las Vegas, je mettais un point d'honneur à y assister.
22:58 Les dealers du monde entier se retrouvaient là-bas.
23:02 Ça m'a permis d'élargir mon réseau.
23:04 Elle usait de son charme pour séduire ses fournisseurs ou acheteurs potentiels.
23:08 Ils étaient multimillionnaires, avaient beaucoup de pouvoir et étaient particulièrement intimidants.
23:17 Elle jouait dans la cour des grands.
23:21 Personne ne me connaissait. J'étais plus riche que la plupart de ces hommes, mais ils n'en savaient rien.
23:30 Elle avait des contacts dans tout le pays. Le Sud, Atlanta, Détroit, l'Illinois, Saint-Louis.
23:35 Quand j'ai commencé à voyager, c'était de la folie.
23:40 Je transportais une dizaine de kilos de cocaïne sur moi. Pareil pour ma copine.
23:45 Dix pour elle, dix pour moi. On ressemblait à des grosses dondons à l'aéroport.
23:52 On s'enveloppait dans du film alimentaire.
23:57 On portait un corset, une salopette, un manteau de bison et des bottes de cow-boy.
24:02 J'emportais ma Bible parce que je savais que c'était mal.
24:07 Au retour, elle mettait l'alias de Billet dans son corset.
24:13 Elle y fourrait l'argent et tout ce qu'elle voulait dissimuler.
24:16 Quand on arrivait à l'hôtel, je prenais deux chambres communicantes.
24:20 Une pour ma copine et moi, et l'autre pour mon contact.
24:24 Je déballais la drogue, on procédait à l'échange, je prenais le fric et hop, je repartais à LA.
24:29 Pas un mot à ma mère, c'était ma devise.
24:36 J'avais l'impression que le monde m'appartenait parce que j'étais mon propre chef.
24:41 Faisons un petit calcul rapide.
24:45 Un kilo de cocaïne équivaut à 1000 grammes.
24:52 Si le prix est de 100 dollars le gramme, ça vous fait 100 000 dollars.
24:56 Si votre investissement à l'achat était de 20 000 dollars, vous venez de faire un bénéfice de 80 000 dollars.
25:03 Et ça, c'est sans parler de la qualité du produit.
25:06 Disons que vous avez un kilo de cocaïne pure, vous pouvez la couper avec du bicarbonate de soude.
25:12 Vous mélangez les deux et vous obtenez deux kilos de cocaïne pure à 50%.
25:16 Ça fait 200 000 dollars.
25:19 On ne vendait pas des petites doses, ça se chiffre en kilos.
25:22 25, 50, 100 à la fois.
25:25 En 1987, elle a monté une entreprise pour les protéger, son fils et elle.
25:38 Je savais qu'un jour je voudrais sortir du monde de la drogue.
25:43 Je suis allée voir un de mes amis, mon coiffeur, et je lui ai dit
25:48 "Pourquoi tu ne vendrais pas des cheveux ?"
25:50 C'est de là que l'idée est venue.
25:53 Et je suis partie en Italie.
25:56 En Italie, elle s'est rendue compte qu'elle pouvait importer des cheveux pour faire des perruques.
26:11 Elle a fondé la société Hair Distributors pour blanchir l'argent de la drogue.
26:17 Et portait ses propres perruques pour se faire de la publicité.
26:20 Les coiffeurs et les maquilleurs des stars savaient que les perruques de Jemmaker
26:25 étaient ce qui se faisait de mieux sur le marché.
26:28 Jemmaker Thompson a fait ce que font tous les bons trafiquants.
26:33 Elle s'est dit "Je gagne suffisamment d'argent pour monter une affaire légale,
26:37 peu importe si c'est pas lucratif."
26:40 Sa boîte marchait bien, mais ça ne lui suffisait toujours pas.
26:45 Elle a jeté son dévolu sur un gros acheteur.
26:47 Un homme qu'elle a commencé à fréquenter dans l'Illinois,
26:50 connu sous le nom de "Cheese".
26:52 C'était son surnom.
26:54 Il était musicien et il a aidé à faire des affaires dans l'Illinois.
26:59 Percy Bratton est devenu l'un de ses meilleurs clients.
27:04 De 1988 à 1989, il lui a d'abord acheté 500 grammes de coke,
27:09 puis un kilo, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit.
27:14 Deux, trois, quatre.
27:16 En tout, il lui a pris 15 kilos sur une période d'un peu plus de deux ans.
27:19 C'est énorme, mais ça a laissé une trace qui a poursuivi Jemmaker.
27:23 Cheese n'arrêtait pas de m'appeler,
27:25 mais je n'avais plus très envie de lui parler.
27:28 Petit à petit, la baronne en a eu assez de devoir aller récupérer l'argent à Halton,
27:37 une bourgade de 25 000 habitants dans l'Illinois.
27:41 Jemmaker Thompson a fait ce que font tous les bons trafiquants.
27:44 Elle savait faire ce que faisait son mari.
27:48 Mais elle voulait mettre la barre plus haut.
27:52 Les circonstances ne sont toujours pas claires.
27:55 Et ça a laissé une trace qui a poursuivi Jemmaker.
28:00 On a mis la main sur un certain nombre de transferts
28:07 effectués par des membres de l'organisation Bratton à l'attention de Jemmaker Mosley.
28:11 En avril 1991, elle a été mise en examen pour trafic de drogue et blanchiment d'argent.
28:18 Et là, elle s'est évanouie dans la nature.
28:23 Elle a disparu, sans son fils.
28:27 Ça montre la gravité de la situation.
28:29 À cette époque-là, j'avais un pistolet dans mon sac à main,
28:33 et j'ai vu un homme qui avait un pistolet dans son sac à main.
28:36 Je ne m'en séparais jamais.
28:38 J'ai fait ce qu'il fallait faire pour me protéger.
28:42 Quoi qu'il arrive, j'étais prête.
28:45 Au printemps 1991, la situation se dégrade à South Central.
28:53 Ces deux mots "non coupable" ont résonné mercredi dans le tribunal de Simi Valley.
29:03 Les patrouilles de police sont renforcées ce soir.
29:06 Jemmaker Thompson n'a rien vu de la violence, de la brutalité et de l'incertitude qui ont envahi sa ville natale.
29:13 Un mois après le passage à tabac de Rodney King par des policiers de Los Angeles,
29:18 la baronne était accusée de trafic de cocaïne et blanchiment d'argent.
29:22 Elle s'est volatilisée au moment où South Central s'est embrasée.
29:26 Je savais que j'étais recherchée.
29:32 Mais j'ignorais qui me surveillait.
29:34 Ce n'était ni normal ni facile.
29:38 Suite à un renseignement, les agents fédéraux ont fait une descente dans les locaux de son entreprise.
29:45 On a inspecté les lieux, mais elle n'était pas là.
29:50 Quelqu'un avait dû vendre la mèche.
29:54 Un sergent de la police de Los Angeles se trouvait sur place.
29:59 Il a tout de suite remarqué un certificat accroché au mur.
30:03 Ça venait d'une école primaire.
30:06 C'était une récompense décernée à son fils.
30:09 Le sergent m'a donné un coup de coude et m'a dit...
30:13 "Ça pourrait vous servir dans votre enquête."
30:16 Elle était folle de son petit garçon.
30:21 Il devait avoir 8 ou 10 ans à l'époque.
30:24 Elle a décidé qu'elle n'irait pas en prison.
30:28 Elle a pris la fuite.
30:29 Elle a changé de numéro de téléphone, d'identité, et elle ne restait jamais longtemps au même endroit.
30:35 Jaymaker a confié son fils Anthony à sa mère.
30:40 Dans une situation pareille, on doit dire adieu à sa famille.
30:44 Elle ne pouvait plus voir son petit garçon.
30:46 Si elle essayait de le faire, c'était assez risque et péril.
30:49 Elle avait de puissants alliés aux quatre coins du pays.
30:56 Je suis allée à Miami, St. Louis, Chicago, Détroit, et je n'ai jamais...
31:02 J'ai toujours dit que je ne faisais confiance à aucun de ses contacts.
31:07 Pour moi, c'est là que ça a commencé.
31:10 En cavale, je vivais au jour le jour.
31:14 Je voulais rester libre à tout prix.
31:18 Au fil des ans, la législation américaine concernant le trafic de drogue a changé.
31:26 Jusqu'à la fin des années 80, les gens étaient inculpés, ils plaidaient coupables,
31:31 et jusqu'à ce que le juge rende son verdict, ils pouvaient espérer être mis en liberté conditionnelle ou ne faire que quelques années de prison.
31:39 Je pense que cette loi attire l'attention sur le besoin d'épingler les gros bonnets.
31:46 Cette loi autorise le président ou le FBI à infliger une peine de prison de 10 ans à quiconque traite avec ces gens.
31:55 Lorsque la loi est entrée en vigueur en 1986, la peine minimale était de 10 ans ferme.
32:01 Tout à coup, les gens ont compris qu'il n'y aurait plus de miracle.
32:06 Jaymaker savait qu'elle irait en prison si elle se faisait arrêter.
32:12 À ce moment-là, j'aurais encore préféré me faire tirer dessus par le FBI.
32:18 Il n'était pas question que je me rende.
32:21 Sûrement pas.
32:24 La loi ne prévoyait qu'une exception à ces peines de prison ferme.
32:30 S'il accusait acceptait de coopérer avec la police et de donner des noms.
32:36 Jusque-là, ça ne se faisait pas.
32:42 J'ai des amis qui se sont fait pincer parce que quelqu'un les avait dénoncés.
32:48 Le FBI s'est intéressé à eux et les a coffrés.
32:52 J'avais peur d'être la suivante. Je le sentais. J'étais la prochaine sur la liste.
32:57 Deux années se sont écoulées.
32:59 À ce moment-là, on savait qu'elle avait trouvé une bonne planque, comme on dit.
33:03 Elle était hors d'atteinte.
33:04 Avec la fortune qu'elle avait amassée, Jaymaker aurait pu rester cachée indéfiniment.
33:10 Mais elle s'est mise en danger.
33:12 La baronne est rentrée chez elle.
33:16 Elle a fait l'erreur que n'importe quelle mère aurait faite.
33:21 Un bon narcotrafiquant n'aurait jamais laissé ses sentiments pour son fils mettre sa liberté en danger.
33:26 Elle est revenue en Californie pour la fête de l'école en 1993.
33:30 Elle portait une perruque pour passer inaperçue.
33:34 J'ai appelé l'école primaire pour savoir quand aurait lieu la fête de fin d'année et on m'a donné la date.
33:42 J'ai eu un pressentiment.
33:49 Quelque chose ne tournait pas rond, je le sentais.
33:51 Mais je ne savais pas quoi.
33:54 La police a dépêché plusieurs agents sur le lieu de la cérémonie.
33:59 Ils étaient déguisés en gardiens.
34:01 Je suis sortie de la voiture et j'ai traversé la cour pour me rendre dans l'auditorium.
34:07 Les agents avaient déjà identifié son fils, mais ils n'arrivaient pas à la reconnaître dans la foule.
34:16 Je me souviens, tout à coup mon fils s'était crié "Maman, maman, tu es venue".
34:20 A la fin de la cérémonie, une femme s'est dirigée vers le petit garçon et lui a tendu 12 roses.
34:33 Un agent du FBI s'est approché de moi et m'a dit "Ne faites pas d'esclandres, je vous arrête".
34:42 Je lui ai demandé si je pouvais faire un câlin à mon fils. Il l'a accepté.
34:46 Et ensuite, ils m'ont escortée jusqu'à la voiture.
34:52 Je me souviens m'être retournée et j'ai vu que mon fils était en larmes.
34:59 C'était une trafiquante.
35:03 Mais ils ont beau être prudents, personne n'est intouchable.
35:08 En 1993, après deux années de cavale, la baronne est arrêtée par le FBI.
35:14 La trafiquante de cocaïne avait commis l'erreur d'assister à la fête de fin d'année de son fils de 12 ans.
35:20 J.M.Thompson ne traitait pas avec des particuliers.
35:27 Avec des organisateurs, il a été en contact avec des agents de la police.
35:33 J.M.Thompson ne traitait pas avec des particuliers.
35:36 Avec des organisations criminelles.
35:39 S'il vous fallait 30 kilos de cocaïne, elle vous les fournissait sans problème.
35:44 Elle a été arrêtée grâce au pressentiment d'un agent fédéral, qui la poursuivait depuis des années.
35:51 Ce jour-là, c'était la cérémonie de fin d'année de son petit garçon. C'était mon seul indice.
36:02 Le jour où je suis revenue en Californie, et où je suis allée à l'école de mon fils, je me suis fait arrêter devant lui.
36:12 Voilà comment on a enfin réussi à attraper Jaymaker. On l'a extradé de Los Angeles et ramené dans l'Illinois.
36:25 Le FBI avait entendu parler de moi en enquêtant sur d'autres affaires, des gros dossiers. Mais personne n'avait osé me dénoncer.
36:32 Personne ne m'avait balancé. Personne ne m'avait trahi. Sauf mon ex-petit ami Cheese. Lui, il a osé.
36:41 Je n'aurais jamais pensé que Cheese pourrait témoigner contre elle.
36:51 Percy avait peur de Jaymaker, parce qu'il connaissait le type de personne qu'elle fréquentait.
36:56 Il savait que s'il ne la payait pas, elle pouvait s'en prendre à lui ou à sa famille.
37:02 Percy risquait également d'être condamné pour trafic de drogue.
37:10 Pour bénéficier d'une réduction de peine, Percy s'est rendu compte qu'il n'avait pas besoin de prier pour que son avocat obtienne l'acquittement.
37:19 Tout le monde aurait obtenu un jugement non-cultifié.
37:21 Tous les amis de Percy Bratton qui avaient rencontré Jaymaker se sont succédés à la barre pour affirmer que c'était une trafiquante de cocaïne.
37:31 Et elle a plongé.
37:33 Au tribunal, sans vêtements de couturier ni perruque, Jaymaker Thompson est reconnu coupable de trafic de cocaïne et de blanchiment d'argent.
37:48 Les gens étaient désespérés.
37:50 C'est ce qui a provoqué la chute de Jaymaker.
37:53 Elle n'a jamais été arrêtée pour possession de drogue, la mise sur écoute n'a jamais rien donné et elle n'a jamais été prise sur le fait.
38:00 Mais pour éviter une peine de 10 ans et plus, d'autres personnes ont décidé de coopérer avec la police et de la montrer du doigt au tribunal.
38:08 C'est ce qui a causé sa perte.
38:11 Cheese a été libéré au bout de deux ans et quatre mois de prison.
38:18 Jaymaker était une grosse pointure dans toutes les juridictions, que ce soit à Los Angeles, New York ou Chicago.
38:27 C'est pour ça qu'elle s'est fait pincer.
38:30 En 1993, quelques jours avant Noël, la baronne a écopé de 15 ans de prison ferme.
38:38 Au moment de sa condamnation, elle avait 31 ans.
38:45 Elle a été placée dans une prison de sécurité maximale.
38:48 C'était une erreur.
38:51 J'y suis restée un an avec des filles condamnées à perpétuité qui n'avaient aucun espoir de sortir de là.
38:56 Des tueuses, des assassins, je n'ai sympathisé avec personne et je n'ai dit à personne pourquoi j'étais là.
39:02 J'étais dans la même prison que Griselda Blanco et Squeaky Fromme.
39:07 Elle a décidé de tout faire pour sauver son affaire de prison.
39:12 Elle a décidé de tout faire pour sauver son affaire de perruque.
39:15 Je pense qu'on peut dire que la prison l'a sauvée.
39:23 Elle a accepté Jésus-Christ dans sa vie et ça l'a métamorphosée.
39:29 C'est à ce moment-là qu'elle est devenue pasteur.
39:37 Bien souvent, les criminels s'en servent d'excuses, parfois même lors du procès.
39:41 "Monsieur le juge, j'ai compris que je m'étais fourvoyé, j'ai trouvé le Seigneur et depuis, je ne suis plus le même."
39:48 Malheureusement, ça ne change rien à leur situation.
39:52 Je parlais tous les jours à mon fils, sauf quand j'étais confinée dans ma cellule ou que je n'avais pas accès au téléphone.
40:01 Je l'appelais le matin pour lui dire "Bonjour, passe une bonne journée à l'école."
40:06 Et il venait me voir une fois par mois jusqu'à l'âge de 16 ans.
40:10 Un jour, Anthony Junior a cessé de rendre visite à sa mère et s'est mis à vivre le rêve qu'elle avait caressé au même âge.
40:19 En prison, je regardais toutes les émissions de sport qui passaient à la télé.
40:26 Un jour, je suis tombée sur un programme consacré au skateboard et j'ai entendu le nom Anthony Mosley.
40:31 Le skater professionnel Anthony Mosley.
40:33 Ce jeune homme me ressemblait comme deux gouttes d'eau.
40:40 Et soudain, je me suis mise à crier "C'est mon fils, c'est mon fils !"
40:46 Il a gagné des compétitions de skateboard aux quatre coins du globe.
40:52 Pour lui, il n'y avait pas de quoi en faire un plat, mais je lui ai dit que j'étais très fière qu'il fasse du skate et qu'il exerce une activité honnête.
41:00 J'étais soulagée qu'il n'ait pas suivi mon exemple.
41:04 En 2005, J.Maker Thompson a pu de nouveau goûter à la liberté.
41:11 Après avoir purgé 13 ans d'une peine de 15 ans, elle est revenue dans son quartier natal de South Central.
41:25 A sa sortie de prison, elle a fondé un groupe religieux, le bien nommé Ministère évangélique de la deuxième chance.
41:32 Aujourd'hui, elle est devenue pasteur évangélique et elle aide ceux qui sont toxicomanes, qui ont des problèmes, qui sortent de prison ou qui ne trouvent pas de travail.
41:44 Cette femme était une baronne de la drogue.
41:46 Elle excellait dans son domaine et son ascension n'était pas terminée.
41:50 Quand tout s'est effondré, elle a purgé sa peine et elle s'est réinventée.
41:55 Elle a raconté son histoire dans un livre intitulé "Queen Pin, mémoire d'une baronne".
42:01 Je suis là pour leur dire qu'ils ne sont pas obligés de passer par là.
42:06 Ils n'ont pas besoin de faire comme les autres jeunes du quartier.
42:10 Moi, j'ai eu une deuxième chance.
42:14 J'espère que c'est vrai.
42:18 J'espère qu'elle veut vraiment tourner la page et aider son prochain.
42:21 Ce serait formidable.
42:23 Je sais qu'elle en est capable.
42:25 Elle était une trafiquante très puissante.
42:27 Elle a écopé d'une peine de 15 ans de prison.
42:30 Et je trouve qu'au final, elle s'en est tirée à très bon compte.
42:35 [Musique]