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La guerre civile d'Espagne en couleur
documentaire , histoire

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00:23 8 novembre 1936
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00:29 4 mois ont passé depuis le soulèvement militaire contre le gouvernement républicain.
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00:37 Le coup d'état a été un échec, mais la république n'a pas réussi à étouffer l'insurrection.
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00:45 L'affrontement s'est transformé en guerre civile qui a déjà causé des milliers de morts sur le front.
00:50 Et à l'arrière-garde, la répression est violente.
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00:57 Les insurgés nationalistes gagnent chaque jour du terrain.
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01:02 Ils contrôlent le nord et l'ouest du pays, ainsi qu'une grande partie de l'Andalousie.
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01:08 Le gouvernement républicain conserve les principales régions industrielles et la plupart des grandes villes.
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01:17 Mais il n'est pas suffisamment uni pour combattre l'ennemi.
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01:25 Dans le camp adverse, le général Franco est le chef des nationalistes depuis déjà un mois.
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01:33 Il se prépare à attaquer Madrid.
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01:38 La conquête de la capitale pourrait lui donner la victoire définitive.
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01:45 Par crainte de tomber aux mains de l'ennemi, le gouvernement de la république abandonne Madrid pour s'installer à Valence.
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01:56 Les madrilènes refusent de se rendre et organisent la résistance.
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02:10 À l'aube du 8 novembre, l'assaut est donné.
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02:16 Le général nationaliste José Enrique Barrela a réparti 15 000 soldats en 8 colonnes.
02:21 Il couvre une bande de 10 km du nord-ouest au sud de la ville.
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02:28 Le gros des troupes se concentre dans la Casa de Campo, un parc cubain boisé situé à l'ouest de Madrid.
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02:36 Il y a également deux colonnes plus au sud, dans le quartier ouvrier de Carabanchel.
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02:43 Barrela veut ainsi forcer les républicains à faire dévier leurs troupes.
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02:48 Tout est parfaitement planifié.
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02:52 Mais la veille, le 7 novembre, un événement inattendu se produit.
02:56 Des militians détruisent un tank ennemi dans les environs de Madrid, à l'intérieur duquel se trouve le corps d'un capitaine franquiste.
03:03 En fouillant ses vêtements, ils trouvent les instructions pour le grand assaut.
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03:09 C'est un coup de chance extraordinaire.
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03:14 Le général José Miarra, chef de la Défense de Madrid, sait désormais quoi faire.
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03:22 Il concentre la plus grande partie des troupes dans la Casa de Campo, et plus au nord, dans le quartier de Ciudad Universitaria.
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03:35 La Défense de la capitale est entre les mains de l'armée populaire de la République.
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03:42 Elle repose aussi sur une grande mobilisation citoyenne.
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03:48 Une étudiante qui s'apprêtait à quitter la ville décide de rester, en voyant des enfants déplacés des pavés pour construire une barricade.
03:55 Comme elle le dit, personne ne peut abandonner Madrid en un moment pareil.
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04:06 Les rues se remplissent d'affiches et de banderoles.
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04:11 Les boutiques et les cafés restent ouverts pour que la ville conserve un semblant de normalité.
04:15 Au cinéma monumental résonne la voix de la dirigeante communiste Doloré Cibarruri, plus connue sous le nom de la "passionaria".
04:23 La lutte que en ce moment soutient le peuple espagnol, c'est la lutte pour la paix, c'est la lutte pour la liberté, c'est la lutte pour la démocratie.
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04:35 Son slogan "No pas saran, ils ne passeront pas" est devenu le mot d'ordre de la résistance républicaine.
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04:44 Entre le 8 et le 9 novembre, les combats s'intensifient dans la casa des Campos et dans le quartier de Ciudad Universitaria.
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04:54 Au plus fort de la bataille, les assiégés reçoivent des renforts.
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05:00 Les membres de la 11e brigade internationale sont en train de remonter Gran Via en direction du front.
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05:08 Ce sont les premiers volontaires étrangers à prendre part au conflit aux côtés des républicains.
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05:17 Pendant dix jours, les combats font rage dans les quartiers du nord et de l'ouest de Madrid.
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05:24 Les affrontements ont lieu si près du centre de la ville que les contrôleurs des trameaux écrient
05:28 "Pour le front, cinq centimes".
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05:35 Les franquistes tentent de percer les lignes de défense des républicains sans y parvenir.
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05:44 Le 16 novembre, l'une des colonnes franquistes traverse le Manzanarés au nord et entre dans Ciudad Universitaria.
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05:53 Elle atteint rapidement les premiers quartiers résidentiels.
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05:58 Les soldats des deux camps se battent maison après maison.
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06:11 La colonne d'Uruti vient de rejoindre le camp des républicains.
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06:15 Le dirigeant anarchiste a été appelé à quitter le front de l'Aragon pour défendre la capitale.
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06:23 Son arrivée regonfle le moral des assiégés.
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06:30 Ces images d'un journal russe sont les dernières de d'Uruti en vie.
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06:35 Le 19 novembre, un tir d'origine incertaine le blesse grièvement.
06:39 Il meurt le lendemain à l'hôpital des militias.
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06:45 Ses funérailles ont lieu le 23 novembre à Barcelone.
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06:50 Près de 500 000 personnes accompagnent le cercueil.
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06:56 Le président du gouvernement catalan, Luis Compans, est au premier rang.
07:00 Juan Garcia Oliver, compagnon d'armes de Durruti,
07:03 devenu ministre de la justice de la République, est également à ses côtés.
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07:08 Début novembre, les anarchistes sont entrés au gouvernement sans grande conviction,
07:12 mais contraints par l'urgence de la situation.
07:15 Ils continuent néanmoins à militer pour la disparition de l'État et le communisme libertaire.
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07:25 À Madrid, les républicains résistent toujours.
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07:31 Franco ne supporte plus de perdre des hommes et des armes sans résultat.
07:35 Il décide alors de décréter le cessez-le-feu pour les combats terrestres.
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07:40 Le 19 novembre, il donne à ses alliés allemands et italiens l'ordre de bombarder la ville sans merci.
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07:51 Comme le constate le journaliste républicain Manuel Chavez Nogales,
07:55 largué au-dessus des villes, les bombes aériennes font toujours un carnage.
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08:10 Seul le quartier de Salamanca doit être épargné.
08:13 C'est une zone résidentielle uppée où les nationalistes espagnols comptent de nombreux partisans.
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08:20 Certains d'entre eux ont fini dans les prisons des mouvements politiques républicains
08:24 où se multiplient les exécutions aléatoires de détenus.
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08:39 Malgré les bombardements, Madrid résiste.
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08:48 Franco change de stratégie.
08:50 Il décide de bloquer les routes pour empêcher l'accès à la capitale et l'isoler.
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08:57 Le général Barrella attaque au nord-ouest de la ville sur la route de la Corogne
09:01 avec des soldats issus du protectorat marocain et des légionnaires.
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09:08 Ils sont secondés par les tanks et les bombardements allemands.
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09:13 Mais ils n'avancent péniblement que de quelques kilomètres.
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09:22 Début 1937.
09:24 L'Espagne est en guerre depuis six mois et Madrid n'est pas la seule zone de combat.
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09:32 Au sud, Franco contrôle une grande partie de l'Andalousie.
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09:37 Mais aux confins de la zone nationaliste, la ville de Malaga lui résiste encore.
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09:51 La conquête de Malaga est confiée aux combattants fascistes du corps expéditionnaire italien.
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10:01 En février, les Italiens finissent par entrer dans la ville.
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10:06 Les partisans du soulèvement les accueillent avec enthousiasme.
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10:13 Pendant ce temps, dans les environs, des milliers de personnes terrifiées s'enfuient par la route qui mène à Almeria.
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10:27 Les insurgés les attaquent depuis la mer et le ciel avec l'artillerie lourde.
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10:35 Ils ne font pas de différence entre les militaires et les civils, les hommes et les femmes, les adultes et les enfants.
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10:42 En quelques heures, un grand nombre de cadavres jonchent la route.
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10:54 Franco lance une nouvelle offensive sur Madrid.
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10:59 Cette fois-ci, l'objectif se trouve à l'est.
11:01 C'est la route de Valence, au niveau du fleuve Rajama.
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11:12 Si l'assaut réussit, la communication entre la capitale et le siège actuel du gouvernement républicain sera coupée.
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11:21 Les insurgés attaquent par surprise.
11:23 [Explosion]
11:25 Quelques brigades franquistes parviennent à traverser le Rajama.
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11:32 Le camp républicain tente de réagir, mais est freiné dans un premier temps par le manque d'organisation qui règne dans ses rangs.
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11:41 De nombreux officiers sont inexpérimentés, et les troupes manquent de discipline.
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11:47 Si la République ne riposte pas, la défaite est imminente.
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11:57 [Musique]
12:02 Les forces républicaines essaient d'endiguer l'offensive nationaliste sur le front du Rajama.
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12:08 L'état-major demande de l'aide aux brigades internationales.
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12:14 Cette bataille est un baptême du feu pour le premier bataillon de la mythique 15ème brigade, composée de volontaires britanniques.
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12:27 Les chars de combat russes T-26 arrivent aussi sur le front.
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12:32 Ils sont très supérieurs aux chars allemands et italiens, et seront décisifs pour permettre aux républicains d'enrayer l'avancée ennemie.
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12:40 Le haut commandement franquiste va jusqu'à offrir 500 P7As, à qui parviendrait à s'emparer de l'un entre eux.
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12:49 La bataille du Rajama s'enlise.
12:51 Mais en dépit des difficultés et des pertes considérables, Franco et Molla sont bien décidés à en sortir victorieux.
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12:59 Le 12 février 1937, un soldat franquiste écrit à sa famille.
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13:06 "Nous sommes kilonnés. Un boulet de canon est tombé à 20 mètres de moi et a tué deux hommes.
13:11 Il a aussi arraché les jambes d'un troisième, et en a blessé plusieurs autres."
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13:19 Le 28 février, les combats cessent sur le front du Rajama.
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13:25 Dans les deux camps, les morts se comptent par milliers.
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13:30 Toutes les destructions et les pénuries endurées n'ont permis à aucun camp de remporter la victoire.
13:35 Le front est paralysé.
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13:42 Après quatre mois de combats, la bataille de Madrid est devenue un mythe partout dans le monde.
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13:55 La manifestation du 1er mai 1937 à Paris est une mobilisation contre la politique de non-intervention
14:01 et pour l'envoi d'armes et de nourriture à l'Espagne.
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14:11 Pendant ce temps à Madrid, les nombreuses semaines de sièges condamnent la population à la faim et aux pénuries.
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14:20 Les habitants manquent pratiquement de tout.
14:22 Certains en sont réduits à manger des chats et des rats.
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14:28 Le 8 mars 1937, les nationalistes lancent une nouvelle offensive contre la capitale.
14:34 Cette fois-ci, depuis le nord-est, au niveau de Guadalajara.
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14:41 Le généralissime confie une nouvelle fois cette opération au corps expéditionnaire italien.
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14:50 Les républicains organisent la défense avec les troupes qui ont survécu à la bataille d'Urarama.
14:55 Ils disposent de l'aide des tanks et avions russes.
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15:02 Les Italiens attaquent, espérant prendre leurs adversaires par surprise grâce à une progression très rapide.
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15:10 Mais leurs pires ennemis seront les pluies diluviennes et la brume épaisse.
15:14 [Musique]
15:23 L'armée républicaine profite de la situation pour reprendre en quelques jours toutes les positions perdues.
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15:37 Les militians laissent éclater leur joie lorsqu'ils récupèrent les villages de Trirueque et Brihuega, au nord de Guadalajara.
15:44 [Musique]
15:46 Le 21 mars, les nationalistes se retirent.
15:49 [Musique]
15:52 La bataille de Guadalajara sera l'une des rares victoires des républicains.
15:56 [Musique]
16:08 Au bout de cinq mois de tentatives infructueuses pour conquérir Madrid, Franco change d'objectif et se tourne vers le front nord.
16:15 [Musique]
16:18 De l'Abiscaille aux Asturies, les républicains contrôlent une large bande de territoires.
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16:28 C'est une région riche grâce aux industries du Pays basque et aux mines des Asturies.
16:32 [Musique]
16:36 Pour Franco, l'enjeu est de taille.
16:38 [Musique]
16:41 Depuis octobre 1936, le Pays basque espagnol a un gouvernement autonome.
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16:48 Son président est José Antonio Aguirre, leader du parti nationaliste basque.
16:53 [Musique]
16:55 Le nationalisme basque est principalement catholique et conservateur.
16:59 Ce qui le lie à la République, c'est le rejet du centralisme franquiste.
17:03 [Musique]
17:05 Pour l'instant, le gouvernement basque contrôle uniquement la province d'Abiscaille.
17:09 Pour la défendre, il a constitué sa propre armée.
17:13 [Musique]
17:14 Les officiers républicains ont du mal à se faire respecter.
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17:21 Le caudillo demande à nouveau de l'aide à ses alliés.
17:24 Hitler envoie sur le front nord la force aérienne de la Légion Condor.
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17:29 Pour les nazis, l'Espagne est un terrain d'essai.
17:32 Ils y testent les avions et l'artillerie qu'ils utiliseront pendant la Seconde Guerre mondiale.
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17:39 Le 31 mars 1937 marque le début de l'intervention militaire franquiste dans le nord.
17:45 [Musique]
17:47 Il s'empare de plusieurs collines biscayennes et bombarde Durango,
17:51 une ville sans défense antiaérienne ni présence militaire.
17:54 [Musique]
17:58 Les avions de chasse italiens tirent sur ses habitants.
18:01 256 villes meurent sous les balles.
18:04 [Musique]
18:07 À 20 kilomètres au nord de Durango se trouve Guernica, berceau du nationalisme basque.
18:12 [Musique]
18:14 La petite ville compte 6000 habitants.
18:17 Le 26 avril, séjour de marché.
18:20 [Musique]
18:22 Vers 16 heures, plusieurs Junkers de la Légion Condor commencent à larguer des bombes sur la population.
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18:32 Il en arrive toujours plus. Il en a été dénombré jusqu'à 40.
18:36 [Musique]
18:40 Le bombardement dure 3 heures.
18:42 [Musique]
18:45 Et l'attaque fait des centaines de morts.
18:47 [Musique]
18:52 Un témoin affirme que les avions volaient si bas qu'on pouvait apercevoir leurs pilotes.
18:56 [Musique]
19:03 Une petite fille se souvient du bombardement qu'elle avait eu réfugiée dans un abri.
19:07 [Musique]
19:09 La fumée avait envahi la pièce. On pouvait à peine distinguer les autres. L'odeur était horrible.
19:15 [Musique]
19:25 La tragédie de Guernica touche l'opinion publique dans le monde entier.
19:29 [Musique]
19:30 La propagande franquiste tente de rejeter la faute sur l'armée républicaine.
19:34 [Musique]
19:37 Mais hors d'Espagne, cette théorie ne convainc pas.
19:40 La plupart des journaux étrangers n'hésitent pas à accuser le camp franquiste du bombardement.
19:45 [Musique]
19:47 Voici le pilote nazi Joachim Wandel.
19:50 Son avion a été abattu et il a été capturé par les républicains quelques jours après cette tragédie.
19:56 Il reconnaît que Guernica a été bombardé par des avions allemands.
20:00 [Musique]
20:03 Ce massacre est un coup dur pour l'image des franquistes.
20:07 [Musique]
20:09 La propagande joue un rôle clé dans les deux camps.
20:12 [Musique]
20:16 Sur le front, on lit des journaux et des tracts.
20:19 [Musique]
20:22 Des artistes de renom dessinent des affiches qui tapissent les rues.
20:26 [Musique]
20:32 Le cinéma est un autre outil puissant.
20:35 Particulièrement dans le camp républicain, qui contrôle une grande partie de l'industrie cinématographique.
20:40 [Musique]
20:45 Le combat qui se joue en Espagne mobilise également de nombreux intellectuels étrangers.
20:50 La République peut compter sur le soutien de quelques hommes célèbres.
20:53 George Orwell,
20:55 Ernest Hemingway
20:58 et André Malraux.
21:00 [Musique]
21:02 Mais rien ne peut faire oublier que des dissensions internes déchirent la République.
21:06 [Musique]
21:13 En mai 1937, ces divisions éclatent au grand jour.
21:17 Lors d'un affrontement à Barcelone, les anarchistes et les communistes échangent des tirs.
21:22 Les communistes s'imposent et anéantissent le pouvoir de la CNT et de la FAI en Catalogne.
21:28 [Musique]
21:30 Le socialiste Largo Caballero, chef du gouvernement, est isolé.
21:34 Il ne dispose même pas du soutien de l'ensemble de son parti.
21:38 Les événements de mai à Barcelone sont le coup de grâce pour son gouvernement.
21:43 [Musique]
21:45 Il est remplacé par Juan Negrin, socialiste modéré.
21:48 En tant que ministre des Finances, il a coordonné le transfert de l'or de la Banque d'Espagne à Moscou,
21:53 avec lequel le gouvernement achète du matériel de guerre soviétique.
21:57 [Musique]
22:00 Negrin est d'accord avec les communistes sur un point.
22:03 La République doit montrer par de nouvelles opérations militaires qu'elle est capable de résister.
22:08 Il espère obtenir ainsi le soutien des démocraties européennes.
22:13 [Musique]
22:16 Le pouvoir du parti communiste grandit de jour en jour.
22:20 Il est le mieux organisé tant sur le front qu'à l'arrière,
22:24 et il dispose du soutien puissant de l'Union soviétique.
22:28 [Musique]
22:33 Le gouvernement républicain n'est pas épargné par la paranoïa politique et les purges qui ont lieu à Moscou.
22:39 Les espions, les dissidents et les défaitistes sont poursuivis.
22:43 Les groupes politiques qui s'opposent au pouvoir croissant des communistes sont particulièrement visés.
22:48 En premier lieu, les anarchistes et le POUM, un parti communiste antisoviétique.
22:54 [Musique]
22:57 En juin 1937, des agents de Staline torturent et assassinent son leader, André Hounin,
23:02 qu'ils accusent à tort d'être un agent franquiste.
23:06 [Musique]
23:11 Dans le camp adverse, Franco a réussi à réunir l'ensemble de ses partisans.
23:16 [Musique]
23:19 En avril 1937, le Généralissime impose l'unification de la Falange et des Carlistes en un parti unique.
23:25 [Musique]
23:29 En juillet 1937, il reçoit le soutien officiel de l'Église grâce à une lettre collective signée par les évêques espagnols.
23:37 [Musique]
23:39 Certains d'entre eux qualifient cette guerre de croisade pour la patrie, la religion et la civilisation.
23:45 [Musique]
23:47 Le catholicisme est l'un des piliers du camp nationaliste et beaucoup voient en Franco l'alliance de l'épée et de la croix.
23:54 [Musique]
23:59 [Musique]
24:04 L'armée du Nord poursuit son avancée, rien ne semble pouvoir l'arrêter.
24:09 Negrin tente de contenir comme il peut les franquistes.
24:13 Il veut prouver au monde que la République peut encore reprendre l'avantage.
24:17 [Musique]
24:21 Son chef de l'état-major, Vicente Roro, pense détenir la solution.
24:25 [Musique]
24:27 Il compte lancer des offensives dans d'autres régions d'Espagne pour obliger l'ennemi à retirer une partie de ses forces du Nord.
24:32 [Musique]
24:35 En mai 1937, les troupes républicaines traversent la Sierra de Guadarrama dans le but de prendre Segovi.
24:42 [Musique]
24:46 L'opération est un échec total.
24:49 [Musique]
24:52 L'offensive de Segovi fait une victime indirecte.
24:57 Parti pour superviser les combats, le général Molla meurt dans un accident d'avion.
25:02 [Musique]
25:04 Les républicains cherchent une nouvelle fois à détourner Franco du Nord.
25:08 Plusieurs divisions et une brigade internationale entreprennent de conquérir Huesca.
25:12 [Musique]
25:16 L'objectif semble réalisable.
25:18 [Musique]
25:23 Mais les républicains attaquent sans stratégie et sans coordination.
25:27 Et les assiégés résistent avec une discipline de fer.
25:30 [Musique]
25:34 Après plusieurs tentatives, les républicains échouent de nouveau et finissent par lever le siège.
25:39 [Musique]
25:46 En juin 1937, les nationalistes arrivent aux portes de la capitale basque Bilbao.
25:51 [Musique]
25:53 La ville est entourée d'un système de fortification en béton baptisé "ceinture de fer".
25:58 [Musique]
26:15 Cette ligne de défense ne parvient pas à freiner les troupes franquistes.
26:19 [Bruit de pas]
26:22 Le 19 juin, les soldats du général Fidel Dabila entrent dans la ville.
26:27 [Bruit de pas]
26:30 [Musique]
26:37 Les jours précédents, les autorités républicaines ont réussi à évacuer quelques milliers d'enfants in extremis.
26:43 Ils sont partis du port basque de Santourtsi.
26:45 [Musique]
26:47 Au terme d'un périple à travers l'Europe, ils sont accueillis comme réfugiés en Union soviétique.
26:52 [Musique]
26:57 Bien d'autres suivront ce même chemin. On les appellera plus tard les enfants de Russie.
27:02 [Musique]
27:04 Certains mettront des années à revenir, mais nombreux sont ceux qui ne reverront jamais leur terre natale.
27:09 [Bruit de pas]
27:14 [Musique]
27:18 L'armée franquiste du nord continue à avancer vers l'ouest.
27:21 [Musique]
27:26 Devant la dure réalité, les nationalistes basques cherchent à négocier une rédition qui éviterait des représailles.
27:32 Ils envisagent même la médiation du Vatican.
27:35 [Musique]
27:39 La façon dont les franquistes envisagent cette tentative d'accord est parfaitement résumée dans ce discours du nouveau maire de Bilbao, José María de Areilsa.
27:47 [Musique]
27:51 Certes, il y a eu des vainqueurs et des vaincus, mais l'heure n'est plus aux accords ou aux reconnaissances posthumes.
27:57 C'est l'Espagne qui a triomphé, une, grande et libre.
28:01 [Musique]
28:06 En juillet, Negrin et Roro préparent une opération de grande ampleur à l'ouest de Madrid.
28:11 Ils veulent briser les lignes franquistes qui encerclent la capitale.
28:15 L'attaque sera concentrée autour de la ville de Brunete.
28:18 [Musique]
28:22 Les républicains n'ont encore jamais réuni autant de moyens dans une même offensive.
28:26 [Musique]
28:29 Roro dispose de 100 avions, 100 chars de combat, 164 pièces d'artillerie et 40 000 soldats.
28:38 [Musique]
28:44 Le commandement est assuré par les principaux officiers communistes.
28:48 [Musique]
28:51 Juan Modesto, Enrique Lister et Valentin González, dit El Campesino.
28:56 [Musique]
29:00 Le 6 juillet, une attaque surprise est lancée sur Brunete.
29:03 [Musique]
29:08 Lister occupe la ville en moins de 24 heures.
29:11 [Musique]
29:13 La victoire semble à portée de main.
29:16 [Musique]
29:21 Mais les forces républicaines ne parviennent pas à tirer avantage de leur avance
29:25 et sont freinées dans leur progression.
29:27 [Musique]
29:29 Franco en profite pour faire appel à des renforts.
29:32 La Légion Condor bombarde les républicains.
29:35 Sur le plateau Castillan, ils sont une cible facile.
29:38 [Musique]
29:40 Devant la tournure que prennent les événements,
29:43 Modesto ordonne à ses soldats de creuser des tranchées.
29:46 Les attaquants sont devenus des défenseurs.
29:48 [Musique]
29:54 La bataille de Brunete dure 20 jours.
29:57 [Musique]
29:59 La ligne de front ne bouge quasiment pas.
30:02 [Musique]
30:04 Les républicains perdent une grande partie de leur matériel
30:07 et des milliers d'hommes.
30:09 [Musique]
30:11 Le commandant de la Légion Condor, Wolfram von Richthofen, écrit dans son journal
30:16 "D'innombrables cadavres de rouges se décomposent au soleil.
30:20 Des tanks rouges hors d'usage sont échoués un peu partout."
30:23 [Musique]
30:27 Les communistes ont voulu démontrer que l'armée populaire
30:30 était capable de mener des offensives en race campagne.
30:33 [Musique]
30:36 Mais les troupes ne sont pas préparées pour ça
30:38 et le résultat est catastrophique.
30:40 [Musique]
30:45 Le gouvernement de Negrin assure que la bataille de Brunete est un succès.
30:49 Mais c'est une version de propagande.
30:52 Il cherche à dissimuler le manque de coordination et de discipline des soldats
30:56 et le manque de professionnalisme des officiers.
30:58 [Musique]
31:04 [Musique]
31:10 Dans le camp opposé, des cérémonies sont organisées pour célébrer les victoires
31:14 et rendre hommage aux héros.
31:16 Une foule nombreuse y assiste.
31:18 [Musique]
31:27 Franco se présente au monde comme le dirigeant politique de la Nouvelle-Espagne,
31:31 un homme d'État efficace et un chef de famille.
31:34 [Musique]
31:57 Berlin et Rome ont déjà reconnu officiellement le régime de Franco.
32:00 Ils ont aussi cessé de coopérer avec le Comité de non-intervention,
32:04 même si dans les faits, ils n'en avaient jamais tenu compte.
32:07 [Musique]
32:11 En mai 1937 à Ibiza, les Républicains attaquent un navire allemand
32:15 ancré dans une zone interdite par le traité de non-intervention.
32:18 [Musique]
32:20 En représailles, Hitler bombarde la ville d'Almeria.
32:23 [Musique]
32:29 La Société des Nations ne le condamne même pas.
32:32 La République ne compte déjà plus vraiment sur la scène internationale.
32:36 [Musique]
32:41 La bataille de Brunette n'a réussi qu'à retarder de quelques semaines
32:44 la chute de Santander au profit des rebelles.
32:47 [Musique]
32:49 Le général d'Abila, qui a remplacé Molla, avance maintenant sans rencontrer d'obstacle
32:53 en direction des Asturies.
32:55 C'est la dernière région du Nord encore aux mains des Républicains.
32:58 [Musique]
33:00 Negrin cherche à empêcher cette progression.
33:03 Il attaque donc par le côté opposé de la zone occupée par Franco, l'Aragon.
33:07 [Musique]
33:09 La République rêve de reconquérir Saragosse,
33:12 qui est un important nœud de communication.
33:14 [Musique]
33:16 L'offensive a également un objectif politique.
33:19 Les troupes du commandant communiste Lister
33:22 dissolvent le conseil d'Aragon.
33:24 Ils arrêtent aussi son délégué,
33:26 Roaquin Ascaso, ainsi que 700 autres anarchistes.
33:29 [Musique]
33:34 Cet événement marque la fin d'un an de communisme libertaire.
33:38 [Musique]
33:42 L'offensive républicaine en Aragon s'enlise dans le petit village de Belchité,
33:46 qui n'a pourtant aucune valeur stratégique.
33:49 [Musique]
33:51 Les troupes de Lister n'arriveront jamais jusqu'à Saragosse.
33:54 [Musique]
34:05 Aragon, août 1937.
34:07 [Musique]
34:11 Chaque maison du village de Belchité est le théâtre d'un combat féroce.
34:15 [Musique]
34:17 Les républicains s'acharnent à nouveau sur un foyer de résistance secondaire.
34:21 [Musique]
34:33 Ils finissent par remporter la victoire,
34:35 mais le Belchité qu'ils occupent n'est plus qu'un monceau de ruines recouvert de cadavres.
34:40 [Musique]
34:49 L'objectif républicain d'enrayer la progression de Franco dans le Nord a échoué.
34:53 [Musique]
34:55 En octobre 1937, les villes asturiennes de Riron et d'Aviles tombent.
35:00 Le bombardement de Riron par la Légion Condor est particulièrement destructeur.
35:05 Les avions larguent des bombes attachées à leurs réservoirs d'essence de secours
35:09 pour que la combustion dure beaucoup plus longtemps.
35:12 [Bruits de combustion]
35:18 Une fois l'ensemble du Front Nord conquis,
35:20 le camp franquiste dispose de plus de moyens que celui des républicains.
35:24 [Musique]
35:26 C'est là en effet que se trouvent les principales usines d'armement et l'industrie lourde.
35:30 [Musique]
35:33 Franco grossit également les rangs de ses troupes
35:35 en y incorporant deux forces de nombreux soldats du camp adverse.
35:38 [Musique]
35:46 Il aura fallu 15 mois au généralissime pour prendre un avantage certain sur la République.
35:51 [Musique]
35:53 Cette méthode de guerre lente qui lui permet d'être présent
35:56 sur tous les foyers de résistance militaire, idéologique et sociale lui convient parfaitement.
36:00 [Musique]
36:04 Une nouvelle fois, Franco va chercher à conquérir Madrid.
36:07 [Musique]
36:13 Fin octobre, la République décide de transférer son gouvernement de Valence à Barcelone.
36:18 [Applaudissements]
36:21 Negrin continue à œuvrer pour l'unité de tous les républicains.
36:25 [Musique]
36:28 Il tente de contrôler directement la politique de guerre de la Catalogne
36:31 afin de réduire le pouvoir de son gouvernement autonome.
36:34 [Applaudissements]
36:37 Depuis Barcelone, Negrin apprend que Franco a l'intention d'attaquer Madrid
36:41 par la route de Saragosse.
36:43 [Musique]
36:46 Le général républicain Vicente Roro planifie une opération
36:49 pour obliger les franquistes à se détourner de leur objectif.
36:52 [Musique]
36:55 La cible de Roro est la ville de Teruel.
36:58 Cette commune est quasiment une enclave nationaliste en territoire républicain.
37:02 [Musique]
37:06 La République a bien besoin d'un coup d'éclat pour redorer son image.
37:09 [Musique]
37:13 L'offensive est lancée le 15 décembre 1937.
37:16 [Musique]
37:20 Roro envoie à Teruel ses meilleurs troupes, 40 000 soldats
37:23 et toutes les armes lourdes dont il dispose.
37:25 Même si à ce stade, elles ne sont plus très nombreuses.
37:28 [Musique]
37:37 En une seule journée, l'armée populaire encercle Teruel
37:40 et isole la ville du reste de la zone nationaliste.
37:43 [Musique]
38:05 Le 22 décembre, les tanks républicains franchissent les lignes ennemies
38:08 et entrent dans la ville.
38:10 [Musique]
38:24 Cet hiver-là est l'un des plus froids du siècle dans la siéra de Teruel.
38:28 [Musique]
38:30 Les températures descendent jusqu'à -20 degrés.
38:33 [Musique]
38:36 La population en souffre énormément.
38:39 Le bulletin républicain du 3 janvier 1938 rapporte que des cadavres
38:43 d'enfants morts de faim ont été retrouvés dans le bâtiment du gouvernement civil.
38:48 [Musique]
38:55 Le 7 janvier 1938, Teruel tombe aux mains des républicains.
38:59 [Musique]
39:04 C'est le premier chef-lieu de province récupéré par l'armée populaire.
39:08 [Musique]
39:12 Des centaines de soldats franquistes sont capturés et transférés à Sagonte,
39:16 où ils seront jugés.
39:18 [Musique]
39:23 L'euphorie de la victoire est si grande que même le ministre Indalesio Prieto
39:27 met de côté son pessimisme et s'exclame.
39:30 "Je ne suis plus seulement ministre de la défense, mais aussi de l'attaque."
39:34 [Musique]
39:37 Mais Franco ne permet pas que son ennemi triomphe, ne serait-ce qu'une seule fois.
39:41 Il reporte encore son objectif principal, Madrid,
39:44 et envoie des troupes reconquérir Teruel.
39:47 [Musique]
39:52 La neige rend la contre-offensive difficile,
39:54 mais le généralissime ne fait pas de quartier.
39:57 [Musique]
40:03 Avant la fin février, Teruel est reprise par le camp nationaliste.
40:07 [Musique]
40:17 La grande victoire républicaine aura duré moins de deux mois.
40:21 Le moral de ses troupes est au plus bas.
40:24 [Musique]
40:28 Une fois Teruel reconquise,
40:30 Franco ordonne l'accélération de la progression en Aragon.
40:33 [Musique]
40:39 Les soldats de la République ont bien du mal à faire face.
40:43 [Musique]
40:49 En seulement dix jours, en mars,
40:51 le front républicain s'effondre jusqu'à la frontière avec la Catalogne.
40:55 [Musique]
41:03 Franco reconquiert également Belgité.
41:07 Le caudillot ne reconstruit pas le village.
41:09 Il veut que les ruines soient laissées en l'état,
41:11 pour témoigner de ce qu'il appelle la barbarie rouge.
41:14 [Musique]
41:17 Un nouveau village est reconstruit juste à côté.
41:20 Ce sont les prisonniers capturés sur le front de l'Aragon
41:23 et enfermés dans les camps de concentration de Miranda des Hébraux
41:26 et de San Pedro de Cardeña, qui servent de main d'œuvre.
41:29 [Musique]
41:35 Franco occupe l'Aragon en moins de deux semaines.
41:38 [Musique]
41:40 Avec cette opération, il prouve sa supériorité sur l'ennemi.
41:44 [Musique]
41:46 Personne ne lui dispute le leadership de son nouvel État.
41:50 Son gouvernement commence à légiférer.
41:53 Deux puissances montantes lui apportent leur soutien.
41:56 L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste.
41:59 [Musique]
42:04 "Arriva España ! Viva España !"
42:09 [Musique]
42:14 De nombreux républicains estiment que la guerre est perdue
42:17 et ne pensent plus qu'à la paix.
42:19 [Musique]
42:22 Mais avec les communistes, Negrin proclame que résister, c'est vaincre.
42:26 [Musique]
42:30 Il tente d'obtenir l'aide des démocraties européennes
42:33 pour freiner l'expansion du fascisme.
42:35 [Musique]
42:40 Mais Hitler vient d'envahir l'Autriche sous les yeux de Londres et de Paris
42:43 qui n'ont pas réagi, considérant qu'il s'agit d'un moindre mal.
42:46 [Musique]
42:57 Après avoir occupé l'Aragon, les armées de Franco entrent en Catalogne.
43:01 [Musique]
43:07 Dès novembre 1937, les premières bombes s'abattaient sur l'Erida.
43:11 [Musique]
43:23 Barcelone semble désormais une cible facile.
43:26 [Musique]
43:29 La République est acculée.
43:31 [Musique]
43:33 Mais de nouveau, Franco va prendre une décision qui va surprendre le monde.
43:37 [Musique]
43:59 [Silence]

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