• l’année dernière
Virginie Le Roy, avocate de la famille de Samuel Paty, était vendredi 7 juillet l'invitée de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions de Jules De Kiss.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Opacité, désinvolture, fiasco, coup politique, la gestion du fond Marianne est à nouveau brocardée.
00:05 La commission d'enquête du Sénat et un nouveau rapport administratif
00:08 insistent sur les ratés de cette initiative lancée il y a deux ans pour financer des contre discours à l'islam radical après l'assassinat de Samuel Paty.
00:15 Les sénateurs insistent aussi sur le rôle de la ministre en charge dans cet échec, Marlène Schiappa.
00:19 Bonjour Virginie Leroy. - Bonjour.
00:21 - Vous êtes l'avocate de la famille de ce professeur tué par un terroriste parce qu'il défendait la République.
00:26 Vous avez très tôt réclamé que des enquêtes soient ouvertes sur ce fond Marianne. Quelle est votre réaction face à ces premières conclusions ?
00:32 - C'est une réaction de consternation mais ça ne fait que confirmer ce qu'on s'était dit.
00:36 Moi j'ai écrit en effet très tôt à Marlène Schiappa pour avoir des explications.
00:40 J'ai eu une réponse qui n'en était pas une, du verbiage sans aucun intérêt.
00:44 J'ai suivi avec une grande attention les travaux de la commission et le rapport est conforme à ce qu'on a constaté,
00:50 c'est à dire des explications qui n'en sont pas.
00:52 Et puis un positionnement là encore qui est consternant parce qu'elle ne prend pas ses responsabilités.
00:56 Les mots de la commission ils sont très durs, vous venez de le rappeler,
01:00 opacité, amateurisme et j'en passe,
01:04 des travaux qui sont notés comme insignifiants et c'est le cas pour certaines associations qui sont pointées.
01:13 Donc voilà, la conclusion qu'on peut en tirer c'est qu'on a profité de l'assassinat de Samuel Paty pour une communication politique.
01:21 Et c'est ça qui est grave, c'est ça qui est très grave.
01:23 - Coup politique, grande opération de communication, c'est ce que disent aussi les rapporteurs au Sénat notamment.
01:28 Vous, vous avez l'impression que la mort de Samuel Paty, c'est aussi l'impression de la famille peut-être,
01:32 a été instrumentalisée politiquement dans cette affaire du fonds Marlène ?
01:34 - On ne peut pas tirer d'autres conclusions, bien évidemment qu'elle a été instrumentalisée.
01:38 Moi je me souviens de Marlène Schiappa annonçant à la matinale de BFM avec un grand coup de com' la création de ce fonds.
01:46 Alors évidemment que nous l'avions salué la création de ce fonds.
01:50 Évidemment que des travaux dans ce sens sont indispensables.
01:53 La mort de Samuel Paty c'est un cataclysme.
01:55 On doit réagir à ça, mais certainement pas comme ça.
01:58 - C'est parce que cette commission, ce fonds Marianne n'a pas été suivi des faits concluant que vous jugez qu'il y a instrumentalisation ?
02:05 Parce que dans la démarche initiale...
02:08 - La démarche initiale elle est salutaire, bien évidemment.
02:12 Mais on ne peut pas dire que la démarche elle est sincère en revanche.
02:15 Quand je vois très tôt, et on le constate et les travaux de la commission l'établissent,
02:20 très tôt qu'en réalité c'est une instrumentalisation pour placer un tel ou un tel,
02:25 et qu'il n'y a pas véritablement de travaux construits, suivis, avec un véritable travail aussi derrière.
02:31 Quand on voit par exemple les supports fournis par CFAO pour ne citer que RIS, c'est consternant.
02:40 Il n'y a aucun fonds. Ce sont des vidéos qui sont de 30 secondes, 1 minute, sans aucun fonds accessible à ceux qu'on veut toucher.
02:48 - Il y a parfois quelques tweets seulement de quelques associations pour de larges financements,
02:52 ce que souligne ce rapport sénatorial notamment,
02:55 qui dit qu'il y a eu un rôle actif du cabinet de la ministre Marlène Schiappa dans la sélection des associations,
03:01 et puis ensuite le versement des subventions à hauteur de 2,5 millions d'euros.
03:06 Est-ce que cela contredit selon vous ce qu'affirmait Marlène Schiappa devant les sénateurs ?
03:11 Moi je n'interviens pas personnellement.
03:12 - Oui totalement, mais de toute façon les sénateurs n'ont pas été dupes.
03:16 Il y a eu des échanges de documents et certains prouvent en effet l'intervention de Marlène Schiappa
03:22 avant même le lancement du projet et le processus de sélection.
03:26 Donc évidemment qu'elle est intervenue, c'est complètement établi.
03:29 - Sur le fait de savoir si Marlène Schiappa doit être poursuivie pour avoir menti devant la commission,
03:34 on aura un débat dit dans une interview au journal Le Monde,
03:37 le président PS de la commission Claude Reynal, est-ce que vous vous souhaitez de telle poursuite ?
03:41 - Ce n'est pas à moi de le dire, ça on verra.
03:44 Moi je trouve qu'en effet l'attitude n'est pas admissible,
03:48 mentir devant une commission, d'autant plus quand on est ministre, ce n'est pas admissible.
03:51 Après les instances compétentes verront bien les suites à donner.
03:54 - Mais donc d'après vous c'est sûr qu'il y a eu mensonge.
03:56 Quand elle dit "moi je n'interviens pas personnellement"
03:59 et que la commission dans ses conclusions dit que le cabinet a eu un rôle actif,
04:02 pour vous ça ne fait pas de différence ?
04:04 - Ah bah non là franchement elle est un peu prise la main dans le pot de confiture.
04:08 De toute façon on a vu, je pense que tout un chacun qui a suivi les travaux de la commission
04:12 a vu son malaise quand même.
04:14 - La commission d'enquête du Sénat va transmettre au parquet national financier des éléments
04:17 pour qu'il puisse poursuivre son travail.
04:19 Le PNF qui a ouvert début mai une information judiciaire
04:22 pour des soupçons notamment de détournement de fonds publics.
04:24 Qu'est-ce que vous attendez vous de cette procédure ?
04:26 - Qu'on aille plus loin dans les investigations.
04:28 Il y a ce détournement de fonds publics, il y a aussi une suspicion de favoritisme,
04:32 il faut qu'on aille plus loin.
04:33 Si vous voulez, là encore c'est un exemple, il est malheureux, il est consternant,
04:38 il est très dommageable aussi à la lutte contre le terrorisme et contre la radicalisation.
04:44 Il faut qu'on en fasse un exemple maintenant pour que ça ne se reproduise plus.
04:47 Et la suite pénale c'est une suite qui est logique,
04:50 il faut que les juges d'instruction aillent au fond.

Recommandations