• l’année dernière
Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, tire un bilan de ses cinq années à la tête du syndicat patronal. Il fait également un point sur les conséquences sur la semaine de violences un peu partout en France, qui a suivi la mort de Nahel à Nanterre.

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Transcription
00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le président du MEDEF dans le Grand Entretien.
00:04 Questions, réactions, 0145 24 7000 et application de France Inter.
00:10 Geoffroy Roux de Bézieux, bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Et bienvenue à ce micro, dans deux semaines, presque jour pour jour, vous ne serez plus
00:16 patron du MEDEF que vous avez présidé ces cinq dernières années, vous en aviez été
00:22 le vice-président les cinq années précédentes.
00:25 On va revenir sur votre bilan et sur ce moment qui, on l'imagine, doit être tout de même
00:31 un peu particulier dans un instant.
00:33 Mais d'abord, quelques questions sur l'actualité qui secoue la France depuis une semaine, avec
00:38 les violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel.
00:41 Quelle lecture faites-vous de l'embrasement qu'a connu le pays ?
00:44 Difficile, quand on est dans l'événement, d'avoir une lecture.
00:49 Nous, ce qu'on constate d'abord, c'est une violence très très très forte, mais très
00:52 organisée.
00:53 Les pillages sont systématiques, mais ils sont presque organisés comme une entreprise,
01:01 j'allais dire, économique.
01:02 Il y a des getters, il y a des checkpoints.
01:04 Et il y a les réseaux sociaux.
01:06 Les réseaux sociaux, mais il y a aussi des gens, enfin des magasins qui se font racketter,
01:10 où on dit "si vous ne payez pas, on viendra vous détruire".
01:14 C'était il y a quelques jours maintenant.
01:15 Et puis, quand les magasins sont pillés, c'est tout qui est pris.
01:20 On a même volé des caisses enregistreuses, et puis derrière, on met le feu.
01:23 Donc c'est très particulier.
01:25 Et évidemment, c'est un impact.
01:27 C'est un impact à la fois énorme et limité, puisqu'il est très concentré.
01:32 Alors, vous estimez ce matin dans Le Parisien que les dégâts à plus d'un milliard d'euros.
01:36 Au total, ce sont au moins une dizaine de centres commerciaux et plus de 200 enseignes
01:39 de grandes distributions qui ont été attaquées et pillées.
01:41 250 bureaux de tabac, 300 agences bancaires, des magasins de vêtements, des restaurants.
01:46 Y a-t-il des entreprises qui vont tout simplement déposer le bilan après cette semaine ?
01:50 - Alors, il y a forcément ce risque-là. C'est pour ça que nous on dit...
01:52 - Et combien ?
01:54 - Je ne peux pas répondre à cette question, mais on demande non pas le retour du quoi qu'il en coûte,
01:58 mais des aides très ciblées, notamment le fait qu'on puisse remettre le chômage partiel
02:01 quand le magasin a brûlé. Forcément, on veut garder les employés.
02:06 Le moratoire sur les charges qui existaient au moment du Covid.
02:10 Et puis surtout, presque plus important, le fait qu'on accélère les permis de reconstruire,
02:15 qu'on n'ait pas les procédures classiques.
02:16 Quand on reconstruit à l'identique, que ça ne prenne pas six ou huit mois d'instruction
02:20 pour redémarrer tous les gens qui en apparaîtent.
02:22 - Vous demandez de l'aide au gouvernement ?
02:23 - Oui, mais de manière limitée, ponctuelle.
02:25 Là où ça a brûlé, un McDo qui a brûlé ou une ancienne grande édition qui a brûlé,
02:29 on peut la reconstruire très rapidement et repartir.
02:32 - Y a-t-il un risque selon vous, un risque économique pour la France,
02:34 pour son image à l'étranger, pour son attractivité ?
02:37 Ce matin, le Figaro évoque 20 à 25% d'annulation de séjour de touriste étranger,
02:42 début juillet à Paris.
02:44 Vous voyez un risque sérieux pour la saison touristique, pour les JO dans un an ?
02:48 - D'abord, je confirme ce chiffre de 20 à 25%.
02:51 Les grands hôtels, il y a des pays comme les États-Unis qui ont déconseillé leurs ressortissants
02:55 de venir en France.
02:57 Après, l'expérience montre que si ça s'arrête,
02:59 et j'ai l'impression que c'est en train de s'arrêter,
03:01 très prudent sur ce qu'on peut dire, ça passe vite.
03:04 Après les Gilets jaunes, qui avaient duré plus longtemps,
03:07 il y a eu deux à trois mois.
03:08 Et puis, alors évidemment, ce qui tombe mal, c'est qu'on arrive en plein été.
03:12 Sur les JO, je ne crois pas que ça aura un impact,
03:15 ni sur la Coupe du monde de rugby.
03:17 Par contre, il faut que sur le plan sécuritaire,
03:20 on prenne les précautions nécessaires.
03:22 - Et sur la croissance ?
03:23 - Non, la croissance ralentit.
03:25 La France résiste mieux que les autres pays d'Europe.
03:28 Elle ralentit, mais ce n'est pas assez signifiqué sur le plan économique pour avoir un impact.
03:33 - Dominique Seux faisait hier une lecture socio-économique de ces événements,
03:36 en rappelant que les banlieues sont des zones où il y a trois fois plus de pauvreté,
03:41 beaucoup plus de familles monoparentales, des mères qui élèvent seules leurs enfants.
03:45 Les quartiers, selon vous, Geoffroy, Aroud, Bézieux, doivent-ils être davantage aidés ?
03:49 Ou vous pensez, comme une partie de la classe politique, qu'ils le sont déjà suffisamment ?
03:53 - Je pense le problème un peu différemment.
03:56 Oui, il y a un taux de chômage plus élevé.
03:58 Oui, c'est plus difficile, ne serait-ce que pour la question de transport, de trouver un job.
04:03 Mais des emplois, il y en a.
04:04 Tous les chefs d'entreprises dans tous les secteurs essaient de cruter,
04:07 et parfois sans diplôme.
04:08 La sécurité privée, pour prendre un exemple évident, recrute.
04:12 Donc ça ne peut pas être qu'un problème économique.
04:14 Et d'ailleurs, on a bien vu que c'était très organisé par des réseaux mafieux.
04:18 Il y a une économie parallèle en banlieue, il faut dire ce qui est.
04:21 Le premier employeur de Seine-Saint-Denis, c'est vraiment le trafic de drogue.
04:25 Donc je ne suis pas sûr qu'il faille une lecture complètement économique.
04:29 - Vous êtes sûr de ce que vous dites ?
04:30 Non, je vous pose la question, parce que j'imagine le président du département de Seine-Saint-Denis
04:34 qui, en tant que le premier employeur, c'est le trafic de drogue.
04:37 - Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui travaillent de manière informelle
04:41 dans l'économie souterraine.
04:43 C'est ça qu'il faut dire.
04:45 Donc on ne peut pas dire que c'est seulement un problème économique.
04:48 Je pense qu'il y a des sujets d'emploi.
04:50 Nous, on est pré-employé, le rôle des entreprises, c'est d'employer.
04:53 Et il y a probablement des cas de discrimination.
04:56 Mais moi, je vais vous citer un entrepreneur d'origine marocaine,
04:59 qui a écrit sur son poste, j'ai trouvé ça très juste,
05:01 il y a une minorité casseuse, mais il y a une majorité qui travaille.
05:06 Et finalement, le plus gros dégât de cette période, c'est de donner l'image
05:10 que dans les banlieues, on est des casseurs, on n'a pas envie de travailler.
05:14 Non, je pense qu'il y a très grande majorité des gens,
05:16 et d'ailleurs, ils travaillent dans nos entreprises,
05:18 ils créent de la richesse, ils payent leurs impôts.
05:20 Et c'est le message qu'il faut, je pense, passer pour essayer de fermer cette séquence.
05:23 - En tout cas, pendant les cinq ans de votre mandat de président du Medef,
05:26 vous avez connu plusieurs crises.
05:28 Le mouvement des Gilets jaunes et les violences qui l'ont accompagné,
05:31 le long mouvement de contestation contre la réforme des retraites
05:34 et maintenant l'embrasement de ces derniers jours.
05:35 On ne va pas mettre tous les événements sur le même plan, évidemment,
05:38 mais qu'est-ce que ces éruptions disent de la France ?
05:40 Pensez-vous aussi, comme Emmanuel Macron, qu'il y a un processus
05:44 de décivilisation qui soit à l'œuvre dans le pays ?
05:47 - En tout cas, ce qu'on voit dans beaucoup de démocraties, en France comme ailleurs,
05:50 c'est les pays qui ne trouvent plus de ciment commun.
05:55 Le seul ciment commun qu'on trouve, enfin un des ciments communs,
05:58 il y a le sport parfois, mais il y a l'entreprise.
06:00 Parce que dans toute cette période, que ce soit pendant les Gilets jaunes,
06:04 pendant le Covid, pendant les manifestations des retraites qui sont de nature différente,
06:08 l'entreprise restait un lieu de protection où les gens ont continué à travailler.
06:13 Il y a des conflits en entreprise, comme dans tout revue des humaines.
06:16 - Oui, c'est ce que j'allais vous dire, ce n'est pas non plus le paradis.
06:19 - Non, bien sûr que ce n'est pas le paradis.
06:20 C'est un lieu où il y a des hommes, des femmes qui, forcément, ont des intérêts divergents.
06:24 Mais pendant toute cette période-là, on n'a pas vu la conflictualité monter.
06:30 Et il y a eu du dialogue, le dialogue social, contrairement parfois
06:34 à ce qu'on lit, ce qu'on entend et fort dans les entreprises.
06:36 Parfois, il aboutit, parfois, il n'aboutit pas.
06:38 Mais en tout cas, ça reste un lieu où on peut travailler, quelle que soit sa religion,
06:43 son ethnie, son origine sociale, son quartier, etc.
06:46 - Alors, venons-en à votre bilan, Geoffroy Roux de Bézieux.
06:49 On connaîtra le nom de votre successeur après-demain.
06:52 Ça se joue entre Dominique Carlac, actuellement vice-président du MEDEF,
06:56 et Patrick Martin, aujourd'hui président délégué du MEDEF.
06:59 Lors d'une de vos dernières conférences de presse, le 20 juin dernier,
07:03 évoquant votre bilan, vous avez déclaré « Je pars avec le sentiment du devoir accompli,
07:08 il est difficile de faire mieux ».
07:10 Fin de citation.
07:11 - J'ai dit ça, moi.
07:12 - En termes de modestie, il est difficile de faire mieux.
07:14 - Vous souviens pas avoir dit ça, mais bon, écoutez, c'était dans la maman d'Euphorie, on va dire.
07:19 - Vous êtes content de vous ?
07:22 - Non, disons d'abord que, vous l'avez dit, avec toutes les crises qu'il y a eu,
07:27 c'est difficile, j'ai à dire, d'avoir un fil rouge,
07:30 parce qu'à chaque fois qu'on essaie de monter un centre de choses,
07:33 évidemment la crise arrive.
07:34 Moi, ce que je mets à mon actif très immodestement, c'est l'image de l'entreprise,
07:39 qui s'est considérablement améliorée.
07:40 Alors évidemment, je ne suis pas le seul, l'image du MEDEF, très clairement.
07:44 Le fait qu'on a créé quand même au total durant ce mandat plus d'un million et demi d'emplois,
07:49 évidemment là aussi, c'est lié à la boubaisse d'impôts, c'est lié à un certain nombre de facteurs...
07:53 - C'est ça, vous reconnaissez vous-même avoir été aidé depuis six ans par un gouvernement
07:56 qui a été clairement pro-business, vous le dites vous-même.
08:00 - Mais j'allais dire, ce n'est pas nous qui avons été aidés,
08:02 c'est les entreprises et donc le pays.
08:04 Parce que quand il y a un million et demi de personnes qui travaillent,
08:07 c'est bon pour tout le monde.
08:08 Et ces fameuses baisses d'impôts que certains reprochent,
08:12 en fait, ce qui est intéressant, c'est que maintenant, on les rapporte plus
08:14 en recette fiscale avec un taux plus bas.
08:16 Donc elles ont fonctionné.
08:19 Donc oui, globalement, c'est une période qui a été bonne pour les entreprises
08:22 et bonne pour le pays.
08:23 Après, j'ai certainement plein de regrets et plein de choses que j'ai mal faites.
08:26 - Quels regrets ?
08:27 - D'abord, peut-être le fait qu'on ne s'est pas assez occupé de l'Europe.
08:31 Aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup de législations
08:33 qui viennent de l'Europe, sur le plan environnemental notamment.
08:37 Et en fait, les Français en général, d'ailleurs, côté politique comme côté
08:41 lobby, qu'elle soit syndical ou patron, ne sont pas assez présents.
08:44 Le fonctionnement du Parlement européen, c'est un régime de coalition.
08:47 On n'a pas cette culture-là.
08:49 Ça, ça fait partie des regrets.
08:51 Dans les fiertés aussi, puisque je voudrais quand même le citer,
08:53 le fait que quand je suis arrivé, il n'y avait pratiquement plus de dialogue
08:57 social au niveau national.
08:59 Le gouvernement boycottait et les syndicats et les patrons n'en parlaient plus.
09:02 On a signé un certain nombre d'accords, dont le dernier sur partage de la valeur,
09:05 qui est repris quasiment intégralement par le Parlement.
09:09 Et donc, là, on va proposer dans quelques heures ou jours
09:13 un agenda social pour la prochaine année.
09:16 Donc, on a remis le dialogue social à sa place.
09:20 D'ailleurs, je précise, il ne s'agit pas de tout négocier par les partenaires sociaux.
09:24 On n'est pas capable de le faire, mais qu'il ait sa place à côté de la démocratie parlementaire.
09:28 - Le nombre d'entreprises adhérentes au Medef est passé,
09:31 sous votre présidence, de 123 000 à 190 000.
09:36 Du côté des syndicats, la CFDT et la CGT ont aussi annoncé des adhésions en hausse ces derniers mois.
09:42 Diriez-vous qu'il y a une renaissance du syndicalisme qu'on disait moribond ?
09:47 C'est un mouvement de fond, selon vous, où ces adhésions sont conjoncturelles ?
09:52 - D'abord, je vais peut-être vous surprendre, je trouve que c'est une bonne chose.
09:55 Nous, on a besoin d'interlocuteurs en face, que ce soit au niveau national ou au niveau de l'entreprise.
10:01 Après, ce qu'on constatait depuis 30 ans, dans la France en général,
10:05 c'est un recul de l'engagement associatif ou du moins, pour être très juste,
10:09 c'est un recul de l'engagement de long terme.
10:11 C'est-à-dire, on s'engage pour une cause, pour une pétition, pour une manif, mais pas dans la durée.
10:16 Si de jeunes salariés s'engagent dans le syndicalisme, je trouve ça bien.
10:20 D'ailleurs, dans l'agenda social qu'on propose, on a mis une proposition qui est la valorisation des parcours syndicaux.
10:27 Pour que s'engager dans un syndicat, ça ne soit pas la fin de sa carrière professionnelle.
10:32 Ce qui est parfois le cas dans certaines entreprises.
10:34 - Vous avez souvent critiqué... - Je ne vais pas répondre à la question.
10:37 Si c'est de long terme, c'est trop tôt pour le dire, puisque ça vient de la manif des retraites.
10:41 - Ça vient de la manif des retraites, effectivement.
10:43 Vous avez souvent critiqué l'absence de dialogue social d'Emmanuel Macron et du gouvernement,
10:47 notamment pendant cette réforme des retraites, vous l'avez dit.
10:50 Emmanuel Macron pourrait annoncer dans les prochains jours un nouveau gouvernement.
10:53 Qu'est-ce que vous lui souhaitez pour ces quatre dernières années de présidence et de mandat ?
10:58 Plus de dialogue social ? Continuer les réformes ?
11:01 - Je souhaite qu'Emmanuel Macron réussisse, parce que c'est la France qui réussit.
11:04 Ce n'est pas un jugement politique, c'est que globalement, on a besoin d'un pays qui réussisse.
11:08 Après, sur le point du dialogue social, je pense qu'il a changé, clairement.
11:11 Puisque là, il nous a donné... - Sur quoi ? Sur la réforme des retraites ?
11:14 - Non, post-réforme des retraites.
11:16 Puisqu'il a donné 100 jours aux partenaires sociaux pour écrire un agenda.
11:20 Ce qu'on est en train de faire.
11:21 Encore une fois, je pense qu'à 24h48 près, j'aurais pu vous l'annoncer.
11:26 On attend quelques signatures syndicales pour tout dire.
11:31 La CGT, je crois, doit se réunir aujourd'hui.
11:33 Donc, il a donné 100 jours aux partenaires sociaux pour écrire un agenda.
11:38 Je pense que nous, on relèvera ce défi-là.
11:39 C'est-à-dire qu'on va se mettre au travail.
11:41 Donc, il y a quand même un changement.
11:42 Et la meilleure preuve, c'est ce qui a été fait sur l'accord partage de la valeur,
11:46 où le gouvernement avait dit "on prendra intégralement cet accord"
11:50 et c'est passé au Parlement, en l'état, sans en changer une virgule.
11:55 - On va faire un petit détour par le Standard Inter.
11:57 On nous attend, Sylvie. Bonjour, Sylvie, bienvenue !
12:00 - Bonjour messieurs, bonjour madame.
12:01 Bonjour à tous les écouteurs.
12:03 - On vous écoute !
12:04 - Alors voilà, pourquoi lorsqu'il y a des incidents,
12:09 que ce soit ceux qui viennent de ce passé ou d'autres,
12:13 on se tourne toujours vers l'État pour dépanner les entreprises ?
12:17 Pourquoi n'instaurerions-nous pas un fonds de solidarité
12:23 entre grandes et petites, moyennes entreprises,
12:26 pour que lorsqu'il y a quelque chose à réparer, quelle que soit la cause,
12:29 cette solidarité joue et qu'on arrête enfin de se tourner vers l'État,
12:34 c'est-à-dire vers les contribuables,
12:36 quand on sait que les grandes entreprises reçoivent chaque année plus de 120 milliards d'aides
12:41 et qu'elles ne contribuent seulement qu'à hauteur de 80 aux contrats sociaux.
12:45 Donc je pense qu'il faut changer les logiciels.
12:49 Et pour moi, ce genre d'événement est révélateur d'une logique de pensée
12:54 qui n'a plus lieu d'être, une logique de pensée verticale.
12:58 Il faut qu'on résonne horizontalement et qu'on fasse du lien entre tout,
13:02 que ce soit l'aspect économique, financier, social, environnemental
13:08 et même, je traiterais la santé également.
13:11 - Bien compris Sylvie, merci pour cette question.
13:13 Geoffroy Roux de Bézieux vous répond.
13:15 - Oui, juste une petite correction.
13:17 Il ne faut pas laisser dire que les grandes entreprises paient moins d'impôts que les petites,
13:21 c'est inexact.
13:22 Il y a plein d'exemptions d'impôts qui sont les moins de 10, les moins de 20.
13:26 Maintenant, pourquoi pas ?
13:27 Ça existe d'ailleurs sous forme d'assurance, puisque je ne l'ai pas dit tout à l'heure,
13:31 mais l'essentiel des dégâts va être remboursé par les assurances.
13:34 Nous, ce qu'on demande juste, c'est un moratoire sur les paiements vers l'État.
13:37 Donc l'État, ça ne coûtera rien aux contribuables en réalité.
13:40 - Et Bruno Le Maire a demandé de la bienveillance aux compagnies d'assurance.
13:43 - Et de la rapidité surtout.
13:44 En fait, le sujet, c'est plus une vitesse de remboursement.
13:47 90% des dégâts sont assurés.
13:49 - On en vient maintenant aux questions qui fâchent, Geoffroy Roux de Bézieux,
13:51 parce qu'il y en a quand même sur votre bilan.
13:53 Les deux questions qui fâchent, c'est l'emploi des seniors et les salaires.
13:57 Les salaires d'abord, le 1er juin sur France Info,
13:59 vous avez déclaré que les salaires vont être revus,
14:02 car on n'arrive pas à embaucher.
14:03 La loi de l'offre et de la demande a basculé, dites-vous, en faveur des salariés.
14:06 Mais en attendant, avez-vous suffisamment mis la pression sur les entreprises
14:09 pour augmenter les salaires ?
14:11 Bruno Le Maire trouve que pas assez.
14:13 Est-ce que vous faites un récoupement sur ça ?
14:14 - Non, non, non, non.
14:15 Pour une raison simple, les chiffres, ils sont ce qu'ils sont.
14:17 Le salaire moyen par employé en France a augmenté de 5,8%.
14:21 Dernier chiffre, je crois que ça date de mai.
14:23 C'est-à-dire exactement l'inflation.
14:24 - Oui, mais la plupart, c'est les primes.
14:26 C'est pas des augmentations de salaires.
14:27 C'est ce que nous expliquait Rékaïer.
14:29 C'est que les primes ont augmenté, mais pas les salaires.
14:31 - Non, non, non, c'est pas vrai.
14:32 C'est la combinaison des primes et des salaires.
14:35 Mais au total, le pouvoir d'achat a été maintenu.
14:37 Et pardon de le dire, mais Bruno Le Maire,
14:39 où le gouvernement est mal placé,
14:41 puisque on a maintenu le pouvoir d'achat de nos salariés du privé,
14:43 ce qui n'est pas le cas dans la fonction publique.
14:45 Donc l'emploi privé a fait son job.
14:47 Est-ce qu'on peut faire mieux ?
14:49 Oui, certaines entreprises ont fait d'ailleurs beaucoup mieux.
14:51 Le problème, c'est que la situation économique des entreprises,
14:53 elle est très différenciée en fonction du secteur.
14:55 Le luxe porte très bien, l'aviation est reparti,
14:58 mais le commerce, par exemple, le commerce de textile va mal.
15:00 Donc c'est très difficile de généraliser.
15:02 Et vous avez posé une question sur la pression.
15:04 Mais moi, mon job, c'est pas de mettre, ou ma mission,
15:06 si vous voulez, puisque c'est bénévole,
15:07 c'est pas de mettre la pression sur les entreprises,
15:09 puisque chaque chef d'entreprise regarde son compte d'exploitation,
15:12 s'il a besoin d'embaucher, pas besoin d'embaucher,
15:14 et décide ou discute ou négocie avec ses syndicats.
15:17 Donc c'est au niveau de l'entreprise et de la branche.
15:20 On n'est plus en 68 où on peut faire un grand grenelle des salaires.
15:22 C'est fini, ça.
15:23 - Ah oui, vous pensez ?
15:25 - Ah mais oui, parce qu'il n'y a pas, et même légalement,
15:27 c'est pas que je pense, c'est...
15:29 On ne peut pas, on n'a pas, si vous voulez, de système,
15:31 à part le SMIC, bien sûr.
15:32 - À part le SMIC, c'est ce que je veux dire.
15:33 - Oui, oui, mais le SMIC est décidé, comme vous le savez,
15:35 en dehors des partenaires sociaux.
15:36 Mais à part le SMIC,
15:38 il n'y a pas un système qui permet de dire
15:39 que tous les journalistes vont être augmentés de 25% l'année prochaine.
15:42 - Le projet de loi immigration comprend
15:45 un titre de séjour pour les métiers en tension.
15:47 La droite vous accuse
15:49 de pallier vos problèmes de recrutement
15:52 en pratiquant une politique de moins dix ans sociale.
15:56 Ils vous disent en substance "Augmentez les salaires
15:58 les Français accepteront les offres de travail
16:00 et on n'aura pas besoin de demander
16:02 de recourir à l'immigration économique".
16:04 Qu'est-ce que vous répondez à cet argument ?
16:06 - D'abord, je réponds à d'autres propos qui ont été tenus,
16:10 qui disaient "Le patronat a demandé des quotas d'immigration".
16:14 Non, ça n'est pas vrai.
16:16 La seule chose qu'on demande, nous,
16:18 c'est une homogénéisation du système de régulération,
16:20 puisque il y a une circulaire qui s'appelle la circulaire Valls,
16:23 qui est décidée dans chaque préfecture de manière différente.
16:26 Donc, on veut simplement que sur le territoire,
16:29 les critères soient les mêmes.
16:30 Par ailleurs, moi, je suis d'accord avec cet argument.
16:32 On est à 7% de chômage, on n'est pas à 4.
16:35 Donc, il reste un certain nombre de gens
16:37 qui pourraient être employés dans les métiers en tension
16:39 ou d'ailleurs dans les métiers en général.
16:40 - Si les salaires étaient meilleurs ?
16:43 - Les salaires, mais pas que, puisqu'on les a augmentés.
16:45 Il y a des problèmes de transport,
16:46 il y a des problèmes de logement énormes.
16:48 Les saisonniers, c'est un exemple.
16:50 On a des demandes de saisonniers, mais on n'arrive pas à les loger.
16:52 Donc, c'est un ensemble de choses.
16:54 On fait baisser le chômage,
16:55 puisqu'il a baissé en gros de 9 à 7 depuis 5 ans.
16:57 On doit pouvoir faire mieux.
16:59 Ce qu'on ne veut pas, Nicolas Demorand,
17:00 c'est d'être instrumentalisé,
17:01 soit par l'extrême droite,
17:02 sur le thème "vous êtes des immigrationnistes",
17:05 soit pour l'extrême gauche,
17:06 sur le thème "vous êtes des esclavagistes".
17:08 Et on voit bien comment on peut taper
17:10 sur les entreprises des deux côtés.
17:12 - En tout cas, il y a un problème sur l'emploi des seniors.
17:15 Ça reconnaissait le...
17:17 - Les seniors, j'ai pas répondu. Oui.
17:18 - Voilà, la France est sous la moyenne de l'OCDE
17:20 pour le tout d'emploi des seniors.
17:21 57% chez nous, contre 74% en Allemagne.
17:25 Reconnaissez que sur ce point-là,
17:27 vous n'avez pas su du tout inverser la courbe.
17:30 Pardon d'être dur, mais c'est vrai que c'est...
17:31 - Vous pouvez être aussi dur que vous voulez,
17:33 je vais vous répondre.
17:34 D'abord, oui, on peut faire beaucoup mieux.
17:37 N'oubliez pas que tous les pays
17:38 qui ont un taux d'emploi de seniors plus élevé
17:40 ont un âge de la retraite plus élevé.
17:42 Donc, c'est aussi lié.
17:43 C'est pour ça que le premier point de négociation
17:46 qu'on va essayer d'ouvrir dès la rentrée,
17:48 ça sera mon successeur ou ma successeuse,
17:50 c'est l'emploi des seniors.
17:51 Parce que oui, les entreprises ont des efforts à faire,
17:54 non seulement pour employer plus de seniors,
17:57 pour les garder et pour adapter
17:58 les cadences et les postes de travail.
18:00 Parce que je pense qu'il y a aussi un sujet
18:02 d'employabilité dans certains métiers qui n'est pas évident.
18:06 - Question de Marc sur l'application de France Inter.
18:12 Un travailleur social disait hier sur votre antenne
18:15 qu'il y avait du travail, mais pas pour les gens des banlieues.
18:18 Il y a toujours des incompatibilités
18:19 pour les gens qui se présentent.
18:21 Alors, c'est beau les discours,
18:22 mais la réalité est tout autre, je crois.
18:24 - Le chômage a baissé pour tout le monde,
18:26 y compris pour les banlieues.
18:27 Mais c'est vrai, dans certains quartiers,
18:30 le taux de chômage reste deux fois,
18:31 deux fois et demi la moyenne nationale.
18:32 Est-ce qu'il y a de la discrimination
18:34 dans certaines entreprises ?
18:35 Probablement.
18:36 Je ne peux pas dire qu'il n'y en a pas.
18:37 On a un, nous, tous les ans,
18:38 on fait un baromètre de l'inclusivité.
18:40 On voit les choses baisser,
18:42 mais il reste des problèmes de discrimination.
18:44 Il y a des enquêtes qui sont faites,
18:45 vous savez, sur les CV anonymes.
18:46 Est-ce qu'on peut faire mieux ?
18:48 Certainement.
18:49 Mais je veux dire, ce qui va finalement aider
18:51 à résoudre ce problème,
18:52 c'est encore une fois la loi de l'offre et la demande,
18:54 parce qu'on a tellement besoin de recrutés.
18:56 Je vous ai cité le chiffre de la sécurité privée.
18:58 Je ne sais plus si je l'ai dit.
18:59 On cherche plusieurs dizaines de milliers
19:02 d'employés dans la sécurité privée,
19:04 notamment en vue des Jeux olympiques.
19:06 Donc il y aura...
19:06 Enfin, la discrimination, elle va disparaître,
19:08 heureusement, grâce à ça.
19:10 - Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?
19:12 - Du sport, du vélo.
19:15 Et pas de la politique, si c'est votre question.
19:16 - Mais il paraît que vous avez dit...
19:18 - Que je devinais.
19:19 - Non, il paraît que vous avez confié à un proche
19:21 "ministre de Macron, c'est un métier de merde".
19:23 C'est vrai, ça, que vous avez dit ça ?
19:24 - Écoutez, je ne sais pas d'où vient cette citation.
19:26 Non, je ne ferai pas de politique,
19:27 parce que j'ai la chance de pouvoir...
19:29 Enfin, d'avoir fait de la politique
19:30 sans en avoir vraiment les contraintes.
19:32 Il y a une certaine liberté,
19:33 je veux garder ma liberté.
19:34 Donc, voilà, je ferai des choses...
19:37 Je vais revenir dans mes entreprises
19:38 et puis je m'occuperai un peu de l'intérieur général,
19:40 mais sous une forme différente.
19:42 - Mais vous allez reprendre le travail.
19:43 Je veux dire, ce n'est pas la retraite encore.
19:45 - Non, non, pas la retraite,
19:46 mais je vais travailler un peu quand même.
19:48 - Merci Geoffroy Routes-Bézieux
19:49 d'avoir été au micro d'Inter ce matin.

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