Actuellement en vacances dans son île natale, Christophe Dafreville en a profité pour donner trois stages de MMA. L'occasion pour lui de rencontrer les nouveaux adeptes d'un sport qu'il a contribué à légitimer jusqu'à sa légalisation au plan national. Devenu entraîneur de l'équipe de France amateur, le Saint-Pierrois revient sur ce parcours incroyable.
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00:00 Comment avez-vous commencé votre carrière ?
00:03 Je suis judoka à l'origine, je suis un petit judoka de Saint-Pierre,
00:07 et puis j'ai grandi, je suis passé par les filières sport-études.
00:10 Lorsque j'ai quitté la Réunion, je me suis installé au Pôle France d'Orléans, à l'époque.
00:15 Je n'étais pas un grand champion, mais je me suis hissé jusqu'à la première division.
00:21 Déjà à l'époque, je regardais des vidéos de MMA, ça m'intéressait, le spectacle me plaisait.
00:28 Et puis après, je me suis mis à pratiquer, je suis passé par le Jiu-Jitsu brésilien, l'envie de progresser au sol.
00:33 C'était très complémentaire de mon activité de judoka.
00:37 Lorsque je suis devenu combattant de MMA, ça m'a permis de voyager un peu partout sur la planète,
00:43 notamment de voir le Japon.
00:45 J'ai fait une presque vingtaine de combats, 17-18 combats, un truc comme ça.
00:50 Et voilà, en tant que pro, la suite logique, c'était de transmettre mon savoir, mon expérience.
00:57 Donc je suis devenu coach, c'est mon boulot quotidien.
01:01 Je fais ça tous les jours avec des athlètes, avec des gens qui ne sont pas des athlètes.
01:06 Je coach des chefs d'entreprise et tout.
01:09 Depuis un an et demi, deux ans, je suis entraîneur de l'équipe de France de MMA amateurs,
01:16 au sein de la fédération qui gère le MMA en France, qui s'appelle la FMAF, la French MMA Federation.
01:22 Nous avons participé, moi en tant que coach, à deux événements pour l'instant.
01:27 On a fait un championnat d'Europe, c'était en Italie,
01:30 et on a terminé récemment sur un championnat du monde en Serbie.
01:34 À chaque fois, on ramène des médailles.
01:36 Seulement deux médailles sur le championnat du monde,
01:38 mais le championnat d'Europe auparavant nous avait déjà ramené trois titres,
01:42 trois champions d'Europe, dont une fille, une demoiselle qui est très très forte.
01:46 On a pour objectif de développer la pratique du MMA en France,
01:52 mais moi plus particulièrement axé sur le "haut niveau" sur les athlètes amateurs en équipe de France.
01:59 Et justement, pourquoi ce choix des amateurs plutôt que des professionnels ?
02:04 C'est le contexte qui fait ça.
02:07 Si on est entraîneur de pro, c'est qu'on est entraîneur dans un club, dans une structure privée.
02:14 Moi, j'ai un vrai engagement auprès du MMA.
02:18 Je ne fais pas de politique, c'est mon seul engagement.
02:21 Au regard de mon CV, on m'a proposé de devenir entraîneur de cette belle équipe de France,
02:26 donc j'ai très rapidement accepté.
02:29 C'est un challenge assez motivant, puisque c'est une création, donc c'est tout construit.
02:35 Exactement, tout est à faire.
02:38 Et puis moi aussi, je suis obligé d'élever mon niveau en tant que coach,
02:41 je suis obligé de me former constamment, parce que je suis avec des athlètes qui font du haut niveau,
02:46 qui sont de haut niveau, et puis je suis entouré aussi d'une équipe avec mon camarade Nicolas Hotte,
02:51 collègue, qui est aussi entraîneur de l'équipe de France, qui est préparateur physique,
02:55 et qui est bardé de diplômes, donc je me dois d'hausser mon niveau,
02:59 et personnellement, ça m'apporte énormément.
03:02 Et avec cette expérience et justement cette longévité d'un sport qui a grandi sur les 20-30 dernières années,
03:09 et notamment les 20 dernières années, et justement, quel regard vous posez sur cette évolution ?
03:16 Le MMA, à l'origine, dans son histoire, c'était exclusivement un spectacle,
03:22 un peu comme du catch, où on se taperait, on se frapperait pour de vrai.
03:26 Le fait d'avoir une dimension amateur, alors nous, c'est la FMAF qui gère le MMA en France,
03:33 et après on a l'IMAF, l'International MMA Federation, qui gère le MMA au niveau mondial, international.
03:41 Moi, je pense que ce sport peut devenir olympique.
03:46 Je pense que le format sur 3 fois 3 minutes, avec une minute de pause à chaque fois, est idéal.
03:52 Il n'y a pas beaucoup de sang, le règlement est adapté, par exemple on n'a pas le droit de coup de genou au visage,
03:58 on n'a pas les coudes comme chez les pros, on a des mitaines un peu rembourrées, on appelle ça des gants de boule,
04:02 on a des protège-tibia, donc il y a quand même des protections, il y a moins de blessures, et c'est très télévisuel.
04:08 Le but du jeu, c'est que cette pratique devienne une pratique pour tous, un vrai sport à part entière,
04:14 pas que un spectacle de haut niveau, mais que chacun y trouve son compte,
04:18 et que de venir olympique, ça serait la finalité, ce serait génial.
04:23 Un point sur le développement à La Réunion, vous disiez que vous étiez en contact ici
04:30 avec le comité régional, donc vous souhaitez apporter également ici.
04:35 Moi je suis réunionnais, je suis un vrai réunionnais, né à La Réunion, qui a grandi à La Réunion,
04:42 qui a évolué à La Réunion, qui a découvert le sport, ou d'abord le judo comme je le disais, à La Réunion.
04:47 C'est évident que je vais vouloir rendre ce qu'on m'a déjà donné, j'ai envie de partager avec les frérots,
04:56 avec mes amis qui sont restés là, qui sont passionnés de ce sport, qui ne le pratiquent pas forcément.
05:01 J'étais un des premiers, sans prétention, il y a déjà plus de 10 ans, à avoir mis en place des stages très techniques,
05:08 où on ne venait pas juste pour faire la bagarre, mais on apprenait à boxer, à trouver des liaisons avec la dimension lutte,
05:15 à faire un travail au sol, avec des frappes au sol, à présenter du vrai MMA.
05:19 C'est dans la continuité de ce que je veux transmettre aux réunionnais depuis toujours.
05:23 Il y a une équipe assez dynamique ici, sur place, au niveau régional, une équipe avec laquelle je bosse depuis toujours,
05:30 notamment la structure IUFC, Indian Ocean Fighting Championship, qui a déjà mis en place 4 ou 5 événements.
05:40 J'ai participé à un de ces événements, j'ai mis la main à la patte.
05:45 Et maintenant, ce petit groupe-là, qui était déjà bien solide et structuré, reprend la main depuis que la FMA est officiellement en charge du MMA en France.
05:55 Et on sera à la dernière question, tu aurais une petite anecdote, soit de combat, soit en dehors d'un événement, quelque chose qui s'est passé d'assez notable ?
06:06 Là, comme je disais, je suis judoka, le Japon revêt une atmosphère, une envie, une attirance particulière pour moi.
06:18 Je n'avais jamais fait le Japon en tant que judoka, et la première fois où je fais un combat assez important,
06:23 c'était dans le cadre d'une compétition qui s'appelle le M-1 Challenge à Tokyo.
06:27 J'étais notamment accompagné de mon frérot Gaël Grimault, qui est aussi réunionnais,
06:31 et qui lui est devenu depuis détenteur de plusieurs ceintures mondiales en MMA.
06:36 Donc lui, il sait au plus haut niveau.
06:38 Lorsqu'on est allé à Tokyo, on nous avait dit "vous verrez, les Japonais sont super fans très vite".
06:44 J'avais déjà compris à l'époque qu'il fallait jouer sur l'image, donc je m'étais décoloré les cheveux,
06:49 et je suis rentré en tant que judoka avec un kimono, un gi, on appelle ça, un kimono bleu avec ma ceinture noire.
06:55 Quand on appelle mon nom et que j'arrive sur la scène, je vois tous les Japonais qui s'accrochaient à moi,
07:01 qui essayaient de m'attraper, de me toucher.
07:03 J'allais combattre, j'étais concentré sur mon combat, mais c'était assez glorifiant.
07:07 Maintenant que je me souviens de tout ça, j'étais comme une star, un rockstar.
07:12 C'était ça qui était stylé.
07:14 [Musique]