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Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez

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Amusant
Transcription
00:00 Et voici Lisa Delmoitié !
00:02 Lisa, avez-vous compris pourquoi Daphné Patakia et Benoît Poulevard étaient nos invités ?
00:08 Ouais, ouais, ouais, j'ai compris.
00:10 Sur la branche, Benoît Poulevard, vous êtes un avocat à la ramasse, forcé de défendre
00:14 un petit arnaqueur par le personnage de Daphné Patakia, une jeune femme obsessionnelle.
00:18 Elle est obsessionnelle avec le travail, avec le sexe, avec cette affaire.
00:21 Et moi, Dieu sait que ça m'attire des ennuis, mais j'ai une passion pour les gros,
00:25 les gros obsédés.
00:26 Vraiment, parce que j'aime leur honnêteté, votre personnage qui s'appelle Mimi, elle
00:30 est fonceuse, elle est vulnérable, elle est incomprise, alors que c'est touchant, les
00:34 gens qui sont tellement à fond, qui filtrent pas.
00:36 C'est comme en drague, un mec qui t'offre un bouquet est mieux vu que celui qui t'envoie
00:39 une photo de sa bite.
00:40 Alors que l'expérience m'a prouvé que dans les deux cas, au final, ils veulent la même
00:42 chose.
00:43 Il y en a juste un qui ne met pas de filtre et l'autre qui est comme un con avec ses
00:47 fleurs à me regarder retourner mon appart à la recherche d'un vase alors que j'en
00:50 ai pas.
00:51 Et au final, on va quand même faire la même chose.
00:52 Sauf que maintenant, on a perdu un quart d'heure et je ne peux plus utiliser ma gourde parce
00:54 qu'il y a un bouquet de pivoine dedans.
00:55 Vous allez me dire, Lisa, est-ce que c'est pas bien un peu de subtilité parfois ?
01:00 - Ouais, voilà !
01:01 - Non, non, non, la subtilité, c'est juste l'équipe marketing du mensonge qui lui a
01:06 trouvé un nom plus vendeur.
01:07 Le mec qui me dit "est-ce que je peux monter chez toi pour un dernier verre de vin ?" Il
01:11 n'est pas subtil, il ment.
01:12 Boire un dernier verre, Coco, j'en suis pas à mon premier tour de rodéo.
01:16 Personne ne grimpe 6 étages sans ascenseur à 3h du mat pour boire un dernier coup, à
01:21 moins que ce soit un verre de Ciprine du domaine de matèche.
01:23 - Oh, ouch !
01:24 - 91, c'est un bon cépage.
01:28 C'est quand même pas de ma faute.
01:31 - C'est matinal, c'est fou, c'est ça.
01:36 - Bon appétit !
01:37 - Et ça surprend.
01:38 - C'est un cépage qu'on laisse vieillir à la cave.
01:41 Les gens qui font des fixettes comme Mimi, moi ça me fascine.
01:45 Un moment, on la voit ranger des dossiers comme une tarée.
01:47 Enfin, moi ça me fascine les gens comme ça.
01:48 Par exemple, je préfère le tennis que le curling.
01:51 Mais un mec qui fait du tennis une fois par semaine m'intrigue beaucoup moins que le
01:54 taré qui fait du curling tous les jours.
01:55 Parce que là, tu sens qu'il y a une histoire.
01:57 Le curling en soi, c'est incroyable.
01:59 Pousser une pierre en balayant.
02:00 C'est pas un sport, c'est le mythe de Suzy ou des femmes de ménage.
02:03 Le taré qui fait du curling tous les jours, il se vide pas la tête, il comble un trou
02:07 au fond de lui.
02:08 Et ça, c'est intéressant.
02:09 Daphné, Benoît, il faut savoir que moi je souffre de tripophobie.
02:12 C'est la peur irrationnelle des trous.
02:14 Les éponges, ça m'angoisse.
02:16 Les fraises avec leurs petites cavités, ça me dégoûte.
02:18 Je vous parle même pas de l'émental et des comédiens qui oublient leur texte.
02:20 J'ai vraiment peur des trous.
02:22 Je comprends les gens qui remplissent le vide compulsivement, comme votre personnage, avec
02:26 le travail, avec les relations.
02:28 Ça apaise de combler un trou.
02:29 Moi, pour m'endormir, je suis obligée de regarder des vidéos de dentistes qui obstruent
02:32 des caries, de plafonneurs qui remplissent des saignées, de gens qui se font enculer.
02:36 Après, je garde comme un bébé.
02:38 Genre comme un bébé.
02:40 Bon, on y allait, vous le sentiez.
02:42 Le problème des compulsions, par contre, c'est que votre personnage, du coup, n'est
02:46 vraiment pas prudent.
02:47 Les gens compulsifs ne sont pas prudents.
02:49 Et en même temps, est-ce que c'est pas un peu chiant, les gens équilibrés ?
02:53 Tu sais, ces gens qui vivent toute leur vie comme s'ils essaient d'accrocher un tableau.
02:56 "C'est droit, et maintenant c'est droit, ohlala mais vis un peu, bah les couilles si c'est
03:00 droit, t'es un humain par un niveau."
03:01 On conseille toujours d'être équilibrés, mais les gens qu'on admire, c'est tous des
03:05 gros obsédés.
03:06 On peut dire ce qu'on veut de Djokovic, mais pour gagner 23 grands chlems, je doute qu'il
03:09 fasse du tennis avec modération.
03:10 C'est bien d'être passionné.
03:12 En plus, ça aide à sortir de la dépression, et c'est ce qui se passe avec votre personnage,
03:15 Benoît.
03:16 L'entêtement de Mimi est si fort qu'il se fait embarquer dedans, et il reprend goût
03:19 à la vie.
03:20 À un moment, il redevient même un enfoiré qui vole son client, et pour un avocat, c'est
03:23 vraiment le signe que tu reprends goût au métier.
03:24 Les gens obsédés, c'est ceux qui nous aident à rêver.
03:28 Moi, c'est pour ça que j'adore le cinéma, parce que le cinéma, c'est vraiment un délire
03:30 de gens obsessionnels.
03:31 Soyons honnêtes, la seule différence entre un mec qui se prend pour un général au Vietnam,
03:35 alors qu'en fait il est en hôpital psychiatrique à Champigny-sur-Marne, et un acteur, c'est
03:38 qu'il y en a un des deux à qui on a dit "Action".
03:40 Un plateau de tournage, c'est juste des fous à qui on a donné un budget.
03:44 Donc, chers auditeurs, si vous voulez voir des fous à qui on a donné des sous-sous,
03:48 allez voir Daphné Patakia et Benoît Poulvord dans "Sur la branche".
03:51 Une fiction réussi, ça reste le meilleur moyen de combler le vide en toi, et si ça
03:54 marche pas, il y aura toujours la sodomie.
03:56 (Applaudissements)

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