Le printemps de Prague est une période de l’histoire de la République socialiste tchécoslovaque durant laquelle le Parti communiste tchécoslovaque introduit le « socialisme à visage humain » et prône une relative libéralisation. Il débute le 5 janvier 1968, avec l'arrivée au pouvoir du réformateur Alexander Dubček et s’achève le 21 août 1968 avec l’invasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.
Dubček introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, dans la vie politique la démocratisation et enclenche une décentralisation de l’économie. Il dote le pays d'une nouvelle Constitution qui reconnaît l'égalité des nations tchèque et slovaque au sein d'une république désormais fédérale. Cette innovation politique sera la seule à survivre à l’intervention soviétique.
Le printemps de Prague provoque la réaction de l’URSS qui, après l’échec des négociations, envoie chars de combat et soldats pour imposer une « normalisation ». L’occupation soviétique entraîne des manifestations non violentes et une vague d’émigration parmi la population tchécoslovaque. Au printemps suivant Gustáv Husák remplace Alexander Dubček à la tête du parti et la plupart des réformes libérales sont abandonnées. Le printemps de Prague a inspiré la culture des années 1960-1980 avec les œuvres de Karel Kryl et Milan Kundera.
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Dubček introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, dans la vie politique la démocratisation et enclenche une décentralisation de l’économie. Il dote le pays d'une nouvelle Constitution qui reconnaît l'égalité des nations tchèque et slovaque au sein d'une république désormais fédérale. Cette innovation politique sera la seule à survivre à l’intervention soviétique.
Le printemps de Prague provoque la réaction de l’URSS qui, après l’échec des négociations, envoie chars de combat et soldats pour imposer une « normalisation ». L’occupation soviétique entraîne des manifestations non violentes et une vague d’émigration parmi la population tchécoslovaque. Au printemps suivant Gustáv Husák remplace Alexander Dubček à la tête du parti et la plupart des réformes libérales sont abandonnées. Le printemps de Prague a inspiré la culture des années 1960-1980 avec les œuvres de Karel Kryl et Milan Kundera.
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00:26 Jan Palak est né le 11 août 1948 en Tchécoslovaquie.
00:30 Le 16 janvier 1969, sur la grande place Wenceslas, lieu historique de la vieille ville de Prague,
00:37 il s'asperge d'essence et s'immole par le feu pour protester publiquement contre l'invasion de son pays.
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01:02 "Je suis un élite"
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01:11 "C'est une société indépendante que nous voulons"
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01:18 "J'ai un rêve"
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01:42 Au début de l'année 1968, sous la direction du Slovaque Alexander Dubček,
01:47 la Tchécoslovaquie connaît une période intense de mutations et de réformes sociales et économiques
01:52 connues sous le nom de « Printemps de Prague ».
01:55 Désireux de ne pas voir cette situation faire tâche d'huile derrière le rideau de fer,
02:00 l'URSS prend alors une décision radicale.
02:03 Dans la matinée du 21 août 1968, près de 400 000 hommes et des milliers de chars des forces armées du Pacte de Varsovie
02:11 envahissent la Tchécoslovaquie et pénètrent dans Prague.
02:14 En moins de deux jours, les communistes reprennent les rênes du pouvoir.
02:18 Le « Printemps de Prague », cette brève période d'espoir démocratique pour la Tchécoslovaquie est terminée,
02:24 écrasée sous les chenilles des chars T-62 soviétiques.
02:27 [Musique]
02:40 La Tchécoslovaquie est née des aspirations des populations tchèques et slovakes à la fin de la Première Guerre mondiale.
02:47 Les demandes d'autonomie dans l'ancien empire austro-hongrois avaient commencé
02:51 dès la mort de l'empereur François-Joseph le 21 novembre 1916.
02:56 Le 28 octobre 1918, l'indépendance de la République fédérale de Tchécoslovaquie est proclamée,
03:03 formée de deux républiques égales sous la présidence de Thomas Massaric.
03:10 Prague devient la capitale fédérale du nouvel État.
03:14 Sa composition pluriethnique va cependant jouer un rôle majeur dans les décennies suivantes.
03:20 La Tchécoslovaquie avait un grand problème hérité du démantèlement de l'empire austro-hongrois.
03:27 C'est qu'il y avait toute une bordure autour de la Bohème, la Moravie, qu'on appelait les pays des Sudètes,
03:39 où il y avait une très forte minorité d'Allemands.
03:44 Même si les Sudètes ne réclament qu'une autonomie partielle,
03:47 le très actif parti allemand des Sudètes pro-nazi, dirigé par Konrad Enlen,
03:52 utilise toute son influence pour déstabiliser le régime tchécoslovaque.
03:56 C'était la montée de Hitler en Allemagne.
04:00 Et Hitler, naturellement, a mené une politique de destruction de la république tchécoslovaque
04:08 en manipulant les Sudètes et en demandant aux organisations des Sudètes, des Allemands des Sudètes,
04:16 leur attachement au Reich.
04:18 En 1935, Edvard Benes devient, après Thomas Massaric, le deuxième président de la Tchécoslovaquie
04:25 et doit faire face à la pression grandissante de l'Allemagne hitlérienne.
04:29 Le 29 septembre 1938, les accords signés à Munich par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie
04:42 contraignent diplomatiquement la Tchécoslovaquie à céder les régions occupées par les Sudètes à l'Allemagne.
04:47 Ces accords signent quoi, finalement ? Que les Sudètes seraient rattachés à l'Allemagne
04:55 et Hitler promet qu'il ne va pas faire la guerre.
04:58 C'est le lâche soulagement qu'on connaît.
05:01 Le français Daladier et l'anglais Chamberlain sont tous deux reçus triomphalement dans leur pays.
05:07 Mais l'illusion est de courte durée.
05:10 Peu de temps après, Hitler provoque l'assission de la Slovaquie et le 15 mars 1939, la Wehrmacht envahit le pays et entre dans Prague.
05:19 Six longues années de guerre plongent le pays dans une occupation allemande marquée par le règne de la terreur.
05:26 En avril 1945, les Américains entrent en Tchécoslovaquie par l'ouest du pays.
05:38 Dans le même temps, les armées allemandes évacuent Prague sous la pression de l'armée rouge.
05:43 La plus grande partie du pays est désormais aux mains des communistes lorsque la Seconde Guerre mondiale se termine en Europe le 8 mai 1945.
05:51 Conformément aux accords signés à Potsdam par Staline, l'URSS évacue la Tchécoslovaquie dans le courant du mois de juillet 1945
05:59 et remet le pouvoir aux mains de Bénez, rentré d'exil.
06:02 La Tchécoslovaquie naturellement retrouve son unité après la guerre.
06:08 De conséquence, les Allemands des Sudètes, je souligne, ont été tous, mais tout le monde a été expulsé de la République Tchécoslovaque et envoyé en Allemagne.
06:22 C'est-à-dire que la Tchécoslovaquie a perdu 3 millions d'habitants.
06:26 Une des provinces orientales du pays, la Ruthénie subcarpathique, est séparée du pays et annexée purement et simplement par l'URSS.
06:34 La composition de la nouvelle Tchécoslovaquie est de nouveau complètement bouleversée.
06:39 Bénez, pour tenter de stabiliser le paysage politique, s'appuie sur l'URSS et le nouveau parti communiste tchécoslovaque.
06:46 Il était ministre des Affaires étrangères pendant pratiquement toute la période de ce qu'on appelle à Prague la Première République,
06:56 qui après Munich a émigré, est parti à Londres et a créé un gouvernement anti-nazi à Londres.
07:08 Et en 1945, il est rentré à Prague triomphalement.
07:16 Début 1948, les graves difficultés économiques du pays, le refus de l'URSS de laisser la Tchécoslovaquie profiter des dispositions du plan Marshall
07:25 et le renouveau des demandes d'indépendance de la Slovaquie provoquent une grave crise gouvernementale.
07:36 De grandes manifestations de masse sur la place Wenceslas, plus de 250 000 personnes organisées par le parti communiste tchécoslovaque
07:44 effraient Bénez, qui craint une flambée de violence.
07:47 Les communistes ont créé artificiellement une crise ministérielle.
07:53 Ils ont demandé au président de la République, qui s'appelait Édouard Bénez, la démission des ministres non communistes.
08:03 Naturellement, la foule a manifesté en faveur des communistes.
08:13 Bénez a accepté la démission des ministres non communistes et les communistes ont fait un gouvernement monocolore
08:23 en se disant voilà, maintenant c'est nous qui avons le pouvoir total, ce qu'on appelle le coup de Prague.
08:30 Ils laissent alors le communiste Clément Gottwald, ancien président du conseil, former un nouveau gouvernement.
08:36 Ne vous en faisez pas, nous avons confiance et nous vous demandons de renforcer nos efforts.
08:42 S'il vous plaît, laissez le mois de 1948 être un grand milestone pour notre fédération.
08:49 Le 10 mars 1948, Jan Masaryk, fils de l'ancien président, est seul membre encore indépendant du gouvernement et défenestré à Prague.
08:58 Les urges sont organisées sur le modèle stalinien. Les opposants sont traqués et jugés lors de procès truqués. La censure est rétablie.
09:07 Pendant toutes les années 50, la Tchécoslovaquie va vivre sous un régime quasi dictatorial, inféodé aux ordres de Moscou, sous la direction de Antonin Novotny.
09:22 La guerre froide entre Est et Ouest atteint son paroxysme lors de la crise des missiles de Cuba en 1963.
09:29 C'est dans les années 60 que l'on voit enfin s'amorcer un début de déstalinisation. Les victimes des purges du coup de Prague sont réhabilitées. La pression se desserre.
09:39 Le Slovaque Aleksandr Dubček, communiste modéré, devient premier secrétaire du PCT et arrive au pouvoir le 5 janvier 1968.
09:48 Assurant Moscou de son soutien inconditionnel, il prône avant tout un socialisme à visage humain.
09:54 Au milieu des années 60, l'économie est très en retard sur les normes occidentales. La production industrielle planifiée comme en URSS peine à se développer.
10:11 Le secteur agricole n'arrive pas à subvenir aux besoins de la population et accuse un important retard de productivité.
10:18 En juin 1966, le XIIIe congrès du PCT donne son accord pour lancer un programme appelé le Nouveau modèle économique, destiné à moderniser et dynamiser l'économie tchécoslovaque.
10:31 Le socialisme c'est de prendre tous les moyens de production, toute l'industrie, toute l'agriculture sous le contrôle d'un plan.
10:44 En d'autres termes, on planifie, et là l'échec de la planification socialiste, jusqu'à la dernière cuillère, jusqu'à la dernière chaussure, sur un espace chronologique de 5 ans au début.
11:05 C'est-à-dire d'avance, on planifie combien de chemises il faudrait produire dans les cinq prochaines années.
11:14 Deuxième aspect du problème, c'est l'importance primordiale donnée à l'industrie lourde au détriment de l'industrie légère, c'est-à-dire au détriment de la consommation.
11:30 Ça crée immédiatement, très vite, des pénuries, du manque des produits, des queues interminables, et en même temps, n'oublions pas que la monnaie est une monnaie de singes.
11:47 Vous avez des courants de chèque, vous pouvez faire ce que vous voulez à l'intérieur du pays, mais avec ces riens ça ne vaut rien.
11:58 La situation politique en Tchécoslovaquie présente toutes les caractéristiques d'une quasi-dictature.
12:08 Un parti unique sans aucun opposant, une absence totale de consultation populaire sur quelque point que ce soit, une censure omniprésente et une répression policière systématique visant les opposants au régime communiste.
12:21 Le régime en place est totalement impopulaire, même auprès de la plupart des sympathisants communistes.
12:26 Les Tchécoslovaques réclament de plus en plus la libéralisation de l'économie et un rétablissement de toutes les libertés individuelles.
12:33 La pression de la rue va se faire de plus en plus forte au cours de l'année 1967, et l'autorité du premier secrétaire du KSC, Antonin Novotny, est contestée.
12:48 Le parti se retrouvait constamment dans une crise très profonde au niveau de sa direction, un décalage énorme entre la direction du parti et la population.
13:04 La crise du parti a pris un aspect ouvert à partir de septembre-octobre 1967.
13:18 Cette crise s'est accélérée à l'intérieur du parti, à tel point que les Slovaques font pression sur les Tchèques pour que un secrétaire général, à la place de l'ancien, prenne le pouvoir.
13:40 Ils demandent donc au secrétaire du parti, qui s'appelait Novotny, de quitter le parti.
13:49 C'était à la fin de l'année 1967, et il a été remplacé par Dubček le 5 janvier 1968.
14:01 C'est pour cela qu'on dit que le 5 janvier 1968, c'est le début du printemps de Prague.
14:10 Connu pour ses opinions en faveur d'un socialisme plus libéral, Dubček, dès sa prise de fonction, s'attèle à la tâche difficile de conduire une large politique de réformes sociales et économiques.
14:28 De janvier à août 1968, la période de réformes mise en place par Dubček va être appelée le printemps de Prague.
14:35 Le 5 janvier, Dubček devient secrétaire du parti. Mais Novotny, l'ancien secrétaire, et en même temps président de la République tchécoslovaque.
14:45 Il y avait cette dualité. D'habitude, les Tchèques, la population, se dit « bon, il y a un changement à la tête du parti, rien ne va changer ».
14:55 Donc une indifférence absolument totale, absolument totale de la population.
15:02 Mais déjà, le nouveau langage de ce qu'on appelle les progressistes à l'intérieur de la direction du parti résonnait aux oreilles d'une manière différente.
15:17 C'est-à-dire que cette langue de bois communiste n'avait plus cette dureté, ce côté borné, fermé, mensonger.
15:29 Dans un discours célèbre, lors du 20e anniversaire du coup de Prague, Dubček annonce sa volonté de rebâtir un socialisme à visage humain, conforme aux traditions démocratiques de la Tchécoslovaquie.
15:40 Presque sept mois suffisent à Dubček pour soulever un enthousiasme général dans le pays et s'attirer les sympathies de toute la population.
15:48 Ces réformes sont nombreuses et profondes.
15:52 Il y avait un autre écho. Et petit à petit, on sentait de janvier, février, mars, comment les choses bougent.
16:03 Alors, qu'est-ce qui a bougé ? La première des choses, la plus importante, la levée ou l'atténuation de la censure.
16:12 Et alors, la presse est devenue quelque chose de lisible.
16:17 Et, deuxième phase du printemps de Prague, très important, les organisations communistes de la jeunesse, des syndicats, etc., commençaient à exploser.
16:32 Des gens quittaient en masse ces organisations et voulaient créer une organisation de jeunesse, vraie organisation de jeunesse, etc.
16:40 En même temps, les autres pays de l'Est, à la tête, naturellement, de tous ces pays-là, se trouvaient l'Union soviétique, se disaient "très bien les réformes, mais jusqu'où ?
16:56 Jusqu'où ce parti communiste avec du tchèque, soutenu par les intellectuels, soutenu par beaucoup de membres du parti, jusqu'où, jusqu'à quelle limite peuvent-ils aller ?
17:13 Un vent de liberté souffle sur la Tchécoslovaquie et donne l'espoir de l'endemain meilleur à une population vivant sous un communisme pur et dur depuis plus de 20 ans.
17:23 Les aspirations à une plus grande liberté du peuple tchécoslovaque entraînent une montée des reproches envers la domination exercée depuis 1945 par l'URSS.
17:37 Il faut se rappeler que dans les années 30, la Tchécoslovaquie était, avec la France, la Belgique ou les Pays-Bas, une des rares démocraties qui existait encore à l'échelle européenne,
17:46 qui n'avait pas versé dans le fascisme et qui entretenait un certain multipartisme.
17:51 Les étudiants remarquent que, comme un certain nombre de grandes figures, de grands intellectuels tchèques, notamment Vaclav Havel,
18:02 se rendent compte que le modèle communiste ne tient pas ses promesses, tant en termes de style de vie, de confort de vie, qu'en termes culturels.
18:12 Ils se sentent brimés. Ils sentent que leur création, leur liberté, qu'il s'agisse de poésie, qu'il s'agisse de musique ou plus généralement d'idées politiques, se sentent brimés.
18:24 Donc ils cherchent à hybrider le meilleur des deux mondes, à la fois à développer un socialisme à visage humain sur le plan politique,
18:33 soit ce qu'on appellerait aujourd'hui une économie sociale de marché, où l'État conserverait un rôle particulièrement important,
18:42 notamment au niveau de l'emploi, du travail et ainsi de suite, mais où la liberté accordée aux individus serait beaucoup plus importante.
18:50 Et donc, les points de vue tant des élites intellectuelles tchèques et praguases en particulier et des étudiants vont se rencontrer.
19:00 Au fur et à mesure du temps qui passe, et avec la renaissance du Parti social-démocrate tchécoslovaque d'Isso en 1948, les critiques se multiplient dans la presse tchécoslovaque.
19:10 Même la presse du parti en commençait à dire la vérité. Et surtout, et c'est ça qui a déclenché une autre vague d'adhésion populaire,
19:24 on disait la vérité sur les années de plomb, les années sombres de Staline, sur les procès politiques, sur les persécutions, sur les camps de concentration, sur les tortures.
19:38 Tout ça parait maintenant dans la presse.
19:41 Devant cet état de fait, le Parti communiste tchécoslovaque se divise en deux clans, le premier soutenant Dubček et approuvant les réformes,
19:49 tandis que le second appelle ouvertement l'URSS à intervenir.
19:54 Après la mort de Staline, la société tchèque a commencé lentement à évoluer.
19:59 C'était naturellement toujours un régime de partis uniques, c'est-à-dire communistes,
20:05 mais dans les années 1960 déjà, moi je dis toujours, il y avait deux partis communistes.
20:11 Il y avait un seul parti, mais à l'intérieur de ce parti, il y avait deux, ils se divisaient,
20:17 sur les uns qui voulaient faire un socialisme à visage humain, comme vous le dites, ce n'est pas une invention tchèque, c'est les autres chiens qui ont inventé ça.
20:27 Et puis il y avait une autre partie qui est restée stalinienne.
20:37 Moscou, sous la direction de Léonide Brejnev, commence par réagir en tentant d'influencer les dirigeants du Parti communiste tchècoslovaque.
20:45 Devant l'échec de cette tentative, Brejnev accentue la pression en exigeant des dirigeants du PCT
20:51 un renouvellement des déclarations de loyauté de la Tchècoslovaquie vis-à-vis du pacte de Varsovie
20:56 et de leurs engagements pris dans le cadre du Comécon.
21:00 Malgré le désir de Dubček de ne pas s'aliéner Brejnev et ses déclarations de fidélité envers l'URSS,
21:06 sa politique de réforme lui échappe peu à peu sous la pression de la rue.
21:10 À la conférence de Bratislava, réunissant le 3 août 1968 la plupart des pays du Bloc de l'Est,
21:17 Moscou se réserve le droit d'intervenir dans les démocraties populaires en cas d'installation d'un système bourgeois.
21:23 Moscou considère alors que le printemps de Prague est une politique révisionniste, capitaliste et antisoviétique.
21:30 En pleine guerre froide et dans un contexte où l'URSS n'est pas en position de subir un échec diplomatique aussi sévère,
21:36 une telle remise en cause des fondements même du communisme est inacceptable pour Moscou.
21:41 Aucune solution pacifique au problème ne semble plus être possible.
21:46 La crainte de voir les événements de 1956 lors du soulèvement de Budapest se répéter à Prague
21:52 amène finalement Léonide Brejnev à prendre une décision lourde de conséquences.
21:57 Une intervention militaire en Tchécoslovaquie est décidée.
22:01 Dès le 18 août 1968, les premiers préparatifs sont en cours.
22:11 Sous couvert de manœuvres, les forces armées prévues pour l'intervention se regroupent aux frontières de la Tchécoslovaquie.
22:17 L'opération Danube, planifiée depuis avril 1968 par l'état-major soviétique, peut débuter à tout moment.
22:24 Mais le plus important c'est l'opération aéroportée.
22:28 Les soviétiques occupent de la nuit l'aéroport pour mettre des aiguilles vers le ciel et permettre aux gros transporteurs d'atterrir.
22:42 L'invasion de la Tchécoslovaquie est commencée.
22:53 Environ 400 000 soldats des forces du pacte de Varsovie, accompagnés par plus de 7000 chars,
22:58 dont de nombreux chars lourds T-62, franchissent les frontières du pays et se dirigent vers l'intérieur en direction de Prague.
23:05 Vers 4 heures du matin, on m'appelle, on me dit « ouvre les fenêtres ».
23:12 Et j'ouvre les fenêtres et j'entends le bruit des tanks qui déferlent.
23:17 Mais c'était impressionnant, parce que je me dis « mais qu'est-ce qui se passe ? ».
23:21 Envers 8h-7h du matin, la foule descend des rues et demande aux tankistes « mais vous êtes dans un pays ami ».
23:30 La première vague des tankistes disent « bon, mais c'est la guerre, les Allemands ont attaqué la Tchécoslovaquie, ils ne sont venus vous libérer ».
23:44 Et cette vague, cette première vague, complètement perdue en voyant qu'il n'y avait pas de guerre, a été retirée.
23:51 Et une deuxième vague est arrivée quelques heures plus tard en disant que la première déjà a vaincu les Allemands.
23:59 Et c'était ça l'absurdité.
24:04 Alors les gens étaient là en train de discuter avec les soviétiques « mais pourquoi vous êtes venus ? ».
24:12 Et les soviétiques disaient « parce que c'était la guerre ».
24:16 Dans la journée, les principaux dirigeants du pays, dont Alexander Dubček et le président Ludvík Svoboda, sont arrêtés et envoyés sous bonne garde à Moscou pour y être jugés.
24:27 Devant l'inéluctable, les dirigeants tchécoslovaques Dubček et le président Svoboda imposent aux forces armées de ne pas résister à l'invasion.
24:37 Le général Martin Dzur, chef de l'armée, reçoit l'ordre de laisser faire les forces armées d'invasion, mais sans pour autant se laisser désarmer.
24:44 Le ministre des armées était un des ministres qui ne pouvait pas être nommé sans un accord peut-être informel de l'Union soviétique.
24:56 Donc Dzur était un homme finalement fidèle à l'Union soviétique.
25:02 Les soldats tchécoslovaques vont donc rester passifs, à de rares exceptions près, pendant toute la durée de l'invasion, se contentant d'assurer de simples tâches de police et de maintien de l'ordre.
25:11 Le 22 août 1968, plus de 1000 délégués du PCT réunis secrètement en assemblée exceptionnelle dans la banlieue de Prague condamnent l'invasion soviétique.
25:28 Le peuple tchécoslovaque découvre au matin les premiers signes de l'invasion. En colère face au refus des autorités d'organiser la résistance, il prend l'initiative.
25:37 Le pays était plus ou moins autogouverné et ça s'est passé très bien. Il y avait une grève générale, on a retourné les indicateurs de rue pour que l'armée soviétique ne trouve pas où aller, etc.
25:56 Il y avait plein de choses, il y avait une résistance passive, mais cette résistance passive était totale.
26:01 Les Praguois couvrent les chars du pacte de Varsovie de croix gammées et de symboles nazis divers.
26:07 Des patriotes bandent les yeux des statues des héros tchécoslovaques. Des manifestants tentent d'arrêter la marche des chars avec le seul rempart de leur corps.
26:17 Je me rappelle avoir vu cette manchette du monde en six colonnes à la une. La résistance non violente du peuple tchécoslovaque est d'une ampleur étonnante.
26:27 Autrement dit, il y a véritablement eu, sans qu'il l'ait tellement théorisé, face aux chars soviétiques, le peuple, les mains nues, a refusé de se soumettre.
26:40 Les chars soviétiques sont devenus inutiles. Donc je crois qu'il y a eu, pendant les huit jours de la résistance, une efficacité étonnante.
26:49 Le 23 août 1968, la radio appelle à la grève générale. Elle est massivement suivie. Cependant, rien ne peut arrêter le cours des événements.
27:00 En quelques jours, le calme revient. Malgré le caractère non violent de la plupart des actes de résistance, ces journées font plusieurs centaines de blessés et une centaine de morts.
27:10 Dans les semaines qui suivent, la reprise en main du pays est organisée par les soviétiques.
27:26 Ils sont retrouvés devant une population qui résistait passivement, certes, mais dans l'impossibilité de former une équipe à leur dévotion.
27:38 Ils ont dû donc libérer Dubchek et les autres, les réunir à Moscou et les obliger à signer les accords de Moscou, qui ont ériné, en quelque sorte, l'occupation.
27:56 Dubchek a cru qu'il devait négocier avec les dirigeants soviétiques. Il n'était pas en position de faiblesse, Dubchek. Il a cru devoir signer les accords de Moscou, qui finalement ont permis la normalisation.
28:09 Les principaux opposants sont arrêtés et jugés, parfois sommairement. Une vague d'expulsions de personnes indésirables intervient, ainsi qu'une épuration sans précédent du Parti communiste tchécoslovaque, avec plus de 500 000 exclusions.
28:24 En avril 1969, Gustav Usak remplace officiellement Dubchek à la tête du Parti. Sous sa direction, la plupart des réformes initiées par Dubchek sont abandonnées.
28:34 La Tchécoslovaquie entame une longue période de communisme pur et dur, sous la férule de Moscou, qui va durer plus de 20 ans jusqu'à la chute du mur de Berlin. Le printemps de Prague est définitivement terminé.
28:48 L'idée du printemps de Prague, c'est la quadrature du cercle, c'est-à-dire quelque chose qui finalement ne pouvait pas se réaliser.
28:58 Comment avoir un système socialiste avec un parti unique et en même temps une démocratie ? C'est deux choses totalement incompatibles.
29:12 Or, si le socialisme se dissout d'une démocratie, si le Parti communiste devient un parti comme les autres, il n'y a plus de socialisme.
29:21 Et le danger, le danger pour l'Union soviétique, c'est que, ce qui explique l'intervention, c'est que la Tchécoslovaquie se trouvait aux frontières du monde occidental.
29:36 Et risquait, en devenant un pays démocratique, de basculer du côté du monde occidental. Donc l'Union soviétique aurait perdu sa frontière occidentale.
30:00 Alexander Dubček est né le 21 septembre 1921 dans une petite ville de Slovaquie. En 1938, il rejoint les rangs du Parti communiste.
30:09 Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la résistance et s'illustre dans les combats contre les occupants allemands.
30:15 La progression de sa carrière politique va être rapide. De 1951 à 1970, il exerce plusieurs mandats au Parlement fédéral de la Tchécoslovaquie.
30:26 Pendant cette période, il prend les rênes du Parti communiste tchécoslovaque.
30:30 Début 1968, avec les réformateurs de son parti, il lance une grande politique de réforme connue sous le nom de « Printemps de Prague ».
30:38 Même en assurant Moscou de son soutien inconditionnel, il ne peut empêcher l'invasion de son pays le 21 août 1968 par les forces du pacte de Varsovie.
30:47 En quelques jours, le pays est totalement soumis et le « Printemps de Prague » est terminé.
30:54 Suite à sa participation aux réformes, Dubček est arrêté et exclu du Parti communiste. En 1970, il se retire des affaires politiques.
31:02 Il revient sur la scène politique pendant la Révolution de Velours, en soutenant Vaclav Havel.
31:08 Ses opinions sont cependant toujours celles qu'il avait soutenues lors du « Printemps de Prague », prônant une vision socialiste et humaine.
31:15 Il s'oppose à Vaclav Havel en refusant la partition du pays et la création d'une Slovaquie indépendante.
31:23 Début 1992, il est élu président du Parti social-démocrate slovak.
31:27 Aleksandr Dubček meurt le 7 novembre 1992 des suites d'un banal accident de voiture.
31:33 Jan Palak est né le 11 août 1948 en Tchécoslovaquie.
31:44 Étudiant à l'École supérieure d'économie de Prague, il participe avec enthousiasme aux « Journées du Printemps de Prague » au début de l'année 1968.
31:53 Face à l'arrivée des troupes russes dans Prague, il n'y a pas de solution véritablement.
31:58 C'est-à-dire que si les Praguois peuvent faire des actes de désobéissance civile, peuvent éventuellement tenter de bloquer les chars, ils ne peuvent pas faire grand-chose de plus.
32:08 Ils se rendent véritablement compte qu'ils ne s'en sortiront pas, que leur modèle, le modèle qu'ils proposent ne sera pas accepté par Moscou.
32:19 Mais il comprend qu'il est nécessaire de marquer les esprits, en particulier à l'Ouest.
32:26 Il prend alors une décision tragique. Le 16 janvier 1969, sur la grande place Wenceslas, lieu historique de la vieille ville de Prague,
32:35 il s'asperge d'essence et s'immole par le feu pour protester publiquement contre l'invasion de son pays.
32:41 Ses brûlures, extrêmement graves, ne laissent aucun espoir et il meurt trois jours plus tard à l'hôpital.
32:48 Il ne sera pas tout seul, il y en aura un deuxième qui le fera, mais lui sera le premier à le faire.
32:52 Et il laissera un mot finalement assez, à la fois assez troublant, mais en même temps extrêmement émouvant en disant "ne faites pas comme moi".
33:04 Ses obsèques sont suivis par des milliers de personnes et occasionnent de nombreux troubles.
33:11 La police a exigé que le corps soit déterré et enterré au cimetière de sa famille dans un village
33:20 pour que la foule ne s'amasse pas sur sa tombe au cimetière de Prague.
33:26 Et après 1989 donc, il a été reconnu par des officiels, après la chute du communisme.
33:39 Chaque jour anniversaire de sa mort depuis 1990, le mémorial qui lui est consacré ainsi qu'à Jan Zadzik, autre martyr, est couvert de fleurs par les Praguois en souvenir et en hommage.
33:52 Jan Zadzik est né de 3 juillet 1950 à Vitkov, en Tchécoslovaquie.
33:59 Début 1969, il entame une grève de la faim.
34:04 Dans le même temps, avec plusieurs étudiants de ses amis, il prend part à une cérémonie en commémoration du geste de Jan Palak près de la statue de Saint Wenceslas à Prague.
34:12 C'est probablement à ce moment qu'il prend la décision d'imiter Palak.
34:16 Le 25 février 1969, à 13h30 proche du numéro 39 de la Václavský namesti, devant la foule rassemblée, il met le feu à ses vêtements imbibés de produits chimiques et meurt rapidement des suites de ses blessures.
34:30 Pour éviter toute manifestation de colère comme celle qui avait suivi l'enterrement de Jan Palak, la police secrète interdit l'enterrement de Zadzik à Prague.
34:38 Dans le monde entier, les intellectuels vont se passionner pour le printemps de Prague, cette tentative inédite de libéralisation en Europe de l'Est.
34:55 L'invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968 par les forces du pacte de Varsovie est ressentie à la fois comme une trahison des idées de progrès et comme l'acte insupportable de tyrannie d'un pays totalitaire.
35:06 L'œuvre la plus célèbre, traitant du printemps de Prague, reste sans conteste le roman de Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.
35:19 Ce roman, publié en 1982, décrit la menace et la présence constante des militaires soviétiques ainsi que le contrôle policier de la population de plus en plus oppressant au fil des mois suivant l'invasion.
35:30 La musique populaire et notamment les œuvres musicales de Karel Kryl et le théâtre tchécoslovaque vont aussi largement s'inspirer des événements du printemps de Prague.
35:43 Karel était un chansonnier qui a émigré, qui était en Allemagne, qui écrivait et chantait des chansons qui étaient des chansons de résistance, de dissidents.
35:57 Les événements tragiques de 1968 en Tchécoslovaquie marquent ainsi la culture des années 70 et 80.
36:06 Né le 5 octobre 1936 à Prague, dans une famille de la bourgeoisie aisée, Václav Havel est comme beaucoup de jeunes de l'élite tchécoslovaque interdit d'études par le gouvernement communiste.
36:23 Il réussit néanmoins à obtenir son baccalauréat en assistant à des cours du soir dans un lycée.
36:29 Ses écrits reflètent les aspirations du peuple tchécoslovaque à une plus grande libéralisation et à un renouveau démocratique.
36:36 Son implication dans la vie sociale et culturelle tchécoslovaque est pour lui le meilleur moyen de promouvoir ses idées pour une renaissance des libertés et une meilleure démocratie.
36:46 Son œuvre, d'abord orientée vers le théâtre de l'absurde, est ensuite devenue politique et dissidente.
36:53 Début 1968, il participe au printemps de Prague et s'enthousiasme, comme presque tous ses compatriotes, pour les réformes lancées par Dubček.
37:01 Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du pacte de Varsovie, il rejoint l'opposition au régime en place et est souvent emprisonné et censuré.
37:10 En 1977, il est l'un des fondateurs et le porte-parole de la Charte 77, une organisation de défense des droits de l'homme en Tchécoslovaquie.
37:20 C'est ce noyau de personnes qui était composé d'anciens du printemps de Prague, d'autres qui n'étaient pas communistes, d'écrivains, d'historiens,
37:31 qui ont créé un mouvement de dissidence qui a été vraiment une prise de conscience que le socialisme est mort.
37:44 Le socialisme est mort parce qu'il est contre l'individu.
37:49 En novembre 1989, il est une des personnalités de premier plan participant à la Révolution de Velours,
37:55 conséquence directe de la chute du mur de Berlin et qui conduit la Tchécoslovaquie vers l'indépendance.
38:01 Tout mon temps, avant et après la Charte 77, quand j'étais en prison, quand j'étais libre, quand j'étais candidat pour le président,
38:12 quand je n'étais pas là, je vous ai appris que pour moi, il est impossible de vivre sans espoir.
38:20 Mais il faut beaucoup de travail pour garder cet espoir.
38:27 En décembre 1989, il est élu président intérimaire de la République du Nouvel État, puis il est confirmé définitivement à ce poste en juillet 1990.
38:36 En 1993, après la partition de la Slovaquie, il est élu président de la République tchèque, poste où il sera reconduit en 1998.
38:46 A partir de 2003, il se retire de la vie politique, mais continue à voyager et à écrire. Il vit toujours à Prague.
38:55 Présente
38:58 Très vite, une partie de la population tchécoslovaque tente de fuir vers l'étranger.
39:11 Sur toute la durée de l'occupation soviétique, environ 400 000 tchécoslovaques préfèrent quitter leur pays plutôt que de subir l'oppression soviétique.
39:20 Les arrestations d'opposants se multiplient et les expulsions augmentent.
39:25 De plus, dans les mois qui suivent l'invasion, le parti communiste tchécoslovaque, tombé aux mains de la ligne quasi-stalinienne des dirigeants, lance un programme d'épuration.
39:36 Plus d'un million de membres du parti ont été exclus du parti communiste.
39:42 Sur une population de 12 millions, je vous fais remarquer.
39:48 Les intellectuels, la plupart des intellectuels, qui ont été très actifs lors du printemps de Prague, ont perdu leurs emplois.
39:58 Et il y a eu ce qu'on appelle la normalisation.
40:03 L'armée, instrument de pression, est aussi une cible importante de cette reprise en main.
40:15 La partie la plus douloureuse pour le peuple tchécoslovaque est l'arrêt complet de la politique de réforme lancée début 1968 par Aleksandr Dubček.
40:24 La quasi-totalité des libertés individuelles qui avaient été restaurées sont de nouveau supprimées.
40:29 La censure refait son apparition et la liberté de la presse est de nouveau jugulée.
40:34 Les réformes institutionnelles prévoyant un retour à la démocratie et la mise en place d'élections libres sont purement et simplement abandonnées.
40:43 En matière économique, c'est le retour à une économie planifiée, avec des objectifs quantitatifs parfois irréalistes mettant en péril la compétitivité et la rentabilité des entreprises.
40:54 La seule réforme qui n'est pas annulée est celle qui concerne la mise en place d'une république fédérale de Tchéquie et de Slovaquie,
41:01 qui aboutit finalement en 1969 à la création de deux républiques socialistes séparées.
41:07 Dans le monde entier, les protestations des populations sont nombreuses et quasi unanimes.
41:12 Même à Moscou, des voix s'élèvent pour protester contre l'intervention soviétique lors d'une manifestation sur la Place Rouge.
41:19 Elles sont cependant rapidement réduites au silence.
41:22 Dans le Bloc de l'Est, le Roumain Nicolas Echaouchescu prononce un discours condamnant l'invasion de la Tchécoslovaquie.
41:29 La Chine populaire de Mao a été encore un des pays les plus dévastés par la guerre.
41:35 La Chine populaire de Mao Zedong et la Yougoslavie se prononcent elles aussi contre l'intervention soviétique.
41:40 Même si les manifestants et les acteurs du printemps de Prague cherchaient un socialisme à visage humain,
41:48 et ne cherchaient donc pas à rompre totalement avec une conception de gauche, on va dire, de la conduite d'un État,
41:58 malgré tout ils seront réprimés.
42:01 Et si on met un groupe d'intellectuels en Europe occidentale, en Allemagne ou en France, ce sera une espèce de douche froide.
42:06 Et l'URSS perdra de ce point de vue-là énormément de soutien politique de leur part.
42:10 En France, les communistes vont condamner la répression du printemps de Prague et prendre leur distance vis-à-vis de Moscou.
42:17 C'est la naissance d'un euro-communisme plus attaché aux vraies valeurs socialistes qu'à la tutelle du grand frère soviétique.
42:25 Au niveau diplomatique en revanche, l'écrasement du printemps de Prague ne va pas soulever de grandes réactions dans les pays d'Europe de l'Ouest.
42:32 Même à l'ONU, la question reste en suspens, sans être vraiment traitée.
42:37 Et le 26 août 1968, le nouveau délégué tchécoslovaque obtient qu'elle soit retirée de l'ordre du jour du Conseil de sécurité de l'ONU étant considérée comme non-urgente.
42:48 L'une des conséquences politiques majeures du printemps de Prague a été de convaincre Léonide Brajnieff de la nécessité de se protéger contre toute tentative réactionnaire et antisociale de déstabilisation des démocraties populaires.
43:07 L'URSS auprès des intellectuels présentait une certaine forme d'attrait de par le modèle politique qu'elle proposait.
43:16 Et là, on a vu que la souveraineté des États satellites était forcément limitée.
43:21 La doctrine Brajnieff, c'est la doctrine de la souveraineté limitée.
43:24 Vous pouvez faire ce que vous voulez dans votre pays dès lors que ça ne menace pas la cohésion du pacte de Varsovie, la cohésion du bloc de l'Est.
43:32 Au fil des mois, la position des autorités soviétiques se durcit peu à peu.
43:36 Une chape de plomb tombe sur tous les pays situés derrière leur rideau de fer pour presque deux décennies.
43:43 Et là, les Occidentaux se rendent compte que l'URSS n'est pas prête à laisser tomber ses États satellites.
43:49 Dès que l'un de ces États tendrait à sortir de son giron et à développer son propre modèle, l'URSS serait en mesure d'intervenir.
44:02 Et que eux, à savoir l'OTAN, les États-Unis, etc., ne pourraient pas, sauf à déclencher la Troisième Guerre mondiale, porter secours à ces révolutions en cours de préparation.
44:15 À la fin des années 1970, c'est au tour de la Pologne de connaître une montée de revendications sociales et libertaires.
44:27 Les premières grèves des chantiers navals de Gdansk, en février 1980, sous la conduite de Lesch-Valaisa, lancent un mouvement qui devient rapidement célèbre, Solidarnosc.
44:36 Presque dix années de lutte sont nécessaires à Valaisa et Solidarnosc pour arracher petit à petit au président polonais, le général Jaruzelski, les réformes et les libertés demandées.
44:46 L'année 1989 commence par la table ronde polonaise, qui stipule pour la première fois dans un pays socialiste,
44:56 la légalisation d'un syndicat.
44:59 Deuxièmement, des élections.
45:02 Bon, des élections en Pologne, au mois de juin, qui stipulaient que le parti aurait 75% des sièges, automatiquement, uniquement 25% des sièges pour la confrontation électorale.
45:17 Mais c'est déjà quelque chose.
45:20 Solidarnosc accède à l'indépendance en juillet 1989 et Lesch-Valaisa devient président de la République polonaise le 22 décembre 1990.
45:29 La chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 novembre 1989 met en place les conditions favorables à l'indépendance de la Tchécoslovaquie.
45:44 L'écrivain célèbre et homme politique tchèque Václav Havel, devenu un personnage politique de premier plan au cours de la décennie précédente, prononce l'indépendance de la Tchécoslovaquie.
45:53 Cet événement se passe dans le calme le plus complet et cette transition sans heure sera appelée la Révolution de velours.
46:00 Comme à Berlin, le pouvoir soviétique avec à sa tête Mikhaël Gorbatchev va laisser faire, persuadé désormais du caractère inéluctable des événements.
46:10 Interrogé en 1987 sur ce qui différencie le printemps de Prague de la politique de réforme de sa perestroïka, Mikhaël Gorbatchev va répondre "simplement 19 années".
46:21 Le 29 septembre 1938, les accords signés à Munich contraignent la Tchécoslovaquie à céder les régions occupées par les Sudètes à l'Allemagne.
46:39 Le 15 mars 1939, Hitler envahit le pays. Six longues années de guerre plongent la Tchécoslovaquie dans une occupation allemande marquée par le règne de la terreur.
46:48 Lorsque la Seconde Guerre mondiale se termine en Europe, le 8 mai 1945, la plus grande partie du pays se retrouve aux mains des communistes.
46:56 Conformément aux accords signés à Potsdam par Staline, l'URSS évacue la Tchécoslovaquie dans le courant du mois de juillet 1945.
47:05 Bénès, rentrée d'exil, s'appuie sur l'URSS et le nouveau parti communiste tchécoslovaque.
47:10 Suite à une grave crise gouvernementale, le 25 février 1948, le parti communiste tchécoslovaque prend quasiment de force le pouvoir dans le pays.
47:19 Le coup de Prague a réussi.
47:22 Pendant toutes les années 50, la Tchécoslovaquie va vivre sous un régime quasi dictatorial, inféodé aux ordres de Moscou.
47:31 Dans les années 60, la pression se desserre peu à peu sur le pays.
47:35 Le Slovaque Aleksandr Dubček, communiste modéré, arrive au pouvoir le 5 janvier 1968.
47:41 Il prône avant tout un socialisme à visage humain et lance une grande campagne de réformes économiques et institutionnelles qui va être connue sous le nom de « Printemps de Prague ».
47:50 Il rétablit la plupart des libertés individuelles, limite les pouvoirs de la police d'État, renoue le dialogue avec l'Église et lance un programme de modernisation de l'économie.
48:01 Il annonce enfin une nouvelle constitution reconnaissant l'égalité des nations tchèques et slovaques dans le cadre d'une république fédérale.
48:07 Un vent de liberté souffle sur la Tchécoslovaquie et donne l'espoir de lendemain meilleur à une population vivant sous un communisme pur et dur depuis plus de 20 ans.
48:16 Les critiques à l'égard de l'URSS se multiplient au fil des mois.
48:20 Le 21 août 1968, devant cet état de fait, le dirigeant soviétique Léonid Brejnev lance l'opération Danube.
48:29 400 000 hommes du pacte de Varsovie et 7000 chars envahissent la Tchécoslovaquie et s'emparent de Prague.
48:35 Pendant quelques jours, les Pragois vont tenter de s'opposer à l'invasion mais en vain.
48:40 Le « Printemps de Prague » est terminé.
48:43 Deux jeunes étudiants, Jan Palak le 16 janvier 1969 et Jan Zadzik le 25 février 1969, s'immolent par le feu en public pour protester contre l'invasion soviétique et la normalisation.
48:57 Ces actes désespérés ne changeront rien.
48:59 La doctrine Brejnev de la souveraineté limitée se met en place dans le bloc des pays de l'Est.
49:05 20 années de communisme vont suivre et ne prendront fin qu'à la chute du mur de Berlin en 1989.
49:11 Mikhaïl Gorbatchev dira en 1987 que sa perestroïka n'est séparée du « Printemps de Prague » que par 19 années.
49:19 Le printemps de Prague
49:21 Le printemps de Prague
49:24 Le printemps de Prague
49:27 Le printemps de Prague
49:30 Le printemps de Prague
49:33 Le printemps de Prague
49:36 Le printemps de Prague
49:39 Le printemps de Prague
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