• il y a 2 ans
Rencontre avec Frédéric CHiCHE, Gynécologue. Femmes, Hommes: Sommes nous complémentaires ? C’est la thématique à laquelle nous essayons dans cette échange

@jesuisunefemmeetjexiste

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Éducation
Transcription
00:00 Salut les binders, je suis Frédéric Chiche, je suis chirurgien gynécologue et obstétricien,
00:06 accoucheur et aujourd'hui on va parler de la complémentarité femmes-hommes.
00:11 J'exerce depuis plus de 25 ans maintenant, mon quotidien c'est évidemment celui d'un
00:22 chirurgien gynécologue obstétricien entre la consultation, les interventions chirurgicales,
00:28 les accouchements, les interventions chirurgicales de la femme, c'est à dire essentiellement
00:34 la cancérologie gynécologique, l'endométriose, les fibromutérins, un certain nombre de problématiques
00:41 qui peuvent empêcher les femmes de faire des enfants.
00:44 Les hommes depuis plus de 25 ans, on les voit de plus en plus à la fois en consultation,
00:50 parfois à toutes les consultations qui concernent le désir d'enfant ou la grossesse ou après
00:58 l'accouchement même ou évidemment chez les patientes qui ont des problématiques pour
01:03 être enceintes et quelques fois ces problématiques sont liées à l'homme donc en fait les hommes
01:08 aujourd'hui sont rentrés vraiment à l'intérieur de la consultation de gynécologie.
01:14 Les hommes aussi ont des désirs d'enfant, les hommes aussi vivent des traumas à travers
01:21 les expériences compliquées de leur compagne ou de leur épouse, la perte d'un enfant,
01:27 la perte d'une grossesse et en fait il y a un véritable angle mort d'ailleurs sur
01:33 le retentissement de tous ces événements chez les hommes, c'est quelque chose dont
01:37 on parle quasiment jamais.
01:39 Bon le problème de l'égalité c'est un problème presque sans fin parce que la reconnaissance
01:44 de la domination masculine par exemple, on s'est resté très longtemps à un point aveugle,
01:50 on a lu l'affaire Weinstein, la période #MeToo pour finalement prendre vraiment en
01:59 considération l'ampleur du problème.
02:01 On considérait finalement à tort probablement que la domination masculine héritée du système
02:08 patriarcal c'était quelque chose qui appartenait au passé.
02:12 On n'en parlait pas suffisamment, on est passé à un autre extrême où on en parle
02:16 trop, finalement probablement que pour certaines patientes ou dans l'histoire de certaines
02:24 femmes, des comportements qui ne seraient pas considérés ou qui n'étaient pas considérés
02:28 comme authentiquement violents sont aujourd'hui suspects ou en tout cas le début d'une violence.
02:36 Pendant très longtemps on a considéré qu'une femme qui ne disait pas non était une femme
02:40 qui disait oui finalement et que le consentement était tacite.
02:42 On est passé de cette période où on le pensait tacite à quelque chose qui doit être
02:47 beaucoup plus explicite et je pense qu'on ferait bien d'utiliser par exemple ce qu'on
02:54 appelle la journée de la femme pour enseigner dans les écoles le sens de deux mots très
03:01 simples du vocabulaire sur lesquels on insiste pas suffisamment qui sont "qu'est-ce que
03:05 ça veut dire que de dire oui" ou "qu'est-ce que ça veut dire que de dire non".
03:08 Habituellement on disait entre adultes consentants mais là on discute par exemple d'adolescents
03:14 donc je crois que c'est encore plus important cette idée du consentement chez les adolescents.
03:18 Un des concepts que je défends c'est la garde alternée dans le mariage.
03:21 Ça consiste en fait à prendre conscience que le temps doit s'organiser et donc finalement
03:28 chacun des deux parents peut avoir un temps avec, doit avoir un temps où il est seul
03:34 avec son ou ses enfants, du temps doit être conservé pour le couple et ensuite du temps
03:40 doit être réservé pour chacun des deux conjoints sans l'autre, sans les enfants
03:44 pour pouvoir s'adonner à une passion, un sport, aller voir des copains, sortir, avoir
03:51 en fait une vie à soi.
03:53 C'est un mythe d'imaginer que l'arrivée d'un enfant fait du bien au couple.
03:57 L'arrivée d'un enfant ça institualise la famille mais en règle le plus souvent d'ailleurs
04:04 ça détruit le couple.
04:06 Alors antérieurement ça fonctionnait parce que les mariages étaient plus ou moins arrangés,
04:11 la finalité du mariage c'était de faire ménage, de faire famille et la problématique
04:16 des mariages d'amour ou en tout cas l'existence du couple à l'intérieur de ces familles
04:23 était quelque chose qui n'était pas fondamental.
04:25 L'essentiel c'était de faire des enfants et puis de perpétuer un mode de fonctionnement
04:33 qui avait souvent été hérité et qui allait ensuite être transmis.
04:36 Je pense qu'il serait opportun de prendre conscience que l'arrivée d'un enfant en
04:42 général ça fait exploser le conjugal et qu'il y a probablement des choses à faire
04:48 pour que l'onde de choc soit la plus petite possible.
04:52 Dans le couple homosexuel, dans ma clientèle j'ai un grand nombre de couples homosexuels
04:59 féminins et finalement je les vois traverser les mêmes problématiques que les couples
05:04 hétérosexuels.
05:05 L'arrivée de l'enfant détruit le couple et donc il y a un tiers et ce tiers là va
05:10 capter de la tension, il va capter du temps, il va être générateur d'un certain nombre
05:15 de problèmes, de lignes courtes, de la fatigue, de l'impossibilité de se retrouver à deux.
05:21 Souvent l'intimité des couples, qu'elle soit psychique ou physique, font comme de
05:26 la neige au soleil après l'arrivée d'un enfant.
05:30 Mon quotidien c'est d'accoucher des femmes et quand on voit une femme accoucher, il n'y
05:35 a plus de débat, on comprend que le sexe fort c'est le sexe féminin.
05:39 [Musique]