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Le haut potentiel intellectuel serait-il un mensonge médiatique ? On a demandé son avis à Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescents.
Transcription
00:00 Le haut potentiel intellectuel est un grand mensonge.
00:02 L'intelligence est une qualité,
00:09 au même titre que la gentillesse, la loyauté, la performance sportive.
00:13 Et quelqu'un a inventé l'idée qu'être intelligent pouvait être un problème
00:18 et donner lieu aux symptômes que l'on rencontre habituellement en psychiatrie.
00:23 Donc l'intelligence pouvait être déprimante, isolante sur le plan socio-relationnel,
00:28 donc toutes sortes de fantaisies comme ça qui ne reposent sur absolument
00:32 aucune réalité scientifique tangible et démontrée.
00:36 Cette idée qu'on pourrait être trop intelligent pour être heureux
00:38 est absolument démontrée comme fausse par absolument toute la science
00:43 et tous les consensus scientifiques internationaux.
00:45 Parce qu'il est toujours beaucoup plus attractif pour des psys
00:52 de raconter à des patients que s'ils ont des troubles du comportement
00:56 ou qu'ils sont déprimés, c'est parce qu'ils sont géniaux sur le plan intellectuel.
01:00 Évidemment c'est beaucoup plus gratifiant aussi pour les parents
01:02 d'entendre ça à propos de leur enfant.
01:04 Ça les exempte de toute remise en question des modalités éducatives
01:10 dans lesquelles leur enfant a baigné et qui a donné lieu aux souffrances
01:14 et aux symptômes pour lesquels ils consultent.
01:16 C'est une facilité qui a séduit donc à la fois les professionnels,
01:20 certains professionnels, une minorité heureusement,
01:23 et les usagers évidemment du soin psychique.
01:26 Et la faiblesse qu'a eue notre corpus professionnel,
01:30 c'est de ne pas réguler ça à son origine
01:33 et de laisser ces mensonges se véhiculer depuis 15 ans
01:36 autour de cette réalité fantasmée.
01:38 Être très intelligent, être très sensible, ce sont des qualités
01:45 et ceux qui pathologisent ces qualités sont des vendeurs de livres,
01:50 de rêves, parfois de méthodes, de coaching et de thérapie vaseuse
01:55 et tout à fait nébuleuse sur le plan théorique.
01:58 Encore une fois, être sensible, c'est plutôt merveilleux,
02:01 on peut être sensible à la bonne cuisine, à la belle musique,
02:05 tout ça ne devrait pas être pathologisé.
02:08 À partir du moment où cette sensibilité fait souffrir,
02:11 c'est qu'il y a un autre problème psycho-affectif dessous
02:14 et c'est évidemment ça que doit être le travail du psy,
02:18 d'aller chercher de quelle souffrance il s'agit.
02:21 Je suis en colère contre ce qui ment aux patients et ne les soigne pas.
02:30 Je suis en colère contre la souffrance face à laquelle
02:34 personne n'essaye de trouver des solutions.
02:37 Ça, c'est vrai que c'est assez insupportable pour moi.
02:41 Voilà, donc j'ose dire ce que la science sait depuis 20 ans
02:45 parce que dans les laboratoires de recherche et d'enseignement
02:48 que je côtoie, on ricane de ces médiatisations
02:53 absolument abusives et farfelues.
02:55 Mais en attendant, ces labos ne se sont pas soulevés,
02:59 n'ont pas dit la réalité et n'ont pas eu ce courage.
03:02 Donc effectivement, je suis agacée aussi contre la lâcheté des scientifiques
03:07 qui n'ont pas su faire ce travail de remise en place de la réalité.
03:11 [Musique]

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