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À l'occasion du vendredi thématique "Le surtourisme, un défi pour la France", Dimitri Pavlenko reçoit Jean-Pierre Nadir, cofondateur de FairMoove et fondateur d’Easyvoyage.

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Transcription
00:00 sur Europe 1, bon début de journée les vendredis, thématique d'Europe 1 avec aujourd'hui le tourisme et votre invité Dimitri Pavlenko.
00:06 - Oui, Jean-Pierre Nadir dans un instant parce que les grandes vacances
00:09 approchent et vous est-ce que vous partez à la France ou à l'étranger, plutôt mer ou montagne,
00:14 en famille ou entre amis, quel budget Europe 1 fait le point toute la journée sur les grandes tendances du tourisme ?
00:20 Depuis quelques années une préoccupation monte partout dans le pays sur les remparts de Carcassonne
00:25 comme dans les ruelles du Mont-Saint-Michel, est-ce qu'il y a trop de touristes aujourd'hui en France ?
00:30 Bonjour Jean-Pierre Nadir. - Bonjour Dimitri. - Bienvenue sur Europe 1, Jean-Pierre votre vie dans les affaires ça tient un peu du roman.
00:36 Je le dis pour l'anecdote, c'est marrant, à 18 ans dans les années 80 vous créez en Bretagne, vous êtes de Châtollin,
00:42 un service de livraison de crêpes à domicile. Non mais 20 ans avant Uber. Vous avez été éditeur de presse
00:48 de voyage, en 2000 vous confondez Easyvoyage.com, c'est aujourd'hui l'un des plus gros portails et comparateur européen dédié au voyage et plus récemment
00:55 vous avez créé Fairmove qui est axée sur le tourisme responsable, alors c'est vraiment la thématique qu'on va aborder.
01:01 D'abord est-ce que Jean-Pierre vous validez l'idée que la France est victime de surtourisme ?
01:06 - Écoutez je dirais que la France comme beaucoup de pays qui ont la chance d'avoir une forte attractivité
01:11 est victime de surfracontations à certains moments de l'année.
01:15 Voilà c'est à dire que globalement donc tous les grands pays touristiques
01:18 donc ont un problème c'est que tout le monde vient au même moment
01:22 donc à la même époque, à la même heure quasiment sur le même site et donc on a bien compris que le problème c'était de
01:28 gérer les flux.
01:29 - Alors gérer... pas forcément ça peut être aussi
01:31 de réduire le nombre de touristes parce que... - Oui mais quand on réduit c'est aussi pour gérer parce qu'en fait il faut réduire à
01:36 certains moments et donner plus de place à d'autres et donc toute la problématique posée c'est comment on rend attractif des créneaux
01:42 qui semblaient moindre actifs puisque prenez un concret,
01:44 vous prenez un site touristique entre 12h et 14h, vous allez voir que tous les gens sont arrêtés dans les restaurants pour déjeuner
01:51 et que les sites sont vides. Bon vous allez le matin, moi j'ai fait les par exemple, j'ai visité les pyramides
01:56 plusieurs fois dans ma vie
01:58 parce que je suis un homme maintenant qui a un peu d'expérience
02:00 et quand vous allez à 4h30 du matin au lever du soleil sur les pyramides vous êtes tout seul et donc voir un site
02:06 dans des conditions effectivement comme celle là c'est exceptionnel en fait c'est un moment d'émotion
02:10 incroyable et donc en fait... - En ouvrant les heures creuses quoi en fait.
02:13 - Ouvrons les heures creuses,
02:14 valorisons les heures creuses parce que là je viens de valoriser les heures creuses en disant 4h30 du matin vous allez me dire jamais je ferai ça
02:18 mais si je vous dis c'est pour voir un lever du soleil exceptionnel.
02:21 - Exceptionnel. - Mais vous allez le faire et vous allez en parler toute votre vie. - Alors il y a deux exemples que vous citez souvent comme
02:26 vraiment le chemin à ne pas suivre
02:28 et qui amène naturellement au surtourisme, à l'overdose touristique même, c'est il y a Dubrovnik en Croatie et il y a
02:36 Amsterdam. L'exemple d'Amsterdam est assez frappant. Après 2008 ils font des choix pour relancer la machine touristique et ça a été une catastrophe.
02:44 Qu'est ce qui s'est passé exactement ?
02:46 - Ce qui s'est passé c'est que d'abord ils ont fait, ils ont voulu survaloriser effectivement donc le tourisme
02:51 un tourisme low cost, un peu donc de jeunes pas chers donc qui viennent faire la fête.
02:56 - L'herbe est légale etc.
02:58 - Et donc vous ajoutez une petite notion que je vais pas ajouter.
03:02 - C'est un argument touristique.
03:04 - Evidemment, évidemment. Et puis ils ont fait donc des spots, le fameux spot à selfie où effectivement donc les gens se sont précipités pour
03:12 développer le fait qu'on rentrait dans un tourisme de témoignage. Et donc l'overdose dont vous parlez effectivement donc est souvent
03:18 le fait d'expliquer que le tourisme de collection, le fait de dire j'y étais, le fait de vouloir témoigner...
03:24 - Le Pont des Arts à Paris, on mettait son petit cadenas et on a dû enlever tous les cadenas par exemple.
03:28 - Oui mais regardez, le drame c'est vraiment les selfies parce que ça illustre l'époque dans laquelle on vit. Les gens voient les sites de dos
03:33 et même plus effectivement donc de face et veulent dissimuler le site avec leur visage.
03:37 Et donc uniquement pour une seule chose, montrer à leurs amis qu'ils y étaient. Et donc ce tourisme de collection
03:42 n'est pas un tourisme de sensation, n'est plus un tourisme d'émotion et auquel cas effectivement donc que
03:47 l'idée qu'il faudrait gérer les flux et qu'on pourrait effectivement en faire moins
03:51 pour en vivre plus... - Mais vous allez faire quoi ? Vous allez dire aux gens vous éteignez vos téléphones avant d'aller à la Tour Eiffel ?
03:56 - Non, moi je suis... C'est exactement le doigt précedent avec Picard sur l'avion. Je pense qu'en fait effectivement dès qu'on est punitif ça fonctionne pas.
04:02 Donc en fait ce qu'il faut c'est inciter, expliquer, évangéliser.
04:05 Je pense que les gens sont intelligents et quand on leur explique que l'expérience est bien meilleure
04:09 si on la vit de telle ou telle manière
04:10 alors effectivement ils vont le faire. Et donc ce que j'explique moi c'est que vous avez les horaires quand vous êtes contraints par une période
04:16 de l'année mais vous avez les périodes. Si vous partez début juillet,
04:19 vous partez fin août parce qu'on me dit "mais avec ces enfants on n'a pas le choix". Très bien donc début juillet ou fin août
04:23 c'est l'accueil, le service, le niveau effectivement de l'expérience est bien meilleur que du 15 juillet au
04:29 25 août. Si vous voulez aller à l'île de Bréhat... - Ah bah on le voit, il y a deux périodes de croissance forte quand même
04:35 pour le tourisme dans l'année, c'est juin et septembre
04:37 aujourd'hui. Voire mai et octobre. - L'arrière-saison et effectivement ce qui précède. En plus l'école maintenant s'arrête relativement tôt donc plutôt vers mi-juin.
04:44 Les grands-parents en général donc sont contents de prendre les petits-enfants et on peut vivre l'expérience comme l'île de Bréhat dans des conditions qui
04:50 n'ont strictement rien à voir. Voilà parce que l'idée effectivement de mettre des jauges c'est quand même effectivement donc le fait de dire que
04:56 on a plutôt bien réussi. En fait le tourisme de masse, il faut bien partir de ce principe, c'est un tourisme
05:01 démocratique, c'est un tourisme populaire qui a réussi au départ et donc maintenant il s'agit de l'organiser. - Oui bien sûr. Alors vous plaidez
05:08 Jean-Pierre Nadir avec Fermo, votre société, le tourisme
05:12 responsable. Alors il y a quoi derrière
05:14 l'étiquette vertueuse ?
05:16 - Vous avez bien raison parce qu'en fait le tourisme responsable on peut tout y mettre et d'ailleurs donc les activistes auxquels faisait référence
05:20 donc Franck Piccard tout à l'heure donc balaie d'un revers de main donc toutes ces notions en disant que de toute façon le tourisme par
05:25 définition donc
05:26 c'est une contribution donc à la pollution et que si on rèche chez soi effectivement donc la sobriété totale
05:31 c'est la meilleure des solutions. Or en fait le tourisme il faut en rappeler les vertus et notamment les vertus économiques. Aujourd'hui on parle de
05:36 la France mais vous avez bon nombre de pays en plus de la France qui évidemment vivent
05:40 du tourisme. - Attendez je vais donner deux chiffres parce que quand je les ai découverts j'ai été surpris, les Maldives
05:46 53% de la richesse nationale créée c'est
05:49 le tourisme. C'est 20% des emplois de la planète le tourisme. - C'est ça et au Maldives on peut y aller qu'en avion
05:54 dans tous les cas donc quand on part effectivement donc de chez nous. Et donc là il y a un vrai sujet qui est en fait
05:58 que le tourisme il faut absolument qu'on décarbone d'un côté et qu'on monte l'impact social de l'autre. Et quand on dit on arrête l'avion
06:05 eh bien il faut expliquer comment on trouve des solutions pour ces gens. Que vont faire tous ces gens dans tous ces pays ?
06:10 - Fermou vous proposez l'île Maurice par exemple. L'île Maurice c'est pas la porte à côté, il faut prendre l'avion. Comment vous faites du tourisme responsable ?
06:17 - Première élément donc sur le transport aérien donc
06:20 les vols directs.
06:22 Monsieur Picard a commencé à l'évoquer tout à l'heure donc les vols directs c'est 15% d'empreintes carbone en moins. Or aujourd'hui toute l'industrie du tourisme
06:28 est bâtie sur les vols indirects qui sont moins chers. - On passe par les hubs etc. - Exactement et donc c'est beaucoup moins cher et on est la
06:34 seule industrie où plus tu voyages
06:36 en heure de vol moins tu payes. Ça n'existe nulle part ailleurs. - C'est vrai que c'est bizarre. - Donc on remet au coeur du système
06:40 les vols directs et quand on parle par exemple de taxes on pourrait dire on va taxer les vols indirects pour favoriser les vols directs.
06:46 15% d'empreintes carbone en moins quand c'est pas plus lorsque effectivement donc il y a un écart donc de vol plus conséquent. Premier élément.
06:52 Deuxième élément donc on va favoriser donc des avions de dernière génération
06:56 qui consomment 20% de moins. 20% de moins. Là déjà je suis à 35%. 35% je rappelle c'est les recommandations du GIEC -35 2030.
07:04 Troisième élément parce que j'en ai pas fini. Vous allez effectivement donc ajouter à ça donc les compagnies éco-responsables qui vont
07:10 adopter un certain nombre de principes notamment le poids à l'intérieur des avions. Vous savez que les compagnies aériennes elles fioulaient
07:15 aller-retour donc les cuves. Elles remplissaient la cuve complètement et donc vous transportez à l'aller tout le poids du retour.
07:20 Ça ça a des conséquences sur le CO2 qui sont dramatiques. Vous changez les sièges d'avion qui font 10 kg vous les passez à 6.
07:24 - La compagnie aérienne elle a fait son boulot. - La compagnie aérienne elle en fait son boulot.
07:26 - Et vous le voyageiste alors. - Attendez.
07:28 Et ça il faut que ce soit les clients qui choisissent parce que tout ce que je viens de dire c'est pour expliquer aux gens
07:32 que c'est leur choix qui fait la différence à l'arrivée et plutôt que de jeter le bébé avec l'eau du bain comme on l'a dit tout à
07:36 l'heure ce qu'il faut faire effectivement donc c'est orienter, flécher, expliquer les choix et le tourisme responsable commence par des touristes
07:43 conscientisés c'est le premier élément. Et sur place alors là sur place le programme est beaucoup plus fort encore parce que
07:49 l'intérêt effectivement donc c'est de valoriser les hôteliers qui ont un impact local extrêmement fort, qui vont s'engager dans une vraie politique de tourisme
07:56 responsable qui consiste à quoi ? 1) développer donc des énergies propres, 2)
08:00 retraiter donc les eaux usées. - Donc vous allez sur place Jean-Pierre ?
08:04 - Bien sûr, vous avez vos journées organisées, il y a 140 critères, 140 critères qui définissent le tourisme responsable au travers de l'écologie,
08:11 de l'éthique qui est très important. Est-ce qu'on forme les gens sur place ? Est-ce que les horaires sont adaptés ? Est-ce que les salaires sont
08:17 meilleurs que le salaire moyen ? - Il va coûter combien votre voyage ?
08:20 - Et puis renez, troisièmement, dernière chose, la biodiversité, le reflet de la biodiversité et les écosystèmes locaux,
08:25 reproduire localement 80% de produits locaux. Prenons l'île Maurice, il n'y a pas de bœuf à l'île Maurice, je le dis à ceux qui ne le savent pas,
08:30 et bien il faut supprimer l'avion rouge de tous les buffets de tous les hôtels de l'île Maurice,
08:34 la moitié de celles l'ont déjà fait, il n'y a pas d'orange à l'île Maurice, et bien il n'y aura pas de jus d'orange
08:38 sur les buffets à l'île Maurice, mais par contre on aura du jus de goyave, du jus de mangue, des jus locaux, du jus kiwi.
08:45 - Alors j'ai vu aussi que, pour garder l'exemple de Maurice, vous ne vendez plus les séjours cinq nuits.
08:49 - Bravo, vous avez bien fait le travail !
08:52 - Non mais ça c'est très concret, c'est-à-dire que si vous allez à Maurice, vous y allez au moins dix jours parce que c'est loin, etc.
08:57 - Je suis le seul site qui fait ça !
08:58 - Mais c'est un peu anticommercial, fondamentalement.
09:00 - Oui, et donc du coup, quand les gens se disent "mais ce n'a dire", parce que parfois c'est ce qui me reproche,
09:04 il a un discours d'opportunisme, mais pas du tout ! Pour l'instant, 77% des gens se disent intéressés par le tourisme responsable.
09:10 - Jusqu'à ce qu'on leur présente la facture.
09:13 - Exactement, moins de 1% effectivement seulement avec ce qu'ils consomment. Moi ce que j'explique c'est que
09:17 l'hôtel que je viens de définir, là il existe, vous avez le groupe Attitude, vous avez le groupe Luxe qui effectivement font tout ce que je viens de dire,
09:23 et bien le groupe Attitude c'est des hôtels 4 étoiles qui sont à des prix d'entrée extrêmement attractifs, donc vous n'avez pas forcément
09:29 des free books, vous y allez, pourquoi ? Parce que vous allez gagner sur un certain nombre de postes.
09:32 Lorsqu'effectivement vous utilisez de l'énergie que vous produisez vous-même, et bien vous amortissez effectivement sur la durée, donc les coûts.
09:38 Lorsque vous retraitez les eaux, c'est autant d'eau que vous n'avez pas à acheter, et lorsque vous reproduisez localement,
09:43 c'est moins cher que les produits qui ont fait 3000 km en cargo pour arriver chez vous.
09:46 - Jean-Pierre Nadir, pour revenir en France, parmi dans les tuyaux, les mesures qui sont proposées par le gouvernement pour remédier
09:52 à ce sur-tourisme, alors vous l'avez bien dit, ça concerne quelques sites, quelques moments de l'année,
09:57 il y a cette idée de développer des "French tours", c'est-à-dire en fait des destinations, des circuits moins balisés, moins fréquentés,
10:05 disperser le tourisme quelque part, saupoudrer davantage le territoire. Vous croyez à ce genre de solution, que ça va marcher ?
10:12 - Écoutez, ça marchera pour ceux qui viendront pour la deuxième fois, la troisième fois. Il est évident que ce qu'on appelle les primo-voyageurs,
10:18 qui font la croissance du tourisme... - Ah bah, vous voulez voir Versailles, la tour Eiffel, le Mont-Saint-Michel...
10:22 - Évidemment, vous avez le retour des Chinois, donc là on est à peu près à 1 million de Chinois, je rappelle qu'on était montés à 2 millions et demi
10:27 d'habitants chinois, et on retrouvera des chiffres à peu près équivalents dès qu'on aura réglé les problèmes de visa,
10:32 vous aurez 3 millions de Chinois, donc peut-être en francs chaque année. Bah évidemment, vous l'avez bien dit Dimitri, ils veulent voir les sites principaux.
10:38 Donc ce qu'on peut faire, c'est étendre un petit peu la durée de séjour, et essayer de ré-enchanter une partie du territoire,
10:44 pour effectivement les amener à découvrir autre chose. Pour ça, il faut un discours très fort. Et moi ce que je propose, et ce qui manque dans les mesures
10:49 qui ont été prises, c'est que c'est beaucoup de mesures d'observation, donc beaucoup de data, pas bien compris effectivement, donc où était là-dedans la vision.
10:57 Et la vision, c'est de se dire, je pense que le tourisme responsable peut être une chance pour la France formidable, parce qu'on a tous les atouts pour ça.
11:04 On a un mix énergétique qui est très favorable. Rappelons que la France c'est 0,80 grammes par kW de produits, quand l'Afrique du Sud par exemple c'est 750.
11:12 Vous voyez un peu la différence. Nous c'est 10 grammes par nuité hôtelière, donc l'Afrique du Sud c'est 10 fois plus.
11:18 Et donc on pourrait monter tout un programme autour effectivement d'une vision de la France, qui est de retrouver de l'authenticité,
11:25 de retrouver, de mettre en avant nos vertus, et d'être le premier pays de tourisme responsable au monde. Voilà un projet, je le livre à madame Grégoire,
11:32 qui manque d'idées, et pourrait s'accaparer de celle-ci.
11:35 - Eh bien bon entendeur. Merci Jean-Pierre Nadir d'être venu sur Europe 1, le fondateur et créateur de Fair Move avec deux O,
11:41 si vous voulez voir Il Maurice pour 10 jours. - Fous la France, on fait les deux. - Merci à vous Jean-Pierre Nadir, bonne journée.

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