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Un Tueur Si Proche S12E08 CANAL D FRENCH HDTV x264 LiBERTY

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00:00 Cette émission comporte des scènes pouvant ne pas convenir à un jeune public.
00:03 La supervision des parents est suggérée.
00:05 Cette émission vous est présentée avec vidéo description.
00:09 Certains sont commis par des gens au-dessus de tout soupçon.
00:13 Leurs proches n'ont rien vu venir et ils n'arrivent pas à y croire.
00:17 On a deux personnes au moins dans la famille qui ont un problème important avec la consommation
00:23 puis qui embarquent dans ce crime-là.
00:27 Il y a quelque chose là, peut-être un mauvais amour, une mauvaise façon d'aimer puis d'être proche.
00:33 C'est quelqu'un qui est très manipulateur.
00:36 Il abusait beaucoup de son père et de sa mère dans le sens qu'il leur demandait beaucoup d'argent.
00:41 Il avait des gros problèmes de consommation.
00:43 On s'est demandé à quelques reprises, est-ce que c'est vraiment lui qui l'a tué?
00:48 Il aurait pu juste se débarrasser du corps. On ne le savait pas.
00:51 Il n'y avait pas nécessairement le portrait qu'on se faisait nécessairement d'un tueur.
00:57 Est-ce qu'on peut réparer ce qu'on a fait lorsqu'on consommait des drogues?
01:01 Est-ce qu'on peut réparer les effets que ça a pu avoir sur son entourage, sur sa famille,
01:06 sur les gens qu'il aimait absolument le plus, ta conjointe, ton père, ta mère?
01:10 [Musique]
01:39 [Musique]
02:02 Le jeudi 24 avril 2008, à Longueuil.
02:05 Yvon Leblanc, un homme de 48 ans, sans emploi depuis quelques mois, reçoit une offre qu'il attendait depuis longtemps.
02:12 Yvon m'appelle l'an avant midi pour me dire qu'il va peut-être avoir un emploi.
02:20 On va l'appeler pour lui donner l'heure d'un rendez-vous, une rencontre avec la compagnie, je ne sais pas.
02:27 Les heures passent et Yvon ne rappelle pas sa mère pour lui donner des nouvelles.
02:31 Six jours plus tard, l'homme ne donne toujours aucun signe de vie.
02:35 Les journées passent, Yvon ne m'appelle pas, je lui laisse des messages. Je veux qu'il me rappelle.
02:41 Finalement, je pense que c'est le 30 avril, j'ai laissé encore un message à Yvon.
02:48 Et puis je lui ai dit, j'ai reçu une lettre d'une compagnie, si tu veux que j'ouvre la lettre, appelle-moi, dis-moi, je vais te l'ouvrir, je vais te lire la lettre.
02:55 Mais Yvon ne m'appelle pas. D'habitude, il me rappelle tout de suite. Ce n'est pas normal.
03:00 Pourtant, les voisins d'Yvon entendent du mouvement dans son appartement, laissant ainsi croire à sa présence.
03:07 Le 7 mai, toujours sans nouvelles de l'homme, le frère et le père d'Yvon décident de se rendre chez lui.
03:18 Le renseignement de logement, le logement d'Yvon était à l'envers au complet. Tout était en désordre.
03:25 Il réalise qu'il y a quatre peintes de lait qui sont sur la table. Il réalise également qu'il y a une imprimante qui est manquante.
03:32 Il réalise aussi qu'il y a des choses qui ont été déplacées dans l'appartement.
03:36 Alors qu'ils fouillent l'appartement à la recherche d'Yvon, les deux hommes appréhendent le pire lorsqu'ils font une découverte qui les plonge dans un profond désarroi.
03:45 [Musique]
04:03 Le 7 mai 2008, des membres de la famille d'Yvon Leblanc, inquiets de sa disparition, décident de se rendre chez lui.
04:11 Ils font alors une étrange découverte.
04:14 [Musique]
04:16 Dans une chambre, il y a une installation où on peut dire qu'Yvon devait se faire du krach là-dedans.
04:22 Alors là, ils trouvent ça un peu anormal. Ils ne savent pas trop quoi faire.
04:27 Déroutés par cette découverte inattendue, les questions fusent dans la famille d'Yvon.
04:32 L'homme, d'ordinaire paisible, semble avoir abandonné son appartement.
04:37 Mais pourquoi? Et à quoi lui servent ces étranges installations?
04:41 [Musique]
04:46 Yvon Leblanc naît le 19 septembre 1960 à Montréal.
04:50 Aîné d'une famille de quatre enfants, il grandit au sein d'une famille aimante et équilibrée.
04:55 [Musique]
04:58 Yvon a toujours été un petit garçon, probablement comme tous les autres, un petit garçon tranquille,
05:03 qui se laissait tout le matin, qui jouait avec ses jouets, puis même lui a rendu ici en aide de ménage à Longueuil.
05:09 Il avait 9 ans, puis Yvon s'en allait dans le sous-sol, puis jouait avec ses cartes de hockey, puis ses cartes de sport, puis c'était un enfant tranquille.
05:19 À la fin de son secondaire, Yvon décide de ne pas poursuivre ses études et d'intégrer le marché du travail.
05:26 Grand amateur de musique, il déniche des postes de disque-jockey dans des centres d'amusement et quitte le nid familial.
05:33 Vers 1985, Yvon réalise un de ses rêves et commence à travailler chez Pierre Musique, une boutique réputée de Montréal.
05:42 Il se fait rapidement connaître sur la scène musicale de la métropole.
05:46 Yvon aidait des disques, il faisait le dédouanage. Il allait à New York chercher des disques, il fournissait les magasins, il fournissait les disques de hockey.
05:56 Yvon, au comble du bonheur, devient même propriétaire de la boutique.
06:00 Mais quelques années plus tard, il se voit dans l'obligation de la vendre et de se réorienter.
06:06 Malgré ce revirement, Yvon, toujours près des valeurs inculquées par sa famille, demeure optimiste et confiant.
06:14 Il était à l'aise avec tout le monde, puis il voulait pas demander à personne, puis c'est... il était tranquille.
06:23 Mes quatre enfants étaient tranquilles, là. Ils vont être donnés l'exemple aux autres.
06:27 Yvon travaille de nuit pendant une vingtaine d'années dans la même usine de moulage.
06:31 Il mène une vie rangée et prend soin de sa mère.
06:35 Il m'appelait tous les jours qu'il venait à la maison au moins trois ou quatre fois la semaine.
06:40 Il finissait de travailler, des fois il y avait un meeting le matin, et on en travaillait, il venait à la maison, il venait souvent à la maison.
06:46 Il venait souvent nous voir. Puis il appelait souvent.
06:49 Si je l'appelais puis il me répondait pas tout de suite, il me rappelait, là, pour me dire «j'ai eu ton appel».
06:54 La famille ne comprend pas ce qui s'est passé dans l'appartement d'Yvon et s'inquiète grandement pour lui.
07:05 En quittant l'appartement le 7 mai, des voisins les informent avoir aperçu la voiture d'Yvon circuler dans le quartier dernièrement.
07:13 Mais que lui est-il donc arrivé? Pourquoi ne contacte-t-il pas sa famille?
07:18 Perturbé et toujours sans nouvelles de l'homme, ses proches appellent les policiers pour signaler sa disparition.
07:26 Le lendemain, le frère et le père d'Yvon attendent les policiers devant le bloc appartement quand une camionnette blanche attire leur attention.
07:35 Ils s'approchent alors du conducteur.
07:39 Ils voulaient savoir si Yvon était là. Mais Yvon n'était pas là.
07:50 Fait que Gérald a pris son numéro de licence.
07:56 Puis il a dit à Gérald «Qu'est-ce que tu fais là?» Gérald dit «Je prends ton numéro de licence».
08:00 Fait que quand il a vu ça, le monsieur, les deux messieurs dans le camion, un plus jeune et un plus âgé, sont partis.
08:08 Au même moment, les policiers arrivent sur les lieux.
08:12 Gérald, encore intrigué par le départ précipité des deux hommes, leur fait part de l'événement.
08:20 Les enquêteurs partent, ils refont demi-tour puis s'en vont intercepter le véhicule.
08:34 Le détective s'adresse au conducteur. Le conducteur, à ce moment-là, il s'y nomme. Il s'identifie comme étant Mathieu.
08:41 Alors là, le détective lui demande la raison pour laquelle il était à ces lieux.
08:46 Alors Mathieu, il répond de façon spontanée «On était ici pour voir Yvon, c'est mon poucher, je m'en venais y acheter de la cocaïne».
08:54 Alors eux autres, ils sont stupéfaits.
08:57 De par nos expériences policières, ça n'arrive jamais.
09:00 Jamais tu vas avouer que tu viens chercher de la drogue, c'est comme un peu bizarre.
09:05 Dans le siège du passager, Alfred, le père de Mathieu, semble nerveux.
09:09 Suivant leur instinct, les deux policiers décident de les séparer pour les interroger.
09:16 Ils continuent à discuter avec lui.
09:19 Et puis là, ils remarquent dans le coffre arrière du pick-up, des boîtes de son.
09:24 Alors là, ils lui demandent «Ça provient de où?».
09:27 Alors Mathieu lui répond que ça provient de l'entrepôt de son père.
09:30 Ils ont passé au feu et que c'est son père qui lui a remis.
09:33 Interrogé à son tour par le policier sur la provenance des boîtes de son, Alfred demeure évasif.
09:41 Il lui demande la provenance aussi des haut-parleurs.
09:44 Et puis lui, il répond «Je le sais pas, je sais que j'en ai déjà eu, mais je le sais pas là».
09:49 Il n'y a pas vraiment d'explication lui pour les haut-parleurs. C'est plus nibleux.
09:53 Ne pouvant soutirer plus d'informations des deux hommes pour le moment,
09:57 les policiers les relâchent en prenant soin de bien noter leurs coordonnées personnelles.
10:02 Mathieu et Alfred pourraient-ils être impliqués dans l'étrange disparition d'Yvon Leblanc?
10:12 Le 7 mai 2008, Yvon Leblanc manque à l'appel depuis deux semaines
10:20 quand des membres de sa famille se rendent chez lui.
10:23 Il découvre alors un appartement sans dessous-dessous
10:26 et une étrange installation cachée dans une chambre.
10:29 Le lendemain, après avoir interpellé deux individus devant l'immeuble d'Yvon Leblanc,
10:40 des policiers accompagnés des proches de celui-ci entrent dans son appartement à la recherche d'indices.
10:46 Plusieurs détails attirent leur attention.
10:50 Quand ils arrivent à l'appartement, il y a des choses qui ont bougé depuis la veille.
10:55 Au lieu d'avoir quatre mètres de lait, ils en ont six, ce qui n'est pas normal.
10:59 Et puis il y avait un téléviseur qui était sur un meuble de télé.
11:02 Le téléviseur n'était plus là, il était rendu sur le bord de la porte.
11:05 Et la fameuse chambre à débarras où il y avait une installation de crac,
11:08 ça, ça avait été fouillé de compte en compte.
11:10 Alors là, c'est sûr qu'il y a quelque chose de pas normal.
11:13 On n'a pas de nouvelles d'Yvon, il ne répond pas au téléphone.
11:16 Puis bref, il y a quelqu'un qui est allé dans son appartement.
11:20 On remarque aussitôt que plusieurs objets ont disparu pendant la nuit.
11:24 Les policiers décident alors de se rendre chez les deux personnes qu'ils avaient questionnées la veille, Mathieu et Alfred.
11:31 Ils se posent la question par rapport aux fameuses caisses de son,
11:35 parce que là, il y avait des choses manquantes dans l'appartement d'Yvon.
11:37 Alors ils décident d'aller vérifier sur la rue Villeneuve pour voir si le pick-up blanc était là.
11:43 Ils se sont rendus là, il était quand même passé 23 heures le soir,
11:47 et ils constatent que le pick-up est là, mais les fameuses boîtes de son ne sont plus dans le pick-up.
11:52 Alfred et Mathieu pourraient-ils avoir dévalisé l'appartement d'Yvon?
11:57 Ils avaient affirmé aux policiers être des consommateurs de drogue.
12:01 Mais qui sont-ils réellement?
12:03 Durant les années 1970, Alfred, sa femme et leur fille, y migrent au Québec.
12:11 D'origine méditerranéenne, ils rejoignent des membres de leur famille déjà établie dans la province.
12:17 C'est des gens qui ont un grand cœur, on est très généreux, toute ma famille est très généreuse.
12:23 On a été longtemps le noyau familial, dans le sens que toute la famille externe se réunissait chez nous.
12:31 C'était des parties à chaque week-end, des barbecues, on était souvent les rassembleurs.
12:37 Donc les gens nous appréciaient beaucoup, on avait tout le temps du monde chez nous à la maison.
12:42 C'était très rare qu'on se ramassait seuls pour un week-end.
12:47 La famille s'installe en banlieue de Montréal et s'intègre rapidement à sa nouvelle terre d'accueil.
12:53 En 1981, elle voit l'arrivée d'un nouveau membre, Mathieu.
13:00 Regorgeant d'énergie, le garçon s'implique dans différentes activités sportives et fait le bonheur de son père.
13:07 Il aimait beaucoup le sport, c'était un jeune homme qui était très sportif.
13:12 Le sport fait partie de sa vie, je dirais jusqu'à l'adolescence.
13:17 Il était longtemps dans une équipe de soccer, puis mon père aussi coachait l'équipe.
13:23 Donc le sport a été très important dans nos vies.
13:27 La famille vit alors des jours heureux.
13:30 Mais vers la fin des années 1990, Alfred, qui tente de se lancer en affaires, fait face à un échec.
13:37 Le père de famille accepte mal cette épreuve professionnelle et financière.
13:42 Il a voulu entreprendre des démarches pour faire une entreprise, ça n'a pas fonctionné.
13:49 Donc il est tombé en dépression, on a dû vendre la maison.
13:55 Il y avait un mal-être qui était là, mon père a eu beaucoup de difficultés à assumer la défaite.
14:00 Donc il s'est comme laissé un peu sombrer dans sa dépression.
14:04 Au lieu de se retrousser les manches puis essayer d'avancer, pour lui ça a été la plus grande défaite de sa vie.
14:11 La famille décide de déménager à Montréal dans un quartier modeste où la vie est plus difficile, surtout pour Mathieu.
14:19 Il s'est retrouvé dans une école secondaire qui n'avait pas une très bonne réputation.
14:26 Il y avait beaucoup de gangs, beaucoup de violence dans cette école-là.
14:32 Et rapidement, quand il s'est retrouvé dans cet environnement-là, il a fallu qu'il fasse sa place à l'école.
14:38 Il a fallu qu'il se fasse respecter par d'autres étudiants qui, eux, la violence c'était la seule façon de régler les problèmes.
14:47 Donc mon frère se retrouvait rapidement dans un environnement où il était toujours en mode défensif.
14:52 Mathieu évolue tant bien que mal dans ce nouveau milieu qui influence sa personnalité, malgré la rigueur de ses parents.
14:59 Mon père, c'est une personne qui est autoritaire. Il est toujours eu une figure autoritaire.
15:07 Par contre, il avait des bonnes raisons aussi.
15:10 Et c'est sûr que, comme tout père, il a peur pour ses enfants, il veut pas qu'on prenne le mauvais chemin.
15:16 C'est certain qu'il avait des valeurs aussi qui étaient plus méditerranéennes.
15:21 À son arrivée au cégep, Mathieu complète une seule session avant d'abandonner ses études.
15:27 Il a commencé à travailler. Il voulait se retrouver rapidement dans le milieu de travail.
15:33 Il voulait faire de l'argent, il voulait être autonome rapidement.
15:36 Commencer à pouvoir sortir, pas utiliser l'argent de mes parents nécessairement.
15:41 Donc on voyait son désir de devenir un adulte.
15:45 À la même période, Mathieu consomme pour la première fois de la marijuana.
15:50 Le jeune homme, autrefois hostile à l'usage de drogue, s'ouvre à ses nouvelles activités illicites.
15:56 Au fil des années, Mathieu parvient à cacher à ses parents sa consommation, qui ne semble en rien lui nuire.
16:02 Il multiplie les emplois et s'engage dans quelques relations amoureuses.
16:06 J'étais au courant qu'il consommait de la marijuana, mais je pense qu'il y avait beaucoup de gens qui consommaient.
16:13 À cette époque-là, je côtoyais énormément de gens qui consommaient.
16:16 Donc je ne voyais pas de problème majeur à ce niveau-là.
16:20 Mais vers 2005, Mathieu, maintenant âgé de 24 ans, s'intéresse à de nouvelles drogues et commence à consommer de la cocaïne.
16:28 Il y a une personnalité qui va un peu avec l'effet de cette drogue-là.
16:34 L'effet de la cocaïne, c'est un effet de puissance, c'est un effet de stimulation.
16:39 C'est un effet que soudainement, tu es un peu plus intelligent que tu l'es, puis tu as l'impression de mieux comprendre les choses.
16:46 Ça t'amène à un endroit où est-ce que tu ne peux pas nécessairement aller par tes propres moyens.
16:50 Donc ça comble l'espace entre tes ambitions puis ta réalité.
16:56 Le premier high associé à leur consommation est jamais égalé par les autres consommations,
17:02 puis ils sont toujours à la recherche de ce premier high-là, de l'intensité de cette première consommation-là, de cette première euphorie-là.
17:10 Et donc, on voit ce pattern-là, des fois, émerger chez les consommateurs.
17:16 Le jeune homme développe rapidement une dépendance à cette drogue et commence à éprouver des problèmes financiers.
17:23 Chaque substance, on appelle ça le potentiel toxicoménogène,
17:27 c'est-à-dire que chaque substance a une certaine capacité d'engendrer une dépendance.
17:34 La cocaïne est une des drogues les plus toxicoménogènes.
17:38 Pour se procurer la substance tant convoitée, il doit maintenant mentir à ses parents pour leur soutirer de l'argent.
17:45 La consommation de cocaïne, le besoin d'argent, le besoin de s'en procurer,
17:51 habituellement pousse les individus à devenir menteurs, voleurs et manipulateurs.
17:56 La même année, sa sœur Nadine lui propose, ainsi qu'à son père, de travailler dans une entreprise qu'elle vient d'acquérir.
18:03 C'était une entreprise de paysagement.
18:07 Donc, j'opérais une entreprise avec beaucoup d'employés.
18:11 Et à un moment donné, mon père s'est retrouvé à travailler dans cette entreprise-là, qui a été une grande aide.
18:17 Mon frère aussi a commencé à travailler.
18:20 Donc, on était rendu avec une entreprise familiale.
18:22 Donc, déjà, on était une famille unie. Et là, on partageait une entreprise ensemble, où on travaillait tous les jours ensemble.
18:29 Malgré le soutien et les bons conseils qu'elle lui prodigue, Nadine se rend compte que la dépendance aux drogues de Mathieu prend le dessus.
18:38 Il commence à lui voler des biens pour assouvir ses besoins de consommation.
18:49 J'ai toujours été capable de confronter mon frère par rapport à ces événements-là.
18:53 Je sentais qu'il était profondément désolé. Après, toujours.
18:58 On voyait qu'il était, au moment où ça se passait, il n'était pas dans son état normal.
19:03 Mais une fois qu'il revenait dans son état normal, il ne comprenait pas comment il avait pu faire un tel geste.
19:10 Sauf que le lendemain, quand il recommençait, mais c'était toujours un cercle vicieux. C'était toujours la même chose.
19:16 La consommation de cocaïne de Mathieu l'entraîne dans la déchéance. Jusqu'où ira-t-il?
19:21 En 2005, Mathieu, un jeune homme de 24 ans, commence à consommer de la cocaïne après avoir pris goût aux drogues douces.
19:34 Il s'engouffre de la déchéance.
19:38 La drogue fait alors une deuxième victime dans la famille.
19:41 Alfred, le père de Mathieu, commence également à consommer de la cocaïne.
19:46 Ça a commencé à être un gros problème, la consommation de cocaïne.
19:52 On a commencé à avoir des problèmes de santé, de santé mentale, de santé mentale.
19:57 On a commencé à avoir des problèmes de santé mentale, de santé mentale.
20:01 On a commencé à avoir des problèmes de santé mentale, de santé mentale.
20:04 Ça a commencé à être un gros problème, la consommation dans notre famille.
20:09 On voyait que mon frère consommait, mon père consommait.
20:13 C'était vraiment une époque qui n'était vraiment pas facile à assumer, à voir, à vivre.
20:23 C'était très difficile.
20:25 En 2007, la famille décide de s'installer à Longueuil.
20:30 Mais les difficultés personnelles et les tensions minent la relation entre Alfred et sa femme.
20:35 Ils décident alors de se séparer quelques temps.
20:38 Il y avait des conflits entre mon père et ma mère.
20:41 Et là, ma mère, elle a quitté le logement.
20:44 Et là, mon père et mon frère se sont retrouvés seuls dans l'appartement à vivre ensemble.
20:49 Alfred et Mathieu, pris dans leur dépendance respective, consomment parfois ensemble.
20:59 Mon père ne voyait plus son fils comme son fils.
21:04 Il le voyait comme une autre personne.
21:07 Il croyait que son fils était assez adulte pour prendre ses propres décisions.
21:10 Donc, à ce moment-là, je crois que son jugement a été complètement altéré par la drogue.
21:15 Et mon frère, la même chose.
21:17 Les deux hommes arrivent à cacher la gravité de leur dépendance à leur famille.
21:24 La honte, le besoin d'aller consommer, puis le besoin impérieux.
21:29 Donc, le craving, on le traduit comme ça, un désir, un besoin impérieux,
21:33 qui est très, très, très difficile à gérer, mais qui est gérable, par ailleurs.
21:37 Et le besoin de préserver un peu tout le monde, dont soi-même,
21:41 en espérant que tout ça va rester caché et secret, puis qu'ils n'auront pas besoin de faire face.
21:46 Ils ne se rendent pas toujours compte que, en fait, toutes ces cachetteries-là,
21:50 tout ce mensonge-là, cette trahison-là est bien plus grande que le fait d'avoir consommé.
21:55 En 2007, les problèmes de consommation d'Alfred et de Mathieu progressent rapidement.
22:02 Constamment à la recherche des effets de la drogue,
22:05 ils décident de frauder la compagnie familiale dans laquelle ils travaillent.
22:09 J'ai appris à un moment donné qu'il y avait une fraude qui s'est faite dans mon entreprise.
22:15 Donc, j'ai porté plainte en ne sachant pas que ça venait de ma famille.
22:22 Donc, c'est épouvantable comment la drogue peut amener des gens qui vont voler leur propre famille,
22:31 à quel point les gens deviennent désespérés pour avoir de l'argent.
22:35 Il devient impossible pour Mathieu et Alfred de cacher la dépendance dont ils souffrent.
22:44 Quand les membres de leur famille prennent conscience de la réalité, ils décident de les soutenir.
22:49 Ma mère, quand elle a commencé à prendre conscience des problèmes de drogue dans la famille,
22:58 ça l'a anéanti. Par contre, elle s'est battue.
23:02 Elle a essayé, elle a tout fait pour que mon frère essaie de s'en sortir.
23:06 Elle a tout fait pour supporter mon frère et mon père dans cette période.
23:12 Et c'est ce que j'ai fait moi aussi. Au lieu de leur tourner le dos,
23:16 j'étais là pour les aider le plus possible de s'en sortir, parce que c'est comme ça.
23:20 On se tient, on veut s'en sortir.
23:22 Mais malgré le soutien familial qu'ils reçoivent, Mathieu et Alfred sont trop affectés par leur dépendance.
23:28 En 2008, ils font la rencontre d'Yvon Leblanc. L'homme de 48 ans vit alors des moments difficiles.
23:41 Au début de l'année, Yvon perd son emploi après avoir travaillé 20 ans dans la même compagnie.
23:46 Sans revenu, il se tourne vers la vente de drogue pour subvenir à ses besoins.
23:51 Il maintient alors une façade devant ses proches.
23:55 Je trouvais pas qu'il était différent. Il venait nous voir souvent la même chose,
24:00 puis il nous appelait, puis il nous tenait au courant que s'il allait dans une telle compagnie,
24:05 il avait une réponse, puis c'est ça. Mais pour moi, il avait pas changé.
24:11 Alfred et Mathieu deviennent rapidement des clients réguliers d'Yvon.
24:15 Les deux hommes développent un lien de confiance avec leur fournisseur, qui leur avance jusqu'à 500 $ de drogue.
24:22 Mais le 24 avril, quelques mois après avoir fait la rencontre des deux hommes,
24:33 Yvon perd patience face à la lenteur de Mathieu et d'Alfred.
24:38 Il a quitté leur dette.
24:40 Vers 23h30 ce soir-là, il se serait rendu chez les deux hommes dans l'intention de se faire payer.
24:47 Yvon stationne sa voiture à l'arrière de l'immeuble où Mathieu et son père habitent
24:53 et s'introduit dans l'appartement par la porte arrière.
24:56 Il serait alors tombé face à face avec Mathieu, alors qu'Alfred, lui, serait endormi dans sa chambre.
25:02 Selon Mathieu, il est arrivé avec un couteau et un bâton de baiser.
25:06 Ils ont commencé à le chicaner et il a commencé à le courir après dans l'appartement.
25:11 Yvon l'aurait coupé avec le couteau.
25:14 Dans un élan de violence, Mathieu le frappe à plusieurs reprises, causant un sévère traumatisme.
25:31 (bruit de moteur)
25:38 Puis là, il dit qu'à un moment donné, il est à terre, ils vont essayer de se relever.
25:42 Puis finalement, il le frappe à plusieurs reprises, puis à un moment donné, finalement,
25:45 le dernier coup, quand il est venu pour se relever, là, il a arrêté de se lever.
25:48 Yvon ne bougeait plus.
25:59 Au même moment, Alfred sort de la pièce où il dormait et constate la terrible scène.
26:05 Paniqué à la vue du corps d'Yvon, il serait retourné dans sa chambre en laissant Mathieu gérer seul la situation.
26:12 Le jeune homme réalise alors la gravité de son geste et se retrouve pris de vertige.
26:18 Puis, reprenant ses esprits, il vide les poches de la dépouille d'Yvon et s'emploie à déplacer le corps de sa victime.
26:27 (bruit de moteur)
26:32 Il a pris une couverture, quelque chose qu'il avait chez eux. Là, il a recouvert le corps pour le cacher.
26:37 Et il dit qu'il a descendu lui-même pour l'amener à l'extérieur par l'arrière.
26:44 Par l'arrière de ce bloc-là, c'est des escaliers qui sont en calimation, comme ça, très étroites.
26:52 Il descend.
26:54 (musique)
27:10 Et après ça, il a mis Yvon tout seul dans le coffre du véhicule à Yvon.
27:15 (musique)
27:25 Les jours passent et Mathieu, incapable de supporter la proximité du corps de sa victime, déplace sa voiture à quelques reprises.
27:33 Un des traits caractéristiques de la consommation importante de cocaïne, c'est la paranoïa.
27:43 Tu peux commencer à t'imaginer des scénarios. On ne peut pas la laisser là. Qu'est-ce qu'on peut faire?
27:48 Non, on n'aurait pas dû la mettre là parce qu'on n'a pas pensé à telle affaire.
27:52 Emprisonné dans sa dépendance et en manque d'argent pour combler ses besoins de consommation, Mathieu décide de cambrioler l'appartement de sa victime.
28:06 Il se rend à plusieurs reprises à l'appartement de l'homme et revend ensuite son butin à des commerces de présurgage.
28:12 Le 8 mai, Mathieu et son père s'apprêtent à retourner chez Yvon pour y dérober d'autres objets, quand des policiers les interceptent.
28:25 Quelques heures plus tard, Mathieu, en panique, décide avec l'aide de son père de se débarrasser du véhicule d'Yvon, dans lequel le corps de l'homme repose depuis plus de deux semaines.
28:36 Il donne rendez-vous à son père dans un secteur industriel à proximité de la compagnie de paysagement de sa soeur.
28:42 Vers 2 heures du matin, il se rend dans une ruelle voisine et verse de l'essence sur la voiture avant d'y mettre feu et rejoindre Alfred.
28:52 Dans la nuit du 9 mai, vers 2h35, il y a un appel qui est entré au 911 pour un véhicule qui était en feu dans le parc industriel de Longueuil sur la rue Métropole.
29:03 Alors quand les policiers arrivent sur les lieux, effectivement, il y a un véhicule qui est en feu et il est quand même bien camouflé entre deux édifices.
29:11 Puis le véhicule flambe vraiment au complet.
29:19 Les pompiers arriveront-ils à temps pour découvrir le corps d'Yvon Leblanc?
29:23 Le 24 avril 2008, Mathieu, un homme de 27 ans aux prises avec de sévères problèmes de toxicomanie, tue son revendeur de drogue, Yvon Leblanc, à qui il devait des centaines de dollars.
29:48 Un peu plus de deux semaines plus tard, il met feu au véhicule de sa victime dans l'espoir de faire disparaître les traces de son crime.
29:54 Les pompiers arrivés sur les lieux parviennent toutefois à maîtriser l'incendie.
29:59 À un moment donné, il y a un pompier qui, lui, bon, décide d'ouvrir le coffre parce que c'est une chose normale à faire.
30:06 Et quand il ouvre le coffre, c'est là qu'il pense qu'il voit un genre de coude puis qu'il voit, tu sais, comme des ossements ou de la chair humaine.
30:16 Alors là, lui, tout de suite, il avise tout le monde, fait qu'ils ont tout arrêté, ils ont arrêté d'éteindre, ils ont tout arrêté.
30:21 Les policiers présents sur les lieux vérifient l'appartenance du véhicule et constatent qu'il appartient à Yvon Leblanc, porté officiellement disparu par sa famille depuis 24 heures.
30:32 Puis là, c'est sûr qu'il y a des téléphones qui se font immédiatement suite à ça. Puis c'est plus une disparition, mais dans le fond, une mort suspecte.
30:39 On transporte le corps calciné d'Yvon Leblanc à la morgue pour procéder à son identification.
30:46 La journée même, des enquêteurs rencontrent Mathieu et son père Alfred à titre de suspects dans les vols et les introductions par infraction perpétrées chez Yvon Leblanc.
30:56 À ce moment-là, on ne sait pas s'ils sont impliqués dans le meurtre, on sait juste que c'est sûr qu'ils ont commis probablement un vol chez Yvon.
31:04 Alors, ils sont interrogés et Mathieu, à ce moment-là, lui, il dit qu'Yvon, c'est son pocheur de drogue.
31:13 Il nous dit qu'il est déjà allé chez Yvon et qu'il a déjà consommé avec lui, mais qu'Yvon n'est jamais allé chez lui.
31:20 Interrogés la veille sur la présence des haut-parleurs dans leur camion, les deux hommes donnent des versions différentes.
31:29 Mathieu mentionne les avoir vendus à un brocanteur du coin, ce qui met la puce à l'oreille des enquêteurs.
31:36 Mathieu et Alfred remis en liberté, les policiers s'activent à se présenter dans différents magasins où leur suspect aurait pu vendre les biens d'Yvon Leblanc.
31:44 Alors là, qu'est-ce qu'on trouve, c'est qu'entre le 2 et le 8 mai, à plusieurs endroits dans la ville de Longueuil, Mathieu a été brocanté des choses qui appartenaient à Yvon Leblanc.
31:56 Et tous les endroits où il avait brocanté, on avait aussi des caméras. Alors, on avait des images, on voyait très bien Mathieu arriver avec les effets.
32:05 À l'appartement d'Yvon, des techniciens ratissent les différentes pièces à la recherche d'indices.
32:10 Différents objets sont réquisitionnés à des fins d'analyse d'empreintes digitales. Ils trouvent alors les empreintes de Mathieu.
32:18 Le 13 mai, quatre jours plus tard, les enquêteurs obtiennent le rapport d'autopsie.
32:25 Le médecin légiste nous confirme qu'il s'agit d'un meurtre. Et puis lui, il dit que bon, bien c'est probablement qu'il y a eu des coups à la tête par un objet contondant. Il en a reçu plusieurs.
32:35 Et que la mort remonte à quand même plusieurs jours parce qu'il ne retrouve pas de la suie dans ses voies respiratoires.
32:42 Malgré les quelques preuves recueillies, aucune ne lie Mathieu directement au meurtre.
32:49 Les enquêteurs ne peuvent porter d'accusation contre lui et doivent s'armer de patience avant de trouver de nouveaux éléments.
32:56 Durant les mois suivants, Alfred cesse de consommer des drogues alors que Mathieu se retrouve toujours affligé par sa toxicomanie.
33:04 Il voulait entreprendre des démarches pour s'en sortir. Il y avait des hauts, des bas.
33:11 On voyait qu'il y a des moments où il me disait qu'il voulait absolument aller faire une thérapie, qu'il n'était plus capable de vivre cette vie-là. Il était conscient qu'il sombrait.
33:20 Vers novembre 2009, plus d'un an après avoir tué Yvon Leblanc, le secret que Mathieu garde depuis ce temps commence à peser lourd sur sa conscience.
33:33 Un soir de semaine, il est arrivé chez moi. Il est arrivé un peu en panique, désorienté, ne savait pas trop quoi faire.
33:42 Donc moi je l'ai accueilli à la maison, on s'est assis, on a parlé, puis je lui ai demandé qu'est-ce qui se passe, pourquoi t'es comme ça, qu'est-ce qui arrive?
33:49 Mathieu raconte en détail les derniers moments d'Yvon Leblanc.
33:54 Et c'est là qu'il m'a dit, bien il a fallu que je brûle son corps pour faire disparaître les preuves, parce que là, moi c'est sûr que là je vais être vue comme un monstre ou un meurtrier, mais dans le fond, la vérité c'est que je me suis défendue, puis c'est un accident.
34:09 En entendant cette histoire-là, sur le coup je ne l'ai même pas prise au sérieux, je ne pensais même pas que c'était vrai ce qu'il me racontait, c'était impossible.
34:20 Malgré les supplications de sa sœur, Mathieu refuse de se livrer à la police.
34:24 Il a dit si j'appelle la police, ils vont pas me croire, ils vont tout de suite m'embarquer, qu'est-ce qui va m'attendre, je veux pas faire de prison, je veux pas être inculpée pour avoir tué quelqu'un, donc à ce moment-là il a laissé ça aller.
34:47 Au début de l'année 2010, Mathieu fait la rencontre d'une femme avec laquelle il forme rapidement un couple.
34:53 Leur idylle se retrouve toutefois être assombrie par les démons de l'homme qui refont surface.
35:07 Il commence à voler de l'argent à sa nouvelle conjointe pour assouvir sa dépendance.
35:13 En février, après deux ans d'enquête, les policiers, convaincus de l'implication de Mathieu dans la mort d'Yvon Leblanc, demeurent toujours incapables de le lier au crime.
35:27 En dernier recours, ils se tournent vers l'écoute électronique.
35:32 Ce qu'il faut comprendre, c'est que lorsqu'on va en écoute électronique, c'est qu'il faut démontrer au juge, lorsqu'on fait notre affidavit, qu'on a épuisé tous les moyens d'enquête qu'on pouvait avoir pour arriver au mandat d'écoute électronique.
35:43 Parce qu'il faut comprendre aussi que le mandat d'écoute électronique, c'est le mandat le plus intrusif dans la vie de quelqu'un.
35:49 C'est-à-dire qu'à ce moment-là, on met des micros chez les gens, le mandat aussi nous autorise si on veut aller mettre du vidéo.
35:56 Ça fait qu'on va être chez les gens, dans leur intimité, de façon intrusive, sans qu'ils sachent.
36:01 ♪ ♪ ♪
36:05 - Les événements ayant mené à la mort tragique d'Yvon Leblanc semblent lointains dans l'esprit de Mathieu, qui tente de changer sa vie.
36:13 Quelles stratégies les enquêteurs utiliseront-ils pour le forcer à s'incriminer?
36:18 ♪ ♪ ♪
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36:25 Le 24 avril 2008, Mathieu tue son revendeur de drogue, Yvon Leblanc, venu se faire payer les 500 $ que Mathieu et son père lui devaient.
36:33 Après plus de deux ans d'enquête, les policiers demeurent incapables d'arrêter Mathieu pour meurtre.
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36:46 Le 4 février 2010, les enquêteurs obtiennent un mandat d'écoute électronique.
36:53 Ils placent des micros à des endroits stratégiques et mettent les téléphones de la famille de Mathieu sous écoute.
36:58 - Comme ça fait déjà deux ans que le meurtre a eu lieu, c'est évident que dans leur souper de famille, il n'y a pas personne qui va parler d'un meurtre.
37:08 Alors, il faut qu'on suscite l'intérêt de ces gens-là pour les amener à parler du fameux meurtre en question.
37:16 Alors, la première chose qu'on a fait, c'est qu'on a convoqué la soeur au poste de police à Saint-Hubert, et c'est moi-même avec le sergent-détective Daniel Lorrain qui l'a rencontré.
37:27 Le 26 février, ils rencontrent la soeur de Mathieu au poste de police de Saint-Hubert. La femme reste figée devant les propos des enquêteurs.
37:37 - Son frère et son père sont suspects pour le meurtre d'Yvon Leblanc et on lui explique c'est quoi le meurtre d'Yvon Leblanc.
37:45 On lui dit que c'est le gars qui a été retrouvé brûlé dans son coffre d'auto.
37:50 On lui dit également qu'on sait que Mathieu a été brocanté plusieurs choses entre le 2 et le 8 mai qui appartenaient à Yvon Leblanc.
37:58 On est sûrs qu'ils sont impliqués, mais on ne sait pas c'est quoi leur degré d'implication.
38:02 - Les enquêteurs la laissent partir. Prise de panique et ne se doutant pas qu'elle est sous écoute électronique, elle appelle Mathieu et lui demande de la rejoindre d'urgence chez sa mère avec son père.
38:15 - Donc à ce moment-là, la soeur appelle le frère et dit «guette, si t'en viens à la maison, on a quelque chose d'important à régler».
38:22 Mathieu est arrivé à la maison avec le père, la mère et la soeur. Puis à ce moment-là, la soeur lui explique la rencontre qu'elle eut avec les policiers.
38:30 - Je lui ai dit «ben là les enquêteurs sont sur ton dos, ils vont finir par te retracer, ils vont finir par trouver une preuve contre toi. Pourquoi tu vas pas te livrer carrément et leur conter la vérité?
38:43 Je pense que c'est la meilleure option que tu as de faire ça». Mais pour lui, c'était trop tard. Chaque jour, à partir de ce moment-là, était une journée trop tard pour dire la vérité ou pour raconter les faits.
38:57 - Dans les jours qui suivent, toujours grâce à l'écoute électronique et aux échanges téléphoniques entre la soeur de Mathieu et sa famille, les enquêteurs continuent d'accumuler des preuves qui inculperaient Mathieu pour le meurtre d'Yvon.
39:12 - Puis là, ça part de scènes de crime, le sang, ces mœurs qui ont repatché des mœurs. Il y a un paquet de discussions. C'est sûr que pour nous, on est super contents parce qu'on n'était pas sûrs de leur implication exacte, mais là on sait vraiment que c'est eux autres qui ont fait le meurtre.
39:30 Mais on ne sait pas encore comment ça s'est passé exactement parce qu'ils ne l'expliquent pas.
39:37 Le 10 mars, les enquêteurs interrogent Alfred, le père de Mathieu, dans l'espoir de lui soutirer des aveux.
39:44 - Moi, mon but, c'est de lui laisser voir qu'avec les techniques d'enquête qu'on a aujourd'hui, on est capable de savoir plusieurs choses. Moi, j'explique, tu sais, des fois, après plusieurs années, on peut retrouver des traces de sang, même si ça a été lavé, même si ça a été peinturé, même si ça a été gratté.
40:03 L'instinct paternel d'Alfred lui dicte de ne rien dévoiler pour protéger sa famille. Puis, une fois à l'extérieur, il fait part de ses craintes à Mathieu et à Nadine.
40:15 - Elle ne voulait pas que son fils subisse les conséquences de ses actes. Donc, c'est pour ça qu'il s'en est mêlé. C'est pour ça qu'il a agi comme un père qui a voulu défendre. Malheureusement, j'aurais aimé qu'il agisse comme quelqu'un qui va prendre une décision pour dire tu vas faire face à la réalité, tu vas faire face à tes conséquences, tu es un adulte. Malheureusement, mon père aussi avait un jugement très altéré.
40:39 Le 16 mars 2010, près de deux ans après le meurtre, les enquêteurs se rendent sur la scène du crime.
40:45 - On voyait les éclaboussures au plafond. On voyait les éclaboussures qu'il y avait sur les portes ou la laveuse de la sécheuse. Il y a des prélèvements qui ont été faits.
40:56 Deux mois plus tard, le rapport du biologiste confirme que le sang retrouvé dans l'appartement de Mathieu et Alfred appartient à Yvon Leblanc. Le 19 mai, les enquêteurs placent Alfred, Mathieu et sa soeur en état d'arrestation. On interroge les trois dans des salles différentes.
41:14 - C'est moi qui ai interrogé Alfred, puis tout le long de l'interrogatoire, lui ce qu'il dit, il dit « Regarde, laissez mes enfants hors de ça, puis moi je vais tout prendre, puis on va tout s'arranger, vous allez voir, ça va bien aller. » Il voulait tout prendre de Leblanc.
41:27 Mais dans l'autre pièce, l'enquêteur parvient à obtenir les aveux de Mathieu. Le 12 novembre, Alfred plaide coupable à une accusation de complicité après le fait du meurtre d'Yvon Leblanc. Il est corps de 30 mois d'emprisonnement.
41:44 Le 7 novembre 2011, la soeur de Mathieu plaide coupable à une accusation de méfait public pour avoir caché des informations aux policiers. Elle est corps d'une sentence de deux ans de probation et d'une obligation de suivre une thérapie.
41:58 Le 2 avril 2012, le procès de Mathieu s'ouvre au Palais de justice de Longueuil. L'homme plaide la légitime défense.
42:08 « Au procès, on a appris beaucoup de choses. Comment est-ce que ça s'était passé? Nous, on ne savait pas ce qui avait arrivé à Yvon, pourquoi Yvon avait été trouvé brûlé dans son auto, on n'avait aucune idée, on ne savait pas. Mais là, au procès, on a appris ce qui s'était passé. »
42:29 « Il a témoigné à son procès et la première question que son avocat lui a posée, il dit « Est-ce que vous êtes impliqué dans le meurtre d'Yvon Leblanc? » Je me souviens que Mathieu, la première phrase qu'il a dit, il dit « Oui, c'est moi qui ai tué Yvon Leblanc. » C'est la première phrase qu'il a dit lors de son procès. »
42:46 « Moi, je ne pense pas que c'est une légitime défense. Moi, je pense que c'est plutôt lui qui a attaqué Yvon quand ils sont arrivés dans son logement. Probablement pour avoir... s'ils ont mis de l'argent, de la drogue dans ses poches, c'est probablement pour le vider. Pour avoir tout ce qu'il pouvait avoir. Parce qu'il paraîtrait que quand ce gars-là, il prenait de la drogue, qu'il devenait fou. C'est un fou. C'est comme ça qu'on l'a décrit. »
43:11 Cinq semaines plus tard, le jury trouve Mathieu coupable d'homicide involontaire. Il écope de 10 ans d'emprisonnement.
43:18 « S'ils avaient cru à la légitime défense, il aurait été déclaré non coupable. Ça fait que dans le fond, ils n'ont pas cru que c'était de la légitime défense, mais ils ont plus cru qu'ils ne voulaient pas le tuer. La différence entre l'homicide involontaire et le meurtre au deuxième degré. L'homicide involontaire, c'est que tu tues quelqu'un, mais tu n'avais pas nécessairement l'intention de le tuer, à la prime abord.
43:39 Pour lui, ça a été un choc de vivre cet événement-là. C'est pas quelqu'un qui a planifié des faits ou quoi que ce soit. C'est vraiment un accident. Par contre, c'est certain qu'il a regretté son geste. C'était ça. Je suis convaincue à 1000 % qu'il a regretté son geste. Mais une fois que son geste a été commis, les actions qu'il a prises par après ont fait en sorte qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Il a fait juste avouer ce qu'il a fait.
44:08 La consommation de drogue fait toujours plusieurs victimes. Non seulement elle affecte ses utilisateurs personnellement, mais elle peut engouffrer dans son sillon les proches de ses personnes. Plusieurs organismes et ressources peuvent venir en aide aux proches des toxicomanes, en leur offrant les outils nécessaires pour se protéger. Si un tel drame se préparait dans votre entourage, sauriez-vous le voir venir?
44:32 ♪ ♪ ♪
44:38 - Quand le drame frappe, les forces de l'ordre sont là pour trouver la vérité.
44:43 Scène de crime, dans un instant, au Vendredi policier.
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