Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, était l'invité du "18h20 franceinfo", jeudi 15 juin 2023. Il présente la campagne de recrutement d'enseignants et revient sur le harcèlement scolaire.
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00:00 Le 18-20, France Info, Jean-François Ackilly.
00:05 Bonsoir à vous Papendea.
00:06 Bonsoir.
00:07 Vous avez effectué un déplacement sur le thème du harcèlement scolaire, nous allons l'évoquer.
00:12 Mais tout d'abord il y a clairement une crise des vocations à l'école,
00:16 avec notamment des difficultés à pourvoir des postes.
00:19 Et vous lancez une campagne de communication pour tenter de,
00:22 j'allais dire, de redorer le métier d'enseignant.
00:25 Nous écoutons tout d'abord, si vous le permettez, le spot destiné à la radio.
00:30 Bonjour madame, je suis la chirurgienne qui va vous opérer.
00:33 Comment elle va cette épaule ?
00:35 Madame Fallonpin ?
00:36 Sonia.
00:37 Oui !
00:38 C'était la professeure de SVT de Sonia,
00:40 celle qui a fait naître en elle la passion pour devenir la chirurgienne qu'elle est aujourd'hui.
00:43 Madame Fallonpin, j'y crois pas.
00:46 Moi j'y ai toujours cru Sonia.
00:48 Un professeur, ça change la vie pour toute la vie.
00:51 Voilà, spot TV, spot radio.
00:53 Papendiaïe, quel est le message que vous voulez faire passer au juste ?
00:58 Nous avons besoin de revaloriser le métier de professeur.
01:01 Nous le faisons d'abord de manière matérielle,
01:03 par des augmentations de salaires à partir du 1er septembre,
01:07 qui sont tout à fait substantielles,
01:09 que le monde de l'éducation nationale n'a pas connu depuis 30 ans.
01:12 Nous le faisons aussi, et c'est un point sur lequel j'insiste,
01:16 par une revalorisation symbolique, sociale,
01:20 de la place des professeurs dans la société française.
01:23 Elle ne dépend pas que de moi ou du ministère de l'éducation nationale,
01:26 elle dépend au fond de l'ensemble de la société.
01:28 Quelle place voulons-nous donner aux professeurs ?
01:31 Et je souhaite que, au fond, la place des professeurs retrouve,
01:35 vous disiez, une forme de lustre finalement,
01:39 en tout cas retrouve une centralité qui s'est émoussée au fil du temps
01:43 en raison de diverses évolutions de la société.
01:45 Vous êtes sûr de susciter des vocations avec cette campagne ?
01:47 Nous voulons à la fois remercier les professeurs,
01:51 c'est une manière de dire, les professeurs ça compte.
01:53 Vous savez ce qu'ils vont vous dire les profs,
01:55 les syndicats d'enseignants, ils dénoncent le manque d'effectifs,
01:57 le manque de moyens, la reconnaissance de la profession,
01:59 je vous liste, la perte d'autorité vis-à-vis des élèves,
02:01 mais aussi des parents qui viennent souvent engueuler les profs,
02:04 les incivilités, l'insécurité,
02:06 il y a cette masse-là qui est devant vous quand même.
02:08 Alors, manque de moyens, le budget de l'éducation nationale
02:11 augmente de manière massive, précisément pour mieux rémunérer
02:14 les professeurs et il y aura moins d'élèves par classe l'année prochaine.
02:18 Et puis nous avons effectivement beaucoup de choses à faire,
02:20 nous avons beaucoup de chantiers pour redorer
02:23 et pour revaloriser les professeurs,
02:26 ça passe aussi par l'image,
02:29 ça passe aussi par la communication
02:32 à destination des étudiants qui veulent devenir professeurs.
02:35 J'espère qu'il y en aura plus, d'ailleurs les concours s'améliorent
02:39 cette année avec un meilleur rendement,
02:41 plus de candidats et donc plus de professeurs à la rentrée.
02:44 Mais nous devons poursuivre notre effort
02:47 pour placer de nouveau les professeurs au centre de la société française.
02:50 - Dans la campagne de communication Papendia
02:52 et sur le harcèlement scolaire, nous y venons,
02:55 vous étiez dans le Val-de-Marne, c'est ça ?
02:57 Vous en avez appelé, si j'ai bien compris,
02:59 aujourd'hui à la mobilisation des parents. Pourquoi ?
03:02 - L'école peut faire beaucoup à propos du harcèlement à l'école,
03:06 elle peut faire aussi à propos du cyber-harcèlement
03:09 et nous sommes très actifs avec la généralisation du plan phare,
03:12 avec les référents dans les collèges et les lycées.
03:14 - Il faut que ça rentre, ça.
03:15 - Il faut que ça rentre, on est sur un chemin,
03:18 c'est une grande maison et donc on avance là-dessus avec cette généralisation.
03:22 - Vous pensez que la prévention est suffisante dans cette histoire ?
03:25 - Avec la prévention, avec la détection des situations de harcèlement
03:28 et puis avec la prise en charge.
03:29 On a encore du chemin mais nous sommes mobilisés là-dessus
03:32 et puis bien entendu l'école ne peut pas tout.
03:35 Elle ne peut pas en particulier s'occuper des situations de harcèlement
03:39 lorsqu'elles surviennent en dehors de l'école, le soir,
03:42 et là nous avons besoin des parents.
03:44 Nous avons besoin des parents et figurez-vous que 8 parents sur 10
03:47 ne savent pas ce que les enfants font.
03:49 - Vous dites quoi ? Ils ne font pas le job à la maison les parents, c'est ça ?
03:51 - Les parents, moi je suis parent aussi et je sais ce que c'est,
03:54 c'est difficile de s'occuper de cela.
03:58 Mais il faut absolument s'en occuper,
04:00 8 parents sur 10 ne savent pas ce que les enfants font sur les réseaux sociaux.
04:03 Nous avons besoin de sensibiliser les parents, de les former.
04:06 C'est ce que nous ferons à la rentrée parce qu'il y a des parents d'élèves harcelés
04:10 mais il y a aussi des parents d'élèves harceleurs.
04:12 Nous devons aussi les rappeler à leur droit, à leur devoir,
04:16 car il y a une loi qui date de mars 2022
04:19 et qui est une loi qui fait du harcèlement scolaire un délit.
04:23 Et donc il peut y avoir in fine des conséquences
04:26 qui peuvent être des conséquences judiciaires.
04:28 Et donc nous prenons très au sérieux cette question
04:31 mais ce que je dis de façon très solennelle,
04:34 c'est que l'école ne peut pas tout.
04:36 Je travaille avec le ministre de la Justice, avec le ministre de l'Intérieur, etc.
04:39 Mais nous avons aussi besoin d'une mobilisation des parents
04:43 pour s'occuper de leurs enfants.
04:45 - Appendiai, comment est-ce que vous avez personnellement vécu,
04:48 je vous pose la question, les critiques de la mère de la jeune Linsey
04:52 et de l'avocat de la famille, vous les avez reçues,
04:54 l'adolescente qui s'est suicidée dans le Nord après un harcèlement,
04:57 ils vous les avaient reçues, ils ont dit de vous à la sortie,
05:00 le bel ministre il n'est pas sincère,
05:02 et ensuite ils sont allés voir Brigitte Macron.
05:04 - Écoutez, l'affliction et la douleur s'expriment de toute manière possible
05:12 et je n'ai pas à commenter cela.
05:14 Mon travail, c'est de faire de telle sorte que le harcèlement à l'école recule.
05:19 Ce sera la priorité de la rentrée 2023,
05:23 nous avons beaucoup de choses qui sont mises en place,
05:25 avec les numéros, avec les référents,
05:27 avec les programmes de formation des personnels,
05:30 avec les élèves ambassadeurs, on a beaucoup de choses.
05:34 On sera là pour que cela se généralise,
05:37 y compris dans les lycées à partir de la rentrée,
05:41 c'est ce à quoi je m'engage,
05:42 et puis avec mes collègues, avec la première ministre et le gouvernement,
05:46 et avec les plateformes également qui doivent jouer leur rôle,
05:50 et la réglementation européenne va nous aider de ce point de vue-là,
05:53 nous devons tous ensemble faire reculer le cyberharcèlement.
05:56 - Pap Ndiaye, un tout autre sujet,
05:58 vous avez entendu le fil info à l'instant, tout à l'heure,
06:01 le SNU, le Service National Universel de Sarah El Haïry,
06:05 intégré au temps scolaire, stage de 12 jours, volontariat,
06:09 tout repose sur l'éducation ?
06:11 - Alors, le... - Ça ne plaît pas aux enseignants, ça ?
06:14 - Alors, ça ne... - Parce qu'il dit "on nous demande toujours plus",
06:17 et si les volontaires partent, qu'est-ce que font les autres élèves, c'est compliqué ?
06:21 - Alors, ce sont des lycées et des classes volontaires de seconde,
06:26 donc c'est un SNU collectif, en quelque sorte,
06:29 qui fera partir l'ensemble d'une classe,
06:31 comme pour une sortie scolaire, il y a des sorties scolaires tous les jours, en ce moment,
06:36 avec des thèmes différents que les classes pourront choisir,
06:39 l'environnement, le sport, la défense et la mémoire, les sujets de risque...
06:45 - On y va, de toute façon, c'est ça que vous dites, ce soir, on y va !
06:48 - Et puis, ce sont sur la base du volontariat,
06:50 en intégrant également le SNU, avec de l'éducation morale et civique,
06:55 bref, le SNU se trouve intégré dans les programmes scolaires,
06:58 et ce sera le cas pour les lycées et les classes volontaires à partir du printemps 2024.
07:04 - Allez, encore deux-trois questions, si vous le permettez, Papendiaï,
07:07 sujet préoccupant au pays de Voltaire et de Descartes, il y en a d'autres, hein...
07:10 Vous avez entendu, hier, ces candidats au baccalauréat,
07:13 qui y allaient le cœur léger, certains n'avaient pas révisé,
07:16 à l'épreuve de philo, en se disant "pas grave si j'échoue,
07:19 de toute façon, j'ai déjà le bac en poche, ça c'est la réforme de votre prédécesseur Jean-Michel Blanquer,
07:24 est-ce que c'est la petite mort de la philo ?"
07:27 - Alors, la philo, elle a une position particulière,
07:30 puisque c'est un examen final, un examen écrit, qui a une grande importance,
07:34 y compris symbolique dans la société française, on est une nation de philosophes,
07:37 et puis, le coefficient 8 n'est pas anodin, si on le compare aux épreuves de spécialité, à 16.
07:43 Pour soigner une mention, par exemple au bac, ça vaut le coup d'avoir une bonne note en philo.
07:48 Par ailleurs, ce que ça suggère de manière en filigrane, c'est la question du troisième trimestre.
07:54 Il est vrai qu'on a un problème avec le troisième trimestre,
07:57 qui s'effiloche en quelque sorte, avec des élèves moins motivés,
08:01 et donc j'ai chargé un recteur de travailler sur cette question,
08:05 de remettre un rapport en septembre, pour envisager des retouches,
08:09 des réformes éventuellement, pour régler cette question du troisième trimestre,
08:15 qui en effet ne nous satisfait pas.
08:17 - Un correctif attendu éventuellement sur la philo.
08:20 L'ultime question, le permis de conduire à 17 ans, ça nous étonne cette histoire.
08:26 Vous êtes pour, vous, que les élèves aillent en voiture au lycée ?
08:31 - Ah, ils n'iraient pas nécessairement en voiture.
08:34 - Oui, c'est ce que je veux dire, 17 ans.
08:35 - C'est une question qui se pose, effectivement, il y a beaucoup de pays
08:38 où le permis de conduire peut s'obtenir avant 18 ans,
08:42 avec d'ailleurs des résultats en matière de sécurité routière qui ne sont pas mauvais.
08:46 - Pourquoi pas, vous dites, c'est ça ?
08:48 - Pardon ? - Vous dites pourquoi pas ?
08:49 - Pourquoi pas ? La question n'est pas tranchée, ça n'est pas tout à fait de mon ressort,
08:53 mais il me semble que cette question mérite d'être regardée avec attention.
08:57 - Allez, Papendiaïe, vous redoutez, tout le monde dit ça,
09:00 le remaniement, le ministre de l'Éducation pourrait jouer son portefeuille, vous entendez ça ?
09:05 - Vous entendez, vous n'êtes pas sûr ?
09:06 - Moi, ça ne m'intéresse pas les rumeurs.
09:08 Ce qui m'intéresse, c'est de travailler pour faire reculer le harcèlement,
09:12 pour préparer la rentrée, pour mieux payer les professeurs,
09:16 pour les valoriser, comme je l'indiquais,
09:19 et puis aussi pour insister sur les fondamentaux, le français et les mathématiques.
09:23 - Merci à vous, Papendiaïe, ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse,
09:26 d'être venu ici sur France Info, merci.
09:28 merci.