Souvent, les symptômes de la Covid durent de 8 à 10 jours. Sauf quand la maladie s'installe dans une forme longue, avec des symptômes qui durent des mois. C'est le cas de Grégory, qui nous raconte son parcours.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonjour, je m'appelle Grégory et j'ai 40 ans dans quelques jours.
00:04 J'ai attrapé la Covid le 17 mars.
00:12 En tout cas, ce fut le premier jour des symptômes, en même temps que ma compagne.
00:17 On était tous les deux à l'avoir attrapé.
00:19 Tout d'abord, ça s'est manifesté par une forte migraine.
00:24 Alors à ce moment-là, on ne pense pas à la Covid, mais tout simplement à un refroidissement ou une grippe.
00:30 Sauf que cette migraine ne passait pas malgré les médicaments.
00:34 Aussi très vite, des courbatures vraiment très intenses.
00:38 Alors j'ai déjà eu la grippe, mais je n'ai jamais eu de courbature aussi forte.
00:43 Si forte que je ne pouvais même plus prendre de douche.
00:46 L'eau qui tombait de la douche me faisait excessivement mal à la peau.
00:52 Aussi des problèmes qui sont apparus très tôt, qu'on va appeler cognitifs.
00:56 C'est-à-dire des pertes de mémoire, je n'arrivais plus à trouver mes mots.
01:02 J'arrivais plus à lire assez vite, par exemple, les sous-titres d'un film.
01:08 Je faisais aussi tomber énormément de choses.
01:11 Quand je voulais attraper, ne sais-ce qu'une fourchette ou un verre d'eau,
01:16 une fois sur deux, je me faisais tomber, pensant que je l'attraperais.
01:20 Mais si je n'avais pas mes yeux rivés dessus, je ne l'attrapais pas.
01:25 Une fatigue intense aussi, évidemment physique, mais aussi psychologique.
01:32 À ce moment-là, c'était très dur de faire la part des choses.
01:36 On était confiné, on mourait de cette maladie.
01:39 Donc ça affecte énormément le moral et la perspective de ce qui allait se passer.
01:47 Et puis des difficultés respiratoires.
01:51 Une impression d'oppression thoracique, c'est-à-dire d'avoir ses poumons pris dans un étau.
01:58 Et puis des essoufflements qui se mettaient en place au moindre effort,
02:05 mais même un essoufflement résiduel constant qui s'accentuait par crise.
02:14 Je fais partie de ce qu'on peut appeler les "Covid longs".
02:18 Ou du moins, quelqu'un atteint de la Covid et qui a des séquelles ou des symptômes longtemps après l'infection.
02:28 Ça s'est déclaré au bout de six semaines.
02:33 J'ai eu 15 jours où les symptômes sont totalement disparus.
02:38 Sur les réseaux, on parle tous de lune de miel.
02:43 Donc vraiment ce moment où on pense être guéri.
02:46 Et puis c'est le retour de bâton puisque les symptômes sont réapparus et même plus forts.
02:54 Alors principalement, ce sont les difficultés respiratoires et l'essoufflement qui se sont installés à long terme.
03:02 Et qui ne sont pratiquement jamais disparus.
03:06 J'ai eu des journées où parfois deux ou trois jours de répit.
03:12 C'est d'ailleurs là le plus difficile puisqu'on se dit que tout va mieux.
03:16 On fait plein de choses.
03:18 Et puis encore une fois, le retour de bâton, on retombe dans des symptômes très invalidants.
03:26 Et donc dans quelques jours, ça fera neuf mois que je subis ces symptômes.
03:40 En matière de prise en charge médicale, ce fut très compliqué.
03:44 Et ça l'est toujours.
03:46 Tout au début, les médecins n'étaient pas du tout informés de cette maladie.
03:53 J'habite dans une région où il y a eu très peu de cas.
03:56 Et comme on était confinés, il fallait rester à la maison et attendre que ça passe.
04:02 Donc je voyais mon médecin très régulièrement.
04:06 Au début, très rapidement, ma compagnie et moi avons appelé le SAMU.
04:12 Car les symptômes étaient vraiment très forts.
04:16 Et on avait de très grosses difficultés à respirer.
04:19 On nous a conseillé d'aller aux urgences, comme nous avons fait.
04:22 Et puis ça a été très rapide.
04:26 Puisqu'on nous a renvoyé chez nous avec une boîte de Doliprane.
04:30 Les examens cliniques étaient apparemment bons.
04:33 Nous étions jeunes, en bonne santé, aucune comorbidité.
04:38 Donc on nous a prescrit une boîte de Doliprane.
04:41 Et nous sommes rentrés à la maison.
04:43 On nous a dit que ça passerait dans 8 à 10 jours.
04:46 Très rapidement, j'ai changé de médecin.
04:49 Après l'avoir vu 3 ou 4 fois de manière hebdomadaire.
04:54 Je sentais qu'il ne croyait plus à ce que je lui disais.
04:57 Qu'il mettait beaucoup ça sur le compte du stress.
05:02 Et je crois qu'il était à deux doigts de me prescrire des anxiolytiques.
05:06 Donc j'ai changé de médecin.
05:09 Mon nouveau médecin avait d'autres cas comme moi.
05:12 Donc il avait beaucoup plus d'empathie pour ce que je vivais.
05:17 Mais il était en tout cas extrêmement perdu face à ce qu'il pouvait faire pour moi.
05:24 Je me suis donc tourné vers les médecines parallèles.
05:30 J'ai été pris en charge par un naturopathe, par un acupuncteur.
05:35 Dire que ça a servi, oui je pense.
05:41 En tout cas, j'ai mis en place un régime alimentaire assez strict.
05:48 Qui a l'air de faire des effets.
05:52 L'ostéopathie m'a beaucoup aidé.
05:56 J'ai eu des moments où j'avais de fortes pourbatures au niveau de l'avant du thorax.
06:02 Des muscles intercostaux qui me faisaient extrêmement mal.
06:07 Ensuite, mon médecin m'a dit d'aller voir un cardiologue.
06:15 Très longue attente pour un rendez-vous.
06:19 Je ne l'ai pas vu tout de suite.
06:21 J'ai fait un scanner des poumons.
06:23 Que j'ai dû faire à Paris, parce qu'il n'y avait pas de rendez-vous ici avant 3 mois.
06:28 Qui a heureusement montré aucun signe grave.
06:33 En attendant, je suis tombé sur mon kinésithérapeute.
06:36 Je me suis souvenu qu'il travaillait dans un centre de réadaptation lié aux maladies respiratoires.
06:41 Il m'a effectivement dit que je pouvais venir chez eux.
06:46 D'ailleurs qu'ils s'attendaient à avoir beaucoup plus de malades de la COVID.
06:50 Mais on ne leur adressait aucun patient.
06:52 J'y suis allé.
06:54 J'ai été pris en charge pour une rééducation cardiorespiratoire 3 fois par semaine.
07:00 J'ai été le cobaye, parce que j'étais le seul pendant plusieurs semaines.
07:04 Il y a eu des hauts et des bas.
07:06 C'était assez compliqué.
07:08 Mais certaines études montraient que ça devrait porter ses fruits.
07:13 Entre temps, j'ai eu un rendez-vous enfin chez un cardiologue.
07:18 Qui a décelé une myocardite.
07:22 Donc une infection du cœur.
07:25 Certainement due aux conséquences de l'infection de la COVID.
07:32 J'ai continué mes séances de réhabilitation cardiorespiratoire.
07:37 Mais en poussant moins.
07:39 Car il fallait attendre les résultats d'un test d'effort.
07:41 Pour voir si mon cœur fonctionnait bien.
07:44 Le test d'effort a été passé à 6 mois de l'infection.
07:50 Et qui a montré un cœur qui fonctionnait correctement.
07:53 Donc on a pu continuer et mettre le paquet chez les kinésithérapeutes.
08:00 Avec cette réhabilitation à l'effort que je poursuis toujours.
08:05 Et qui semble porter doucement ses fruits.
08:11 Le travail
08:17 Le terme de travail a été très compliqué.
08:22 Je suis enseignant.
08:24 Et toute la période du mois de mars jusqu'aux vacances estivales.
08:27 J'ai pu être en télétravail.
08:30 J'ai malgré tout continué à avoir un lien et à travailler avec les élèves.
08:36 Tout simplement parce que ça m'occupait.
08:38 Malgré les difficultés liées aux symptômes.
08:42 Ça me faisait penser à autre chose.
08:45 Donc j'ai continué à faire ça.
08:47 Ensuite il y a eu l'été.
08:49 Et puis en septembre, octobre, j'ai repris mon travail à 3/4 temps.
08:53 J'ai eu un aménagement de service pour maladie.
08:56 Ça a été un vrai cauchemar.
08:59 J'ai travaillé malgré tout.
09:01 J'ai essayé de tenir le coup.
09:03 Je me suis dit que ça m'aiderait.
09:05 De reprendre un travail qui est somme toute physique.
09:09 Mais ça a été très compliqué.
09:12 Et depuis le mois de novembre, je suis de nouveau à la maison.
09:17 Et je me concentre totalement sur cette réhabilitation à l'effort.
09:23 Et à ma santé.
09:30 Quel conseil je pourrais donner aux personnes souffrant de la COVID à long terme ?
09:36 C'est de ne pas baisser les bras.
09:38 Parce que ça atteint énormément le moral.
09:41 Et on se laisse aller.
09:43 Je pense que c'est une mauvaise chose.
09:46 On peut se rapprocher des groupes de soutien.
09:49 Notamment sur les réseaux sociaux.
09:51 Réseaux sociaux que je ne pratiquais pas du tout.
09:54 Mais il s'avère que dans ce cas-là, ça m'a beaucoup aidé.
09:57 Je pense que ça en a aidé plus d'un.
09:59 On retrouve des personnes avec des symptômes semblables.
10:03 On échange.
10:04 Et puis aussi, on parle tout simplement des prises en charge qui sont possibles.
10:09 Parce qu'on devient tous spécialistes des prises en charge médicales.
10:13 Et selon les régions qui ont été plus ou moins touchées,
10:17 il y a pas mal de tuyaux qui sont échangés.
10:20 Et qu'on peut ainsi présenter à nos médecins.
10:25 Ne pas hésiter à interpeller les médecins, à interpeller les professions du monde médical.
10:31 Car ils ne sont pas au courant de tout.
10:34 On leur apporte énormément d'idées.
10:37 Et puis il ne faut pas hésiter à en changer.
10:40 Car effectivement, il y en a qui s'intéressent plus à ces pathologies que d'autres.
10:48 J'ai aussi pu remarquer que le repos est très important.
10:56 Mais en même temps, en se gardant une activité quotidienne importante, significative.
11:02 Ne cesse qu'une trente minutes de marche.
11:05 Ça aide énormément pour le moral.
11:09 Et puis pour prendre à bras le corps cette maladie.
11:14 Merci.
11:15 [Musique]