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Retrouvez "Europe 1 Midi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00 des arbres. Merci beaucoup d'être avec nous Henri, vous vous appelez, vous vous prénommez Henri, vous êtes jeune, vous avez 24 ans, vous avez
00:08 sauvé des vies en vous interposant face à l'agresseur
00:12 d'Annecy, vous êtes celui qu'on appelle le héros au sac à dos. Bonjour.
00:16 Bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous en direct d'Annecy, d'avoir
00:21 choisi Europe 1 Midi pour parler en cette mi-journée.
00:24 Déjà, est-ce que vous pourriez nous raconter
00:29 ce que vous avez vu, ce que vous avez vécu
00:32 hier matin ? On est sur le jardin du Paquier, au bord du lac d'Annecy, au bord du merveilleux lac d'Annecy.
00:39 Vous aviez déjà d'ailleurs
00:41 publié une vidéo sur Instagram, une story comme on dit, du lac d'Annecy,
00:48 une heure à peu près avant ce qui s'est passé. Vous êtes sur les bords du lac et qu'est ce que vous voyez ?
00:57 Effectivement, je marchais dans le parc parquis en
00:59 direction de la cathédrale d'Annecy, que je voulais revoir avant de quitter la ville et me diriger vers les autres cathédrales du pays.
01:04 J'ai croisé la route de ce fou furieux. Au début, je n'ai pas compris tout de suite que c'était une attaque. J'ai cru d'abord à un vol
01:12 à l'arracher. Puis, dès qu'il s'en est pris aux enfants dans le square,
01:14 j'ai débranché le cerveau et j'ai agi vraiment par instinct,
01:17 comme tout Français l'aurait fait, comme toute personne à côté l'aurait fait.
01:21 J'ai essayé de m'interposer, tant bien que mal, avec ce que j'étais, avec ce que j'avais, donc mon sac à dos.
01:27 Comme j'ai pu face à l'agresseur, j'espère que mon action rapporte ses fruits, j'en sais rien.
01:32 Vous êtes un héros, vous êtes un étudiant, vous faites un tour des cathédrales.
01:38 Ce qui est intéressant dans ce que vous nous dites, c'est qu'au début, vous vous êtes demandé si ce n'était pas une "simple" agression.
01:45 J'ai cru effectivement au début à un vol à l'arracher. Mais ce que je veux dire surtout, c'est que cet homme-là
01:53 m'a semblé habiter par quelque chose de très mauvais en lui, et moi intérieurement,
01:57 j'étais vraiment par instinct poussé par quelque chose de très puissant en moi.
02:00 Pour vous dire, j'avais vraiment une idée fixe pendant l'action, c'était que j'avais l'image du colonel Arnaud Beltrame en tête.
02:05 Et c'était impossible pour moi de laisser cet homme agir contre ses enfants innocents et sans défense.
02:12 Il fallait vraiment que je fasse quelque chose, que j'intervienne, comme tout Français l'aurait fait.
02:17 Et d'ailleurs, comme d'autres personnes aussi l'ont fait à côté de moi, qui ont couru avec moi aussi derrière l'attaquant,
02:24 et qui ont permis par notre action collective à lui faire comprendre que ça n'allait pas bien, c'est terminé pour lui.
02:29 Le colonel Arnaud Beltrame qui a donné sa vie pour sauver une personne qui était retenue par un terroriste dans un supermarché.
02:37 Il était gendarme et il a donné sa vie. Est-ce que vous avez hésité à un moment à intervenir ?
02:43 Aucunement. C'était une évidence pour moi, ce n'était pas possible de laisser ça venir.
02:49 Et c'est ce que j'essaie de dire, c'est que tout Français qui refuse de laisser ça arriver en face de lui,
03:00 qui refuse de courber l'échine face au mal et qui refuse de relever la tête pour agir contre, l'aurait fait.
03:06 Et en fait, ce que je veux simplement dire aussi, c'est qu'il faut se nourrir des grandes choses et des belles choses de notre pays
03:11 pour pouvoir être capable de ce genre d'actes et tout le monde à chaque coin de rue est capable de faire ça à partir du moment où il se nourrit de grandes et belles choses.
03:19 Vous avez la foi, vous êtes catholique. Ça vous a apporté, ça vous a donné cette force ?
03:26 Oui, c'est très mystérieux à dire. C'est très mystérieux à dire. Il y a une grande force intérieure qui m'a poussé à le faire.
03:31 Quelque chose de très intime me poussait à agir tout en débranchant le cerveau.
03:38 Et j'espère que mon action aura permis effectivement d'éviter que le drame soit plus dramatique que ça.
03:44 Il y a peu de doute là-dessus. Vous dites que tous les Français seraient intervenus.
03:50 Malheureusement, c'est pas vrai. Malheureusement, c'est pas vrai puisque vous étiez quasiment seul.
03:56 J'entends parmi les civils, il y a des agents municipaux, il y a des policiers qui sont intervenus, mais vous n'avez pas été.
04:02 En tout cas, c'est ce qu'on voit sur les vidéos. Personne n'est venu à votre secours pour vous appuyer et tenter d'intercepter
04:09 comme ce que vous avez fait, en tout cas mettre en état de nuire l'agresseur.
04:13 J'ai peut-être été le premier à réagir. Ce qui est certain, c'est que d'autres personnes autour de moi se sont tout de suite mobilisées.
04:19 D'autres personnes ont couru avec moi derrière l'agresseur. D'autres personnes se sont tout de suite tournées vers les plus petits
04:24 pour comprimer les plaies, éviter que ça coule, que les plaies s'aggravent, etc.
04:30 Et tout de suite, les gens autour ont appelé la police. Donc si, il y a eu des réactions différentes, certes.
04:37 J'ai peut-être été, par la force des choses et peut-être pas par hasard aussi, je pense qu'il y a quelque chose de très puissant
04:43 à l'intérieur de moi qui a fait que je n'étais pas là par hasard. Mais si, tout le monde a réagi et a voulu arrêter cet homme.
04:52 C'est-à-dire que vous n'étiez pas là par hasard ?
04:55 Je pense que si mon chemin a croisé la route de ce fou pris par quelque chose de très mauvais, ce n'est pas pour rien.
05:02 Et que peut-être que mon action, effectivement, sur le coup, a permis d'éviter un drame plus grand encore.
05:08 Mais peut-être aussi à une portée symbolique qui aujourd'hui, je l'espère, nourrira les âmes, les esprits.
05:14 Et continuera à indiquer aux Français que face à des attaques de ce genre, il faut surtout relever la tête et refuser que le mal fasse son œuvre.
05:24 Refuser que le mal fasse son œuvre et que les Français réagissent.
05:27 Exactement, c'est notre action individuelle qui sauvera le pays.
05:30 Le pays qui a besoin d'être sauvé.
05:34 Oui, tout le pays a besoin d'être sauvé à tout moment.
05:37 Est-ce que l'agresseur vous a parlé, Henri ?
05:40 Non. On s'est dévisagé, il a essayé de m'attaquer.
05:43 J'ai essayé de... Je lui ai crié dessus, je crois, je ne sais plus ce que j'ai crié.
05:49 Pour lui faire peur, je ne sais pas. Mais non, il ne m'a pas parlé.
05:51 Il ne vous a pas parlé. Il avait le regard vide.
05:55 On a entendu un témoignage...
05:57 Le regard d'un fou.
05:58 Le regard d'un fou.
05:59 Malgré ses grosses lunettes de soleil, je portais les miennes aussi, il avait le regard d'un fou.
06:03 Oui. Qu'est-ce qui s'est passé après ?
06:05 Les policiers sont arrivés relativement vite.
06:10 Ça a duré combien de temps votre face à face avec...
06:14 Je veux dire corps à corps, pas corps à corps, parce qu'il courait en fait.
06:19 Il a cherché à vous agresser d'ailleurs, et on a l'impression qu'il vous fuyait plutôt.
06:23 Vous avez réussi à le faire fuir.
06:25 J'ai l'impression effectivement qu'il essayait de me fuir.
06:29 J'essayais de m'approcher de lui sans trop m'approcher de lui parce que je ne voulais pas non plus prendre de coups de couteau.
06:34 Oui.
06:36 Pour répondre à votre question d'avant, qu'est-ce qui s'est passé après ?
06:39 Une fois que l'homme a été maîtrisé par les agents de police,
06:42 j'ai tout de suite couru en arrière vérifier que le vieux monsieur qui avait été agressé sur le banc aille bien.
06:47 Ayant vu que sa blessure était superficielle et qu'il allait bien,
06:50 je me suis tout de suite dirigé vers le square où les enfants étaient là.
06:54 Et j'ai vu que les policiers arrivaient aussi sur place,
06:57 et que des gens autour de moi avaient tout de suite porté secours aux enfants en s'occupant d'eux.
07:04 Henri, vous êtes catholique, vous nous l'avez dit, la foi joue un grand rôle pour vous.
07:11 Est-ce que vous priez pour l'agresseur ? Est-ce que vous allez lui pardonner ?
07:15 C'est une très belle question que vous me posez.
07:17 J'ai envie de dire que je lui ai déjà pardonné parce que ce qu'il a fait le dépasse.
07:21 Ce qu'il a fait le dépasse complètement, et ce que j'ai fait me dépasse et nous dépasse complètement.
07:25 On est dans quelque chose qui est très symbolique en fait.
07:30 Et le message de tout ça, c'est simplement de dire qu'à partir du moment où on refuse que le mal agisse,
07:35 on est capable d'agir contre le mal.
07:38 Vous allez rencontrer le président de la République cet après-midi.
07:42 Qu'est-ce que vous allez lui dire ?
07:44 Je sais pas, on verra.
07:45 Qu'est-ce que vous espérez qu'il vous dise ?
07:47 Je sais pas, on verra.
07:49 Merci beaucoup Henri d'avoir témoigné.
07:53 Vous êtes celui qu'on appelle le héros au sac à dos.
07:57 Vous êtes à l'aise avec cette dénomination ?
07:59 Non, pas du tout. Il ne faut pas du tout faire de moi un héros national ou quoi que ce soit.
08:05 J'ai agi simplement comme tout Français l'aurait fait à partir du moment où il veut relever la tête,
08:11 où il veut se nourrir des choses grandes et belles du pays.
08:13 Pour moi, ce sont les cathédrales et c'est ce que j'essaye de transmettre à travers mon aventure.
08:19 Et à partir du moment où tout le monde se nourrit des choses grandes et belles qui ont fait notre pays,
08:25 tout le monde est capable d'agir.
08:27 Merci beaucoup Henri. La suite d'Europe 1 Midi dans un instant.
08:31 midi 13 heures Europe 1

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