• l’année dernière
"Au plus fort de mes douleurs, j'avais envie de me supprimer"
Depuis 2 ans, Romain et 2000 autres malades expérimentent le cannabis à usage thérapeutique. L'objectif à terme ? Légaliser le cannabis médical pour les patients souffrant de douleurs chroniques.

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Transcription
00:00 - Le plus fort de tes douleurs, ta vie, elle était comment ?
00:02 - Envie de me supprimer, envie de me pendre, envie de me suicider.
00:05 C'est insupportable, on n'a plus envie de vivre dans ces cas-là.
00:07 - Avec le cannabis médical, on traite une personne qui souffre plus qu'un symptôme.
00:11 - Pour les douleurs neuropathiques, le cannabis, c'est ce qui marche le mieux.
00:14 Alors voilà, c'est ce qu'on appelle du cannabis thérapeutique.
00:19 Caché 25 mg/ml.
00:21 Donc je vais le prendre là, où il faut.
00:24 Je suis né avec une maladie génétique qui s'appelle la myopathie de Becker.
00:29 C'est une maladie incurable, il n'y a pas de traitement.
00:31 Ça a commencé à s'attaquer à mon cœur avant tout.
00:33 D'où ma greffe cardiaque.
00:34 Et la greffe entraîne la prise de médicaments à vie.
00:38 Une des molécules va bousiller le système nerveux central, d'où les douleurs neuropathiques.
00:42 C'est un peu corrosif parfois, ça descend un petit peu dans les poumons,
00:47 ça a tendance à faire un peu tousser, mais rien de gênant.
00:50 C'est comme fumer un joint, c'est quelques lattes et ça vient assez rapidement.
00:54 Ça ne fait pas un effet psychotropique très puissant,
00:56 mais on ne se sent plus...
00:59 Un petit peu d'effet détente.
01:01 Elles sont imprévisibles,
01:07 comme si on marchait sur de la braise ou des coups de couteau au niveau des jambes,
01:11 et puis dans les bras aussi.
01:13 Ça fait mal.
01:14 - Et au plus fort de tes douleurs, ta vie, elle était comment ?
01:17 - Envie de me supprimer, envie de me pendre, envie de me suicider.
01:22 Je n'ai pas d'autre mot à dire.
01:24 J'avais ce ressenti,
01:26 et c'est vrai que quand j'étais à des douleurs sur 8,5, 9, 10,
01:31 c'est insupportable, on n'a plus envie de vivre dans ces cas-là.
01:34 J'ai pris du tramadol, j'ai pris du lyrica,
01:40 oui, des opiacés, mais j'étais tout le temps trop défoncé,
01:45 et je devenais vite accro.
01:47 Et à la fin, on devient complètement un zombie.
01:50 Et moi, je ne voulais pas ça,
01:51 et le cannabis thérapeutique, au moins, ne me rend pas zombie.
01:54 Ce ne sont pas des médicaments qui permettent de guérir,
02:07 mais ça permet de soulager des symptômes.
02:08 Ce sont des médicaments, le cannabis médical,
02:10 qui vont arriver plutôt à une fois qu'on aura testé
02:13 les médicaments habituels, les plus conventionnels.
02:16 Et donc, on est en situation réfractaire,
02:18 la médecine est en échec,
02:19 et on propose cette solution thérapeutique
02:23 qui, pour l'instant, n'était pas disponible.
02:24 Actuellement, ce n'est pas légal.
02:26 C'est pour ça qu'on expérimente.
02:27 Ça nous donne le temps de réfléchir à quel statut
02:30 il faudra leur donner
02:31 pour rentrer dans cette famille des médicaments.
02:33 Et on espère qu'effectivement, cette décision arrive
02:36 le plus tôt possible pour pouvoir basculer
02:38 du statut expérimental
02:40 à une véritable entrée dans le droit commun,
02:43 une légalisation des médicaments à base de cannabis.
02:45 Mais ce qu'il faut dire, c'est que le cannabis médical,
02:47 ce n'est pas un moyen de légaliser le cannabis récréatif.
02:49 Pas du tout.
02:50 Voilà, c'est pour soulager les gens qui souffrent
02:52 comme avec n'importe quel médicament.
02:53 Et ça ne fera pas la courte échelle,
02:55 ou ça ne sera pas le cheval de Troyes
02:57 d'une légalisation par ailleurs
02:58 qui se discute régulièrement.
03:00 Mais c'est un autre sujet
03:01 qui est traité de façon totalement indépendante.
03:04 Bonjour, M. Marchess.
03:09 Comment allez-vous ?
03:10 Depuis la dernière fois, maintenant,
03:11 on se voit tous les 28 jours ici
03:13 pour la prescription du cannabis médical.
03:14 Je suis toujours satisfait.
03:16 Il n'y a aucun souci là-dessus.
03:18 Parfois, j'ai des crises qui ne passent pas.
03:20 Mais je veux dire, avant,
03:22 j'en faisais entre 10 et 15 par mois.
03:26 Et puis avec le cannabis,
03:27 c'est descendu à 2, à 3,
03:29 voire 4, mais pas tout le temps.
03:31 J'ai fumé pendant un temps
03:32 parce que le protocole a mis du temps à arriver.
03:35 Je préférais être hors la loi
03:37 plutôt que de me foutre en l'air.
03:38 Mais le problème, c'est que ça vient de la rue.
03:41 Dans la rue, on ne sait pas à quel dosage il y a de THC
03:43 et qui peut être dangereux au niveau cardiovasculaire.
03:46 Et puis, on ne sait pas ce qu'il y a dedans.
03:47 Alors que là, c'est vraiment contrôlé, calculé,
03:49 on sait d'où ça vient, c'est du total naturel.
03:52 Il vous reste de l'huile ?
03:54 Non, il n'y en a plus.
03:56 OK.
03:58 Avec le cannabis médical,
03:59 on traite une personne qui souffre
04:01 plus qu'un symptôme.
04:03 OK.
04:05 Et l'amélioration de cette personne
04:07 va au-delà de l'amélioration de la douleur.
04:09 Parfois, les patients nous disent
04:10 "J'ai encore mal, mais j'ai repris le travail."
04:12 "Parce que je sors de chez moi."
04:14 "Parce que je remarche."
04:15 "Parce que je suis moins stressé."
04:16 "Parce que j'ai mieux dormi."
04:17 C'est aussi ça le cannabis médical.
04:19 C'est de s'intéresser à une personne qui souffre
04:20 et aller soulager plusieurs symptômes.
04:23 Et la somme de ces soulagements est significative
04:26 pour changer la qualité de vie du patient,
04:27 pour changer la vie du patient.
04:29 Sous-titrage Société Radio-Canada
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