• l’année dernière
C’est un danseur étoile éponyme devenu tour à tour chorégraphe et directeur de la danse à l’Opéra de Paris. Dorénavant, c’est à la réalisation que s’attaque Benjamin Millepied ! En effet, cet artiste se frotte au cinéma en signant son premier film intitulé « Carmen », un drame musical poignant. Invité sur le plateau de Télématin, il nous parle de ce rêve qui a enfin pris forme et se confie sur ce nouveau rôle qui l’anime.

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Transcription
00:00 Place en invité culture de Télématin Damien, vous recevez Benjamin Milpied.
00:04 Bonjour Benjamin Milpied.
00:06 Bienvenue chez nous.
00:08 De vous on connaît celle d'Anseur Etoile, le chorégraphe, l'ex-directeur de la danse à l'Opéra de Paris.
00:12 Mais désormais vous avez cette nouvelle casquette, celle de réalisateur.
00:16 Alors on va voir la bande-annonce dans quelques instants.
00:18 Mais juste d'un mot, elle remonte à quand cette envie de vous frotter au cinéma ?
00:22 D'abord j'ai toujours aimé le cinéma.
00:25 Je me souviens petit avoir vu des films qui m'ont vraiment marqué.
00:29 Je me souviens même de 17 ans, 18 ans j'ai vu énormément de films de cinéma américain, italien, français.
00:36 J'ai commencé à réaliser des courts-métrages en 2000.
00:39 Mon premier court-métrage de danse à New York c'était Chaconne, où je dansais dans les rues de New York.
00:44 Et je n'ai jamais arrêté en fait.
00:46 J'ai toujours continué à m'exprimer la danse par des courts-métrages,
00:49 des courts-métrages souvent dansés dans les villes.
00:52 Et je crois que j'ai eu ce désir de fiction à un moment donné.
00:56 Et puis voilà, c'est des rêves qui mettent longtemps à se réaliser.
00:59 Bien sûr, il faut que ça mûrisse on suppose.
01:01 Oui, et puis c'est vraiment des...
01:03 C'est un combat à normes en plus.
01:04 Absolument, absolument.
01:05 Alors le résultat, ça s'appelle Carmen, ça sort donc en salles mercredi.
01:08 Vous revisitez l'histoire de cette bohémienne rendue célèbre par George Bizet.
01:12 Donc ça se passe de nos jours entre une Mexicaine qui passe illégalement la frontière vers les Etats-Unis
01:18 et un ex-marine qui va lui sauver la vie.
01:20 Ils vont devenir tous les deux des fugitifs.
01:22 Bande d'annonces, regardez.
01:24 Tu vas pas indéfiniment venir passer toutes tes soirées seule ici.
01:27 Et tu sais combien d'emplois il y a dans ce bled ?
01:29 Un seul.
01:31 Laisse-la partir ! Arrête !
01:37 Vous êtes un soldat ?
01:41 Marine.
01:43 Je m'appelle Carmen.
01:44 Carmen ?
01:52 Tu m'as dit que vous étiez comme deux sœurs.
01:54 Des sœurs des vies et des sœurs des morts.
01:56 Ces pieds savent danser.
01:58 Ils sont des papillons.
02:00 Et n'oublie surtout pas, ce que tu fuis finira toujours par te rattraper.
02:10 Partout où tu iras.
02:11 Carmen.
02:14 Danse.
02:16 Tu es libre.
02:17 Danse.
02:21 C'est une histoire d'amour entre deux êtres que la vie a cabossé.
02:24 Pourquoi Carmen ? Pourquoi vous avez eu envie de revisiter ce mythe ?
02:28 Encore une fois, j'ai vu l'opéra filmé dans un décor réaliste urbain en 1984,
02:34 quand j'avais 7 ans.
02:35 Et c'est vraiment une histoire qui est restée avec moi.
02:38 C'est un souvenir d'enfance.
02:40 Et quand je dansais West Side Story à New York,
02:43 je commençais à imaginer réaliser un film de fiction un jour.
02:46 Je pensais que Carmen, qui était une espèce de tragédie classique,
02:51 était une bonne idée pour un premier film.
02:53 Les deux héros de votre film,
02:58 quelle distribution pour votre premier film ?
03:00 Vous avez Paul Mescal, qui a été nommé dernièrement aux Oscars
03:03 et qui sera le prochain Gladiator.
03:05 Et la partition féminine, c'est Melissa Berrera,
03:08 star mexicaine qu'on a vue dans Scream 5.
03:11 Le choix, ils ont répondu oui tout de suite,
03:13 parce qu'il fallait qu'ils vous fassent confiance.
03:15 Oui, Melissa, c'était très important d'avoir une actrice mexicaine
03:20 pour incarner ce personnage mexicain.
03:22 J'ai effectivement, en plus qu'elle puisse danser, chanter, jouer,
03:25 qu'il y ait le charisme.
03:26 Elle n'est pas danseuse à la base.
03:27 Non, elle n'est pas danseuse.
03:28 Elle a ce don extraordinaire de pouvoir mimer les gestes.
03:31 On y croit.
03:32 Sans jamais avoir vraiment pris de cours de danse,
03:34 elle danse vraiment très bien,
03:36 avec une grande liberté, très expressive.
03:39 Donc oui, Melissa, j'ai fait un casting,
03:42 j'ai dû voir des centaines de jeunes femmes.
03:44 Et puis, en fait, ça fait depuis 2018 qu'elle est rattachée au projet.
03:49 On a avancé, on a travaillé ensemble.
03:51 Elle a beaucoup informé le scénario aussi avec ses idées.
03:54 Et puis Paul, c'était un petit peu trois mois avant le tournage.
03:57 Il y avait la série Normal People
03:59 que beaucoup, beaucoup de gens ont vu pendant le confinement.
04:02 Et moi aussi.
04:04 Et c'était une évidence,
04:05 parce que c'est quelqu'un qui est d'une grande sensibilité,
04:07 qui peut incarner un personnage magnétique
04:09 et qui sait s'exprimer aussi sans les mots.
04:12 Et voilà, on s'est très bien entendus.
04:14 Puis il a un rapport physique aussi à la vie.
04:16 Il faisait du sport.
04:17 Donc je savais que je pouvais le faire danser
04:19 de manière en plus réaliste dans ce personnage de soldat.
04:22 Les deux fugitifs décident de partir vers Los Angeles.
04:25 Vous y avez séjourné, vous, un dix ans, je crois,
04:27 après avoir passé 16 ans à New York.
04:29 Donc quand on réalise son premier film,
04:31 Benjamin, je suppose que c'est bien de placer un peu l'intrigue
04:33 dans des endroits qu'on connaît, qu'on maîtrise.
04:36 Oui, des endroits à qui nous parlent.
04:38 C'est vrai que Los Angeles, c'est une ville mexicaine.
04:41 C'est une ville où on est confronté à l'immigration,
04:43 à ces sujets qui sont difficiles.
04:45 Les déserts, tout ça, c'est des paysages que j'adorais.
04:48 C'était important, effectivement,
04:51 de ne pas aller seulement à long compte,
04:54 d'avoir quelque chose qui soit viscéral en moi.
04:56 Et le sujet de l'immigration, c'est un sujet qui me touche.
04:59 Donc c'était important.
05:00 Vous diriez que ce film, il est politique.
05:01 Il y a un message politique.
05:02 Absolument.
05:03 Je pense que l'idée n'était pas de dire
05:06 « je vais faire un film politique ».
05:08 Vraiment, j'ai commencé à penser à Carmen,
05:11 à cette quête de liberté, à cette culture romanzigane
05:16 qui traverse les frontières,
05:18 qui est influencée par des cultures différentes,
05:20 comme elle l'est au Mexique d'ailleurs,
05:22 parce qu'il y a une grande communauté romain au Mexique
05:25 qui s'est installée depuis le début du XXe siècle,
05:27 qui voyage d'ailleurs par camion,
05:29 qui présente des spectacles, des films,
05:31 et qui s'est beaucoup inspirée des traditions mexicaines.
05:33 On le sent dans le film,
05:34 surtout dans le rapport à la mort et à la vie.
05:37 Je pense que c'est assez poétique et mystique et magnifique.
05:41 Quand j'ai commencé à penser à cette quête de liberté,
05:43 c'était évident.
05:45 En plus, je voulais qu'il y ait ce chaos au début,
05:47 que les sésamens s'enfuient vers Los Angeles
05:51 en fuyant ce chaos à la frontière.
05:54 Tout ça avait beaucoup de sens.
05:56 Vous avez vu, il y a beaucoup de partitions dansées dans ce film,
05:58 bien sûr.
05:59 Si on évoque votre passion de la danse,
06:00 vous me confirmez que, gamin, Benjamin,
06:02 des stars comme Gene Kelly ou Fred Astaire
06:04 ont pu déclencher en vous,
06:05 susciter cette envie de danser ?
06:07 Absolument.
06:08 Je pense que les premiers films,
06:10 les premières comédies musicales,
06:11 que ce soit Chantons sous la pluie,
06:13 c'est très cliché,
06:15 mais ces films-là sont tellement expressifs, joyeux.
06:20 Fred Astaire avait cette spontanéité incroyable.
06:23 Cette élégance.
06:24 Oui, élégance.
06:25 On avait toujours l'impression qu'il inventait,
06:27 alors qu'il répétait un nombre de fois.
06:30 Je sais que c'était un des plus grands.
06:33 Il était tellement perfectionniste,
06:35 mais il avait cette spontanéité,
06:36 donc bien évidemment.
06:37 Mais c'était aussi des films comme Cotton Club,
06:42 qui a des scènes de danse incroyables,
06:44 comme Soleil de nuit,
06:46 Le tournant de la vie avec Baryshnikov, bien entendu.
06:49 Baryshnikov, oui, je l'ai vu.
06:51 Oui, et là, c'était un très, très grand danseur classique
06:53 qui incarnait quelque chose que je n'avais jamais vu
06:56 alors que je suivais tout ce qui se passait
06:59 à l'Opéra de Paris et tout ça.
07:00 Il y avait quelque chose de tellement incroyable
07:02 dans ce qu'il était capable de faire.
07:04 C'est vrai que c'est à ce moment-là,
07:05 je pense que les États-Unis m'ont fait rêver
07:08 et m'ont appelé.
07:09 Ils sont appelés.
07:10 Vous restez avec nous, Benjamin Milpied.
07:11 On va marquer une petite pause.
07:12 On rappelle que votre film Carmen sort sur les écrans mercredi.
07:15 Petite pause et on revient tout de suite.
07:17 *musique*

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