• l’année dernière
Après Lisa Gardner, Michel Bussi et Bernard Minier, revivez le live de Franck Thilliez sur la page Facebook du « Point » le lundi 5 juin à 18 heures, en partenariat avec le festival Quais du polar.
Notre invité évoquera notamment son dernier livre. Un tueur nécrophile, des miraculés, une flic enceinte dans le coma… Dans « La Faille », la vie ne tient qu’à un fil, que tire Thilliez, interviewé par la journaliste Julie Malaure.

#Polar #QuaisDuPolar #Thilliez #FranckThilliez
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Transcription
00:00 Merci à vous d'être là, de nous accompagner dans ce live exceptionnel avec Franck Thillet,
00:07 donc le live Polar avec Kédu Polar, Le Point et puis la maison d'édition de Franck Thillet,
00:13 Le Fleuve.
00:14 Vous savez pourquoi vous êtes là ? L'excellent volume qui vient de paraître, c'est le
00:20 13ème des Enquêtes, mais là ça frôle l'aventure, entre deux flics que tout le monde connaît
00:27 désormais, Franck Charcot et Lucie Henbel.
00:31 C'est un volume qui décolle très rapidement, on se retrouve tout de suite dans une affaire
00:38 extrêmement glauque, peut-être un meurtre absolument terrible.
00:43 Alors merci, on accueille Franck Thillet, merci d'être avec nous Franck.
00:47 Comment est-ce que ça germe un démarrage de roman comme ça, avec des personnages qu'on
00:51 connaît, c'est plutôt rond, c'est plutôt familier ? Et là vous attaquez, vous nous
00:56 attaquez dans des conditions effroyables.
00:58 Oui bonjour, c'est un plaisir de partager ce petit moment avec vous.
01:02 Alors ce qu'on cherche toujours dans le genre qu'on écrit le Polar assez dynamique, c'est
01:09 vraiment de démarrer avec souvent une ouverture très forte, parce que c'est vrai que les
01:14 lecteurs ont besoin, s'attendent en tout cas à plonger très très rapidement dans
01:19 une histoire.
01:20 Donc c'est d'imaginer un moyen de rentrer directement et très rapidement dans une enquête
01:26 sans présentation, vraiment dans le dans le vif du sujet.
01:30 Et là effectivement ça démarre avec une fin d'enquête quelque part, dont on ignore
01:35 ce qui s'est passé avant, mais la traque d'un criminel qui a déjà été identifié.
01:41 Comme ça on est vraiment dans le vif de l'action.
01:43 Et moi j'aime bien prendre mes personnages que les lecteurs connaissent effectivement
01:49 dans une action comme ça, dès le début.
01:50 Et après, on se pose juste après, on prend le temps des présentations après, mais c'est
01:55 vrai que c'est un peu comme pour les séries.
01:57 Quand vous démarrez une nouvelle série, il y a toujours une scène très forte au début
02:02 pour donner envie de voir la suite.
02:06 Et donc voilà, c'est de cette manière là que j'ai imaginé le démarrage de La Faille.
02:11 On peut la raconter, enfin on peut parler un petit peu de ce premier meurtre, parce
02:16 que je me dis que vous avez dû recevoir des courriers des lecteurs, des gens horrifiés
02:21 en se disant "ça n'existe pas, ils inventent des horreurs".
02:24 Racontez-nous, alors on est dans les bois, c'est ce que tout le monde aime.
02:27 Oui, oui, en fait ça démarre par le début d'une interpellation, c'est-à-dire qu'en
02:34 fait Charcot et toute son équipe ont identifié un criminel qui est un criminel nécrophile,
02:40 c'est-à-dire que c'est un criminel qui aime la mort et qui aime les cadavres, désolé.
02:47 Et donc ils sont prêts à l'interpeller, puisque ce criminel-là a laissé un corps
02:55 dans un bois, effectivement, qu'il avait enterré.
03:00 Il a été localisé par l'équipe, qui est planqué quelque part, et l'équipe se dit
03:05 que ce tueur, en tout cas pour l'interpeller, se dit qu'il va revenir.
03:09 Il va revenir sur les lieux, parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils prenaient pour
03:12 habitude de déterrer ce corps avec cette notion un peu de fétichisme du cadavre.
03:18 Donc ils sont cachés, effectivement le type revient, et c'est comme ça qu'ils détectent
03:23 ce personnage, grâce à la planque d'immatriculation.
03:26 Et ensuite, dans une deuxième phase, il y a cette fameuse interpellation qui va se
03:31 produire.
03:32 Donc voilà, ça démarre par ce que je disais juste avant, c'est vraiment la fin d'une
03:37 enquête dont on ignore les investigations, parce que ce n'est pas elle au cœur du
03:41 sujet, mais c'est un moyen de partir immédiatement et de mettre Charcot et son équipe en difficulté
03:48 très rapidement, dès le début du roman.
03:51 Absolument.
03:52 On est quand même à la treizième enquête avec eux.
03:58 Je me suis demandé de prime abord, parce qu'on peut très bien ne rien avoir lu et
04:02 puis démarrer directement par celle-ci, il n'y a aucun problème.
04:05 Elle tient toute seule.
04:06 Simplement, comment est-ce que vous vous faites ? Et puis, est-ce que vous avez l'idée
04:12 et vous raccrochez vos personnages fétiches sur votre idée de roman ? Ou est-ce qu'au
04:17 contraire, vous vous dites « tiens, je vais ressortir du tiroir mes deux enquêteurs et
04:23 face à quoi je vais les mettre ? »
04:24 Oui, il y a un peu des deux.
04:26 C'est-à-dire qu'évidemment, chaque livre, c'est une nouvelle enquête, et souvent
04:30 c'est une grosse enquête complexe qui demande pas mal de travail.
04:33 Il faut déjà imaginer autour de quoi va tourner cette enquête.
04:39 Et là, en l'occurrence, pour La Faille, j'ai eu cette idée de prendre comme gros
04:44 sujet la mort et en me disant « je vais creuser ce sujet et voir comment je peux intégrer,
04:50 en tout cas en faire une enquête policière ».
04:53 Et après, il y a un deuxième point, c'est de développer toute l'âge des personnages,
05:00 c'est-à-dire ce qui va leur arriver dans le livre.
05:03 C'est vrai qu'aujourd'hui, les lecteurs qui connaissent bien ces personnages ont
05:08 envie qu'il se passe du drame, de la dramaturgie dans le roman, et il faut que les personnages
05:17 soient transformés par l'histoire qu'ils vont vivre.
05:20 Ils entrent dans un certain état dans le livre, psychologique, mental, de travail.
05:28 En tout cas, moi j'essaie de faire qu'ils ressortent transformés, donc différents,
05:33 en positif ou en négatif.
05:35 Mais en tout cas, le livre, l'histoire va les transformer.
05:38 Donc, il faut aussi imaginer le moyen de les transformer.
05:41 Et souvent, ça se mélange le thème.
05:45 Là, le thème de la mort, je l'ai creusé pour l'enquête, mais je me dis comment
05:49 il peut aussi toucher mes personnages encore plus forts que d'habitude.
05:56 C'est comme ça que j'arrive à entremêler ce qui est purement de l'enquête, ce qu'on
06:02 aime quand on lit ce genre de livre, on a envie de savoir ce qui va se passer dans une
06:05 enquête, qui est le criminel, comment ils vont essayer de l'attraper.
06:09 Après, il y a toute la partie presque d'enquête autour des personnages, de savoir ce qui
06:14 va eux leur arriver dans leur propre vie, dans leur vie personnelle.
06:18 Et le livre, finalement, c'est un mélange des deux, d'alternance entre ce qui est purement
06:25 de l'enquête et ce qui est purement de la vie personnelle des personnages.
06:31 Et alors justement, cette vie personnelle, vous arrivez avec…
06:35 Finalement, on a des personnages qui ont un sacré bagage.
06:37 Donc, on a Franck, il a ou il va avoir 60 ans, je ne sais plus.
06:45 Au départ, Lucie, c'était sa collègue, et puis c'est devenu son épouse, il a eu
06:50 des enfants.
06:51 Ils ont des casseroles pas possibles.
06:52 Au fil des livres, comment est-ce que vous accumulez cette graisse, cette chair autour
06:59 des personnages ? Parce que j'imagine que vous leur faites une évolution psychologique
07:04 idoine.
07:05 Oui, ce sont des personnages qui vieillissent en même temps que nous.
07:11 Franck Charcot, je l'ai créé il y a quasiment 20 ans.
07:15 Il avait 43 ans, il en a 60 effectivement.
07:20 C'est un personnage qui m'accompagne depuis 17, 18 ans.
07:25 Et Lucienne Belle, c'est pareil.
07:28 Donc, comme dans la vraie vie, ces personnages-là, au fur et à mesure de leur évolution, vont
07:34 accumuler de l'expérience et de la vie, tout simplement.
07:37 Ils ont cette particularité, effectivement, d'avoir un parcours un peu plus sombre que
07:43 chacun d'entre nous.
07:44 En tout cas, je souhaite que notre parcours soit un peu plus coloré que le leur.
07:48 C'est ce qui fait un peu leur spécificité, c'est cette capacité qu'ils ont à affronter
07:54 le pire.
07:55 Parce que c'est vrai que quand on regarde livre après livre tout ce qu'ils traversent,
08:00 alors si ce n'était que dans les enquêtes, on peut se dire que c'est un peu le métier
08:04 de tous les policiers de traverser ça.
08:08 Ça fait partie du métier, cette violence, ce rapport à la mort.
08:12 Mais eux, effectivement, ils sont touchés par des drames psychologiques très forts
08:18 et très profonds qui vont les toucher eux, qui vont toucher leurs proches, leurs collègues.
08:22 Et c'est vrai qu'ils ont un parcours complexe, mais je pense que ce qui les rend finalement
08:28 très forts et attachants, c'est qu'à chaque fois, ils réussissent à se relever.
08:33 Et puis, ce qui donne aussi intérêt au livre, finalement, c'est que quand on est lecteur,
08:39 on ne sait pas jusqu'où l'auteur que je suis va être capable d'aller.
08:44 Parce qu'il y a certains auteurs dont on sait que même si les personnages sont très
08:50 en danger, ils finissent toujours par s'en sortir.
08:52 Mais là, c'est vrai que dans certains livres, quand j'ai eu des personnages en danger,
08:58 si le lecteur se dit qu'il va s'en sortir, en fait, le personnage disparaît, meurt ou
09:03 a de graves problèmes.
09:05 Et ça rajoute, je trouve, un suspense parce qu'on ne sait pas comment va se terminer
09:11 le roman.
09:12 Donc voilà, c'est un peu comme ça que j'arrive à manipuler ces personnages qui
09:20 prennent vraiment cher, je trouve.
09:22 Pour moi, ça fait très longtemps qu'ils existent, mais aussi chez le lecteur, c'est
09:27 vrai que quand il m'en parle, quand on se rencontre à des dédicaces, il me parle d'eux
09:33 comme si c'était des gens de leur environnement, des proches, des amis.
09:38 Et donc il me dit, j'ai quand même une petite responsabilité, il faut que je fasse
09:42 attention.
09:43 C'est très étrange parce que ce sont des personnages de papier, mais je me dis, on
09:47 ne peut pas vraiment faire n'importe quoi avec ces personnages parce qu'il y a beaucoup
09:51 de liens qui sont attachés et que quand on fait mal aux personnages, quelque part, on
09:55 peut aussi faire mal un peu au lecteur.
09:57 Absolument.
09:58 Et là, en l'occurrence, c'est un personnage secondaire mais récurrent.
10:02 Vous en rayez un de la carte, on peut dire.
10:04 Est-ce qu'il y a eu pour ce livre aussi un courrier des lecteurs, les rencontres que
10:09 vous faites aujourd'hui en librairie ou dans les salons ? Est-ce que le lecteur grogne ?
10:15 Non.
10:16 Effectivement, je fais des rencontres très souvent depuis début mai.
10:23 Donc, je rencontre beaucoup de lecteurs qui l'ont déjà lu, qui viennent me voir, qui
10:27 ont lu le livre.
10:28 Il y a vraiment de bons retours de lecture parce qu'en fait, les lecteurs se sont immergés
10:37 dans cette histoire vraiment très fortement et ont ressenti beaucoup d'émotions.
10:44 C'est-à-dire que d'habitude, dans mes romans, l'émotion qui prédomine, et c'est ce que
10:49 je cherche à faire, c'est toujours l'émotion de la peur.
10:51 C'est l'écrit du thriller et donc on privilégie cette émotion-là de la peur, l'angoisse,
10:58 l'adrénaline.
10:59 Mais c'est vrai que là, ça va taper sur un autre registre d'émotions autour de certaines
11:06 formes de tristesse, de résignation, d'espoir aussi.
11:09 Parce que quand il y a la tristesse, il y a toujours l'espoir en face de se dire…
11:13 Mais il y a toujours cette petite flamme.
11:15 Et donc oui, il y a des…
11:18 Pour résumer un peu, c'est que les lecteurs me disent « Ah, mais vous avez réussi à
11:21 me faire pleurer dans ce livre.
11:23 Il y a eu la petite larme qui coule.
11:24 Même des hommes me disent ça.
11:26 » Donc c'est très…
11:27 On ne les voit pas souvent pleurer les hommes.
11:29 Donc je les imagine un peu tout seul dans leur coin en train de pleurer avec le roman.
11:33 Mais c'est vraiment ce que je voulais faire.
11:34 Moi, je trouve que quand on est lecteur et qu'un livre, une histoire réussisse à
11:40 susciter des émotions comme celle-là, encore une fois, comme il y a la bonne peur, c'est
11:45 une bonne peur qu'on sent, je trouve que ce sont de bons pleurs.
11:47 C'est-à-dire que c'est un chagrin qui est plutôt positif, parce que ça veut dire
11:53 qu'on aime ces personnages et qu'on se dit « Bon, ben voilà, ils ont traversé
11:57 tout ça, mais il y a quand même une note d'espoir dans le livre.
12:01 On ne peut pas la remoyer tout le long du livre.
12:03 » Mais c'est vrai qu'il n'est plus tout le temps parce qu'il y a ce rapport,
12:06 effectivement, à la mort qui est là et qui nous touche tous.
12:11 Forcément, ça nous parle.
12:12 Donc ça exacerbe toutes nos émotions.
12:14 Vous abordez la mort.
12:18 En fait, ce qui est paradoxal, c'est qu'évidemment, dans un polar ou un thriller,
12:21 la mort, c'est la condition absolue.
12:23 Je veux dire, il n'y en a pas vraiment qui échappe à cela.
12:26 Là, vous en faites une matière.
12:28 On est quasiment dans un débat de société.
12:31 Vous arrivez à croiser la fiction, l'enquête et puis tout ce qu'on a pu voir dans les
12:37 journaux ces dernières années.
12:38 La question de la vie, combien de temps on maintient, dans quelles conditions, etc.
12:43 La question de la fin de vie.
12:45 Est-ce que c'est la première fois que vous greffez quelque chose d'aussi concret,
12:50 réel ? Et puis voilà, une question sociétale sur de la fiction qui, par ailleurs, de toute
12:56 façon, brasse la question de la mort.
12:58 Ça vous est venu comment de mettre cette gravité dans un roman ?
13:03 Oui, ça vient du sujet en lui-même.
13:06 C'est-à-dire que quand j'écris des histoires avec Sharko et N'Bel, je prends toujours
13:09 un gros sujet de fond très humain, qui nous touche tous.
13:15 J'ai des sujets autour de la mémoire, des virus, des grèves d'organes, donc vraiment
13:21 des choses assez charnelles.
13:23 Et le thème de la mort, j'avais envie de creuser dans toutes ces dimensions.
13:28 Il y a la dimension scientifique de ce sujet, mais quand on écrit sur ce thème-là, on
13:34 ne peut pas passer à côté de la dimension éthique de la mort, du rapport à la mort,
13:39 des questions qu'on peut se poser autour de la fin de vie, de tous ces débats qui
13:43 existent.
13:44 Et ça a été une des conditions, d'ailleurs, c'est ce qui m'a donné envie d'écrire
13:47 autour de ce sujet-là.
13:49 Et donc, je me suis dit qu'il faut que je réussisse à soulever toutes ces questions
13:55 très d'actualité dans le livre, ne pas privilégier que l'enquête où la mort est
14:01 évidemment présente, mais réussir à développer justement ces interrogations qu'on peut
14:04 avoir autour des débats qui existent autour de la fin de vie.
14:09 Alors évidemment, j'avais en tête, avant de m'ensigner sur le sujet, l'affaire
14:13 Vincent Lambert, par exemple, que tout le monde connaît.
14:17 Ce n'est pas une affaire, c'est en tout cas le cas très complexe, un cas qui a duré
14:23 comme ça plus de dix ans de justice délirante autour de cet homme dont les familles se sont
14:33 déchirées, c'était abominable.
14:35 Et avant, il y avait eu Vincent Imbert qui est à l'origine quelque part de la loi Leonetti.
14:40 Et tout ça était en fait, avant que je creuse le sujet, j'en avais entendu parler,
14:44 c'est très flou dans ma tête, je me suis dit, mais c'est quoi la mort ? C'est quoi
14:48 la loi Leonetti ? Ces machines, qu'est-ce qu'on a le droit de faire, de ne pas faire ?
14:52 Qu'est-ce qui se passe si ? Et donc, je me suis dit, il y a vraiment des choses à creuser
14:57 et à expliquer au lecteur, d'abord à moi-même, parce que c'est vrai que j'ai eu, quand
15:03 j'ai commencé à creuser un peu ce qu'était la mort, je me suis dit, mais finalement,
15:06 ce n'est pas aussi simple qu'il me paraît, la définition de la mort, ce que c'est scientifiquement,
15:11 ce qu'elle représente.
15:12 Et après, évidemment, en essayant d'imaginer un cas moi-même, en me disant, je vais essayer
15:18 d'imaginer un sujet éthique très fort où il y aura un déchirement aussi entre deux
15:24 parties, parce qu'il fallait ce déchirement pour pouvoir montrer quelque part qu'aujourd'hui
15:29 encore, on a beaucoup de difficultés à répondre de manière individuelle à chaque cas.
15:37 C'est-à-dire qu'en fait, les lois, elles existent, la loi Leonetti, qui est contre
15:43 l'affairement thérapeutique et qui autorise au corps médical de débrancher quelqu'un
15:48 qui n'a plus d'espoir de revenir.
15:49 Mais en fait, la loi est globale, et dans sa globalité, elle ne marche pas pour certains
15:55 cas individuels, elle est complètement, parfois aberrante, parfois complètement inutile.
16:00 Et donc, il fallait que je trouve ce cas qui permette de mettre ce sujet sur la table
16:06 et aussi de l'intégrer, encore une fois, dans la vie de mes personnages et dans l'enquête
16:10 que je suis en train d'écrire.
16:12 Oui, justement, il y a toute cette… parce qu'on est attaché au personnage, donc on
16:18 est effectivement très impliqué.
16:20 Et de l'autre côté, il y a la veine, j'ai envie de dire, plus frontillée, c'est-à-dire
16:24 qu'on explore la version scientifique, un petit peu saupoudrée de fantasmes, toujours,
16:31 qu'on aime chez vous, c'est-à-dire c'est les possibilités.
16:33 Donc là, tout part effectivement d'un cadavre qui est enterré, déterré, et puis d'une
16:39 prothèse dans ce cadavre qui va permettre de remonter, de créer la véritable enquête
16:44 policière qui, elle, tourne autour d'une séroplasticienne.
16:47 D'abord, vous allez nous expliquer ce que c'est que ça et comment vous avez dégoté
16:50 ce métier.
16:51 Et puis ensuite, voilà, ce personnage de séroplasticienne qui s'appelle Emma Doty,
16:55 vous allez la mettre en configuration, j'ai envie de dire, telle qu'on a l'habitude
17:00 dans vos romans, donc face aux possibilités scientifiques, effectivement, de la mort,
17:06 ce que c'est ou pas ce que c'est.
17:07 Alors déjà, c'est quoi séroplasticienne ?
17:09 Oui, alors ça, c'est venu en faisant justement les recherches, en creusant ce sujet de la
17:14 morte, de fond en comble, je trouve, je tombe sur ce genre de métier devenu très rare,
17:20 parce que séroplasticienne, c'est à la fois un artiste et quelqu'un de très fort
17:26 médicalement, c'est-à-dire qui a une connaissance parfaite de l'anatomie humaine.
17:31 Ce sont les personnes qui font les moulages qu'on peut retrouver dans les écoles de
17:36 médecine ou dans les musées, les musées de médecine.
17:38 Vous savez, ces bustes, ces têtes qui sont en cire et dont on voit l'intérieur, enfin
17:46 tout ce qui est les nerfs, les muscles, on a tous vu ça un peu quand on était au lycée.
17:52 Alors au lycée, c'était plutôt les plaques sur les tableaux, les plaques anatomiques,
17:58 mais là c'est vraiment en trois dimensions, des espèces de statues en cire comme ça.
18:01 Donc c'est le métier, effectivement, d'un des personnages phares du livre, celle en
18:09 fait dont l'un des os se retrouve dans la victime de ce fameux nécrophile, victime
18:16 anonyme du nécrophile qui est retrouvé dans les bois, et à qui Farcot va vouloir
18:20 rendre une identité.
18:21 C'est-à-dire que lui, en fait, il y a un fiasco au début, le criminel qu'il poursuivait
18:26 se fait écraser par un train, donc il n'aura jamais ses réponses.
18:29 Et Farcot, lui, va vouloir à tout prix identifier ce corps, parce que souvent dans les enquêtes
18:35 policières, il y a des corps qui sont anonymes, on ne sait pas qui c'est.
18:38 Lui, il va vouloir rendre une identité par souci de justice à ce corps, et pendant l'autopsie
18:43 de ce corps, il se rend compte que ce corps a une prothèse, un os, enfin une prothèse,
18:50 alors je ne sais plus c'est le…
18:52 C'est le col du fémur ?
18:54 Le col du fémur, oui, c'est ça.
18:56 Un classique.
18:57 Cette prothèse-là, et par analyse, on va se rendre compte que cette prothèse appartient
19:02 à cette fameuse séro-plasticienne qu'il va essayer de retrouver, parce qu'après
19:06 il faut réussir à la retrouver, et c'est là que va faire démarrer toute l'enquête
19:11 autour de ce sujet incroyable de la mort, qui va l'emmener très très loin encore
19:16 une fois.
19:17 Alors voilà, s'il y en a qui veulent quitter cette vidéo, cette session, parce qu'on
19:22 va aborder le thème quand même aussi du livre, sans tout déflorer, il est question
19:28 des expériences de mort imminente, qui vous explorez.
19:33 On pense évidemment à Shelley, à Marie Shelley, etc.
19:38 Et puis moi je me souviens du film qui m'avait extrêmement marquée, mais vous aussi, on
19:41 est à peu près de la même génération, L'expérience interdite, en 1990, avec ces
19:46 étudiants qui partent et qui reviennent, qui vont effectivement explorer les frontières.
19:51 Ça vous fascine, ça ? Est-ce que vous tenteriez, vous, d'aller voir ce qu'il y a au bout
19:56 de la lumière et de revenir ?
19:57 Alors, pas vraiment, parce que les conditions dans lesquelles ils y vont, c'est un peu
20:02 risqué.
20:03 Mais oui, les EMI, les expériences de mort imminente, c'est l'un des sujets du livre.
20:09 Ce n'est pas tout le livre, c'est vraiment une partie, c'est une des branches de l'enquête
20:15 que Charcot va mener.
20:16 C'est un sujet qui m'intéresse depuis très longtemps, le lit des articles sur ce
20:21 sujet.
20:22 Évidemment, il y a beaucoup de recherche scientifique aussi de nos jours autour de
20:26 ces expériences, où on essaye de comprendre d'où elles peuvent venir.
20:30 On estime qu'elles viennent de l'intérieur même du cerveau.
20:35 Donc, expérience de mort imminente, quelqu'un a un arrêt cardiaque, a priori il est décédé,
20:39 sauf qu'il revient parce qu'on arrive à le faire revenir.
20:41 Et quand la personne se réveille, elle raconte avoir vécu une expérience incroyable, alors
20:47 qu'elle était complètement inconsciente de tunnels blancs, de voir des défunts, ce
20:51 genre de récits qui, si on ne se colle pas à la science, dirait que peut-être après
20:59 la mort, il y a quelque chose en fait, c'est-à-dire qu'il y a une conscience qui se balade et
21:03 qui voit des choses.
21:04 Donc, c'est fascinant.
21:07 Je me suis ouvri, je me suis intéressé à ce sujet, creusant évidemment le thème
21:12 de la mort.
21:13 Après, il fallait aussi trouver le moyen de faire différemment, parce que c'est un
21:17 sujet qui est bien connu, qui a déjà été utilisé dans les romans, c'est comme l'amnésie,
21:24 c'est-à-dire que ce sont des sujets porteurs de bonnes histoires, parce que c'est assez
21:29 fascinant.
21:30 Mais voilà, je voulais vraiment faire différence.
21:32 C'est une partie du livre, il y a beaucoup d'autres choses qui sont explorées.
21:37 Mais voilà, je me suis rapproché des dernières recherches, et en gardant aussi, évidemment,
21:44 cette notion de fantasme.
21:45 Et puis oui, l'Expérience Interdite, c'est un des films que j'adore, c'est un de mes
21:51 films cultes.
21:52 - C'est Joël Schumacher.
21:53 - Oui, oui, il est fascinant.
21:54 Je croyais qu'il y avait Kevin Bacon qui fait "Au revoir, je crois" dans le film.
22:01 - Absolument.
22:02 - Que j'ai revu d'ailleurs pour le livre.
22:05 Et j'avais adoré cette ambiance, et puis cette exploration d'essayer d'aller voir
22:13 ce qu'il y a derrière.
22:15 Il y a ça, et puis aussi dans les influences, il y a "Destination Finale", je ne sais pas
22:19 si...
22:20 Il y a toute une série de films.
22:21 Et j'avais trouvé l'idée à l'époque vraiment géniale de gens qui réchappent à la mort,
22:27 et la mort continue à s'acharner sur eux, c'est-à-dire qu'à un moment donné, elle
22:29 les rattrape et elle les élimine.
22:32 Donc il y a un mélange de tout ça.
22:33 Mais c'est toujours de cette manière-là que je construis mes livres, c'est-à-dire
22:37 toutes les recherches que je vais faire et que je vais pouvoir trouver dans la documentation.
22:43 Mélange d'influences, mélange de lectures, et puis toute une part d'invention, évidemment,
22:49 pour relier tout ça, parce que c'est l'une des grosses parties du travail, c'est de réussir
22:54 à relier tous ces différents domaines qui parfois peuvent être assez éloignés les
22:59 uns des autres, pour en faire une intrigue unique, qui tienne la route et qui ne perd
23:07 pas non plus le lecteur dans sa lecture.
23:11 Non, mais voilà, mais là je dois dire que vous avez fait un ensemble extrêmement cohérent.
23:15 Je l'ai dévoré jusqu'à la fin et je me demandais, vous mettez en place un processus
23:21 pour vivre une expérience de mort imminente.
23:24 Est-ce que ça fait partie des recherches scientifiques ou est-ce que c'est du ressort
23:28 de la fiction pure ?
23:29 On ne sait pas, parce qu'en fait, on peut toujours se dire qu'il y a des scientifiques
23:35 vraiment… il y a les lois et puis la science qu'on voit, puis après il y a les scientifiques
23:39 un peu dans leur labo qui tentent des choses et puis on ne sait pas jusqu'où ils sont
23:43 capables d'aller.
23:44 Je citerai par exemple Elon Musk, alors je ne dis pas qu'il n'a rien à voir avec
23:49 ce que j'ai écrit, mais on en parle beaucoup en ce moment avec sa société Neuralink qui
23:56 met des puces, qui fait des expériences et des essais en ce moment sur des puces branchées
24:00 dans le cerveau pour, par la pensée, contrôler des gestes, contrôler des ordinateurs.
24:06 Il l'a fait avec des singes, il y a eu pas mal d'articles récemment.
24:08 Donc, Neuralink, sa société, elle est très très secrète, on ne sait pas ce qui se passe
24:13 à l'intérieur.
24:14 Évidemment, on passe avec des gens, on se dit ça, mais après dans les polars, on peut
24:19 extrapoler et puis on peut se dire qu'il y a toujours quelques scientifiques un peu
24:23 barrés qui vont franchir les frontières, mais ça existe dans le vrai monde.
24:27 De temps en temps, il y en a un qui se fait prendre et je cite les sources à la fin du
24:35 livre parce que moi, quand j'ai fait ces recherches autour de la mort, j'ai découvert
24:41 des choses où je me dis que ce n'est pas possible, c'est irréel alors que ça existe.
24:44 Et je voulais, donc j'en ai fait une fiction, évidemment, mais je voulais que les lecteurs,
24:50 en sortant du livre, ne se disent pas leurs si c'était une fiction.
24:53 Donc, j'ai mis les références, on peut trouver ça, où il y aurait les notes à la fin et
24:58 puis dans un endroit où vont les personnages à un moment donné qui est absolument abominable
25:04 et où on se dit mais là, il exagère un peu.
25:06 Et en fait, on se rend compte à la fin du livre que cet endroit existe et je pense quand
25:10 même que j'adoucis la réalité.
25:13 Et c'est ce que j'aime bien faire, c'est-à-dire c'est créer une fiction parfois extrême
25:20 où on se dit, on est vraiment dans l'imaginaire et dans ce qui ne pourra jamais arriver à
25:25 partir d'éléments qui, pris séparément, sont tous réels.
25:28 En fait, ce qui crée la fiction, c'est la manière dont je vais rejoindre avec mon enquête
25:32 et mes personnages.
25:33 Mais chaque bloc pris indépendamment, finalement, c'est de la réalité et c'est ce qui existe
25:39 dans notre société.
25:40 - Et ça, est-ce que, je ne veux pas dire que ça fait partie du job, mais est-ce que
25:46 vous avez le sentiment que le roman est bon quand vous arrivez à vous dire que justement
25:51 vous allez prolonger l'angoisse bien au-delà de la fermeture du livre ?
25:55 - Oui, oui.
25:56 Alors moi, quand j'écris, dans la vingtaine de livres que j'écris, j'ai toujours eu
26:02 du mal à savoir pendant l'écriture.
26:04 Alors, je pense, je me dis toujours, le roman va être bon parce que je me suis lancé,
26:09 j'ai trouvé le sujet, puis je me dis ça va fonctionner parce qu'en écrivant, on
26:14 se laisse prendre.
26:15 Mais là, pour la faille, j'ai vraiment ressenti quelque chose de très particulier.
26:19 A chaque fois que j'avance dans le roman, je me disais, oui, ça marche, ça marche.
26:22 Et même en fait, j'essaie d'imaginer mon histoire avant, mais quand on l'écrit,
26:27 l'histoire, il y a toujours des points de blocage dont on pense qu'on va les résoudre
26:30 et en fait, on a beaucoup de mal.
26:32 Donc, on est obligé parfois de tirer un peu sur le fil pour que ça… d'y aller au
26:39 forceps pour que ça fonctionne.
26:40 Et là, en fait, tout s'est vraiment bien…
26:43 Enfin, il y avait une magie qui se dégageait dans l'écriture, ou par exemple, les scènes
26:47 d'alternance à l'hôpital, pour cette partie éthique, qu'on connaît vraiment
26:51 bien avec ce qui se passait dans l'enquête, au bon moment, avec les personnages et tout.
26:56 Donc, oui, j'ai senti pendant l'écriture qu'il y avait… qu'il y allait avoir
26:59 beaucoup d'émotions et puis que l'enquête en elle-même tenait la route.
27:02 Et en écrivant, en préparant, je me suis dit « bon, je verrai en écrivant si ça
27:07 se passe bien ». Et puis en fait, oui, ça s'est bien passé.
27:10 Donc, là, je l'ai vraiment senti.
27:13 Puis, comme vous aviez dit au début, il y a le sujet effectivement qui colle bien,
27:18 parce que j'avais terminé le livre, qui n'était pas encore sorti.
27:21 Il y a eu tout un tas de sujets, par exemple, autour de l'affaire Pierre Palmade, ce
27:27 fameux fœtus où on a révélé aux gens que le fœtus n'avait pas de statut juridique,
27:35 parce qu'il n'est pas encore un être humain.
27:37 Ça, je pense que les gens ne savaient pas, en fait.
27:39 Et moi non plus, avant de faire mes recherches, je ne savais pas.
27:41 Et j'en parle dans le livre de ce statut complètement hallucinant de fœtus qui, tant
27:46 qu'il n'a pas respiré, tant qu'il n'est pas sorti du ventre, vivant, est encore considéré
27:50 comme une espèce d'objet ou de pièce rapportée à l'intérieur du corps de la femme.
27:57 Donc, il y a eu aussi ça, c'est-à-dire des éléments de notre présent qui ont mis
28:06 le livre dans une actualité encore plus forte.
28:08 - Et alors, de manier la mort comme ça, c'est la condition d'un bon polar, la mort est
28:17 là, mais de tuer un de vos personnages.
28:20 Est-ce que ça vous a laissé envisager un jour de pouvoir tuer Frank ou Annabelle ?
28:27 Quitte à les faire revivre, un coup de…
28:31 - Oui, c'est comme on fait à Conan Doyle avec Sherlock Holmes.
28:37 Le jour où je fais ça, je pense que je vais me dire « je ne sors plus jamais, parce que
28:40 les lecteurs vont m'attraper.
28:43 C'est pas mal si j'ai besoin de repos ».
28:45 Non, alors non, en fait, moi je fonctionne vraiment par livre par livre.
28:52 C'est étrange, mais je ne connais pas le destin de mes personnages.
28:56 C'est-à-dire que là, j'ai fini la faille, je ne sais pas dans un prochain livre comment
29:01 je vais reprendre Sharko, Annabelle, est-ce qu'il va leur arriver ? Enfin, toute l'équipe.
29:05 C'est vraiment au moment où je me pense sur le livre, peut-être que ça dépend aussi
29:09 du sujet, où je me dis « il va se passer ça », et je trace leur parcours de vie
29:13 dans le livre à ce moment-là.
29:14 Mais après, voilà, je vous parlais tout à l'heure que les gens les aimaient beaucoup,
29:21 etc.
29:22 Pour l'instant, non, je n'ai pas cette creuilloté encore de m'en prendre à mes
29:28 personnages.
29:29 En tout cas, c'est de là, mes deux personnages principaux qui ont quand même traversé des
29:32 épreuves très complexes et dont je me dis peut-être un jour, non très longtemps, qu'ils
29:39 auront droit quand même à une vie apaisée et heureuse.
29:42 Peut-être que c'est comme ça que ça se finira, genre série qui finit bien.
29:46 La retraite.
29:47 Oui, la retraite, peut-être pas, parce que dans quatre ou cinq ans, ça serait fini.
29:54 Mais en tout cas, un droit d'être heureux parce qu'ils auront accompli leur mission
30:00 depuis toutes ces années.
30:02 Très bien.
30:03 En tout cas, on sait que vous êtes capables de n'importe quoi.
30:06 Sharko et Annabelle, on en profite tant qu'ils sont là.
30:08 Oui, c'est ça.
30:09 Alors Lafay, Fleuve, qui vient de sortir, qui est disponible et qui est très haut placé,
30:17 j'ai vu, dans les ventes.
30:18 Il est dans les meilleures ventes déjà.
30:20 Et puis, Olive de Poche, Labyrinthe, celui de l'an dernier, qui paraît, c'est chez
30:24 Pocket.
30:25 Donc, on vous conseille.
30:26 Merci beaucoup.
30:27 Merci, Franck Thillier.
30:28 À très bientôt.
30:29 C'était un plaisir.
30:30 À bientôt.
30:31 Au revoir.

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