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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 - Bonjour Média avec Philippe Vandel et avec votre invitée jusqu'à 11h Philippe.
00:03 - Bonjour Marc Duguin.
00:04 - Bonjour Philippe Vandel.
00:05 - Écrivain, plus de 3 millions de lecteurs, ça aussi c'est un méga best-of depuis votre
00:08 premier roman "La Chambre des Officiers".
00:10 Plus de 20 prix littéraires sous 250 000 exemplaires vendus, c'est devenu un film couronné
00:14 par deux Césars.
00:15 Je cite aussi la malédiction d'Edgar qui m'a beaucoup frappé sur Edgar Hoover.
00:20 Réalisateur de films aussi "L'échange des princesses" et puis Eugénie Grandet où vous
00:23 revisitiez Balzac.
00:24 Mais votre actualité c'est un roman.
00:27 Il s'appelle "Tsunami", c'est publié par Albin Michel.
00:30 Ce n'est pas un roman d'anticipation et pourtant vous avez anticipé beaucoup de choses dans
00:34 notre vie politique alors que vous l'aviez écrit il y a un an et demi à commencer par
00:39 une vague sans précédent de manifestation même si ce n'est pas le cœur de l'histoire
00:42 du tout.
00:43 - Non ce n'est pas le cœur de l'histoire.
00:45 En fait quand je me suis mis à écrire ce livre, c'est assez marrant d'ailleurs la
00:49 façon dont ça s'est passé parce que je venais d'écrire un roman et que j'ai donné
00:53 à personne, qui n'a été publié par personne pour l'instant, que personne d'autre que
00:57 moi l'a lu et j'en suis à la fois content ou pas content donc pour l'instant il est...
01:02 Et je me suis dit bon qu'est-ce que je vais faire maintenant puisque je ne vais pas faire
01:05 la promo du roman puisqu'il ne sort pas.
01:07 Et puis il m'est venu cette idée de me mettre dans la tête d'un président à un moment
01:11 donné évidemment avec...
01:13 Je veux dire c'est le reflet de...
01:16 Je veux dire ce livre est le reflet de mes inquiétudes sur la démocratie, sur son fonctionnement,
01:21 sur...
01:22 - Sur l'état de la planète.
01:23 - Sur les GAFA qui nous fliquent.
01:25 - Sur les GAFA, sur la question du climat, sur évidemment toutes ces problématiques
01:30 qu'on connaît mais que j'ai ordonné dans un sens qui est assez personnel, qui est
01:34 celui peut-être un peu de mes intuitions et de mes angoisses aussi.
01:39 - Et quelles intuitions ? Alors c'est un portrait, c'est le portrait d'un président élu un
01:43 peu par surprise que personne n'avait vu venir.
01:45 Alors là on pense au Macron de 2017 mais il emprunte à beaucoup de présidents.
01:49 Ce n'est pas un roman à clé sur Macron, il veut supprimer le Sénat comme certains
01:52 y avaient songé auparavant, je crois Sarkozy ou Chirac.
01:55 Il y a une histoire de vie privée, on pense à la fille cachée d'Edmitterand, on pense
01:58 à Hollande parce qu'il est en ménage avec une journaliste mais le coup bas de l'aile.
02:01 Mais aussi c'est furieusement moderne, il doit son élection au GAFAM.
02:06 C'est raconté du point de vue du président qui a fait fortune dans les start-up, qui
02:11 a trouvé une technique pour rajeunir les cellules.
02:13 Donc là encore on est à fond dans l'actu, juste un détail, pourquoi vous faites prendre
02:16 de la cocaïne au président ?
02:17 - Parce que je m'imagine être président aujourd'hui c'est quand même être le réceptacle
02:28 de 70 millions des problèmes de 60 millions de personnes.
02:32 - Et quand ça va passer pour lui ?
02:34 - C'est d'ailleurs la fonction en elle-même, c'est une fonction cinglée.
02:37 Comment est-ce qu'on peut donner autant de responsabilités à une seule personne, se
02:42 décharger de nos responsabilités sur une seule personne ?
02:45 Et comment cette personne fait pour gérer ça, pour dormir, pour trouver les stimulants ?
02:52 - On ne va pas se lancer là dans un débat constitutionnel, mais dans l'idée du général
02:56 de Gaulle, le président était au-dessus, il était élu pour 7 ans et puis le Premier
02:59 ministre dirigeait avec le Parlement.
03:00 Et maintenant c'est le président qui préside, depuis l'hyper-président, depuis Sarkozy.
03:03 Donc maintenant tout est pour lui.
03:05 Maintenant le président lui-même est arrivé à portée de BAF et c'est aussi ce que vous
03:08 racontez.
03:09 - Oui c'est la question de l'omniprésident, du super-président de l'omniprésident.
03:15 Au départ, vous avez raison, dans la constitution de 58, il y avait l'idée d'un président
03:20 au-dessus des partis, d'un président qui n'avait pas forcément la majorité au premier
03:24 tour, comme ça a été le cas d'à peu près tous les présidents, enfin de tous les présidents
03:28 qui n'avaient pas la majorité au premier tour, mais qui ensuite se faisaient une majorité
03:31 au second tour.
03:32 Et là maintenant, on a quelqu'un qui n'est pas au-dessus des partis, on a quelqu'un
03:36 qui met les mains dans le cambouis, et on a quelqu'un qui n'est toujours pas majoritaire
03:39 au premier tour, mais qui ne l'est pas non plus au second, mais qui le devient contre
03:43 quelqu'un, et non pas pour ses idées, mais contre quelqu'un, et ce quelqu'un, aujourd'hui
03:47 on sait que c'est le Front National.
03:49 Donc évidemment ça change tout.
03:50 - Et il y a cette phrase prémonitoire, on va avoir tout le monde dans la rue, dit-il,
03:53 et probablement pas de majorité au Parlement, on se prépare un cauchemar, c'est dans votre
03:58 livre, vous l'avez écrit il y a un an et demi, et c'est ce qu'on vit maintenant, Marc
04:01 Duguin est l'invité de Culture Média sur Europe 1, à tout de suite.
04:04 - Culture Média sur Europe 1 jusqu'à 11h avec Marc Duguin, réalisateur, scénariste,
04:10 mais aussi auteur, avec Tsunami qui vient de paraître, Michel.
04:14 - Non, il vient pas de paraître, il est paru il y a plusieurs semaines, et vous nous disiez
04:18 que ça marche très très bien.
04:19 - Oui, ça marche très très bien, encore mieux que ce que je faisais avant, et je pense
04:24 que c'est parce que ça touche aussi à la fois le monde politique, l'actualité, et
04:28 puis je crois que c'est ça qui est intéressant dans ce pays, c'est qu'il reste un intérêt
04:32 très fort pour la question politique.
04:34 Évidemment pas sous la forme politicienne, parce que ça, ça finit par raser les gens
04:40 et moi le premier, mais sur la vraie question politique, puis la question du pouvoir, parce
04:46 qu'en fait, dans tout ce que je fais, que ce soit dans le cinéma, que ce soit dans
04:49 la littérature, tout tourne autour des relations de pouvoir, que ce soit les pouvoirs entre
04:54 parent-enfant au 18ème siècle, que ce soit les rapports de pouvoir d'un président aujourd'hui,
04:59 et en fait c'est un peu ça qui anime mon travail.
05:03 - Alors ce président a pris conscience du changement climatique, il est absolument pas
05:06 aveugle, il est pas sourd à ce qui se passe, il veut mettre en place une loi, mais cette
05:09 loi, comme on ne l'apprend pas, l'enfer est pavé de bonnes intentions, sans parler des
05:13 effets pervers, ça met le pays à feu, à sang.
05:15 Par exemple, la création d'un revenu universel pour verser aux jeunes, formidable, verser
05:20 aux jeunes par les GAFAM, mais en échange de leurs données numériques.
05:23 Le remplacement du Sénat par une chambre virtuelle, pour générer une sorte de référendum
05:27 permanent, et surtout, la chose qui va peut-être arriver un jour, et quand on voit ce qui se
05:31 passe en Chine, et quand on voit tous les gens qui veulent appliquer le principe polyurpailleur,
05:35 établir, demander à ce qu'on établisse pour chaque individu un bilan carbone personnel,
05:40 le pass environnement individualisé, on pense évidemment au pass sanitaire, et le bilan
05:45 carbone de chacun va ensuite déterminer son niveau d'imposition.
05:49 On n'est pas totalement dans la science-fiction, il y en a qui pensent que c'est une bonne
05:52 idée de faire ça.
05:53 - Bah c'est une possibilité, parce qu'en fait, qu'est-ce qui a manqué jusqu'à maintenant
05:57 pour faire ça ? C'était les outils technologiques, et maintenant les outils technologiques, on
06:00 les a.
06:01 Même, rappelez-vous, les portiques, qui avaient été votés à l'unanimité, de la droite
06:07 à la gauche, et il y a eu la révolte des gilets rouges, on a détruit tous les portiques.
06:11 - Oui, absolument, mais là, ce que je veux dire, c'est que sur la question de l'environnement,
06:15 aujourd'hui on a la capacité pour nous tous autour de cette table, de déterminer notre
06:21 bilan carbone entièrement, c'est-à-dire qu'en fonction de ce qu'on mange, en fonction
06:24 de ce qu'on boit, en fonction de nos déplacements, de nos vacances, de notre hygiène de vie
06:29 en général.
06:30 Donc ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on passe à la responsabilité individuelle.
06:34 C'est-à-dire qu'au lieu de dire aux entreprises "il faut faire des produits qui polluent moins",
06:38 on dit "on s'occupe même pas des entreprises", on dit aux citoyens, qui est avant tout un
06:43 consommateur, il faut bien le dire aujourd'hui, on dit aux citoyens consommateurs "ben c'est
06:48 vous qui allez déterminer les choses, parce qu'en fonction du résultat de votre bilan
06:52 carbone, vous serez plus ou moins imposé".
06:54 - Si on achète un jean par mois ou un par an, ou si on mange de la viande ou non, mais
06:59 il existe déjà des notations dans un pays qui est à la limite de la dictature, qui
07:04 est la Chine.
07:05 Les gens sont notés, s'ils traversent mal au carrefour, ils perdent des points et ça
07:09 peut leur empêcher d'avoir un passeport.
07:11 - Mais ça Philippe, c'est le monde d'aujourd'hui, qui est déjà le monde de demain, et qui
07:15 est déjà le monde d'après-demain.
07:16 - Pas en France.
07:17 - C'est-à-dire qu'en fait, non mais on y va droit, puisque de toute façon la révolution
07:20 numérique, elle nous emmène dans un carcan de surveillance technologique, volontaire
07:26 involontaire, mais c'est là, c'est-à-dire qu'en fait, on a la possibilité de tout
07:30 savoir sur les individus, tout ce qu'ils font, tout ce qu'ils boivent, tout ce qu'ils
07:34 fument, tout ce qu'ils...
07:36 Et cette société-là, évidemment les Chinois qui sont très avancés en matière d'autoritarisme
07:41 politique, comme les Russes, mais même peut-être plus que les Russes, parce qu'ils ont une
07:46 population beaucoup plus importante à contrôler, alors c'est pas qu'ils donnent l'exemple,
07:52 c'est qu'ils sont très en avance dans le contrôle des individus.
07:54 - Mais c'est terrifiant, j'ai d'accord.
07:55 Parce que le numérique va permettre, quand vous avez un milliard et demi d'habitants,
08:00 et que vous avez des outils pour contrôler chaque citoyen, mais c'est vertigineux.
08:05 - Vous avez vu cette image du carrefour en Chine, dans certains coins de Pékin, il y
08:10 a un carrefour, il y a des feux rouges, et il y a un type qui traverse en dehors des
08:13 clous.
08:14 Sa photo s'affiche sur un immeuble en plus grand que 4x3.
08:18 - Oui, mais on a déjà ça d'une certaine façon, quand vous rentrez dans un village,
08:22 c'est limité à 50, vous êtes à 52, puis vous avez un truc qui s'allume et qui met
08:25 52 en rouge.
08:26 - Oui, oui, oui, mais il n'y a pas écrit "Marc Duguin, vous êtes à 53".
08:30 - Non, mais c'est la prochaine étape.
08:32 - Pas en France, vous y croyez ?
08:34 - Pas en France.
08:35 Moi je pense que la technologie finit toujours par être rejointe par l'état des choses.
08:43 - Et alors, votre président prend une décision technique, il décide de faire un bilan carbone,
08:48 un bilan des statistiques pour chacun ce qui apporte une cause à l'environnement, mais
08:52 il sort le numérique du bilan environnemental, pour quelle raison ?
08:56 - C'est un peu une des clés du roman, c'est-à-dire qu'il y a toujours chez les politiques un
09:03 lien avec l'industrie.
09:05 Parce qu'on est dans un système libéral, ce qui veut dire que la décision des grands
09:13 groupes industriels est un peu impérative, et donc les gouvernements sont un peu tiraillés
09:20 entre ces nécessités-là et puis évidemment le bien public.
09:24 - Je sais à quoi vous pensez.
09:25 Il y a le 11 septembre, on sait que c'est venu d'Afghanistan, Ben Laden, et les Américains
09:30 décident d'attaquer l'Irak.
09:31 - Exactement.
09:32 - Qui n'avait rien à voir.
09:33 - Rien à voir.
09:34 - Mais ils l'ont fait pour une raison que je vous laisse dire, c'est que les familles
09:37 de Bush et de son vice-président étaient dans le pétrole.
09:40 Il y avait des intérêts qui étaient colossaux, donc on s'est dit "tiens, on va dire qu'on
09:45 se débarrasse d'un dictateur" sans évidemment penser aux conséquences, parce que Saddam
09:51 Hussein a été remplacé, aujourd'hui c'est un bazar absolument énorme l'Irak.
09:55 - Et avant c'était Daesh, qui a fait son lit de la disparition du pouvoir en Irak.
10:00 - Non mais ce que je veux dire c'est que cette...
10:02 Alors il y a des gens qui diront "il y a une collusion entre les politiques et les grandes
10:07 entreprises", mais c'est vrai qu'en France on est dans un système aujourd'hui libéral,
10:13 mais ce libéralisme ça veut dire que la technologie et le marché dictent quand même
10:18 l'avancée politique.
10:19 Et on voit bien qu'en termes de liberté, qu'on le veuille ou non, ces libertés sont
10:25 en train de se restreindre.
10:26 - Et en même temps il y a quand même les GAFAM qui sont contrôlées, l'endroit où
10:29 elles sont peut-être le plus contrôlées c'est quand même en Europe.
10:32 Vous restez avec nous Marc Duguin, on va parler de musique, on va parler de séries, je sais
10:36 que vous aimez les séries, on va parler aussi de Marc Duguin qui est quand même notre sujet
10:40 préféré ce matin dans Culture Média sur Europe.