Thanasi Kokkinakis, qui bénéficie d'une wild-card, a battu le Suisse Stan Wawrinka en cinq sets sur le court Simonne-Mathieu, mercredi au deuxième tour de Roland-Garros (3-6, 7-5, 6-3, 6-7 [4], 6-3, en 4h38).
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00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:13 Qu'est-ce qui prédomine la déception ou le plaisir ou la fierté ?
00:20 Un peu de tout.
00:24 Comme je le dis, c'est aussi pourvu des émotions comme ça que je continue à jouer.
00:30 Forcément, je ne peux qu'être content de ce qui s'est passé sur le terrain, malgré
00:35 la déception de la défaite et de ce qui s'est passé.
00:41 Les raisons pourquoi je perds aussi.
00:42 Je vois que ça dépend beaucoup de ce que je fais.
00:45 Il me manque encore un peu cette confiance qui m'aide à finir ces matchs, tout simplement.
00:53 C'est sûr qu'après, si je prends le grand plan, il y a quand même beaucoup de fierté
00:59 de ce match jusqu'au bout.
01:00 Il y a aussi un kiff de pouvoir jouer dans ces ambiances avec le public comme ça, de
01:05 pouvoir profiter, de vivre autant d'émotions, malgré l'importance du match, malgré les
01:11 4h30 de combat.
01:13 De pouvoir vivre encore tout ça, c'est toujours un pur plaisir.
01:16 - Stan, on t'a vu pendant le match en relation avec le public, avec des gamins, faire un
01:25 check, presque un selfie, plein de petites choses comme ça.
01:29 Tu n'es pas forcément très habitué à tout le temps te voir comme ça.
01:33 Mais cette communion-là, c'est quelque chose que tu veux t'offrir en cette fin de carrière.
01:39 Comment ça se passe pour toi ?
01:43 - Ces dernières années, je ressens beaucoup plus le soutien et le public, surtout en France.
01:54 Je dirais plutôt que le fait de jouer sur des plus petits terrains aide aussi à avoir
01:59 plus de contacts directs, tout simplement.
02:00 J'ai toujours été très tranquille au fait de pouvoir parler ou regarder ce qui se passe.
02:08 J'ai toujours eu cette facilité de regarder ce qui se passe dans le public tout en restant
02:13 concentré sur mon match.
02:14 J'ai toujours eu besoin de voir un peu ce qui se passait dans le public, même si c'est
02:20 parler ou répondre à des jeunes.
02:21 Ça ne me pose aucun problème pour ma concentration.
02:24 Quand il y a un tel soutien, une telle ambiance, et que justement, personnellement, ça m'aide
02:30 et ça me fait du bien d'avoir autant de soutien, autant leur donner un petit peu de ce que
02:35 je peux sur le terrain.
02:36 - Pour prolonger la question sur le public, tes trois dernières participations, je crois
02:43 que tu avais été battu par Roger et par deux Français.
02:46 Ce n'est pas toujours l'idéal pour être soutenu.
02:49 Je n'ai pas de souvenirs, tu as eu toujours des fans.
02:51 Je me souviens, à la finale de 2015, évidemment, le public t'avait beaucoup aidé, beaucoup
02:54 porté.
02:55 Est-ce que tu as le souvenir d'avoir été encouragé comme ça, Roland, comme un Français
02:59 en fait ? J'ai l'impression.
03:00 Et à quel point ça te touche ?
03:02 Comme je le répète, ça me touche énormément.
03:06 C'est aussi une des raisons pour lesquelles je continue, c'est pour vivre des moments
03:09 comme ça.
03:10 Mais c'est vrai que ce que j'ai eu, c'est difficile à dire.
03:14 J'ai toujours eu beaucoup de soutien en France.
03:19 Forcément, plus ces dernières années.
03:21 Plein de raisons font que j'ai encore plus de soutien ces dernières années, tout simplement.
03:27 Mais c'est vrai que depuis 2015, j'ai toujours eu un très bel accueil.
03:30 Après, comme je le disais aussi, jouer sur le 14, jouer sur le Simon Mathieu.
03:33 Les gens savent aussi que j'ai 38 ans et que j'arrive un peu à la fin, tout simplement,
03:40 de ma carrière.
03:41 Donc, ils essayent aussi, je pense, de profiter un maximum.
03:43 Ils sont contents de me voir.
03:44 On profite ensemble, tout simplement.
03:48 La fin de match était hallucinante au niveau de l'ambiance.
03:52 C'était une ambiance coupe-dévise, tout simplement.
03:54 Et forcément, ça procure énormément d'émotions.
03:58 Donc, ça aide à faire passer la défaite.
04:03 Ça aide forcément à passer plus rapidement au-dessus de ces défaites.
04:09 Mais voilà.
04:10 Après, je sais aussi qu'il faut que je mette ça de côté pour la suite, tout simplement.
04:14 - Stan, deux longs matchs.
04:19 Plus de 4h30 chacun.
04:20 Vous vous tenez chaque fois.
04:21 Vous êtes jusqu'au bout au contact.
04:26 Vous êtes compétitif.
04:27 Qu'est-ce que vous en retirez de ces deux matchs ?
04:28 Vous connaissez maintenant votre corps.
04:30 Qu'est-ce que vous en retirez de ces deux matchs ?
04:31 - J'en retire de la déception et en même temps, une évolution par rapport à ces derniers
04:38 mois.
04:39 C'est vrai qu'il y a quand même un peu de frustration par rapport à mes petits moments
04:44 de doute pendant les matchs, tout simplement.
04:48 Le positif, c'est que je sais que, tennistiquement et physiquement, je suis bien meilleur que
04:53 ces derniers mois.
04:54 Je vois que j'ai encore un vrai potentiel pour aller chercher des gros matchs et des
04:59 grosses victoires dans un tournoi.
05:01 Il faut que j'arrive à retrouver cette confiance qui m'a toujours aidé à pouvoir terminer
05:08 le match, à pouvoir, tout simplement, essayer d'écraser l'adversaire.
05:13 - Stan, dans le prolongement, ces rencontres en 5-7 qui durent très longtemps, qu'est-ce
05:21 que ça change pour vous par rapport aux autres tournois qui sont des tournois du Grand Chelem
05:25 ? Comment ça se gère, ce genre de rencontres très longues, très dures, très éprouvantes
05:29 ? - On s'entraîne toute l'année pour ça.
05:33 Tout simplement, c'est vrai que les Grands Chelems ont toujours été l'objectif durant
05:37 la saison.
05:38 Pour moi, ça ne me pose pas un problème plus que ça.
05:43 Au contraire, j'aime bien la beauté des Grands Chelems, d'avoir des matchs en 5-7.
05:47 Un jour ou deux, on a le temps de récupérer.
05:49 Et surtout, on voit les émotions que ça procure au public aussi, tout simplement.
05:55 Si on regarde la journée d'hier, il y a eu Gaël qui a fait un match de fou.
05:58 Il y a eu plein de matchs en 5-7 qui procurent des émotions aux fans et au public qui ne
06:05 trouvent pas dans les autres tournois.
06:07 - Stan, un de tes objectifs est de jouer ici aux Jeux Olympiques 2024.
06:16 Ça veut dire qu'on te verra l'année prochaine à Roland-Garros ?
06:21 - Si tout va bien, oui.
06:24 C'est comme je l'ai dit.
06:25 De toute façon, depuis que je suis revenu de ma blessure, je ne suis pas revenu juste
06:27 pour faire une année et dire au revoir.
06:30 Sinon, je l'aurais annoncé et j'aurais essayé de faire un adieu correct.
06:34 Mais encore une fois, dans une année, il peut se passer beaucoup de choses.
06:39 Pour moi, aujourd'hui, je suis très positif par rapport à ce que je peux encore accomplir
06:46 et ce que je peux faire.
06:47 Il va falloir continuer à travailler, à s'entraîner.
06:50 J'ai envie vraiment de remonter au classement, de gagner plus de matchs.
06:55 J'ai 38 ans aussi.
06:56 On verra l'année prochaine.
06:59 Mais en tout cas, si tout se passe bien et que je sens que je suis encore compétitif,
07:02 oui, je serai là.
07:03 - Stan, est-ce que tu as déjà fait ton programme pour cet été ?
07:07 Est-ce que tu vas privilégier une surface ?
07:10 - Il y a beaucoup de surfaces.
07:13 C'est complet.
07:14 Entre le gazon, le retour sur terre battu et le dur, je pense que je vais faire un peu
07:19 la totale, tout simplement.
07:20 J'espère.
07:21 - Stan, on a vu que tu as un niveau très haut quand tu joues très bien.
07:33 Comment tu peux battre ces doutes ? Parce que tu sais comment tu peux jouer, comment
07:39 tu peux les battre.
07:40 - Avec beaucoup de travail, comme je l'ai toujours fait dans ma carrière.
07:43 En m'entraînant plus dur, en étant plus dur avec moi-même, en faisant plus de sacrifices,
07:51 en mettant plus de discipline, en travaillant ma tête tous les jours par rapport à ça.
07:57 J'ai toujours pris beaucoup de temps dans ma carrière pour faire les choses.
08:00 Malheureusement, je n'arrive pas à retrouver ça rapidement.
08:03 Je suis plus à 38 ans, ça me met encore plus de temps à le retrouver.
08:05 Mais je sais que je m'en approche et je sais que je vais y arriver.
08:09 - Pour en revenir au match, quand tu mènes 6-3, 4-2, si je ne me trompe pas, à quel
08:19 moment ça cloche ? Pourquoi le doute s'instaure tout d'un coup ?
08:22 - Je me fais breaker à 4-3 avec des balles neuves.
08:25 Après, le break, il est parti assez vite.
08:28 Mais je rate trois coups droits dans la bande, comme ils auraient pu passer, tout simplement.
08:32 Je ne pense pas que c'est à ce moment-là que ça bloque.
08:34 Une fois qu'il a débrequé, il ne me débreque pas parce que je bloque, mais parce que je
08:41 rate trois coups droits dans la bande, ils auraient pu passer.
08:45 Mais à partir de ce moment-là, je l'ai un peu laissé jouer, tout simplement.
08:50 Lui, il a retrouvé un peu d'énergie.
08:52 Moi, j'ai un petit peu ralenti.
08:54 Mes balles étaient un tout petit peu moins lourdes.
08:55 Je l'ai laissé un peu dicter avec son coup droit.
08:57 Et à ce niveau-là, ça fait la différence.
09:00 On le voit dans tous les autres matchs, le nombre de matchs en 5-7, 4-7, les matchs qui
09:03 sont accrochés.
09:04 Il y a peu de joueurs qui ont de la marge aujourd'hui dans le tennis, tout simplement.
09:09 C'est vrai que moi, je le vois.
09:11 C'est comme contre Ramos.
09:12 Dès que je suis un tout petit peu hésitant, dès que je joue un tout petit peu moins lourd,
09:17 c'est des très bons joueurs qui sont très dangereux.
09:19 Je leur donne le temps de pouvoir imposer leur tennis.
09:21 - Bonjour, Stan.
09:23 Quand tu dis qu'il te manque de la confiance, on le voit sur ce match.
09:30 Tu mènes, tu as un 7 le break.
09:32 Tu fais un taille break sublime dans le quatrième.
09:34 Est-ce que tu penses à 4-0 à Gaël Monfils qui nous a fait la remontada d'hier soir ?
09:39 C'est quoi ce manque de confiance quand tu tapes dans la balle ?
09:43 Tu hésites sur quoi ?
09:44 - Le problème avec l'expérience, c'est qu'on sait exactement tous les schémas possibles, tout simplement.
09:55 On sait exactement quel impact un point à 15-0 peut avoir ou pas.
09:59 Quel impact une faute à 0-15 peut avoir ou pas.
10:02 Et dès qu'on commence un peu à trop réfléchir, à trop penser à tout ça,
10:06 on prend un temps de retard par rapport au choix et aux décisions qu'il faut faire.
10:10 Et forcément, dès qu'il y a une hésitation dans le jeu et dans les choix, de toute façon c'est trop tard.
10:17 Soit c'est le mauvais choix, soit on donne du temps à l'autre.
10:20 Pour moi, c'est beaucoup trop réfléchir, beaucoup trop penser à l'impact d'un point, d'un jeu, d'un match,
10:30 de tout ce qu'il peut y avoir autour.
10:32 Je dirais que je pense beaucoup trop, je réfléchis trop.
10:35 Il faut que j'arrive un peu à filtrer ça et à nettoyer ça.
10:39 - Et ça, c'est depuis ta blessure ?
10:41 - Non, ça n'a toujours été le cas.
10:43 Mais c'est aussi la raison pour laquelle j'ai réussi à gagner les trois Grands Chelems
10:48 et pourquoi j'ai réussi à monter à ce niveau-là.
10:50 C'est que je cherche toujours plus et aussi je suis très dur avec moi-même.
10:54 Donc il y a toujours du positif et du négatif là-dedans.
11:01 Et aujourd'hui, j'ai un peu plus de mal parce que je sais que techniquement et physiquement, je joue bien.
11:06 J'ai envie de gagner, j'ai envie de revenir.
11:08 Peut-être que des fois, je me focalise trop là-dessus et pas assez à juste jouer au tennis,
11:13 juste jouer les points et prendre du plaisir.