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Sport
Transcription
00:00 En attendant, on va s'intéresser à Basile Boli, pourquoi ?
00:02 Parce que ça a été le héros de cette finale,
00:05 avec ses copains, le coup de tête à la 44e minute,
00:08 vous l'avez rencontré cette semaine, Jacques Vendroux,
00:10 et vous avez commencé cet entretien avec cette question,
00:13 est-ce que c'est l'un des plus beaux jours de sa vie ?
00:15 - Après la victoire de 1984 de l'équipe de France,
00:19 de la génération platini, en club, c'est l'Olympique de Marseille
00:23 qui a été le premier à gagner cette coupe d'Europe,
00:26 cette fameuse coupe d'Europe.
00:27 Bernard Tapie, en revenant vers lui,
00:29 nous a fait comprendre qu'on pouvait battre n'importe qui et n'importe quand.
00:32 Pour moi, ça a été un moment exceptionnel de ma carrière.
00:35 - Tu te souviens du match, minute par minute ?
00:38 - Non, je me souviens de...
00:39 - De ton but, évidemment.
00:41 - La dixième minute où je me sens pas bien,
00:43 et que je serre les dents jusqu'à la 34e minute
00:47 où Jacques Bailly est en-dessus le terrain,
00:49 et que je dis "je vais sortir",
00:50 et Rudy Voller qui vient à côté de moi,
00:53 qui me dit "non, Bas, ne sors pas",
00:54 et le coach Grémon Goetthals qui me dit "non, non, non, le président,
01:00 il a dit "tu sors pas", donc tu sors pas".
01:03 Une minute plus tard, il y a le corner,
01:04 et puis je marque le but sur le corner,
01:06 et je rentre dans les vestiaires, et Tapie vient me voir,
01:09 il me dit "alors, tu sors ?"
01:10 Evidemment, je dis "je vais serrer les dents",
01:12 et puis on va voir quoi.
01:13 Je finis le 45 minutes en serrant les dents
01:17 et en faisant partie de l'histoire aujourd'hui
01:19 qui m'amène à être le buteur de cette coupe d'Europe.
01:23 Bernard Tapie nous a inculqué cette volonté de gagner,
01:27 pas de complexe, l'envie, l'ambition commune,
01:31 c'est ce qui nous a apporté à gagner cette coupe d'Europe.
01:33 - Et tu bats Milan ?
01:34 - Ah oui, je bats la plus grande équipe du monde en ce moment,
01:38 je suis fier, et en même temps,
01:41 on n'est pas tomé sur les Roumains ou Austria de Vienne,
01:46 ou tu vois ce que je veux dire.
01:47 Donc là, on bat la plus belle équipe
01:49 qui a été championne d'Europe avant.
01:50 - Et dans l'équipe de Milan, tu as Paolo Maldini,
01:53 tu as Barresi, tu as Rossi dans les buts,
01:56 tu as Van Basten, tu as Richard,
01:59 non mais c'était des magiciens !
02:01 - Et tu as comme remplaçant Jean-Pierre Papin et Ruud Gullit.
02:06 - En toute simplicité ?
02:09 - C'est le cas de le dire.
02:10 - Est-ce que tu te souviens d'un fait précis en dehors de ton but ?
02:13 - Le fait précis, c'est quand,
02:15 premièrement, il n'y avait pas corner,
02:16 on ne savait pas qu'il n'y avait pas corner,
02:17 c'est quand Abedi va chercher le ballon
02:19 et qu'il me fixe avec les yeux en disant
02:22 "rappelle-toi de ce que je t'ai dit,
02:23 je ne veux pas balancer le ballon au deuxième poteau,
02:25 il faut que tu coupes au premier poteau".
02:27 Donc j'arrive dans le centre,
02:29 au point de pénalty par là,
02:32 je suis marqué par Rijkaard
02:34 et tu as Barresi devant qui joue le voltigeur.
02:36 Ce que je fais, j'anticipe avant Rijkaard
02:39 parce qu'il a 10 cm de plus que moi,
02:42 mais je passe devant lui et il y a Barresi qui me retient,
02:45 Franck aussi me retient,
02:46 ce qui fait que j'ai la balle avant eux,
02:48 donc il faut que j'ai la place.
02:50 Je ne ferme pas les yeux sur le coup,
02:52 mais je ferme les yeux quand j'ai le ballon sur la tête.
02:55 - Parle-moi un peu des joueurs,
02:57 allez un petit mot sur chaque joueur pour terminer.
03:00 Fabien Barthez.
03:01 - Fabien Barthez, c'était mon gâté,
03:04 c'était un génie,
03:06 c'est un petit génie,
03:07 on avait l'impression qu'il ne se concentrait pas,
03:09 mais il a une manière de se concentrer
03:12 qui était particulière,
03:13 puis en même temps il dégageait une sympathie,
03:17 une envie de se surpasser dans les grands moments.
03:21 Il avait des qualités exceptionnelles déjà sur la ligne,
03:25 il n'était pas très grand,
03:27 mais ça ne le faisait pas peur.
03:29 Et puis il avait un jeu de pied,
03:30 il était en avance sur son temps,
03:32 il jouait fantastique du pied gauche,
03:37 et il avait une lecture,
03:39 parce qu'on jouait à presque 40 mètres de but,
03:41 donc il devenait le libéraux.
03:43 - Marcel Desailly.
03:44 - Marcel, c'était le rock,
03:46 c'était mon gâté aussi,
03:48 j'ai connu son frère, Cetha Dancor,
03:50 donc pour moi c'était un petit frère,
03:51 et en même temps je le protégeais,
03:53 je l'appris à s'habiller.
03:55 En même temps, je lui donnais une confiance exceptionnelle,
04:01 il avait des qualités énormes,
04:03 énormes, énormes,
04:04 et c'est un charmant garçon.
04:07 - Franck Chosé.
04:08 - Franck, il avait l'une des plus belles frappes d'Europe,
04:11 le plus beau plat de pied qui pouvait exister
04:13 dans le foot à l'époque.
04:15 Franck, c'était un combattant,
04:16 c'était quelqu'un qui ne réchignait pas,
04:19 même s'il avait quelques défauts,
04:23 parce qu'il n'était pas très rapide,
04:24 mais il avait un positionnement exceptionnel,
04:27 un jeu de tête aussi superbe.
04:30 - Tu parles souvent d'Abedi Pohlé.
04:32 - C'était mon frère,
04:33 et en même temps c'était l'un des mecs les plus doués
04:37 avec qui j'ai joué,
04:38 parce qu'Abedi avait le foot dans le sang,
04:41 Abedi avait cette vivacité,
04:43 et en même temps ce que les grands joueurs ont.
04:48 C'est un dieu Abedi.
04:49 - Ton capitaine Didier Deschamps.
04:51 - Didier, un garçon exceptionnel
04:54 qui savait galvaniser,
04:56 qui savait tempérer,
04:58 ce qui était fantastique avec lui,
05:00 c'est qu'il disait,
05:01 de toute façon les mecs,
05:03 je suis capitaine parce que j'ai le brassard,
05:05 mais tout le monde est capitaine,
05:07 parce que les joueurs autour de lui,
05:09 on avait déjà l'expérience de la Coupe d'Europe,
05:11 on avait déjà l'expérience du haut niveau,
05:13 Rudy Voleur venait de gagner la Coupe du Monde,
05:16 Alan Bokchis avait du feu dans ses pieds,
05:20 il avait une vivacité exceptionnelle.
05:23 - N'oublions pas Josimar.
05:26 - Josimar, je l'ai surnommé Josimar
05:28 parce que c'était mon alter ego,
05:30 que ce soit à Marseille qu'en équipe de France,
05:33 on était tout le temps ensemble.
05:34 Josi avait des qualités physiques énormes,
05:37 il avait une vivacité exceptionnelle.
05:39 - Eric Dimeco.
05:41 - Cet abruti ce Dimeco.
05:44 Dimeco, c'était le genre de mec
05:46 qui était toujours le dernier en entraînement,
05:49 mais on avait l'impression que le mec,
05:51 c'était un flemmard,
05:52 mais attention, il avait une volonté,
05:55 il avait la grinte,
05:57 quand il était sur le terrain,
05:58 tu pouvais aller à la guerre avec lui,
05:59 il avait peur de rien,
06:01 évidemment, il avait confiance en nous derrière.
06:03 Eric avait une qualité de scinte exceptionnelle
06:06 parce que c'était un ancien aélieux gauche.
06:08 Eric avait, il a baigné
06:11 dans la gagne de l'esprit olympien.
06:15 On est toujours ensemble,
06:16 donc on s'appelle tout le temps,
06:17 il me chambre sur sa radio,
06:19 mais je m'en bats les couilles, pardon.
06:23 - Il y a 30 ans déjà,
06:25 tu gagnes la Ligue des champions.
06:26 On va conclure par un petit mot
06:28 d'un personnage qu'on a adoré tous les deux,
06:30 Raymond Götthals.
06:33 - Raymond, juste après le match,
06:36 il y a eu un blanc,
06:39 c'est le cas de le dire.
06:40 Il y a l'effervescence dans les tribunes,
06:43 tout ça, partout.
06:44 Et je le vois, il est assis sur le banc,
06:47 il repart s'asseoir sur le banc à Munich
06:50 et je regarde, j'ai ma famille et tout,
06:51 et je vais le rejoindre.
06:53 Et il a un seul mot à me dire,
06:55 et il fait, on l'a fait base.
06:59 Parce qu'il avait vécu toute sa carrière
07:02 pour cette Coupe d'Europe.
07:04 Et Raymond, c'était un entraîneur exceptionnel
07:08 parce qu'il avait les mots,
07:09 il avait l'intelligence de pouvoir gérer Bernard Tapie,
07:15 parce que c'était une pression énorme.
07:18 Et de pouvoir inculquer à ses joueurs
07:22 l'importance de cette compétition de la Coupe d'Europe.
07:25 Bravo, Papi, même si tu nous faisais rigoler
07:30 en écorchant les noms difficiles des joueurs adverses,
07:35 nous on a pris un fou rire
07:38 et une ambiance particulière avec vous.
07:40 On termine avec Bernard Tapie, il faisait tout,
07:42 l'équipe, les changements, la motivation,
07:47 et à la sortie, vous êtes champion d'Europe.
07:49 C'est un homme exceptionnel.
07:53 On peut dire ce qu'on a envie de dire sur Bernard Tapie,
07:57 il a apporté au club français ce qu'il nous manquait,
08:02 c'est-à-dire le président présent.
08:05 Peut-être il y a certaines qui ne vont pas apprécier,
08:08 mais il avait une ambition qui l'a amené à ce que nous aussi
08:11 on soit baignés dans cette ambition et gagner cette Coupe d'Europe.
08:15 Je dis merci à la famille et merci à Bernard Tapie aussi.
08:17 Le témoignage exaltant, souriant de Basile Boli
08:24 avec cette musique évidemment, Van Halen,
08:26 qui est l'hymne de l'Olympique de Marseille.

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