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100% Sainté - 90 ans de l’AS Saint-Étienne : le stade Geoffroy-Guichard, un écrin de légende

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Sport
Transcription
00:00 France Bleu Saint-Etienne Loire, 100% synthé, Olivier Rocher.
00:05 Bonsoir, un nouveau numéro consacré aux 90 ans de la Sainte-Etienne et on choisit
00:10 aujourd'hui de s'arrêter sur le stade Geoffroy Guichard.
00:13 Il s'avère qu'il a lui aussi 90 ans, il a un peu plus maintenant parce que le 13
00:19 septembre 2021, on soufflait ses 9 décennies de légende, 9 décennies d'histoire, pas
00:24 comme les autres mais depuis toujours il accueille les verts, il héberge la Sainte-Etienne
00:29 depuis 1933, une histoire à jamais commune.
00:32 Alors pour évoquer ce chaudron qui ne s'est toujours pas appelé comme ça, trois invités
00:37 qui vivent de manière différente le stade Geoffroy Guichard.
00:40 Il y a Laurent Chastelière, responsable du musée des Verts, bonsoir.
00:44 Il y a également Alexandre Mink, depuis plus de 50 ans bénévole du club, caméraman
00:49 depuis la même période, bonsoir Alexandre.
00:52 Et puis celui qui défend nos couleurs et notre camp également sur le terrain, c'est
00:57 Denis Sapia.
00:58 Vous êtes là, bonsoir.
00:59 On va parler de ce stade Geoffroy Guichard tous les trois, vous allez nous, pour commencer,
01:04 nous parler un petit peu de ce que ça représente pour vous.
01:07 Parce que vous vivez finalement de diverses manières, c'est votre stade pour diverses
01:13 raisons.
01:14 Donc on va faire un petit tour de table.
01:15 On va commencer avec vous Alexandre.
01:17 Alexandre Mink, vous le connaissez depuis très longtemps ce stade également.
01:21 D'ailleurs c'est peut-être vous qui le connaissez, même sûr, c'est sûr, vous
01:24 le connaissez depuis plus longtemps, c'est celui qui peut-être le connaît le mieux.
01:28 Il représente quoi pour vous ce stade ?
01:30 Ah c'est une chose extraordinaire à mon avis.
01:33 Moi je peux vous parler éventuellement de l'évolution de la tribune de presse où
01:39 je me trouve actuellement.
01:40 Je connais cette tribune de presse depuis 1970.
01:45 A l'époque c'est là où il y avait la cabine de sonorisation parce qu'à l'époque
01:52 le speaker ne descendait pas sur le terrain.
01:54 Le speaker restait dans sa cabine où il faisait la présentation des équipes.
01:59 Et moi je me rappelle dans cette vieille tribune de presse où il y avait un plancher en bois.
02:05 Et je ne vous dis pas quand les journalistes passaient derrière nous, on voyait la caméra
02:10 qui tressotait évidemment avec cette fameuse tribune en bois.
02:14 C'est un endroit, la tribune de presse actuelle, où il y a les commentateurs, où il y a
02:20 les caméras, etc.
02:21 Cette tribune de presse c'est un peu votre chez vous à Geoffroy Guichard.
02:24 Mais il faut vous dire qu'à l'époque quand on a commencé, il n'y avait pratiquement
02:28 pas de caméra en tribune de presse.
02:30 J'étais le seul caméraman à être encore sur pied.
02:34 Quelquefois il y avait pour les grands matchs un caméraman qui venait de Lyon et qui travaillait
02:41 pour les informations de la télévision régionale.
02:45 Et à l'époque nous, nous étions déjà en vidéo mais lui, il était encore en film.
02:51 Et pour les grands matchs, je me rappelle, il filmait la première mi-temps.
02:54 À la mi-temps du match, il y avait un policier qui venait en moto, qui venait récupérer
03:02 la bande, qui partait sur Lyon pour faire développer cette bande.
03:07 Fin du match, re-velote, ils emmenaient cette bande à Lyon pour la faire développer, pour
03:14 la passer aux actualités régionales.
03:15 - C'était toute une autre époque.
03:17 - C'était une autre époque.
03:18 Et je me rappelle de ce caméraman, il n'était pas sur pied, il avait sa caméra qui était
03:23 très lourde à l'épaule et il faisait quelques images.
03:26 Il ne pouvait pas prendre tout le match, bien sûr.
03:28 - Alors Denis Sapia, vous allez vous rendre compte dans cette émission que le stade que
03:32 vous connaissez maintenant, il a bien évolué depuis 90 ans et même plus de 90 ans maintenant.
03:38 Vous en tant que footballeur, Denis, alors certes vous êtes joueur actuel mais pas seulement
03:43 en tant que joueur de football, il représente quoi le stade Geoffroy Guichard ?
03:47 - Déjà je pense que c'était dans ce premier stade que j'ai vu mon premier match pour
03:53 l'équipe de France.
03:54 J'étais venu jeune avec le centre de polo et sport de Castelmourou, il y avait un France-Chine
03:59 en 2006 si je ne dis pas de bêtises, là où Cissé se casse la jambe malheureusement.
04:03 Donc c'est mon premier match où je vois une équipe internationale jouer, donc ça représente
04:07 ça.
04:08 Et la première fois que je suis venu c'était avec Caen.
04:10 Avec Caen par deux fois, je me rappelle on avait perdu 1-0 la première fois.
04:14 Sur un but contre son camp de Jean-Jacques Pierre.
04:18 Et la deuxième fois c'était mieux passé pour Noacquan, on avait fait un super match,
04:21 on avait gagné 2-1.
04:22 - Oui justement, ne me rappelez pas trop ces souvenirs là.
04:25 On parlera évidemment de...
04:27 Mais justement vous nous raconterez d'ici la fin de l'émission comment, quand on est
04:29 adversaire, qu'est-ce que ça fait de jouer dans ce stade là.
04:33 Mais je reviens sur votre premier souvenir en fait, vous êtes jeune footballeur.
04:36 Ce stade quand même, ce nom, évoquait quelque chose pour vous déjà ?
04:42 - Oui, déjà j'avais pas la chance d'aller beaucoup dans les stades.
04:46 Je venais de Toulouse à l'époque et j'étais pas allé beaucoup de fois jouer à Toulouse.
04:49 Donc pour moi c'était mon stade référence, le stadium.
04:51 Et d'aller au Chaudron, ça a été complètement différent.
04:55 C'était déjà beaucoup plus grand.
04:57 Beaucoup plus de monde aussi, donc ça m'a fait des souvenirs que j'en garde.
05:02 Ça m'avait vraiment surpris.
05:03 - C'est des souvenirs qu'on garde et qui marquent évidemment.
05:07 Et on va finir avec vous ce tour de table, Laurent Chastelière.
05:09 Vous qui êtes au musée, vous avez une autre vision, peut-être plus générale.
05:13 Parce que justement le musée, lui, il se situe dans l'enceinte du stade.
05:16 C'est aussi une particularité.
05:17 Vous êtes baigné par son histoire au quotidien.
05:20 Du coup, même question, qu'est-ce qu'il représente pour vous ce stade ?
05:22 - Je vais citer notre historien Philippe Gastel, qui n'a pas pu être présent parmi nous ce soir.
05:27 Comme le dit souvent Philippe, en fait le stade Geoffroy Richard, c'est la tour Eiffel de Saint-Étienne.
05:31 Donc c'est vraiment le monument emblématique de la ville qu'on connaît dans toute la France,
05:35 voire dans l'Europe entière.
05:37 Et c'est vrai que généralement, si on parle de Saint-Étienne en dehors des frontières du département
05:42 et dans le reste de la France, on va tout de suite nous dire Geoffroy Richard.
05:44 D'ailleurs, j'étais à Lille la semaine dernière et au restaurant, quand j'ai dit que je venais de Saint-Étienne,
05:48 tout de suite le serveur m'a dit "Ah, Geoffroy Richard".
05:50 Donc ça ne trompe pas.
05:52 Et donc effectivement, c'est le monument totem.
05:54 Finalement, on se rassemble tous les Stéphanois, tous les Stéphanois d'origine
05:58 et également tous les Stéphanois de cœur.
05:59 Parce qu'on a aussi une particularité, c'est que c'est un stade qui regroupe des personnes
06:02 qui viennent de toute la France à chaque match.
06:04 Donc ça, c'est vraiment une particularité aussi de Saint-Étienne.
06:07 - On aura l'occasion d'en parler dans ces émissions spéciales autour des 90 ans,
06:10 mais c'est vrai qu'il y a cette particularité, c'est qu'il accueille des gens qui viennent de partout en France
06:14 et parfois même au-delà des frontières françaises.
06:17 - Oui, nous, régulièrement au musée, on va voir des personnes qui viennent d'Angleterre, d'Allemagne et autres.
06:22 Donc quand on les rencontre, on leur demande justement "Pourquoi vous venez ici ?"
06:25 Et finalement, un petit peu, c'est un des stades emblématiques
06:28 qu'ils cochent sur leur liste de stades à faire dans leur vie.
06:30 Donc en gros, s'ils cochent la France, ils vont dire "On va peut-être faire quatre stades,
06:34 ça va être Bollard, le Parc des Princes, le Stade Vélodrome et Geoffroy-Dichard".
06:37 Donc c'est vraiment un des lieux emblématiques reconnus,
06:41 pas seulement en France, mais également à l'étranger.
06:43 - C'est un passage obligé, quand on est amateur de foot.
06:46 - Il y a un côté pèlerinage.
06:48 - Ce stade, il est beau, il est évidemment célèbre,
06:51 mais il a une histoire très riche, on va en parler justement.
06:53 - 18h-19h, 100% Sainté sur France Bleu Saint-Étienne Bois.
06:59 Ce jour-là, le président fondateur des établissements casinos achète un terrain de 40 000 m²
07:05 à la famille Roche-Taillé, située dans la périphérie de Saint-Étienne.
07:09 Il servira aux activités de l'AS Casino.
07:11 Et c'est ensuite le fils de Geoffroy-Dichard, Pierre, qui initie la construction du stade
07:15 en créant une souscription auprès d'industriels locaux.
07:19 Cette dernière réunit 600 000 francs afin de lancer les travaux.
07:22 Et Pierre-Dichard s'entoure des meilleurs, faisant appel à la société Buana,
07:26 constructeur du stade de Colombes pour les JO de Paris 1924.
07:31 Les travaux vont durer un an.
07:33 Et ironie de l'histoire, le 13 septembre 1931, ce n'est pas un match de football,
07:38 mais de rugby qui inaugure le stade Geoffroy-Dichard.
07:41 Le stade faurésien affronte alors l'AS Montferrand.
07:44 Mais le jour même, en football, l'association sportive Stéphanoise et le Sporting Club,
07:47 présidé par Pierre-Dichard, affrontent l'AS Cannes.
07:50 Et des démonstrations ont lieu sur la piste d'athlétisme.
07:54 Alors qu'une seule tribune existe, la tribune d'honneur et ses 800 places.
07:58 Piste d'athlétisme, tribune d'honneur, une seule.
08:00 Bref, il y a des choses qui évidemment ont beaucoup changé.
08:04 C'était le début de l'histoire du stade Geoffroy-Dichard.
08:08 Inauguration le 13 septembre 1931.
08:12 Et le musée des Verts a la gentillesse de nous amener une photo, collector.
08:16 Alors comme on est à la radio, elle est en chasse tolière.
08:19 Est-ce que vous pouvez nous la décrire cette photo ?
08:21 - On va décrire, c'est une photo panoramique qui a été prise le jour de l'inauguration officielle du stade,
08:26 donc le 13 septembre 1931.
08:28 Donc on peut apercevoir la fameuse tribune originale dont on vient d'entendre la description,
08:33 qui faisait effectivement 800 places.
08:35 C'est la Maison Buana qui avait construit cette tribune.
08:37 Donc en fait, c'était les mêmes constructeurs que le stade olympique de Colombes,
08:41 qui avait accueilli les Jeux olympiques de Paris d'été en 1924.
08:44 On a fêté le centenaire l'année prochaine avec le retour des JO en France et à Paris.
08:48 Donc il y a déjà une notion de prestige.
08:50 On aperçoit également la piste d'athlétisme qui ceinturait le stade.
08:55 Parce que la logique au départ, c'est comme c'est un stade privé,
08:57 c'est d'accueillir le maximum de manifestations sportives possibles.
09:00 Donc pas que du football et pas que du rugby, mais également de l'athlétisme.
09:03 On y reviendra un petit peu plus tard.
09:05 Et puis également, on voit au fond la fameuse usine à gaz et puis les aciérés de Saint-Étienne.
09:09 Donc le bâtiment existe toujours.
09:10 - À droite ? - Voilà, à droite.
09:11 Il a juste perdu ses cheminées, mais aujourd'hui, il y a un centre de soccer,
09:15 un kart indoor, un centre d'escalade, du padel, etc.
09:17 Donc il est passé d'une activité industrielle à une activité sportive.
09:21 - Vous reconnaissez ces bâtiments, Danis ?
09:22 - Oui, il n'y a pas longtemps, avec le groupe, on est partis faire un peu de padel là-bas.
09:26 - Ah oui, il y a du padel.
09:30 Et c'est vrai qu'on les reconnaît, ces bâtiments-là.
09:34 D'ailleurs, ça fait un petit repère d'orientation.
09:36 Parce que là, on ne le voit pas trop, le stade Geoffroy-Guichard est actuel,
09:41 mais ces bâtiments-là sont un repère.
09:44 - On peut voir que, au fond de la photo, il y a le COP Nord actuel,
09:47 et le COP Sud qui est en premier plan de la photo.
09:51 Ça, c'est une configuration qui est restée combien de temps ?
09:55 - Qui est restée jusqu'en 1957, grosso modo, avec des différences.
09:59 Bien sûr, il y a eu la construction de la tribune Henri Point.
10:01 La première version de la tribune Henri Point,
10:02 parce que nos auditeurs pourraient imaginer la tribune Henri Point actuelle,
10:05 mais la première version est très différente.
10:07 C'est uniquement une petite tribune, mais grande à l'époque,
10:09 de 1500 places assises en bois.
10:12 On peut imaginer une tribune en bois aujourd'hui, ce serait assez original.
10:15 C'est la première différence.
10:16 Très rapidement, à côté de la tribune originale,
10:19 on va construire de chaque côté deux nouveaux pans de tribune.
10:21 On va l'agrandir, et puis on va aménager derrière les buts,
10:25 des buts mais BU de TES, en terre,
10:28 pour accueillir les spectateurs dans de meilleures conditions.
10:31 Alex pourra nous en parler également.
10:33 Et puis en 1957, c'est le changement,
10:35 premier titre de Chambon de France,
10:37 et on va arriver à la Confédération d'Italie-Anglaise,
10:39 donc suppression de la piste d'athlétisme.
10:41 Et donc, quatre tribunes séparées les unes des autres,
10:43 mais très proches du terrain,
10:44 pour avoir cette proximité publique joueurs.
10:48 Et puis c'est quelque chose qui va faire la légende du club aussi dans les années 70,
10:51 parce que peut-être qu'avec une autre configuration de stade,
10:53 on n'aurait pas eu cet impact du public sur les joueurs,
10:56 et sur les scénarios des matchs.
10:57 - Vous qui êtes joueur, Denis Sapia,
10:59 vous le sentez justement, cette proximité du public ?
11:02 - Oui, et puis en tant que joueur, je pense,
11:03 pour en parler avec beaucoup,
11:05 on aime bien quand les tribunes sont proches de nous.
11:08 Moi, en tout cas, je déteste avoir une piste d'athlétisme sur un terrain.
11:12 Stade de France, je n'aime pas trop par rapport à ça.
11:14 Ça fait très loin, ça fait vraiment très bizarre,
11:17 et puis on a l'impression que le terrain est immense aussi, pour pas grand-chose.
11:20 Donc nous, on préfère avoir les gens proches de nous,
11:22 ça crée une atmosphère, ça crée quelque chose de très tendu et très électrique.
11:27 - C'est pour ça qu'il va être mieux du côté des supporters.
11:29 C'est peut-être, quoi, à quoi qu'on en parle,
11:31 c'est peut-être aussi galvanisant quand on est adversaire.
11:33 Alexandre Maink, quand vous y allez pour la première fois,
11:37 dans ce stade Geoffroy Guichard, il ressemblait à quoi ?
11:39 - C'était en 1947, le premier match que j'ai vu, en 1947.
11:45 Il y avait encore, bien sûr, des gradins.
11:47 Ce n'étaient pas des gradins, c'était de la terre,
11:49 et les supporters, eh bien, montaient sur cette terre.
11:52 Mais je voudrais préciser une chose à propos de ces cheminées,
11:56 ces fameuses cheminées qui crachaient orange.
11:59 À l'époque, je m'installe avec ma caméra en tribune de presse,
12:02 arrive Stéphane Kovacs, l'entraîneur roumain de l'équipe de France,
12:06 et il arrive avec un président d'un club du Midi,
12:09 et ce président, voyant cette cheminée qui crachait orange,
12:13 se met à hurler "mais c'est une honte, c'est un scandale,
12:17 faire jouer les joueurs en bas de cette cheminée,
12:20 avec tous les retombés qu'il y a !"
12:22 Et Stéphane Kovacs lui dit, avec son accent roumain,
12:26 "Monsieur le président, c'est en bas de cette cheminée
12:29 qu'on fait les bons footballeurs."
12:31 Et là, ce président, dont je vous tairai le nom,
12:34 c'est un club du Midi, n'a plus rien dit !
12:37 - Très bien ! Salut à Chloé Lebec !
12:39 C'est pour ça qu'il s'appelle le Chaudron, à cause de cette cheminée,
12:42 ou il y a une autre origine orange ?
12:43 - Un petit peu, mais pas que.
12:45 En fait, l'origine du surnom du stade,
12:47 ça vient du match retour contre l'Age Duxpide, en 1974.
12:52 Ce qui se passe, c'est qu'on perd 4-1 le match allé.
12:54 Au match retour, tout le monde pense qu'on ne va pas passer,
12:57 il n'y a d'ailleurs aucune télé qui va retransmettre le match en direct.
13:00 Mais le miracle a lieu, alors qu'il y en a un partout au début de la seconde mi-temps,
13:03 on va réussir à marquer 3 buts dans la foulée,
13:05 arracher la prolongation et se qualifier en prolongation,
13:08 grâce à notre ami Yftrian Tafilos.
13:11 Donc 5-1, et le scénario du match est complètement fou.
13:14 On est au mois de novembre, donc généralement au mois de novembre,
13:16 il ne fait pas forcément toujours très beau ni très chaud à Saint-Etienne.
13:19 Ce jour-là, il y a du brouillard.
13:20 À ce brouillard naturel va se rajouter la fumée des usines
13:24 qui continue de tourner également la nuit.
13:26 Et en fait, toute cette image-là, le décor, le scénario,
13:29 fait qu'il y a un joueur issu de Gosselève, qui suivait Split à l'époque,
13:31 qui va voir cette image de Chaudron.
13:33 Et depuis, c'est resté, ça va être repris par la presse française.
13:36 Et depuis, c'est quelque part devenu le surnom officiel,
13:39 si je peux dire, du stade Geoffroy Hichard.
13:41 Et depuis 1999, donc il y a la mention "ici c'est le Chaudron".
13:44 Donc Denis passe dessous à chaque match à domicile.
13:47 Donc pour avertir à la fois les adversaires
13:49 qu'il découvre un stade qui n'est pas comme les autres.
13:52 Et puis également nos propres joueurs,
13:54 pour leur rappeler qu'ils jouent dans un stade aussi particulier.
13:56 Donc ils doivent tout donner à chaque match.
13:58 - Vous le lisez cette mention à chaque fois ?
13:59 - Une fois peut-être, une ou deux fois, oui.
14:02 Et après, à partir du moment du match,
14:04 je suis quand même assez concentré.
14:06 Il est dans mes souvenirs, mais sur le moment,
14:08 je ne fais pas attention à ça.
14:09 - De toute façon, après, il y a le public
14:10 qui vous rappelle que vous êtes bien dans le Chaudron.
14:12 On fait une pause dans ce 100% synthé 90 ans de la Sainte-Etienne.
14:15 Et puis, justement, vous parliez de ces grands moments.
14:18 On va en parler avant la fin de l'émission, évidemment,
14:20 parce que ce stade Geoffroy Hichard
14:23 était le théâtre de très grands moments de football.
14:26 - 100% synthé sur France Bleu Saint-Etienne Noir.
14:32 - 90 ans de la Sainte-Etienne, c'est comme ça.
14:35 Les mardis, entre 18h30 et 19h,
14:37 on parle du stade Geoffroy Hichard.
14:39 Évidemment, l'histoire est éternellement liée à celle de la Sainte-Etienne.
14:42 Ils ont tous les deux quasiment le même âge,
14:45 à quelques années près.
14:47 Même si, on va en parler,
14:49 Laurent Chastelier, responsable du musée,
14:51 l'équipe de Sainte-Etienne jouait quand même,
14:53 avant de s'appeler ASSE,
14:55 jouait quand même au stade Geoffroy Hichard.
14:56 - Alors, effectivement, l'inauguration du stade, c'est 1931,
14:59 mais la création officielle de l'association sportive de Sainte-Etienne
15:03 date du 26 juin 1933.
15:04 On va fêter l'anniversaire dans quelques jours.
15:07 Et en fait, c'est quand le club prend le statut professionnel,
15:10 et autorisé par la Fédération Française de Football
15:13 à concourir dans le championnat de deuxième division,
15:14 parce qu'à l'époque, il y avait déjà trop de clubs en première division,
15:16 donc on n'a pu commencer qu'en D2,
15:18 que là, le club va rajouter le EASS,
15:21 va devenir l'ASSE,
15:23 mais avant, effectivement, c'était l'association sportive stéphanoise,
15:25 ce qui explique qu'en fait, pour le match inaugural,
15:27 l'affiche de football oppose l'association sportive stéphanoise
15:30 associée au Sporting Club,
15:31 qui était le "gros club" de Sainte-Etienne à l'époque,
15:34 réuni ensemble face à l'ASCAN,
15:36 qui à l'époque était une bonne équipe du championnat de France,
15:37 qui avait fait plusieurs beaux parcours en Coupe de France.
15:40 Et d'ailleurs, ils vont nous mettre une belle raclée sur ce match.
15:44 Mais pour l'anecdote, un des gardiens de l'époque,
15:46 qui avait été retrouvé par Philippe Gastal,
15:47 donc le gardien du match inaugural,
15:49 avait raconté qu'ils avaient bien arrosé leur repas,
15:51 et que du coup, ils ne voyaient pas forcément très clair
15:53 sur les ballons qui arrivaient sur lui.
15:55 - Très bien.
15:55 J'imagine que la préparation n'est pas elle-même en ce moment,
15:57 Denis Sapia, vous qui êtes joueur actuel de l'ASCAN,
15:59 on n'est pas sur des repas gardiens de l'époque, est-ce que...
16:02 - Plus diététiques.
16:03 - Diététiques.
16:04 On est avec Alexandre Main,
16:05 qui est également bénévole du club depuis 1970
16:08 et caméraman du club depuis 1972.
16:11 Puis, on est toujours sur ce stade-là,
16:14 qui a vu pas mal de monde passer,
16:17 que ce soit sur le terrain ou en tribune.
16:19 J'aimerais qu'on écoute ce témoignage,
16:20 celui d'Emile Robert.
16:21 Il venait de fêter ses 100 ans quand je l'ai rencontré,
16:24 il nous a quitté depuis, hélas,
16:25 mais il a été longtemps le doyen des Anciens Verts.
16:28 Il a eu sa licence en 1938,
16:30 et j'ai eu la chance de le rencontrer.
16:32 Il se souvenait de ce à quoi le stade ressemblait quand il jouait.
16:36 - Ah ben, il y avait la petite tribune centrale,
16:38 le terrain était légèrement plus petit, quand même,
16:41 et il y avait une piste.
16:42 En face, il y avait la tribune latérale,
16:47 mais c'était un monticule de terre seulement.
16:50 Il n'y avait pas de siège.
16:51 C'était un monticule de terre.
16:53 Sur les côtés, il y avait un monticule de terre,
16:58 et de l'autre côté aussi.
17:01 Et il y avait la piste autour, et c'est tout.
17:04 Et il y avait après,
17:06 maintenant j'ai vu, il m'ont fait voir,
17:08 il n'y avait pas de réception pour les journalistes,
17:11 il n'y avait pas...
17:13 Il y avait la salle pour se déshabiller,
17:16 et puis c'est tout.
17:17 Il y en avait qu'une.
17:19 Petite douche, on rentrait deux, maximum.
17:23 Le sol, c'était de la pierre.
17:25 Comme je vous dis, l'eau était plutôt chaude que froide.
17:28 Le lavabo, on s'en servait des fois pour laver nos chaussures.
17:31 Le maillot, on en avait un par an, pas plus.
17:34 Et on le lavait, enfin, nos mères !
17:38 - Un maillot par an, c'est combien de maillots par match ?
17:44 - En général, c'est deux par match.
17:47 - C'est une autre époque, les douches sont bien chaudes,
17:50 il y a de la froide, il y a tout.
17:51 - Puis on peut le régler, donc.
17:52 - C'est parfait, vous voyez.
17:56 On entendait Émile Robert, qui a été longtemps le doyen des anciens verts.
18:01 Il avait son siège,
18:05 Laurent Chastelier, puisque vous nous avez amené son siège,
18:07 numéro 143,
18:08 il est au Musée des Verts.
18:11 Son siège, pourquoi vous avez décidé de le retirer, de le mettre au musée ?
18:14 Parce que c'était son siège, il était tout le temps à la place.
18:17 - Pour lui rendre hommage, c'était à la fois le doyen des anciens joueurs
18:20 et également le doyen des abonnés au stade Geoffroy Richard,
18:22 qui est malheureusement décédé il y a bientôt un an maintenant.
18:25 Et donc pour lui rendre hommage,
18:28 le service com du club a eu la très bonne idée de passer son siège en doré.
18:34 Donc nous, lorsqu'on fait les visites de stade,
18:36 on dit un mot, soit directement, soit parce qu'avant même qu'on en parle,
18:39 les visiteurs vont nous interpeller sur pourquoi ce siège doré
18:42 est au milieu de la tribune Henri Point.
18:44 Et donc voilà, c'est un clin d'œil pour lui rendre hommage.
18:46 Et puis la place n'est pas vendue,
18:48 en fait, elle reste disponible, libre pour les spectateurs.
18:54 Et donc on espère, quelque part, qu'il reste toujours parmi nous,
18:57 même s'il n'est plus là physiquement et qu'il nous suit pendant les matchs.
18:59 - Un sacré hommage. Un sacré hommage inédit d'ailleurs.
19:02 C'est la première fois que ça se fait ?
19:04 - Je pense. Alors à Geoffroy Richard, c'est sûr.
19:06 Après dans d'autres clubs, peut-être...
19:08 - Ça s'est fait, il me semble, à Rennes notamment.
19:09 Je crois qu'il y a eu des choses comme ça. - Je crois qu'il y a eu des choses comme ça, oui.
19:10 - Avec une statue d'un ancien dirigeant ou joueur.
19:13 - J'aimerais qu'on évoque aussi les choses qu'on sait peu sur ce stade.
19:18 Parce que peut-être que vous, toutes les deux semaines, vous jouez,
19:20 Denis Sapien, mais il y a peut-être des choses que vous ne savez pas sur ce stade.
19:23 Je vous propose d'écouter le conservateur du musée, Philippe Gastal.
19:26 Il nous raconte les surprises que pouvaient rencontrer certains joueurs au stade Geoffroy Richard.
19:32 - L'histoire du stade est intimement liée à l'histoire de la ville.
19:36 Le stade a été construit dès 1931 sur des galeries de mines,
19:40 vestiges donc de la grande histoire minière de la cité stéphanoise.
19:45 Et à de multiples reprises, il n'était pas rare de découvrir des trous,
19:49 plus ou moins importants, sur le terrain d'honneur ou sur le terrain annexe.
19:53 En particulier en 1962, et c'est Kess Richvers qui le racontait très bien.
19:58 Et en l'occurrence, au musée, on a une photo et on voit le gardien de l'époque, Claude Dabbe,
20:03 avec Vic Domingo, le capitaine, et Marion Pascault, le gardien remplaçant.
20:08 Et ils sont au fond d'un trou, près du rond central.
20:11 Donc c'était quelque chose qui arrivait régulièrement dans les années 50 et au début des années 60.
20:17 Et le plus souvent, c'était des ingénieurs de la prestigieuse École des mines de Saint-Étienne
20:22 qui étaient appelés pour résoudre le problème.
20:24 - Alors, Chastellière du musée des Verts rassurait Denis Sapiat.
20:27 Il ne va pas tomber dans un trou ?
20:28 - Non, il n'y a plus aucune chance aujourd'hui, heureusement.
20:31 Mais pour l'anecdote, en 1995, ils débutent les travaux pour la rénovation du stade
20:38 en vue de la Coupe du Monde 98.
20:39 Et jusque-là, la pelouse n'avait jamais été vraiment refaite en profondeur.
20:43 Et Michel Petitmer, qui était géotechnicien, qui avait été chargé de ces travaux-là,
20:47 quand il commence à creuser la pelouse et à la changer entièrement,
20:51 il retombe sur d'anciennes galeries de mines, vu qu'à la base, on était sur un terrain mini à ciel ouvert.
20:54 Et il s'est pris en photo au milieu de ce trou, au milieu de la pelouse,
20:57 dans ce début d'ancienne galerie de mines.
20:59 Donc c'est complètement fou de se dire qu'il y avait ça quelques années avant.
21:03 Avec les risques, ça comporte, mais on peut rassurer Denis, il n'y a plus de problème aujourd'hui, heureusement.
21:08 - Heureusement, mais est-ce que vous...
21:10 Depuis que vous êtes arrivé à Sainté, est-ce que vous sentez qu'il y a aussi un vrai passé,
21:15 une histoire assez importante, notamment industrielle, un passé minier, un passé populaire, ici à Sainté ?
21:25 - Oui, et puis je le connaissais, enfin je connaissais, je l'avais déjà entendu parler aussi,
21:28 même si je ne jouais pas dans ce club, j'ai joué notamment en sélection avec des joueurs qui étaient de Sainté.
21:34 Et donc on en discutait, on en parlait un peu, et donc je connaissais de très loin tout petit peu l'histoire de ce club
21:41 et en fait ce que représentait ce club pour les supporters.
21:45 Enfin on avait notamment des joueurs de long et de Sainté, donc ils arrivaient à se chambrer un peu,
21:48 j'essayais de comprendre la différence, donc oui, j'en avais entendu parler.
21:52 - C'est un stade qui est vraiment à part par son histoire.
21:56 Il y a une expo temporaire en ce moment justement sur les 90 ans du stade Geoffroy Guichard.
22:02 Alors je pense qu'on pourrait en parler des heures de ce stade, tellement il a vécu de choses,
22:06 mais peut-être une ou deux anecdotes, Laurent, qu'on peut découvrir dans l'expo,
22:10 comme ça, ça nous donnera envie de découvrir autre chose.
22:12 Des choses qu'on ne connaît pas beaucoup, qu'on ne connaît pas du tout sur ce stade Geoffroy Guichard.
22:17 - Alors dans quelques semaines, on va fêter entre guillemets le 70e anniversaire
22:22 de l'arrivée en fait d'une étape du Tour de France sur la piste d'athlétisme du stade Geoffroy Guichard.
22:26 C'était le 24 juillet 1953.
22:28 Alors ça peut paraître complètement fou quand on connaît le stade aujourd'hui,
22:31 mais effectivement à l'époque il y avait une piste d'athlétisme,
22:33 alors c'était de la terre battue, ce n'est pas les revêtements techniques qu'on connaît aujourd'hui sur les pistes d'athlétisme.
22:37 Et donc il y avait un contre-la-montre entre Lyon et Saint-Étienne,
22:40 et donc l'arrivée s'était faite sur la piste d'athlétisme du stade Geoffroy Guichard, qui était plein à craquer.
22:44 Et pour l'anecdote, c'est Louis-Zon Bobet qui avait remporté l'étape,
22:47 donc ça lui avait porté chance vu que derrière il avait remporté le Tour quelques jours après à Paris.
22:51 Donc ça c'est un truc un peu incroyable.
22:52 Il y a une photo donc de cette arrivée d'étape qui est dans l'expo temporaire au musée.
22:57 Et puis également une autre petite anecdote qui peut paraître complètement folle,
23:00 notamment toutes les personnes qui travaillent dans la sécurité des stades qui vont m'écouter,
23:04 c'est en fait en 79, donc en 8e de finale de Coupe de l'UEFA,
23:08 on affronte l'Aris Salonique, donc un club grec en novembre,
23:11 et en fait on a une photo là aussi au musée des stagiaires du club, des jeunes du centre de formation,
23:16 parce qu'à l'époque leur chambre était en fait au 3e étage de la tribune Pierre-Faurent.
23:19 Donc c'est comme si aujourd'hui on avait encore les chambres des jeunes joueurs en formation au sein du stade Geoffroy Guichard.
23:23 Et en fait ils suivent la rencontre depuis le toit de la tribune Pierre-Faurent.
23:26 Donc ils sont sur le toit avec leur couverture sur eux,
23:29 allongés, voilà, en suivant le match depuis la toiture.
23:32 Parce qu'en fait ils avaient juste à monter, entre guillemets, un étage pour arriver sur le toit,
23:36 et ils suivaient la rencontre de là, donc ça peut paraître complètement dingue
23:39 aujourd'hui en termes de normes de sécurité, surtout quand on sait aujourd'hui la valeur que peuvent avoir certains jeunes en formation,
23:45 de se dire qu'ils suivaient la rencontre comme ça, avec tous les risques que ça comportait,
23:48 ça fait un petit peu partie de la légende du stade.
23:50 Mais d'ailleurs quand on voit des images d'archives également de match de Coupe d'Europe,
23:52 il y avait beaucoup de spectateurs qui se mettaient là aussi sur le toit,
23:54 sur une partie de la structure métallique des tribunes, enfin c'est...
23:57 Voilà, ça paraît complètement fou aujourd'hui quand on sait les normes hyper strictes qu'on peut rencontrer dans les stades.
24:02 - Vous avez connu des situations un peu folles comme ça, en tant que joueur ?
24:06 Alors, maintenant c'est peut-être plus compliqué parce qu'on est des stades de...
24:09 - Oui. - Des normes de sécurité maintenant, mais...
24:12 Je sais pas, des supporters qui ont tellement envie de voir votre équipe, qui...
24:15 Je sais pas, ils essaient de braver...
24:16 - J'ai pas de souvenirs comme ça, mais je crois que j'en avais déjà entendu parler de cette histoire,
24:19 enfin peut-être que c'était pas à ce club que j'avais entendu parler.
24:22 Après, nous... Enfin moi spécialement,
24:24 il faudrait que je replonge dans mes souvenirs, mais j'ai pas de gros souvenirs sur ça.
24:27 - Y a peut-être des histoires, peut-être l'histoire elle circule au centre de formation à la Saint-Etienne,
24:31 et que du coup ça revient...
24:33 - Ouais, peut-être. - Ça revient.
24:35 - En tout cas, c'est un... Oui, c'est une autre époque, là aussi, encore une fois.
24:40 Vous, Alexandre, vous faites des visites du musée, le musée des Verts.
24:44 Ça fait plus de 50 ans que vous êtes bénévole.
24:46 Qu'est-ce qui vous surprend encore dans ce stade ?
24:48 - Ah, ce qui me surprend...
24:50 Par exemple, il y a une quinzaine de jours,
24:52 j'ai fait la visite du stade à deux réunionnais.
24:57 Deux réunionnais qui nous m'expliquaient qu'ils étaient passionnés de Saint-Etienne étant jeunes,
25:01 et ce sont des personnes qui avaient près de 60 ans.
25:03 Ils étaient venus en vacances à Lyon,
25:05 mais ils m'ont dit "on n'a pas pu s'empêcher de venir voir le stade Geoffroy Guichard",
25:10 et à la fin de la visite, ils pleuraient presque d'avoir vu ce stade
25:15 qu'ils avaient supposé voir...
25:20 - C'est un stade pas comme les autres.
25:21 Pourquoi, selon vous, Denis, ce stade n'est pas comme les autres ?
25:25 - En tant que joueur, notamment, c'est surtout la ferveur qu'on arrive à voir déjà,
25:29 qu'on arrive à voir et sentir déjà à la télé.
25:31 Et puis moi, pour l'avoir vécu en tant que joueur,
25:35 que ce soit avec le maillot ou contre le maillot de Saint-Etienne,
25:39 il n'y a pas beaucoup de stades qui m'ont marqué comme ça.
25:42 J'arrive à les compter, j'arrive à faire une liste, notamment en France,
25:45 mais il n'y en a pas beaucoup.
25:46 Moi, je me rappelle de mon premier match avec Caen ici,
25:49 où on rentre sur le terrain, on se met en place pour avant le coup d'envoi,
25:53 et j'entends plus rien.
25:54 C'est les oreilles qui bourdonnent,
25:56 et j'essaie de parler à Hervé Basile, je ne sais pas si ça vous rappellera à l'époque,
25:58 que je lui dis "mais attends, on est comme à une sortie de boîte à 5h du matin où les oreilles bourdonnent".
26:03 Je lui dis "mais on n'entend plus rien, c'est pas possible".
26:04 Et c'était exceptionnel cette ambiance.
26:06 Donc je pense que la première chose que les gens...
26:08 ce qu'on associe à ce stade, c'est notamment comme une marée verte,
26:12 et surtout le bruit que ça fait.
26:14 - Vous venez donc deux fois avec Caen, c'est ça ?
26:16 Il y a une victoire des Verts à 0 en 2014,
26:19 il y a une défaite de 1 en 2016,
26:22 et vous revenez quatre fois...
26:25 - Deux fois avec Nantes, victoire 2 à 0,
26:29 c'est en janvier 2020,
26:30 et puis en février et décembre 2021,
26:33 il y a trois matchs.
26:35 Là vous n'entrez pas sur les deux derniers.
26:37 - Pas peut-être.
26:39 - C'est ça, et vous avez des souvenirs de ces moments-là ?
26:43 Les souvenirs que vous avez du St-Georges-Franck-et-Charles,
26:45 c'est de plus en plus fort avec Caen peut-être ?
26:48 - Oui parce que les semaines que je jouais avec Nantes, on était à huis clos.
26:51 - Ah c'est ça, donc du coup...
26:52 - Ah pareil, du coup ça peut vous faire bizarre quand vous avez...
26:55 - Ah ouais, complètement. Mais j'étais déçu moi.
26:57 Ah j'étais complètement déçu de jouer sur ce match à huis clos,
26:59 j'aurais préféré jouer avec le stade plein.
27:01 - C'est un match qui fait beaucoup de bruit,
27:03 notamment par rapport à son architecture,
27:07 le fait qu'il y ait des toits au-dessus des tribunes.
27:08 - Ouais, j'en parlais tout à l'heure,
27:10 en fait c'est Roger Rocher qui avait vu en Angleterre
27:13 les stades à l'anglaise, tout simplement,
27:15 avec effectivement à la fois le côté très proche du terrain
27:17 et le côté marmite, chaudron, chez nous,
27:21 et le fait que c'est une caisse de résonance incroyable,
27:23 et c'est encore plus le cas maintenant que les angles sont fermés,
27:26 parce qu'avant, avec les angles ouverts,
27:27 il y avait quand même un peu de son qui sortait,
27:29 mais là c'est vraiment impressionnant.
27:31 Moi pour la télé du club, j'ai pu commenter quelques matchs en début de saison,
27:34 notamment les 4 matchs à huis clos qu'on a fait,
27:35 donc là on était tranquille avec l'autre commentateur,
27:39 il n'y avait pas de soucis.
27:39 Par contre quand j'ai recommenté là récemment avec du public,
27:43 donc là j'étais obligé de crier dans mon micro pour nous entendre,
27:47 tellement ça faisait du bruit,
27:47 donc sur le terrain j'imagine même pas l'effet que ça doit faire quand on est joueur.
27:51 - Et Denis, savant de signer à la SS,
27:52 ça a été un critère ce stade ?
27:54 - Je suis content de revenir,
27:55 oui parce que pendant que je parlais avec mon entourage,
27:58 et notamment avec une personne avec qui je travaillais,
28:01 je trouvais que les meilleurs matchs que j'avais fait c'était ici.
28:05 Les meilleurs matchs que j'avais fait,
28:06 en tout cas à chaque fois que je venais au stade,
28:09 je ne faisais pas un mauvais match,
28:11 c'était plutôt bien et bon,
28:12 et j'adorais jouer dans ce stade,
28:14 donc ça fait partie aussi.
28:17 - Même quand on est adversaire, ça peut galvaniser ?
28:19 - Moi ça a été le cas en tout cas,
28:20 j'ai regardé ça,
28:22 le sourire,
28:23 de suite une envie de courir partout,
28:25 ça m'excitait.
28:26 Je me rappelle sur ce genre de match,
28:27 quand je sortais,
28:28 j'étais complètement fatigué,
28:29 autant physiquement qu'émotionnellement,
28:31 mais ça donne des ailes.
28:32 Donc déjà avec toi,
28:34 ça me le donnait,
28:35 alors en mettant le maillot vert,
28:38 c'est encore mieux.
28:38 - Vous sentez une vraie différence depuis que vous portez ce maillot-là ?
28:42 - Oui mais en plus,
28:43 on le voit dans le stade,
28:45 mais même,
28:45 je parle aussi des supporters à l'extérieur,
28:47 on arrive à remplir tous les comportements des équipes à l'extérieur,
28:54 donc c'est incroyable d'avoir ce peuple derrière nous,
28:57 ce soutien derrière,
28:59 alors quand on est au stade,
29:00 c'est que du plaisir.
29:01 - J'imagine,
29:01 j'imagine les frissons que ça doit,
29:03 enfin j'imagine pas en fait,
29:04 non, non,
29:05 c'est les frissons qu'on doit ressentir quand on est sur la pelouse au milieu de ce monde-là.
29:08 - En plus j'ai eu le changement,
29:09 moi je suis arrivé,
29:10 il y avait un tout petit peu moins de monde quand je suis arrivé en janvier,
29:12 jusqu'à mars, février,
29:13 mars à vol,
29:14 où ça a commencé à se remplir,
29:16 et ça n'a rien à voir.
29:18 - Ce public-là,
29:20 il a été tellement important,
29:21 mais dans évidemment l'histoire de ce stade,
29:24 Geoffroy Guichard,
29:24 Laurent Chastelière,
29:25 parce que ce stade,
29:27 il a connu de grands moments,
29:29 de très très grands moments,
29:30 on ne va pas tous les citer,
29:31 parce qu'on n'a pas le temps,
29:32 à la pareil,
29:32 il nous ferait une émission de quatre heures,
29:34 mais il y a eu des grands moments d'histoire,
29:37 notamment avec de la Sainte-Etienne,
29:39 dans ce stade-là.
29:40 - Bien sûr,
29:41 là effectivement,
29:41 il faudrait faire plusieurs émissions complètes,
29:44 pour parler de tous les grands moments
29:45 qu'il y a pu y avoir au stade,
29:47 mais il y a eu tellement de matchs mythiques,
29:49 qui font que,
29:49 voilà,
29:49 ça marque des générations complètes.
29:52 Voilà,
29:53 pour la précédente remontée en Ligue 1,
29:55 donc en 2004,
29:56 il y a le fameux dernier match contre Châteauroux,
29:58 quand vous en parlez avec Damien Bridonneau,
30:00 donc qui est le dernier buteur de cette saison-là,
30:01 donc c'est son seul et dernier but en vert,
30:04 mais qui donne le titre de champion de France de Ligue 2,
30:06 il disait "mais j'ai l'impression de voler",
30:08 et tout le stade qui se soulevait à ce moment-là.
30:11 - Jérémie Jeannot, le gardien à l'époque,
30:13 disait "j'ai senti le sol vibrer".
30:15 - Voilà, moi pour l'anecdote,
30:17 quelques semaines avant,
30:17 on avait joué Sochaux en demi-finale de la Coupe de la Ligue,
30:20 à cette époque, moi j'étais en études en licence en Écosse,
30:23 et on arrivait quand même à capter France Info
30:26 via l'écran de zone en Écosse,
30:28 donc je suivais le match à la radio,
30:30 et en fait le commentateur du match sur France Info,
30:32 à un moment donné, s'arrête,
30:33 et dit à la radio
30:35 "écoutez là, en fait pendant une minute,
30:36 je vais plus commenter,
30:38 c'est pas parce que mon micro ne marchera plus,
30:39 mais en fait l'ambiance est tellement extraordinaire,
30:40 faut que je puisse vous la faire vivre".
30:42 Et en fait pendant une minute,
30:43 moi j'étais à des milliers de kilomètres,
30:44 et j'entendais le stade Geoffroy Richard,
30:46 et on menait 2-0 dans une ambiance de folie.
30:47 Alors malheureusement on se fait sortir en prolongation,
30:49 mais tous ceux qui ont pu vivre ce match,
30:51 enfin qui étaient présents au stade ce soir-là,
30:53 pour beaucoup ils disent que c'est la plus grosse ambiance
30:55 qu'ils ont connue au stade.
30:56 - Il y a eu le match contre Split aussi.
30:58 - Voilà, alors après il y a d'autres matchs bien sûr
31:00 que moi j'ai pas connus,
31:01 mais voilà, j'imagine à la grande époque,
31:02 ça devait être incroyable.
31:05 - Moi j'ai été le seul à filmer ce match-là,
31:06 malheureusement à l'époque nous avions que 2 bandes à filmer.
31:11 Donc je filmais le match,
31:13 dans la semaine on descendait dans les salons,
31:16 on passait le match et Robert Herbin le commentait,
31:19 et je puis vous dire que,
31:20 bon il n'y avait pas de montage à l'époque,
31:23 et le match durait plus de 2 heures,
31:25 avec Robert Herbin il faisait des arrêts sur l'image,
31:28 il faisait des commentaires, il faisait des reprises,
31:30 et je puis vous dire que même les plus grands joueurs,
31:33 quand ils voyaient un joueur qui avait les mains sur les hanches,
31:36 ou qui ne se repliait pas,
31:38 même que ce soit l'un des plus grands joueurs du club,
31:40 je puis vous dire qu'ils en entendaient parler.
31:43 - Vous avez dû en filmer des grands souvenirs quand même de la Saint-Etienne.
31:46 - Extraordinaire,
31:47 malheureusement à l'époque on n'avait que 2 bandes,
31:49 et les matchs contre Split par exemple,
31:52 et bien, parce que c'était uniquement à l'époque à l'usage des joueurs,
31:57 donc on leur passait le match,
32:00 Herbin me redonnait les bandes,
32:01 et le dimanche suivant,
32:03 parce qu'à l'époque les matchs avaient lieu dimanche,
32:05 on ré-enregistrait par-dessus.
32:08 - C'est un stade qui a donc connu la Split,
32:12 on parle de beaucoup plus récents,
32:14 Sochaux par exemple, ou encore Châteauroux.
32:17 - On n'a pas parlé des derbies aussi,
32:19 - Oui j'imagine qu'il y a eu quelques-uns.
32:20 - Voilà, mais là, enfin, Denis l'a pas connu forcément,
32:22 on espère qu'il le connaîtra très rapidement.
32:25 Mais là, récemment, quand on a gagné,
32:28 on parlait en off avant l'émission du but de Robert Beric,
32:31 le 1-0 contre Lyon, le dernier derby remporté en 2019,
32:35 il y a le 3-0 en 2014,
32:37 là avec une ambiance, moi c'est la plus grosse ambiance que j'ai connue à Geoffroy Hichard,
32:39 parce qu'en plus le derby c'est vraiment un match,
32:41 on le redira jamais assez, mais qui est vraiment à part,
32:43 au-delà du classement, au-delà du résultat,
32:44 c'est vraiment le match à ne pas rater.
32:46 Et là, gagner 3-0 à domicile face à Lyon,
32:48 dans une ambiance incroyable,
32:49 je me rappelle les dix dernières minutes du match,
32:53 d'ailleurs Fabien Lemoyne en parlait récemment,
32:55 il disait que c'était le genre de match,
32:56 il aurait voulu qu'il ne s'arrête jamais en fait.
32:58 Tellement il surfait, il avait le sentiment d'être invincible.
33:02 Là je pense que ça doit vraiment être à part,
33:03 quand des joueurs ont dit ça à ces moments-là,
33:05 c'est vraiment incroyable.
33:06 D'être porté des grosses ambiances comme ça,
33:08 vous n'avez pas connu des listes de derby à Saint-Etienne,
33:11 et encore une fois on vous le souhaite,
33:13 mais vous avez connu des grands matchs
33:15 où le public était tellement impressionnant,
33:18 qui vous a porté ?
33:19 Oui, je viens de Nantes aussi,
33:22 où on a connu de belles choses,
33:24 où j'ai eu la chance de connaître de grands moments avec Nantes.
33:28 Donc il y a eu 3-4 matchs quand même avec Nantes,
33:29 où ça a été exceptionnel.
33:31 Même à l'extérieur, bizarrement,
33:33 un derby comme Rennes-Nantes où malheureusement on le perd,
33:35 mais l'ambiance était incroyable.
33:38 J'ai eu la chance de jouer avec des champions aussi,
33:41 d'aller au Celtic, c'est exceptionnel aussi.
33:43 Il y a des stades qui marquent comme ça ?
33:45 Oui, celui-là vraiment,
33:47 je me rappelle on était dans le couloir
33:49 et on entendait à peu près,
33:50 juste un peu "You never walk alone" de tout le stade,
33:52 c'était exceptionnel.
33:54 Là j'imagine qu'il y a d'ailleurs des moments comme ça,
33:56 quand on est joueur ça doit marquer,
33:58 et puis on doit avoir des frissons dans des stades mythiques.
34:01 Comme l'est du coup le stade Geoffroy Guichard,
34:03 et c'est ainsi qu'on conclut cette émission.
34:05 Merci beaucoup Denis Sapia d'être venu sur France Bleu Saint-Etienne,
34:08 Laurent Chastelière le responsable du Musée des Verts,
34:10 et puis Alexandre Minc, merci à vous,
34:12 plus de 50 ans de bénévolat, d'amour du club.
34:14 Voilà, tout à fait.
34:15 C'est ça ? On peut résumer ainsi ?
34:17 Ah oui, tout à fait.
34:19 Merci beaucoup Alexandre, à très bientôt.
34:21 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
34:24 [SILENCE]

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