• l’année dernière
L'imaginaire autour de la piraterie a toujours été très riche, et on est sûrement nombreux à avoir été passionnés par les pirates à un moment ou à un autre. Cependant, les choses que l'on imagine ne collent pas toujours avec la réalité. Et c'est notamment pour en savoir plus que j'ai récemment reçu Jean Soulat, docteur en archéologie, spécialiste des objets métalliques et co-président du programme d’Archéologie de la Piraterie. Si vous êtes intéressés par l'archéologie, les pirates aux XVIIe et XVIIIe siècles, tout en écoutant un entretien passionnant, vous êtes au bon endroit !

Découvrez l'association de Jean, "Archéologie de la Piraterie des XVIIe - XVIIIe siècles" : http://archeologiedelapiraterie.fr/fr

Montage par V pour Valentin : https://www.youtube.com/Salveus

Sommaire :

00:00:00 - Introduction
00:01:09 - Pourquoi les gens sont fascinés par les pirates ?
00:03:42 - Comment Jean Soulat en est venu à travailler sur les pirates ?
00:14:01 - L'âge d'or de la piraterie
00:16:01 - Contexte historique
00:23:28 - Des Caraïbes vers l'Océan Indien.
00:27:06 - L'apport des archéologues à l'Histoire de la piraterie.
00:34:05 - Découvre-t-on des coffres à trésors ?
00:37:15 - Comment savoir qu'une épave est une épave pirate ?
00:42:18 - Les outils des archéologues
00:49:26 - L'état des épaves
00:52:45 - L'archéologie des pirates... Sur terre !
01:01:47 - Les relations entre les archéologues et les locaux
01:07:28 - Un exemple concret du travail pratique de Jean Soulat
01:15:43 - Le financement des recherches
01:20:00 - Un code de conduite de la piraterie ?
01:23:02 - Le point de vue de Jean Soulat sur Marcus Rediker
01:28:06 - La conservation selon les différences de climat.
01:30:36 - Des musées de la piraterie ?
01:35:36 - Comment réparer les bateaux ?
01:36:40 - Comment sortir un canon de l'eau ?
01:37:35 - Qu'est-ce qu'un corsaire ?
01:38:44 - Des fouilles préventives à Madagascar ?
01:39:21 - Comment les pirates se payaient leurs navires ?
01:40:49 - Quelques jeux vidéo
01:42:38 - Les ouvrages de Jean Soulat
01:47:46 - Bibliographie sélective
01:48:51 - Conclusion

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Transcription
00:00:00 Mes chers camarades, bien le bonsoir, bien le bonjour que vous nous regardez ici en direct
00:00:04 sur Twitch ou en rediffusion sur Youtube ou même en podcast parce que Nota Bene est absolument
00:00:10 partout.
00:00:11 J'ai l'honneur aujourd'hui de recevoir Jean Soulat qui est docteur en archéologie,
00:00:15 spécialiste des objets métalliques et co-président du programme d'archéologie de la piraterie
00:00:20 tout en ayant passé sa thèse sur le mobilier mérovingien dans le sud-est de l'Angleterre.
00:00:24 Donc on voit ça, ça va assez large.
00:00:26 Il est l'auteur d'Archéologie de la piraterie des XVIIe et XVIIIe siècle, étude de la vie
00:00:31 quotidienne des flibustiers de la mer des Caraïbes à l'océan Indien qui est sorti
00:00:35 en 2019 aux éditions Décitres.
00:00:37 Et puis il a sorti aussi ce bouquin, 1702 Speaker, dont on va reparler tout à l'heure
00:00:42 puisque c'est Histoire et archéologie d'un navire pirate coulé à l'île Maurice.
00:00:46 Vous allez le voir, c'est particulièrement intéressant.
00:00:48 D'ailleurs on a commencé à écrire des scripts avec Jean qui vont donner des épisodes
00:00:53 sur Nota Bene.
00:00:54 Qu'est-ce qu'elle est pas belle la vie.
00:00:55 Jean, bien le bonsoir.
00:00:57 Merci d'être avec nous.
00:00:58 Bonsoir, c'est un plaisir.
00:00:59 Merci de l'invitation.
00:01:00 Écoute, ravi de t'avoir ici avec nous pour parler ce soir des pirates.
00:01:06 Un thème qui est bien, qui fédère pas mal les gens.
00:01:08 On est d'accord.
00:01:09 D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu penses que les pirates attirent les gens ?
00:01:12 C'est une bonne question.
00:01:14 Dans la culture populaire aujourd'hui, c'est quand même extrêmement présent.
00:01:19 On a nos enfants, moi j'ai deux enfants qui se déguisent ou qui se déguisent en pirates.
00:01:23 On est entouré d'objets de fiction, de séries, dessins animés, bandes dessinées,
00:01:30 etc. autour de la piraterie.
00:01:32 Et c'est vrai que c'est des personnages qui fascinent.
00:01:37 On n'imagine pas toujours que ce sont de véritables acteurs de l'histoire, de l'histoire
00:01:42 européenne et de la colonisation européenne du côté Asie et côté Amérique.
00:01:51 Mais ils ont joué un rôle assez important.
00:01:54 Certains d'entre eux sont venus presque des personnages historiques avec un rôle extrêmement
00:02:02 portant sur différents événements de la vie quotidienne et de cette période qui est
00:02:08 l'âge d'or de la piraterie.
00:02:09 Je pense qu'on va y revenir.
00:02:11 On est entouré, presque comme les comics books ou d'autres phénomènes d'aujourd'hui,
00:02:19 des pirates depuis un moment.
00:02:21 Et c'est vrai que souvent on est dans la caricature.
00:02:24 Évidemment, on va aussi y revenir ce soir.
00:02:28 On est dans la caricature à travers différentes caractéristiques autour du pirate, autour
00:02:33 de la vie du pirate.
00:02:34 Et je pense que c'est ça aussi qui fascine, le côté caricatural du personnage, mais
00:02:41 aussi l'aventurier, l'explorateur.
00:02:44 Et évidemment, la fameuse recherche du trésor qui a existé ou pas, mais qui continue à
00:02:50 fasciner.
00:02:51 Du trésor et de la liberté aussi.
00:02:53 Et de la liberté, oui, puisque là, on rentre tout de suite dans le côté social, sociétal
00:02:59 du pirate qui fuit, qui fuit une vie qu'il a finalement mal menée et qui décide, ou
00:03:10 parfois dont il ne se décide pas d'ailleurs, en fonction du contexte, de fuir et ainsi
00:03:17 de bloguer sur différents océans pour découvrir d'autres communautés, d'autres paysages
00:03:23 inconnus pour lui.
00:03:24 Alors, avant de rentrer dans le vif du sujet, on a à peu près une heure et demie sur ce
00:03:28 fil des pirates et aussi sur tes recherches que tu as menées il n'y a pas très, très
00:03:31 longtemps, pas très loin de Madagascar.
00:03:34 Tu nous diras un petit peu ce que tu as découvert là-bas et quelles conclusions on peut en
00:03:37 tirer.
00:03:38 Il est trop tôt pour en tirer des conclusions d'ailleurs.
00:03:40 J'aimerais te poser une petite question avant de rentrer dans ce sujet.
00:03:45 C'est pourquoi est-ce que ou comment toi tu t'es retrouvé à travailler sur les pirates ?
00:03:51 On l'a vu, tu étais plutôt intéressé par les Mérovingiens fut un temps.
00:03:55 Comment est-ce qu'on switch des Mérovingiens aux pirates ?
00:03:59 Alors on est archéologue, on peut être multitâche.
00:04:01 En fait, c'est lié déjà à un imaginaire, à tout ce qu'on vient d'évoquer.
00:04:10 Donc en tant que gamin, on est tous bercé par les pirates, par ses aventures, etc.
00:04:17 Moi, ça a toujours fasciné.
00:04:18 L'histoire de ces forts bancs, évidemment, et depuis petit, l'archéologie.
00:04:23 Moi, c'est une vocation que j'ai depuis l'enfance, qui s'est vraiment décidée en
00:04:29 quatrième.
00:04:30 D'abord, j'aurais aimé travailler plutôt sur les dinosaures, comme beaucoup d'enfants.
00:04:36 Et puis, les dinosaures, la paléontologie n'est pas très loin de l'archéologie.
00:04:43 Et puis, je me suis mis à vraiment m'intéresser à cette archéologie globale.
00:04:49 Je me suis intéressé dans un premier temps vraiment à des périodes mal connues.
00:04:54 Quand il a fallu se décider, pour en arriver quand j'ai passé mon bac, il a fallu se décider
00:05:00 vraiment sur une période un peu chronologique en archéologie, en deuxième année de fac
00:05:07 Université Paul-Valéry de Montpellier, où j'ai passé ma licence.
00:05:12 Il a fallu vraiment se décider sur une période chronologique, et la période chronologique
00:05:18 qui était une des moins connues en tout cas à l'époque.
00:05:21 Je ne suis pas très vieux, mais c'est toujours un peu le cas.
00:05:25 C'est la période dite des âmes obscures, l'époque du haut Moyen-Âge, et qu'on appelle
00:05:31 en France pour la première partie l'époque mérovingienne.
00:05:34 Et tout de suite, c'est attrait pour les objets, vraiment comprendre le quotidien de
00:05:40 cette société.
00:05:41 Donc, j'ai commencé à travailler sur le mérovingien.
00:05:43 Je suis monté à Paris pour mon master.
00:05:46 Paris 1, Panthéon-Sorbonne, avec Patrick Perrin, ancien directeur de mémoire, master
00:05:54 1, master 2, ancien directeur du musée d'archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye.
00:05:58 Et puis, ensuite, j'ai fait un doctorat sur mérovingien, et je m'intéressais aussi
00:06:03 à mes racines, parce que moi je suis quand même originaire du Nord-Pas-de-Calais et
00:06:06 de la région lilloise.
00:06:07 Et en fait, les liens avec l'Angleterre étaient assez forts.
00:06:13 Donc on y vient, on commence à dessiner un petit peu le sujet de la thèse.
00:06:17 Et l'intérêt, grâce aux fouilles auxquelles j'ai pu participer en archéologie programmée,
00:06:22 quand on est étudiant en archéologie, on a la chance de faire des petites fouilles
00:06:27 l'été qui sont assez formatrices.
00:06:29 J'ai beaucoup travaillé sur les sépultures, les cimetières notamment de Normandie ou
00:06:33 de la moitié nord de la France.
00:06:36 Et ça a un peu forgé mon envie de travailler sur ces objets mérovingiens, mais le lien
00:06:41 avec l'Angleterre était assez présent, les gens d'Arthuriel, etc., tout ce qu'on
00:06:45 connaît pour le 5e, 7e siècle.
00:06:47 Pareil, le lien avec l'Angleterre était extrêmement intéressant.
00:06:52 Et là, je me suis vraiment décidé à travailler sur le littoral.
00:06:59 Donc le littoral de la Normandie, mes parents sont originaires du Pas-de-Calais.
00:07:04 J'ai mes sœurs qui sont nées à Saint-Lô en Normandie.
00:07:07 Donc le lien était tout tracé, mes parents ont vécu à Caen.
00:07:11 Et puis au final, moi j'ai vécu à Lille.
00:07:14 Donc on a dressé un petit peu ce sujet presque lié à ma vie personnelle.
00:07:21 Et c'était de travailler sur les tombes mérovingiennes qui livraient des objets venant
00:07:27 de l'Angleterre.
00:07:28 Ça c'était extrêmement fort.
00:07:30 C'était un des premiers sujets sur cette thématique-là.
00:07:34 Et puis en thèse, j'ai fait l'inverse, j'ai travaillé sur les tombes mérovingiennes
00:07:37 qui étaient dans le sud-est de l'Angleterre.
00:07:39 Donc implantées au milieu des tombes des mécropoles de l'Angle au Saxon du 5e et 8e siècle.
00:07:48 Et là c'était pour essayer de mettre en évidence la culture mérovingienne dans ces sépultures-là.
00:07:54 Donc ça c'est la thèse, soutenance en décembre 2015.
00:07:58 J'avais déjà été embauché au laboratoire Landark, qui est un laboratoire d'archéologie
00:08:03 privé qui travaille pour le public, notamment pour l'INRAP et pour les collectivités territoriales,
00:08:08 qui est basé à Florence dans le Gers.
00:08:10 J'ai développé une base de recherche à côté de Fontainebleau, à Samois-sur-Seine,
00:08:16 aux Samoisiens qui nous écoutent peut-être.
00:08:18 Et puis c'est développé l'archéologie et l'étude des contextes préventifs.
00:08:26 Et dans ces contextes préventifs, je ne travaillais pas que sur le mérovingien évidemment,
00:08:30 mais aussi sur la période moderne, 16e, 17e, 18e siècle.
00:08:34 Et les lots qu'il fallait étudier, qu'on continue à étudier aujourd'hui,
00:08:37 le mérovingien devient de plus en plus rare malheureusement,
00:08:39 parce que ce n'est pas toujours simple de mettre en évidence des grandes nécropoles mérovingiennes.
00:08:44 Pareil pour les habitats ruraux.
00:08:46 Donc il a fallu se former un petit peu sur des périodes plus récentes,
00:08:49 le second Moyen-Âge, de l'an 1000 jusqu'au 14e, 15e siècle,
00:08:53 et puis ensuite cette période moderne, voire contemporaine.
00:08:55 Et moi ce qui m'intéressait était toujours là, c'est-à-dire les pirates,
00:08:59 le lien avec l'Amérique, les colonies d'Amérique, le Canada, le Québec, les Antilles,
00:09:04 et puis aussi la Guyane.
00:09:05 Donc on a mis en place avec des collègues travaillants outre-Atlantique,
00:09:08 des collègues francophones, notamment au Canada, au Québec, et puis aussi aux Antilles,
00:09:13 je leur passe le bonjour évidemment,
00:09:15 parce que je continue d'ailleurs toujours à travailler avec eux sur les sujets piraterie.
00:09:18 On a développé un programme de recherche sur les objets de la période moderne français
00:09:23 qui ont été découverts dans les contextes des Antilles, de Guyane, et puis d'Amérique du Nord.
00:09:30 Donc ça pareil, c'était assez innovateur,
00:09:32 on surfait un petit peu sur la bague d'études des céramiques,
00:09:35 mais nous on ne travaille pas sur les céramiques, moi je suis spécialiste des objets métalliques,
00:09:38 notamment, mais aussi des objets manufacturés en or, etc.
00:09:42 Donc tout ce qui est objet du quotidien sorti de la vaisselle,
00:09:44 et là on a pu dresser un certain nombre d'éléments,
00:09:47 et on s'est rendu compte qu'on avait des contextes pirates qui étaient extrêmement intéressants,
00:09:50 notamment l'épave du Queen Anne's Revenge,
00:09:52 qui est l'épave de bateau de barbe noire,
00:09:57 coulée en 1718 dans la baie de Beaufort, au large de la Carolina.
00:10:01 Et pourquoi cette épave est extrêmement intéressante pour la problématique que j'évoquais,
00:10:07 les connexions transatlantiques et la culture matérielle française dans les colonies d'Amérique,
00:10:11 c'est que ce bateau à la base est fabriqué à Nantes,
00:10:15 il s'appelle la Concorde,
00:10:19 il a été pris par les pirates de barbe noire au large de la Martinique,
00:10:23 en 1716 je crois, sans me tromper,
00:10:26 et il a été découvert par les archéologues en 1996-97,
00:10:30 et déclaré comme étant le fameux Queen Anne's Revenge,
00:10:34 que plusieurs années plus tard, lié à une grande polémique d'identification, peu importe.
00:10:38 Et ce qui était intéressant avec cette épave, c'est qu'on a trouvé beaucoup d'objets français
00:10:42 parmi la cargaison, les objets du quotidien,
00:10:45 et notamment des objets liés à la chirurgie,
00:10:47 puisque le chirurgien a été gardé de l'équipage de barbe noire,
00:10:51 on rentre dans le sujet, ça y est,
00:10:53 dans cet équipage qui a été pris par barbe noire,
00:10:56 l'équipage français, ils ont conservé le chirurgien à bord,
00:11:02 et notamment toute sa mallette d'ustensiles,
00:11:05 qui était frappée de marques de fabrique venant de Rouen et de Paris.
00:11:09 Et là, tout de suite, le lien était tout trouvé,
00:11:12 le lien entre les connexions transatlantiques,
00:11:14 l'étude de la période moderne en France.
00:11:16 Donc on s'est rapproché, moi et mes collègues,
00:11:18 puisqu'on a en même temps consolidé tout ça avec une association en 2019,
00:11:22 l'Association archéologique de la piraterie,
00:11:24 qui est devenu un programme de recherche,
00:11:26 et on a contacté évidemment les collègues américains,
00:11:28 qui étaient tout à fait friands de travailler avec des collègues français
00:11:32 qui connaissaient, qui maîtrisaient cette culture matérielle française.
00:11:36 En rigolant, on voyait dans les publications
00:11:38 qu'ils ne maîtrisaient pas complètement le sujet,
00:11:40 des sites français, des sites d'archéologie français,
00:11:44 on pouvait avoir des fonds d'orthographe,
00:11:46 ils écrivaient par exemple Montpellier avec un seul L,
00:11:48 parce qu'il y a la ville de Montpellier aux États-Unis,
00:11:50 donc c'était assez drôle,
00:11:52 alors qu'évidemment ils faisaient référence à la ville de Montpellier en France.
00:11:55 Les épaves de la Natière, etc.
00:11:57 Mais très peu d'informations,
00:11:59 et puis on a pu beaucoup échanger avec ces collègues-là,
00:12:01 et puis écrire des articles en commun,
00:12:04 et la collaboration s'est développée finalement presque d'abord
00:12:08 avec les collègues américains,
00:12:09 qui étaient friands de ce sujet,
00:12:11 et qui sont très en avance sur cette archéologie de la piraterie,
00:12:14 pour preuve, je le place,
00:12:16 deux bouquins qui ont été publiés en 2006 pour celui-ci,
00:12:20 et en 2016 pour celui-là,
00:12:22 sur archéologie afghaïsie,
00:12:24 et nous ça nous a énormément, il faut le dire,
00:12:26 inspirés pour la création de notre programme de recherche,
00:12:29 et tout le travail qui s'en est suivi,
00:12:31 d'ailleurs on a la chance de participer avec plusieurs collègues
00:12:33 au volume 3, qui sera publié l'année prochaine,
00:12:36 toujours publié au University Press of Florida,
00:12:39 donc quelque chose de relativement sérieux,
00:12:42 et c'est vrai que cette archéologie de la piraterie,
00:12:44 on va y revenir, souffre un petit peu
00:12:46 d'un côté un peu mal aimé de cette thématique de recherche en France,
00:12:51 liée à plein de problèmes aussi,
00:12:54 de chasseurs de trésors, de pillages, etc.,
00:12:57 on va y revenir, mais voilà,
00:12:59 le parcours en fait s'est vraiment développé,
00:13:02 il y a eu deux rencontres très importantes,
00:13:04 déjà pouvoir travailler en Guyane,
00:13:07 sur le site de Loyola,
00:13:09 qui a permis aussi la rencontre avec Alexandre Poulot,
00:13:12 mon collègue de INRAP que je salue, qui doit nous écouter,
00:13:14 il a un petit décalage horaire,
00:13:16 mais il doit être présent,
00:13:18 et avec qui je partage beaucoup de choses au niveau de l'association,
00:13:21 mais aussi au niveau amical,
00:13:23 on est grands copains,
00:13:25 on a monté la dernière expédition à Madagascar ensemble,
00:13:28 et puis on a pu beaucoup échanger,
00:13:31 et puis aussi Adelphine Bonneau,
00:13:33 et toute l'équipe de l'Université Laval de Québec,
00:13:35 avec qui aussi on a pu beaucoup travailler,
00:13:37 j'ai été invité trois semaines pour travailler,
00:13:40 exposer un petit peu mes recherches sur la culture maternelle française
00:13:43 aux étudiants québécois,
00:13:44 et là ça a été extrêmement fort aussi,
00:13:46 beaucoup d'échanges, et tout ça c'était en 2016-2017,
00:13:48 tout ça s'est lancé ensuite,
00:13:50 et a immergé dans mon esprit pour créer ce programme de recherche en 2019,
00:13:55 lié à un voyage personnel à l'île Maurice Saïd.
00:13:59 On va attaquer un peu dans le contexte historique,
00:14:02 c'est vrai que quand on parle de la piraterie,
00:14:04 les pirates, bon,
00:14:06 quand on évoque la piraterie,
00:14:07 on pense tout de suite à ces fameux pirates des caribes,
00:14:10 en gros c'est ces époques-là,
00:14:13 voilà, 17ème siècle,
00:14:15 et pourtant les pirates ça existe depuis bien avant ça.
00:14:18 Oui, oui, oui,
00:14:19 on parle souvent de l'âge d'or de la piraterie,
00:14:21 alors qu'est-ce que ça veut dire l'âge d'or de la piraterie ?
00:14:23 Bon, c'est une période qui s'écoule entre 1650,
00:14:27 donc la deuxième moitié du 17ème siècle,
00:14:30 et les années 1730,
00:14:32 donc un peu avant le milieu du 18ème siècle,
00:14:35 donc là c'est la période la plus connue,
00:14:38 la plus traitée aussi dans les œuvres de fiction,
00:14:41 dans les récits historiques,
00:14:43 que sont Oaks Mellin, Capitaine Johnson, etc.,
00:14:47 les récits quasi contemporains finalement de cette période,
00:14:50 donc c'est une période aussi qui fait rêver,
00:14:52 parce que c'est là où on a tous ces grands navires,
00:14:55 ces pirates les plus connus,
00:14:57 donc on est vraiment dans quelque chose qui est le plus relaté,
00:15:02 mais effectivement on a des pirates depuis l'époque gréco-romaine,
00:15:06 notamment les épisodes avec le général Pompée, etc.,
00:15:11 donc les pirates existent depuis toujours finalement,
00:15:15 ils continuent à exister évidemment autour du littoral africain,
00:15:19 notamment l'Afrique de l'Est, etc.,
00:15:22 où c'est extrêmement compliqué,
00:15:24 d'ailleurs très souvent les historiens travaillent ensemble,
00:15:28 que ce soit les historiens de la période moderne,
00:15:30 de la période médiévale aussi,
00:15:32 de la période romaine,
00:15:33 et également de la période contemporaine,
00:15:36 parce que les phénomènes peuvent se croiser,
00:15:38 c'est extrêmement intéressant,
00:15:40 on a bien sûr des beaucoup de sources sur ces pirates
00:15:43 de la période plus ancienne, on va dire,
00:15:46 c'est pas pour autant qu'on les néglige,
00:15:48 moi ce qui m'intéresse personnellement et mes collègues,
00:15:51 c'est l'âge d'or de la piraterie,
00:15:52 donc on s'intéresse vraiment à cette période qui est le 17e, 18e siècle.
00:15:56 Et alors qu'est-ce qui a permis justement à cet âge d'émerger,
00:15:59 pourquoi on parle d'âge d'or ?
00:16:01 En fait déjà, il faut faire un petit point historique,
00:16:04 on ne va pas trop s'étendre là-dessus,
00:16:06 mais on a une période très complexe,
00:16:08 on a dit entre 1650 et 1730,
00:16:11 c'est-à-dire que les royaumes,
00:16:12 notamment le royaume de France,
00:16:14 est en guerre constamment,
00:16:15 sous le 14e,
00:16:17 avec à la fois l'Espagne,
00:16:19 avec la coalition anglo-allemande, etc.
00:16:23 On a plusieurs guerres qui se succèdent,
00:16:25 et au milieu de tout ça,
00:16:26 donc les guerres, les ligues d'Auvergoure,
00:16:28 ligues de succession d'Espagne,
00:16:30 on ne va pas rentrer trop dans les détails,
00:16:31 mais on a des phénomènes déjà quasiment mondiaux,
00:16:34 en Europe, pardon,
00:16:36 qui se développent au niveau mondial,
00:16:38 puisque pourquoi ?
00:16:39 On est en train de créer une sorte d'économie,
00:16:42 une mondialisation à cette période-là.
00:16:44 Qu'est-ce qui se passe ?
00:16:45 Ce sont l'installation des royaumes d'Europe
00:16:48 dans des continents,
00:16:50 et notamment,
00:16:52 on va parler pour l'instant des Caraïbes,
00:16:54 dans les colonies d'Amérique.
00:16:56 Donc chacun, chaque royaume,
00:16:58 Portugal, Espagne, France, etc.,
00:17:01 Angleterre, Pays-Bas, Allemagne,
00:17:03 décident à un moment donné
00:17:05 de prendre des territoires,
00:17:07 avec évidemment le commerce triangulaire,
00:17:09 malheureusement,
00:17:11 qui est au cœur de tous ces phénomènes
00:17:14 politico-économiques,
00:17:16 et du coup, on envoie finalement,
00:17:19 ces pays envoient des navires,
00:17:21 chargés de cargaison,
00:17:23 dans la caricature, évidemment,
00:17:24 c'est juste, mais ce n'est pas uniquement ça,
00:17:27 chargés de cargaison de coffres d'or,
00:17:30 de marchandises exotiques, etc.,
00:17:33 et d'esclaves,
00:17:35 entre l'Europe et, évidemment,
00:17:38 l'espace caribéen,
00:17:40 mais également aussi la côte est des États-Unis,
00:17:43 la côte est nord-américaine, etc.
00:17:45 Évidemment, le Mexique,
00:17:47 le Nicaragua,
00:17:49 on a pas mal de pays qui sont bordés,
00:17:51 le Pérou, etc.
00:17:53 Donc, les pays développent cette installation coloniale,
00:17:57 tout simplement.
00:17:59 Et qu'est-ce qui se passe ?
00:18:01 On a à ce moment-là des rebelles,
00:18:04 c'est-à-dire des gens, des personnes,
00:18:06 des marins, puisque ce sont essentiellement des marins de base,
00:18:09 qui ne veulent plus rentrer dans ce cadre
00:18:12 qui est dicté au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle,
00:18:16 et donc qui se rebiffent, tout simplement,
00:18:19 et qui décident de monter une sorte de coalition,
00:18:22 plus ou moins organisée,
00:18:24 au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle,
00:18:26 qu'on appelle les frères de la côte,
00:18:28 il n'y a pas de fondement purement, simplement historique,
00:18:32 c'est, encore une fois, la culture populaire
00:18:34 qui évoque le plus, finalement, ces frères de la côte.
00:18:37 Il n'empêche qu'ils ont existé,
00:18:39 ils sont installés dans les petites îles Carrié-Belaine,
00:18:41 dans des zones de relâche, des zones de cause,
00:18:43 et c'est là où apparaissent, finalement, les Boucaniers.
00:18:46 Ils sont en fait,
00:18:48 on va peut-être y revenir aussi, pirates,
00:18:50 il y a différentes terminologies,
00:18:52 les pirates, les bustiers boucaniers, etc.
00:18:54 Les boucaniers sont un peu les premiers pirates
00:18:56 qui ont un partage de la piraterie, on le précise,
00:18:58 et qui sont en fait des gens un peu à part,
00:19:01 en marge de la société,
00:19:03 et qui décident de vivre un peu en communauté,
00:19:06 dans des îles plus ou moins habitées,
00:19:09 et notamment, ce sont des chasseurs.
00:19:11 Ils ont des chiens,
00:19:13 on a des représentations, au cours du XVIIe siècle,
00:19:15 de ces boucaniers,
00:19:17 et souvent ils sont présentés, d'ailleurs,
00:19:19 avec des tentes, des campements,
00:19:21 leurs chiens à côté,
00:19:23 et puis plus ou moins bien rasés,
00:19:25 et un peu dans le reliquat de la société
00:19:27 du XVIIe siècle.
00:19:29 Et en fait, pourquoi on les appelle boucaniers ?
00:19:31 Parce que c'est lié
00:19:33 à leur méthode de cuisson,
00:19:36 de leur gibier,
00:19:39 qu'ils ont chassé sur ces îles.
00:19:41 Alors, ça peut être effectivement
00:19:43 du cochon sauvage, ça peut être de la tortue,
00:19:45 etc., puisque les dents, elles ne vont pas dans ces îles.
00:19:47 Et en fait, c'est une façon,
00:19:49 le boucan, c'est une grille,
00:19:51 et c'est une façon de fumer la viande,
00:19:53 de faire des boucaniers dans l'histoire
00:19:55 contemporaine, puis surtout
00:19:57 l'histoire populaire. Après, viennent les flibustiers.
00:19:59 Ces flibustiers,
00:20:01 qui sont des pirates typiques de cette période
00:20:03 qui est le XVIIe siècle, la fin du XVIIe siècle,
00:20:05 où là, on
00:20:07 commence à avoir ce pirate
00:20:09 qui navigue vraiment,
00:20:11 qui devient plus ou moins autonome,
00:20:13 qui prend des bateaux, mais qui
00:20:15 aime bien quand même une sorte de sédentarisation.
00:20:17 Puisque, ce qu'il faut savoir
00:20:19 au cours de cette deuxième moitié du XVIIe siècle,
00:20:21 c'est que les pouvoirs français,
00:20:23 espagnols ou anglais, en fait,
00:20:25 font appel
00:20:27 à des sortes de mercenaires.
00:20:29 Des mercenaires, des séflibustiers,
00:20:31 et on le voit très bien sur l'île de la Tortue,
00:20:33 cette île de la Tortue qui est une île au nord
00:20:35 d'Haïti,
00:20:37 qui est extrêmement intéressante à ce niveau-là,
00:20:39 puisque dans les années 1660,
00:20:41 on a le pouvoir français
00:20:43 qui s'installe sur cette île
00:20:45 et qui décide
00:20:47 de travailler
00:20:49 avec, travailler avec plein de guillemets,
00:20:51 avec ces flibustiers
00:20:53 français ou anglais dans
00:20:55 différentes parties de l'île et de s'en
00:20:57 servir, évidemment, au profit
00:20:59 du royaume de France.
00:21:01 Donc là, on a une... ça ne veut pas dire
00:21:03 qu'on a une grande ville pirate,
00:21:05 à la pirate des Caraïbes, etc.
00:21:07 On pourra en reparler, mais en tout cas,
00:21:09 on a cette présence qui est attestée,
00:21:11 peut-être dans des campements éphémères,
00:21:13 ils partent avec leurs propres navires, et là,
00:21:15 on commence à développer, dans les années 1680,
00:21:17 finalement, cette véritable
00:21:19 période d'âge d'or. Pourquoi ? Parce que ce sont ces flibustiers
00:21:21 qui vont commencer à prendre, si vous me suivez
00:21:23 toujours, les navires qui
00:21:25 font la navette autour
00:21:27 des îles caribéennes,
00:21:29 qui font la navette entre l'Europe et
00:21:31 la mer des Caraïbes. Et puis ensuite,
00:21:33 troisième phase, se développent les
00:21:35 pirates, les pirates comme on les
00:21:37 connaît, qui sont
00:21:39 par équipage, parfois par...
00:21:41 comme on dit, ils naviguent de concert,
00:21:43 c'est-à-dire
00:21:45 à plusieurs navires
00:21:47 différents, et puis, ils ont
00:21:49 des buts communs, donc ça se passe
00:21:51 plus ou moins bien, etc. Il y a un code pirate
00:21:53 qui est édifié, on connaît celui de
00:21:55 Bartholomew Roberts pour le début du
00:21:57 18e siècle. Et puis, on a ces
00:21:59 grands noms qui émergent, alors qu'ils sont aussi
00:22:01 un peu légendarisés
00:22:03 par
00:22:05 une personnalité qui est le
00:22:07 Capitaine Johnson, alias probablement
00:22:09 Daniel Defoe,
00:22:11 qui est l'auteur de Robinson
00:22:13 Crusoe et qui est édit pour la première fois
00:22:15 en 1724, on est encore dans
00:22:17 cet âge d'or de la piraterie, il y aura
00:22:19 plusieurs éditions en
00:22:21 26, en 36, etc.
00:22:23 Et qui mondialise
00:22:25 le phénomène pirate
00:22:27 par sa description, plus ou
00:22:29 moins juste, plus ou moins exagérée,
00:22:31 puisque, évidemment, un seul
00:22:33 écrivain ne peut plus suivre
00:22:35 partout tous les pirates
00:22:37 entre la deuxième moitié du 17e
00:22:39 et, évidemment,
00:22:41 le début du 18e siècle et, surtout,
00:22:43 entre l'océan Indien et les Caraïbes, puisqu'on
00:22:45 en parlera, ces pirates, à un moment donné,
00:22:47 de l'espace caribéen, ont
00:22:49 fui les Caraïbes pour arriver
00:22:51 dans l'océan Indien et développer
00:22:53 les mêmes stratagèmes pour essayer de prendre des navires
00:22:55 sur la route des Indes. Donc,
00:22:57 ce Daniel Defoe, Capitaine Johnson,
00:22:59 "vulgarise", en fait, entre guillemets,
00:23:01 cette
00:23:03 piraterie
00:23:05 avec des gravures, c'est-à-dire qu'à l'époque,
00:23:07 on a un visuel, on a ces
00:23:09 drapeaux pirates qui apparaissent,
00:23:11 etc., etc., on a cette
00:23:13 stature, ce visage
00:23:15 de barbe noire qui est
00:23:17 mis en avant, Jack Rackham,
00:23:19 etc., on a ces grands noms qui commencent à émerger
00:23:21 qui fascinent, en fait, qui fascinent
00:23:23 à l'époque, déjà, et qui continueront
00:23:25 à les fasciner, évidemment, jusqu'au jour.
00:23:27 – Et alors, justement, donc, tu
00:23:29 nous parles de...
00:23:31 des Caraïbes,
00:23:33 et tu nous évoques à demi-mot
00:23:35 l'océan Indien.
00:23:37 Est-ce qu'en parallèle des Caraïbes,
00:23:39 on a des pirates qui commencent à se
00:23:41 développer dans l'océan Indien ?
00:23:43 Est-ce que c'est une phase de transition ?
00:23:45 Est-ce que ça a à voir avec la fin
00:23:47 de l'âge d'or ?
00:23:49 Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?
00:23:51 – Oui, on a, en fait, les deux sphères
00:23:53 géographiques qui s'animent
00:23:55 plus ou moins en même temps avec ce phénomène
00:23:57 de la piraterie. C'est-à-dire qu'il ne faut pas
00:23:59 imaginer que les pirates quittent
00:24:01 les Caraïbes à la fin du XVIIe siècle
00:24:03 pour arriver dans l'océan Indien, il ne se passe plus rien dans les Caraïbes
00:24:05 et tout se passe dans l'océan Indien.
00:24:07 Ça ne se passe pas comme ça. C'est beaucoup plus complexe.
00:24:09 Mais il n'empêche que, oui,
00:24:11 nous avons des pirates qui fuient
00:24:13 les Caraïbes pour
00:24:15 s'intéresser à l'océan Indien
00:24:17 parce que c'est
00:24:19 moins compliqué pour eux.
00:24:21 C'est-à-dire qu'à un moment donné, les royaumes
00:24:23 européens qui sont installés
00:24:25 dans ces colonies lucratives,
00:24:27 puisqu'on est dans une société qui est basée
00:24:29 sur, évidemment, l'économie
00:24:31 et la rentabilité,
00:24:33 ils ne font pas ça juste
00:24:35 pour avoir de nouvelles terres, l'objectif
00:24:37 c'est quand même de faire de la monnaie.
00:24:39 Et d'ailleurs, de nombreuses monnaies
00:24:41 sont frappées là-bas, sur place,
00:24:43 que ce soit d'ailleurs au Mexique ou au Pérou,
00:24:45 c'est là où on va avoir la naissance
00:24:47 de ces fameuses pièces
00:24:49 dites pirates, les pièces de huit,
00:24:51 les reales,
00:24:53 les pièces de quatre
00:24:55 ou de huit réos qui sont frappées au Pérou
00:24:57 ou au Mexique dans les colonies espagnoles
00:24:59 et qui deviendront par la suite et par l'imaginaire
00:25:01 collectif, merci Stevenson
00:25:03 et son île au trésor en 1883,
00:25:05 la fameuse pièce pirate,
00:25:07 la pièce de huit dite pirate,
00:25:09 tout ça aussi un peu
00:25:11 développé par Roosevelt dans les années
00:25:13 fin du
00:25:15 XVIIe siècle dans son ouvrage sur
00:25:17 les aventuriers
00:25:19 de l'espace caribe.
00:25:21 Et bref, se développe
00:25:23 du coup, en même temps,
00:25:25 une piraterie dans la Caribe
00:25:27 et dans l'océan Indien
00:25:29 parce que
00:25:31 en fait, qu'est-ce qui se passe ?
00:25:33 Les gouvernements, je finis ma phrase, pardon,
00:25:35 j'ai bifurqué avec mon histoire de pièces de huit
00:25:37 qui me fascine j'imagine tout le monde,
00:25:39 on a ces
00:25:41 royaumes européens qui décident d'agir
00:25:43 et en agissant, qu'est-ce qu'ils font ?
00:25:45 Ils chassent les pirates
00:25:47 et ils proposent aussi des amnesties
00:25:49 et qu'est-ce qui se passe ?
00:25:51 Certains l'acceptent, d'autres non
00:25:53 et la
00:25:55 piraterie commence
00:25:57 quand même à disparaître au fur
00:25:59 et à mesure de l'espace caribéen, ça se passe
00:26:01 dans cet endroit-là, il est vrai,
00:26:03 notamment dans les années 1710-1720
00:26:05 et puis
00:26:07 alors que dans le même temps,
00:26:09 dans l'espace de l'océan Indien,
00:26:11 il faut voir cet espace de l'océan Indien
00:26:13 en gros entre l'île de la Réunion et les Madagascars,
00:26:15 là, elle est
00:26:17 dans son âge d'or
00:26:19 vraiment, avec le développement
00:26:21 de zones de relâche,
00:26:23 de zones de bases pirates tout autour
00:26:25 de la côte de Madagascar,
00:26:27 la côte Est de Madagascar notamment,
00:26:29 et puis sur l'île Sainte-Marie, on y reviendra,
00:26:31 et de ce fait,
00:26:33 les autorités européennes
00:26:35 agiront de la même manière
00:26:37 dans les années 1720-1730,
00:26:39 c'est-à-dire un peu plus tard, des dizaines d'années plus tard,
00:26:41 avec notamment le pouvoir local français
00:26:43 sur l'île de la Réunion qui propose aussi
00:26:45 des amnesties assez
00:26:47 pirates qu'ils vont
00:26:49 d'ailleurs accepter, on en connaît d'ailleurs
00:26:51 une très très bien puisqu'elle a été
00:26:53 redécouverte dans les archives de la Réunion
00:26:55 et de Vannes dans le Marmillan,
00:26:57 qui nous stipule vraiment les cadres
00:26:59 de ces propositions faites
00:27:01 aux pirates pour qu'ils arrêtent ces activités.
00:27:03 C'est extrêmement intéressant.
00:27:05 - Du coup, c'est vrai que souvent quand on parle
00:27:07 pirate, on a plus l'habitude
00:27:09 de travailler de notre côté,
00:27:11 en tout cas à Suenata Benne avec des
00:27:13 historiens, qu'est-ce qu'apportent les archéologues
00:27:15 à justement la
00:27:17 compréhension du phénomène pirate ?
00:27:19 - Déjà, il faut savoir qu'on travaille ensemble.
00:27:21 Moi, je ne suis pas spécialiste
00:27:23 de l'histoire de la piraterie de l'âge de roi.
00:27:25 J'ai sûrement,
00:27:27 dans le discours que j'ai donné à l'instant,
00:27:29 fait des approximations
00:27:31 sur certaines dates, sur certains phénomènes.
00:27:33 Bon, moi j'ai une formation
00:27:35 d'archéologue, je suis là pour
00:27:37 gratter la terre, essayer
00:27:39 d'en tirer des informations,
00:27:41 des vestiges, pour justement
00:27:43 associer cela
00:27:45 à des phénomènes historiques qui sont
00:27:47 mis en évidence dans les archives.
00:27:49 Et ça, c'est extrêmement important.
00:27:51 On travaille ensemble. Souvent, on nous oppose,
00:27:53 c'est totalement idiot, parce que l'objectif
00:27:55 est d'essayer d'en tirer le maximum
00:27:57 d'informations. Ça ne veut pas dire qu'on est
00:27:59 toujours d'accord. Les archives
00:28:01 peuvent dire, peuvent amener
00:28:03 des éléments que l'archéologie
00:28:05 va peut-être contredire sur
00:28:07 nos fameux faits US,
00:28:09 unités stratigraphiques, nos
00:28:11 objets, etc., nos petits bouts de céramique.
00:28:13 Non, non, non, là,
00:28:15 tu ne peux pas dire ça dans tes textes, parce que
00:28:17 c'est totalement biaisé. Nous, on est
00:28:19 avec notre céramique beaucoup plus
00:28:21 précis au niveau chronologique.
00:28:23 Regarde dans tel bouquin, c'est marqué.
00:28:25 Voilà, parce qu'on n'invente pas la poudre.
00:28:27 On s'appuie aussi beaucoup sur les travaux, même si
00:28:29 on en écrit nous-mêmes. Mais voilà, donc,
00:28:31 c'est extrêmement intéressant. Qu'est-ce qu'amène l'archéologie ?
00:28:33 L'archéologie amène
00:28:35 pour ces pirates, déjà, deux choses.
00:28:37 La compréhension
00:28:39 de la vie à bord,
00:28:41 extrêmement intéressante et passionnante.
00:28:43 On a parlé quand même de
00:28:45 pirates, mercenaires,
00:28:47 forbans, mutins.
00:28:49 On est sur une couche de la société
00:28:51 qui n'est quand même pas joyeuse, joyeuse.
00:28:53 On vit
00:28:55 dans des conditions déplorables,
00:28:57 comme tous les marins de la période.
00:28:59 Il faut sortir
00:29:01 du carcan pirate-pirate.
00:29:03 Pirate, corsaire, marin,
00:29:05 c'est la même chose. C'est tous dans la même galère.
00:29:07 Ça, tu l'as dit dans tes
00:29:09 vidéos sur la vie quotidienne.
00:29:11 Ils vivent en promiscuité.
00:29:13 Dans
00:29:15 des cales humides.
00:29:17 Ils ont quasiment
00:29:19 très peu de rations de nourriture
00:29:21 et d'eau.
00:29:23 Souvent,
00:29:25 ça fait partie des clichés,
00:29:27 mais il faut les déblunker.
00:29:29 Souvent, il n'y a aucun navire qui les croise.
00:29:31 Il y a ce fameux
00:29:33 film d'animation qui est assez sympa,
00:29:35 les pirates scientifiques,
00:29:37 où on les voit,
00:29:39 on est au 19e siècle, mais c'est le phénomène.
00:29:41 On les voit attendre, attendre, attendre,
00:29:43 et puis, c'est rien.
00:29:45 Souvent, c'est ça aussi la vie de pirate.
00:29:47 C'est qu'il ne se passe rien.
00:29:49 Évidemment, on a l'impression, parce que ce sont
00:29:51 les sources écrites, là, pour le coup,
00:29:53 qui sont fautives, mais qui sont
00:29:55 réalistes aussi, pour notamment
00:29:57 ces 35 pirates évoqués par
00:29:59 Capitaine Johnson, alias Daniel Defoe.
00:30:01 On parle de prises, de grands bateaux,
00:30:03 etc., mais on ne parle jamais de ceux qui ne trouvent rien.
00:30:05 Et surtout, des pirates
00:30:07 qui sont inconnus. Parce qu'il y a
00:30:09 des milliers et des milliers de pirates, des milliers
00:30:11 de capitaines. Là, on peut
00:30:13 évoquer Jacques Gasser, qui
00:30:15 a écrit son livre sur les pirates
00:30:17 et flibustiers français,
00:30:19 en sortant des noms qui étaient totalement
00:30:21 inconnus, connus dans les archives, mais totalement
00:30:23 inconnus du grand public, et qui ont aussi
00:30:25 leurs propres histoires, et qui sont également
00:30:27 passionnants. On peut aussi
00:30:29 évoquer Kevin Porchet, qui est
00:30:31 spécialiste de la piraterie des Antilles, en Guadeloupe
00:30:33 et en Martinique.
00:30:35 Et ses collègues nous amènent
00:30:37 des éléments. Mais nous, on va amener
00:30:39 un intérêt
00:30:41 matériel. C'est-à-dire
00:30:43 qu'on va s'intéresser vraiment
00:30:45 presque à l'odeur
00:30:47 sur ces ponts, à la sueur
00:30:49 qui a écoulé sur les fronts,
00:30:51 et évidemment aux objets
00:30:53 – sortons de la démagogie – aux objets
00:30:55 qui ont
00:30:57 entouré ces marins
00:30:59 et évidemment ces pirates.
00:31:01 Et là, on va avoir une hiérarchisation qui va
00:31:03 se mettre en place au niveau des
00:31:05 catégories fonctionnelles, c'est-à-dire qu'on va travailler
00:31:07 à la fois sur l'armement, l'artillerie,
00:31:09 l'armement
00:31:11 portatif, évidemment, armes
00:31:13 blanches, armes à feu,
00:31:15 les munitions – donc tout ça, c'est le rayon
00:31:17 armement – on a aussi le mobilier de bord,
00:31:19 les encres,
00:31:21 les chandeliers, les assiettes, la vaisselle,
00:31:23 etc. Tout ça est extrêmement intéressant.
00:31:25 Et les objets
00:31:27 personnels, comment étaient
00:31:29 habillés ces pirates ?
00:31:31 On en parlera peut-être plus
00:31:33 tard dans une des vidéos
00:31:35 qu'on a travaillé ensemble,
00:31:37 mais voilà, Pirates des
00:31:39 Caraïbes, c'est un fait,
00:31:41 Black Sails, qui est une super série
00:31:43 que tout le monde adore,
00:31:45 a aussi ses carences historiques
00:31:47 et vestimentaires.
00:31:49 Quels objets personnels on retrouve
00:31:51 sur ces bateaux ? On en retrouve pas mal,
00:31:53 et notamment des boucles de ceinture,
00:31:55 des boucles de chausses, etc.
00:31:57 On a des exemples
00:31:59 notamment sur les épaves de la Natière,
00:32:01 la Dauphine 1704
00:32:03 et l'Amiral Grenoble 1749,
00:32:05 c'est dans la baie de Saint-Malo,
00:32:07 deux navires à 50 ans d'écart environ
00:32:09 qui ont percuté le même
00:32:11 massif rocheux,
00:32:13 et ces deux bateaux étaient des frégates
00:32:15 corsaires. Intéressant.
00:32:17 Corsaire, pirate, même vie, deux chiens.
00:32:19 Et on a,
00:32:21 il me semble, sur l'une des épaves
00:32:23 trouvé
00:32:25 un pistolet
00:32:27 encore chargé.
00:32:29 C'est extrêmement intéressant.
00:32:31 On a aussi connaissance de chaussures
00:32:33 en cuir qui sont ouvertes
00:32:35 sur la pointe parce qu'elles ne correspondent
00:32:37 pas à la pointure du marin.
00:32:39 Donc pas très
00:32:41 sympathique, vaut mieux avoir une jambe
00:32:43 de bois presque, parce que
00:32:45 comme condition de travail,
00:32:47 les manœuvres à bord,
00:32:49 c'est horrible, imaginez-vous.
00:32:51 On n'a plus l'habitude, moi je ne suis pas
00:32:53 du tout marin, en plus j'ai le mal de mer,
00:32:55 mais vivre pendant
00:32:57 des années sur ces
00:32:59 navires à bord
00:33:01 avec des gens qui manquent d'hygiène,
00:33:03 qui n'ont plus de vitamines, etc.
00:33:05 Donc l'aspect hygiénique, très intéressant.
00:33:07 La présence de peigne,
00:33:09 la présence d'un chirurgien
00:33:11 à bord avec tout son matériel, on l'a évoqué tout à l'heure
00:33:13 pour Barbe Noire.
00:33:15 La vaisselle qui est multiculturelle,
00:33:17 c'est-à-dire, c'est un indice extrêmement intéressant,
00:33:19 vous le savez, on adore la céramique, nous archéologues,
00:33:21 et on va trouver de la porcelaine chinoise,
00:33:23 on va trouver de la céramique venant d'Allemagne,
00:33:25 ou d'Egypte, etc.
00:33:27 Et bien sûr, vous l'attendez tous,
00:33:29 les pièces de monnaie.
00:33:31 Ah, le trésor pirate !
00:33:33 Évidemment, on est spécialiste
00:33:35 aussi des pièces de monnaie.
00:33:37 Tout ça, vous le savez,
00:33:39 les archéologues ont plein de disciplines d'âne particulière,
00:33:41 moi je travaille sur les objets métalliques, j'ai des collègues qui travaillent sur
00:33:43 l'animismatique, les pièces de monnaie,
00:33:45 d'autres qui sont céramologues, spécialistes
00:33:47 des céramiques, spécialistes
00:33:49 du verre, les archéozoologues,
00:33:51 on trouve aussi des restes d'ossements
00:33:53 sur ces épaves. Bref, on va pas faire tout,
00:33:55 mais c'est juste pour recadrer, je suis pas spécialiste de tout.
00:33:57 Mais ces pièces de monnaie sont extrêmement
00:33:59 intéressantes. Est-ce qu'on trouve des coffres
00:34:01 pleins d'or sur les épaves pirates ?
00:34:03 Tu vas peut-être me poser la question.
00:34:05 Est-ce qu'on trouve des coffres ?
00:34:07 [Rire]
00:34:09 Eh bien, oui et non. On a un cas
00:34:11 de coffre à trésor
00:34:13 trouvé sur
00:34:15 l'épave du Ouïda-Gali
00:34:17 coulée en 1717
00:34:19 au large du Massachusetts,
00:34:21 sur la surface de Cap Cod, qui a été découverte
00:34:23 en 1984 par une équipe américaine.
00:34:25 Et
00:34:27 les investigations archéologiques
00:34:29 étaient plus que douteuses,
00:34:31 il n'y a pas eu de rapport et très peu de publications
00:34:33 sur le sujet, on va pas revenir
00:34:35 sur ce travail-là.
00:34:37 Il n'empêche que plus de
00:34:39 15 000 pièces en argent et en or ont été
00:34:41 découvertes. Et pourquoi ?
00:34:43 Eh bien, cela dépend
00:34:45 des conditions du naufrage
00:34:47 du bateau. Eh oui.
00:34:49 Parce que j'ai l'impression de faire Jamy.
00:34:51 Ah oui, totalement. Avec la petite maquette,
00:34:53 j'ai pas de maquette, désolé.
00:34:55 En fait, ce qui est intéressant avec ces épaves,
00:34:57 c'est qu'en fonction
00:34:59 du nombre et du type d'objet,
00:35:01 cela dépend
00:35:03 des conditions du naufrage.
00:35:05 J'explique, le Ouïda-Gali a fait naufrage
00:35:07 à cause d'une tempête.
00:35:09 Quasiment la grande partie des membres d'équipage,
00:35:11 c'est-à-dire près de 300 bonhommes,
00:35:13 sont morts noyés.
00:35:15 Et le bateau a coulé.
00:35:17 Donc les archéologues, quand ils l'ont découvert,
00:35:19 il y avait la cargaison complète.
00:35:21 Différent du speaker
00:35:23 qui a coulé en 1702 au large
00:35:25 de l'île Maurice, qui
00:35:27 a lui coulé, certes,
00:35:29 à cause d'une tempête,
00:35:31 à 2,5 km de la côte,
00:35:33 à l'extérieur du récif, je peux vous en parler.
00:35:35 J'ai plongé.
00:35:37 Donc ça remue.
00:35:39 Apparemment, ils étaient un peu alcoolisés,
00:35:41 d'après les archives,
00:35:43 pour les pirates logiques.
00:35:45 Et en fait, le lendemain,
00:35:47 le bateau était tellement lourd qu'il dépassait,
00:35:49 même en coulant, on a 3 m de fond.
00:35:51 Les navires, imaginez-vous,
00:35:53 ça fait plus de 3 m de haut, avec les mâts, etc.
00:35:55 Et en fait, les pirates
00:35:57 sont revenus le lendemain, en chaloupe,
00:35:59 pour récupérer un maximum
00:36:01 de cargaison,
00:36:03 dont forcément le coffre.
00:36:05 Il n'empêche que les gredins,
00:36:07 qu'est-ce qui s'est passé ? Ils avaient dû perdre
00:36:09 quelques pièces de monnaie dans le plancher
00:36:11 parce qu'on a retrouvé quand même 34 pièces de monnaie.
00:36:13 34 pièces de monnaie
00:36:15 venant de 19 pays différents.
00:36:17 Ça commence à faire pas mal.
00:36:19 On a notamment
00:36:21 le Pérou et le Mexique,
00:36:23 mais on a la France, l'Allemagne, l'Angleterre,
00:36:25 l'Autriche, Venise,
00:36:27 l'Égypte aussi,
00:36:29 on a au Caire, on a dans l'Empire
00:36:31 Ottoman, etc.
00:36:33 Voilà ce qu'on amène.
00:36:35 Le multiculturalisme.
00:36:37 La connaissance
00:36:39 d'origines diverses des pirates
00:36:41 et d'origines diverses des cargaisons
00:36:43 qu'ils avaient à bord, liées
00:36:45 évidemment aux navires qu'ils pouvaient prendre.
00:36:47 Ça c'est extrêmement intéressant
00:36:49 pour nous. Et sachez que
00:36:51 archéologie de la piraterie,
00:36:53 liée aux épaves, bien sûr,
00:36:55 mais on n'a que 6, voire
00:36:57 7 épaves découvertes dans le monde
00:36:59 qui ont été
00:37:01 à la fois authentifiées par les archives
00:37:03 de l'Histoire et également par l'archéologie.
00:37:05 Ça fait quand même pas beaucoup.
00:37:07 Et on a 2 navires dans l'espace caribéen,
00:37:09 2 sur la côte Est des États-Unis
00:37:11 et 2 dans l'océan Indien.
00:37:13 Ça fait quand même très peu.
00:37:15 Et ça, on est sûr que c'est des épaves pirates
00:37:17 parce qu'il y a des pièces de différents pays
00:37:19 ou il y a d'autres facteurs qui...
00:37:21 Il faut savoir que
00:37:23 c'est lié à une recherche archéologique.
00:37:25 C'est-à-dire à des archéologues
00:37:27 et des historiens qui se sont intéressés
00:37:29 à cette épave.
00:37:31 Parfois elles sont découvertes par hasard,
00:37:33 comme c'est le cas du
00:37:35 Spicker dans les années 60,
00:37:37 mais en 1979,
00:37:39 c'est une expédition archéologique
00:37:41 menée par des Français
00:37:43 qui cherchaient ce bateau
00:37:45 et qui l'ont trouvé.
00:37:47 Notamment grâce aux archives hollandaises
00:37:49 du début du XVIIIe siècle
00:37:51 qui ont marqué sur une carte
00:37:53 et dans les archives
00:37:55 le nom du récif qui est que c'est pris
00:37:57 le Spicker. Derrière,
00:37:59 les historiens et archivistes de l'époque,
00:38:01 puisque ce n'étaient pas des archéologues professionnels
00:38:03 en 1979,
00:38:05 Dixit, Patrick Lyset et Dumas,
00:38:09 ont trouvé,
00:38:11 parce qu'ils cherchaient ce bateau
00:38:13 à cet endroit-là, il y avait un seul naufrage
00:38:15 à cet endroit-là pour la période donnée.
00:38:17 Donc là, dans ce cas-là, c'est un cas d'école.
00:38:19 Pour le Queen Anne's Revenge,
00:38:21 je ne suis pas sûr, je ne crois pas qu'ils aient
00:38:23 cherché ce navire.
00:38:25 C'est des recherches
00:38:27 sur la côte
00:38:29 qui ont dans un premier temps mis en évidence cette épave
00:38:31 et après on s'y est intéressé
00:38:33 et puis ça a mis presque 15 ans pour être identifié
00:38:35 formellement comme étant le Queen Anne's Revenge.
00:38:37 Donc on a des variantes,
00:38:39 on a même un cas de navire
00:38:41 qui, si je ne me trompe pas,
00:38:43 est le navire
00:38:45 à Port Royal, donc à la Jamaïque,
00:38:47 qui avait été identifié
00:38:49 comme étant un navire marchand
00:38:51 dans les années 60-70
00:38:53 par l'archéologue
00:38:55 Marx, archéologue américain,
00:38:57 et qui ont été authentifiés
00:38:59 dans les années
00:39:01 80 d'abord dans les flous sous-marines
00:39:03 de Port Royal, du quartier qui a été
00:39:05 immergé, puis dans les
00:39:07 années 2007-2008, si je ne peux pas
00:39:09 dire de bêtises, je n'ai plus les dates en tête
00:39:11 exactes, comme étant un navire
00:39:13 pirafe formel, je crois que c'est le navire
00:39:15 de Bartolomeu Roberts,
00:39:17 le
00:39:19 Great Ranger, coulé
00:39:21 en 1721 ou 1722,
00:39:23 je n'ai pas les dates exactes en tête,
00:39:25 mais voilà. Donc là aussi,
00:39:27 historiographie du sujet, on trouve un bateau
00:39:29 et puis, au bout
00:39:31 de presque 30 ou 40 ans, on arrive à l'authentifier
00:39:33 comme étant pirate. Donc c'est assez complexe.
00:39:35 Pourquoi ? Parce qu'il faut
00:39:37 expliquer. Les navires
00:39:39 pirates, ce sont des navires,
00:39:41 ce sont des frégates, des brigantins,
00:39:43 des navires parfois
00:39:45 de guerre, des navires marchands
00:39:47 qui ont été récupérés, etc. Il n'y a pas
00:39:49 de navires pirates.
00:39:51 Ce sont des navires qui ont été pris, récupérés.
00:39:53 Souvent, ce sont des frégates, et d'ailleurs,
00:39:55 souvent des frégates françaises.
00:39:57 Il n'y a pas de message.
00:39:59 Et souvent prises par des pirates anglais.
00:40:01 Et de ce
00:40:03 fait, au
00:40:05 niveau du type de navire,
00:40:07 ça ressemble à n'importe quel bateau.
00:40:09 Donc on ne peut pas
00:40:11 l'authentifier comme étant un navire pirate.
00:40:13 C'est la personnalité du pirate,
00:40:15 l'histoire du pirate.
00:40:17 Donc ce sont, pour les six
00:40:19 connus, les pirates célèbres. On a
00:40:21 Barbe Noire, Black Sam Sam Bellamy,
00:40:23 Bartholomew Roberts,
00:40:25 William Kidd,
00:40:27 pour l'espace caribéen, et pour
00:40:29 l'océan indien,
00:40:31 Christopher Tennant et John Bowen.
00:40:33 Donc ce sont six pirates
00:40:35 qui sont présents dans
00:40:37 les livres, les deux volumes,
00:40:39 là, c'est évidemment une édition 90,
00:40:41 dans les deux volumes
00:40:43 de Captain Charles Johnson.
00:40:45 Donc il n'y a pas de hasard.
00:40:47 Les collègues aussi,
00:40:49 à l'époque, ont voulu travailler sur ces pirates
00:40:51 parce que c'était associé à des pirates célèbres.
00:40:53 Et puis c'est beaucoup plus facile, ensuite,
00:40:55 d'obtenir des financements quand on travaille sur un navire
00:40:57 venant de Barbe Noire
00:40:59 plutôt que le
00:41:01 navire du pirate inconnu français.
00:41:03 Voilà.
00:41:05 Donc on est
00:41:07 quand même aiguillés par
00:41:09 la recherche, les archives, évidemment.
00:41:11 Et il faut rappeler,
00:41:13 c'est un travail d'équipe de longue galène.
00:41:15 Ça n'a rien de se précipiter.
00:41:17 Il y a des collègues américains,
00:41:19 notamment, que je ne citerai pas,
00:41:21 qui ont très décrié,
00:41:23 qui se précipitaient un petit peu,
00:41:25 qui ont voulu faire du sensationnel avec
00:41:27 des documentaires, etc.
00:41:29 Nous aussi, on a fait du documentaire.
00:41:31 Mais derrière, on produit des rapports de fouille,
00:41:33 on communique sur les informations
00:41:35 et on prend le temps de les analyser.
00:41:37 Bon, certains collègues américains,
00:41:39 ça n'a pas été le cas. Et derrière, on attend toujours
00:41:41 les rapports de fouille qui n'existent pas.
00:41:43 Donc c'est parfois un peu compliqué.
00:41:45 Et évidemment,
00:41:47 le côté
00:41:49 thématique et chasse-trésor est extrêmement
00:41:51 complexe. Et bien, se rajouter à tout
00:41:53 ça, puisque, vous le savez,
00:41:55 ces éparples, parfois, sont
00:41:57 malheureusement, ou heureusement pour la recherche,
00:41:59 coulées à
00:42:01 de faibles profondeurs,
00:42:03 entre 6 et
00:42:05 8, 9 mètres de profondeur,
00:42:07 ce qui reste relativement accessible au pillage.
00:42:09 Et de ce fait,
00:42:11 c'est très souvent
00:42:13 pillé et du coup, les archéologues
00:42:15 et évidemment les historiens perdent énormément d'informations.
00:42:17 - Vu qu'on est un peu dans la thématique, moi, je te propose
00:42:19 de continuer un petit peu sur cette
00:42:21 méthodologie de la recherche
00:42:23 et sur les moyens que vous pouvez mettre en œuvre
00:42:25 pour travailler sur ces chantiers
00:42:27 archéos, avant d'enchaîner ensuite sur tes propres
00:42:29 recherches, donc,
00:42:31 que tu as menées autour
00:42:33 de l'île Sainte-Marie.
00:42:35 Concrètement,
00:42:37 vous avez quoi comme type de
00:42:39 méthode, d'outils à votre
00:42:41 dispo pour mener les campagnes de
00:42:43 recherche ?
00:42:45 - Archéologie sous-marine ? - Par exemple.
00:42:47 - Déjà, je précise, parce que
00:42:49 ça va peut-être être dit en off,
00:42:51 moi, je ne suis pas archéologue sous-marin.
00:42:53 Ce n'est pas ma formation, vous l'avez vu, je travaille sur le numéro 1 GERM.
00:42:55 Bon, à la base.
00:42:57 Je suis archéologue terrestre,
00:42:59 et en plus spécialiste des objets, donc je ne suis pas plongeur.
00:43:01 J'ai plongé sur
00:43:03 le spiker, mais je ne dirigeais absolument pas
00:43:05 la fouille.
00:43:07 D'ailleurs, on n'a pas fait une fouille,
00:43:09 on a fait un repérage et une cartographie
00:43:11 des vestiges en place.
00:43:13 La fouille, ça sera pour l'année prochaine,
00:43:15 on espère. Donc déjà, dans un premier
00:43:17 temps, il faut être... Pourquoi je le dis ? Parce qu'il faut
00:43:19 être habilité à pouvoir plonger.
00:43:21 C'est-à-dire, la première étape,
00:43:23 ce n'est pas le matériel,
00:43:25 c'est les plongeurs, c'est l'équipe.
00:43:27 Et notamment, une équipe
00:43:29 formée, avec
00:43:31 bien sûr, des agréments
00:43:33 qui sont délivrés par
00:43:35 le ministère de la Culture, c'est extrêmement important.
00:43:37 Donc, on a des niveaux,
00:43:39 je passe dans le détail, les niveaux classiques
00:43:41 de plongée, et puis ensuite,
00:43:43 on a des niveaux hyper
00:43:45 barre professionnels.
00:43:47 Déjà, quand en tout cas,
00:43:49 on fouille en archéologie
00:43:51 dans les eaux françaises, c'est comme ça.
00:43:53 Quand on fouille à l'international,
00:43:55 c'est différent. Mais en tout cas,
00:43:57 on a besoin d'archéologues et d'archéologues plongeurs.
00:43:59 Ça, c'est une première chose.
00:44:01 Une méthode de travail, évidemment,
00:44:03 qui doit être mise en œuvre
00:44:05 au préalable. On ne met pas
00:44:07 en place... Nous, on a préparé pendant presque deux ans
00:44:09 notre mission sur le Speaker pour
00:44:11 10 jours de travail. Évidemment,
00:44:13 associé à ça, on a le matériel de plongée.
00:44:15 On ne plonge pas en masque et tuba,
00:44:17 vous vous en doutez. On a bouteille,
00:44:19 on a la combinaison, on a les plombs pour descendre,
00:44:21 la stab, évidemment,
00:44:23 etc. Donc, tout le matériel de plongée
00:44:25 classique. Et ensuite,
00:44:27 on est affublé d'un
00:44:29 certain nombre d'outils qui nous
00:44:31 permettent de travailler sous l'eau.
00:44:33 Travailler sous l'eau, c'est pas simple
00:44:35 parce qu'on ne peut pas parler sous l'eau.
00:44:37 Eh oui, et moi j'ai découvert ça
00:44:39 comme par hasard. Je peux vous dire
00:44:41 que c'est quand même... Déjà, moi je suis bavard
00:44:43 et c'est quand même extrêmement compliqué
00:44:45 de faire de l'archéologie sous l'eau
00:44:47 parce qu'on est obligé, déjà, en amont,
00:44:49 de se faire un grand plan de travail
00:44:51 avant de partir sur le bateau
00:44:53 qui nous emmène sur le site et
00:44:55 juste avant la plongée pour savoir qui fait quoi
00:44:57 dans un premier temps. Et encore, on n'était que sur
00:44:59 une mission d'inventaire et de
00:45:01 cartographie.
00:45:03 Quand on fouille, c'est encore plus complexe.
00:45:05 Donc chacun a des tâches bien précises
00:45:07 à exécuter. Pour communiquer, on a tous
00:45:09 des carnets et des crayons pour
00:45:11 s'écrire des petites phrases et des petits mots.
00:45:13 Et puis, on a surtout
00:45:15 pas mal d'outils et notamment
00:45:17 tous les outils sont
00:45:19 encordés, à nous,
00:45:21 avec des mousquetons parce que
00:45:23 vous laissez un outil à un endroit
00:45:25 et puis cinq minutes plus tard, vous ne le retrouvez plus
00:45:27 parce qu'il est déjà loin avec le courant.
00:45:29 Donc surtout que nous, nous étions,
00:45:31 si je parle un petit peu de mon expérience,
00:45:33 nous étions à trois mètres de profondeur
00:45:35 à l'extérieur du récif et on était ballotés
00:45:37 trois mètres par trois mètres à cause
00:45:39 de la houle sous-marine. On était
00:45:41 obligés de s'accrocher au canon pour travailler.
00:45:43 Donc, en plus communiquer,
00:45:45 prendre les mesures. Alors je ne vous raconte pas les mesures
00:45:47 des canons et des encres.
00:45:49 Dérouler un décamètre
00:45:51 sur terre, c'est hyper facile, on a
00:45:53 le temps, etc. Là, il fallait
00:45:55 tout le faire rapidement. Pourquoi ?
00:45:57 Parce que, je fais les questions et les réponses,
00:45:59 mais on a de l'air
00:46:01 et on a un temps limite
00:46:03 de travail. Et ça,
00:46:05 c'est absolument l'enfer, en fait.
00:46:07 Parce qu'on est limité
00:46:09 dans notre travail. Alors vous, en journée,
00:46:11 en archéologie, on a sept heures de
00:46:13 boulot, on est
00:46:15 plus ou moins quand même pas stressé
00:46:17 pour faire nos tâches. Là, on a
00:46:19 une heure et demie le matin, une heure et demie le soir,
00:46:21 l'après-midi. Donc c'est quand même
00:46:23 assez chaud en termes de timing, il faut
00:46:25 l'avouer. Donc tout un terrain est
00:46:27 à peu près au cordon, évidemment. On n'arrive jamais
00:46:29 à faire ce qu'on a prévu de faire. Donc
00:46:31 il faut replonger, exécuter. Pour mesurer,
00:46:33 je vous raconte pas, c'est très compliqué, on a aussi
00:46:35 des compas, des pas à
00:46:37 danser, ça s'appelle, qui
00:46:39 permettent de mesurer les bouches du canon,
00:46:41 les tourillons, etc., les diamètres.
00:46:43 On a l'altimètre qui permet
00:46:45 d'avoir l'altimétrie de chaque vestige.
00:46:47 Et puis on fait beaucoup de photos. Alors
00:46:49 la photo, c'est pareil. Vous prenez
00:46:51 une photo dehors d'un vestige,
00:46:53 d'un fond de cabane, d'une tombe,
00:46:55 on peut la refaire 50 fois. Sous l'eau,
00:46:57 c'est beaucoup plus compliqué. Déjà on est déportés.
00:46:59 Et puis, nous,
00:47:01 on a fait ce qu'on appelle la photogrammétrie.
00:47:03 Je sais pas si vous savez ce que c'est. C'est une méthode
00:47:05 qui permet de modéliser en 3D,
00:47:07 d'avoir un modèle orthophoto,
00:47:09 donc une photo très
00:47:11 précise, au millimètre
00:47:13 près presque, du vestige.
00:47:15 Sauf que si vous avez des particules devant
00:47:17 vous, de l'eau qui est pas très claire
00:47:19 à l'île Maurice, elle est super bleue. Mais il n'empêche
00:47:21 que, à cause de la houle sous-marine, on avait
00:47:23 des particules partout. Eh bien ça
00:47:25 complexifiait énormément
00:47:27 la prise de photo. Et donc on avait des
00:47:29 photos qui étaient totalement inexploitables.
00:47:31 Donc, tout est compliqué sous l'eau,
00:47:33 vraiment tout. Et puis surtout,
00:47:35 2 heures de préparation avant,
00:47:37 matériel, charger, etc. Se rendre
00:47:39 sur le site, on va dire entre 15
00:47:41 et une demi-heure selon le
00:47:43 bateau que vous avez, une barge lente ou un
00:47:45 bateau rapide. Plonger,
00:47:47 ressortir après la plongée,
00:47:49 rebelote,
00:47:51 reranger le matériel. Je peux dire qu'à la fin,
00:47:53 c'est une bonne expérience de travail.
00:47:55 Sauf que nous,
00:47:57 qu'est-ce qui se passait ? Comme tous les archéologues
00:47:59 en mission, sur un temps donné,
00:48:01 on travaillait le soir. Donc ça faisait des bonnes
00:48:03 journées, des bonnes
00:48:05 soirées. On a
00:48:07 quand même réussi, du coup, dans un
00:48:09 temps record, 4 mois entre
00:48:11 la fin de la mission et la date
00:48:13 d'avril 2022,
00:48:15 à sortir un bouquin qui expliquait
00:48:17 quand même un petit peu notre mission et
00:48:19 les premiers résultats, les premières attentes du public
00:48:21 sur le sujet.
00:48:23 Celui-là, 1712 piqueurs,
00:48:25 c'est ça ? Voilà. Avec mon
00:48:27 collègue, archéologue
00:48:29 et océanographe Yann Von Arnim,
00:48:31 qui a recensé plus de 2000
00:48:33 épaves autour de la côte
00:48:35 Mauritienne, toute période confondue, qui est un
00:48:37 puits de science, et qui
00:48:39 est vraiment une personne charmante que je remercie
00:48:41 pour son accueil et son aide, parce que sans lui, rien
00:48:43 ne se serait fait. Donc, ouais,
00:48:45 c'est compliqué. Imaginez-vous,
00:48:47 nous n'étions qu'à 3 mètres de profondeur.
00:48:49 Quand on est à
00:48:51 20 mètres de profondeur, on a moins de temps
00:48:53 de travail, puisque l'air, on la consomme plus vite.
00:48:55 Donc,
00:48:57 encore une fois, ce temps,
00:48:59 on a vraiment la montre, la montre tout le
00:49:01 temps, enfin sur notre
00:49:03 nanomètre, évidemment, pour regarder
00:49:05 l'air qui nous
00:49:07 reste. C'est vraiment... Alors, on a
00:49:09 220 bars au début,
00:49:11 et puis, il ne faut pas dépasser 50.
00:49:13 Alors, 50, c'est la réserve.
00:49:15 Alors, on n'a même pas la totalité de la
00:49:17 bouteille. Tous les plongeurs le savent.
00:49:19 Mais c'est quand même extrêmement compliqué.
00:49:21 Voir des poissons, c'est sympa, mais bosser sous l'eau,
00:49:23 c'est compliqué quand même.
00:49:25 Est-ce qu'on arrive à trouver des épaves
00:49:27 qui sont... qui datent de
00:49:29 plusieurs centaines d'années et qui restent en relativement bon état ?
00:49:31 Alors, il faut sortir
00:49:33 de l'idée du dernier bateau
00:49:35 qui a été trouvé, là, en 2015
00:49:37 et très médiatisé il y a un mois,
00:49:39 l'épave du
00:49:41 Sainte-Rosée, 1708,
00:49:43 où on a vu pas mal de vidéos
00:49:45 avec une quantité industrielle
00:49:47 de porcelaine chinoise et une épave
00:49:49 que je dirais à un tiers
00:49:51 complet avec des élévations, etc.
00:49:53 D'ailleurs, on ne sait pas si c'était vraiment ce bateau-là ou si c'était
00:49:55 l'autre bateau qui datait du 19e siècle.
00:49:57 Pour la période pirate,
00:49:59 non.
00:50:01 Déjà, sur le spiker, on n'a aucun reste de bois.
00:50:03 On ne savait même pas, d'ailleurs,
00:50:05 où le bateau avait été coulé.
00:50:07 On a le site archéologique,
00:50:09 400 mètres de long, du premier
00:50:11 canon au dernier canon. Mais ils ont
00:50:13 délisté les canons avec le naufrage
00:50:15 au cours de la tempête. Et à un moment,
00:50:17 le bateau, pouf, il est tombé. Mais où ?
00:50:19 Il n'y a plus de reste de bois. Comment on fait
00:50:21 une moire gueulote pour savoir où il est ?
00:50:23 C'est un travail de patience et
00:50:25 visuel. Donc on a détecté
00:50:27 au détecteur de métaux
00:50:29 deux armades boulées de canons
00:50:31 qui étaient presque comme
00:50:33 des petites pyramides, et plusieurs
00:50:35 canons autour et des encres, ce qui nous a
00:50:37 donné un peu le négatif,
00:50:39 si on veut, du bateau et sa
00:50:41 dernière empreinte. Mais pour le
00:50:43 bateau de Barbe Noire, c'est beaucoup plus facile.
00:50:45 On est à 6 mètres de profondeur
00:50:47 et on a, je crois,
00:50:49 une quarantaine de mètres de long.
00:50:51 Parce que les bateaux faisaient
00:50:53 ces frégates,
00:50:55 le Queen's Revenge,
00:50:57 je ne sais plus combien il avait de canons,
00:50:59 je crois une quarantaine de canons, c'était une frégate française,
00:51:01 je ne sais plus combien de tonneaux il avait,
00:51:03 mais il faut estimer entre 30 et 40 mètres, les bateaux.
00:51:05 Donc, évidemment,
00:51:07 à plat, c'est un peu plus ramassé.
00:51:09 C'est généralement les canons
00:51:11 qui nous indiquent la position
00:51:13 du bateau. Et sous les canons,
00:51:15 puisque c'est la chance, les canons
00:51:17 conservent, c'est tellement lourd, c'est une masse,
00:51:19 soit en fer, soit en bronze, ils conservent
00:51:21 pas mal de choses en négatif, en dessous.
00:51:23 Donc, quand on travaille un petit peu autour
00:51:25 des canons, on a des restes de bois, des restes de planches.
00:51:27 Donc oui, on peut avoir des éléments
00:51:29 liés à la coque du navire, évidemment, sur
00:51:31 la matière, les deux épaves corsaires
00:51:33 fouillées dans les années 2000.
00:51:35 On a les restes de cordes,
00:51:37 des assiettes en éteint posé
00:51:39 avec la bouteille en verre par-dessus,
00:51:41 quasiment un service.
00:51:43 Moi, j'ai pas plombé dessus,
00:51:45 je dis ça de ce que j'ai su
00:51:47 et vu dans les documentaires
00:51:49 ou les articles. On a
00:51:51 des membrures, etc.,
00:51:53 qui sont encore en place, en bois.
00:51:55 Pour les épaves pirates, c'est quand même rarement le cas.
00:51:57 On a quelques éléments, quand même, de plan
00:51:59 qui nous montrent les restes de navire, mais
00:52:01 c'est pas ça qui va forcément
00:52:03 beaucoup aider à l'identification
00:52:05 d'un type de bateau, si je puis
00:52:07 dire, et notamment des frégates.
00:52:09 Donc, il faut sortir de
00:52:11 l'idée de Tintin et
00:52:13 le 13 ans de Rackham le Rouge, où le bateau
00:52:15 est quasi complet.
00:52:17 Non, on aimerait bien,
00:52:19 mais c'est pas le cas encore. Ou alors,
00:52:21 ou alors, rappelons-le, le centre
00:52:23 rosé, combien de mètres de profondeur, Ben ?
00:52:25 Je sais pas. 950 mètres.
00:52:27 C'est du robot, là, qui est utilisé ?
00:52:29 Ouais, c'est du robot.
00:52:31 C'est du robot animatronique,
00:52:33 petit sous-marin, etc.
00:52:35 Bon, oui. Alors, bon, là,
00:52:37 on est un peu à l'abri du pillage.
00:52:39 950 mètres, c'est pas mal.
00:52:41 Donc, forcément, plus c'est profond,
00:52:43 plus c'est profond. Et alors, l'archéologie
00:52:45 pirate, ça se fait que en mer
00:52:47 ou justement sur terre aussi ?
00:52:49 Eh bien, c'est ce que nous envisient, entre guillemets,
00:52:51 les Américains, parce que les Américains,
00:52:53 bon côté des Américains, évidemment,
00:52:55 on a de très bons collègues américains.
00:52:57 Tout à l'heure, j'ai dit un peu de mal de certains collègues
00:52:59 qui ne sont pas des collègues, d'ailleurs, qui ne sont pas forcément formés
00:53:01 en archéologie,
00:53:03 mais on a notamment
00:53:05 des universitaires qui
00:53:07 nous envient un petit peu notre travail sur
00:53:09 le côté terrestre, parce que c'est vrai que
00:53:11 c'est lié à l'historiographie
00:53:13 de cette thématique
00:53:15 de travail, souvent, comme je l'ai dit depuis tout à l'heure,
00:53:17 les épaves, etc., ça fait rêver et tout.
00:53:19 Mais ces pirates,
00:53:21 à un moment, ils se sont posés.
00:53:23 Ils ont eu... Ils se sont installés dans des
00:53:25 zones de relâche, comme on dit,
00:53:27 que ce soit dans l'espace caribéen ou dans l'océan indien.
00:53:29 Et ces zones de relâche,
00:53:31 on est en train d'y travailler sur le côté caribéen,
00:53:33 notamment côté historique.
00:53:35 On n'est pas encore au niveau archéologique,
00:53:37 on n'a pas encore mené de programme ou de
00:53:39 prospection. On est tout jeunes, on a démarré en
00:53:41 2019, il faut nous laisser le temps un petit peu d'agir,
00:53:43 il y a eu le Covid au milieu.
00:53:45 Mais du coup, avec le
00:53:47 projet SPEAKER 1702 à l'île Maurice,
00:53:49 on a une assise dans l'océan indien
00:53:51 et on a développé en parallèle un
00:53:53 programme de recherche sur l'archéologie
00:53:55 terrestre sur une île
00:53:57 qui s'appelle l'île Sainte-Marie et sa
00:53:59 baie particulière qui s'appelle la baie d'Ambodif-
00:54:01 Autacra, donc tout ça appartenant
00:54:03 à la République de Madagascar.
00:54:05 L'île est en fait au
00:54:07 nord-est de la Grande-Terre,
00:54:09 de Madagascar, et a
00:54:11 abrité un des nombreux repères
00:54:13 pirates de l'océan indien, ce n'est pas le principal
00:54:15 forcément, mais il est connu
00:54:17 dans les textes et aussi
00:54:19 dans certaines cartographies.
00:54:21 Et ce qui était extrêmement
00:54:23 intéressant, c'était justement de partir
00:54:25 de cette idée d'installation
00:54:27 de pirates, presque de
00:54:29 libertalia, par rapport
00:54:31 aux mythes, d'une communauté pirate
00:54:33 et tout ce qu'on peut écrire sur le
00:54:35 sujet, à la réalité du terrain.
00:54:37 Et c'est
00:54:39 pas mal quand même ce qu'on a trouvé,
00:54:41 ce qu'on a mis en évidence pour une première mission archéologique
00:54:43 de reconnaissance en total
00:54:45 lien avec les autorités malgaches
00:54:47 et la formation d'ailleurs des étudiants sur place.
00:54:49 On est plutôt contents,
00:54:51 on a le but
00:54:53 déjà, l'objectif c'est que
00:54:55 ces pirates, qu'ils soient installés là,
00:54:57 qu'est-ce qu'ils font ?
00:54:59 Déjà dans un premier temps, ils se posent.
00:55:01 Ils se posent, mais pas très longtemps
00:55:03 parce que l'objectif quand même c'est
00:55:05 deux choses, le ravitaillement,
00:55:07 eh oui, il y a un moment quand on navigue
00:55:09 en mer, on a soif et on a faim,
00:55:11 et puis deux,
00:55:13 on répare,
00:55:15 puisque les dommages
00:55:17 liés à la coque sont quand même
00:55:19 réguliers. Et de ce fait,
00:55:21 on fait une opération qui s'appelle le carénage,
00:55:23 c'est-à-dire qu'on met hors d'eau
00:55:25 le bateau et la coque,
00:55:27 par un système d'aménagement
00:55:29 sur rondins et autres,
00:55:31 et puis on nettoie,
00:55:33 on brosse, on astique
00:55:35 un petit peu, on répare.
00:55:37 Il y a tous les corps de métier qui sont à bord,
00:55:39 les charpentiers, les marins, etc.,
00:55:41 qui donnent un coup de main et qui
00:55:43 vraiment nettoient, puisque vous le savez
00:55:45 aujourd'hui peut-être, mais sur les péniches, notamment à Samoa,
00:55:47 tous les deux ans,
00:55:49 il faut mettre
00:55:51 à sec le bateau pour
00:55:53 justement nettoyer les coques.
00:55:55 À l'époque, c'était pareil, et surtout
00:55:57 le bois, ça se déterre beaucoup plus vite.
00:55:59 Donc il faut enlever toutes ces aspérités.
00:56:01 Et l'objectif
00:56:03 de ces recherches à Madagascar,
00:56:05 sur l'île de Sainte-Marie, c'était justement d'essayer de mettre en évidence
00:56:07 ces zones de ravitaillement
00:56:09 et de carénage.
00:56:11 Et on a pas trop mal réussi,
00:56:13 parce que grâce aux plans qui existaient
00:56:15 et aux archives que l'on connaissait,
00:56:17 qui datent des années 1690-1730,
00:56:21 pile sur cet âge d'or de la piraterie,
00:56:23 on avait des plans qui étaient mis en évidence
00:56:25 par les Français, qui étaient là pour un peu
00:56:27 espionner les Français, donc je reviens
00:56:29 là-dessus, sur la marine royale
00:56:31 française qui a occupé les lieux
00:56:33 au milieu du XVIIe siècle
00:56:35 et qui, à un moment donné, est partie dans les années
00:56:37 1670, qui a quitté en fait
00:56:39 cette zone
00:56:41 de ville de Sainte-Marie, la baie d'Amboni, etc.
00:56:43 Et les pirates sont arrivés dans les
00:56:45 années 1690.
00:56:47 Mais il n'empêche qu'à un moment donné, dans les années...
00:56:49 au début du XVIIIe siècle, les Français
00:56:51 veulent reprendre la zone parce qu'elle est intéressante,
00:56:53 parce qu'il y a une zone connue d'eau douce
00:56:55 qui est extrêmement intéressante,
00:56:57 et puis on a des ressources de bois,
00:56:59 de corail, etc. Je vais vous expliquer
00:57:01 à quoi sert le corail. Et tout
00:57:03 ça fait que, de ce fait, les Français
00:57:05 ont renseigné sur des plans
00:57:07 la présence de tous ces éléments
00:57:09 clés. Et les
00:57:11 pirates, évidemment,
00:57:13 connaissaient ces éléments-là.
00:57:15 Donc en fait, ce qui se passait, c'est que les bateaux
00:57:17 arrivaient dans la baie, au niveau
00:57:19 de l'île Okaï, qui s'appelle aujourd'hui l'île
00:57:21 O'Madame, qui accueille d'ailleurs un musée
00:57:23 où sont conservés les objets archéologiques,
00:57:25 et puis
00:57:27 rentraient partiellement dans la baie,
00:57:29 lâchaient les chaloupes
00:57:31 pour arriver jusqu'à l'île
00:57:33 au centre de la baie. Vous pouvez regarder
00:57:35 tous ces éléments-là sur notre
00:57:37 site internet qui s'appelle l'archéologiedelapiraterie.fr
00:57:39 Il y a les cartes, etc.
00:57:41 Et puis, ensuite,
00:57:43 arrivés dans une zone qui s'appelle
00:57:45 l'égoâde, qui est une zone
00:57:47 – l'égoâde, ça veut dire, d'ailleurs, sur les plans –
00:57:49 zone de ravitaillement en eau.
00:57:51 Et les pirates ont installé
00:57:53 des éléments, des aménagements
00:57:55 en matériaux périssables, en bambou
00:57:57 et autres, qui ont été reconduits
00:57:59 et reconstruits par les Français au cours
00:58:01 du XIXe siècle, quand ils ont réussi à reprendre la baie
00:58:03 à partir de 1750.
00:58:05 Et on a découvert, nous,
00:58:07 un véritable abduc, avec
00:58:09 un système de récupération
00:58:11 de l'eau qui arrivait jusqu'à la
00:58:13 source et même la présence de barrages,
00:58:15 de barrages en pierre.
00:58:17 Évidemment, ces éléments sont plus récents, ils datent
00:58:19 du XVIIIe ou du XIXe siècle,
00:58:21 mais il n'empêche que c'est l'emplacement clé
00:58:23 que les pirates avaient. Donc, c'est extrêmement
00:58:25 intéressant parce que, nous, pour l'instant, nous avons
00:58:27 fait des sondages et de la prospection, mais
00:58:29 nous reviendrons pour essayer de mettre
00:58:31 en évidence ces occupations plus
00:58:33 anciennes avec, justement, des objets
00:58:35 qui sont liés à cette période-là. Et
00:58:37 sur l'île aux Forbans, qui est au centre de l'île,
00:58:39 de la baie, pardon,
00:58:41 cette petite île qui s'appelle l'île aux Forbans, c'est quand même
00:58:43 assez génial, elle a
00:58:45 ce nom-là dès les années
00:58:47 1720-1730. Ça n'est pas
00:58:49 une nomination récente pour
00:58:51 amener du touriste. Ça aurait pu,
00:58:53 mais ça n'est pas le cas. Elle a
00:58:55 été nommée ainsi, évidemment, par les
00:58:57 Français. Et cette île aux Forbans
00:58:59 est extrêmement intéressante. Elle n'a pas accueilli
00:59:01 le trésor de la buse ou le trésor
00:59:03 de n'importe quel pirate. Il faut sortir de
00:59:05 l'île, il est là. Non, mais par
00:59:07 contre, on a trouvé, nous,
00:59:09 des zones extrêmement intéressantes, notamment une zone
00:59:11 de corail brûlé, rubéfié.
00:59:13 Et le corail rubéfié, ça servait à quoi ?
00:59:15 On le brûlait pour en faire de la chaux.
00:59:17 Et la chaux, ça sert à deux choses à
00:59:19 l'époque. Certes, de liant
00:59:21 pour construire des habitations,
00:59:23 mais de, deux, nettoyer
00:59:25 les navires.
00:59:27 On l'appliquait
00:59:29 sur les coques des bateaux,
00:59:31 à sec, pour, justement,
00:59:33 aseptiser et nettoyer
00:59:35 toutes ces aspérités
00:59:37 qui étaient néfastes pour la coque.
00:59:39 Et donc, on a ces éléments-là.
00:59:41 Et au milieu de cette zone rubéfiée, qu'est-ce qu'on a trouvé ?
00:59:43 Des clous de carvel, des clous de coque
00:59:45 de bateaux, d'autres coquillages
00:59:47 et même de la porcelaine chinoise qui date
00:59:49 justement du XVIIe siècle.
00:59:51 Donc, c'est extrêmement intéressant, parce que
00:59:53 là, on sait, probablement, que cette zone
00:59:55 a servi, pas pour les
00:59:57 pirates, mais aussi aux Français
00:59:59 plus tard. Et d'ailleurs, il est indiqué sur un des
01:00:01 plans français. Elle est super,
01:00:03 je vous le fais en résumé. Cette île
01:00:05 est extrêmement intéressante.
01:00:07 On peut la défendre de cette manière, et c'est
01:00:09 un plan avec plein de fortifications.
01:00:11 Et ensuite, elle est
01:00:13 intéressante, pourquoi ? Parce qu'on a du ravitaillement
01:00:15 possible en eau, en bois et en corail.
01:00:17 Et le corail, ça sert à faire de la chaux et tout est
01:00:19 expliqué sur le plan. C'est presque un prospectus
01:00:21 touristique pour tout bateau qui arrive
01:00:23 dans la zone et qui peut se ravitaliser.
01:00:25 Donc, on a des choses qui sont vraiment chouettes.
01:00:27 À l'entrée de cette baie, on a,
01:00:29 je l'ai dit, l'Iloca Nilo Badam,
01:00:31 il faut quand même le dire. On a au
01:00:33 moins une épave pirate qui a été
01:00:35 coulée en 1720.
01:00:37 Il semblerait que ce soit un
01:00:39 sabordage et qui a été partiellement
01:00:41 investiguée par les mêmes
01:00:43 Américains qui ont travaillé sur le Ouïda-Gali
01:00:45 en 1984-87
01:00:47 et qui ont travaillé du coup sur cette épave
01:00:49 entre 2000 et 2015.
01:00:51 Les objets sont désormais au musée et ont été
01:00:53 examinés par notre équipe, puisqu'ils
01:00:55 n'avaient pas pu faire l'objet
01:00:57 d'un travail scientifique à l'époque.
01:00:59 Pareil, investigation un peu décriée,
01:01:01 l'UNESCO s'en est mêlé,
01:01:03 on ne va pas rentrer dans les détails.
01:01:05 On n'a pas pu plonger
01:01:07 sur cette mission-là, une mission qu'on a
01:01:09 exercée en mai dernier.
01:01:11 Là, je reviens. J'ai mis une petite plante verte
01:01:13 derrière pour vous mettre un petit côté exotique
01:01:15 malgache.
01:01:17 Mais voilà, il y a un mois, on y était
01:01:19 encore et donc,
01:01:21 on a pas mal de choses, de traitements de données,
01:01:23 notamment en photogrammétrie, relief,
01:01:25 etc. Et puis, tout le mobilier à traiter
01:01:27 qui est resté sur place, on le rappelle.
01:01:29 On n'a rien emmené avec nous,
01:01:31 c'était l'objectif aussi. Et par rapport
01:01:33 à ça, on a eu quand même une grande chance,
01:01:35 c'était d'aider à former les étudiants en archéologie
01:01:37 des universités de Tamatave et de
01:01:39 Tananarive. Donc ça, c'était
01:01:41 un vrai plaisir de travailler
01:01:43 avec tous ces
01:01:45 professionnels sur place.
01:01:46 Oui, il y a une vraie coopération
01:01:48 avec les autorités et les collègues
01:01:50 malgaches. Parce que c'est vrai qu'on a
01:01:52 souvent tendance à
01:01:54 avoir cette
01:01:56 image des
01:01:58 scientifiques européens
01:02:00 qui débarquent dans
01:02:02 des pays où ils n'ont pas forcément les
01:02:04 sous pour faire les fouilles, qui font leurs trucs,
01:02:06 voire qui ramènent des trucs au pays,
01:02:08 ce que vous n'avez pas fait, sans
01:02:10 demander l'avis aux gens sur place.
01:02:12 C'est exactement ce qui a cristallisé
01:02:14 les problèmes
01:02:16 avec les
01:02:18 collègues,
01:02:20 les chasseurs de trésors, on les appelle comme on veut.
01:02:22 Il y a quand même des archéologues formés qui ont
01:02:24 travaillé avec eux aussi à l'époque.
01:02:26 C'est ce qui a cristallisé les problèmes.
01:02:28 Donc là, on est en 2010-2015.
01:02:30 Pour la dernière
01:02:32 campagne, c'était en 2015.
01:02:34 On est quand même arrivés là en mai dernier
01:02:36 et on nous a encore parlé de tout ça.
01:02:38 On nous a interdit de plonger
01:02:40 sur la zone pour ces mêmes raisons
01:02:42 parce qu'on était encore dans une
01:02:44 période de
01:02:46 controverse, de complications
01:02:48 au sujet des épaves.
01:02:50 On nous a laissé travailler, mais uniquement en terrestre.
01:02:52 À l'origine, le projet a intégré
01:02:54 l'étude de ces épaves. On le fera
01:02:56 plus tard, puisque maintenant le rapport de confiance est
01:02:58 totalement installé. Mais il n'empêche que sur place,
01:03:00 quand nous sommes arrivés, ce n'a pas toujours été simple
01:03:02 puisque on est blancs.
01:03:04 Et
01:03:06 on vient de France, donc c'est pas
01:03:08 toujours facile. Bien qu'on ait
01:03:10 eu des étudiants malgaches avec nous,
01:03:12 locaux même d'ailleurs, pour un
01:03:14 samarien.
01:03:16 Et ça a été compliqué. On nous a même
01:03:18 fait rire. Petite anecdote
01:03:20 de fouille.
01:03:22 On a quand même balancé un drone pour faire
01:03:24 du lidar sur une partie de la zone,
01:03:26 c'est-à-dire pour avoir le scan topographique
01:03:28 de toute
01:03:30 la baie, qu'on a réussi
01:03:32 quasiment à faire en trois jours.
01:03:34 Et le drone
01:03:36 qui scanne, etc.
01:03:38 Et puis à un moment, j'ai mes collègues qui m'appellent
01:03:40 qui me disent "genre écoute, on a un souci".
01:03:42 Moi j'étais pas avec eux. "On a un souci,
01:03:44 il y a un villageois qui nous accuse d'avoir tué
01:03:46 son poulet". J'ai dit "comment ça ?"
01:03:48 "Le drone,
01:03:50 il aurait
01:03:52 découpé le poulet".
01:03:54 Donc évidemment, on en rigole,
01:03:56 puisque les poulets ne volent pas.
01:03:58 Et non plus à Madagascar,
01:04:02 ça c'est sûr.
01:04:04 Et donc en fait, c'était une façon
01:04:06 encore une fois de
01:04:08 mettre l'accent sur notre présence,
01:04:10 le fait qu'on était là pour trouver le trésor.
01:04:12 D'ailleurs on nous a accusés
01:04:14 de chercher le trésor.
01:04:16 On a dit "non, non, mais nous on cherche la céramique".
01:04:18 "Oui, mais vous avez planqué le trésor".
01:04:20 Non, on n'a pas trouvé le trésor, il n'y en a pas d'ailleurs.
01:04:22 L'objectif c'est pas ça.
01:04:24 Voilà, et également sur les réseaux sociaux,
01:04:26 parce qu'on communique beaucoup, peut-être trop, sur les réseaux sociaux.
01:04:28 Et on nous a pris à partie,
01:04:30 etc. par la population locale.
01:04:34 Parce que si on dit,
01:04:36 on se justifie, de toute manière on nous dit qu'on l'a caché.
01:04:38 Donc bon, c'est un peu compliqué
01:04:40 parfois. Mais globalement, ça s'est
01:04:42 quand même extrêmement bien passé. On a été très bien
01:04:44 accueillis. C'est quelques personnalités
01:04:46 sur place qui nous ont ennuyés. Mais ça n'a pas
01:04:48 duré. Il a fallu en fait communiquer.
01:04:50 C'est toute une histoire de communication avec les gens
01:04:52 aussi. On ne peut pas arriver
01:04:54 comme ça et arriver
01:04:56 en terrain conquis et mettre en place
01:04:58 une coopération
01:05:00 franco-malgache sans prévenir les autorités
01:05:02 ou sans discuter avec les polonais de la population.
01:05:04 C'est tout à fait normal.
01:05:06 Ça se fait partout ailleurs. Bon, je vois pas pourquoi
01:05:08 on le ferait pas à Madagascar. Et c'est ce qu'on a
01:05:10 réussi à faire. Et du coup, le rapport de confiance
01:05:12 est installé. Et on espère l'année prochaine
01:05:14 pouvoir y revenir. Et puis
01:05:16 travailler aussi sur ces épaves qui demandent
01:05:18 qu'elles aient mis en
01:05:20 évidence et traitées de la bonne manière.
01:05:22 Pour juste une petite info,
01:05:24 sur une des épaves, il y avait quand même près de
01:05:26 3500 tessons de céramique qui ont été découverts,
01:05:28 dont plus de 2800
01:05:30 porcelaines chinoises. Donc on a
01:05:32 une collection incroyable qui est
01:05:34 conservée aujourd'hui dans les réserves du musée
01:05:36 et qui demande qu'elle ait été truquée. Et c'est ce qu'on est en train de faire.
01:05:38 Donc on a
01:05:40 beaucoup de chance aussi, on a quand même
01:05:42 une condition de travail incroyable.
01:05:44 On est allé au bureau en pirogue.
01:05:46 Bon, c'était quand même
01:05:48 sympa.
01:05:50 En tout cas, il faut quand même expliquer
01:05:52 que si la méfiance de
01:05:54 certains est aussi
01:05:56 importante, c'est
01:05:58 aussi parce que
01:06:00 Madagascar est une ancienne
01:06:02 colonie. Enfin, en tout cas, les Français
01:06:04 ont colonisé l'île. Bien sûr.
01:06:06 Les Français étaient présents jusque
01:06:08 dans les années 70.
01:06:10 Il en reste beaucoup, officiellement.
01:06:12 Il en reste encore beaucoup.
01:06:14 Les tensions entre
01:06:16 la France et Madagascar peuvent être
01:06:18 encore présentes. C'est pas toujours
01:06:20 simple au niveau géopolitique.
01:06:22 Et puis, les anciens, eux,
01:06:24 ils connaissent l'archéologie que par la présence
01:06:26 des Américains. Donc Américain ou
01:06:28 Français, pour les gens, c'est un peu pareil.
01:06:30 On vient piller le trésor,
01:06:32 piller... C'est là où
01:06:34 la caricature du pirate fait mal.
01:06:36 C'est trésor
01:06:38 sous-marin ou trésor caché
01:06:40 sur une île.
01:06:42 D'ailleurs, on a, nous, observé sur l'île
01:06:44 au Forgan des sondages anciens
01:06:46 effectués par
01:06:48 des pires, notamment des pires
01:06:50 étrangers. Donc pas forcément
01:06:52 des locaux.
01:06:54 Et des sacrés
01:06:56 trous qui n'ont pas été recouchés.
01:06:58 Déjà, en plus, c'est extrêmement dangereux.
01:07:00 On a ce côté caricatural
01:07:02 qui est présent, qui est toujours présent
01:07:04 et qui
01:07:06 amène quand même de l'animosité
01:07:08 si on n'est pas dans un dialogue avec les gens.
01:07:10 Nous, l'objectif,
01:07:12 c'était de former les étudiants, de venir travailler
01:07:14 sur place parce que, eux aussi, c'est des raves de gosse
01:07:16 pour chacun d'entre nous. Et on avait envie
01:07:18 de partager ça avec les gens et c'est ce qu'on a fait.
01:07:20 Donc on est assez contents aussi, au final,
01:07:22 de ce qu'on a pu faire
01:07:24 avec les étudiants et la population.
01:07:26 - Qu'est-ce que tu as fait
01:07:28 de façon très pragmatique,
01:07:30 justement, sur cette archéologie terrestre
01:07:32 qui vous était permis ? - Qu'est-ce qu'on a fait ?
01:07:34 Déjà, on a fait
01:07:36 la première semaine, on a fait du lidar.
01:07:38 C'est-à-dire qu'il y avait
01:07:40 deux collègues qui étaient là,
01:07:42 Isabelle Le Tellier
01:07:44 et Eric Yenny. Je les salue s'ils
01:07:46 nous écoutent. Isabelle
01:07:48 qui a sa boîte de drones
01:07:50 et de lidar. Donc ils ont
01:07:52 balancé le lidar sur trois jours
01:07:54 dans des zones particulières pour, justement,
01:07:56 comme je l'ai dit, scanner et avoir une image
01:07:58 en trois dimensions,
01:08:00 en relief,
01:08:02 et avec, évidemment, un MNT,
01:08:04 un modèle numérique de terrain et de surface,
01:08:06 pour avoir
01:08:08 un scan complet autour
01:08:10 de la baie, ce qui n'a déjà pas été fait.
01:08:12 Dans un second temps, ce scan, il va nous servir à quoi ?
01:08:14 Il nous sert à traiter les anomalies,
01:08:16 la visibilité des anomalies
01:08:18 présentes sur le terrain.
01:08:20 Si j'explique,
01:08:22 en prospection dans les zones où on est allés,
01:08:24 il y a de la végétation. C'est très compliqué
01:08:26 de travailler quand on a des fougères au sol,
01:08:28 par exemple. Donc le lidar permet
01:08:30 d'enlever la canopée, à la fois les arbres,
01:08:32 mais aussi la végétation
01:08:34 qui nous empêche de travailler.
01:08:36 Et en traitant avec des différents
01:08:38 scans, différents calques, etc.,
01:08:40 on arrive à mettre en évidence
01:08:42 des vestiges, des vestiges
01:08:44 des anomalies, c'est ce qu'on appelle comme ça,
01:08:46 des anomalies archéologiques,
01:08:48 anthropiques. Non pas, évidemment,
01:08:50 on voit les cabanes, les maisons, etc.,
01:08:52 mais on voit aussi des choses que l'on ne voit pas en vue aérienne.
01:08:54 Donc on couple en fait
01:08:56 plusieurs données aériennes
01:08:58 qui nous permettent de retourner ensuite
01:09:00 sur le terrain et de cibler
01:09:02 des zones qui sont sensibles à l'archéologie.
01:09:04 Donc ça c'est une première chose.
01:09:06 On a travaillé aussi sur l'îlot Forvent, mais par exemple,
01:09:08 l'îlot Forvent était très dense
01:09:10 en termes de végétation. Ça n'a pas bien marché
01:09:12 parce que le lidar n'a pas pu percer
01:09:14 vraiment, c'est des rayons,
01:09:16 donc il n'a pas pu percer la canopée
01:09:18 qui était très dense. Par contre, ça a très bien marché
01:09:20 sur le fort, le fort de la Possession,
01:09:22 qui a été édifié dans les années 1750
01:09:24 d'après les textes,
01:09:26 et reconduit,
01:09:28 réoccupé jusqu'au XIXe siècle.
01:09:30 Il y a encore d'ailleurs une garnison en malgache
01:09:32 sur place. Mais nous, ce qu'on
01:09:34 avait comme intérêt,
01:09:36 c'était de connaître
01:09:38 la réelle fondation du fort.
01:09:40 Est-ce qu'elle était datée de 1750,
01:09:42 fort de la Compagnie des Indes par les Français,
01:09:44 ou est-ce qu'elle était plus ancienne ? Et en fait, le lidar
01:09:46 nous a permis de mettre en évidence des remparts
01:09:48 des zones plus
01:09:50 anciennes, avec un plan assez
01:09:52 ancien, et qu'on ne pouvait pas
01:09:54 forcément voir à l'œil nu ou alors qu'il était caché
01:09:56 sous la végétation. Donc ça, c'est extrêmement intéressant.
01:09:58 Ça, c'était la première semaine. Et ensuite,
01:10:00 il nous restait deux semaines de terrain. Et bien,
01:10:02 grâce au lidar qui a été partiellement traité
01:10:04 sur place, et
01:10:06 en revenant en France, et à nos
01:10:08 prospections dans des zones qui étaient plus accessibles que
01:10:10 celles qui avaient été traitées par le lidar,
01:10:12 on a pu aller à l'égoîte
01:10:14 sur l'île aux Formans et
01:10:16 au fort, et on a mené une
01:10:18 inspection dans un premier temps, c'est-à-dire rechercher
01:10:20 des vestiges et des aménagements visibles
01:10:22 à l'œil nu, sans creuser,
01:10:24 en ramassant, en marquant
01:10:26 au GPS les différentes données qu'on pouvait
01:10:28 trouver, et ensuite, on a effectué
01:10:30 des sondages. Des sondages,
01:10:32 c'est-à-dire des fenêtres ouvertes.
01:10:34 Alors là, on est dans une première mission
01:10:36 de reconnaissance, donc on ne fait pas des grands sondages
01:10:38 sur l'air ouverte, comme vous pouvez le voir dans
01:10:40 les reportages ou dans
01:10:42 les documentaires, etc., ou sur
01:10:44 le web. On est sur des petites fenêtres d'un
01:10:46 mètre sur un mètre, avec environ
01:10:48 50 cm de profondeur, et on
01:10:50 teste. En fait, c'est des sondages test pour voir
01:10:52 où on en est au niveau des occupations. Et ça nous a
01:10:54 permis de lire, en fait, le sol
01:10:56 et de comprendre tous ces éléments-là.
01:10:58 C'est rajouté, en plus, des vestiges
01:11:00 extrêmement intéressants, c'est-à-dire des
01:11:02 aménagements en pierre
01:11:04 qui n'étaient pas forcément visibles
01:11:06 ou répertoriés, qu'on a dessinés, photographiés,
01:11:08 etc., et bien sûr,
01:11:10 on a connecté des objets
01:11:12 qui ont été inventoriés et dessinés,
01:11:14 qu'on est encore en train de traiter à distance,
01:11:16 puisqu'on a renseigné un maximum
01:11:18 de choses sur place, comme je
01:11:20 vous l'ai dit tout à l'heure et que Ben l'a rappelé, on n'a pas
01:11:22 ramené les objets, donc il fallait
01:11:24 renseigner un maximum de choses sur place.
01:11:26 Sur deux semaines, c'était assez chaud,
01:11:28 et maintenant, on est en train de traiter
01:11:30 nos dessins,
01:11:32 d'écrire les rapports sur différents
01:11:34 sites. Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est une baie
01:11:36 assez imposante,
01:11:38 et on a, je vais dire
01:11:40 quelque chose comme ça en l'air, mais une
01:11:42 dizaine, une douzaine de sites archéologiques.
01:11:44 Donc, il faut
01:11:46 mettre en évidence ces
01:11:48 zones avec ces
01:11:50 sites archéologiques et les traiter
01:11:52 de manière méthodique
01:11:54 pour ensuite remettre
01:11:56 un rapport archéologique officiel
01:11:58 signé et écrit par les
01:12:00 Français et les Malgaches, le remettre
01:12:02 au gouvernement, comme en France,
01:12:04 et puis ensuite valider une potentielle
01:12:06 future
01:12:08 deuxième mission pour aller un peu plus loin dans les
01:12:10 investigations. Mais alors, juste cette
01:12:12 campagne-là qui était juste du
01:12:14 repérage, tu m'as dit que vous avez mis deux
01:12:16 ans à la préparer, donc
01:12:18 là, s'il y a une douzaine de sites
01:12:20 archéologiques, c'est quoi, c'est le travail d'une vie ?
01:12:22 Non, non, alors on a
01:12:24 mis deux ans
01:12:26 pour le Speaker, on a mis à peu près deux ans aussi
01:12:28 pour l'île Sainte-Marie, on avait
01:12:30 intégré à la base, évidemment, la plongée,
01:12:32 mais ça a été écarté, donc
01:12:34 on s'est concentré sur tout ça, et
01:12:36 là, on a fait
01:12:38 une dizaine de sondages,
01:12:40 donc une dizaine de sondages de 1 mètre sur 1 mètre,
01:12:42 on est plusieurs à travailler ensemble,
01:12:44 donc il y a mon collègue Alexandre, qui est en Guadeloupe
01:12:46 aujourd'hui, ma collègue Anne
01:12:48 qui est à Saint-Malo,
01:12:50 Ludovic, il bat, qui est à Dijon,
01:12:52 et d'ailleurs,
01:12:54 un petit pub, il vient de sortir son
01:12:56 livre sur une exploration
01:12:58 en Amazonie,
01:13:00 Ludovic y bat, et puis
01:13:02 voilà, on est plusieurs à travailler, à distance,
01:13:04 on se fait des réunions régulières,
01:13:06 Isabelle aussi, qui fait le post-traitement
01:13:08 du LIDAR, et donc on a
01:13:10 à la fois de la carto, on a à la fois du dessin,
01:13:12 la DLAO, le dessin assisté par ordinateur,
01:13:14 le traitement des objets, et puis chacun
01:13:16 mes apéris à édifice,
01:13:18 non, non, il faut qu'on rende le rapport
01:13:20 à la rentrée, ou en voire en décembre,
01:13:22 mais non, non, on ne chaume pas,
01:13:24 et ce qu'il faut rappeler, c'est que tout ça,
01:13:26 ce n'est pas notre travail,
01:13:28 c'est-à-dire qu'on fait ça en plus,
01:13:30 parce que c'est important que les gens le savent,
01:13:32 nous, on est bénévoles
01:13:34 sur l'archéologie de la piraterie, c'est-à-dire qu'on
01:13:36 fait ça en plus de notre travail d'archéologue,
01:13:38 moi, à la boire à Coeur-Jean d'Arc,
01:13:40 ou Alexandre à l'INRAP, donc on prend des jours
01:13:42 de congé, parfois du sans-solde,
01:13:44 pour aller dans ces zones extrêmement intéressantes,
01:13:46 pour former les étudiants,
01:13:48 et pour essayer de faire
01:13:50 au mieux et de faire un travail scientifique
01:13:52 au plus près des exigences
01:13:54 françaises aussi, puisque nous, de notre côté,
01:13:56 on est attendus au tournant
01:13:58 aussi, on va communiquer,
01:14:00 etc., mais le rapport
01:14:02 sera accessible, donc c'est un rapport public,
01:14:04 donc une fois qu'il est validé aussi par les autorités
01:14:06 locales, on a à répondre
01:14:08 aussi des autorités françaises et de l'exigence,
01:14:10 donc on fait quelque chose
01:14:12 d'extrêmement sérieux, et c'est pour ça qu'on
01:14:14 va doucement, on a fait nos
01:14:16 prospections, nos sondages, on a fait du LIDAR,
01:14:18 on a eu la chance, il faut le dire
01:14:20 aussi, puisque tout ça, c'est un coup,
01:14:22 et que nous, on est une petite association
01:14:24 qui a un programme de recherche, mais une association
01:14:26 quand même, donc on a pu travailler grâce à
01:14:28 à l'aide des
01:14:30 adhérents, mais aussi
01:14:32 à deux crowdfunding qu'on a mis
01:14:34 en place bien en amont, et je remercie d'ailleurs
01:14:36 tous ceux qui ont pu participer et
01:14:38 contribuer, mais on a aussi été financés par une
01:14:40 boîte de production qui s'appelle Gédéon Programme,
01:14:42 et qui a quand même financé une grosse partie de la
01:14:44 mission de Sainte-Marie,
01:14:46 et qui en fait
01:14:48 nous suivait pour mettre en place
01:14:50 un documentaire qui sera diffusé sur
01:14:52 Arte en fin d'année,
01:14:54 et qui nous a permis
01:14:56 aussi, notamment, de faire le LIDAR, parce que ça coûte
01:14:58 extrêmement cher, et l'association
01:15:00 n'avait pas les moyens de le faire. Donc moi, je suis en
01:15:02 totale transparence sur ce qu'on fait, parce que je trouve
01:15:04 que c'est vraiment important d'expliquer aux gens
01:15:06 la méthode de travail, ce qu'on fait,
01:15:08 etc., donc c'est pour ça, quand
01:15:10 on nous accuse de récupérer du trésor
01:15:12 ou autre, c'est des gens qui sont mal
01:15:14 informés en réalité,
01:15:16 et généralement, on n'a aucun souci,
01:15:18 et on s'adresse autant à la communauté
01:15:20 scientifique qu'au grand public, parce que c'est notre
01:15:22 objectif, valoriser cette archéologie
01:15:24 de la piraterie, en
01:15:26 revenant quand même un petit peu sur les idées reçues.
01:15:28 En tout cas, quand je disais que c'était le travail d'une vie,
01:15:30 c'est pour approfondir les fouilles
01:15:32 sur les douze sites, c'était pas cette partie préparatoire ?
01:15:34 Ah bah oui, oui, bien sûr,
01:15:36 ça, oui, on va y revenir,
01:15:38 et on espère y revenir, ça c'est sûr.
01:15:40 On a du boulot, on a du pain sur la planche, ça c'est sûr.
01:15:42 On nous demande quel avenir
01:15:44 pour ces étudiants qui sont
01:15:46 formés sur place, en fait.
01:15:48 Est-ce qu'ils ont les moyens
01:15:50 de continuer les recherches, par exemple ?
01:15:52 Est-ce que les laboratoires
01:15:54 de recherches locaux
01:15:56 peuvent et doivent
01:15:58 être financés
01:16:00 pleinement et indépendamment ?
01:16:02 Très bonne question, qui en contient
01:16:04 plusieurs d'ailleurs. Alors
01:16:06 déjà, pour être en toute transparence,
01:16:08 on avait deux profs d'université
01:16:10 qui nous accompagnaient,
01:16:12 et puis un prof qui était
01:16:14 émérite, qui vit
01:16:16 d'ailleurs en France,
01:16:18 et donc ces trois profs encadrés
01:16:20 avec nous, les cinq étudiants
01:16:22 de deux universités, j'ai dit
01:16:24 Tana et Tamatave, et puis
01:16:26 parmi eux, on avait un étudiant qui vit à Sainte-Marie.
01:16:28 C'était super parce qu'il nous a
01:16:30 permis aussi de nous mettre
01:16:32 en lien avec la population locale, ce qui était
01:16:34 génial.
01:16:36 Non, ces étudiants, en fait, aujourd'hui, ils sont plus étudiants.
01:16:38 Ils sont étudiants, ils font partie d'associations
01:16:40 d'archéologie locale
01:16:42 parce que, justement,
01:16:44 il n'y a pas de travail en archéologie,
01:16:46 en tout cas, il y a eu un gain, il y a un musée
01:16:48 national d'archéologie
01:16:50 à Tannanarive.
01:16:52 On a deux universités qui forment
01:16:54 un peu les étudiants, mais
01:16:56 malheureusement, en fait, il n'y a pas forcément
01:16:58 beaucoup de moyens pour la recherche en archéologie
01:17:00 sur place. On a des profs qui sont
01:17:02 en poste, mais qui vont bientôt partir à la
01:17:04 retraite. Et
01:17:06 la suite, en fait, c'est ces étudiants qui
01:17:08 étaient avec nous, qu'on a aidés à former, mais qui sont
01:17:10 déjà formés avec leurs propres méthodes.
01:17:12 Donc là, ce qui était intéressant, c'était l'échange de compétences
01:17:14 aussi, et notamment l'apport de
01:17:16 logiciels comme Illustrator,
01:17:18 Photoshop, mais aussi le travail du Lidar,
01:17:20 la photogrammétrie, enfin, il y a plein de choses
01:17:22 qu'ils ne connaissaient pas forcément.
01:17:24 Et ils avaient tout autant
01:17:26 beaucoup de compétences et beaucoup de connaissances,
01:17:28 surtout sur les contextes malgaches
01:17:30 que nous, nous ne connaissions pas. Donc c'était
01:17:32 extrêmement intéressant d'échanger là-dessus.
01:17:34 Par contre, pour autant, ce sont des étudiants qui, aujourd'hui,
01:17:36 ont dû prendre des jours de congé pour venir travailler avec nous.
01:17:38 On a aussi aidé financièrement
01:17:40 pour... et je remercie aussi
01:17:42 à l'ambassade de France
01:17:44 de Madagascar, qui nous a aidés
01:17:46 aussi à financer ces étudiants, au niveau
01:17:48 des défréments, etc., à donner
01:17:50 un petit coup de pouce, parce que
01:17:52 aujourd'hui, ces étudiants sont bénévoles comme nous
01:17:54 finalement, et ils sont venus
01:17:56 pour aider, pour apprendre pas mal
01:17:58 de choses. C'est une belle opportunité, et on espère
01:18:00 pouvoir poursuivre avec eux les prochaines
01:18:02 années, mais aujourd'hui, ils sont sortis
01:18:04 du cadre de l'archéologie professionnelle.
01:18:06 Ça, c'est une évidence. Donc,
01:18:08 bon, voilà, c'est un peu compliqué.
01:18:10 Madagascar a quand même la chance d'avoir
01:18:12 toujours, à
01:18:14 ce jour, un laboratoire d'archéologie
01:18:16 qui continue à fonctionner,
01:18:18 ce qui n'est pas le cas de
01:18:20 Lille-Maurice, qui est beaucoup plus petit,
01:18:22 certes, et qui a aussi une
01:18:24 grande richesse archéologique, mais qui n'a pas d'archéologue
01:18:26 professionnel. Je vous parlais
01:18:28 tout à l'heure de mon collègue Yann Lennarmim,
01:18:30 qui est associé au Mauritius
01:18:32 Museum Council, qui est présent dans les musées
01:18:34 d'archéologie, etc.,
01:18:36 qui a une formation d'archéologie bénévole,
01:18:38 etc., qui est océanographe, qui
01:18:40 est la pire édifice sur
01:18:42 l'archéologie sous-marine
01:18:44 de Lille-Maurice, mais ce sont des
01:18:46 étrangers, des campagnes étrangères, avec
01:18:48 l'accord des Mauriciens, et en lien avec les Mauriciens,
01:18:50 que le travail se fait. Donc,
01:18:52 localement, on n'a pas ce travail
01:18:54 qui est professionnalisé comme en France.
01:18:56 On a beaucoup de chance.
01:18:58 Je vais dire quelque chose,
01:19:00 c'est un problème de riche, l'archéologie,
01:19:02 pour ces pays-là. Enfin,
01:19:04 c'est pas simple.
01:19:06 C'est une vraie volonté aussi. C'est compliqué,
01:19:08 la recherche. On le voit comme c'est compliqué en France
01:19:10 et en Europe. Donc, imaginez-vous
01:19:12 dans des pays où,
01:19:14 nous, on le voyait,
01:19:16 la fin est là. Donc, c'est
01:19:18 compliqué. Les gens, ils partent travailler,
01:19:20 en fait, ils partent se nourrir.
01:19:22 Voilà. Ça se passe comme ça
01:19:24 à Madagascar. Donc, l'archéologie,
01:19:26 bon, c'est pour ça qu'ils sont animés
01:19:28 par cette histoire de recherche de trésors.
01:19:30 Enfin, il ne faut pas leur en vouloir non plus.
01:19:32 C'est une question...
01:19:34 Imaginez-vous, on vient, nous, bénévolement,
01:19:36 travailler sur
01:19:38 leur territoire. Ils ne comprennent pas.
01:19:40 Ils ne comprennent même pas le concept.
01:19:42 Donc, c'est pour ça
01:19:44 qu'on est ravis de travailler
01:19:46 avec les collègues malgaches et les étudiants
01:19:48 qui sont sortis un peu du cadre professionnel
01:19:50 et qu'on espère,
01:19:52 puisque c'est eux qui vont essayer de réanimer
01:19:54 et de redévelopper tout ça au niveau
01:19:56 professionnel. Ils le font déjà au niveau
01:19:58 associatif. Je ne me suis jamais penché
01:20:00 sur le fameux code de la piraterie et de
01:20:02 l'existence de ce code ou pas. Existe-t-il
01:20:04 un code de conduite de la piraterie ?
01:20:06 Les archives en parlent.
01:20:08 Auxmelin
01:20:10 en parle régulièrement
01:20:12 dans son livre. On connaît celui de
01:20:14 Bartholomew Roberts.
01:20:16 Après, la source exacte,
01:20:18 typique, moi je ne l'ai pas.
01:20:20 On connaît par contre
01:20:22 tous les grandes lignes.
01:20:24 Et d'ailleurs, dans les grandes lignes,
01:20:26 on a des points qui sont
01:20:28 réellement connus et attestés
01:20:30 par l'archéologie. On peut peut-être
01:20:32 s'échapper
01:20:34 et discuter justement de ces points-là.
01:20:36 On parle souvent du partage du butin.
01:20:38 Le partage du butin,
01:20:40 en fonction
01:20:42 du grade,
01:20:44 ça c'est une certitude,
01:20:46 et en fonction aussi
01:20:48 des blessures qui ont été
01:20:50 subies par l'équipage
01:20:52 au cours de l'abordage qui a permis d'accéder
01:20:54 au butin.
01:20:56 Aussi. Plus généralement.
01:20:58 Et c'est quelque chose
01:21:00 qui est récurrent dans les épaves
01:21:02 pour le coup, pirates
01:21:04 qui ont été découvertes.
01:21:06 Et c'est ce qu'on a observé aussi sur le Speaker.
01:21:08 On découvre des petits, que ce soit
01:21:10 sur Queen Anne's Revenge, Louis Dagally,
01:21:12 ou également sur le Speaker, des petits lingots
01:21:14 en or,
01:21:16 qui ont peut-être été recoulés, refondus,
01:21:18 peu importe, et qui sont découpés au couteau.
01:21:20 Assez nettement
01:21:22 pour
01:21:24 le partage du butin.
01:21:26 On a également, sur Louis Dagally
01:21:28 et Queen Anne's Revenge,
01:21:30 des bijoux africains,
01:21:32 liés évidemment à la traite,
01:21:34 cassés, concassés
01:21:36 en or, et qui sont aussi
01:21:38 découverts pour vocation à être
01:21:40 partagés entre l'équipage.
01:21:42 Moi, c'est ce que je préfère.
01:21:44 C'est partir de toutes ces idées
01:21:46 préconçues sur
01:21:48 les pirates et amener
01:21:50 des fondements historiques, certes,
01:21:52 mais quand on a les vestiges archéologiques, c'est génial.
01:21:54 On a cette histoire de John King,
01:21:56 un gamin, un mousse,
01:21:58 qui, tu connais l'histoire,
01:22:00 puisqu'elle est dans mon petit livre
01:22:02 sur Barbeu Crise et sur
01:22:04 les pirates,
01:22:06 livre pour enfants.
01:22:08 On a ce John King qui
01:22:10 fait partie de l'équipage de Louis Dagally,
01:22:12 donc sous le capitana,
01:22:14 de Samuel Bellamy.
01:22:16 On dit qu'on il a 10-11 ans, c'est attesté dans
01:22:18 les écrits, dans les comptes-rendus
01:22:20 d'équipage, etc.
01:22:22 Réalité ou fiction,
01:22:24 des mousses à cette
01:22:26 période-là, chez les marins, il y en a des tonnes,
01:22:28 chez les pirates, pourquoi pas ? Et là,
01:22:30 l'archéologie, lorsqu'ils ont découvert
01:22:32 l'épave, ils ont trouvé
01:22:34 un bout de tibia
01:22:36 d'enfant et une chaussure d'enfant
01:22:38 et une chaussette d'enfant.
01:22:40 Tout ça dans le même contexte.
01:22:42 Il y avait un gamin
01:22:44 dans l'équipage.
01:22:46 C'est quand même assez chouette.
01:22:48 Donc là, on arrive à associer
01:22:50 une découverte archéologique à une histoire
01:22:52 qui a amené tant de fantasmes.
01:22:54 Le Jim Hawkins de L'île
01:22:56 au Trésor, etc., grâce à l'archéologie.
01:22:58 Donc c'est quand même assez
01:23:00 chouette.
01:23:02 - On a une question, c'est rigolo
01:23:04 parce qu'il n'y a pas très longtemps,
01:23:06 on avait reçu
01:23:08 deux auteurs de BD
01:23:10 pour La République du Crane.
01:23:12 - Je suis venu de la BD d'Ivonne.
01:23:14 - Et donc, on a l'auteur qui a une vision
01:23:16 très assumée d'un point de vue politique
01:23:18 aussi, et qui le revendique d'ailleurs dès le début de la BD
01:23:20 pour essayer de désamorcer un petit peu
01:23:22 la critique qu'on pourrait lui faire, et qui donc s'inspirait
01:23:24 d'un type,
01:23:26 Marcus Rediker,
01:23:28 qui a travaillé sur la piraterie.
01:23:30 Alors, du coup, qu'est-ce que tu en penses ?
01:23:32 Un petit peu de tes travaux à Marcus Rediker.
01:23:34 - Donc déjà, Marcus Rediker, c'est un
01:23:36 historien, anthropologue social
01:23:38 aussi, américain,
01:23:40 qui a travaillé beaucoup sur l'histoire
01:23:42 de l'âge d'or de la piraterie.
01:23:44 J'ai pas lu tous ses travaux, mais j'en ai lu certains.
01:23:46 Bon, ils sont quand même relativement décriés,
01:23:48 puisque quand même,
01:23:50 l'objectif...
01:23:52 Je perds ma voix.
01:23:54 Il est temps, peut-être.
01:23:56 L'objectif étant
01:23:58 justement de mettre en place cette histoire de communauté,
01:24:00 communauté pirate,
01:24:02 égalitaire, etc.
01:24:04 Nous,
01:24:06 ce qu'on perçoit
01:24:08 à travers les textes,
01:24:10 et puis aussi l'archéologie, et puis le monde maritime
01:24:12 à l'époque, c'est que
01:24:14 la hiérarchie,
01:24:16 elle reste là, en fait. Elle est quand même présente.
01:24:18 Et on le voit notamment
01:24:20 sur un... Je vais vous expliquer.
01:24:22 À travers un manuscrit que Marcus Rediker
01:24:24 ne connaît sûrement pas,
01:24:26 qui est un manuscrit
01:24:28 de Sir Robert, édité en 1730
01:24:30 sur la description de l'île
01:24:32 de Madagascar, et qui a une partie
01:24:34 sur la piraterie à Madagascar,
01:24:36 et qui évoque justement
01:24:38 l'installation terrestre des pirates
01:24:40 sur la côte est de
01:24:42 Madagascar, à Sainte-Marie, mais aussi à Port-de-Fins.
01:24:44 Et il explique
01:24:46 l'installation de ces pirates dans des
01:24:48 cabanes fortifiées avec des échelles.
01:24:50 Il explique d'ailleurs très bien là.
01:24:52 C'est vraiment un compte-rendu
01:24:54 d'espionnage
01:24:56 de cet officier
01:24:58 français qui a été fait prisonnier.
01:25:00 Et sur une des caoutchoucs,
01:25:02 on a une hiérarchie qui est installée
01:25:04 avec le drapeau du capitaine pirate
01:25:06 qui est en place. Ce qui montre
01:25:08 quand même que ce soit
01:25:10 à bord des équipages,
01:25:12 mais également à terre,
01:25:14 ou sur des campements éphémères,
01:25:16 qu'on a cette hiérarchie qui est respectée.
01:25:18 Et que ce côté égalitaire,
01:25:20 ce côté "bon, on va abolir tous les
01:25:22 esclaves, etc.,
01:25:24 on va les intégrer à l'équipage",
01:25:26 ça a existé peut-être,
01:25:28 partiellement, sûrement,
01:25:30 mais je peux vous le dire que dans les textes,
01:25:32 on a surtout des pirates
01:25:34 qui profitent de la traite maigrière,
01:25:36 parce que c'est lucratif. Et on le voit
01:25:38 à Sainte-Marie, ça a servi de comptoir,
01:25:40 et on a un texte d'ailleurs
01:25:42 du gouverneur de l'île de la Réunion
01:25:44 lorsqu'il propose la ministé à
01:25:46 Christopher Condant en 1720.
01:25:48 Il lui demande,
01:25:50 il atteste la présence
01:25:52 de tant de pirates et de tant d'esclaves,
01:25:54 et il atteste
01:25:56 le rendu de ces esclaves, etc.
01:25:58 Et donc, on sait
01:26:00 que ces pirates ont exploité
01:26:02 un peu le filon d'or,
01:26:04 je m'excuse pour cette expression,
01:26:06 mais en lien d'ailleurs
01:26:08 avec les locaux, avec les indigènes malgaches,
01:26:10 puisque c'était pour
01:26:12 se faire un maximum d'argent.
01:26:14 Donc cette société égalitaire,
01:26:16 où on a César,
01:26:18 le sergent de Barbe Noire,
01:26:20 noir, ancien esclave,
01:26:22 qui a été aboli, etc.
01:26:24 Oui, oui, on a des exemples,
01:26:26 et on a aussi beaucoup, beaucoup de contre-exemples.
01:26:28 Les pirates
01:26:30 étaient actifs dans la traite maigrière.
01:26:32 Et on a des vestiges qui en
01:26:34 font la preuve avec la présence de manilles,
01:26:36 de ces bracelets
01:26:38 qui étaient mis à la cheville
01:26:40 ou aux poignets,
01:26:42 qui sont en bronze
01:26:44 et qui servent de monnaie d'échange pour la traite.
01:26:46 Donc on a
01:26:48 des éléments tangibles,
01:26:50 et regardez les bijoux
01:26:52 à camp de la côte
01:26:54 ouest d'Afrique,
01:26:56 la fameuse côte d'or, etc.,
01:26:58 où on a des restes
01:27:00 qui sont partagés entre l'équipage.
01:27:02 Donc on a quand même, nous,
01:27:04 en archéologie, de gros sons de cloche
01:27:06 qui vont vers ça,
01:27:08 et également aussi côté historique,
01:27:10 parce qu'on a des faits.
01:27:12 Moi, je suis plutôt sur une position intermédiaire,
01:27:14 je ne suis pas aussi radical.
01:27:16 Et la présence de Libertalia,
01:27:18 là, je rappelle, je suis un petit peu plus courant,
01:27:20 mon collègue historien,
01:27:22 Alexandre Audart,
01:27:24 qui a publié l'année dernière
01:27:26 son livre "Libertalia, une république
01:27:28 des pirates à Madagascar",
01:27:30 aux éditions Hemisphères,
01:27:32 et qui fait le point sur le mythe de Libertalia,
01:27:34 qui est assez d'accord avec moi,
01:27:36 il faut arrêter
01:27:38 dans cette politisation
01:27:40 aussi de la piraterie,
01:27:42 ce côté libertaire, tu as commencé par parler de ça.
01:27:44 Oui, alors,
01:27:46 je ne suis pas complètement convaincu
01:27:48 que tout le monde
01:27:50 avait une égalité, on le voit
01:27:52 dans les récits, etc.
01:27:54 Le capitaine, il a son mot à dire, le quartier-maître aussi,
01:27:56 et après, c'est une question
01:27:58 de hiérarchie, même si tout le monde
01:28:00 peut avoir son mot à dire.
01:28:02 Il y a quand même une hiérarchie dans la liberté.
01:28:04 On a une question sur
01:28:06 la différence de climat qu'il peut y avoir
01:28:08 éventuellement entre les Caraïbes
01:28:10 et l'océan Indien, est-ce que ça
01:28:12 joue sur la conservation des traces
01:28:14 archéologiques ? En termes de
01:28:16 climat, c'est pareil.
01:28:18 Il n'y a pas de différence.
01:28:20 Et donc, en termes de conservation,
01:28:22 les mêmes journées, les saisons des pluies,
01:28:24 on a le côté
01:28:26 très humide, très chaud.
01:28:28 Tu connais la Martinique,
01:28:30 moi je suis allé l'année dernière
01:28:32 en Martinique, au mois de juillet,
01:28:34 je me suis retrouvé
01:28:36 en novembre à
01:28:38 Maurice.
01:28:40 Évidemment, la saison n'est pas la même,
01:28:42 parce que j'ai avancé dans le temps,
01:28:44 mais on a le même temps,
01:28:46 le même type de climat très chaud, très humide,
01:28:48 la Guyane, c'est pareil, c'est l'horreur,
01:28:50 absolument. Donc, pour la conservation
01:28:52 des objets,
01:28:54 ce n'est pas tip-top, c'est vrai.
01:28:56 Et puis, il faut imaginer
01:28:58 que plus on travaille sur le littoral,
01:29:00 plus c'est complexe,
01:29:02 puisque là, on a des objets qui vont encore plus
01:29:04 s'altérer à cause du côté salin.
01:29:06 Donc,
01:29:08 les bois, évidemment,
01:29:10 en milieu très humide sous l'eau, vont être conservés.
01:29:12 Les objets, globalement,
01:29:14 oui, mais alors après, quand ils sont sortis de l'eau,
01:29:16 là, c'est extrêmement
01:29:18 compliqué. On a un traitement
01:29:20 qu'on connaît en Bretagne,
01:29:22 un traitement qui doit être
01:29:24 mis en place sur une année complète,
01:29:26 avec des bains de désalinisation
01:29:28 pour retirer le sel qui est
01:29:30 complètement incrusté dans les objets,
01:29:32 tout type d'objet d'ailleurs.
01:29:34 Donc, on a des bains, d'abord d'eau salée
01:29:36 et puis après, on dessale, c'est-à-dire on met de l'eau douce
01:29:38 au fur et à mesure jusqu'à avoir des bains d'eau douce
01:29:40 et puis le sel complètement rejeté.
01:29:42 Je vais vous donner un exemple. On a
01:29:44 étudié des objets qui venaient des paves
01:29:46 du supposé Fiery Dragon,
01:29:48 les paves qui auraient été sabordées par
01:29:50 Christopher Condon en 1721
01:29:52 dans la baie d'Ambrogifo-Tatra.
01:29:54 Ces objets se sont conservés au musée.
01:29:56 On les a étudiés. Il y avait des objets qui étaient
01:29:58 blancs comme neige avec une pellicule
01:30:00 complète de sel.
01:30:02 Des objets qui datent de 2010.
01:30:04 Donc, le traitement n'avait pas été fait ou pas bien fait.
01:30:06 Et de ce fait, l'objet,
01:30:08 vous faites ça, il casse en deux secondes.
01:30:10 C'est extrêmement mauvais parce que
01:30:12 ça altère et en fait,
01:30:14 le sel vraiment rentre en profondeur.
01:30:16 Dans les objets avec beaucoup de masse,
01:30:18 par exemple un canon, c'est un an
01:30:20 de traitement alors que pour un tesson
01:30:22 de céramique, ça va être peut-être
01:30:24 beaucoup moins long. Donc on a vraiment
01:30:26 un travail qui doit être fait. Donc quand on travaille
01:30:28 sur les épaves, quand on étudie les épaves
01:30:30 et qu'on sort des objets, il faut avoir ce traitement
01:30:32 en tête. Sinon, c'est pas la peine.
01:30:34 On va détruire les vestiges.
01:30:36 - D'ailleurs, est-ce qu'il y a des musées de la piraterie
01:30:38 ou est-ce qu'ils se confondent
01:30:40 avec d'autres types de musées ?
01:30:42 Je dis ça au hasard parce que
01:30:44 j'ai travaillé avec le musée de la Marine il n'y a pas très longtemps.
01:30:46 - Alors, il y a des musées,
01:30:48 le musée de la Marine qui évoquent
01:30:50 la période pirate et corsaire,
01:30:52 évidemment, c'est intéressant.
01:30:54 Ces vendeurs, ça a réellement existé.
01:30:56 Évidemment.
01:30:58 On a le musée national
01:31:00 d'histoire de l'île Maurice
01:31:02 qui est à Mahébourg,
01:31:04 au sud-est de l'île, pas très loin de l'aéroport,
01:31:06 qui gagne vraiment à être visité
01:31:08 puisque sont conservés
01:31:10 une partie des objets, sont conservés
01:31:12 tous les objets du Speaker
01:31:14 et sont mis en vitrine,
01:31:16 deux belles vitrines d'objets
01:31:18 vraiment incroyables.
01:31:20 En plus, on a tous les objets issus de la période
01:31:22 surcouf, etc.
01:31:24 Donc, c'est un musée qui est totalement...
01:31:26 qui est un petit musée
01:31:28 dans une très belle bâtisse du 18e siècle
01:31:30 avec des beaux parquets,
01:31:32 des anciennes vitrines, tout le charme.
01:31:34 On a des octans partout,
01:31:36 des tortues. Il y a un mélange
01:31:38 aussi un peu de musée d'histoire naturelle
01:31:40 mais c'est vraiment un musée d'archéologie
01:31:42 et essentiellement tourné sur les objets
01:31:44 issus des épaves. Donc, je vous le conseille
01:31:46 vraiment. Il n'est pas affiché
01:31:48 comme musée de piraterie
01:31:50 mais il est vraiment lié
01:31:52 à l'histoire de l'île et l'histoire de la piraterie.
01:31:54 Après, on a un autre musée
01:31:56 mais je n'ai pas envie d'en parler puisque c'est lié
01:31:58 au problème
01:32:00 de
01:32:02 ces équipes américaines
01:32:04 Edwin D'Agali.
01:32:06 Donc, il est à Capcode, Massachusetts.
01:32:08 C'est le WIDA Pirate Museum.
01:32:10 C'est le seul musée
01:32:12 affiché comme étant un musée pirate
01:32:14 avec des objets qui n'ont jamais été étudiés
01:32:16 ou qui n'ont jamais été publiés
01:32:18 et mis en avant
01:32:20 et qui sont par contre dans les collections
01:32:22 que le public peut voir. C'est un musée
01:32:24 que j'aimerais visiter évidemment mais
01:32:26 trop décrié.
01:32:28 Pour moi,
01:32:30 des objets qui sont exposés,
01:32:32 issus de sites archéologiques, doivent être étudiables.
01:32:34 Ou alors, ils doivent faire l'objet
01:32:36 d'études. Et ce n'est pas le cas. Ce musée
01:32:38 verrouille totalement. Nous, quand on a monté
01:32:40 notre projet et
01:32:42 notamment, on a étudié notre livre
01:32:44 "Archéologie
01:32:46 de la piraterie"
01:32:48 en novembre 2019, on avait contacté
01:32:50 ce musée pour essayer d'avoir des informations.
01:32:52 On n'a jamais eu de réponse.
01:32:54 Et la personne qui a
01:32:56 intégré tous ces
01:32:58 objets archéologiques
01:33:00 était partiellement poursuivie.
01:33:02 C'est très décrié.
01:33:04 Pour ne pas le nommer Barry Clifford.
01:33:06 Il est personne à Nangrata,
01:33:08 à Madagascar.
01:33:10 Il aurait découvert le Santa Maria.
01:33:12 Il est décrié
01:33:14 aussi pour son travail sur l'huile d'Agadi.
01:33:16 Je pense qu'il a voulu bien faire
01:33:18 au départ.
01:33:20 En tout cas, scientifiquement
01:33:22 parlant, derrière, ça n'a pas suivi.
01:33:24 Il n'y a pas de rapport. Il y a très peu de publications scientifiques.
01:33:26 C'est que un catalogue
01:33:28 d'expo sur ce musée
01:33:30 qui est intéressant. Mais quand on a
01:33:32 des objets qui sont
01:33:34 mis en avant, moi,
01:33:36 j'aimerais bien que des spécialistes
01:33:38 s'intéressent dessus et que les travaux
01:33:40 soient communiqués. Et ce n'est pas le cas.
01:33:42 Il y a un vrai verrouillage là-dessus.
01:33:44 Après, il y a un musée qui est marrant.
01:33:46 C'est le musée Nassau. On n'a pas parlé de Nassau.
01:33:48 Au Caraïbes, qui est un musée
01:33:50 de la piraterie. Il y a aussi un musée de la piraterie
01:33:52 à Tanaanarive, à Madagascar. Mais tout ça,
01:33:54 c'est un peu "folklorique".
01:33:56 On n'a pas d'objet archéologique associé.
01:33:58 C'est plus sur l'histoire.
01:34:00 On a des fresques. On a des bateaux.
01:34:02 C'est assez ludique.
01:34:04 Mais des musées
01:34:06 archéologiques, vraiment archéologiques
01:34:08 de la piraterie, il n'en existe pas.
01:34:10 Et il n'y en a pas en France. Après, il y a
01:34:12 le musée de Saint-Malo,
01:34:14 qui, je crois, est fermé,
01:34:16 mais qui devrait prochainement réouvrir.
01:34:18 Et qui conserve
01:34:20 toutes les collections de la Natière,
01:34:22 les deux épaves de la Natière,
01:34:24 et qui seront présentées au public.
01:34:26 Elles avaient déjà été présentées.
01:34:28 C'est incroyable. Il faut absolument
01:34:30 aller visiter la ville de Saint-Malo.
01:34:32 Et puis, ces remparts,
01:34:34 et ces pubs...
01:34:36 Évidemment, ces pubs.
01:34:38 C'est génial.
01:34:40 Et puis, l'association d'archéologie qui s'appelle
01:34:42 La Dramar, qui est formidable.
01:34:44 On travaille un petit peu avec eux
01:34:46 sur le sujet de la piraterie, en médiation, etc.
01:34:48 Et qui sont
01:34:50 vraiment... qui font un travail
01:34:52 auprès des écoles,
01:34:54 qui fouillent aussi, notamment,
01:34:56 qui sortent d'une fouille d'épaves
01:34:58 au mois de juin.
01:35:00 Donc, il y a un travail actif.
01:35:02 Et en plus, ils sont, je crois,
01:35:04 quai des Corsaires.
01:35:06 Je n'ai plus l'adresse exacte,
01:35:08 mais on ne peut qu'aller les rencontrer.
01:35:10 - Aller à Saint-Malo, c'est beau,
01:35:12 c'est bien, c'est intéressant.
01:35:14 Et en plus, pas très loin, à Dinant,
01:35:16 il y a la fête des Remparts, assez régulièrement.
01:35:18 Très beau festival.
01:35:20 Donc, n'hésitez pas à y aller
01:35:22 si vous passez dans le coin.
01:35:24 On a une question concernant...
01:35:26 Tout à l'heure, tu nous parlais de ces bases
01:35:28 temporaires ou non, de pirates
01:35:30 où on sortait les bateaux
01:35:32 de l'eau pour les réparer.
01:35:34 On a quelqu'un qui nous demande comment ils faisaient
01:35:36 pour caréner correctement alors que les essences
01:35:38 de bois des îles n'étaient pas les mêmes
01:35:40 que celles utilisées pour les bateaux européens
01:35:42 de l'époque. - Je pense qu'ils faisaient
01:35:44 avec ce qu'ils pouvaient.
01:35:46 Parce qu'ils n'avaient pas trop le choix.
01:35:48 Donc, quand il y a une voie d'eau, ils réparent avec le bois local.
01:35:50 Ça, c'est une évidence.
01:35:52 Et d'ailleurs,
01:35:54 on a vu des choses qui sont intéressantes.
01:35:56 Ça, c'est une équipe qui était
01:35:58 aussi sur place, qui nous ont accompagné.
01:36:00 Et puis aussi Ludovic, qui est explorateur.
01:36:02 Ludovic Iba.
01:36:04 Et qui nous a fait remarquer
01:36:06 et Alexandre aussi, la présence de manguiers
01:36:08 d'essences qui ne sont pas
01:36:10 du tout endémiques à l'île Sainte-Marie.
01:36:12 Donc, on suppose...
01:36:14 Pour l'instant, on ne s'était pas du tout
01:36:16 l'objet de notre travail dans un premier temps.
01:36:18 Mais on suppose qu'il y a eu des implantations
01:36:20 aussi de flores
01:36:22 et d'espèces
01:36:24 venant d'Europe
01:36:26 ou d'autres continents,
01:36:28 d'autres parties, peut-être des Antilles
01:36:30 ou d'ailleurs, qui ont été implantées
01:36:32 dans ces zones-là. Donc ça, c'est un travail
01:36:34 qui est incroyable, qui amènerait aussi
01:36:36 beaucoup de problématiques de recherche.
01:36:38 Question très terre-à-terre.
01:36:40 Un canon, c'est quand même super lourd. Comment on fait pour le sortir
01:36:42 de la flotte ?
01:36:44 On utilise des parachutes.
01:36:46 C'est-à-dire que des parachutes
01:36:48 gonflés d'air et qui montent
01:36:50 d'un coup pour soulever le canon.
01:36:52 Mais soulever le canon
01:36:54 et le sortir de l'eau, certes,
01:36:56 après, il faut le treuiller ou le transporter
01:36:58 jusqu'au bord, soit avec un treuil
01:37:00 sur un navire qui est adapté, évidemment.
01:37:02 Mais comme je l'ai dit tout à l'heure,
01:37:04 si on sort un canon, dans le cadre
01:37:06 d'une recherche archéologique,
01:37:08 il faut avoir déjà le financement.
01:37:10 Ça coûte entre 8 et 10 000 euros à restaurer.
01:37:12 Parce que sinon, votre canon, il va mourir.
01:37:14 Il va gonfler.
01:37:16 Vous n'en faites rien.
01:37:18 Et de deux, il faut ces fameux
01:37:20 bassins de traitement. Donc, il faut aller
01:37:22 amener le canon dans cette
01:37:24 grande baignoire.
01:37:26 Et là, la tâche n'est pas aisée non plus.
01:37:28 Parce qu'en termes de logistique, c'est complexe.
01:37:30 Donc, il faut un suivi
01:37:32 derrière. C'est obligatoire.
01:37:34 On a eu quelques
01:37:36 discussions dans le
01:37:38 chat un peu animé.
01:37:40 Tout à l'heure, tu nous as parlé des boucaniers,
01:37:42 des flibustiers, on a parlé
01:37:44 des pirates. Évidemment,
01:37:46 il y a tout le monde qui s'écharpe sur
01:37:48 le Corsair.
01:37:50 Qu'est-ce que c'est que le Corsair ?
01:37:52 Tout le monde a un peu la réponse.
01:37:54 Le Corsair, c'est un pirate
01:37:56 avalisé par le Royal Home
01:37:58 avec lequel il travaille.
01:38:00 Déjà, avant tout, ce sont
01:38:02 des marins. Corsair, pirate,
01:38:04 flibustier, ce sont des marins.
01:38:06 Et de deux, il y a
01:38:08 une lettre de marque, le Corsair.
01:38:10 Il est
01:38:12 coopté, il ne peut pas être
01:38:14 poursuivi. Il a le droit de mener
01:38:16 ses attaques. Après, de manière
01:38:18 plus ou moins légale. Il y avait aussi
01:38:20 beaucoup de contrebandes.
01:38:22 On avait le jeu des drapeaux,
01:38:24 c'est-à-dire
01:38:26 afficher un faux pavillon
01:38:28 anglais, français. En fait, c'était des pirates.
01:38:30 Il y a tout ce jeu de dupe
01:38:32 qu'on n'a pas évoqué, mais qui est extrêmement
01:38:34 intéressant, que la littérature, notamment les bandes
01:38:36 dessinées, évoquent.
01:38:38 Donc, là-dessus,
01:38:40 on a pas mal de choses à évoquer,
01:38:42 c'est sûr. Tout à l'heure,
01:38:44 pour revenir un peu à ces fouilles
01:38:46 sur l'île,
01:38:48 est-ce que
01:38:50 là-bas, la législation est
01:38:52 sensiblement la même
01:38:54 qu'en France, pour ce qui est des fouilles
01:38:56 préventives ? Entendre par là...
01:38:58 - Il n'y a pas de fouilles préventives. - D'accord.
01:39:00 Donc, s'il y a un projet immobilier... - Il n'y a pas de fouilles
01:39:02 archéologiques à Madagascar. - Il n'y a rien.
01:39:04 - Imaginez, déjà, c'est
01:39:06 compliqué, donc, sur place.
01:39:08 On ne va pas surtout pas ralentir
01:39:10 les aménagements du territoire.
01:39:12 Non, non, il n'y a pas de politique
01:39:14 d'archéologie préventive,
01:39:16 de sauvetage, de taxes,
01:39:18 etc.
01:39:20 - Un navire, ça coûte cher ? Comment est-ce qu'ils faisaient pour avoir
01:39:22 un navire, ces pirates ? Est-ce que...
01:39:24 vu le
01:39:26 prix du bordel ? Je cite
01:39:28 la question. - Déjà, ils naviguaient
01:39:30 dans un premier temps, parce qu'avant,
01:39:32 quand un pirate se lance,
01:39:34 il n'a pas forcément une frégate,
01:39:36 donc, il se lance
01:39:38 déjà avec un plus petit bateau,
01:39:40 ce qu'on appelle les scoops ou les brigantins,
01:39:42 et puis derrière, il va
01:39:44 essayer de prendre des plus gros navires,
01:39:46 et très souvent, en fait,
01:39:48 il garde, il coule le navire
01:39:50 qui lui sert plus à rien, ou alors il le conserve
01:39:52 et il met son quartier-mètre dessus, et puis
01:39:54 derrière, il récupère
01:39:56 le beau bateau, la belle frégate,
01:39:58 avec tous les canons, et généralement, d'ailleurs,
01:40:00 sans enlevoir l'archéologie,
01:40:02 le pirate réarme.
01:40:04 C'est-à-dire qu'il rajoute des canons.
01:40:06 En plus, il essaye.
01:40:08 Alors, il rajoute des pierriers.
01:40:10 Alors, les pierriers, je ne sais pas si vous savez ce que c'est.
01:40:12 Ce sont des petits canons de bord
01:40:14 qui permettent de tirer pendant l'abordage,
01:40:16 qui sont soit sur affût,
01:40:18 donc, ce qui est le chariot roulant,
01:40:20 soit qui sont greffés sur
01:40:22 la balustrade, et qui permettent
01:40:24 de tirer sur une faible
01:40:26 distance.
01:40:28 Généralement, il réarme. D'ailleurs, on le voit
01:40:30 dans Johnson
01:40:32 ou dans d'autres écrits. On a un réarmement.
01:40:34 Et d'ailleurs, c'est ça qui est intéressant aussi, c'est que
01:40:36 quand il n'y a pas de pirate qui est découvert
01:40:38 ou qui est testé, on a
01:40:40 différentes origines des canons.
01:40:42 On ne va pas avoir que des canons anglais.
01:40:44 On va avoir des canons français, anglais, hollandais, etc.
01:40:46 Donc ça, c'est plutôt chouette.
01:40:48 On a pas mal de questions sur le jeu vidéo.
01:40:50 Est-ce que tu joues un petit peu, toi ?
01:40:52 Non, je ne suis pas joueur.
01:40:54 Je n'ai pas le temps de jouer.
01:40:56 Alors, on parle évidemment de Sea of Thieves, on parle de Black Flag.
01:40:58 J'ai un frangin qui est
01:41:00 fan de Assassin's Creed, qui a joué à
01:41:02 toutes les éditions. Moi, j'ai
01:41:04 moins le temps. Mais par contre,
01:41:06 je trouve que ce que fait
01:41:08 Ubisoft est admirable.
01:41:10 En termes de renseignements,
01:41:12 de travail, d'ambiance, de musique.
01:41:14 Moi, je suis vraiment un
01:41:16 fan de musique
01:41:18 celtique, irlandaise,
01:41:20 notamment associée à l'impératrie.
01:41:22 J'écoutais Chieftain
01:41:24 dans la voiture quand mon père le mettait.
01:41:26 Et d'ailleurs, pour le documentaire
01:41:28 qui sortira sur Arte, une BO
01:41:30 géniale.
01:41:32 Et avec cette ambiance
01:41:34 reprenant des chants
01:41:36 irlandais, celtiques, etc.
01:41:38 Et c'est ça que j'ai bien aimé
01:41:40 d'ailleurs pour les fans dans Black Sail.
01:41:42 Pirates des Caraïbes,
01:41:44 les thèmes, etc. sont chouettes.
01:41:46 Mais dans Black Sail, on a cette authenticité
01:41:48 ajoutée
01:41:50 en tant que fan de rock ou de métal
01:41:52 à de la guitare électrique,
01:41:54 du petit banjo,
01:41:56 du violon.
01:41:58 Je trouve que c'est assez chouette.
01:42:00 Et moi, j'aime beaucoup
01:42:02 ces ambiances. Pour ceux qui connaissent,
01:42:04 j'ai joué Monkey Island,
01:42:06 pour ceux qui connaissent.
01:42:08 Un jeu pirate qui a 40 ans
01:42:10 ou 30 ans.
01:42:12 Et notamment le 2,
01:42:14 où on a cette musique.
01:42:16 Mon frangin avait récupéré
01:42:18 les musiques du jeu,
01:42:20 qui sont sympas. Et un autre jeu,
01:42:22 Tropico 2,
01:42:24 pour les vieux jeux de stratégie,
01:42:26 où on doit bâtir sa ville pirate.
01:42:28 J'ai un petit côté geek
01:42:30 quand même.
01:42:32 Mais sur les jeux récents, je travaille,
01:42:34 je n'ai pas le temps.
01:42:36 Et j'ai des enfants.
01:42:38 Peut-être que tu peux nous parler
01:42:40 des ouvrages que tu as eu la chance
01:42:42 de sortir. Parce que tu nous parles
01:42:44 du fait que tu as des enfants.
01:42:46 Ça t'a motivé à écrire un livre
01:42:48 pour les enfants, pour rendre accessible
01:42:50 un petit peu tout ça ?
01:42:52 Oui, tout à fait.
01:42:54 J'ai sorti en février dernier
01:42:56 aux éditions ADLP,
01:42:58 notre association archéologie de la piraterie.
01:43:00 On l'a fait en auto-édition.
01:43:02 On s'est débrouillé comme des grands.
01:43:04 On remercie d'ailleurs nos partenaires,
01:43:06 la Gramart,
01:43:08 les mécènes privés, qui nous ont
01:43:10 aidé à le sortir.
01:43:12 Le but, c'est de faire
01:43:14 du terrain de l'archéologie de la piraterie,
01:43:16 pas forcément de faire d'édition.
01:43:18 J'ai une passion depuis gamin,
01:43:20 c'est le dessin.
01:43:22 J'ai sorti le tome 1.
01:43:24 Le tome 2 sortira avant la fin d'année,
01:43:26 sur un livre
01:43:28 qui s'adresse aux 7-10 ans,
01:43:30 aux 7-12 ans,
01:43:32 sur justement
01:43:34 les idées reçues
01:43:36 sur les pirates,
01:43:38 et une thématique
01:43:40 qui aborde aussi un petit peu
01:43:42 le terrain sur lequel on a travaillé,
01:43:44 l'île Sainte-Marie.
01:43:46 Le but, c'est de partir d'idées reçues
01:43:48 et d'expliquer un petit peu
01:43:50 la réalité historique et archéologique
01:43:52 à travers un bouquin ludique
01:43:54 sur l'archéologie, le vrai/faux,
01:43:56 avec des découvertes liées au speaker,
01:43:58 etc.
01:44:00 Les fameux trésors,
01:44:02 et puis j'en montre une dernière,
01:44:04 une carte que j'avais réalisée
01:44:06 pour l'archéologie de la piraterie,
01:44:08 pour notre bouquin scientifique,
01:44:10 et que j'ai vulgarisée avec les différentes
01:44:12 épaves pirates qui ont été découvertes,
01:44:14 et puis la caricature de certains pirates
01:44:16 que j'ai évoquées tout à l'heure,
01:44:18 les fameuses 6 épaves,
01:44:20 elles sont accessibles aux enfants,
01:44:22 et puis la carte du speaker,
01:44:24 comment ça s'est quasiment réellement passé,
01:44:26 et puis une petite page,
01:44:28 il y en aura un petit peu plus
01:44:30 dans le prochain volume,
01:44:32 sur l'archéologie et sur le travail
01:44:34 qu'on peut faire en fouille et en postfouille.
01:44:36 Vous êtes guidés par Barbe Grise,
01:44:38 qui est une espèce d'érudit,
01:44:40 vieux pirate,
01:44:42 justement avec tout ce qu'il faut,
01:44:44 le crochet, le bandeau,
01:44:46 la jambe de bois,
01:44:48 et qui vous explique un petit peu
01:44:50 tout ce qu'il ne faut pas
01:44:52 comprendre ou caractériser
01:44:54 chez les pirates,
01:44:56 et il vous amène tout doucement
01:44:58 vers l'histoire et l'archéologie.
01:45:00 Donc voilà, vous pouvez le commander,
01:45:02 je fais un petit peu de pub,
01:45:04 vous pouvez le commander sur notre site internet
01:45:06 "archéologiedelapirating.fr",
01:45:08 rubrique édition,
01:45:10 et vous pouvez le commander
01:45:12 sur notre site internet
01:45:14 "archéologiedelapirating.fr",
01:45:16 rubrique édition,
01:45:18 vous pouvez le commander,
01:45:20 ça arrive directement sur la boîte mail,
01:45:22 et je vous envoie en plus,
01:45:24 si vous le voulez, dédicacé,
01:45:26 avec un petit dessin,
01:45:28 le volume,
01:45:30 et puis sinon, vous pouvez aussi le commander
01:45:32 sur la librairie "Archeologique",
01:45:34 qui est une librairie avec laquelle
01:45:36 on est partenaire en ligne,
01:45:38 et qui est formidable, après,
01:45:40 on en a un peu partout,
01:45:42 on en a déposé dans plusieurs librairies,
01:45:44 à Saint-Malo, dans plusieurs librairies,
01:45:46 en France, à droite à gauche,
01:45:48 il y en a aussi à Paris, à Fontainebleau,
01:45:50 on essaie d'être diffusé,
01:45:52 on fait tout ça nous-mêmes,
01:45:54 donc c'est beaucoup de boulot l'édition,
01:45:56 et on est content parce que ça marche
01:45:58 plutôt bien, et plus ça marchera,
01:46:00 plus on pourra sortir le tome 2 qui est déjà prêt,
01:46:02 donc il ne reste plus qu'à l'imprimer,
01:46:04 ce qui coûte évidemment la plus chère,
01:46:06 mais voilà, et puis sinon,
01:46:08 on a sorti aux éditions Meroilles,
01:46:10 le gros bouquin "Archéologie de la piraterie"
01:46:12 en 2019,
01:46:14 qui fait plus de 400 pages,
01:46:16 qui est un peu la première ébauche
01:46:18 de tout notre travail
01:46:20 avant qu'on y fouille,
01:46:22 avant d'aller sur le Speaker et sur l'île Sainte-Marie,
01:46:24 donc là c'est aux éditions Mergoiles,
01:46:26 sur le site des éditions Mergoiles,
01:46:28 et puis en avril,
01:46:30 on vient sortir le Speaker de 1922,
01:46:32 qui est un ouvrage
01:46:34 plus vulgarisé, plus grand public,
01:46:36 avec des belles photos,
01:46:38 pareil, on a tout fait nous-mêmes,
01:46:40 moi j'ai fait le montage, une partie de l'écriture,
01:46:42 je vous montre quelques photos,
01:46:44 donc,
01:46:46 accessible aussi sur notre site
01:46:48 internet,
01:46:50 et voilà, à des prix
01:46:52 relativement accessibles,
01:46:54 donc merci pour votre soutien,
01:46:56 parce que c'est aussi le financement
01:46:58 de ces livres qui va nous permettre
01:47:00 de retourner après l'année prochaine
01:47:02 sur nos différents
01:47:04 terrains de fouilles, et je remercie évidemment
01:47:06 Ben de nous laisser l'espace
01:47:08 de pouvoir présenter
01:47:10 un petit peu tout ce qu'on fait, parce que
01:47:12 c'est une chance, nous on a un but
01:47:14 dans notre travail, c'est le transmettre,
01:47:16 voilà, on fait vraiment
01:47:18 ça pour vous, pour le grand public,
01:47:20 pour la communauté scientifique aussi,
01:47:22 parce que c'est un kiff
01:47:24 de chercheurs, mais
01:47:26 vraiment, l'objectif
01:47:28 c'est de le partager,
01:47:30 donc c'est pour ça qu'on communique beaucoup sur la réseau,
01:47:32 et qu'on a des partenariats
01:47:34 avec Ben aussi,
01:47:36 et d'autres, qui nous permettent
01:47:38 de toucher plus de gens,
01:47:40 parce que c'est pas facile, vous le savez, sur les réseaux sociaux,
01:47:42 c'est pas toujours ça, donc je remercie
01:47:44 encore pour ce soir.
01:47:46 C'est un plaisir. Est-ce qu'avant de partir,
01:47:48 tu aurais quelques bouquins
01:47:50 à nous conseiller aussi,
01:47:52 autour de... Oui, alors,
01:47:54 en plus des nôtres, évidemment,
01:47:56 on a
01:47:58 qui a été
01:48:00 réédité cette année,
01:48:02 le dictionnaire des corsaires et des pirates
01:48:04 de mon collègue et ami
01:48:06 Philippe Rodège, et de son
01:48:08 collègue Gilbert Buty, des universitaires
01:48:10 aux éditions CNRS,
01:48:12 qui est la Bible, vraiment,
01:48:14 qui est façon dictionnaire,
01:48:16 mais qui est la Bible avec plein de notices,
01:48:18 surtout des sites pirates, etc.
01:48:20 Je rappelle, Alexandre Rodard,
01:48:22 voilà,
01:48:24 "Une république des pirates à Madagascar",
01:48:26 "Libertadia", "Interprétation
01:48:28 d'un mythe", donc il fait le point un peu
01:48:30 là-dessus, et puis,
01:48:32 les collègues américains, et notamment un livre
01:48:34 vraiment super chouette
01:48:36 sur le Queen Anne's Revenge,
01:48:38 qui s'achète en ligne aussi,
01:48:40 mais chez votre libraire, vous pouvez le commander,
01:48:42 il n'y a pas de souci. Ça s'appelle
01:48:44 "Blackbird's Sunken Prize",
01:48:46 et ça a été édité en 2018,
01:48:48 c'est sur les paves du Queen Anne's Revenge.
01:48:50 - Merci pour cette sélection. Est-ce que tu aurais un petit mot pour conclure
01:48:52 cette interview, quelque chose que tu voulais rajouter
01:48:54 peut-être, qu'on n'a pas dit ?
01:48:56 - Non, on est hyper
01:48:58 enthousiastes, on est très contents, en fait,
01:49:00 de pouvoir faire ce qu'on fait,
01:49:02 en plus de notre travail,
01:49:04 on le fait vraiment de bon cœur,
01:49:06 ça n'a pas toujours été simple avec la communauté
01:49:08 scientifique, notamment en France,
01:49:10 les soutiens
01:49:12 ont été un peu compliqués
01:49:14 au début, maintenant, ça commence
01:49:16 à être beaucoup plus facile,
01:49:18 mais voilà,
01:49:20 on fait ça vraiment parce que, déjà,
01:49:22 on est intéressé par le sujet,
01:49:24 et que c'est un travail collectif
01:49:26 avec beaucoup de collègues qui
01:49:28 s'investissent
01:49:30 sur leur temps perso pour
01:49:32 communiquer auprès du grand public.
01:49:34 Donc,
01:49:36 voilà, on est ravis de pouvoir
01:49:38 le faire.
01:49:40 Moi, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet,
01:49:42 ça fait longtemps,
01:49:44 je l'ai formalisé
01:49:46 à Lille-Maurice
01:49:48 durant un voyage
01:49:50 de vacances, j'ai commencé
01:49:52 à écrire les premières lignes du bouquin
01:49:54 sur l'archéologie de la piraterie face à l'océan Indien,
01:49:56 c'était assez chouette, je voulais rajouter.
01:49:58 Et de ce fait,
01:50:00 c'est là où
01:50:02 on s'est dit, tiens, c'est vraiment dommage
01:50:04 parce que c'est une concrétisation, ça n'existe pas
01:50:06 en France, cette archéologie de la piraterie,
01:50:08 cette thématique n'est pas abordée, pourquoi les Américains
01:50:10 auraient le monopole ? Et c'est pour ça
01:50:12 qu'on fait des bouquins aussi rapidement,
01:50:14 c'est pour communiquer
01:50:16 en dehors de l'histoire, et que
01:50:18 cette archéologie-là, elle a des choses vraiment
01:50:20 à apporter
01:50:22 sur toutes ces caractéristiques
01:50:24 qu'on a évoquées, on a plein d'autres sujets
01:50:26 qu'on aurait pu traiter,
01:50:28 l'île de la Tortue un petit peu, Nassau,
01:50:30 pourquoi on ne parle pas de Nassau en archéologie ?
01:50:32 Parce qu'aujourd'hui, c'est presque un parc d'attractions,
01:50:34 donc il n'y a pas de politique préventive
01:50:36 d'archéologie préventive, donc on n'a pas pu
01:50:38 mettre en évidence cette
01:50:40 allée archéologie de la piraterie. On a une île
01:50:42 qui s'appelle l'île Saint-Martin quand même,
01:50:44 à côté de Saint-Barthes, qui a livré
01:50:46 une des premières fouilles terrestres
01:50:48 d'archéologie de la piraterie,
01:50:50 interprétée comme un reste de campement
01:50:52 de populations marginales,
01:50:54 avec possiblement des flibustiers à la deuxième moitié
01:50:56 du XVIIe siècle fouillés par l'IDRAP en 2016.
01:50:58 Donc on a des choses
01:51:00 que vous pouvez retrouver
01:51:02 à droite à gauche dans nos publications
01:51:04 et sur notre site internet,
01:51:06 archéologie-de-la-piraterie.fr.
01:51:08 Et puis, dernier mot,
01:51:10 abonnez-vous sur notre page Facebook
01:51:12 et sur nos comptes Instagram,
01:51:14 archéologie-de-la-piraterie, parce que
01:51:16 toutes les semaines, on est un peu comme Nota Bene,
01:51:18 on met beaucoup de choses, on essaie
01:51:20 de partager au maximum ce qu'on fait,
01:51:22 et donc, vous pouvez nous suivre
01:51:24 sur nos missions régulièrement,
01:51:26 on a nos comptes qui ont
01:51:28 vachement augmenté quand on a pu faire nos missions
01:51:30 archéologiques, donc on est ravis,
01:51:32 mais on continue à nous suivre, à nous souvenir,
01:51:34 parce que c'est comme ça qu'on pourra
01:51:36 continuer
01:51:38 et alimenter
01:51:40 un petit peu nos recherches. Donc, merci à tous
01:51:42 pour votre soutien et merci à Ben et à Nota Bene
01:51:44 pour sa confiance.
01:51:46 C'est un plaisir, merci à toi d'avoir accepté
01:51:48 cette invitation, à vous tous qui vous
01:51:50 intéressez aux Pirates,
01:51:52 vous pouvez retrouver sur la chaîne YouTube
01:51:54 et puis, viendra le temps aussi
01:51:56 à un moment donné, en podcast,
01:51:58 deux épisodes qu'on a déjà faits, un en partenariat
01:52:00 avec le musée de la Marine,
01:52:02 sur la vie quotidienne des Pirates,
01:52:04 et puis un autre qu'on avait fait avec le camarade
01:52:06 Fred d'Aerodot.com
01:52:08 sur l'âge d'or des Pirates,
01:52:10 justement, donc vous pouvez retrouver
01:52:12 ces épisodes-là. Merci encore,
01:52:14 Jean, de ta présence ce soir, merci à tous
01:52:16 d'avoir suivi cette émission,
01:52:18 on se retrouve du coup
01:52:20 bientôt, je sais pas quand,
01:52:22 on se tient au courant via les réseaux pour la prochaine interview,
01:52:24 et puis voilà. A toute !
01:52:26 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:52:29 "La vie quotidienne des Pirates"
01:52:32 "La vie quotidienne des Pirates"
01:52:35 "La vie quotidienne des Pirates"
01:52:38 Merci à tous !
01:52:40 Merci à tous !

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