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Interview cinéma d'une émission produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00 - Ma chère Maïwenn, ce festival de Cannes est un événement qui semble plutôt vous réussir.
00:09 Vous aviez reçu le prix du jury en 2011 pour Police.
00:12 Vous venez ici en terrain conquis ou en tous les cas en terrain ami ?
00:17 - Ni l'un ni l'autre. Je viens sur un terrain glissant, on va dire.
00:22 Je sais que tout peut se passer à Cannes.
00:25 Ça peut être très violent.
00:27 Ça peut être trop gentil.
00:28 Mais c'est tout est dans les excès.
00:30 - Est-ce que vous diriez que c'est aussi impressionnant de vous retrouver ici qu'une présentation à la cour à l'époque des Femmes Arbitres ?
00:36 - Je crois que j'aurais préféré être présentée à la cour.
00:40 - Est-ce que le petit monde du cinéma que vous connaissez maintenant très, très bien aurait quelques rapports avec le monde de Louis XV ?
00:50 La cour.
00:51 - En tout cas, il y a eu.
00:53 Ça, je ne peux pas l'aimer.
00:54 C'est à dire qu'aujourd'hui, je me sens accueillie, respectée.
00:59 Mais au moment où j'ai voulu faire mon premier film et même au moment où je ne faisais pas de film et où j'étais la femme de, je n'ai pas senti de bienveillance.
01:12 Je n'ai senti que de la condescendance, que de.
01:14 Que du mépris, je n'étais qu'un chiffre, je n'étais que la femme de.
01:20 Bon, après, je peux comprendre, je n'avais pas fait grand chose, mais je trouve que c'est bizarre de s'arrêter un chiffre et un principe.
01:26 On peut s'intéresser aux gens.
01:28 - Votre premier contact avec Jeanne Dubary, c'était à travers le film de Sofia Coppola.
01:32 - C'est ça.
01:33 - Et l'interprétation que donnait Asia Argento, qui était très éloignée de la vraie Jeanne Dubary.
01:38 Si j'en crois la verbio.
01:39 - C'est bizarrement, c'est quand même grâce à son interprétation et au regard de Coppola que j'ai tout de suite eu envie d'en savoir plus sur Jeanne Dubary.
01:48 - Vous avez parlé d'un coup de foudre quand vous avez découvert Jeanne Dubary.
01:51 Pourquoi? Qu'est ce qui s'est passé à ce moment là?
01:52 - Je ne sais pas. Le coup de foudre, c'est bien une chose qu'on n'explique pas.
01:57 C'est le coup de foudre, ça m'est tombé dessus.
01:59 - Parce qu'au delà du coup de foudre initial, il y a ce que vous avez appelé une connivence avec ce personnage.
02:05 - Oui, parce qu'il y a aussi la connivence du tempérament.
02:07 Il n'y a pas que sa trajectoire de transfuge de classe.
02:10 Et c'est vrai qu'il y a toujours une culpabilité en moi à l'idée de trahir la classe sociale d'où je viens.
02:17 Donc, j'essaie de savourer tout ce qui m'arrive avec hystérie et joie.
02:24 Parfois, j'emporte encore les savons dans les hôtels.
02:28 J'essaie de choper un banc de toilettes.
02:29 - Moi, je continue à embarquer des savons dans les hôtels.
02:32 Pourquoi?
02:33 - Sofia Coppola, avec Marie-Antoinette, avait fait un film assez pop.
02:38 Vous, vous avez choisi une manière de suivre des codes plus classiques.
02:42 - Je ne me suis pas dit bon, comme Coppola a fait le film pop, je vais essayer de faire autre chose.
02:47 Mais je sentais profondément que j'étais attirée par un récit, une narration très classique.
02:54 Aussi parce que, au bout de plusieurs films, j'avais envie de me donner un challenge différent des autres,
03:03 de expérimenter.
03:05 Et puis, je trouve que le sujet du 18e Versailles, Jeanne s'y prête.
03:09 Et puis, j'ai vu Barry Lyndon et Jeanne Dubarry, Barry Lyndon.
03:14 C'est une loseuse, c'est un loser.
03:17 Il y a plein de points communs.
03:18 - Évidemment, évidemment.
03:19 C'était évident dès le départ pour vous que vous sauriez Jeanne Dubarry?
03:22 - Ça n'a pas traîné longtemps.
03:24 - Ça n'a pas traîné, oui.
03:24 - Un petit peu, il y a eu une actrice au début.
03:27 Et puis, de toute façon, je me fais tellement critiquer sur ce point là que je joue dans mes films.
03:34 Autant me faire plaisir.
03:37 - Pourquoi est ce qu'on vous reproche de jouer dans vos films?
03:39 - Parce que je pense qu'on ne juge pas un film de la même manière quand la personne qu'on voit à l'écran est aussi la réalisatrice.
03:46 - C'est pas une question qu'on va poser à Clint Eastwood, ça, par exemple?
03:48 - Oui, mais si je dis ça, par exemple, on me dit, elle se compare à Clint Eastwood.
03:51 Le principe des réalisateurs qui sont à la fois auteurs et acteurs, ça a toujours existé.
03:59 Je crois que ce sont des gens qui sont très habités par ce qu'ils font, obsédés par leur sujet, leur personnage, qu'ils se voient, qu'ils voient un mélange entre la personne qu'ils incarnent et leur propre vie.
04:11 Mais c'est jamais un excès de zèle.
04:15 - Et la Maywen comédienne, elle s'est facilement laissée diriger par la Maywen réalisatrice dans ce cadre là?
04:21 - J'avais des piliers sur le plateau. Je ne m'en tenais pas qu'à moi même.
04:24 Il y a des moments où je disais, je ne sais pas du tout, je ne sais pas où mettre la caméra, je ne sais pas comment jouer.
04:28 Et puis, à force de parler, essayer, répéter, les choses se mettaient en place.
04:33 - Vous vous êtes posé la question si Jeanne Dubarry voyait ce film aujourd'hui?
04:36 - Si je vous dis franchement, honnêtement, il y a des moments où j'ai l'impression de parler avec elle.
04:40 Je suis un peu barrée parfois.
04:43 Oui, j'ai un peu l'impression qu'elle me choisit.
04:45 - Merci. - Merci.
04:47 [Bruit de la vidéo qui s'arrête]
04:49 Merci à tous !

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