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00:00 transition, ça se fait à deux.
00:01 Donc là, ça a renforcé notre complicité.
00:04 C'est toujours la même personne.
00:05 On est toujours profondément le même être.
00:08 Ou alors on aime juste une enveloppe.
00:09 En fait, la raison fondamentale, c'est pourquoi on s'est mariés.
00:12 Je m'appelle Morgane, j'ai 52 ans et je suis mariée à Cécile depuis presque 23 ans.
00:22 Je m'appelle Cécile et j'ai bientôt 52 ans.
00:26 Et ensemble, nous avons deux enfants, une fille de bientôt 17 ans et un garçon de 13 ans.
00:31 On s'est rencontrés en vacances à Istanbul.
00:35 À l'époque, je travaillais à Dubaï.
00:36 Donc, après mon séjour dans le sud de la Turquie, je suis retournée à Dubaï.
00:41 Et donc, toi, tu es rentrée à Paris.
00:42 Finalement, j'ai quitté mon emploi, j'ai démissionné.
00:46 Et là, on est en juin 99 pour rentrer en France et pour qu'on s'installe ensemble.
00:51 À l'époque, je vis sous l'identité d'un homme.
00:53 Ça peut paraître un peu difficile à comprendre.
00:58 Enfin, bon, il y avait tout plein de choses depuis ma tendre enfance qui étaient refoulées, refoulées, refoulées.
01:04 Et effectivement, quand j'ai rencontré Cécile et puis que je suis tombé raide dingue,
01:11 j'ai pensé que ça allait quelque part me guérir.
01:16 J'allais enfin pouvoir être normale.
01:19 Ce qui m'a plu chez Morgane, c'est, je pense, sa grande culture, sa grande curiosité intellectuelle.
01:25 Et puis, on a les points communs d'intérêt.
01:28 On aime l'histoire.
01:29 Moi, je dirais que tout m'a plu, mais ce qui m'a frappé en premier, c'est l'énergie et le bouillonnement de sa personnalité.
01:38 Le déclic s'est passé aux alentours de 2010, 2011, au moment où on est arrivé aux États-Unis,
01:42 mais juste après la naissance de notre deuxième enfant.
01:45 Comme si quelque part, mon inconscient m'a autorisé.
01:49 Bon, maintenant, c'est ton tour.
01:50 Les besoins, les envies sont montés comme jamais.
01:53 De suite, moi, j'en ai parlé avec Cécile parce que j'imaginais pas cacher quelque chose d'aussi fondamental.
02:00 A ma grande surprise, à mon grand bonheur, je me suis pas fait jeter dehors immédiatement.
02:06 Je me suis dit, ben oui, pourquoi pas ?
02:08 Pourquoi vouloir s'habiller en femme et sortir et le faire à la maison ?
02:13 La première fois que je t'ai vue habillée en femme, j'ai trouvé que c'était bluffant, en fait.
02:18 Mais ma référence, ça restait toujours, c'est un corps d'homme.
02:21 Ce dont je me souviens de ta réaction, c'était, ah oui, non mais quand même, tu n'es pas ridicule, oui, tu peux y aller.
02:26 Moi, j'ai jamais eu honte dans la rue.
02:27 Au début, on est plus inquiets de se dire, comment les gens vont réagir ?
02:32 Est-ce qu'il va y avoir une réaction qui peut être un peu violente ?
02:34 Donc j'ai pu explorer, ça, c'était très important.
02:37 D'abord à la maison, on a gardé les enfants les premières années complètement en dehors de ça.
02:41 Et en 2014, où là, j'ai essayé, entre guillemets, d'arrêter.
02:45 On a été invitée chez des amis et vraiment, c'était l'idée d'être tous costumés.
02:49 Tu m'attenais en me disant, mets-toi en femme, tu vas tous les souffler.
02:53 On a fini par avoir une conversation, je lui ai dit, écoute, je pense que si on refait ça,
02:58 j'ai besoin et ça ne peut plus être caché, j'ai besoin que ce soit intégré dans ma vie familiale.
03:03 Tu m'as dit, tu en as besoin.
03:05 Ce n'est pas juste moi qui ai fait une transition, c'est vraiment nous deux, voire nous quatre,
03:11 parce que forcément, la façon de fonctionner change, les équilibres peuvent changer.
03:16 Là, c'était vraiment devenu une double vie complète,
03:19 où il y avait d'un côté le travail, l'école, gérer la vie officielle,
03:24 et là, je continuais à me présenter en garçon,
03:27 même si je l'avais laissé pousser mes cheveux, je m'étais fait percer les oreilles, etc.
03:30 Et c'est là que je me suis finalement décidé à consulter une thérapeute spécialisée,
03:36 pour finir par aboutir au diagnostic.
03:39 Il y avait bien donc 10 forits de gens.
03:41 Le fait d'être là pour la soutenir, nous trois dans la famille,
03:47 ça te permettait de faire comprendre que notre monde n'allait pas s'écrouler.
03:49 On en a beaucoup parlé et ce n'était pas évident.
03:51 Avoir un mari qui s'habille en femme la moitié du temps
03:54 et avoir une femme qui est une femme, manifestement, ce n'est pas la même chose.
03:58 Quand on est parent, les enfants, c'est quand même notre priorité.
04:01 On leur a fait l'annonce ensemble.
04:02 Alors c'était curieux, notre fille a posé plein de questions, notre fils non.
04:06 Dès le lendemain, je me souviens, au petit déjeuner,
04:09 Léonide m'a fait un gros câlin, il m'a dit "bon, en fait, voilà,
04:12 tu es une femme et tu seras toujours ma maman et je t'aime".
04:18 Et c'était fini.
04:18 Moi je le dirais, et c'est ce qu'avait dit notre fille aussi,
04:21 c'est sa vie, son corps et c'est son bonheur.
04:24 Donc en fait, aimer quelqu'un, c'est bien sûr pour nous-mêmes,
04:28 mais c'est aussi que la personne soit heureuse.
04:29 J'aime les garçons, enfin j'aimais les garçons, j'allais dire au passé.
04:33 Et je me suis rendu compte qu'en fait, j'aimais une personne.
04:36 Est-ce que je suis bisexuelle, pansexuelle ?
04:39 En fait, je m'en fiche.
04:39 Une fois que Morgane a fini sa transition,
04:42 il faut encore travailler sur se redécouvrir,
04:45 oui, d'un point de vue plus physique.
04:47 C'est certain que c'est plus compliqué pour toi que pour moi.
04:49 J'aime toujours Cécile, j'aime toujours les femmes, j'ai toujours...
04:52 J'ai peut-être encore plus d'admiration parce qu'elle a eu le courage de le faire.
04:56 Je pense que notre relation est encore peut-être plus fusionnelle.
04:58 Du fait qu'on a dû faire, tu as fait ce chemin-là toute seule pour aller jusqu'au bout,
05:03 et puis je t'ai accompagnée.
05:04 J'ai énormément de chance.
05:06 Je savais que j'épousais quelqu'un de merveilleux il y a 23 ans.
05:13 Je n'imaginais juste pas que c'était à ce point-là.
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