Que deviendra l’actuelle tour du CHU de Caen à partir de 2026 ? Cyrielle Leclerc, qui a créé l’association ”CHU pas d’accord”, milite pour trouver une seconde vie à ce bâtiment emblématique de la ville.
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00:00 Quel avenir pour la célèbre tour du CHU de Caen ?
00:02 Notre invité a une opinion bien tranchée.
00:04 - Et pour elle, il faut absolument lui trouver une seconde vie à cette tour
00:08 quand le nouveau CHU sera construit.
00:10 Notre invité, Cyrielle Leclerc. Bonjour.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Vous êtes architecte diplômée d'État,
00:15 vous avez monté une association pour défendre ce bâtiment construit en 1975.
00:20 Pourquoi, selon vous, il faut absolument garder cette tour ?
00:23 - Pour le signal que c'est déjà dans la ville.
00:25 On le voit de partout quand on arrive dans Caen.
00:27 Et aussi pour le problème écologique que ça pose.
00:32 On est de plus en plus dans une recherche de ne pas artificialiser les sols.
00:38 Et la tour du CHU, c'est le parfait cas d'école pour faire du logement dans un bâtiment.
00:45 - Le terrain est déjà construit au Québec.
00:47 - Exactement. On a déjà 123 mn.
00:49 - En hauteur, on va le rappeler, 23 étages.
00:51 Certains canets que nous avons interrogés semblent y tenir aussi.
00:54 Comment vous l'expliquez ?
00:56 - On y a vécu des bons moments, des mauvais moments.
01:00 C'est un bâtiment qu'on voit depuis toujours.
01:02 Et vraiment, on le voit aussi.
01:04 C'est un signal dans la ville, un véritable phare.
01:06 - Dans votre hypothèse de réhabilitation, qu'est-ce qu'on ferait ?
01:12 On le met évidemment au conditionnel, on est en train très loin d'une réalisation.
01:16 Mais grosso modo, quelle seconde vie ?
01:18 - On pourrait pratiquement tout y faire.
01:20 La structure le permet. C'est une structure en poteaux, poutres.
01:22 On pourrait y mettre du logement, des bureaux, des crèches, des logements étudiants.
01:28 Des logements pour les familles près du FEH ou du nouvel hôpital.
01:32 On pourrait y mettre un restaurant, des équipements sportifs, du commerce.
01:36 - Donc vous fourmillez d'idées, mais il y a cette question inévitable.
01:40 Combien ça coûterait ?
01:42 - C'est l'honneur de la guerre.
01:44 C'est un projet étudiant, donc je n'ai pas fait d'estimatif de ce que ça pourrait coûter.
01:48 Après, on sait qu'il faut 80 millions pour se désaméliorer quoi qu'il arrive.
01:52 Donc quitte à investir autant d'argent, autant faire quelque chose après.
01:56 - Mais ces 80 millions, il faudrait les dépenser quand même si on réhabilite.
02:00 Et toute la transformation derrière.
02:02 Est-ce qu'on vous pose la question, quand vous en parlez, pour vous préserver la tour,
02:06 certains vous disent "mais ça coûterait combien ?"
02:08 - Oui, c'est la question. À mon niveau, je ne peux pas vraiment donner de prix.
02:12 Mais c'est quelque chose qu'il faudrait pousser, remonter au niveau des élus, de l'État,
02:16 faire une étude de prix et monter plus haut.
02:20 Et faire peut-être, pourquoi pas, un concours d'architecture par la suite.
02:24 - Pour essayer d'imaginer cette suite, nous avons sondé le maire de Caen, Joël Brunon.
02:28 D'une part, il nous a dit qu'il s'est rendu à Matignon pour demander une enquête technique sur l'avenir du bâtiment.
02:32 Donc on est en train de y réfléchir, on amorce cette réflexion.
02:36 Mais quand on lui sommet un projet comme le vôtre, il nous répond ceci,
02:40 "ce n'est pas un concours lépine de la tour du CHU, il faut se méfier des idées plus ou moins fumeuses."
02:45 - Bah...
02:49 Pourquoi pas, mais je pense que dire que c'est une idée fumeuse,
02:53 alors qu'on a quand même ce bâtiment qui est là, il faut en faire quelque chose.
02:57 Une durée de vie de 50 ans pour un bâtiment, c'est vraiment rien, en fait.
03:01 Et donc, avec tout ce qui nous...
03:05 En ce moment, le béton c'est quand même quelque chose qui pollue, il faut aller chercher du sable,
03:09 toujours plus loin, on en manque, on est en pénurie, on a un bâtiment qui est là,
03:13 il faut le mettre par terre juste parce que quelqu'un l'aime pas,
03:17 ou... pas un qui... voilà.
03:21 - Donc là on a eu l'opinion de Joël Bruno, il y a d'autres interlocuteurs possibles,
03:25 je pense notamment aux députés, aux sénateurs, vous faites du lobbying auprès de ces personnes ?
03:29 - J'ai rencontré déjà M. Le Vigoureux et M. Delaporte.
03:33 - Les deux députés de Caen, je rappelle.
03:37 - Il n'y a pas vraiment d'avis tranché, la question principale qui revient c'est le prix.
03:41 Est-ce que vous avez une idée de combien ça va coûter ? Je pense que maintenant, oui,
03:45 on arrive dans le concret, donc si les études sont lancées c'est très bien,
03:49 et donc voilà, ça va être plus concret dans les dernières.
03:53 - En tout cas vous êtes plutôt satisfaite qu'on se donne un temps de réflexion et d'évaluation ?
03:57 - Oui, et qu'on commence à ne plus dire démolition, démolition, démolition, et qu'on commence à réfléchir autrement.
04:01 - Je le disais au début, vous avez créé une association, je ne suis pas d'accord,
04:05 CHU pas d'accord, combien de membres vous suivent dans votre combat ?
04:09 - Alors on est une petite asso, donc on est 50 pour le moment,
04:13 donc voilà, c'était principalement du bouche à oreille au début,
04:17 et petit à petit il y a des architectes qui s'intéressent à la cause et qui s'inscrivent,
04:21 des personnes du bâtiment. - Quelle forme vous comptez donner à votre action
04:25 ces prochaines semaines, ces prochains mois ? - Continuer à sensibiliser,
04:29 principalement, faire pourquoi pas des actions
04:33 sur le bâtiment, essayer de le rendre visible de plus en plus en Normandie,
04:37 et voilà, en activant le bâtiment, peut-être
04:41 ça fera bouger plus vite les choses. - En attendant, donc vous, vous avez choisi
04:45 de bouger pour tenter de sauver cette tour auquel vous êtes attachée, Cyrielle Leclerc,
04:49 architecte calaise, diplômée d'État, et à la tête de cette association,
04:53 CHU pas d'accord. Bonne journée. - Merci, vous aussi.