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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
Retrouvez "L'invité culture" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-culture
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
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NewsTranscription
00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 avec Philippe Vandel et votre invité jusqu'à 11h Philippe.
00:06 Bonjour Arthur Teboul.
00:07 Bonjour.
00:08 Vous êtes le chanteur de Feuch à Terton, votre dernier album Palais d'Argile avait cartonné 90 000 exemplaires.
00:13 On n'est pas loin du disque platine, notamment grâce à ce titre "Mon Nouveau".
00:17 Mon nouveau, on en a tous.
00:22 Que ce soit l'enfer de demain.
00:26 Mon nouveau, on en a tous.
00:29 J'ai un petit peu, il y a un mot qui me plaît.
00:32 Voilà, et j'adore cette réponse à cette question.
00:40 On est dans la poésie, que savions-nous faire de nos mains ? Zéro.
00:43 Quand mon fils avait 4 ans, s'il faisait ça, je disais non, Félix fais une phrase.
00:46 Que savions-nous faire de nos mains ? Rien.
00:49 Et justement, il est question de poésie avec ce nouveau projet.
00:52 C'est plus qu'un projet, c'est un recueil de poèmes.
00:54 Ça s'appelle "Le Déversoir", c'est publié dans la maison d'édition iconique
00:58 pour reprendre un terme à la mode de la poésie en France, c'est Segers.
01:02 Il y a un sous-titre "Poèmes minutes", il y a même un mode d'emploi.
01:05 Mais d'abord, c'est quoi des poèmes minutes ?
01:07 C'est des poèmes écrits sur le vif en quelques minutes
01:10 qui répondent au principe d'écriture automatique,
01:13 c'est-à-dire qu'on couche sur le papier ce qui nous passe par la tête.
01:16 L'écriture automatique inventée, sacralisée par Breton, Soupault, les surréalistes.
01:20 Oui, c'est ça.
01:21 Quoi de neuf dans votre démarche par rapport à eux ?
01:24 Rien de particulier en ce qui concerne la manière de faire.
01:27 Simplement parce qu'en fait c'est une manière de faire qui existe depuis le Moyen-Âge,
01:32 à l'époque ça s'appelait la phatrasie, etc.
01:34 Alors moi il y a deux choses qui m'ont frappé.
01:35 D'abord, Segers publie un facsimilé "Il n'y a aucune rature".
01:39 Donc je me dis, soit c'est un génie, soit il a recopié,
01:42 ou est-ce que le poème minute il est écrit comme ça au fil de la plume ?
01:45 C'est l'antiprouste.
01:46 Oui, exactement.
01:47 Et même quand j'écris des chansons, ça me demande beaucoup de temps,
01:50 il y a une sophistication, il y a une ambition, il y a un raffinement.
01:53 Et vous relayez, vous retouchez, vous...
01:54 Exactement, c'est très très laborieux.
01:55 Et ça c'est une manière d'écrire qui est venue un peu comme un contrepoint
01:59 à ma manière de faire habituelle, une respiration de récréation.
02:03 Et quand on écrit ce qui nous passe par la tête, on ne peut pas rayer,
02:06 parce qu'en fait la poésie de l'instant elle est toujours vraie.
02:09 Pour peu qu'on soit honnête avec soi-même et qu'on accepte ce qui vient.
02:12 Parfois c'est ridicule, parfois c'est grotesque.
02:14 Et c'est juste quand on déjoue un peu ses préoccupations esthétiques et morales,
02:18 il n'y a pas de raison de rayer ce qui arrive.
02:20 Alors il y a quelque chose qui m'a vraiment frappé,
02:21 c'est que vous donnez le mode d'emploi.
02:23 Parce que vous dites "moi je fais ça", mais vous aussi vous pouvez écrire vos poèmes minutes.
02:26 Et donc on est totalement dans la poésie, dans l'humain.
02:30 Vous dites "laissez un nom commun vous venir à l'esprit, écrivez-le".
02:33 Qu'il vous plaise ou non, qu'il vous trahisse ou non, écrivez-le.
02:35 Il est presque certain qu'un adjectif vous passera alors par la tête
02:39 pour qualifier ce nom arrivé par hasard.
02:41 Cet adjectif-là, écrivez-le aussi à la suite du nom.
02:45 Vous donnez un exemple, vous c'était tournevis déchu.
02:47 Mais je me suis dit, en disant ça, vous savez ce que vous venez de faire ?
02:51 Un algorithme pour l'intelligence artificielle.
02:53 Ouais c'est marrant.
02:55 Il y a des copains du groupe qui ont essayé de faire écrire un tchat GPT des chansons de Fosh Hatterton.
03:00 Et alors ?
03:01 Ça va j'ai encore un peu d'avenir.
03:02 Pas beaucoup, mais un petit peu.
03:04 Alors il y a des punchlines, c'est comme Daïku.
03:06 Par exemple, "il ne lise pas le même journal, mais mange le même croissant"
03:10 ou alors celle-ci "Dieu ne s'achète pas, louez-le".
03:13 On dirait du prévert.
03:14 C'est un grand inspirateur.
03:16 D'ailleurs qui a écrit un livre qui s'appelle "Fatra",
03:19 qui reprend l'idée de "fatrasie", c'est-à-dire des choses qui sont comme ça.
03:22 Ah, "fatrasie" c'est de là que vient le mot "fatras" ?
03:24 Un "fatras" sur le burlingue.
03:26 De bazar, d'accepter les choses comme elles viennent.
03:28 Et c'est vrai que ça fait du bien, tout simplement, par instant.
03:32 C'est pas une manière de faire qui est absolue,
03:34 mais parfois, de se laisser aller à cette forme du haïku,
03:37 cette photographie de l'instant.
03:39 Je vais en lire un peu parce qu'il y en a un qui m'avait complètement stupéfait,
03:41 parce que vous êtes hyper sérieux,
03:43 et tout d'un coup ça part en sucette, et je suis poli.
03:47 Ça commence comme ça, ça s'appelle "À la cantine".
03:49 Bon, on en est là.
03:51 "Séchant tranquillement dans le marécage,
03:53 assoiffé des plaintes éternelles.
03:55 Demain on en saura plus, c'est ce que disent les maîtres artisans,
03:57 affectés aux tâches les plus ardues."
03:59 Déjà on se demande ce qu'il se passe.
04:00 "Poireaux-vinaigrettes au repas du midi,
04:02 pour nous réconforter un peu, c'est ce qu'ils disent.
04:04 Nous aimons tous les poireaux-vinaigrettes, c'est ce qu'ils disent.
04:07 Autrement, ils disent peu de choses."
04:09 Bon, paragraphe suivant.
04:11 "Les lamentins du port 39 se dilapident étrangement ces derniers jours."
04:14 Fallait que j'aille voir ce qu'il en est.
04:15 "Dans le réservoir animalier des croûtes spacieuses
04:17 s'obtient sans limite la dinde oblique des transports fugitifs.
04:20 Quoi qu'il arrive après, j'aurai eu ma part scientifique du butin."
04:23 [Rires]
04:25 On a l'impression que l'alcool a mis du temps à faire des faits.
04:27 - Oui, c'est bizarre oui.
04:28 - Vous les écrivez dans quel état ? Dans quel état d'esprit ?
04:31 - Ça demande une forme de concentration particulière,
04:34 et c'est ce qui est aussi agréable,
04:35 parce que pour accepter d'écrire ce qui nous traverse,
04:38 il faut se laisser traverser.
04:40 Et donc c'est une forme d'état un peu méditatif,
04:43 pour répondre plus clairement à votre question,
04:45 je n'ai pas besoin d'aide.
04:47 - De substances.
04:48 - De substances chimiques ou autres.
04:50 C'est un état méditatif.
04:52 C'est le poème lui-même qui devient une griserie.
04:54 Et d'ailleurs, ce genre de phrases un peu étranges
04:58 qui passent par la tête,
05:00 je me suis autorisé à les écrire,
05:02 mais parfois on accepte, on se dit "mais pourquoi ?
05:04 Je pense à ces trucs bizarres de la menthe."
05:06 Ça fait du bien.
05:08 - Vous dites qu'il faudrait aller chez le poète comme chez le floriste.
05:10 Ça aussi, ça fait penser à Prévert.
05:12 Ou Ferré, ou Godard aussi, il disait.
05:14 - Oui, mais c'est une conviction extrêmement profonde.
05:19 - Je vous interromps tout de suite.
05:21 C'est tellement profond,
05:23 les faits comptent plus que les mots, que vous l'avez fait.
05:25 C'est-à-dire que vous avez ouvert une boutique.
05:27 J'aimerais qu'on parle de ça, parce que c'est complètement dingue.
05:30 Vous écrivez ce livre à une visée publicitaire.
05:33 Voici 98 poèmes minutes
05:35 pour vous donner envie de venir chercher le vôtre,
05:38 inédit, qui n'attend que votre venue pour naître,
05:40 et ne pourra s'écrire qu'en votre présence.
05:42 Et vous l'avez vraiment fait.
05:44 - Oui, j'ai ouvert le mois dernier un cabinet de poèmes minutes
05:47 qui s'appelle "Le Déversoir", comme le livre, à Paris.
05:50 Parce que j'habite à Paris.
05:52 Pignon sur rue, donc au coin de la rue.
05:54 Et en fait, j'étais ouvert, là j'ai moins de temps,
05:57 mais j'étais ouvert pendant une semaine entière à plein temps.
05:59 J'ai reçu 45 personnes par jour environ.
06:01 - 9h-19h, des vrais horaires, comme un floriste.
06:03 - C'est ça, un métier quoi.
06:05 C'est un métier.
06:07 Il y a un site internet aussi pour prendre des réservations en ligne,
06:09 c'est un site de l'Ibs, on écrit notre 15 minutes.
06:11 Chacun vient, on peut venir à 1 ou à 2.
06:15 J'ai reçu des parents avec leurs enfants, des couples, des frères et sœurs.
06:19 Et vous asseyez en face de moi,
06:21 et en quelques minutes, dans le silence,
06:25 en votre présence, j'écris un poème automatique, comme il vient,
06:29 qu'ensuite je vous lis, et que je vous remets.
06:31 C'est un poème sur commande, est-ce qu'on discute avant ?
06:35 - Il y a de l'échange ?
06:37 - Il y a de l'échange de politesse, courtoisie,
06:39 parce que c'est sympa de se demander son présent.
06:41 - Il n'y a pas, vous faites quoi dans la vie ?
06:43 - L'idée, c'est aussi de déjouer ça.
06:45 On a l'habitude avec nos sites préférés,
06:47 d'obtenir exactement ce qu'on souhaite sur mesure,
06:49 ce qu'on veut, ce qu'on attend.
06:51 Et c'est aussi ce qui est bon dans ce moment de poésie pure,
06:55 c'est qu'on est ouvert à la surprise.
06:57 Celui qui vient ne sait pas ce qui l'attend,
06:59 et le poème est un poème en présence.
07:03 C'est cette présence-là qui va influencer le poème.
07:07 - Il y a dû y avoir beaucoup d'émotions ?
07:09 - Oui, c'est vrai. A de nombreuses reprises,
07:11 on a retenu nos larmes avec les gens.
07:13 - A quel moment vous reteniez vos larmes ?
07:15 Au moment du rendu ? Au moment de la lecture ?
07:17 - Oui, au moment de la lecture.
07:19 - Et vous dites "Tiens, j'ai matché, j'ai touché quelqu'un au cœur" ?
07:21 - Oui, ça c'est assez mystérieux, assez mystique.
07:23 J'ai fait 250 consultations pendant cette semaine,
07:25 ça n'a pas toujours été de ce niveau d'intensité,
07:27 mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de particulier
07:29 où quand j'écris, sans trop savoir pourquoi,
07:31 c'est un fait que le poème prend sa source dans la personne qui est là.
07:35 On peut l'expliquer par le fait que 5 minutes en présence de l'autre,
07:39 dans une forme de silence, c'est une connaissance.
07:42 - Je reprends l'analogie avec le fleuriste, c'était payant ?
07:45 Parce que chez le fleuriste, on ne part pas avec des roses gratuitement.
07:47 - Alors là, c'était gratuit, mais puisque c'est un métier,
07:50 c'était gratuit parce que j'avais qu'une semaine,
07:52 et je voulais vraiment qu'il y ait le plus de gens possible qui se venient.
07:54 Je me pose encore la question du prix, mais elle est très importante,
07:56 parce qu'un métier, on doit pouvoir en vivre.
07:58 Il faut pouvoir payer le loyer, le fonds de commerce, les consommables,
08:01 - Comme un écriment public. - le personnel, etc.
08:03 - Bien sûr.
08:04 - Et en plus, en fonction du prix, vous vous adressez à telle ou telle clientèle.
08:08 Là, c'était gratuit. C'est une vraie question.
08:10 Est-ce qu'on doit indexer ça sur le prix du paquet de cigarettes,
08:13 ou bien sur le prix d'une consultation de psy ?
08:17 - Ou sur le salaire de la personne.
08:19 - Ou bien, c'est ça, prix variable, prix libre,
08:21 il y a plein de questions qui se posent.
08:23 - Que sont devenus ces poèmes ? Vous les avez lus et basta,
08:25 ou vous avez gardé une copie ?
08:27 - J'avais un petit scanner, comme les médecins, j'adore,
08:29 donc j'ai scanné tous les poèmes, ne serait-ce que pour pouvoir les relire,
08:31 parce que quand je les écris sur le vif, je ne m'en souviens pas.
08:34 Aussi pour que les personnes puissent, si jamais elles le perdent,
08:36 en avoir une trace.
08:38 Donc moi, j'ai ça dans une mémoire.
08:42 - On va parler de beaucoup de choses avec vous.
08:44 On va parler du nouveau disque de Feuchterton,
08:46 parce que si je suis bien informé, vous êtes en train d'y travailler.
08:48 On va parler de cinéma, on va parler de séries,
08:50 on va parler de beaucoup de choses.
08:52 On va même entendre Feuchterton.
08:54 - Ah, super !