Nous sommes heureuses de vous présenter la série de vidéos réalisées en collaboration avec @elviredcharles qui abordent le sujet de la guérison.
Qui sont les personnes qui nous aident à mettre des mots sur ce qui nous est arrivé.es ? Ces gens-là peuvent être un premier déclic. Un soutien dont on a besoin. Que faire après ce déclic pour se relever ? Les témoignant.es nous racontent comment iels ont pu commencer à se relever.
Journaliste @elviredcharles
Vidéaste @directedbyloumuller / @v_oriane_v / @faneva_rabetsi
Monteuse @alejandra_zuniga_d
Motion designer @agence_unoeilsurtout
Étalonneuse @lucieternisien.dop
Merci à @Reebokeurope pour leur soutien à l’année et sur ce contenu. Merci à la team d’@Hek0.tv et @milarosaria pour leur accompagnement sur ce projet.
Qui sont les personnes qui nous aident à mettre des mots sur ce qui nous est arrivé.es ? Ces gens-là peuvent être un premier déclic. Un soutien dont on a besoin. Que faire après ce déclic pour se relever ? Les témoignant.es nous racontent comment iels ont pu commencer à se relever.
Journaliste @elviredcharles
Vidéaste @directedbyloumuller / @v_oriane_v / @faneva_rabetsi
Monteuse @alejandra_zuniga_d
Motion designer @agence_unoeilsurtout
Étalonneuse @lucieternisien.dop
Merci à @Reebokeurope pour leur soutien à l’année et sur ce contenu. Merci à la team d’@Hek0.tv et @milarosaria pour leur accompagnement sur ce projet.
Catégorie
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ÉducationTranscription
00:00 Si on te vole ton portable dans la rue, personne va dire "mais t'es sûr que c'était lui ?
00:03 T'es sûr que tu risques de lui ruiner sa vie ?"
00:05 Non, personne se pose ce genre de questions.
00:09 Mais dès qu'il s'agit de nous, tout est sujet à mettre le doute.
00:16 Je crois que la chose qui m'a le plus aidée à me sentir mieux,
00:24 ça a été d'en parler à mes parents.
00:25 Mais pour le coup, ça a été vraiment très personnel,
00:27 parce que je suis très proche de mes parents
00:29 et que le fait de vivre ça seule, ça m'a énormément éloignée d'eux.
00:32 Ils l'ont senti aussi.
00:34 Et un jour, je crois que c'était à peu près 2-3 ans après mon agression,
00:38 c'est bête ça, 2-3 ans,
00:39 je leur ai dit comme ça, "hi hi hi".
00:43 Et je sais pas, ça a libéré un truc en moi,
00:45 dans le sens où j'avais l'impression de leur cacher quelque chose,
00:48 alors que non.
00:50 Et du coup, le fait de leur dire et d'avoir leur soutien
00:53 et de voir qu'ils étaient là, ça a été énorme pour moi.
00:56 La première personne vraiment importante à qui j'en ai parlé,
00:58 c'est ma soeur, ma grande soeur.
00:59 Ma soeur, elle a été ouf.
01:00 Je pense que ça m'a sauvée un peu,
01:02 parce que juste après, j'en ai parlé à mes parents
01:03 et ça a été hyper violent.
01:05 Elle a eu de l'empathie,
01:06 elle a dit les choses qu'il fallait dire.
01:08 Un jour, je suis allée, je suis partie porter plainte,
01:11 accompagnée par mes meilleurs potes.
01:13 Et dans la même semaine, j'ai porté plainte,
01:16 je l'ai fait arrêter,
01:18 et le lendemain, j'étais en procès.
01:20 Déjà, j'ai été très bien orientée par une association d'aide aux victimes
01:23 qui m'a conseillé de rédiger d'abord ma plainte par écrit
01:25 et de l'envoyer par courrier.
01:27 Je pense que moi, si je portais plainte,
01:28 qu'on se trouve par exemple, une des personnes qui m'a violée,
01:31 elle me l'a dit elle-même,
01:32 il me ferait un procès pour diffamation après.
01:35 Et voilà, il a plus de moyens financiers,
01:38 capital économique et tout.
01:42 Bon, voilà.
01:43 Donc c'est dommage pour moi,
01:44 parce que ce serait ma plus belle vengeance,
01:48 c'est que ce soit 15 ans de prison, comme le dit la loi.
01:50 Mais la vérité aussi, c'est qu'on n'écoute pas les victimes,
01:53 on ne prend pas en compte leurs plaintes.
01:55 Au tribunal, même quand l'auteur admet,
02:01 c'est classé en non-lieu ou c'est requalifié en violence sexuelle,
02:04 c'est jamais 15 ans, c'est des fois 3,
02:06 il n'y a pas de suivi, c'est naze.
02:09 En fait, peut-être qu'il y a des personnes qui ont besoin
02:11 juste de savoir que ces deux possibilités-là existent.
02:14 C'est déjà super important.
02:15 Dire si tu veux porter plainte,
02:17 aller tout de suite passer la porte d'un commissariat et porter plainte,
02:19 tu peux,
02:21 mais il y a tel et tel risque
02:22 qu'il y ait trop de monde, qu'il y ait de la queue,
02:24 qu'on ne te comprenne pas ta plainte,
02:25 qu'on te dise de revenir demain,
02:26 alors qu'en fait, c'est maintenant qu'il y a une urgence pour toi.
02:29 Et ça demande un tel courage, c'est tellement difficile.
02:33 Et tu peux aussi, si tu préfères, le faire par écrit.
02:36 Et après, on te rappelle et on t'écoute.
02:38 Si on te vole ton portable dans la rue,
02:39 personne ne va dire "mais t'es sûr que c'était lui ?
02:42 T'es sûr que tu veux lui réunir sa vie ?"
02:44 Non, personne ne se pose ce genre de questions.
02:47 Mais dès qu'il s'agit de nous,
02:51 tout est sujet à mettre le doute.
02:54 Il faut toujours mettre le doute,
02:55 il faut toujours responsabiliser la victime.
02:57 C'est toujours de sa faute.
02:58 "Mais t'es sûr parce que t'es restée, t'es sûr..."
03:01 J'ai déposé plainte, j'ai porté plainte en novembre 2017.
03:05 Et j'attends toujours.
03:07 Mais du coup, ça a été un pas énorme,
03:09 ne serait-ce que pour passer à autre chose sur cette agression-là.
03:12 Déjà, d'être condamné, je pense qu'il s'en mettrait fin
03:14 à son espèce de sentiment de toute puissance et d'impunité.
03:17 Parce qu'il est persuadé qu'il n'a rien fait de mal.
03:19 Donc, à partir du moment où il y a une condamnation,
03:22 on lui dit qu'il a fait quelque chose de mal.
03:24 Et rien que ça, pour moi, ce serait un énorme soulagement.
03:26 Le but, ce n'était pas juste qu'il aille en prison ou des choses comme ça.
03:30 C'était juste d'être entendu, d'être écouté et surtout entendu, oui.
03:33 Et que quelque chose soit fait, qu'on dise "bien, c'est mal,
03:39 ce que tu fais, c'est mal, c'est pas bien".
03:42 Ça, ça a beaucoup d'importance, juste que les choses soient reconnues.
03:46 Je pense que c'est souvent beaucoup plus important que le reste.
03:52 En tout cas, pour moi, c'est le cas.
03:55 J'étais hyper soulagée de l'avoir fait,
03:57 mais je savais que c'était le début d'un processus
03:59 qui allait être long, douloureux et pénible,
04:02 mais qui était toujours mieux que de ne pas le faire.
04:05 En même temps, ma vision de la société, ce n'est pas non plus ça.
04:08 Ce n'est pas de tuer tous les violeurs.
04:10 C'est de comprendre pourquoi il y a autant d'hommes qui violent
04:13 et de les accompagner, de les aider.
04:14 Il faut d'abord aider les victimes, protéger les victimes,
04:17 écouter les victimes.
04:18 Mais une fois qu'on a fait ça,
04:22 on peut apprendre à nos jeunes garçons à ne pas être violents et à ne pas violer.
04:25 Mais en fait, si le reste de la société continue à les violenter et à les violer,
04:30 ils vont juste répéter ce qu'ils ont subi.
04:33 Je ne veux pas que ce soit moi qui m'en occupe,
04:35 mais s'il y a des gens qui ont la force de l'aider,
04:37 je pense que c'est hyper dur de dire ça,
04:40 parce que ce n'est pas très politiquement correct,
04:42 mais en vrai j'ai envie qu'ils crèvent dans les pires souffrances.
04:45 Je n'ai pas envie qu'on l'aide,
04:46 mais en même temps, ma vision de la société, ce n'est pas non plus ça.
04:49 Je croirais plus dans une société qui essaye aussi de réparer les auteurs de violences,
04:56 mais certainement pas juste de les mettre en prison
04:58 et d'espérer que d'avoir passé 5 ou 10 ans derrière les barreaux,
05:01 ça va les calmer.
05:03 [Musique]