Une "embellie" depuis un an pour les agriculteurs en Bretagne.
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00:00 Comment va l'agriculture bretonne ?
00:02 La Chambre régionale d'agriculture analyse les chiffres clés de l'agriculture et de l'alimentaire l'agro, alimentaire breton en 2022.
00:09 Bonjour André Sergent.
00:11 Bonjour.
00:12 Vous êtes président de la Chambre régionale d'agriculture et ça confirme ces tendances que vous nous aviez données il y a deux mois lors du salon de l'agriculture.
00:19 C'est compliqué pour les agriculteurs mais il y a quand même une très belle embellie, c'est le prix payé aux producteurs face à la hausse des charges.
00:29 Est-ce que c'est suffisant ? Je veux parler notamment du prix du lait et du prix des oeufs, plus 80%.
00:35 Alors effectivement nous sommes dans un contexte complètement inédit.
00:40 A savoir que nous à l'agriculture, les agriculteurs, on a des prix quand même plus rémunérateurs en ce moment avec des prix dans les différentes filières qui ont fortement augmenté.
00:51 En parallèle on a évidemment nos charges qui ont augmenté mais globalement on peut dire qu'on vit quand même une embellie.
00:57 Mais en même temps qu'on a cette embellie dont on avait besoin, globalement on parle aujourd'hui de la notion de la souveraineté alimentaire.
01:05 Et cette souveraineté alimentaire par contre aujourd'hui on sent qu'elle est en train de dériver.
01:10 Et ça, ça nous inquiète énormément.
01:12 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il n'y a plus assez de production et qu'on est obligé d'importer c'est ça ?
01:17 Aujourd'hui ce qui se passe actuellement c'est qu'en France globalement on importe de plus en plus d'enraies alimentaires, d'enraies agricoles, parce qu'on a plus suffisamment de production dans notre pays.
01:29 Et ça je pense que pour nos gouvernements c'est un sujet d'inquiétude.
01:32 Mais justement s'il y a une embellie, ça veut dire que vous êtes mieux rémunérés vous en tant qu'agriculteur.
01:38 Ça, ça ne fait pas rêver les jeunes qui pourraient venir s'installer ?
01:42 Alors cette embellie elle est récente, ça fait même pas un an qu'on a des prix qui sont quand même plus rémunérateurs.
01:49 Donc bien sûr que pour assurer le renouvellement des générations, c'est-à-dire des jeunes qui viennent vers notre métier, il faudra que cette embellie se poursuive.
01:58 Mais là aussi on a des sujets d'inquiétude avec notamment actuellement l'inflation.
02:03 On voit bien que sur les denrées alimentaires, une augmentation des prix.
02:06 Et donc aujourd'hui on parle aussi d'une renégociation des denrées agricoles. Et donc ça nous inquiète aussi sur l'avenir.
02:13 Une renégociation avec l'industrie et avec les grandes surfaces ?
02:17 Complètement. Aujourd'hui on sait bien que ça passe beaucoup par les grandes surfaces évidemment.
02:23 Maintenant on nous avait prôné la logique en agriculture de la montée en gamme.
02:29 Et on s'aperçoit qu'au travers de ce que consomment les français, c'est les marques distributeurs qui se développent énormément.
02:37 Et donc ça, ça nous interpelle également.
02:39 Alors les marques distributeurs, c'est pas les marques d'ISKUN tout de même ?
02:42 Non, faut pas penser qu'une marque distributeur c'est une denrée de mauvaise qualité. C'est pas du tout ça.
02:48 Aujourd'hui l'agriculture française notamment et bretonne, elle est considérée comme une agriculture qui produit des produits d'excellente qualité.
02:56 Et quels que soient les labels ou les issues, on a aucun risque à manger français.
03:03 7h48 sur France Bleu, Brésil, on parle de l'agriculture bretonne.
03:06 En direct ce matin avec le finistérien André Sergent, président de la Chambre régionale d'agriculture.
03:12 Mais en fait André Sergent, comme vous nous dites, il y a une descente en gamme.
03:15 C'est le bio qui périclite ? Ça devient trop cher avec cette inflation ?
03:20 Alors effectivement on a l'exemple du bio qui a connu sur la dernière décennie une croissance à deux chiffres tous les ans.
03:28 Et c'était bien. On installait de plus en plus de jeunes dans cette direction.
03:33 Et on s'aperçoit brutalement un retournement de situation et qui rend aujourd'hui la situation de la production bio très compliquée.
03:42 Au point même où on parle d'un plan de sauvetage nécessaire pour maintenir la production bio.
03:48 Et donc tout ça c'est des choses qui évoluent très rapidement.
03:52 Et nous par contre à la production agricole, on n'a pas cette capacité à se retourner du jour au lendemain.
03:58 Et ça c'est une des difficultés de notre métier.
04:01 Il y a du temps d'adaptation alors que l'inflation c'est près de 18% d'augmentation des prix du panier France Bleu.
04:08 On va y revenir dans le journal de 8h sur France Bleu, Brésil.
04:13 Mais il y a autre chose qui peut peut-être être inquiétant, c'est la sécheresse qui a eu lieu notamment l'an dernier.
04:19 Moitié moins de haricots récoltés en Bretagne l'an dernier.
04:23 Des artichauts trop petits, ce sont vos chiffres ça André Sergent ?
04:27 Est-ce qu'il faut qu'on change de modèle agricole ? Les primeurs dans le Nord Finistère ça va être compliqué ?
04:34 Alors quand on parle de la sécheresse et du sujet de l'eau,
04:38 la Bretagne tout d'abord est quand même la région sans doute française qui est la moins impactée, je vais dire ça comme ça,
04:45 par rapport à d'autres régions et par rapport notamment aux Sibérie.
04:49 Mais globalement en Bretagne effectivement le sujet de l'eau est quand même un sujet essentiel pour l'agriculture.
04:55 Et notamment dans certaines productions telles que les légumes.
04:58 Et là aussi on doit se poser les bonnes questions sur l'avenir,
05:01 parce qu'en Bretagne aussi à certains moments de l'année on a aussi un besoin en eau.
05:07 Et si on ne peut pas répondre à ce besoin, il y a des productions qui vont disparaître.
05:12 Mais ça veut dire quoi ce que vous nous dites André Sergent ?
05:14 Faut changer de façon de pomper l'eau ou faut changer de production ?
05:19 Si les agriculteurs n'ont pas la capacité à pouvoir utiliser l'eau par pompage,
05:25 en plus de la pluie naturelle je dirais,
05:29 ils vont changer soit de production ou soit ils vont changer carrément leur façon de produire.
05:36 Et par rapport à ça, derrière il faut savoir qu'il y a aussi des industries de l'agroalimentaire
05:42 qui demandent certains légumes mais qui s'arrêtent.
05:46 Donc en production on ne les retrouve plus et c'est ça qui nous inquiète.
05:50 On parlait également ce matin sur France Bleu, Brazizel, des difficultés à recruter.
05:55 Dans le BTP en Bretagne il y a 29 000 emplois vacants
05:58 et dans l'agroalimentaire selon les chiffres de la Chambre Régionale de l'Agriculture,
06:01 il y a 3 000 emplois vacants également.
06:04 Comment on fait pour faire fonctionner les industries en ce moment André Sergent ?
06:08 Que ce soit dans le secteur de l'agriculture à la production
06:12 ou de l'agroalimentaire à la transformation,
06:14 on a aussi ce problème de la main d'oeuvre.
06:17 On essaye de s'adapter à ce contexte avec notamment dans la production
06:23 tout ce qu'on appelle les nouvelles technologies,
06:25 c'est la logique de la robotisation pour produire.
06:28 Mais malgré ça, notamment dans certains secteurs,
06:31 l'élevage je pense qu'on ne peut pas faire sans la main d'oeuvre.
06:34 Et donc c'est aussi un des freins à la production agricole.
06:39 André Sergent sur France Bleu, Brazizel, ce matin pour évoquer
06:43 ces chiffres clés de l'agriculture en Bretagne,
06:45 les chiffres 2022 que vous a présentés aujourd'hui
06:49 André Sergent, président de la Chambre Régionale d'Agriculture de Bretagne.