Jeudi 27 avril 2023, SMART JOB reçoit Pierre Vaysse (Leader de l’écosystème Ma santé et Directeur Santé et Prévoyance collectives, Allianz France) , Solenne Roland-Riché (spécialiste de la gamification et formatrice certifiée en discipline positive, Respons'able Lab) , Elodie Gourmellet (DRH, ADP) , Jean-Claude Beaujour (avocat international en droit des affaires, France-Amériques) , Pascale Joannin (Directrice Générale, Fondation Robert Schuman) et Jean-Michel Garrigues (directeur associé, BLB Associés)
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00:08 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous emploi RHC tous les jours du lundi au vendredi.
00:13 Débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles, bien entendu.
00:16 Bien dans Smart Job aujourd'hui, on parle des troubles musculosquelétiques.
00:20 Vous êtes peut-être vous-même victime de ces troubles, de ces douleurs.
00:23 On va faire le point avec Pierre Veil, ici, des directeurs santé et prévoyance collective Alliance France.
00:29 Et il développe un programme, mais aussi de la sensibilisation sur ces problèmes de santé du quotidien.
00:35 Le livre de Smart Job, comme chaque semaine, sans règles d'or, du management positif et heureux.
00:41 On parle beaucoup de l'éducation positive, là on va parler du management positif et son auteur sera avec nous.
00:47 Elle s'appelle Solène Roland, elle est auteure et elle a sorti ce livre chez Larousse Poche, le Cercle RH, les experts de Smart Job.
00:55 Et elle a une énorme actualité autour du travail. Le rapport France Travail remis par Thibault Guilduit au ministre du travail.
01:01 Et puis les assises du travail dans le cadre du Conseil national de la refondation, qui lui aussi fait des propositions concrètes.
01:07 Et puis on évoquera une grève, oui une grève au Canada. Les fonctionnaires réclament du télétravail.
01:12 C'est une grève massive. On fera le point avec nos experts.
01:16 Et pour terminer notre émission fenêtre sur l'emploi, deux ans, 100% télétravail.
01:21 Ça se passe chez ADP et nous recevrons sa DRH et le DIGOURMELET.
01:26 Voilà le programme tout de suite, c'est Bien dans son job.
01:28 Bien dans son job, on parle souvent des risques psychosociaux, on parle des troubles musculosquelettiques.
01:47 Et on va en parler dans notre rubrique Bien dans son job avec Pierre Weiss. Bonjour Pierre.
01:51 Bonjour.
01:52 Ravi de vous accueillir. Vous êtes le directeur santé prévoyance collective chez Alliance France et leader de l'écosystème Ma Santé.
01:59 Avant de parler, je dirais, des programmes que vous proposez aux entreprises, vous avez décidé chez Alliance de prendre à bras le corps ce sujet
02:06 à travers un réseau et une structure ax homo. Pourquoi avoir choisi de vous emparer de ce sujet ?
02:14 Parce que c'est vrai que c'est un peu ces sujets qui passent un peu sous les écrans radars.
02:17 On a tous quelque chose, mal au poignet, mal au coude, mal au dos, c'est peut-être votre cas et le mien.
02:22 Et finalement, on ne sait pas comment le traiter.
02:24 Non, on ne sait pas. Et c'est un gros enjeu aussi pour les entreprises parce que ça touche évidemment leurs salariés.
02:29 Mais c'est une des premières causes d'absentéisme au global. Il y a plus de 20% des arrêts de travail qui sont liés à ces troubles musculosquelettiques.
02:36 Et par ailleurs, c'est un enjeu de santé publique global parce que ça peut être très incapacitant, très invalidant en fin de vie en particulier.
02:44 Et donc nous, chez Alliance, on couvre nos entreprises clientes sur de la prévalence.
02:49 Donc on couvre les arrêts de travail de leurs salariés.
02:51 Mais on a eu envie évidemment d'intervenir plus haut dans la chaîne et de faire de la prévention de ces troubles musculosquelettiques.
02:58 L'origine de ce sujet, 80% des facteurs biomécaniques, ces troubles musculosquelettiques, les TMS, ce sont les mouvements répétitifs,
03:07 les postures, le travail avec force qui représentent 80% des agents.
03:11 Et puis il y a aussi, parce que je l'ai vécu, des troubles musculosquelettiques pour les experts comptables et tous ceux qui sont à un bureau et qui ne peuvent plus bouger le poignet.
03:20 Ça existe aussi dans le tertiaire.
03:22 Ah oui, bien sûr. Ça concerne tous les secteurs. Et en fait, les solutions sont assez simples.
03:27 Et c'est ça qui est important. C'est qu'on peut ajuster assez facilement sa posture. On peut ajuster assez facilement ses gestes.
03:33 Et avec cette prévention, éviter la grande majorité de ces troubles.
03:37 Pierre Veil, je ne vais pas vous emmener dans un sujet politique, mais un des critères de pénibilité, ça avait été les charges lourdes.
03:42 L'un des cinq critères supprimés par le président Macron, je crois que c'était en 2017.
03:46 Et certains s'étaient inquiétés en disant, mais voilà, on a des salariés dans des entrepôts, dans des dépôts, pour tous ceux qui livrent, qui ont des troubles.
03:55 Quand vous vous adressez le sujet en amont, qu'est-ce que vous mettez en place ?
03:59 Parce que je répète que AxoMove, vous êtes partenaire et vous avez prolongé ce partenariat avec eux.
04:05 C'est quoi l'idée ? On vient dans un espace de travail, on réfléchit avec les collaborateurs. Comment ça marche ?
04:10 Alors c'est une excellente question. Alors nous, on croit beaucoup en la e-santé.
04:13 Donc on croit beaucoup que pour la prévention, ça doit passer aussi par le numérique pour toucher le maximum de monde.
04:18 Parce que le problème sur ces sujets de prévention, c'est d'arriver à les déployer auprès des salariés, d'arriver à ce qu'ils y passent du temps.
04:24 Et de massifier.
04:25 Exactement, et de massifier. Et donc comment ça marche ?
04:27 Ça c'est simple. On fait la communication vers les salariés pour leur dire, allez vous connecter sur une plateforme, qui est la plateforme d'AxoMove, effectivement notre partenaire.
04:34 Et quand vous connectez sur cette plateforme, à partir du moment où vous êtes assuré en prévoyance chez Allianz France, vous rentrez votre numéro de contrat.
04:40 Et là vous avez accès à l'ensemble des solutions d'AxoMove. Et qu'est-ce que c'est les solutions d'AxoMove ?
04:44 C'est d'abord des kits et des vidéos pour vous expliquer comment faire. Mais aussi, parce qu'on croit beaucoup au fait que l'humain doit se rajouter au digital.
04:52 Mais aussi l'accès à des kinesithérapeutes qui vont, à travers quelques séances, vous expliquer les bons gestes, les bonnes postures, ce que vous devez faire au quotidien.
04:59 Et vous donner un programme à suivre pour la suite.
05:01 Est-ce que vous allez, avec votre partenaire, parce que c'est un vrai sujet qui est aujourd'hui sur la table, les exosquelettes,
05:08 la manière dont on va pouvoir accompagner un bras, parce qu'on le voit, si on est accompagné, ça marche mieux. Est-ce que vous allez jusqu'à cette réflexion-là ?
05:15 Alors, les kinés d'AxoMove peuvent suggérer ce type de solution. Après, bien sûr, ça sera à l'entreprise de décider de mettre en place et de financer ou pas ces solutions.
05:24 Mais ça fait partie des ouvertures qu'on peut donner, effectivement.
05:27 Allianz France, évidemment, a un panorama assez complet de cette situation. C'est un coût énorme pour l'entreprise, en fait, ces troubles musculosquelétiques.
05:34 Quand on accumule le nombre de jours d'arrêt maladie, parce que ce n'est pas toujours des arrêts très longs, mais ils sont très réguliers.
05:40 Exactement. Alors, ils peuvent être longs aussi, mais effectivement, ils sont plutôt réguliers.
05:43 Alors, on estime que le coût, c'est près de 2 milliards par an pour la France. Et c'est 20 % des arrêts de travail.
05:48 Donc, effectivement, il y a un coût déjà pour la collectivité, dont on assume une partie en tant qu'assureur.
05:52 Mais il y a aussi un coût pour l'organisation de l'entreprise, parce qu'elle-même va dépendre, évidemment, de ces personnes qui ne vont plus être là.
06:00 Et comme vous le disiez, ça touche aussi beaucoup le tertiaire et en particulier avec l'essor du télétravail.
06:04 Je ne voulais pas l'oublier.
06:05 C'est important d'avoir en tête.
06:06 Mains installées sur sa chaise.
06:07 Exactement.
06:08 Ça part de là, en fait.
06:09 Ça part de là, beaucoup dans le tertiaire. Et donc, chez eux, les salariés sont souvent moins bien installés qu'au travail, parce que ça a moins bien été pensé.
06:17 Et du coup, on a souvent des problèmes, on en voit de plus en plus, liés à ces postures au travail.
06:22 En plus, autre souci, c'est que quand on est chez soi, sur son lieu privé, c'est plus compliqué pour l'employeur d'aller vérifier qu'on n'est pas affalé toute la journée sur son lit ou sur son canapé.
06:30 Exactement.
06:31 C'est quelque chose qui est plus dur à toucher pour la médecine du travail, d'où le fait qu'on croit beaucoup à ces dispositifs numériques qui permettent de toucher les gens aussi chez eux.
06:38 88% des troubles musculosquelettiques, c'est 88% des maladies professionnelles en France.
06:45 Je veux dire, c'est quand même un sujet sérieux à adresser.
06:48 Vous faites le pari, vous, chez Alliance France, de travailler en amont sur la prévention.
06:52 Vous dites, si on fait un vrai travail en amont, le salarié va aller avec son numéro de contrat sur le site et donc va gérer sa prévention.
07:00 Est-ce que ça passe aussi par les DRH ? Est-ce que vous avez aussi besoin de mobiliser les DRH sur ce sujet ?
07:04 Tout à fait. Il y a un enjeu de toucher les salariés via le chef d'entreprise ou via les DRH.
07:08 Donc ça, on fait pas mal de communication via nos réseaux, qu'ils soient salariés ou d'agents généraux, pour qu'ils aillent voir leurs clients et pour prêcher la bonne parole sur cette solution qui est disponible.
07:17 Sachant qu'on a étendu aussi cette solution à l'ensemble des travailleurs non salariés qui sont couverts chez nous.
07:23 Donc on ne travaille pas que sur les salariés, on travaille aussi pour les indépendants, tous les artisans qui eux aussi souffrent beaucoup de ce type de problème.
07:31 Comment réagissent ces entreprises-là ? Parce que là, les salariés directement vont avoir accès à cette plateforme qui est très efficace.
07:37 Qu'est-ce qu'elles vous disent, ces entreprises ? Merci.
07:40 Ah bah oui, les entreprises qui l'essayent sont ravies. Il y a des entreprises qui viennent chez nous aussi pour avoir accès à cette solution.
07:45 C'est aussi l'intérêt. Ils passent par la plateforme en disant "c'est pas mal, ah mais derrière c'est Allianz".
07:50 Exactement. Et du coup, comme ça, j'aurai accès via mon contrat à cette solution.
07:54 Et on a aussi, nous, couverts nos propres salariés chez Allianz qui ont accès à cette solution et qui la plébiscitent. La satisfaction est exceptionnelle.
08:02 Un mot quand même sur le bilan, parce que vous avez déjà un petit peu de recul. Vous aviez fait un sondage en janvier 2023 sur le diagnostic, le coût, 2 milliards de coûts annuels.
08:11 C'était le sondage IFOP. Et là, le profil de ceux qui se sont connectés sur la plateforme, on les a, c'est 48 ans de moyenne d'âge. 70% sont des femmes.
08:19 Tout à fait. C'est un trouble. Mais c'est vrai aussi, d'ailleurs, dans les arrêts de travail. On a la grande majorité des arrêts de travail pour les troubles musculosquelettiques qui sont effectivement sur des femmes.
08:29 Et 82%, c'est assez intéressant aussi, passent plus de 6 heures assises ou assises en l'occurrence par jour. Donc on en va bien à ce profil de femmes qui sont dans des emplois, pas forcément industriels, mais postés devant un ordi.
08:41 Exactement. Après, il n'y a pas que des enjeux. Les caissières. Voilà. Il y a aussi des gens qui... Les packs d'eau.
08:46 Des gens qui servent aussi dans les supermarchés, des gens qui servent au marché. Ça touche vraiment tout le monde. Et pourtant, c'est facile de faire de la prévention.
08:55 Allez donc sur AxoMove, ces pratiques. Et par ailleurs, 42% d'après ce premier bilan ont été en arrêt de travail de plus de 3 mois ces 3 dernières années.
09:06 Exactement. Ce qui, cumulé, représente une somme évidemment importante pour la collectivité.
09:10 Merci, Perveris, d'être venu nous éclairer sur ce sujet dont on ne parle pas assez et qui est un sujet qui, objectivement, peut empoisonner le quotidien de Françaises et de Français.
09:19 Vous êtes le directeur santé prévoyant chez Alliance France et engagé avec AxoMove sur Écosystème Ma Santé. C'est un vrai plaisir de vous accueillir.
09:28 On tourne une page, c'est le cas de le dire. C'est le livre de Smart Job. On parle du management bienveillant. On va en parler. C'est le titre d'un livre.
09:40 Le livre de Smart Job. Avez-vous entendu parler du management positif ? On a beaucoup parlé de l'éducation positive. On parle aujourd'hui du management positif.
09:49 Sans règle d'or, de ce management positif est Heureux la rousse poche, écrit par Magali Mounier-Poulain et Solène Roland-Richet, qui est notre invitée aujourd'hui, donc l'une des coautrices de ce livre.
10:01 Vous êtes spécialiste en formation, de la gamification et évidemment de ce management positif. Juste pour tordre le coup tout de suite au débat, il y a pas mal de critiques en ce moment sur les réseaux sociaux,
10:14 dans des articles, qui disent un ras-le-bol de l'éducation positive. On passe à la dure, on met un peu de sévérité et nos gosses sauront lire, écrire et compter. Vous l'avez lu.
10:24 Est-ce que vous ne craignez pas d'avoir la même critique sur le management positif ? Je pense qu'en fait c'est une fausse critique qui est faite à l'éducation positive.
10:32 Vous le dites au début du livre d'ailleurs. Avoir la même fausse critique qui sera faite au management positif. Mais le management positif, ce qui est fondamental, c'est d'allier bienveillance et fermeté.
10:44 Et l'un ne va pas sans l'autre. Et très souvent, on oublie ce composant. Quand même, il y a des choses intéressantes. Dès le départ, vous dites attention, le management positif, c'est pas une baguette magique.
10:56 Il n'y a pas de magie. Il y a quand même quelque chose qui, à travers ce livre, ressort. C'est la bienveillance. Vous transformez les phrases, vous nous aidez. Et ça, ce livre est utile aussi pour ça.
11:05 On a parfois des formules un peu magiques et un peu violentes. Et vous dites, on va réinverser, tu vas reformuler. C'est aussi ça la clé de ce livre. C'est très concret quand même.
11:16 Tout à fait. Ça peut être déjà envers soi. Par exemple, quand on fait pour créer de la joie, une to-do liste. Vous savez, on a tous des to-do listes souvent longues comme le bras.
11:26 On sait que la façon dont ça va être formulé va nous permettre de l'atteindre ou pas. Par exemple, je crois que c'est l'exemple qu'on utilisait dans ce livre.
11:33 Si je me mets comme objectif de répondre au plus grand nombre de mails possible, j'y arrive jamais, il n'y en a jamais assez. Si je me mets comme objectif de passer 30 minutes à répondre à des mails, je peux l'atteindre.
11:45 Et on sait que dans le cerveau, à ce moment-là, le circuit de la récompense est enclenché.
11:49 Il y a beaucoup de choses autour des neurosciences à travers des chercheurs que vous citez et qui sont assez passionnants. Page 103. Ne négligez pas l'importance du sentiment d'appartenance.
11:58 Et vous évoquez ces chercheurs Heisenberger et Williams sur l'exclusion et la souffrance. On peut imaginer que c'est un sujet de sociologie. Là, vous l'intégrez à l'entreprise.
12:08 C'est violent pour un salarié de se sentir exclu. Exactement. Et en fait, on donne des outils d'inclusion. Ça peut être effectivement le 1 à 1 chaque semaine avec son équipe, 30 minutes bloqués dans la semaine,
12:21 où le salarié va pouvoir parler à son manager de tous les sujets pour renforcer le lien, pour créer le lien, pour créer la confiance. Mais ça peut être arrêter de faire déjà tout ce qu'on fait qui est contre-productif.
12:34 Par exemple, un salarié qui fait une présentation, le regarder dans les yeux. La plupart d'entre nous, on va avoir comme réflexe de, en même temps, traiter des mêles. Et on ne se rend pas compte à quel point ça...
12:45 C'est d'un irrespect absolu. Et à quel point ça impacte le sentiment d'appartenance. Donc, c'est toutes ces petites actions. Si déjà, on arrête de les faire au quotidien ou simplement quelque chose...
12:55 Les Anglais disent "common sense but not common practice", c'est simplement la courtoisie. Le nombre de personnes qui me disent "il ne me dit pas bonjour" ou...
13:04 Je trouve que c'est important de le mettre dans un livre parce que vous évoquez beaucoup de gestes de bon sens. Catherine Gaguen, "La bienveillance consiste à porter sur autrui un regard aimant, compréhensif, sans jugement et souhaiter qu'il se sente bien."
13:17 En fait, je veux dire, c'est incroyable que vous, spécialiste, soyons obligés d'écrire un livre pour le dire. On est parti tellement loin de ça. Comment vous l'expliquez, vous qui avez finalement un regard extrêmement précis sur ce sujet ?
13:30 Comment on a pu partir si loin d'une relation aussi simple entre êtres humains ?
13:34 Je pense que la pression du temps nous fait souvent oublier l'essentiel, sacrifier l'essentiel. Je pense que les nouvelles technologies nous font un peu parfois sacrifier l'humain.
13:45 Je crois au lien. Je crois que tous les problèmes en entreprise, même si les gens vont argumenter sur des chiffres, sur des délais, derrière il y a un problème de lien.
13:54 Il y a est-ce que je suis respectée ? Est-ce que je me sens... Ma dignité n'est pas heurtée ? Et effectivement, je pense que malheureusement, aujourd'hui, s'arrêter, prendre le temps, c'est presque un mot révolutionnaire et on l'oublie souvent.
14:09 Alors ça, c'est un sujet qu'on traite souvent dans notre émission. C'est la situation des aidants, de ceux qui peuvent avoir un proche malade.
14:15 Vous évoquez aussi cette question, ce petit chapitre en petit corps qui permet d'avoir un éclairage sur un expert de la médecine au management et vous évoquez évidemment l'importance des managers lorsqu'ils savent que l'un de ses collaborateurs a une femme ou un mari malade.
14:32 Évidemment, on ne peut pas bosser pareil. En fait, vous nous dites aux managers « soyez adaptables, soyez un peu souples ». C'est ça que vous leur dites ?
14:41 Oui, exactement. C'est s'adapter aux autres mais attention, c'est créer un espace où les gens vont se sentir suffisamment en confiance pour dire « là, j'ai besoin de mon vendredi soir mais je vais me défoncer la semaine prochaine ».
14:55 Et c'est vraiment comprendre l'autre, faire de la place à l'autre sans juger. L'idée, c'est qu'on peut avoir une opinion mais faire attention.
15:05 Quand on juge, la personne en face va se sentir souvent attaquée, va mettre son énergie à se défendre ou à se protéger. Et ce qu'on veut, c'est qu'ils cherchent des solutions aux problèmes qu'on a et auxquels il faut qu'on réponde.
15:16 C'est quand même à travers tous les exemples que vous citez, vous nous accompagnez aussi en nous aidant à reformuler. Je leur dis ça, c'est très intéressant. C'est un peu une révolution copernicienne que vous nous demandez de faire ?
15:29 Alors, je ne sais pas si c'est une révolution copernicienne mais en tout cas, c'est de se dire le changement commence par soi. Souvent, quand on stresse, on va vouloir contrôler les autres.
15:38 Et en fait, l'idée, c'est de contrôler ce qu'on dit, contrôler est-ce qu'on est dans un état de le dire ou est-ce qu'on a besoin de faire un petit temps de pause.
15:45 On sait que la vie d'un manager parisien, par exemple, c'est la vie d'un sportif de haut niveau. Donc, en fait, prendre des moments avant plutôt que d'enchaîner les réunions pour faire deux minutes de relaxation ou simplement deux minutes.
15:57 Ou savoir dire, on termine sur ce point, mais savoir dire, c'est une femme, je crois, qui répond à un homme très agressif, écoute, je crois qu'on n'est pas en état tous les deux, on est trop énervés.
16:06 Elle ne dit pas tu es énervé, nous sommes trop énervés, prenons un peu de temps plus tard et ça c'est intéressant.
16:11 Respect de soi, respect de l'autre.
16:12 Ça c'est très important. Lisez ce livre parce que c'est un livre important qui peut vous redonner des règles simples, de règles de vie et d'éthique aussi à l'égard de vous-même et à l'égard des autres.
16:23 C'est un vrai plaisir de vous accueillir Solène Roland-Richet, l'une des autrices de ce livre "100 règles d'or", du management positif et heureux, collection Larousse Poche.
16:33 Ce n'est pas un livre à la fois, c'est un livre théorique et un livre très pratique. C'est comme ça que vous l'avez construit en tout cas.
16:38 Merci à vous et bonne continuation.
16:41 On tourne une page et c'est le Cercle RH, évidemment, juste après la pause avec les experts de Smart Job.
16:46 Il y a énormément de sujets autour du travail. Le rapport travail, évidemment, qui préfigure France Travail et sa création remis par Thibault Guy.
16:54 Lui, on parlera des assises du travail avec ce travail mené par le Conseil national de la fondation et on parlera des Canadiens, les fonctionnaires.
17:01 155 000 fonctionnaires en grève, ils réclament du télétravail. Voilà le programme. Juste après la pause, j'accueille les experts.
17:08 [Générique]
17:20 Le Cercle des experts de Smart Job pour balayer l'actualité. Elle est riche avec une actualité autour du travail.
17:26 Le rapport remis par Thibault Guy pour préfigurer la création de France Travail, c'est-à-dire le remplacement de Pôle emploi.
17:33 C'est un vaste sujet. On y reviendra. Un rapport, le travail, les assises du travail dans le cadre du Conseil national de la fondation.
17:40 Là aussi, des préconisations. On voit qu'il y a quand même, au-delà du débat politique, une volonté de transformer le travail, en tout cas de l'accompagner.
17:47 On va en parler. On parlera aussi, ce n'est pas anecdotique, d'une grève massive, presque générale au Canada.
17:53 155 000 fonctionnaires dans la rue pour réclamer le télétravail et Justin Trudeau se trouve en situation délicate.
18:00 Et puis, si nous avons le temps, un mot sur le départ de Laurent Berger. Qu'est-ce que cela va changer aussi dans le dialogue social ?
18:06 Mes invités sont là. Pascal Joannin, ravi de vous accueillir. Directrice générale de la fondation Robert Schuman.
18:11 Et vous avez sous votre bras, ou en tout cas numériquement, le rapport Schuman sur l'Europe 2023 que vous avez présenté à Bruxelles récemment.
18:19 Exactement. Et qui est paru aux éditions Mary Bay. On aura une version anglaise autour du 9 mai.
18:24 Une version anglaise qui est un document important. Jean-Michel Garig est avec nous. Bonjour Jean-Michel.
18:28 Bonjour Arnaud. Directeur associé en charge des RH chez BLB Associés et des RH impactés, en tout cas en première ligne, sur ces questions de travail et de recrutement.
18:37 Jean-Claude Beaujour est avec nous. Bonjour Jean-Claude. Bonjour Arnaud.
18:40 Avocat international en droit des affaires spécialistes du modèle, j'irais des États-Unis et du modèle anglo-saxon.
18:45 Je vous ai vu sourire sur la grève des fonctionnaires au Canada. On va en parler. Pourquoi vous avez esquissé un sourire ?
18:51 Non, parce qu'effectivement, on voit bien que les problèmes qu'ont un certain nombre de fonctionnaires en France, on les retrouve aussi de l'autre côté de l'Atlantique.
18:59 On voit bien que la dimension coût de la vie touche nos grands pays occidentaux et qu'il faut apporter souvent des réponses rapides qui sont identiques ou pas.
19:13 Peu importe. Mais on voit bien que nous ne sommes pas les seuls à avoir ce type de problématiques.
19:18 On parle de l'Âle Atlantique. Négociation double, on y reviendra sur les salaires et sur le télétravail.
19:22 Revenons aux 99 propositions contenues dans le rapport de Thibault Guillouil, le haut commissaire, qui de toute évidence va prendre les rênes de cette grande institution France Travail.
19:31 99 propositions, quand on les lit, quand on les analyse, on voit qu'il y a quand même l'idée, Jean-Michel, Pascal et Jean-Claude, de faire tomber les murs.
19:39 C'est-à-dire qu'on avait des régions, on avait des départements, on avait des associations, on avait des missions locales, on avait Pôle emploi.
19:44 On avait, qui travaillaient souvent, pour ne pas dire l'un contre l'autre. Est-ce que l'esprit de ce rapport semble aller dans le bon sens, Jean-Michel ?
19:53 Alors, moi, personnellement, je pense que la création de France Travail est une bonne idée.
19:57 On va de plus en plus vers une centralisation des moyens, mais ça permet d'éviter les dysfonctionnements, les distorsions dans les traitements,
20:05 que ce soit au niveau national, au niveau régional, que ce soit au niveau de Pôle emploi, au niveau de structures connexes, etc.
20:12 Alors, attention, France Travail ne fera pas disparaître ces structures. Simplement, ce serait une autorité, si je puis dire, à la fois de coordination...
20:21 Une tour de contrôle.
20:22 Exactement, une tour de contrôle. Il faut aussi saluer le travail excellent qui est fait par des structures comme Pôle emploi, par exemple,
20:31 ou comme l'APEC ces dernières années, qui se sont beaucoup professionnalisées, qui ont fait vraiment des efforts très significatifs.
20:38 Je crois que c'est une démarche de bon sens et que la seule question qu'il faut se poser, c'est est-ce que les résultats seront ensuite à la mesure des ambitions ?
20:47 Oui, c'est direction plein emploi, parce que l'objectif de Thibault Guillouet et de ses équipes, c'est d'aller à 5-5.
20:51 Le chômage stagne, il ne baisse pas, et certains évoquent même l'idée qu'il remonte un tout petit peu.
20:55 Je pense qu'il y a deux sujets. Il y a effectivement l'objectif... Alors, moi, pareil, je salue ce travail et je pense que c'est une très bonne chose.
21:03 Centraliser, éviter les émiettements, simplifier, éviter, etc. Deux éléments sont importants.
21:11 Le premier, c'est que l'objectif, c'est de continuer à faire baisser le chômage, parce que c'est ça le nerf de la guerre,
21:17 et c'est cela qui fait que les Français se sentent plus ou moins bien ou mal quand on n'a pas d'emploi.
21:22 C'est tout un système qui vacille, en tout cas pour celui qui le vit.
21:26 Le deuxième point qui, pour moi, est important, c'est là où ça ne sera pas seulement un sujet pour France Travail,
21:33 mais l'ensemble des parties prenantes, on en avait déjà parlé ici, je crois qu'on doit réacculturer les Français au rapport au travail.
21:41 C'est-à-dire que quelle que soit l'administration, la structure que vous pouvez mettre en place,
21:46 il faut que le travail ne soit pas vu comme étant une contrainte insurmontable.
21:52 Vous parliez de dimension transatlantique. C'est vrai que dans certaines régions de la planète,
21:59 ne pas travailler, ce n'est pas simplement une question d'argent, c'est que les gens ne sont pas bien quand ils ne travaillent pas.
22:04 Donc c'est vrai que le rapport, c'est historique, c'est culturel, c'est là où nous avons ensemble un travail à faire.
22:10 Pascal Joannin, 99 propositions. J'en prends quelques-unes.
22:14 Il y a évidemment faciliter l'inscription à France Travail en permettant à chacun de s'inscrire sur un portail numérique.
22:19 On voit l'esprit du "Un jeune, une solution", l'idée de faciliter, de simplifier.
22:23 Et puis il y a lier la demande de RSA à l'inscription à France Travail.
22:26 Tout ça, ce sont des mots un peu diplomatiques, mais l'idée quand même qui ressort de tout cela,
22:31 c'est que même les allocataires de France Travail, Martin Hirsch, vous avez peut-être lu, conteste cette idée,
22:36 soient remis doucement mais sûrement sur le chemin de l'emploi, ce qui aujourd'hui, on le sait, n'est pas le cas.
22:42 Est-ce que ça va dans le sens de l'idée de Jean-Claude de remettre finalement les Français et mettre le travail au centre de leur vie ?
22:48 Oui, c'est un des objectifs parce que la réalisation de l'homme, de la société, c'est quand même que les êtres humains puissent en effet s'insérer.
23:00 Et si en effet ils sont au chômage, c'est pour eux une souffrance.
23:05 Donc tout ce qu'on peut faire pour rendre le travail sympathique, etc.
23:12 J'allais dire dans les propositions qui sont faites, il y en a certaines qui cassent les murs dans le sens où c'est l'organisation même du travail qui est remise un petit peu.
23:20 Avec "on ne va pas au travail forcément tous les jours", "la semaine est quelquefois peut-être raccourcie",
23:27 "on a des expériences de semaines de 4 jours qui ont été faites dans certains pays".
23:32 Donc c'est comment en effet on incite les gens à revenir, non seulement avec les qualifications, mais aussi avec "on se sent bien au travail"
23:40 et "on vient au travail non pas contraint et forcé, mais avec un peu une envie de travailler".
23:45 Je fais la passerelle parce que France Travaille, je ne sais pas si on va encore déboulonner les panneaux de Pôle emploi, ce qui n'est pas encore le moment,
23:52 mais on voit bien qu'il y a quand même l'idée de faire avancer et d'accélérer, mais il y a les assises du travail.
23:56 Terriblement, c'est un sujet qui est passé sous les écrans radars des médias, nous l'avons évoqué sur ce plateau,
24:02 remise d'un rapport qui s'inscrit dans le Conseil national de la Refondation dont là aussi les médias se sont peu emparés.
24:08 Et là on y voit l'idée de quoi ? Qui est un peu contradictoire.
24:12 On nous dit "le travail évolue, les français veulent la semaine les quatre jours", c'est évoqué dans ce rapport des assises.
24:18 Est-ce qu'on n'est pas comme ça un peu à un carrefour, pas de tension, mais de contradiction Jean-Michel ?
24:23 Alors il y a un autre but de contradiction, c'est que une des premières missions je pense de toutes ces nobles réflexions,
24:30 ce serait d'essayer de voir comment rendre compatible l'offre et la demande.
24:36 Nous avons des centaines de milieux d'emploi qui ne sont pas pourvus en France,
24:40 à tel point que l'on veut favoriser la régularisation en France de travailleurs sans papiers
24:46 et qui acceptent d'exercer ces emplois que beaucoup de demandeurs d'emploi français ne veulent pas assumer.
24:55 Donc ça c'est déjà un point très important, l'objectif de Plan l'Emploi va aussi passer par là.
24:59 Dans les préconisations qui sont faites, il y a des éléments qui sont purement factuels,
25:08 qui relèvent évidemment de la capacité des pouvoirs publics, par exemple la semaine de quatre jours,
25:14 favoriser un meilleur équilibre, une vie professionnelle...
25:16 Oui c'est l'esprit des assises.
25:18 Il y a aussi, il faut le reconnaître, des réflexions qui sont un peu des réflexions de pure philosophie,
25:26 par exemple transformer le management de contrôle en management de confiance.
25:34 Qu'on vient de traiter d'ailleurs juste cinq minutes avant, sur la bienveillance.
25:38 C'est évidemment une excellente idée.
25:41 Tout ça est sympathique.
25:42 Le seul souci c'est que ça ne dépend absolument pas des pouvoirs publics.
25:45 Juste Jean-Saul Gaugeot, vous étiez très positif et tous les trois vous l'êtes sur France Travaille,
25:49 moi-même je suis plus sceptique sur ce rapport qui est plus philosophique que concret.
25:54 Je rebondis, enfin je prolonge ce qui vient d'être dit,
25:58 parce qu'effectivement ça ne dépendra pas que des institutions.
26:01 Par exemple, on a eu l'occasion de dire la souffrance, le rapport au travail.
26:05 Aujourd'hui nos entreprises sont restructurées, il n'y a pas qu'en France, en permanence,
26:10 tous les deux, trois ans on vous dit dans un service on restructure.
26:12 Ce qui crée de l'instabilité pour le salarié X à qui on dit aujourd'hui tu feras telle tâche,
26:18 et puis deux ans après on lui dit on va te changer.
26:21 Tout cela, ce sont des éléments qui rendent inconfortable le rapport au travail.
26:26 Donc là encore, là aussi, il faudra non seulement, me semble-t-il,
26:30 la réforme qui est menée par le président de la République,
26:35 mais aussi derrière, et j'ai parlé de parties prenantes,
26:38 les entreprises, petites ou grandes, doivent se mettre ensemble
26:41 et imaginer ce qu'elles peuvent désormais proposer pour que le management de l'entreprise
26:47 soit aussi adapté, soit compris et accepté.
26:51 Mais Pascal Joannin, juste, vous avez un regard quand même sur l'Europe.
26:54 Est-ce que les Allemands par exemple sont confrontés, on va parler du Canada,
26:57 à des problématiques similaires sur, j'allais dire, paradoxalement,
27:01 une remise en question du travail, du rapport au travail.
27:04 Est-ce qu'en Allemagne il y a les mêmes problématiques ?
27:08 On se dit mais on va au travail, je vais au travail, est-ce que les loisirs sont plus importants ?
27:12 Est-ce que ma famille compte plus ? Est-ce que ces sujets-là aussi traversent les Allemands ?
27:16 Alors les Allemands sont, je vais dire, ce n'est pas forcément le bon exemple.
27:20 Mais oui, c'est pour ça que je cite Allemagne.
27:22 Parce qu'en Allemagne on aime aller au travail, on travaille, la productivité est bonne,
27:27 on a même créé des mini-jobs, comme ils appellent ça en Allemagne,
27:33 pour des étudiants, pour des gens qui ont des formations, etc., pour commencer l'entreprise, etc.
27:40 Il y a plein de choses qui font qu'en Allemagne on adore aller au travail et donc il n'y a pas ça.
27:44 Par contre, dans d'autres pays européens, on a déjà, comme en France, l'Espagne, la Belgique,
27:51 pour prendre plus proche au corps de chez nous, sur cette semaine de 4 jours,
27:54 même les Anglais, même les Britanniques qui ont quitté l'Union Européenne, qui sont en Europe quand même.
27:59 Donc on a en effet, mais c'est de l'expérimentation, c'est-à-dire, est-ce que cette semaine de 4 jours,
28:04 c'est l'alpha et l'oméga de l'emploi formidable ?
28:09 Est-ce que c'est valable pour toutes les activités ? Parce qu'il y a des activités quand même qui nécessitent des travaux,
28:15 quand on est dans un endroit où le four doit être maintenu toute la journée, toute la nuit, etc.
28:20 Donc il y a des choses. Il y en a pour qui c'est bénéfique, il y en a pour qui c'est moins bénéfique.
28:25 Cet équilibre travail et vie personnelle, c'est en Europe une des seules priorités,
28:30 puisqu'il n'y a pas beaucoup de compétences en matière sociale, mais vraiment une des choses sur lesquelles l'Europe travaille,
28:34 c'est en effet l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie autre que professionnelle.
28:38 Donc il y a une lame de fond, une dynamique européenne sur ce sujet.
28:41 Juste une précision, je pense qu'il y a une dynamique européenne parce qu'il y a une dynamique de la jeunesse,
28:45 de plus en plus, quand je dis de la jeunesse, c'est la jeunesse élargie,
28:48 de plus en plus de gens s'interrogent sur le sens qu'ils veulent donner à leur vie.
28:52 Donc évidemment, la question du travail vient soit en éléments de géométrie variable ou pas, en petit,
28:59 et la jeunesse, qu'elle soit française, qu'elle soit américaine, qu'elle soit là où elle est,
29:05 même s'il peut y avoir un rapport au travail socialement différent,
29:09 mais cette jeunesse, elle s'interroge beaucoup sur le sens du travail de la vie qu'elle souhaite avoir.
29:15 Donc vous voyez bien, enfin ce n'est pas pour contredire ce que vous disiez au début de l'émission,
29:18 il faut remettre le travail au centre, mais on a une partie de cette génération Z,
29:22 d'une partie de notre population qui dit aujourd'hui "oui, mais pas comme mes parents".
29:26 Oui bien sûr.
29:27 Pas dans un temps de 35 heures, tu le met le samedi au 39.
29:30 Arnaud, ce n'est pas contradictoire.
29:32 Je pense qu'on était d'accord sur le fait qu'il y a le rapport,
29:36 et il va y avoir toutes les parties prenantes, il va y avoir un vrai travail pour que la mayonnaise prenne.
29:41 Parce qu'en fait, c'est vraiment ce rapport au travail que nous avons nous en France qui doit évoluer,
29:46 et donc ça va vouloir dire que les uns et les autres, on va se...
29:48 Un mot et le Canada. On part au Canada.
29:50 Je remonte un instant sur vous, mais ce qui est quand même absolument extraordinaire,
29:53 c'est que toute cette réconciliation insiste sur la nécessité à tous les étages, à tous les niveaux,
29:59 d'avoir un dialogue permanent.
30:01 C'est vrai, ça c'est les assises.
30:03 Avec ce qu'on vient de vivre sur la réforme des retraites, c'est quand même assez surréaliste,
30:08 et je pense que vous avez remarqué aussi, dans les perles de ces recommandations,
30:13 on préconise absolument un dialogue social de proximité.
30:18 Absolument.
30:19 Dialogue social de proximité qu'on a enlevé en créant les CSE il y a quelques années,
30:24 qui ont supprimé les délégués du personnel qui, par définition, étaient les interlocuteurs sociaux de proximité,
30:30 comme quoi l'histoire est toujours en perpétuel recommencement.
30:34 C'est vrai, ça c'est dans l'axe gagner la bataille, renouveler la démocratie au travail,
30:37 en généralisant le dialogue professionnel sur la qualité et l'organisation du travail.
30:41 C'est un des éléments. On voit qu'il y a quelques messages fémininaux qui ont été passés
30:44 pour peut-être recoller les morceaux avec les partenaires sociaux.
30:47 Rapport de Sophie Thiry et de Dominique Sénard, qui est quand même une personnalité importante.
30:54 Le Canada, un mot chacun, vous en pensez quoi ?
30:56 155 000 fonctionnaires, ça bloque sur les salaires, ils demandent 13,5% d'augmentation,
31:01 qui est un rattrapage, et ils réclament et manifestent.
31:04 Depuis 91, je l'ai regardé, il n'y avait pas eu de mouvement sociaux aussi important au Canada.
31:08 Ils sont dans les rues, ils disent on veut du télétravail, on veut travailler chez nous lorsqu'on est sur des call centers.
31:13 Est-ce que là aussi, il y a une poussée autour de cette question de "je revendique mon droit,
31:20 une forme de liberté et de gestion de mon temps".
31:22 On a, avec le Covid, on a été obligé, pour ceux qui le pouvaient, de télétravailler,
31:29 sinon on a mis du chômage technique.
31:32 Donc on a pris un pli.
31:34 Maintenant, le télétravail c'est bien, mais dans l'entreprise, il y a quand même besoin d'avoir une certaine esprit d'équipe.
31:41 Trudeau est très embêté quand même.
31:44 Le tout télétravail, ce n'est pas forcément la panacée.
31:47 On l'a testé pendant quelques années, il y a des gens qui sont revenus,
31:50 et quand on est chef d'entreprise, on a besoin de temps en temps de voir les gens, d'avoir un esprit d'équipe.
31:54 Si on doit faire des choses en call, ce n'est pas la même chose que quand on se voit en face à face,
31:58 quand on a besoin de faire des processus créatifs, des changements.
32:01 Donc c'est bien, mais est-ce que le télétravail c'est l'alpha et l'oméga aussi, comme la semaine des 4 jours ?
32:07 C'est pas exactement...
32:08 Un mot. Le ministère leur demande de revenir...
32:11 C'est pas d'installer le télétravail, c'est en fait plutôt d'installer une mesure
32:17 qui va obliger les fonctionnaires à être entre 40 et 60% de leur temps de travail au bureau.
32:23 C'est ça qui ne passe pas.
32:24 De passer d'un télétravail permanent à un télétravail partiel, et c'est ça qu'ils n'acceptent pas.
32:29 Exactement. Vous en pensez quoi ? Parce que c'est le modèle anglo-saxon, on se dit au Canada,
32:32 "Tiens c'est étrange, les fonctionnaires manifestent", alors c'est les fonctionnaires fédéraux, il faut préciser.
32:36 Absolument. Alors juste deux choses, pour ce qui est de l'inflation,
32:40 ils ont eu une inflation à peu près de 8% l'an dernier,
32:44 et donc ils demandent une augmentation de l'ordre de 13-14%,
32:49 là où il leur est proposé 9%.
32:52 Donc ça c'est juste sur la question de l'inflation, comme quoi elle touche aussi les Canadiens.
32:57 Sur le fait, pourquoi est-ce que ça a du mal à passer, c'est que, effectivement,
33:02 après l'histoire de la Covid, les gens ont pris un certain nombre d'habitudes,
33:06 et se disent "Bah finalement on pourrait faire du... on ne veut pas être contraints".
33:11 Là où le gouvernement fédéral dit "Nous devons pouvoir fonctionner à minima,
33:17 et conserver malgré tout un minimum de...
33:21 C'est argument contre argument, parce que le patron de l'AFPC,
33:24 qui est le vice-président d'exécutif qui est le plus gros syndicat au Québec,
33:28 Yvon Barrière, qui dit "Mais attendez, pour un employé qui répond toute la journée au téléphone,
33:32 expliquez-moi s'il a besoin de rester dans l'administration que chez lui, enfin excusez-moi".
33:38 - Pour lui, oui, mais pour celui qui accueille des gens au guichet, ou dans un bureau,
33:44 et on retrouve au Canada la même chose que chez nous,
33:47 c'est l'opposition entre ceux qui ont la capacité de faire du télétravail,
33:51 et ceux qui n'en ont pas la capacité.
33:53 - Et puis il y a une deuxième chose, juste une deuxième chose,
33:55 c'est qu'au fond, toute la difficulté, et là c'est l'avocat qui parle,
33:58 toute la difficulté c'est d'installer une règle,
34:01 parce qu'on a besoin d'un cadre normatif,
34:05 et en même temps de tenir compte de situations extrêmement différentes,
34:09 c'est une chose de devoir remplir ou de répondre au téléphone à des gens qui vous appellent pour demander des renseignements,
34:15 c'est autre chose que de devoir travailler sur du matériel,
34:18 en sachant que parfois il faut maintenir un peu de confidentialité,
34:21 on voit comment en informatique tout ça n'est pas facile, il faut avoir de l'espace, etc.
34:25 Donc on voit bien que tout ça n'est pas facile, la difficulté c'est de mettre une règle qui soit acceptable pour tous,
34:31 et je m'arrête ici en vous disant, on voit bien qu'à un moment donné,
34:35 finalement l'individu, et ça va aussi au Canada, c'est pour ça que je souriais,
34:41 c'est qu'au fond, le travail, oui, même lorsqu'on est habitué à travailler,
34:46 mais on veut travailler en donnant un sens à sa vie, on veut travailler en étant...
34:51 Voilà, parce qu'au Canada par exemple, vous pouvez faire des dizaines de kilomètres pour aller au travail,
34:56 mais en hiver il fait extrêmement froid, etc. C'est une perte de temps.
35:01 Donc on voit bien qu'il y a ce besoin de dire quel sens je donne à ma vie.
35:04 Il nous reste trop peu de temps, mais je constate quand même qu'on est toujours centré sur nos conflits sociaux en France,
35:08 et que c'est toujours intéressant d'ouvrir un peu, de faire tourner la map monde,
35:11 et de découvrir que dans d'autres pays où on pense que le modèle est idéal...
35:14 Regardez aux Grandes-Sioux, ils ont quand même fait des grèves qu'ils n'avaient jamais vues.
35:19 Bien sûr, et ces thématiques de nouveaux modes de travail sont en fait des thématiques,
35:24 c'est la première fois sans doute dans l'histoire du droit du travail,
35:27 ou du droit social, ou des relations sociales dans le monde, le problème se pose partout.
35:31 Ça a été le cas pour le confinement, pour la somme du confinement, l'insolument numérique.
35:35 Mais évidemment, vous avez deux explications à cela.
35:38 Contrairement à ce qu'on pense, nos entreprises, nos sens général, sont devenues de plus en plus internationales.
35:44 Qu'on soit une multinationale, ou qu'on soit une SRL qui travaille avec l'international,
35:48 elles sont internationales, première chose.
35:51 Donc les gens prennent l'habitude de travailler, le salarié n'est plus le salarié français qui vit à Charleville-Mézières,
35:57 c'est le salarié de l'entreprise qui est à Singapour, qui est aux Etats-Unis, etc.
36:00 Première chose.
36:01 La deuxième chose, c'est que sur le plan numérique, ça a révolutionné la façon de travailler,
36:06 et puis les gens savent en temps réel comment on travaille à tous les planètes.
36:12 Et puis il y a tous ces jeunes, tous ces gens qui disent "on veut donner un autre sens à la vie".
36:17 C'est fini. Merci Jean-Claude Beaujour qui était très en forme aujourd'hui, avocat international.
36:22 Et je débarque d'Outre-Atlantique, je suis arrivé ce matin à 6h.
36:25 En plein décalage horaire. Quelle énergie.
36:28 Merci Jean-Michel Garrigue, BLB associé, et évidemment connecté au DRH, Jean-Claude avocat international.
36:34 Et merci à Pascale Johannin, directrice de la Fondation Robert Schuman,
36:39 avec ce rapport annuel 2023 que vous avez maintenant, parce qu'on l'a beaucoup teasé ce rapport, maintenant on l'a.
36:45 Il y a des données, enfin de rapports sur toutes les données sociales pour ceux qui s'intéressent,
36:50 avec des comparatifs dans les 27 Etats et avec les grandes affaires internationales,
36:54 enfin les grands continents et les grands Etats qui sont comparatifs.
36:58 Je me fais tirer les oreilles par Nicolas Juchat, il a bien raison.
37:01 On tourne une page direction fenêtre sur l'emploi le plus vite possible, évidemment.
37:06 [Générique]
37:18 Fenêtre sur l'emploi, parlons de télétravail.
37:21 On en a parlé au Canada et on en parle beaucoup sur ce plateau, on en parle avec Élodie Gourmelet.
37:26 Bonjour Élodie. - Bonjour.
37:27 - Ravie de vous accueillir.
37:28 Alors, je ne vais pas mettre le titre anglais parce que vous êtes une entreprise internationale,
37:31 vous êtes la DRH du groupe ADP, Automatic Data Processing, c'est les bulletins de paie, on est d'accord ?
37:40 - ADP c'est le leader de la gestion du capital humain.
37:43 C'est 60 000 personnes dans le monde, présents dans 140 pays et en France c'est 2100 collaborateurs
37:51 et tous les mois on édite 3 millions de bulletins de paie.
37:54 - Alors ce que je trouve assez magique dans le processus et c'est la raison pour laquelle vous êtes avec nous,
37:58 aujourd'hui ce n'est plus le cas, mais pendant 18 mois, une entreprise de votre taille a été en 100% télétravail.
38:04 - Exactement.
38:05 - Donc ça représente quoi pour vous la DRH ? C'était un défi, c'était un défi technologique,
38:10 c'était presque une peur de ce qui pouvait arriver ? Racontez-moi.
38:14 - En fait, j'ai envie de vous dire, on était préparés. On était préparés pourquoi ?
38:18 Parce qu'aujourd'hui ADP, c'est une entreprise de service qui sert un certain nombre de clients,
38:23 un million de clients dans le monde et donc en France on édite 3 millions de bulletins de paie chaque mois.
38:29 Dans cette pandémie, on avait deux enjeux. Un, préserver la santé et la sécurité de nos collaborateurs.
38:36 - Ça nous semble loin déjà.
38:37 - Oui, c'est vrai. Et en fait on était préparés parce qu'avant la pandémie, chaque année, pour chacun de nos sites,
38:45 on simulait le télétravail pour tout le monde pour vérifier la fiabilité de nos infrastructures.
38:52 - La salle à l'art d'incendie quoi. On fait sortir tout le monde du bureau pour voir si ça marche. Et ça marchait.
38:56 - Et ça marchait.
38:57 - Donc finalement, quand le choc Covid, cette vague, nous a submergé, vous vous êtes dit,
39:01 nous on s'est bien préparés, un peu comme des sportifs qui se seraient entraînés pour la compète, c'est ça ?
39:06 - C'est vrai, c'est exactement ça. Donc quand il y a eu l'annonce le samedi soir, le dimanche on a fait un comité de direction flash
39:13 et le lundi à midi, enfin le matin, on a annoncé à nos collaborateurs qu'à midi, ils devaient quitter les lieux
39:20 et se situer en télétravail total. Alors c'est vrai qu'on est aussi une entreprise où nos postes sont possibles en télétravail.
39:27 - Bien sûr.
39:28 - Bien sûr, il y a plein d'entreprises qui n'ont pas été confrontées au...
39:32 - Une verrerie ou une industrie lourde peut difficilement, évidemment, embarquer dans son domicile.
39:36 Mais néanmoins, il y avait une préparation mentale des collaborateurs qui savaient que c'était possible.
39:41 Et vous aviez-vous technologiquement, j'en suis sûr, la possibilité que ces collab puissent, de chez eux, continuer à produire ?
39:48 Parce que le bulletin de paix, c'est quand même le cœur du réacteur pour une entreprise.
39:52 Quand il n'y a plus de bulletin de paix, c'est la grève.
39:54 Donc comment vous avez réussi technologiquement, là en l'occurrence, à maintenir la qualité de service ?
39:59 - Alors déjà, tous nos collaborateurs ont un socle, j'allais dire, de travail.
40:05 Chacun a un ordinateur portable. Donc on était en capacité de travailler depuis chez nous.
40:10 Et puis nos équipes informatiques ont travaillé durement pour faire en sorte que les infrastructures et les réseaux supportent l'envoi de données.
40:19 Parce qu'une paie juste chaque mois, c'est à un instant T. Et puis ce n'est pas deux jours après.
40:25 - Quand on attend le 5, c'est le 5. - Voilà, c'est ça.
40:28 - En général, quand ça arrive le 8, ça énerve un peu les salariés.
40:30 Vous n'êtes plus en situation de télétravail. Alors rappelons que vous aviez signé un accord en 2011.
40:35 - Oui. - J'allais dire presque. Bien avant tout le monde, pour évoquer ce que...
40:38 Mais on en est où aujourd'hui ? Parce que les collaborateurs qui ont été en télétravail forcés, encadrés mais forcés,
40:44 est-ce qu'ils revendiquent aujourd'hui, comme un peu partout au Canada en ce moment, du télétravail plus important ?
40:50 Non ? Ils ont accepté l'hybridation ?
40:52 - En fait, oui. On est revenus sur site et l'entreprise Dans le Monde a mis en place un mode hybride, un modèle hybride,
41:01 3 jours sur site, 2 jours de télétravail. C'est vrai, comme vous l'avez dit, la période de pandémie, c'était du télétravail sous contrainte,
41:10 c'était du télétravail forcé. Tout le monde était dans ces conditions-là et nous, on a pu s'en sortir parce qu'on était préparés.
41:16 Aujourd'hui, l'entreprise, ça reste un collectif et chez ADT... - On revient toujours à un sujet.
41:22 - Notre force, c'est le collectif. - Juste cette infographie, rapidement, peut-être, si on peut la voir.
41:26 Quand même, les jeunes vous mettent une sacrée pression parce que 53% des 18-24 ans prêts à démissionner de leur poste
41:32 s'ils n'ont pas la possibilité de télétravail. Ça vous challenge directement. Vous savez à quoi vous en tenir.
41:38 - Mais ils ont la possibilité de télétravailler chez nous puisque c'est jusqu'à 2 jours. - Ah oui, vous êtes précurseur.
41:44 - Donc c'est possible et je pense que les jeunes, ils attendent aussi d'autres choses des entreprises comme notamment prendre en compte
41:53 la diversité et l'inclusion. C'est des thèmes qui font vraiment partie de notre ADN chez ADP et on le voit dans les enquêtes aujourd'hui.
42:02 L'ensemble des collaborateurs est attaché à ces valeurs. - Oui, et puis il y a cette idée quand même que l'entreprise, il faut y être aussi physiquement
42:10 même si on a plaisir à être à distance pour travailler au calme et pour pouvoir se concentrer sur les paix.
42:16 Dieu sait si la paix est importante et que ce petit papier est important. - A de la valeur. - A de la valeur et puisqu'il faut les conserver, on est d'accord.
42:24 Il faut les conserver très longtemps. Merci Ludi Gourmelet d'être venue nous expliquer le caractère avant-gardiste de votre entreprise.
42:31 ADP, 60 000 collaborateurs dans le monde entier et vous êtes la DRH France, directrice des ressources humaines d'ADP.
42:38 - Merci à vous. - Merci de nous avoir rendu visite. C'est un vrai plaisir. - Merci beaucoup.
42:41 La présentation est terminée. Je remercie évidemment toute l'équipe qui m'a accompagné à l'hospital via la réalisation Saïd au son.
42:47 Je remercie l'équipe de programmation bien entendu Nicolas Juchat, je remercie Alexis, merci à vous, merci de votre fidélité et merci pour tous vos messages sur les réseaux sociaux.
42:55 Je vous dis à très très très bientôt. Bye bye.
42:57 [Musique]