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Témoignage de la République du Cameroun
Témoignage de la République du Cameroun
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00:00 (Générique)
00:04 Alors j'accueille maintenant monsieur le ministre Achille Basilekine III,
00:09 ministre des petites et moyennes entreprises de l'économie sociale et de la artisanat de la République du Cameroun.
00:16 Bonjour monsieur le ministre.
00:18 Bonjour.
00:19 Alors monsieur le ministre, vous êtes diplomate de carrière,
00:24 vous avez travaillé pour le ministère des Relations extérieures,
00:28 vous êtes un fin connaisseur des questions de commerce international
00:32 parce que vous avez été secrétaire général du groupe ACP auprès de l'OMC,
00:41 donc c'est des questions qui vous tiennent à cœur.
00:44 Alors on a parlé dans la séquence précédente de la nécessité de produire plus localement.
00:53 Les effets de la guerre en Ukraine, la crise sanitaire
00:56 ont été une prise de conscience pour un certain nombre d'États,
01:00 cette nécessité de réindustrialiser, d'accélérer le développement économique.
01:06 Alors avant de commencer de vous interroger un peu sur le rôle des PME,
01:09 je voulais savoir comment se porte le Cameroun aujourd'hui
01:13 et comment avez-vous fait face à ces différents défis ?
01:17 Alors ce qui a de positif pour notre pays face à cette crise,
01:21 c'est d'abord cette résilience dont nous avons fait montre.
01:26 Le gouvernement a mis sur pied dès juin 2020
01:32 un plan de résilience économique et sociale
01:35 qui a permis spontanément de maintenir non seulement la stabilité de notre croissance,
01:42 mais également de mettre sur pied des dispositifs de filets sociaux
01:46 qui naturellement ont permis de limiter les effets de la COVID.
01:53 Et en ce qui concerne la crise du sceau ukrainien, évidemment,
01:59 nous avons fait un virage radical dans la promotion de l'impôt de substitution.
02:04 Le gouvernement a appuyé de nombreuses petites et moindres entreprises
02:09 et petites et moindres industries avec des subventions assez importantes
02:14 et je pense que cela a permis non seulement de renforcer la production locale,
02:18 mais également de soutenir l'offre.
02:22 Et dans ce contexte, je peux dire qu'on a résisté également par rapport à l'inflation
02:27 qui s'est située en dessous de 3%
02:30 et aujourd'hui l'économie cammonnaise, il faut dire, elle se porte mieux.
02:35 Que représentent ces PME dans l'économie nationale
02:40 et quelles places ont-elles dans la politique gouvernementale
02:43 qui vise aussi à substituer une partie des importations par beaucoup plus de production locale ?
02:49 Alors il faut dire que les PME au Cameroun, c'est 340 000 unités.
02:52 340 000 ?
02:54 340 000 unités et le processus de formalisation se poursuit, il se densifie.
03:00 C'est également une contribution de 38% à notre PIB, sur 70% des emplois décents.
03:07 Et je pense qu'à la lumière du processus de diversification
03:11 et de montée en puissance des PME industriels,
03:14 nous avons là l'opportunité non seulement de renforcer l'offre
03:19 sur le plan de la production agroalimentaire,
03:23 justement pour substituer les importations de produits similaires,
03:28 mais davantage aussi de pouvoir récolter des ressources dans des secteurs prometteurs.
03:34 Et en cela, aujourd'hui, il y a des investissements massifs
03:38 qui sont le fait du secteur privé, un secteur privé au Cameroun qui est assez dynamique.
03:44 Et donc je pense qu'en la matière, à la lumière de ce que aujourd'hui
03:50 notre écosystème entrepreneurial offre comme solution endogène,
03:54 il est possible effectivement de pouvoir consolider une croissance.
03:59 Et je dois le dire, la croissance au Cameroun ces 20 dernières années,
04:03 elle a tourné autour de 4 à 5%,
04:06 et c'est ce qui permet aujourd'hui d'envisager l'avenir de façon radieuse.
04:11 Vous êtes devant un parterre de responsables de société, d'investisseurs potentiels.
04:17 Quels sont les secteurs que vous voudriez privilégier, promouvoir ?
04:24 Où est-ce que vous attendez des investissements ?
04:26 On sait qu'historiquement, le Cameroun est une terre agricole.
04:30 Il y a du café, du coton, il y a une production fruitière qui est très importante.
04:37 C'est aussi un débouché quand on investit au Cameroun sur une partie de la sous-région, sur l'Interland.
04:43 Il y a aussi de l'oil et de gaz, il y a des services.
04:46 C'est l'une des principales économies d'Afrique centrale.
04:49 Alors il faut dire, pour confirmer ce que vous dites,
04:52 que le Cameroun c'est déjà la première économie d'Afrique centrale
04:56 pour ce qui concerne la zone Sémac.
04:59 Les secteurs prioritaires autour desquels la stratégie nationale développement 2020-2030 met l'accent,
05:06 c'est d'abord la production agroalimentaire.
05:11 On a vu et sémé de nombreuses PMI dans ce secteur.
05:17 Il y a également le secteur de la logistique et du transport.
05:21 Nous invitons également les investisseurs...
05:23 Le port ?
05:24 Oui, le port, mais surtout le port en eau profonde de Cribis,
05:28 qui a un tirant de 18 mètres et qui permet de faire accoster
05:33 de grands, plus grands containers, et qui donc desservent l'Interland.
05:38 C'est-à-dire que des pays comme la Centrafrique, le Tchad,
05:41 et bien d'autres pays à l'intérieur de la sous-région,
05:45 effectivement, dépendent de ces ports.
05:48 Mais de façon générale, pour revenir sur les secteurs,
05:52 comme je l'ai indiqué, où aujourd'hui on a de véritables retours
05:55 sur investissement assez poussés, il y a donc, comme je l'ai indiqué,
06:00 l'agroalimentaire, il y a le secteur de la logistique,
06:03 il y a même l'habitat, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
06:06 avec les besoins en urbanisation, en logement,
06:10 il y a possibilité, effectivement, d'avoir un retour
06:13 sur investissement assez fort dans ces domaines-là.
06:16 Je reviendrai sur la logistique aussi, et enfin,
06:21 tout ce qui concerne le conditionnement.
06:24 Ça, c'est pour permettre justement que la production
06:27 de qualité qui se fait, qui aujourd'hui permet, en fait,
06:31 d'être exportée sur les pays voisins, et même au-delà,
06:35 dans le cas de la zone de l'échange continentale africaine,
06:37 et bien qu'elle puisse, effectivement,
06:40 reprendre à des normes de qualité et d'emballage
06:43 qui sont acceptées par les consommateurs.
06:45 Le secteur des énergies renouvelables est-il aussi un secteur porteur ?
06:49 Non seulement le secteur des énergies renouvelables
06:51 est un secteur porteur, on a,
06:53 on a vu se développer de nombreuses solutions proposées
06:57 par des start-up, mais également, je note que,
07:03 à la lumière de la diversification aujourd'hui
07:05 de la production énergétique, et bien,
07:08 il est tout à fait évident que, par rapport à la demande
07:12 dans ce domaine, que finalement, ce secteur-là
07:15 soit aussi, effectivement, rentable.
07:18 Alors, il y a une présence française historique
07:20 au niveau des entreprises, des filiales de grands groupes,
07:24 de PME aussi. Y a-t-il toujours autant d'opportunités
07:29 de co-entreprise avec les Européens,
07:32 pas que les Français d'ailleurs ?
07:33 Alors, je voudrais dire que le président de la République française,
07:37 au lendemain de sa réélection, a entrepris au Cameroun,
07:41 les 25 et 26 juillet dernier, une visite officielle,
07:44 et dans le cas de cette visite officielle,
07:47 il a retenu précisément, avec son homologue,
07:51 le président de la République, son Excellence, Paul Billard,
07:53 un certain nombre de domaines prioritaires
07:55 autour desquels, aujourd'hui, on peut, effectivement,
07:59 développer des opportunités, non seulement de co-entreprise,
08:02 mais également, faire des entreprises camerounaises,
08:05 des partenaires dans le cadre de la sous-traitance
08:08 et parfois même de la co-traitance.
08:09 Et donc, ces secteurs ont été identifiés.
08:14 Nous avons un groupe de travail interministériel,
08:17 en ce qui concerne le gouvernement,
08:19 qui, aujourd'hui, est à l'oeuvre dans la soumission de ces projets,
08:23 et nous appelons, effectivement, les investisseurs français
08:27 à venir tirer parti de ces opportunités.
08:32 En somme, je peux dire aujourd'hui,
08:34 à la lumière de ce que j'ai pu recevoir
08:36 comme mission d'investisseur français,
08:40 venant de différentes régions,
08:42 que ce soit la région Rhône-Alpes,
08:44 de la région d'Aix-Marseille,
08:46 de la région du Val-de-Loire
08:48 et de nombreuses autres régions,
08:49 qui se succèdent, en fait, au moins tous les 3 mois au Cameroun,
08:53 qu'il y a un véritable frémissement
08:56 en matière de développement de la co-entreprise.
08:59 Avec beaucoup de PME françaises.
09:01 Avec de nombreuses PME françaises,
09:03 et dont certains secteurs, aujourd'hui, prioritaires,
09:06 ce sont, par exemple, des constructions métalliques, voyez-vous,
09:11 mais également tout ce qui participe,
09:14 comme je l'ai dit, du développement dans le secteur agroalimentaire.
09:18 Donc on est directement dans une logique de partenariat privé-privé,
09:24 mais il y a aussi les PPP,
09:26 les partenariats public-privé, qui sont mis en œuvre.
09:28 Comment avez-vous fait évoluer le cadre juridique et institutionnel ?
09:33 Alors, il faut dire qu'à la lumière de ce qu'il y a comme potentiel
09:37 dans le développement de certains secteurs,
09:41 particulièrement en ce qui concerne la réalisation des infrastructures,
09:45 aujourd'hui, nous avons non seulement mis sur pied
09:48 une institution qui s'appelle le CARPA,
09:50 et qui, au quotidien, veille à la mise en œuvre harmonieuse,
09:55 d'abord à la formulation des projets en PPP,
09:59 mais également à la recherche des financements et des tours de table.
10:02 Et en la matière, il y a un exemple,
10:05 je pourrais dire, le plus abouti en matière de PPP,
10:08 c'est la construction du barrage de Nachtigal.
10:10 Nachtigal, ça a été un tour de table de 1 200 millions d'euros,
10:14 3 000 employés,
10:18 mais également, au bout du compte,
10:20 420 mégawatts de production énergétique,
10:24 et qui offre donc de formidables opportunités
10:26 pour le développement, non seulement en matière industrielle,
10:31 mais aussi pour fournir suffisamment d'énergie
10:34 pour que nos entreprises soient autosuffisantes.
10:37 Alors, le Cameroun est un pays ouvert sur l'extérieur,
10:42 sur le libre-échange.
10:44 Est-ce que vous pouvez nous redonner un peu ces atouts ?
10:47 Vous vous inscrivez dans cette nouvelle zone de libre-échange continentale,
10:51 il y a aussi les accords d'intégration au niveau régional,
10:55 il y a aussi un accord avec l'Union européenne,
10:57 vous connaissez bien, notamment pour les fruits et légumes.
11:00 Alors, il faut dire qu'en deux mots,
11:06 il y a de nombreuses raisons d'investir au Cameroun,
11:09 et qui font qu'à partir du Cameroun,
11:11 tout investisseur se retrouve avec la possibilité,
11:14 à la lumière des accords de libre-échange qui ont été négociés par notre gouvernement,
11:17 un accès sur le marché communautaire européen,
11:19 dans le cas des accords de partenariat économique.
11:21 Le Cameroun a été le premier pays en Afrique centrale
11:24 à signer cet accord de partenariat économique
11:26 au terme des négociations qui ont été serrées avec l'Union européenne.
11:30 Il y a également l'adhésion à la zone de libre-échange continentale africaine.
11:33 C'était l'un des sept premiers pays à avoir ratifié,
11:37 et aujourd'hui nous mettons en oeuvre notre zone de libre-échange,
11:40 en fait notre protocole dans lequel la zone de libre-échange continentale africaine
11:44 et naturellement des accords commerciaux avec des pays comme le Nigeria,
11:49 avec lequel nous partageons une frontière de 1400 kilomètres.
11:52 250 millions d'habitants, un marché...
11:56 Énorme, et donc tout investisseur qui arrive au Cameroun
12:00 va non seulement juire de la stabilité politique,
12:06 des incitations qui sont offertes dans le cadre de la loi relative
12:10 aux incitations à l'investissement privé au Cameroun,
12:13 tout ce qu'il y a comme exonération, avantages fiscaux,
12:17 mais également d'une main d'oeuvre de qualité, d'une main d'oeuvre formée.
12:22 Avec une jeunesse qui est portée aujourd'hui sur non seulement les transformations du monde,
12:28 moi quand il m'arrive de faire des tours dans un certain nombre d'instituts universitaires
12:32 où de nombreux incubateurs d'entreprises ont été développés avec le soutien de l'État,
12:37 on voit cette créativité aujourd'hui qui véritablement préfigure ce que le Cameroun sera demain.
12:44 Alors, Monsieur le Ministre, vous avez déjà abordé, c'est ma dernière question,
12:48 le Cameroun est aussi connu, c'est une terre d'université,
12:51 c'est une terre de formation au niveau régional,
12:54 mais est-ce que cette formation s'adapte-t-elle aujourd'hui aux besoins de l'entreprise,
13:00 de l'entreprise privée ? On a besoin de main d'oeuvre qualifiée, comme vous l'avez dit,
13:03 mais aussi de cadres bien formés, compétents ?
13:06 Alors, je dois dire qu'aujourd'hui nous sommes parvenus à la remarque selon laquelle
13:11 pendant des années, on a formé des gens dont nécessairement les entreprises
13:17 peut-être n'en voulaient pas toujours et qu'aujourd'hui nous devons en fait plutôt
13:21 réorienter les contenus de formation vers les besoins en fait de l'entreprise et du secteur privé.
13:27 Donc c'est une évolution qui est en train de se mettre en place avec le développement
13:31 des instituts de technologie à travers le territoire, avec des centres de formation professionnels
13:37 et qui en fait permettront non seulement aux entreprises de trouver la main d'oeuvre qualifiée
13:42 dont elle a besoin, surtout sur les secteurs technologiques qui aujourd'hui permettent
13:48 de pouvoir réussir la transformation de nos ressources naturelles, mais davantage aussi
13:53 pour reprendre les exigences en matière de sous-traitance.
13:57 Et donc de ce point de vue, la réalité de l'évolution de nos contenus de formation
14:03 est quelque chose qui aujourd'hui se met effectivement en place.
14:08 Monsieur le ministre, on arrive au bout de cette séquence. Je vous remercie infiniment
14:12 d'avoir livré votre témoignage. Je voudrais signaler à la salle qu'il y a une pause café
14:18 qui va durer une demi-heure et on se retrouve à 11h15 pour une table ronde sur l'industrie africaine.
14:29 Merci.
14:31 (Applaudissements)
14:33 [Musique]