William Lebghil et François Damiens se confient sur leur collaboration dans Les Complices
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00:00 Moi je connaissais comme tout le monde William à travers son oeuvre et puis via via via
00:14 via le milieu comme on dit.
00:19 Mais Laura la même chose, mais en fait on s'est découvert, on s'est rencontré la
00:25 veille du tournage, un dimanche soir, ils ont eu l'intelligence de faire un petit pot
00:30 de début de tournage, ce qui est plus intelligent qu'une soirée de fin de tournage parce que
00:34 là au moins on apprend à se rencontrer et on s'est plus quitté en fait.
00:40 On dormait dans le même hôtel, on mangeait trois fois par jour ensemble et on était
00:44 tout le temps poké l'un là chez l'autre.
00:46 Effectivement, quand j'ai appris que François allait jouer le rôle de Max, pour moi c'était
00:59 comme un rêve qui se réalisait parce que j'ai une admiration pour ce qu'il fait,
01:06 pour son talent, pour tout ce qu'il représente, sa façon de penser, sa façon de faire de
01:13 l'humour, sa façon de voir la vie en fait.
01:16 Tout simplement c'est quelqu'un qui quand il est à nos côtés nous apaise et nous
01:22 rend plus subtil, plus intelligent même.
01:25 On voit le monde d'un plus bel œil, avec un œil plus aiguisé, plus juste, plus affûté,
01:33 avec une plus belle acuité.
01:35 Du coup pour moi ça a été un honneur, une révélation de pouvoir passer six semaines
01:45 et demi et quatre jours à ses côtés.
01:49 Le personnage de Karim c'est un sidekick, je crois qu'on appelle ça comme ça.
02:01 Un personnage qui est un peu décalé, qui a en tout cas un trait de caractère qui domine,
02:10 c'est vraiment l'extrême gentillesse.
02:12 Ce qui peut le rendre maladroit, lourd parfois, insistant.
02:17 Les moments où je viens chez toi pour te demander que tu me prêtes ta voiture, ou
02:23 pour te dire qu'il faudrait que tu nous amènes à l'hôpital, où tu te dis "il est gentil
02:29 mais tu ne peux pas lui dire non parce qu'il est vraiment sympa".
02:32 Mais c'est de l'extrême gentillesse, ça amène à des situations comiques en balance
02:37 avec ton personnage qui est plutôt un frigo, qui est plutôt froid.
02:42 Mais quelque part au contact de William et de Laura, de Karim et Stéphanie, ils m'humanisent
02:50 et puis ils mettent de la gentillesse sous perfusion et pour finir, mon personnage finit
02:57 par comprendre qu'on peut être toute chose que désagréable.
03:00 C'est un type qui ni bonjour, ni au revoir, ni merci, ni rien du tout.
03:03 C'est une ode à la gentillesse, mais dans tout ce qu'elle a de...
03:09 Même dans leur boulot, ils ont quand même un boulot, ils travaillent dans les sous-sols
03:15 côté des scooters et des pneus de voiture.
03:19 Ils téléphonent à longueur de journée pour essayer de vendre des apparts.
03:23 Karim le fait avec cœur, il met de la joie dans son ramage.
03:31 Si il est gentil comme ça, oui.
03:39 Je dis toujours un jeune, mais pour moi c'est la plus belle des qualités de la gentillesse.
03:44 Quelqu'un de gentil, c'est formidable.
03:48 Surtout dans la gentillesse, il y a la loyauté, le respect.
03:53 Après, c'est vrai qu'il y a un truc, c'est que l'excès de gentillesse, la sur-gentillesse
03:59 peut être un défaut.
04:00 Ça peut être quelque chose qui peut être limite de la névrose, limite même de la
04:06 perversion finalement.
04:07 La vraie gentillesse simple, pour le coup, c'est gratuit.
04:14 C'est une qualité et ça peut être beaucoup plus facilement reconnu comme étant un défaut.
04:24 Quelqu'un de gentil, je ne veux pas dire du mal de lui, mais il est gentil.
04:27 C'est rarement très gentil quand on dit ça, alors que c'est vraiment un effort humain
04:36 que d'être gentil avec les autres.
04:37 J'avais travaillé un mois dans un hôpital psychiatrique à la trésorerie où je triais
04:48 des factures de médicaments.
04:49 Je me souviens, j'étais arrivé et j'avais fait ça, mais pour le coup, je me sentais
04:53 pas mal traité.
04:54 J'avais vraiment un boulot de limite d'ordinateur.
04:58 Il y avait 5000 factures, de 1 à 5000, toutes dans le désordre.
05:03 Il fallait que je les remette dans l'ordre.
05:05 J'ai fait ça pendant un mois.
05:08 À la fin, ils m'ont mis les 1000 balles et j'ai pu payer des décors pour une pièce
05:12 de théâtre que je voulais monter.
05:13 C'était marrant, c'était étonnant.
05:17 Ça s'appelle apprendre la valeur de l'argent.
05:20 Exactement.
05:21 J'avais travaillé dans un bar, le plus vieux bar de marionnettes, le plus vieux bar de
05:25 Bruxelles.
05:26 C'était un théâtre de marionnettes.
05:27 Je travaillais avec des copains et on travaillait chacun notre tour.
05:31 On travaillait tout seul.
05:32 Parfois, on était un peu débordé.
05:33 Ça m'a appris qu'il faut parler gentiment aux gens.
05:38 À un serveur, on ne fait pas comme ça.
05:41 Moi, on me le faisait.
05:43 J'arrivais toujours en courant.
05:45 Je prenais la commande et je ne les servais jamais.
05:47 Jamais, jamais, jamais.
05:48 On avait tourné ensemble un an auparavant dans un court-métrage.
06:00 Ça s'était trop bien passé.
06:02 On a joué un couple qui ressemblait un petit peu au couple qu'on fait là.
06:08 L'actrice, qui devait faire pour des histoires de planning, pouvait plus le faire.
06:14 Ça me paraissait logique de glisser le nom de Laura parce qu'on s'était trop bien
06:20 entendus.
06:21 C'était trop bien passé.
06:23 C'est la meilleure idée que tu n'aies jamais eue.
06:25 - C'est la meilleure idée que tu n'aies jamais eue.
06:28 [Musique]