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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il s'intéresse à la visite en Chine d'Emmanuel Macron accompagné par Ursula Von der Leyen.

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Transcription
00:00 - Allez à tout de suite, mais d'abord l'édito international sur Europe 1, bonjour Vincent Arouet.
00:04 - Mais bien sûr, bonjour Dimitri Pavlenko, bonjour à tous.
00:06 - Vous revenez Vincent ce matin sur le voyage d'Emmanuel Macron, il va se poser en Chine d'ici une petite heure.
00:12 Trois jours donc d'une visite d'Etat, ça faisait longtemps qu'il n'y était pas allé.
00:16 - Oui, trois jours avant Pâques, à quoi s'attendre ? Eh bien à une descente au tombeau et à Pékin.
00:21 La France va enterrer quelques-unes de ses illusions. La première, c'est d'aller chercher en Chine la paix en Ukraine.
00:27 C'est l'espoir de voir Xi Jinping jouer les médiateurs entre Kiev et le Kremlin.
00:32 Emmanuel Macron l'appelle depuis novembre à endosser ce rôle.
00:36 La Chine serait la seule avec assez de poids pour parler en se faisant respecter avec la Russie, avec le Bélarusse, avec l'Ukraine
00:43 et aussi avec leurs voisins alentours.
00:45 - Bon, sur le papier ça paraît une idée intelligente Vincent.
00:47 - Est-ce bien raisonnable d'appeler à la rescousse les Chinois pour régler un problème de sécurité européen ?
00:53 Est-ce si malin de leur confier les clés de la paix sur notre continent ?
00:58 Eux qui méprisent tant nos démocraties et qui vantent leur stabilité au reste du monde.
01:03 L'autre problème, le vrai problème, celui qui est dérangeant, qui est obstiné, qui est stupide, c'est la réalité.
01:10 La Chine n'est pas neutre, elle n'a jamais condamné l'invasion russe, elle renvoie dos à dos l'agresseur et l'agressé,
01:16 elle refuse de parler de guerre à ses yeux, l'opération spéciale menée par les Russes est justifiée par les manigances des Américains,
01:23 quand elle dénonce la mentalité de guerre froide, ce n'est pas Vladimir Poutine que la Chine fustige, mais Joe Biden !
01:29 Xi Jinping n'a jamais adressé la parole à Volodymyr Zelensky,
01:33 mais il a signé une déclaration conjointe avec Poutine à la veille de la guerre qui était un chèque en blanc.
01:38 Depuis un an, son soutien économique, monétaire, politique, diplomatique s'est encore approfondi,
01:45 la Chine vassalise la Russie, elle achète ses matières premières en soldes,
01:49 elle applaudit une éventuelle candidature du camarade Poutine pour un nouveau mandat l'an prochain,
01:53 pas question de l'envoyer devant la CPI et le plan de paix chinois.
01:57 Décadé le mois dernier, sanctuarise les territoires conquis et n'envisage aucun repli russe.
02:03 - Alors selon l'Elysée, il faut éviter que la Chine aille plus loin et fournisse un soutien militaire aux Russes.
02:09 - Oui, l'Elysée est très subtile, il faut démontrer aux Chinois que livrer des armes à Moscou mettrait en question la sécurité de l'Europe
02:16 et qu'elle leur ferait payer au prix fort.
02:18 La mise en garde serait évidemment un peu plus convaincante s'il n'y avait pas 50 chefs d'entreprise
02:22 pressés de signer des contrats dans l'avion du président, dans la délégation française en tout cas.
02:27 Puis il y a aussi Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne dans l'avion.
02:32 C'est l'autre illusion française.
02:34 Imaginez qu'on est mieux écouté quand on agite le drapeau étoilé.
02:38 L'entourage de Xi Jinping n'a toujours pas compris, paraît-il,
02:41 pourquoi Emmanuel Macron avait invité la chancelière Merkel et le président de la Commission
02:45 quand il est venu à Paris en visite d'Etat.
02:47 Ni pourquoi le président français avait amené à Shanghai un ministre allemand et un membre de la Commission dans ses bagages
02:53 six mois plus tard, alors que les chanceliers allemands, eux quand ils voyagent, voyagent seuls, sans être accompagnés.
02:59 Avec von der Leyen en première dame et Emmanuel Macron en premier de la classe européenne,
03:05 ça va être assez compliqué de prétendre que la France garde une voix singulière,
03:09 qu'elle reste le pays qui a reconnu le premier la Chine populaire,
03:13 une puissance nucléaire qui se distingue de l'OTAN.
03:16 Ce voyage ne sera pas un calvaire, c'est la réalité du rapport de force qui va en faire un supplice chinois.
03:23 En politique étrangère, le pire des crimes, c'est de prendre ses désirs pour des réalités.
03:28 - Et bien nous voilà rhabillés pour l'hiver, merci. - Bon voyage !