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00:00 Radio Patrimoine et Capital, le grand rendez-vous de l'épargne.
00:04 Pierre Sabatier nous a rejoint. Bonjour Pierre.
00:08 Bonjour à vous.
00:09 Le président de Primeview pour son coup de coeur, coup de gueule.
00:13 On va aller sur les marchés financiers, sur les actifs financiers d'ailleurs, cotés ou pas.
00:18 Coup de coeur, coup de gueule. On commence avec votre coup de coeur Pierre.
00:20 Alors mon coup de coeur, en fait on reste à peu près dans la même lignée.
00:24 On est ici au grand rendez-vous de l'épargne.
00:26 Donc la question fondamentale, l'épargne ça ne s'envisage pas en fait sur la semaine qui vient ou le mois qui vient,
00:30 mais plutôt sur des horizons de temps qui sont plus lointains.
00:32 Et mon coup de coeur il est très clairement, et on le répète, sur l'opportunité historique probablement
00:37 qui s'offre aux investisseurs actuellement vis-à-vis de la classe d'actifs obligataires.
00:41 Les obligations.
00:43 Les obligations, et d'ailleurs les obligations assez sûres.
00:45 Les obligations souveraines émises par les Etats ou les obligations émises par les entreprises bien notées.
00:51 Celles qui ne vont pas partir, si jamais le vent tourne, ne vont pas partir au premier coup de vent.
00:56 C'est ce qu'on appelle l'investment grade, c'est-à-dire les entreprises bien notées.
00:59 Pourquoi en fait les obligations ? C'est parce que ça fait 10 ans, 10 ans,
01:03 que ce qu'achètent traditionnellement dans un coeur de portefeuille, à savoir des obligations,
01:07 les investisseurs n'ont pas pu l'acheter.
01:09 Pour une raison toute simple, c'est parce que les taux n'ont cessé de baisser pendant ces 10 dernières années-là.
01:13 Alors on a essayé de trouver des substituts pendant des mois, des trimestres, des années.
01:17 L'immobilier a servi un peu de substitut obligataire, le crédit privé, etc.
01:22 Mais grosso modo, ce qu'il fallait retenir, c'est que les investisseurs étaient privés
01:26 de ce qu'ils aimaient acheter, à savoir une obligation, c'est quoi ?
01:28 Je sais ce que je mets, je sais ce que je touche.
01:30 Mais si ce que je touche c'est zéro, forcément personne ne les achète.
01:33 Eh bien, il faut quand même faire un pas de côté et revenir un an et demi en arrière.
01:38 S'il y a un an et demi sur ce plateau, je vous disais que vous pouvez acheter une obligation sûre.
01:42 C'est-à-dire que c'est un risque de défaut, et en plus c'est très contemporain le risque de défaut.
01:45 En ce moment, avec les tensions associées au risque bancaire.
01:48 Donc, c'est un risque de défaut qui vous rapporte du 4 à 5 % par an.
01:51 Il y a un an et demi, personne ne nous aurait cru. Personne.
01:55 Donc, n'oublions pas d'où on vient.
01:56 Nous avons probablement l'opportunité historique de recharger les portefeuilles en obligation.
02:00 Je sais ce que je mets, je sais ce que je touche, et ce que je touche n'est plus anecdotique.
02:04 4 à 5 %, donc mon coup de cœur, très clairement, c'est de reconsidérer la classe d'actifs obligataires
02:09 qu'on a dû oublier pendant une grosse dizaine d'années et qui ont fait un retour en force.
02:14 Alors, la bonne nouvelle, c'est que... Pourquoi je parle d'opportunité historique ?
02:17 C'est parce que notre point de vue, c'est que les taux ne vont pas rester hauts pendant très très longtemps.
02:21 Parce que la détérioration de l'économie et de l'activité en ce moment,
02:24 qu'on peut déjà pressentir aux États-Unis et qu'on va commencer à pressentir dans quelques mois en Europe,
02:28 eh bien, orientera les taux plutôt vers le bas. Ça veut dire quoi ?
02:31 Ça veut dire que si vous avez profité de ce moment historique pour recharger des obligations
02:35 qui vous rémunèrent de manière confortable, eh bien, vous serez très heureux de l'avoir en cœur de portefeuille
02:39 lorsque les taux auront à nouveau baissé.
02:41 Donc, ça veut dire que concrètement, la valeur de l'obligation, elle va s'apprécier ?
02:46 Alors oui, élément de précision, quand les taux sont élevés, eh bien, l'obligation n'est pas chère à acheter.
02:52 Elle est très rémunératrice. Quand les taux baissent, eh bien, la valeur de l'obligation augmente.
02:56 Donc, c'est inversement proportionnel au niveau de taux. Donc, vous avez tout à fait compris.
03:00 85%, c'est probablement un top sur les taux. Profitez pour recharger à fond dans les portefeuilles.
03:05 À partir de là, les taux vont se remettre à baisser. Donc, ce que vous aurez en portefeuille va naturellement prendre de la valeur
03:10 parce que ça sera rare des obligations qui vous remunèrent 4 à 5%.
03:14 Quand les taux seront revenus à 2 ou 3, eh bien, naturellement, elles vaudront plus cher parce qu'elles seront rares sur le marché.
03:20 Voilà pour le coup de cœur, le coup de gueule, Pierre.
03:23 Alors, le coup de gueule, plus général aussi parce que le contexte est vraiment intéressant en ce moment.
03:27 C'est un warning général qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas y aller, mais qu'il faut être extrêmement sélectif et précautionneux.
03:36 L'année dernière, 2022 a permis aux actifs cotés, c'est-à-dire sur des marchés réglementés, les actions, les obligations,
03:42 ils en ont pris plein la tronche. Grosso modo, tout le monde a corrigé.
03:46 Et donc, ça a vraiment un peu remis les pendules à l'heure par rapport au niveau d'activité.
03:49 On était sur des niveaux de survalorisation qui étaient historiques début 2022. Aujourd'hui, c'est moins le cas.
03:54 On pourrait discuter sur le marché actions, mais bon, grosso modo, ça a été fait.
03:57 Mon warning, c'est plutôt sur les actifs non cotés. Les actifs non cotés, c'est quoi ?
04:01 Beaucoup de gens vous ont dit en 2022, c'est top parce que c'est plus résilient, c'est moins volatile.
04:06 Simplement, il faut réexpliquer aux gens que c'est moins volatile tout simplement parce qu'il n'y a pas de transaction.
04:11 C'est ça le vrai sujet. Or, aujourd'hui, avec des niveaux de taux qui sont quand même à 4 ou 5 %,
04:16 c'est très bien pour l'investisseur qui va acheter des obligations.
04:19 C'est évidemment beaucoup moins bien pour l'investisseur qui a besoin d'argent pour investir.
04:24 Et donc, en gros, le renchérissement des crédits met en difficulté tout un tas d'activités qui ont été financées avec beaucoup de dettes jusqu'à maintenant.
04:30 Ces activités, c'est quoi ? C'est essentiellement, qu'est-ce qu'on achète avec du levier ?
04:34 De l'immobilier. Et on commence simplement, ça fait quelques mois aujourd'hui,
04:38 à partir de maintenant qu'on a des corrections de prix immobiliers aux États-Unis
04:42 et on commence tout simplement à les avoir en Europe, ce chemin-là, il est devant nous.
04:46 On a, donc ça c'est vrai pour l'immobilier, on doit avoir des corrections de prix
04:50 qui permettent au rendement de l'immobilier de remonter parce qu'on ne peut pas avoir des obligations
04:54 qui vous rapportent de 4 et de l'immobilier qui vous rapporte de 4.
04:57 Historiquement, il faut que l'immobilier rapporte plus que l'obligation souveraine.
05:02 Et donc, comment on va faire pour faire remonter ces rendements-là ?
05:04 Il n'y a pas d'autre élément qu'une baisse de prix.
05:07 La baisse de prix, elle permettra de reflater, de renchérir le niveau du loyer par rapport au prix du bien.
05:13 Et donc, ça c'est devant nous. Donc, attention sur cette classe d'actifs-là.
05:16 Et la deuxième, c'est tout ce qu'on appelle "private equity" ou "private credit".
05:21 Vous savez, tous ces fonds d'investissement sont un peu substitués aux banques au cours des 10 dernières années.
05:26 Donc, on a alimenté tout un tas d'activités, notamment des start-up,
05:30 à travers de la dette ou des actions qu'on leur a fournies, à travers des fonds de private equity.
05:36 La manière dont on interprète la faillite, vous savez, de la banque californienne qui s'appelle la SVB, Silicon Valley Bank,
05:41 pour nous, ça ne génère pas de risque systémique.
05:44 Et d'ailleurs, on en a eu à la démonstration, les autorités monétaires ont été extrêmement réactives,
05:48 qu'elles soient américaines ou européennes ou suisses d'ailleurs.
05:50 Donc, on n'a pas de risque systémique.
05:51 Mais ce que ça veut dire, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout simplement, le monde ne peut pas tourner à la même allure
05:56 lorsque les taux étaient à 1 et lorsque les taux sont à 4 ou 5.
05:59 Et c'est ce que ça vous dit aujourd'hui.
06:01 La Silicon Valley Bank, c'est quoi ? C'est d'abord une banque spécialisée dans le private equity et le private credit.
06:07 Et qu'est-ce qu'elle nous dit, ces difficultés ?
06:09 Elles nous disent tout simplement que ce monde-là ne peut pas tourner à la même allure
06:12 parce que les taux, en fait, se sont très fortement enrachurés depuis un an.
06:16 Et ça, on en est au début de cette période-là.
06:18 Donc, attention sur ces actifs non cotés.
06:21 C'était facile jusqu'à maintenant.
06:22 On pouvait y aller les yeux fermés.
06:24 La seule recommandation qu'on peut donner, c'est qu'il faut être beaucoup plus sélectif
06:27 et aller dans le détail, voir véritablement en portefeuille,
06:30 quels sont les sous-jacents qui résisteront, en gros, aux vents contraires qui commencent à arriver.
06:35 Et c'est classique, vous savez, les vents contraires dans l'économie réelle,
06:37 c'est 12 à 18 mois après le début des hausses des taux directeurs.
06:41 Donc, on rentre vraiment dans cette période-là.
06:43 Quelles entreprises, quels actifs résisteront à des vents contraires qui vont se renforcer
06:49 et quelles entreprises ou actifs sous-jacents ne résisteront pas aux vents contraires ?
06:54 Et donc, le vrai enjeu vis-à-vis de cette classe d'actifs-là, c'est la sélectivité.
06:58 – Est-ce qu'on peut s'attendre à une correction violente sur ces marchés ?
07:01 – Alors, le chemin, honnêtement, extrêmement difficile à dire.
07:05 On peut avoir une entreprise ou un fonds qui ouvre le placard d'un coup, le cadavre tombe.
07:09 Et là, évidemment, les ajustements se feront très vite.
07:11 Ça, on n'aime pas trop.
07:13 On peut aussi avoir tout simplement le fait qu'en gros, il y ait des déceptions qui s'accumulent.
07:17 Une déception, ce n'est pas forcément une grosse déception,
07:19 mais une petite déception qui s'accumule aux petites déceptions.
07:22 Et vous savez, la psychologie du marché.
07:24 Dans un monde, et je le répète, c'était mon coup de cœur initial,
07:27 où d'autres actifs sont devenus à nouveau attractifs,
07:29 eh bien, on peut avoir des mouvements de balancier, des mouvements de basculement,
07:32 surtout quand ça fait quand même des années où tout ça a été vendu
07:36 comme des substituts pour les uns au marché action classique,
07:38 pour les autres au marché obligataire.
07:40 Je parle d'un côté, private equity, de l'autre, marché immobilier.
07:43 Attention donc aux actifs non cotés.
07:45 Et puis, on fonce sur les obligations, une fenêtre de tir peut-être historique pour recharger.
07:50 Merci Pierre Sabatier.
07:52 Je rappelle que vous êtes le président de Primeview.

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