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Aujourd'hui, Clara Dupont-Monod nous parle du livre de Delphine Grouès, Cordillera.

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Amusant
Transcription
00:00 Parce que Cécile Duflo est avec nous et elle aime lire Cécile Duflo, n'est-ce pas Clara Dupont Monod ?
00:04 Et bien oui Cécile Duflo parce qu'on a un peu discuté avant l'émission
00:07 et vous me disiez d'ailleurs combien vous aimez le chili.
00:13 C'est vrai on le sait à l'affaire.
00:14 Ça par contre c'est un mensonge.
00:15 Oui, non.
00:16 D'ailleurs vous cuisinez souvent le chili con carne.
00:18 Ça c'est vrai, ça je l'ai lu.
00:21 Et vous adorez la cordillère des Andes que vous rêvez, me disiez-vous, de parcourir seul à cheval.
00:27 Alors Cécile ?
00:29 Ça tombe bien, j'ai pensé à vous.
00:31 Et vous glisserez dans vos valises ce beau roman nommé Cordilléra signé de Delphine Grouesse.
00:38 Et bien cet écrivain fait ce que vous ferez bientôt Cécile Duflo, c'est que chaque année
00:43 elle part arpenter la cordillère des Andes à dos de mule avec ses chiens toute seule.
00:49 Voilà et ça dure depuis 15 ans.
00:51 Je vois vos yeux qui brillent, bientôt ce sera vous.
00:54 En attendant vous lirez Cordilléra parce que dans ce roman elle nous emmène
00:58 dans la famille Silva.
01:00 On est au début du XXe siècle et cette famille elle vit au pied de la cordillère des Andes côté Chili.
01:06 Alors je vous le dis tout de suite mais je crois que vous adorez tellement lire que tout vous va.
01:11 C'est le genre de livre qui a du souffle.
01:13 On est du côté de la grande fresque, de la saga, on suit l'épopée des fils Silva qui partent,
01:19 des femmes sorcières, on suit cette société de transhumance qui parle peu comme souvent les montagnards
01:25 mais qui dialogue avec le vent, qui respecte les plantes et dont je cite « chaque geste semble faire résonner une prière ».
01:34 Parce que l'héroïne, la vraie de ce beau roman, c'est la terre.
01:38 C'est elle l'héroïne de cette odyssée chilienne.
01:42 Les habitants du village l'appellent la Pachamama, la terre-mer.
01:46 C'est un mot andin et le principe c'est « les humains sont de passage, la Pachamama elle est le temps ».
01:54 Et les hommes de la famille Silva d'ailleurs sont justement des grands amoureux de la Pachamama,
01:59 ce sont des arieros, c'est-à-dire des cavaliers de la cordillère profonde qui plusieurs fois par an
02:04 montent en fait sur les Andes pour aller veiller sur les troupeaux et garder la terre
02:09 contre les brigands argentins qui sont leurs grands ennemis.
02:12 Et quand ils partent, ils ne disent pas « je vais en montagne », ils disent autre chose que j'adore,
02:18 ils disent « je vais à l'intérieur ».
02:21 Ce qui est tellement beau, comme si gravir un sommet c'était descendre dans les profondeurs de soi.
02:28 Mais ça, les montagnards le savent aussi très bien, au fond un sommet, finalement c'est une plongée, mais à l'envers.
02:36 C'est donc une histoire de terre, de lasso en cuir, de maté qu'on sirote avec la paille en acier devant des feux.
02:43 C'est aussi une histoire de déracinement.
02:45 À un moment, il y a un des fils de la famille Silva, il a le cœur perforé par la mort de sa fiancée.
02:51 Il quitte la montagne pour s'installer en ville à Valparaiso.
02:55 Là, il devient typographe dans une imprimerie.
02:58 Et toute la ville bruit d'un autre nom, un typographe aussi, qui est en train de monter
03:04 et qui s'appelle Luis Emilio Rey Cabarén, qui a vraiment existé,
03:09 qui a été le fondateur du premier parti ouvrier socialiste au Chili,
03:12 qui a ouvert les premiers centres éducatifs populaires,
03:15 les premiers journaux pour les damnés de la terre, les damnés de la cordillère.
03:19 Donc on voit que l'éveil d'une conscience politique est offert par la ville et pas par la terre.
03:26 Mais malgré tout, malgré ce cadeau, le fils Silva y revient quand même vers ses andes.
03:33 Parce que contrairement à ce qu'on croit, les racines d'un être sont amovibles.
03:37 On les emmène, on les trimballe où qu'on aille.
03:40 Et la pachamama garde contre elle ceux qui voudraient la fuir.
03:45 Par ailleurs, depuis trop longtemps, la ministre de l'écologie que vous fûtes le sait bien,
03:50 la pachamama, elle en a marre que l'homme la traite comme une domestique.
03:54 Je vous donne les références.
03:56 Cordillera de Delphine Groez est parue au Cherche-Midi.
03:59 Merci Clara Dupont-Monnaud pour ce joli choix.

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