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00:00 - Bonjour Eva Green. - Bonjour.
00:02 Ma première question concerne l'œuvre de Dumas.
00:05 Quel souvenir de l'actrice gardiez-vous
00:09 des Trois Mousquetaires et particulièrement de Milady ?
00:12 Existe-t-il ça pour vous ?
00:14 J'ai dû lire les Trois Mousquetaires
00:19 quand j'avais peut-être 10, 11 ans dans le cadre scolaire.
00:26 C'est surtout l'adaptation de Joel Sedney
00:30 avec Lana Turner qui jouait Milady qui m'a vraiment marquée.
00:33 Elle avait comme ça cette présence incandescente,
00:38 brillante,
00:40 psychopathe.
00:43 Elle était absolument incroyable.
00:45 Ça m'avait beaucoup marquée.
00:48 Quand on m'a proposé le rôle, j'étais très intimidée
00:52 parce que je me suis dit que je ne pouvais pas égaler Lana Turner.
00:56 Mais après avoir lu les scripts,
01:00 je me suis dit que je pouvais faire ma propre cuisine
01:02 parce que c'était finalement une Milady qu'on n'a jamais vue.
01:08 Dans le premier volet, elle est très manipulatrice.
01:16 Elle n'a peur de rien, elle est assez maléfique.
01:19 Et surtout dans le deuxième volet, on va découvrir une autre facette
01:22 et on va comprendre pourquoi Milady est devenue Milady,
01:26 pourquoi elle est devenue cette femme diabolique sans scrupule.
01:30 Et ça lui apporte beaucoup d'humanité.
01:33 À la base, j'imagine que ce qui est intéressant pour vous,
01:37 c'est d'incarner une femme qui n'est pas qu'une méchante,
01:40 en tous les cas la méchante telle qu'on l'envisage au cinéma.
01:43 Oui, absolument.
01:45 C'est un rôle un peu challenging
01:47 parce qu'on pourrait se dire que ça va être la femme fatale,
01:51 la méchante, la belle femme fatale.
01:54 Et là, ce qui m'a vraiment plu,
01:55 c'était que les écrivains ont décidé de lui donner une vraie back story,
01:59 une blessure amoureuse,
02:03 la rendue ainsi.
02:07 Elle a souffert dans son passé d'une trahison
02:11 et ça explique comme ça son comportement.
02:15 Ce qui est intéressant, c'est que dans votre filmographie, Eva,
02:19 on retrouve un peu comme des marqueurs ce genre de personnages.
02:22 Je ne sais pas si je pense à Dark Shadow, à Sin City,
02:26 peut-être même à Bond.
02:28 Ce sont souvent, en tous les cas,
02:30 des femmes qui sont beaucoup plus complexes qu'elles n'y paraissent.
02:34 J'imagine que c'est un registre qui vous intéresse, vous, en tant que comédienne.
02:37 Oui, c'est intéressant
02:42 de ne pas être évident tout de suite,
02:47 de découvrir petit à petit les secrets des personnages.
02:50 On croit que le personnage est ainsi et petit à petit,
02:53 "Ah, ce n'est pas ce que je croyais. C'est ça."
02:58 C'est souvent intéressant.
03:00 C'est peut-être comme ça dans la vie aussi.
03:02 J'aime bien me tromper.
03:04 J'aime bien, dans la vie, que je n'aime pas du tout quelqu'un
03:06 et puis tout d'un coup, ça peut nous surprendre,
03:11 on découvre quelqu'un d'autre
03:13 par une action inattendue que la personne ferait.
03:16 Je ne sais pas, j'aime bien un peu la surprise
03:19 chez les personnages.
03:21 Ça passe aussi, et notamment là, dans le film de Martin,
03:26 par des costumes qui sont quand même assez fous.
03:30 Là aussi, c'est un plaisir d'actrice.
03:33 Votre métier commence aussi souvent par là.
03:36 Comment avez-vous bossé cet aspect-là de mille-et-dix ?
03:40 C'est surtout le talent de Thierry Delettre,
03:43 le costume designer, qui est absolument...
03:46 Je veux dire, c'est un génie humble aussi,
03:50 qui aime travailler, qui aime collaborer avec les acteurs.
03:56 On s'échangeait beaucoup d'images, de peintures.
03:59 On voulait donner un côté assez guerrier à Mille-et-dix.
04:04 Elle a comme ça ses robes sublimes.
04:06 En dessous, elle porte souvent des pantalons,
04:08 ce qui lui rajoute un côté assez viril.
04:12 C'est au cas où elle devrait se battre,
04:15 se débarrasser de sa robe et boum, boum, boum.
04:19 Donc ça, c'était assez cool et très moderne.
04:22 Et puis elle a aussi quelques influences dans les costumes,
04:26 dans les bijoux,
04:28 qui sont un peu orientaux, asiatiques.
04:30 On imagine qu'elle a voyagé à travers le monde.
04:34 On n'arrive pas très bien à la situer, cette femme.
04:37 On ne sait pas d'où elle vient, mais ça a aidé beaucoup à construire le personnage.
04:41 Est-ce qu'il y avait aussi pour vous un challenge physique ?
04:44 J'ai eu l'occasion de venir plusieurs fois sur le tournage.
04:47 Je suis venu tout à la fin, où il y avait une scène d'action qui vous concernait.
04:50 Je sais que vous étiez très heureux de ce personnage.
04:52 Vous avez regardé quand même de loin.
04:55 Ce qu'on voit dans la première partie, c'est qu'il y a une implication physique.
05:00 C'était un des éléments qui vous intéressait aussi ?
05:03 Moi, j'adore tout ce qui est physique,
05:06 parce que c'est un luxe en tant qu'acteur
05:09 d'avoir la possibilité de s'entraîner en amont
05:12 avec les plus grands cascadeurs.
05:14 Et puis ça nous aide bizarrement à trouver la force intérieure du personnage.
05:18 On a eu plusieurs semaines,
05:20 moi en tout cas, plusieurs semaines d'entraînement avec les cascadeurs.
05:24 C'est toujours un peu maladroit au début, un peu difficile,
05:28 mais ça m'aide à trouver le personnage et ça me donne confiance.
05:33 Et puis c'est drôle, quoi.
05:35 C'est le luxe des acteurs,
05:36 c'est qu'on peut explorer tellement de disciplines différentes.
05:40 Et là, on a fait beaucoup d'aïkido, des scrims.
05:46 On a l'impression d'être une petite fille, quoi.
05:49 "Je suis une guerrière", et tout, c'est drôle.
05:52 Avec l'idée aussi de pousser vos propres limites,
05:55 je crois savoir que sur Dumbo, il y avait ces scènes aériennes de trapèze
06:00 où vous étiez sujette aux vertiges avant.
06:03 Est-ce qu'il a fallu combattre certaines peurs ?
06:06 Non, alors non.
06:08 Je crois que le trapèze, c'est un des trucs les plus difficiles
06:12 que j'ai jamais eu à faire,
06:14 parce que j'ai peur, j'ai un vertige monstrueux.
06:18 Non, là, c'est plutôt de réussir à être à droit, rapide.
06:25 J'étais très maladroite au début,
06:27 mais les cascadeurs étaient extrêmement patients et gentils.
06:32 Il faut accepter d'être nulle au début.
06:34 Et puis, on est très fiers à la fin,
06:36 quand on a réussi à faire ce combat.
06:41 On se sent fort, on se sent...
06:43 Non, ça, c'est... J'adore tout...
06:46 J'adore être très physique dans les rôles.
06:49 Non, j'adore.
06:51 De quelle manière avez-vous vécu ce tournage ?
06:55 Milady est un personnage de l'ombre, dans ce premier volet,
06:59 qui agit de manière assez manipulatrice, etc.
07:02 Avez-vous eu besoin de rester vous-même en dehors du groupe des garçons ?
07:06 Ou est-ce qu'au contraire, sur le plateau,
07:09 il y a le haut de caméra et le devant de caméra ?
07:12 Avez-vous besoin d'une distance ?
07:13 Vous savez, je suis arrivée assez tard.
07:18 Les garçons avaient tourné beaucoup avant moi.
07:21 Et je crois qu'il ne restait plus que François Civil et Vincent Cassel.
07:26 Les deux autres garçons avaient déjà fini le tournage, malheureusement.
07:29 Donc, j'ai à peine vu Romain et Pion.
07:33 Je ne l'ai jamais rencontré, malheureusement.
07:35 Donc, je vais le rencontrer sûrement très vite, là.
07:39 Mais ce qui est drôle, c'est que Milady est un personnage
07:44 qui est très à l'écart, qui est très marginal,
07:47 qui n'a pas beaucoup d'amis.
07:50 Donc, oui, elle travaille dans l'ombre.
07:54 Elle est très solitaire.
07:58 Donc, non, la pauvre Milady n'a pas d'amis.
08:01 On le disait au début, Eva,
08:05 c'est une très grosse production à l'échelle française.
08:08 C'est un registre que vous avez pratiqué à l'international.
08:12 De quelle manière vous avez regardé Martin Bourboulon
08:14 être au commande de cette double machine-là,
08:18 puisqu'il a fait deux films en même temps ?
08:20 Martin est quelqu'un de très calme,
08:25 de confiant, dans le bon sens du terme.
08:28 C'est assez contagieux.
08:29 Il a confiance, une confiance absolue dans les scénarios,
08:33 dans l'écriture.
08:34 Il nous fait confiance en tant qu'acteur.
08:37 Il nous fait confiance, il nous laisse libre.
08:42 Il est ouvert aux propositions.
08:44 Il nous guidait surtout aussi sur le langage,
08:48 parce que le langage pourrait paraître comme ça sur la page,
08:51 assez fleuri, assez ancien.
08:54 Et en fait, il voulait vraiment qu'on se l'approprie
08:57 et qu'on le parle et que ça fasse moderne.
09:00 Chaque fois, il disait, "joue le droit, joue le simple."
09:03 Donc il nous remettait dans la bonne direction.
09:06 C'est toujours le danger dans des films de costumes comme ça.
09:09 Mais il était très bien entouré aussi.
09:14 Le chef opérateur, Nicolas Bolduc, est absolument extraordinaire.
09:19 Il y a beaucoup de scènes,
09:21 ou même des plans, on dirait, des peintures.
09:25 Le film est magnifique visuellement.
09:28 Et ça vaut le coup d'aller au cinéma.
09:32 Ce serait dommage de le voir sur petit écran,
09:33 parce que c'est assez magique.
09:36 Il y a une ambition,
09:38 et je ne parle pas uniquement de budget dans le film,
09:42 une ambition de casting, de réalisation,
09:45 de décors, de costumes, etc.
09:46 C'est, à votre avis, vous qui connaissez bien ce milieu,
09:50 en France et ailleurs,
09:52 c'est aussi un des moyens pour définitivement
09:55 ramener peut-être des gens qui ne sont plus allés au cinéma
09:57 ou qui y vont moins devant le grand écran ?
10:00 Ce film doit être vu sur le grand écran.
10:03 C'est extrêmement spectaculaire.
10:05 C'est une vraie fresque.
10:08 C'est magnifique.
10:10 Et ça vaut le coup.
10:12 C'est vrai qu'on est tous, et moi, la première,
10:14 on est un peu fainéant,
10:15 et le soir, on regarde nos films ou nos séries
10:18 devant l'ordinateur, dans les...
10:20 Et paf !
10:22 Mais ça fait du bien, en plus.
10:25 Le cinéma fait tellement de bien.
10:27 On va dans un autre monde pendant deux heures,
10:29 dans une bulle,
10:30 et on part vraiment...
10:33 Oui, on est téléportés dans un autre temps, un autre monde.
10:37 Et là, ça vaut le coup, parce que c'est magnifique, visuellement,
10:41 et l'histoire aussi est très moderne.
10:44 Et on s'attache vraiment absolument, je trouve, à tous les personnages.
10:48 C'est quelque chose qu'on n'a jamais vu avant,
10:49 dans les autres adaptations des Trois Mousquetaires,
10:52 qui était...
10:53 Je n'ai pas envie de dénigrer, mais qui était un petit peu...
10:56 "old-fashioned", un peu désuet, un peu...
10:59 Un peu sur la comédie.
11:02 Alors que là, ils ont eu l'intelligence
11:03 de rajouter de la chair aux personnages,
11:06 un peu d'obscurité, de noirceur,
11:11 mêlés à l'humour, évidemment,
11:13 mais ils sont plus attachants, je trouve, les personnages, là.
11:16 Il y a du cœur, et puis c'est beau.
11:19 Donc, oui, ça vaut le coup d'aller au cinéma.
11:22 Il y a un moment, vous, sur le tournage,
11:24 alors des deux parties, puisque maintenant les films sont terminés,
11:27 qui vous a bluffé, où vous vous êtes dit
11:29 "Ah oui, quand même, là, je participe à un truc qui n'est pas anodin."
11:33 Est-ce qu'il y a une scène, un moment...
11:35 qui ne vous concerne pas, d'ailleurs ?
11:38 Ben, moi, la seule scène...
11:42 Parce que, comme je disais, la pauvre Milady n'a pas beaucoup d'amis,
11:44 donc elle n'est jamais beaucoup avec des gens.
11:48 Mais la seule scène où je suis entourée de figurants, etc.,
11:52 c'est la fameuse scène du bal, dans le premier volet.
11:55 Et c'était magique,
12:01 de tourner ça dans le château de Saint-Germain-en-Laye,
12:05 où on était entourés de centaines de figurants,
12:09 portant des masques, comme ça, quelquefois, même qui faisaient peur.
12:13 C'était très impressionnant et sublime.
12:18 Il y avait des cracheurs de feu, de la musique.
12:21 Et c'était extraordinaire,
12:23 parce que maintenant,
12:25 il y a beaucoup de films qui se font avec des écrans verts,
12:26 et on dit à l'acteur, on t'imagine, et puis vas-y.
12:30 Là, il n'y a absolument rien à faire.
12:33 On a vraiment l'impression de vivre quelque chose de spécial,
12:36 parce qu'on retourne dans le temps, et c'est...
12:40 Non, c'est magique, oui.

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