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Lors de l’émission Face à l’Info présentée par Christine Kelly le 28/03/2023, le journaliste Europe 1 Dimitri Pavlenko était invité sur le plateau. Il est revenu sur la vision des manifestations en France par les pays étrangers : «Les pratiques de maintien de l’ordre sont beaucoup discutées […] On parle beaucoup du modèle allemand, mais c’est une fable».

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Transcription
00:00 Je n'ai pas trouvé le pays où ça n'arriverait absolument jamais ce que l'on est en train de voir.
00:05 Les pratiques de maintien de l'ordre, justement, sont beaucoup discutées.
00:08 Et alors, je vais un peu crever le suspense,
00:10 je n'ai pas trouvé le pays qui aurait la solution magique, qui saurait maintenir l'ordre
00:14 dans la joie et la bonne humeur, où à la fin, on s'échange des fleurs entre manifestants et forces de l'ordre.
00:18 Ça n'existe pas.
00:19 On vous parle du modèle allemand.
00:21 Le modèle allemand, je vous l'expliquerai à la fin, c'est une fable.
00:23 C'est une fable.
00:24 Et en l'occurrence, le modèle allemand, il est répliqué pratiquement à l'identique en France.
00:29 Les Allemands ne font pas autre chose.
00:31 Alors d'abord, peut-être sur le regard que les étrangers portent sur le conflit des retraites,
00:35 qui est assez intéressant parce que ça va révéler aussi les solutions que eux peuvent avoir déployées.
00:40 Donc, par exemple, vous voyez les Américains.
00:42 Mathieu Bocoté nous avait expliqué ce mélange d'agacement, d'incompréhension
00:47 et puis aussi d'admiration qu'ils ont pour ces Français très révolutionnaires.
00:50 Ces fainéants de Français, c'est un sigle titré le New York Times, un édito il y a quelques semaines de ça.
00:56 Alors d'ailleurs, fainéants de Français sous le thème "ils travaillent beaucoup moins que nous",
01:00 vous savez, les capitalistes protestants, la retraite à 62 ans, ça les fait doucement rigoler.
01:04 Mais ceci dit, les progressistes américains sont très intrigués, très intéressés.
01:08 Ils voient la France un peu comme un pays d'avant-garde sur tous les sujets de réduction du temps de travail,
01:13 de qualité de vie au travail, etc.
01:15 En revanche, ils sont absolument effarés par les niveaux de violence.
01:17 Alors là aussi, venant des États-Unis, ça peut nous faire doucement rigoler.
01:21 Dans un pays où ce matin, il y a quelqu'un qui vient de tuer six enfants dans une école, par exemple,
01:25 où les armes à feu circulent abondamment.
01:28 Et vous savez, il y a une réflexion qui circule beaucoup aux États-Unis,
01:30 c'est bizarre quand même, la France, ce pays sans armes,
01:34 où les gens se battent constamment contre le gouvernement et ils obtiennent ce qu'ils veulent.
01:37 Ça, ça les fascine littéralement.
01:40 Et les polémiques que vous avez actuellement sur les appels à la dissolution de la Bravem,
01:45 on aura sûrement l'occasion d'en reparler.
01:47 Eux, ils ne peuvent pas s'empêcher de faire la comparaison avec leur mouvement "Defend the Police".
01:52 Je ne sais pas si vous vous rappelez de ça, c'était juste après l'affaire George Floyd.
01:54 "Defend the Police", ça voulait dire "définancer la police".
01:58 Et on a bien vu ce que ça donnait avec une explosion de la criminalité dans beaucoup de grandes villes américaines.
02:02 Les Britanniques, je vais passer assez rapidement parce qu'eux aussi,
02:05 ils ont leur moment manif en ce moment sous l'effet de l'inflation.
02:08 Ils vivent assez mal la visite, l'annulation de la visite d'État de Charles III.
02:12 Alors, ils ne peuvent pas s'empêcher, quelques vacheries.
02:14 Je vous en donne une sur la BBC.
02:15 Il y a un présentateur qui régulièrement répète,
02:17 il y a des choses qui ne changent jamais en France.
02:20 On perd les guerres et on fait la grève.
02:23 Sympa les voisins.
02:25 Les Allemands, alors eux, sur notre supposé paresse, ne peuvent rien dire
02:29 puisqu'en l'occurrence, les Allemands, en moyenne, travaillent 200 heures de moins par an que les Français.
02:33 Ça, on le sait peu, mais c'est pourtant vrai du fait qu'il y a une bonne partie des Allemands,
02:37 notamment les femmes, qui travaillent beaucoup moins que les Françaises.
02:41 En revanche, ce qu'ils ne comprennent pas, c'est comment on peut nier le vieillissement de la population.
02:45 Comment on peut refuser de travailler deux ans de plus
02:47 quand on sait que mécaniquement, la pyramide des âges fait que l'effort contributif
02:53 sera rapidement insoutenable pour les actifs compte tenu du nombre de retraités qu'il y aura d'ici quelques années.
03:00 Donc, il y a un mot, quand il parle des Français, les Allemands, en ce moment, ils disent "unvernunftig".
03:04 En allemand, ça veut dire "déraisonnable".
03:05 Ils nous considèrent comme déraisonnables.
03:07 Il y a quand même la "Süddeutsche Zeitung", journal libéral,
03:10 qui rappelle qu'il y a un an, Emmanuel Macron disait pendant sa campagne,
03:13 et nous-mêmes ne l'avons pas forcément rappelé.
03:15 Donc, je cite la "Süddeutsche Zeitung" et je les en félicite.
03:19 Rappelant cette phrase d'Emmanuel Macron, les Français en ont assez des réformes qu'on leur impose par an.
03:25 Oh, voilà ce que disait Emmanuel Macron il y a un an.
03:28 C'est quand même assez cocasse quand vous voyez la méthode qui a été employée pour la réforme des retraites.
03:33 Alors, ce qui revient aussi beaucoup, c'est le cliché des Français révolutionnaires.
03:37 En gros, quand tu es Français, si à 50 ans, tu n'as pas pris la Bastille une fois dans ta vie, tu l'as raté.
03:42 Voilà, et donc, il y a aussi ce que disent aussi les Américains.
03:45 Les Français, ils préfèreraient brûler Paris que travailler deux ans de plus.
03:48 Et ça, ils ont évidemment beaucoup de mal à comprendre.
03:50 [Musique]
03:54 [SILENCE]

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