Pascal Maître : "C'est plus facile de travailler en Afghanistan aujourd'hui"

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Transcript

00:00 Seul, on ne fait rien.

00:01 C'est vraiment les gens qui vous donnent les histoires.

00:05 Notre travail, c'est que de la relation humaine.

00:08 Et il ne faut pas l'oublier.

00:10 J'étais dernièrement en Afghanistan.

00:13 Le pays n'est plus en guerre

00:15 et je n'ai jamais aussi facilement travaillé.

00:19 Pour nous, c'est plus facile,

00:21 mais aussi pour la population.

00:22 Enfin, après tant d'années de guerre,

00:25 les gens pouvaient se déplacer.

00:28 Et malheureusement,

00:30 ce sont toujours les femmes qui sont les premières victimes.

00:34 Et aujourd'hui, ce que l'on en sait,

00:37 c'est qu'elles servent de chantage pour récupérer des fonds,

00:40 pour récupérer les avoirs bloqués de l'Afghanistan.

00:47 On m'a dit qu'on allait voir plusieurs chancelleries en disant

00:50 "Ok, vous nous redonnez nos avoirs

00:53 et on lâchera sur la condition des femmes."

00:57 Aujourd'hui, si vous voulez encore faire du reportage,

01:01 c'est surtout les idées que vous devez vendre.

01:04 La technique est devenue quand même très simple.

01:06 Avant, il y avait toujours des photos.

01:08 La difficulté, c'était de les récupérer.

01:10 Les grands événements,

01:12 ce soit les grands crashs, l'assassinat de Sadat,

01:15 tout ça, il y a toujours eu des photos.

01:17 C'est-à-dire soit des amateurs,

01:20 soit des journalistes locaux.

01:22 La difficulté, c'était de les récupérer.

01:24 Aujourd'hui, la facilité, c'est d'un clic,

01:26 vous les envoyez dans le monde entier.

01:28 C'est surtout ça qui a changé.

01:30 L'arrivée du numérique,

01:32 ça, ça a été un énorme changement.

01:34 Technologique, plutôt positif.

01:37 Économique, dans notre métier,

01:39 ça a compliqué les choses pour plusieurs raisons.

01:43 C'est vrai qu'aujourd'hui, l'apprentissage technique

01:46 qui existait avant, surtout nous, on travaillait en diapositive,

01:48 qui était un travail très pointu, en argentique.

01:52 Il fallait du temps et beaucoup de gens abandonnaient en chemin.

01:55 Aujourd'hui, la technique est très simple.

01:56 Vous achetez un appareil photo,

01:57 deux heures après, vous pouvez être photographe.

01:59 Vous pouvez techniquement sortir des photos qui peuvent être publiées.

02:05 Donc, ça a mené beaucoup, beaucoup de photographes sur le marché.

02:09 Moi, je suis avant tout un storyteller,

02:11 c'est-à-dire je raconte des histoires.

02:13 J'aime la couleur.

02:15 Je pense être un photographe classique.

02:17 La photographie est mon outil,

02:19 mais de raconter l'histoire, ça, ça m'intéresse beaucoup.

02:22 Quand c'est possible que ce soit d'histoires qui n'ont pas encore été faites,

02:25 ça, c'est intéressant de pointer le doigt sur des choses importantes

02:30 qui, quelquefois, bizarrement, personne ne s'y est intéressé.

02:35 Il faut être curieux.

02:37 C'est la base.

02:38 Il faut avoir de l'énergie.

02:40 Et puis, il ne faut jamais abandonner.

02:44 Et la dernière chose, il ne faut pas oublier quelque chose

02:46 quand on est reporter, que ce soit photographe ou écrit ou radio et tout.

02:51 C'est que le monde et les gens sont nos partenaires.

02:55 Seuls, on ne fait rien.

02:56 C'est vraiment les gens qui vous donnent les histoires.

03:00 Notre travail, c'est que de la relation humaine.

03:03 [Musique]

03:08 [Musique]

03:13 [SILENCE]

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