• l’année dernière
Si la protection contre les drones intrusifs et la lutte contre les cyberattaques fait bien partie des priorités des organisateurs des Jeux olympiques de Paris, l'Assemblée nationale vient de donner son accord à une vidéosurveillance qui s'appuie sur l'intelligence artificielle pour protéger la compétition. Alors que cette technologie inquiète, il est nécessaire de multiplier les garde-fous et de limiter son déploiement dans la durée. Explications.

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Transcription
00:00 La chronique Tech 24, comme chaque vendredi,
00:02 avec Guillaume Gralet.
00:04 Bonjour, Guillaume. -Bonjour, Ashren.
00:06 -Chronique consacrée à ces outils tech
00:08 qui permettront la surveillance des JO 2024 à Paris.
00:11 Ils permettront de détecter automatiquement
00:14 des comportements jugés suspects.
00:16 Avant d'en parler avec vous, Guillaume,
00:19 on va voir comment marchent ces outils
00:21 avec Eléana Bonas, Simon Ricottier et Benoît Véran.
00:26 -Elles pourraient être les invités les plus discrètes
00:30 des Jeux olympiques,
00:31 des caméras dites intelligentes.
00:33 Prévue par le projet de loi pour Paris 2024,
00:36 elle permettrait de scruter les abords
00:38 des futurs lieux de compétition,
00:41 comme le Stade de France ou la Tour Eiffel,
00:43 mais aussi les transports en commun.
00:45 Des caméras dotées d'une intelligence artificielle
00:49 capable de détecter les mouvements de foule,
00:51 des comportements suspects,
00:53 et de les signaler.
00:55 A titre exceptionnel,
00:56 certaines de ces caméras sont déjà utilisées,
00:59 par exemple, pour surveiller ce collège des Yvelines.
01:02 Le logiciel est censé détecter toute anomalie.
01:05 Pour tester ces capacités, nous avons pu simuler une intrusion.
01:08 Au centre de contrôle, à quelques kilomètres,
01:11 le signalement est immédiat.
01:13 -Quand l'alarme se déclenche,
01:16 et j'affiche les images de la caméra thermique,
01:20 je constate qu'il y a une intrusion.
01:23 Et j'appelle les forces de l'ordre.
01:26 -Avec cet algorithme,
01:28 8 agents suffisent pour superviser 2 500 caméras.
01:32 Mais jusqu'où peut aller cette technologie ?
01:35 La commission de l'informatique et des libertés se veut rassurante.
01:39 -Ca ne va pas être utilisé pour regarder
01:41 si vous êtes entré sans payer votre billet
01:43 ou si vous avez laissé un papier gras par terre,
01:46 mais pour regarder si vous êtes en train de laisser
01:49 un colis abandonné qui pourrait être une bombe.
01:52 -Certaines associations y voient les prémices
01:54 d'une surveillance généralisée avec reconnaissance faciale,
01:58 comme cela se pratique par exemple en Chine.
02:01 -On en parle avec Guillaume Grallet.
02:03 Ce sont donc les jeux de la technologie.
02:06 -Oui, ce sont les jeux de la technologie.
02:08 Moi, qui rêvais de profiter de 2024 pour me perfectionner au surf,
02:12 à l'escalade, au breakdance, pourquoi pas ?
02:14 Bien sûr, j'irais me balader le long de la Seine,
02:17 j'irais profiter un peu même des cours séquestres
02:20 au château de Versailles,
02:22 pas moins de 329 épreuves sur 19 jours de compétition,
02:25 mais on risque de voir d'autres activités inattendues
02:28 pour protéger les jeux.
02:30 On va notamment voir utiliser des canons lasers,
02:33 des canons lasers qui doivent permettre
02:35 d'immobiliser des drones,
02:37 puisque la menace d'intrusion de drones
02:39 est prise très au sérieux
02:41 par les organisateurs des Jeux olympiques de 2024.
02:44 Il faut écouter pour cela le général Etienne Faurie,
02:47 responsable de la lutte antidrones pour ces JO.
02:50 Il dit qu'on va sans doute utiliser des canons antidrones,
02:53 mais également des filets antidrones
02:55 qui doivent permettre à ces drones, littéralement, de les capturer.
02:59 Certains outils dotés d'impulsions électromagnétiques
03:02 ont encore l'emploi de fusils brouilleurs.
03:05 -L'une des technologies qui fait débat,
03:07 c'est cette vidéosurveillance algorithmique.
03:09 Qu'est-ce que c'est ?
03:11 -On l'a vu dans le sujet.
03:12 C'est un sujet qui a été débattu peut-être un peu trop peu
03:16 à l'Assemblée nationale.
03:17 Ca avait été adoubé par le Sénat.
03:19 On va voir si c'est confirmé par le Conseil constitutionnel.
03:25 En réalité, on veut mettre au point,
03:27 s'appuyer sur des outils qui doivent analyser
03:30 des grandes quantités d'images,
03:32 comme des mouvements de foules, des colis
03:34 ou encore des comportements suspects.
03:36 Et ce que l'on veut, en réalité,
03:38 c'est détecter un grand nombre d'informations.
03:42 C'est là où l'intelligence artificielle est très utile.
03:45 Des attroupements, des comportements suspects.
03:48 On nous promet qu'on n'utilisera pas
03:50 d'identification biométrique ou de la reconnaissance faciale.
03:53 Et pourtant, cette mesure, si elle est appliquée,
03:56 inquiète énormément.
03:57 Je vous propose d'écouter Acheraine Noemi-Levin
04:00 de la Quadrature du Net.
04:01 -On donne à la police un pouvoir d'analyse et de contrôle
04:07 sur nous, sur notre corps, qui est immense.
04:09 Il est masqué, à travers cette loi, sous couvert d'expérimentations,
04:13 sous couvert de JO, sous couvert de pseudo-garanties,
04:16 qui ne vont rien pallier au danger de ces technologies,
04:19 et qui, pour nous, font que c'est un tournant technologique
04:22 dans la surveillance, qui est un des pires de ces dernières années
04:26 et qui, malheureusement, a été assez invisibilisé
04:29 ces derniers mois en France.
04:30 -Et pourtant, Guillaume, on s'était déjà doté
04:33 d'outils de vidéosurveillance lors de précédentes éditions
04:36 de Jeux olympiques.
04:38 -Oui, ça fait plusieurs éditions qu'on se sert de ces outils.
04:41 C'était le cas, notamment, en 2008, à Pékin,
04:44 qui avait déjà été expérimenté dans le métro de New York,
04:47 qui devait, là aussi, identifier des comportements suspects.
04:50 C'était le cas, également, en 2012,
04:52 à l'occasion des Jeux olympiques de Londres,
04:55 où on a vu se généraliser les outils de vidéosurveillance.
04:58 Il y a pas moins de 20 000 caméras de vidéosurveillance à Londres,
05:01 contre 4 000 à Paris.
05:03 A Sochi, en 2014, pour les Jeux olympiques d'hiver,
05:06 on a vu un logiciel, le Vibraimage,
05:08 qui promettait d'identifier ni plus ni moins
05:10 que l'émotion des passants.
05:12 C'est un peu inquiétant.
05:13 On a vu, en réalité, ces outils souvent rester
05:16 dans les pays où ils ont été déployés.
05:18 -Qu'est-ce qui fait peur, cette fois-ci ?
05:21 -Ce qui fait peur, en fait,
05:22 ce sont un petit peu les biais, ou en tout cas, les erreurs.
05:26 J'ai parlé avec le député Philippe Latombe,
05:28 spécialiste du numérique à l'Assemblée nationale.
05:31 Il redoute les faux positifs, c'est-à-dire des fausses alertes
05:35 qui vont entraîner une décision trop instantanée.
05:37 Il explique qu'il faudra toujours une décision humaine
05:41 de ces alertes.
05:42 Il y a également ce que je pourrais appeler
05:44 le syndrome TikTok, dont on parle tant en ce moment,
05:47 c'est-à-dire une perte de souveraineté numérique,
05:50 c'est-à-dire se remettre à des acteurs non européens,
05:54 chinois ou américains,
05:56 qui pourraient capter les données.
05:58 On sait à quel point c'est très important.
06:00 Il y a notamment une homologation pour ces outils
06:03 qui doit respecter le Secnum Cloud
06:05 pour que, justement, les données restent vraiment en Europe.
06:10 Il y a plusieurs acteurs européens, Philippe Latombe cite,
06:13 notamment Idemia, Atos, Thales ou encore le 22 Groupes,
06:17 qui promettent en réalité de respecter les données
06:20 des spectateurs des Jeux olympiques.
06:22 -Il y a d'autres écueils technologiques à éviter
06:25 qui, eux, seront invisibles.
06:26 -Oui, il y a d'autres écueils peut-être encore plus inquiétants.
06:30 En réalité, on parle aussi ici d'identification.
06:34 Le député Philippe Latombe dit que ça va nous permettre
06:37 d'éviter ce qui s'est passé aux Jeux d'Atlanta
06:40 avec un mort direct, un indirect et pas moins de 111 blessés.
06:43 Mais on risque surtout d'avoir énormément de cyberattaques.
06:46 Il y a eu 450 millions de cyberattaques
06:49 qui ont été identifiées lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo.
06:53 Donc le drame absolu, ce serait de s'en prendre
06:56 aux hôpitaux franciliens, ce que, bien sûr, on ne souhaite pas.
06:59 On sait que les autorités travaillent
07:02 à un plan de sobriété low-tech,
07:03 c'est-à-dire de pouvoir continuer à fonctionner,
07:06 même lorsqu'il y a une cyberattaque géante
07:09 qui peut venir, et ça pourrait permettre, dans ce cas-là,
07:12 de sauver des centaines de vies à Shren.

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