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À 17 ans, Lisa Ngo a fait un déni de grossesse. Elle a accouché le jour où elle a appris qu'elle était enceinte, à 8 mois et demi de grossesse. Elle nous raconte comment elle a vécu ce phénomène encore tabou.
Transcription
00:00 Elle m'a dit "C'est pas pour vous faire paniquer, mais pour moi vous êtes enceinte et vous êtes en train d'accoucher."
00:04 Bonjour, je m'appelle Lisa Ingo, je suis créatrice de contenu sur les réseaux sociaux,
00:10 et aujourd'hui je viens vous parler du déni de grossesse.
00:12 Le 21 juin 2016, j'ai appris que je faisais un déni de grossesse.
00:18 Donc en fait, à cette période-là, j'étais encore au lycée.
00:20 Lors d'un mariage, en buvant une coupe de champagne, j'ai commencé à avoir des nausées,
00:24 à voir le ventre qui s'arrondissait légèrement, mais juste comme des ballons de main,
00:28 ou comme on peut l'avoir quelques jours avant d'être indisposée.
00:31 Je suis allée chez le médecin, mon ventre n'avait pas forcément plus grossi,
00:34 il était juste toujours aussi dur et toujours aussi rond, sans forcément être gros.
00:40 Ce jour-là, le médecin a posé son stéthoscope sur mon ventre,
00:42 il m'a demandé si j'étais toujours indisposée, donc je lui ai répondu que oui,
00:46 parce que pendant les 9 mois précédents, j'étais toujours indisposée,
00:49 mes règles étaient toujours aussi régulières, je prenais la pilule aussi à ce moment-là.
00:53 Le médecin s'est dit que j'étais juste, simplement constipée.
00:56 Elle m'a donné tous les médicaments nécessaires, donc l'axatif, etc.
01:00 Et je pense que c'est ça aussi qui a accéléré le processus,
01:03 vu que ce sont des médicaments, normalement, qu'on ne prescrit pas à une femme enceinte.
01:07 Le lendemain matin, les douleurs étaient très très fortes,
01:11 ça a commencé vers 9h du matin, je ne pouvais simplement plus me lever de mon lit,
01:15 le ventre était toujours aussi dur, légèrement plus gros,
01:19 mais j'ai commencé, au bout de quelques minutes, à vomir.
01:22 Par chance, mon copain est venu chez moi,
01:24 il a appelé le médecin, qui n'a pas décroché,
01:27 il a appelé le SAMU, on lui a dit que c'était certainement une occlusion intestinale,
01:30 donc de là, on lui a demandé rapidement aux urgences.
01:33 J'ai continué de me sentir très très mal,
01:35 autant tout tenter, je me suis forcée à aller aux toilettes,
01:38 j'ai commencé à avoir du sang dans mes urines.
01:39 J'ai directement interpellé une infirmière qui s'occupait de quelqu'un juste à côté,
01:43 elle m'a dit "ce n'est pas pour vous faire paniquer,
01:45 mais pour moi, vous êtes enceinte et vous êtes en train d'accoucher".
01:47 De là, elle m'a laissée, elle a été chercher rapidement une chaise roulante.
01:51 Après tout ça a enchaîné, on m'a emmenée voir un gynécologue,
01:55 on m'a emmenée faire une échographie,
01:56 on a vu que j'étais à 7 cm sur 10,
01:59 donc l'accouchement était vraiment en cours.
02:01 J'étais à 8 mois et demi de grossesse, donc j'étais à terme.
02:04 Ça s'appelle au final un déni de grossesse totale.
02:07 À partir du moment où on m'a dit que j'étais enceinte et que j'étais en train d'accoucher,
02:12 mon cerveau s'est un peu mis en mode pilote automatique,
02:15 je ne me souviens plus de ce que je ressentais exactement dans mon corps,
02:18 je me souviens juste de séquences par-ci par-là.
02:21 J'avais peur, tout simplement.
02:22 J'ai fermé les yeux en fait, tout le temps.
02:25 Pour moi, ça s'est passé très rapidement,
02:26 après je n'ai aucune notion du temps que ça a pris.
02:29 Je ne me souviens pas du pleurs de mon bébé par exemple.
02:33 En entrant dans la salle de travail,
02:35 l'infirmière m'a demandé ce que je voulais faire exactement.
02:39 Comme je ne connaissais rien, je pensais que je n'avais vraiment pas le choix.
02:42 Elle m'a expliqué que je pouvais faire le choix d'accoucher sous X.
02:46 Après avoir réfléchi, après avoir concerté mon conjoint
02:50 qui m'a tout simplement dit de m'écouter, de faire comme je le sentais,
02:53 j'ai décidé d'accoucher sous X par peur, tout simplement,
02:56 de rentrer chez moi du jour au lendemain avec un bébé dans les bras.
02:59 On m'a demandé aussi si je voulais savoir le sexe de mon bébé.
03:01 Sur le moment, j'ai dit non, parce que ça confirmerait la chose en fait.
03:06 Parce qu'à ce moment-là, je n'avais absolument pas assimilé la chose.
03:08 Je suis restée cinq jours à l'hôpital.
03:10 J'ai eu droit à un suivi psychologique,
03:12 donc des psychologues qui passaient un peu tous les jours,
03:15 des assistantes sociales aussi qui m'expliquaient un peu
03:18 comment pouvait se passer la suite.
03:19 Quand je suis rentrée, cinq jours plus tard,
03:22 j'ai dû forcément l'annoncer à mes parents.
03:25 J'ai pris le temps de réfléchir à ma décision,
03:28 d'en discuter avec mon conjoint.
03:29 À ce moment-là, on en discutait sans trop dire ce qu'on en pensait
03:35 par peur d'influencer l'autre et de choisir pour l'autre en fait.
03:39 Sauf qu'au bout d'un moment, on s'est dit tous les deux que non,
03:41 qu'il fallait qu'on la récupère, qu'on fasse toutes les démarches.
03:44 Pendant ce temps-là, ma fille était dans une famille d'accueil,
03:48 une nounou en fait qui prenait soin d'elle le temps de,
03:50 soit que je la récupère, soit de lui trouver un endroit où aller.
03:53 Une fois que j'avais récupéré ma fille,
03:56 ça a mis vraiment pas mal de temps avant que je comprenne
04:00 vraiment le fait que j'étais sa maman, que c'était mon bébé à moi.
04:03 J'ai bien compris tout de suite que je devais prendre soin d'elle au maximum.
04:07 Pour mon conjoint, ça a été beaucoup plus rapide,
04:09 ça s'est fait instinctivement,
04:10 tandis que pour moi, ça a été beaucoup plus long.
04:12 Je pense que ça a même pris des mois.
04:13 L'instinct maternel et le fait de savoir que vraiment c'était mon bébé,
04:17 ça a vraiment pris du temps.
04:18 J'ai eu le passage d'assistante sociale qui m'ont aidée
04:22 plus dans le côté technique, on va dire,
04:25 donc pour m'apprendre à bien positionner mon bébé,
04:28 pour lui changer la couche, s'il y avait des coliques, etc.
04:30 On m'a donné des conseils.
04:31 Mais c'est vrai que pour le suivi psychologique,
04:33 c'était moins obligatoire.
04:34 Il y avait tellement de choses à ce moment-là
04:36 que je ne me suis même pas dirigée vers une psychologue forcément.
04:40 Maintenant, je le regrette parce que je pense que
04:41 j'aurais eu une adaptation à la situation beaucoup plus rapide
04:45 en étant suivie psychologiquement.
04:47 Aujourd'hui, tout va parfaitement bien.
04:49 Depuis, j'ai eu une deuxième petite-fille qui a aujourd'hui 4 ans.
04:52 Elles sont toutes les deux en très très bonne santé.
04:55 Ce sont des petits bébés joyeux, donc on a beaucoup de chance.
04:57 On a énormément de beaux moments.
04:59 [SILENCE]

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