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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, François Kalfon et Eugénie Bastié.
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News
Transcription
00:00 Le club de la presse européen, une assemblée en surchauffe, la rue sous tension, un président
00:06 qui garde le silence, une motion de censure qui échoue de peu à renverser le gouvernement
00:10 chaque jour qui passe.
00:11 La France s'enfonce un peu plus dans la crise des retraites.
00:14 Avant je disais la bataille, maintenant je dis la crise des retraites.
00:17 Plus on s'approche de l'adoption définitive du texte, ça n'est pas encore le cas.
00:20 Plus la contestation se radicalise.
00:23 Jean-Luc Mélenchon rêve du grand soir, Marine Le Pen veut un référendum, Emmanuel Macron
00:29 lui joue clairement la suite de son mandat.
00:30 En a-t-il seulement conscience ? On en parle ce matin avec François Calfon.
00:33 Bonjour François.
00:34 Bonjour.
00:35 Éditorialiste politique, membre du bureau national du PSCE, Eugénie Bastier, essayiste
00:38 journaliste au Figaro Vox.
00:39 Bonjour Eugénie.
00:40 Bonjour.
00:41 Je vous demande si Emmanuel Macron en a conscience car à en croire, Cécile Cordunet, notre
00:44 conseillère des échos à l'Élysée, il n'y a pas de crise.
00:48 Au pire un incident parlementaire mais il n'y a pas de crise.
00:50 Et d'ailleurs ça se traduit peut-être par ce que va faire le président de la République
00:53 aujourd'hui, des consultations tous azimuts.
00:56 Dans la majorité, je crois que le seul qui n'est pas de son parti qu'il va voir aujourd'hui
00:59 c'est Gérard Larcher à midi.
01:01 Oui je pense qu'il y a un certain aveuglement de l'exécutif.
01:04 Depuis le début de cette crise, l'exécutif ne regarde qu'un chiffre, c'est le chiffre
01:07 de la résignation des Français.
01:08 Ils font le pari d'une résignation face à cette réforme des retraites en se disant
01:11 "les Français sont contre mais ils sont résignés à ce qu'elles passent", ce que
01:16 disait le sondage d'ailleurs parce que les Français sont à 68% je crois convaincus
01:20 que de toute façon cette réforme s'appliquera.
01:22 Il faudrait le refaire ce sondage aujourd'hui.
01:23 Oui il faudrait le refaire, exactement.
01:25 Et ils font le pari que finalement le vrai problème des Français c'est le pouvoir d'achat
01:29 et l'inflation et que la réforme des retraites est secondaire.
01:32 Je pense qu'ils se trompent parce qu'effectivement je pense que la réforme des retraites est
01:36 secondaire mais qu'il y a quand même une crise politique, une crise de régime très
01:39 profonde que le gouvernement se refuse d'avoir parce qu'il voit finalement dans cette agitation
01:45 juste la main de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise et ils réduisent l'opposition
01:49 violente à la réforme des retraites à une agitation de la nupes, je pense que c'est
01:54 se tromper, qu'il y a un phénomène de pourrissement et de déliquescence politique très profond
01:59 et que le président de la République a tort de ne pas le voir.
02:02 François Calfon, attendez, juste crise de régime, je m'arrête sur cette expression
02:05 parce que quand Mathieu Bocoté qui intervient sur Europe 1 parle souvent de crise de régime,
02:09 Serge Julli dans Libération disait exactement la même chose, il disait "on vit l'agonie
02:13 du macronisme".
02:14 On en est là vous pensez vous aussi ?
02:15 Alors en fait avec deux questions on peut la résumer une seule, c'est-à-dire qu'Emmanuel
02:19 Macron contrairement à toutes les autres formations politiques, il n'y a pas de macronisme,
02:23 il y a Emmanuel Macron.
02:25 Et donc dès lors, il n'en a pas quelque chose à faire, il n'a pas une pérennité
02:30 à construire avec son parti.
02:31 Et je crois qu'Emmanuel Macron de ce que je vois de la période tout à fait immédiate
02:36 c'est qu'il a compris le double corps du roi et il a compris que le roi dans ce moment-là
02:41 devait coûte que coûte incarner finalement la verticalité, ce qu'il fait.
02:46 Alors est-ce à dire qu'il ne voit pas la crise ?
02:48 Quand vous en êtes à convoquer l'ensemble de vos parlementaires qui étaient très superbement
02:52 absents pour soutenir la première ministre lors de son discours, c'est que vous voyez
02:57 bien que c'est en train de fissurer tous les côtés.
02:59 Mais la mémoire douloureuse d'Emmanuel Macron c'est qu'il s'est vu vraiment mort au moment
03:03 des Gilets jaunes, on lui a soufflé les grands débats et il a vu qu'une crise qui était
03:08 réellement insurrectionnelle, où on avait préparé l'hélicoptère pour l'évacuer
03:12 de l'Elysée, il s'en était sorti.
03:14 Donc il aborde cette crise-là qui est finalement moins institutionnelle, anti-institutionnelle
03:20 que l'autre puisque c'est les formations syndicales, politiques qu'il a en face de lui, donc des
03:24 organisations instituées.
03:26 Il n'y a pas eu de mutation justement de la contestation vous pensez ces dernières heures ?
03:29 C'est quand même plus largement une crise institutionnelle au sens où il a en face
03:35 de lui des forces organisées.
03:36 Et donc je pense qu'il se dit tout simplement, alors là c'est vieux comme la droite, après
03:40 mai 68, il y a toujours juin 68, avec les images de poubelles bolées, moi je parle d'ailleurs
03:45 avec des gens qui sont de droite qui contestent cette réforme, et bien on voit bien que psychologiquement
03:50 ils basculent tantôt vers finalement la contestation d'Emmanuel Macron, tantôt vers "il y en
03:56 a marre de ce bordel".
03:57 - Alors j'apporte un peu de biscuits, alors je lis ça et là que les manifestants s'inspireraient
04:01 de la méthode hongkongaise, c'est-à-dire comme à Hong Kong on fait des tas de choses,
04:05 des jets de vélos de poubelles, éventuellement on y met le feu, et notamment les poubelles
04:09 sont une matière première abondante en ce moment dans les rues de nos grandes villes.
04:13 Et puis il y a ces appels clairement à l'insurrection, je cite Antoine Léaumant, député youtuber
04:19 Nupes qui parle d'insurrection, il dit "il parle de légitime défense sociale face à
04:23 une réforme violente" Jenny Bastiais.
04:25 Est-ce que cette radicalisation finalement elle profitera à Emmanuel Macron dans un
04:29 second temps ?
04:30 - Bien sûr, je pense que les radicaux de la France insoumise sont les idiots utiles
04:36 du macronisme.
04:37 Emmanuel Macron s'est servi de Marine Le Pen pendant longtemps pour incarner le Parti
04:44 de l'ordre, là il se sert de la Nupes et de la France insoumise aussi pour incarner
04:48 aussi cette espèce de raison démocratique face au chaos en fait.
04:53 Et c'est comme ça qu'il fonctionne depuis le début, c'est moi ou le chaos.
04:56 Et effectivement le pourrissement de la situation, la chienlit dans la rue peut entraîner un
05:01 réflexe Parti de l'ordre.
05:02 Et je ne suis même pas sûre d'ailleurs qu'en cas de dissolution, si même Emmanuel Macron
05:07 prenait l'initiative d'une dissolution, c'est-à-dire que ce serait lui qui décider qu'on ne lui
05:12 force pas la main par le 49-3, et bien je ne suis même pas sûre que ça servirait
05:15 le RN et la France insoumise.
05:17 Il pourrait y avoir un réflexe Parti de l'ordre et peut-être même Emmanuel Macron pourrait
05:22 en sortir gagnant.
05:23 Vous croyez que Gennibati pourrait élargir sa majorité relative ?
05:26 On va en parler peut-être de Heller, mais je pense qu'Heller est en voie de disparition,
05:31 donc effectivement ce serait possible.
05:32 Ça fait le lien avec Heller, c'est-à-dire qu'à un moment donné l'implosion d'Heller
05:37 qui était incarnée quelque part par la piètre prestation de M.
05:41 Marlex à l'Assemblée hier fait que la nature ayant horreur du vide, la droite tout à fait
05:47 classique peut mourir d'un coup là sur...
05:49 La droite partisane ! Mais je veux dire, la droite, et maintenant il y a eu un transfert
05:52 comme on dit dans le football, à l'endroit d'Emmanuel Macron qui incarne...
05:56 C'est ce que dit Jordan Bardella ce matin dans le Figaro, il dit qu'Heller, il y en
05:59 a un bout qui ira au RN et un autre qui a vocation à rallier Emmanuel Macron.
06:03 Vous avez remarqué quand même qu'un certain nombre, très peu, mais c'est l'avant-garde,
06:07 un certain nombre de députés Heller ont certes voté la motion de censure de Lyott,
06:11 mais par paralysme des formes ont voté également finalement la motion de censure du RN.
06:18 Et je crois que c'est très simple, c'est-à-dire que la moitié ou les deux tiers des Heller
06:23 chercheront l'investiture suivant qui sont les circonscriptions bourgeoises, comme c'est
06:27 déjà le cas de Renaissance, et ceux qui sont dans les circonscriptions populaires,
06:31 d'ailleurs il y a eu un appel du pied de M. Bardella, chercheront l'investiture du RN.
06:34 C'est-à-dire que c'est la fin des Républicains par le grand remplacement à la fois du RN
06:41 et bien sûr du Macron.
06:43 Je suis étonné, pour une fois vous êtes d'accord l'un et l'autre.
06:45 Ce qui est sûr c'est que moi j'ai des échos à l'intérieur de Heller, on vit très très
06:49 très mal le fait que un tiers des députés aient voté la motion de censure, on les appelle
06:54 déjà les Républicains bolchéviques, qui ne veulent plus s'éger ensemble, c'est-à-dire
07:01 qu'il y a vraiment une rupture très très profonde, ça va être très difficile de recoudre
07:06 ces deux parties de Heller, alors peut-être que ça tiendra jusqu'aux européennes et
07:11 on verra en fonction du score que fera Heller aux européennes, s'ils font moins de 5%
07:13 le parti disparaît.
07:14 - Alors est-ce qu'on peut prospérer longtemps sur la faiblesse des autres ?
07:17 Quand même ça pose cette question-là, qu'est-ce qu'il va pouvoir faire Emmanuel Macron ?
07:19 Qu'est-ce qu'il peut annoncer ? Qu'est-ce qu'il peut dire demain ?
07:21 Il y a deux options finalement François Calfon, soit il persiste, quitte à aller à un affrontement
07:26 durable et à une déconnexion totale, c'est possible, parce qu'il y a ceux qui disent
07:31 ça peut durer des mois cette histoire-là, ceux qui disent "oui mais non vous allez voir
07:34 dans un mois on n'en parle plus", et puis il y a ceux qui disent "oui il y a la dernière
07:37 option, la chirurgisation, c'est-à-dire je me retire et je fais quoi pendant quatre
07:41 mois ?"
07:42 - Il a fait partie de sa personnalité le fait de se retirer, je crois qu'il a fait
07:45 un calcul qui est tout simple, c'est qu'à un moment donné, une fois que le conseil
07:48 constitutionnel se sera prononcé, qu'il aura sans doute censuré le CDI senior parce
07:53 que c'est effectivement un cavalier, à un moment donné les choses se passent, et la
07:58 radicalisation, idiot utile, je suis absolument d'accord avec vous, de l'extrême gauche
08:02 emmenée par Jean-Luc Mélenchon va, comment dire, tendre encore l'agenda social, et je
08:07 vous prédis, jeudi les manifestations syndicales...
08:10 - Mais le Front syndical, Laurent Berger par exemple...
08:14 - Aujourd'hui il y a un nettoyage du champ politique à travers trois radicalités, la
08:21 radicalité droite de la droite bolchevique sur le plan finalement économique et financier
08:25 qui est le Rassemblement National, l'hypercentre radicalisé illibéral qui est celui de M.
08:31 Macron, et l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon.
08:34 Il n'y a plus de place, donc je réponds à votre question, il n'y a plus de place pour
08:37 Laurent Berger parce qu'il sera lui-même face à ces contradictions, il prendra ou
08:40 non puisqu'on nous annonce une loi plein emploi qui va être un peu le pansement de
08:44 la réforme des retraites, et la CFDT dans sa nature, soit elle ira contre toute forme
08:50 de négociation mais son ADN est la négociation, donc c'est la fin de l'expression des modérés
08:57 dans cette bataille politique.
08:58 - Donc vous dites François, dans un mois on n'en parle plus de cette réforme, c'est
09:00 terminé.
09:01 - Il y a une grande amertume après les...
09:03 - Attends je peux parler ou pas ?
09:05 - Oui parle.
09:06 - Pour moi il y a deux voies qui s'offrent à Emmanuel Macron, soit la chirurgisation,
09:09 soit la droitisation, c'est-à-dire soit effectivement ne rien faire et s'enfermer dans une forme
09:13 d'immobilisme, soit finalement profiter de cette crise pour absorber définitivement
09:18 LR et peut-être même absorber physiquement des membres de LR dans son gouvernement, faire
09:23 une sorte de gouvernement d'union nationale sur la droite, et de faire une vraie réforme
09:27 sur l'immigration et d'agir.
09:29 Je pense qu'il y a deux problèmes de fond qui se posent dans notre pays, il y a deux
09:33 crises, il y a une crise institutionnelle de la représentativité, des français qui
09:37 ne se sentent plus représentés par cette 5ème république, qui marginalise une partie
09:41 des forces politiques, donc là il faut répondre institutionnellement, peut-être par le référendum,
09:47 peut-être par une réforme des institutions, et il y a une crise aussi de l'impuissance
09:50 publique, c'est-à-dire les français reprochent aussi au gouvernement de ne pas agir, ils
09:54 ont le sentiment que quand il s'agit d'obéir à l'Union Européenne ou au marché financier
09:58 pour faire une réforme et la mener jusqu'au bout, même y compris contre le peuple, on
10:01 y arrive, mais quand il s'agit de faire ce que le peuple désire vraiment, par exemple
10:05 d'agir sur l'immigration, sur la fermeture des frontières, là il y a une impuissance
10:08 totale publique, et je crois que c'est une crise très profonde, et Emmanuel Macron
10:13 doit répondre à ces deux défis qui sont représentation et impuissance publique.
10:18 François Calfan.
10:19 En fait on raisonne tous, commentateurs et acteurs, comme si Emmanuel Macron était
10:22 un objet politique conforme aux autres.
10:24 En réalité il ne procède que de son agenda à lui, et on oublie une dimension essentielle,
10:28 c'est qu'il ne se représentera pas, parce que les institutions lui interdisent.
10:31 Oui mais il y a quatre ans encore là quand même.
10:33 Oui mais je pense que...
10:34 Ça fait 1500 jours.
10:35 Après dans les deux options qui ont été prises, il est évident qu'il ne se chirurghisera
10:39 pas, enfin il fera du biais en même temps parce qu'il mettra un peu de pansement avec
10:42 une loi plein emploi dans la foulée, mais que le seul agenda et le seul créneau disponible,
10:48 et au fond ce qu'il a toujours été, c'était un homme de droite, et que le créneau de
10:51 la droite c'est à racheter à un euro à la barre du tribunal, donc il le prendra,
10:55 mais fondamentalement c'est pas ce qui l'intéresse, ce qui l'intéresse c'est qu'elle sera la
10:58 l'alternance.
10:59 Est-ce qu'il serait si dérangé que ça par une alternance au profit de Marine Le Pen
11:03 pour pouvoir revenir ensuite ? Je sais qu'on est dans le fantasme politique, mais connaissant
11:07 le personnage il faut raisonner avec son, sa psychologie, qui n'est pas la psychologie
11:11 d'un parti classique.
11:12 Après je pense que M.
11:13 Macron se dit qu'il en a vu d'autres, parce qu'il n'a cessé depuis le début de son
11:16 premier quinquennat d'enchaîner les crises, crise des gilets jaunes, crise du Covid, crise
11:20 de la guerre en Ukraine...
11:21 Demain la dette.
11:22 Demain, voilà, la dette.
11:23 Donc je crois qu'il y a aussi cette espèce de relativisation du moment, en se disant
11:27 "de toute façon je m'en suis sorti cette année dans des situations bien pires, donc
11:31 je m'en sortirai encore à voir si cet optimisme sera ou pas démenti par les faits".
11:35 Merci à tous les deux.
11:36 François Calfon, Génie Bastier avec nous sur Europe 1 ce jour.

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