• l’année dernière

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Je savais que j'étais adoptée, mais je m'en suis réellement rendue compte à l'école primaire, vers 6-7 ans.
00:05 Comme je ne connaissais pas mon histoire personnelle,
00:07 parce que je suis née d'une agression sexuelle,
00:10 j'avais un peu peur d'avoir été conçue dans des circonstances assez sombres.
00:17 Je suis née sous X, ce qui veut dire que ma mère biologique souhaitait,
00:22 une famille pour moi, souhaitait me donner la chance de connaître une vie qu'elle ne pouvait pas m'apporter.
00:27 J'ai été pupille de l'état jusqu'à 4 mois, et après j'ai été adoptée.
00:32 Le mot "adoption" au sein de ma famille n'a jamais été tabou.
00:35 J'ai vraiment grandi dans un foyer très aimant.
00:39 Je savais que j'étais adoptée, mais je m'en suis réellement rendue compte à l'école primaire, vers 6-7 ans.
00:46 On compare un peu notre famille avec celle des autres.
00:49 Moi étant une personne noire, et mes parents étant des personnes blanches,
00:55 c'est vrai qu'on l'inconsidère, il s'est passé quelque chose.
00:58 Mais le mot "adoption" pour moi, ça représentait plus une chance.
01:03 J'avais la chance de connaître le fait que j'étais d'origine camerounaise,
01:06 donc je cherchais beaucoup, je m'interrogeais beaucoup,
01:10 tout ce qui englobait la politique, les ethnies qui existaient là-bas.
01:13 Il y avait un peu cette idéalisation, en me disant, je suis sûre que c'est des personnes formidables.
01:20 Et puis des fois, un peu ces doutes sur le fait, comme je ne connaissais pas mon histoire personnelle,
01:26 est-ce que je suis née d'une agression sexuelle ou autre, quelque chose...
01:30 J'avais un peu peur d'avoir été conçue dans des circonstances assez sombres,
01:37 mais je n'ai jamais eu de colère ou autre.
01:41 Et c'est plus, je dirais, quand la vingtaine passait, quand je me suis lancée dans des études de psycho.
01:49 Je me suis dit, si je veux aider les autres, c'est intéressant que je me connaisse parfaitement,
01:53 que je complète un peu mon pulse personnel, il me manque des pièces.
01:57 Nés sous X, ce qui signifie qu'un dossier nous attend,
02:01 qu'on pourra consulter quand on sera prêt,
02:05 concernant l'identité de la mère biologique, son histoire.
02:08 C'est tout un schéma qui se présente à nous.
02:12 On comprend pourquoi on a été conçue, on a un peu le profil de nos géniteurs.
02:17 Donc moi, étant une éponge émotionnelle, j'ai pleuré beaucoup, énormément.
02:24 Mais c'était plus des larmes de bonheur en étant rassurée.
02:27 Je ne vais pas aller dans les détails, mais voilà,
02:29 je suis née d'une histoire d'amour passé entre deux personnes.
02:34 Inconsciemment, ça m'a apaisée sur beaucoup de points.
02:38 Par la suite, je pouvais éventuellement me tourner vers le CNAO,
02:41 parce que dans mon dossier sous X, il n'y avait pas de nom.
02:45 C'est un organisme qui a été lancé au début des années 2000,
02:48 qui permet de lever l'identité de la mère.
02:51 J'ai mis plusieurs mois avant de me lancer.
02:55 Je voulais être prête.
02:57 Il ne faut pas s'attendre à avoir une réponse de suite.
03:00 Pour mon cas, il a fallu que j'attende un an et demi
03:02 pour avoir un retour négatif pour le coup.
03:05 Par téléphone, la personne qui m'a contactée m'a conseillé de me tourner plus.
03:11 Il y a des tests ADN, on le sait que ça divise énormément en France,
03:14 sous détective privée.
03:16 Financièrement, c'est aussi un sacré budget.
03:18 J'ai laissé 3-4 ans, je pense qu'il fallait que je me prépare.
03:23 J'avais toujours cette peur sur le fait d'être déçue quant à mes recherches.
03:29 Suite à un rebondissement au sein de ma famille d'adoption,
03:33 ces personnes-là ont fait un test ADN et je me suis dit pourquoi pas moi ?
03:36 Ça a mis un mois à peu près avant d'avoir une réponse.
03:39 Beaucoup de surprises et des matchs avec des personnes
03:42 qui avaient un ADN similaire au mien.
03:44 Je les ai contactées et une personne m'a répondu.
03:47 On a pu vite fait établir le profil de ma mère biologique.
03:51 En quelques mois, tout le monde a été retrouvé.
03:56 C'est un chamboulement à tous les niveaux quand d'un coup,
04:01 on retrouve des personnes, on met des noms sur des visages qu'on imaginait.
04:06 La rencontre de mes géniteurs s'est plutôt bien passée.
04:09 Les rencontrer, je pense que ça a permis de s'ouvrir certaines choses en moi,
04:14 de m'apaiser, de me rassurer.
04:17 Quant à mes géniteurs, des deux côtés, il y a eu beaucoup d'amour.
04:22 Pour beaucoup, c'est un chamboulement parce qu'ils ne savaient pas que j'existais.
04:26 Donc ça a été riche en émotions.
04:30 J'ai pu aussi aller au Cameroun, mon pays d'origine.
04:34 Donc on a eu un accueil au-delà de nos espérances.
04:38 Mon père adoptif était à mes côtés.
04:39 C'est un peu la reconnexion aux sources.
04:42 On se projette en disant "j'ai ma vie qui est comme ça,
04:48 comment ça aurait été à côté de mes géniteurs ?"
04:51 sans forcément me morfondre dans le regret ou autre.
04:54 Ces deux points de ma vie se sont ressoudés, recollés, découvertes.
04:58 Il y a toujours ce côté un peu idéalisation,
05:00 c'est un peu en apillènes comme dans les films,
05:02 mais c'est vraiment un chamboulement à tous les bords.
05:05 Vraiment, c'est assez impressionnant.
05:08 Et on va dire que je n'ai pas vu le tsunami arriver.
05:12 Je sentais de toute façon qu'il fallait que je fasse un suivi avec une psychologue
05:18 pour arriver à déblayer un peu tous mes ressentis,
05:21 mettre des mots sur mes ressentis, ce qui est important,
05:23 pour éviter de faire un peu un burn-out émotionnel
05:26 et faire une overdose à tous les bords.
05:29 Aujourd'hui, je me sens plus apaisée.
05:31 Je pense que le temps fera les choses et permettra de retrouver un équilibre aussi.
05:38 Et je sais que via mon histoire, c'est vraiment le mot "amour" qui prime,
05:43 que ce soit vis-à-vis de ma famille d'adoption ou ma famille biologique.
05:47 Si je devais dire quelque chose aux personnes qui vivent la même chose que moi
05:53 ou qui vont se lancer dans ces démarches,
05:56 sachez que vos ressentis sont légitimes,
05:59 que vous ayez de la colère, de l'amertume,
06:01 ou au contraire que vous vivez ça avec beaucoup de recul ou du détachement.
06:05 Personne ne peut vraiment réellement connaître nos sentiments.
06:10 Il n'y a jamais de bon ou de mauvais moment pour s'interroger
06:13 et se lancer dans ces démarches.
06:14 Donc toujours s'écouter dans tous les cas.

Recommandations