Romain Leboeuf, chef boucher, était l’invité de BFMTV ce jeudi soir.
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00:00 Moi je suis toujours effaré, consterné, nervé de ces discours-là.
00:07 Et je tiens à rappeler une chose, c'est que moi je suis artisan boucher mais j'ai des salariés aussi.
00:13 J'ai des salariés qui font partie de l'artisanat donc.
00:18 Bizarrement, on les voit jamais faire grève.
00:22 Vous avez déjà vu un artisan boucher, un plombier, un charpentier faire grève ?
00:28 Non, jamais. C'est toujours les mêmes qui font grève, qui empêchent justement nous, les artisans bouchers,
00:35 alors qu'on fait souvent même plus d'heures que vous, je suis désolé de vous le dire,
00:40 avec des métiers qui sont des fois plus engageants et des fois plus pénibles, de travailler.
00:44 Et en fait au bout d'un moment, je suis désolé de le dire mais je veux dire comme je le pense, ça gonfle.
00:49 Parce qu'en fait, nous on se lève très tôt, on se couche très tard, on travaille autant qu'on peut,
00:55 et parce qu'on en a quelques-uns qui font grève, et encore je ne remets même pas en cause le droit de grève,
00:59 et heureusement je trouve que c'est une normalité, mais dans la façon de faire,
01:03 je pense qu'il y a vraiment des efforts à faire parce qu'en fait, là, nous ça nous gonfle,
01:08 on est déjà dans des difficultés, à l'heure actuelle, dans nos entreprises, avec nos salariés,
01:13 et je parle des salariés, je ne parle même pas de mon cas personnel,
01:17 et en fait parce qu'on en a quelques-uns qui font grève, en fait ça emmerde tout le monde.
01:22 – Ça gonfle tout le monde, ça gonfle aussi et d'abord les travailleurs,
01:25 et les travailleuses qui perdent le travail.
01:28 – Et moi j'ai des gars qui bossent, mais vraiment tout le matin,
01:31 et parce qu'on a une grève de SNCF ou de je ne sais quoi,
01:35 et bien en fait on est obligé de dormir chez les collègues, c'est l'enfer,
01:39 et je ne remets même pas en cause la réforme, je ne vais même pas aller jusqu'à là,
01:43 mais je vais dire dans la façon de faire, je pense qu'il y a des vrais efforts à faire,
01:46 on est d'accord, on est tous engagés, il y a vraiment je pense une discussion à trouver,
01:50 mais cette façon de faire pour moi elle est insupportable,
01:53 et ça il faut arrêter ça, ce n'est pas possible, c'est contre-productif.
01:56 – Olivier Macleur, je vous laisse répondre.
02:00 – Je ne sais pas comment te dire, le problème s'il se situe entre les travailleurs en grève
02:06 et les artisans et les commerçants, c'est que ceux qui dominent l'économie
02:10 et qui font les choix aujourd'hui d'assécher tout ce qui se lève le matin pour travailler,
02:16 on a effectivement un vrai problème.
02:19 Moi je pense que ce monsieur qui est artisan boucher, il se trompe clairement d'un avis.
02:24 Alors alors si ça le gonfle, peut-être que si ça le gonfle trop,
02:26 il peut rentrer se coucher, il n'y a pas de souci mais…
02:27 – Il n'est pas fonctionnaire, il n'a pas de sécurité de droit, il travaille…
02:30 – Non mais c'est pour l'entreprise protégée, il n'est pas fonctionnaire.
02:33 – Mais arrêtez de tomber dessus enfin.
02:35 – Non plus, non plus, moi je n'ai coupé personne, il y a au moins…
02:39 Voilà, aujourd'hui la réalité c'est que ceux qui dominent l'économie
02:46 font en sorte de capter énormément de richesses et énormément d'argent public.
02:50 – On va arrêter sur ce point parce qu'il est important, la répartition des richesses.
02:53 Vous trouvez la réforme injuste et vous dites en gros,
02:56 il n'y a pas besoin de s'affronter entre nous, la CGT et vous, artisan boucher,
03:01 finalement peut-être qu'on est tous les deux contre cette réforme des retraites.
03:04 – Mais bien sûr.
03:05 – C'est ce qu'il montre ?
03:06 – Oui.
03:06 – Mais je ne remets pas en cause le fait que travailler deux ans de plus,
03:11 c'est légitime, c'est pas légitime, c'est même pas ça en fait.
03:14 On en est juste à un stade où le fait de faire grève tel que c'est fait à l'heure actuelle,
03:20 c'est trop, c'est-à-dire qu'on en est à un stade où,
03:24 alors là on est d'accord c'est sur les retraites donc ça touche tout le monde,
03:27 moi y compris, c'est-à-dire que moi, Romain Leboeuf, artisan boucher,
03:31 je vais me taper deux ans de plus comme tout le monde, peut-être plus, peut-être moins.
03:33 – Vous le regrettez ?
03:35 – Peut-être que ça ne m'amuse pas, mais je pense que ça peut permettre aussi
03:39 de prendre peut-être un petit peu plus de recul aussi sur le monde du travail
03:42 de manière générale et de se dire que peut-être il va falloir arrêter
03:45 de prendre le travail comme une pénibilité et forcément quelque chose de vraiment très compliqué.
03:50 Je veux dire, les artisans bouchers de manière générale,
03:53 on a choisi notre métier, on l'aime et on l'aime quand il est bien fait.
03:57 Et ça c'est un discours qu'on n'entend même plus,
03:59 c'est-à-dire que le travail c'est chiant pour tout le monde et ça emmerde tout le monde,
04:02 mais il faut arrêter de le dire.
04:04 En France on a la chance, mais j'ai l'impression que je suis le seul à le dire d'ailleurs,
04:08 vous m'excuserez, je m'en porte un peu parce que ça me fait du bien de le dire.
04:10 - Oui, ça émancipe.
04:12 - Mais bien sûr, mais c'est un réel plaisir, vous imaginez.
04:15 Moi je vois des jeunes, et là c'est le salon de l'agriculture,
04:17 j'ai des jeunes qui viennent me voir qui ont 16 ans,
04:20 les mecs qui sont engagés dans nos professions, mais c'est incroyable,
04:24 c'est un ascenseur social extraordinaire.
04:28 On voit des jeunes qui sont passionnés, qui sont dévoués,
04:31 qui s'engagent dans la profession à bras le corps,
04:33 et à côté de ça, dans la même société dans laquelle ces jeunes évoluent,
04:38 on a monsieur de la CGT qui va nous emmerder, ça crève.
04:42 Mais encore une fois, je le dis au écort, peut-être pas de la bonne façon, je suis désolé.
04:50 - Vous pourriez tourner votre couleur vers le gouvernement,
04:52 vous pourriez très bien dire pourquoi le gouvernement dans ce contexte-là
04:55 a lancé la réforme des retraites.
04:57 - La réforme des retraites je pense qu'elle est discutable,
04:59 et je pense qu'il y a moyen de vraiment tout se mettre autour de la table
05:02 et qu'on trouve des solutions, ça c'est un fait.
05:04 Mais à côté de ça, vous m'excuserez, on est en France,
05:07 et je suis en train de vous dire que je vois des jeunes dans mon entreprise,
05:11 ils viennent me voir, ils ont 16 ans,
05:14 ils sont déterminés, ils s'engagent dans la voie de l'apprentissage,
05:18 qui est une voie vraiment très compliquée,
05:22 et qui y vont de bon cœur, et à côté de ça,
05:25 j'ai des jeunes qui subissent leur métier,
05:28 qui y cherchent leur voie, des jeunes et moins jeunes d'ailleurs.
05:32 Et pour le coup, tu dis, il y a deux sens quelque part,
05:38 et ça c'est pas normal, et je pense qu'il faut qu'on en discute.