• l’année dernière
Le comédien Pierre Palmade a reçu 8 injections de 3-MMC, entre 12h et le moment de son accident de voiture, selon une source proche de l'enquête. Cette drogue fait partie des nouveaux produits de synthèse et entraîne une forte dépendance. Avec Pr Nicolas Simon, Professeur de médecine et addictologue à l’APHM (Assistance Publique Hôpitaux de Marseille).

Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##SAVOIR_ET_COMPRENDRE-2023-03-01##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Nous continuons à remettre en question l'actualité, c'est le principe,
00:06 je vous ai dit beaucoup de questions aujourd'hui,
00:07 et notamment concernant Pierre Palmat,
00:10 donc qui aurait reconnu l'effet et admis qu'il n'avait pas dormi depuis 3 jours sous effet de la drogue,
00:15 je viens de vous le préciser, effet de la drogue,
00:18 et notamment de 8 doses de 3-MMC, injectées entre 12h et le moment de l'accident,
00:25 la dernière injection serait survenue 30 minutes avant ce dernier.
00:30 Bon, alors pour nous éclairer, le professeur Nicolas Simon,
00:33 professeur de médecine et d'adictologie à l'assistance publique des hôpitaux de Marseille est avec nous,
00:38 bonjour professeur !
00:39 Bonjour.
00:40 Bon, j'ai évidemment pas mal de questions à vous poser là-dessus,
00:43 parce qu'on parle de ce 3-MMC,
00:47 mais dans les déclarations de l'entourage, du monde de la nuit et de je ne sais qui encore,
00:55 tout le monde dit "ah bah oui le 3-MMC, ah bah oui évidemment, ah bah oui évidemment".
00:58 Qu'est-ce que c'est que ce produit, une drogue de synthèse ?
01:01 On est bien d'accord que ce sont des laboratoires qui travaillent au service de la drogue dans ce cas-là ?
01:08 Oui, oui, tout à fait, on parle de nouveaux produits de synthèse,
01:11 c'est-à-dire en fait ce sont des produits chimiques synthétisés en laboratoire,
01:17 et là en l'occurrence ça fait partie d'une famille chimique qu'on appelle les catinones.
01:22 A l'origine ça vient d'une plante, le cat qu'on trouve plutôt en Éthiopie,
01:28 qui était mâchée pour avoir des effets stimulants,
01:30 et à partir de cette plante on a effrayé la molécule,
01:33 et donc maintenant il y a des laboratoires qui font des dérivés chimiques
01:36 de la molécule originaire de la plante, dont le 3-MMC, le 4-MMC, etc.
01:42 Bon, professeur, il y a deux choses,
01:45 soit ces laborateurs-art travaillent sur cette plante,
01:50 parce qu'elle peut avoir des effets positifs dans le cadre d'un autre traitement,
01:55 d'autres médicaments, auquel cas on comprend qu'ils la travaillent,
01:59 soit cette plante ne sert qu'à faire ses drogues de synthèse,
02:02 et auquel cas ça me semble assez facile de dire stop.
02:05 Il y a d'autres utilisations quand même de ces plantes ?
02:09 Alors à ma connaissance les catinones aujourd'hui ne sont utilisées que,
02:14 je dirais dans un terme public, dans un but très créatif,
02:17 c'est quand on parle de laboratoire, c'est un grand mot,
02:21 des laboratoires clandestins qui travaillent sur les catinones.
02:24 Et il faut savoir que dans ces nouveaux produits de synthèse,
02:27 on parle de plus de 400 molécules différentes,
02:30 c'est-à-dire que ces laboratoires clandestins sont sans arrêt
02:33 en train de créer une nouvelle molécule.
02:35 Bon, c'est déroutant, c'est-à-dire que,
02:38 c'est vrai que sur cette notion de laboratoire, il faut s'arrêter,
02:42 parce que ça n'a rien à voir bien sûr avec vos confrères,
02:46 ces professionnels qui travaillent, qui font des avancées,
02:49 qui font de la recherche médicale.
02:51 Là nous sommes sur quasiment une entreprise mafieuse
02:55 qui met en place un système quasi-industriel
02:59 et qui en plus a des experts visiblement,
03:01 parce que ce n'est pas "je prends la plante, je la broie",
03:04 vous nous expliquez qu'il y a un savoir-faire aussi.
03:07 Tout à fait, alors après on ne les connaît pas ces laboratoires,
03:12 mais il faut être capable effectivement de faire de la synthèse chimique,
03:15 de la transformation chimique, de la purification,
03:17 enfin ce n'est pas n'importe qui qui est capable
03:20 de produire ce type de molécules, ça c'est clair.
03:23 Et puis encore une fois, il y en a de nouvelles chaque année
03:27 qui sortent pour essayer d'échapper justement au contrôle,
03:30 à la surveillance et rendre les tests de dépistage extrêmement compliqués.
03:34 - Bon, on a évidemment aujourd'hui un discours politique
03:38 qui est très axé sur la lutte contre la drogue, la priorité.
03:43 Alors il y a bien sûr le trafic autour de la cocaïne,
03:46 on va dire les produits phares, cocaïne, marijuana, etc.
03:52 Là, ce n'est pas le seul combat.
03:54 Est-ce que finalement, cette affaire palmade
03:57 est en train de mettre à jour un problème de la drogue bien identifiée,
04:02 mais beaucoup plus complexe, avec des ramifications encore plus complexes
04:06 que ce que l'on imaginait finalement ?
04:09 - Oui, tout à fait, ce qu'on appelle "nouveaux produits de synthèse",
04:12 c'est entre guillemets "nouveaux" pour le grand public,
04:14 mais dans le monde des addicologues,
04:16 ce sont des produits auxquels on est confronté depuis maintenant longtemps,
04:20 plus de dix ans.
04:22 Et effectivement, comme vous disiez, pour chaque type de drogue,
04:24 il y a des nouveaux produits synthétisés.
04:27 C'est un des 400 dont je parlais tout à l'heure.
04:29 Il y a des dérivés à partir du cannabis,
04:31 vous avez des dérivés à partir de la cocaïne,
04:33 vous avez des dérivés à partir de l'héroïne.
04:37 Chaque drogue a aujourd'hui ses nouveaux produits synthétiques,
04:40 beaucoup plus dangereux, beaucoup plus addictogènes.
04:44 - Parlons-en justement, professeur Nicolas Simon,
04:46 et j'en profite pour vous remercier encore une nouvelle fois
04:49 au nom de tous les auditeurs de Sud Radio,
04:51 parce que bien sûr, vous, votre domaine, c'est le médical,
04:54 et vous acceptez aussi de répondre à cette problématique
04:57 qui est beaucoup plus large que le médical.
04:58 Mais revenons justement au médical.
05:01 Que permet, entre guillemets, cette drogue ?
05:04 Il y a cette notion euphorisante
05:08 de ne pas reconnaître l'interdit,
05:10 c'est ça le principe de base ?
05:13 - Alors, si on parle des catinones,
05:15 parce qu'encore une fois, il y a plein de familles différentes
05:18 dans ces nouveaux produits,
05:19 si on parle des catinones, c'est l'effet recherché,
05:23 c'est une énergie accrue,
05:25 c'est une facilité de contact vers les autres,
05:27 on a fait ça un effet empathogène,
05:30 une augmentation de la libido,
05:31 une augmentation du sentiment de toute puissance,
05:36 donc vraiment des effets qui ressemblent à la cocaïne,
05:39 mais en plus exacerbés,
05:41 mais également avec des risques beaucoup plus importants.
05:44 - Mais dans ce que vous dites finalement,
05:45 alors d'une manière béossienne,
05:48 béossienne que je suis dans ce domaine,
05:51 c'est-à-dire que là, nous avons un produit
05:54 qui permet en fait une augmentation
06:00 de la consommation de la relation sexuelle,
06:03 on va dire dans une démarche assez masculine,
06:05 parce qu'il y a effectivement la fameuse érection,
06:11 le toucher, le sentiment de toute puissance aussi,
06:14 donc on est finalement sur un produit
06:17 qui a été adapté pour ce qu'on appelle,
06:20 et là aussi on l'a découvert à l'occasion de cette affaire Palmade,
06:23 le fameux Chemsex.
06:27 - Oui, c'est exactement, Chemsex, pour "chemical" et "sexual",
06:31 effectivement ce sont des produits,
06:33 encore une fois, il y a plein de familles de drogue,
06:35 mais cette famille-là est particulièrement adaptée à ça.
06:39 - Qui finalement peut avoir intérêt
06:43 à développer ce genre de produit ?
06:47 Quand je dis "qui",
06:49 c'est-à-dire, on est bien d'accord,
06:51 quelqu'un qui voudrait faire du business,
06:53 ça, tout le monde le dit,
06:54 mais est-ce que c'est plus dans le domaine
06:56 de l'industrie pharmaceutique ?
06:58 Est-ce que c'est plus dans le domaine mafieux ?
07:00 Ou autre, je ne sais pas,
07:02 est-ce que vous avez, vous, une idée,
07:04 une perception des retours éventuellement ?
07:07 - Là, en ce qui vous concerne,
07:09 ça va être uniquement une opinion personnelle.
07:11 Je ne pense que ce sont des laboratoires clandestins,
07:13 parce que je ne connais pas de laboratoire pharmaceutique
07:17 digne de ce nom,
07:19 qui développerait ce type de produit.
07:23 Autant s'agissant de médicaments qui sont anthalgiques,
07:29 des dérivés de l'opium,
07:32 si vous voulez, là, effectivement,
07:35 dans une indication de douleur,
07:36 on peut imaginer,
07:37 enfin, ce n'est pas qu'on imagine,
07:38 c'est qu'il y a des laboratoires qui travaillent là-dessus,
07:41 des laboratoires pharmaceutiques.
07:42 Mais s'agissant de stimulants du type d'hécatinone,
07:47 j'espère bien que non.
07:48 En tout cas, moi, je n'en ai pas,
07:49 je n'en ai pas ma connaissance.
07:51 - Votre métier, je le rappelle,
07:52 professeur Nicolas Simon,
07:53 c'est professeur de médecine et d'addictologie
07:56 à l'assistance publique aux hôpitaux de Marseille.
07:59 Quand vous prenez conscience,
08:02 quand vous constatez cette dérive
08:06 et puis ce développement de tel type de produit,
08:09 vous devez, à certains moments, être un peu démoralisé
08:12 parce que vous n'allez jamais vous en sortir.
08:14 Vous travaillez au quotidien pour accompagner,
08:16 mais plus vous avancez et plus les autres avancent aussi.
08:21 - Oui, c'est un peu par analogie
08:24 avec ce que rencontrent les collègues qui travaillent contre le dopage.
08:27 Au fur et à mesure qu'ils arrivent à maîtriser quelque chose,
08:30 il y a un nouveau produit qui sort.
08:33 Mais bon, le domaine des addictions est vaste,
08:35 donc ça le rend aussi passionnant quelque part.
08:38 On ne fait jamais deux fois la même chose.
08:40 - Sur le travail, alors on va dire, entre guillemets,
08:44 je prends volontairement ce terme de désintoxication,
08:47 c'est beaucoup plus facile de travailler
08:50 sur quelqu'un qui consomme de la cocaïne
08:53 ou des drogues de synthèse.
08:56 - Le problème ne se pose pas comme ça.
08:58 Je dirais que quand on dit que les drogues de synthèse
09:02 sont plus addictogènes,
09:03 c'est-à-dire qu'elles vont permettre d'être dépendantes
09:06 beaucoup plus rapidement
09:09 et de façon sévère, plus rapidement.
09:12 Maintenant, si vous comparez deux personnes
09:15 à un niveau d'addiction équivalent,
09:18 que ce soit la cocaïne ou le catinone,
09:21 la problématique pour nous ne sera pas fondamentalement différente.
09:25 Mais effectivement, le risque pour quelqu'un
09:27 qui prend ce type de produit de devenir addict
09:31 est beaucoup plus rapide.
09:33 Il y aura besoin de moins de temps, si vous voulez,
09:36 pour avoir des signes de sévérité.
09:38 - Merci beaucoup, professeur Nicolas Simon.
09:40 Et vous nous confirmez en tout cas ce matin
09:43 le sentiment général.
09:45 Pierre Palmade a fait des révélations
09:47 et ces révélations vont certainement aider encore plus
09:51 à prendre conscience de la complexité aujourd'hui
09:53 de la lutte contre la drogue.
09:56 Nous en reparlerons.
09:57 Et bien sûr, si vous, les auditeurs de Sud Radio,
09:59 vous avez des témoignages à ce sujet,
10:02 si vous en avez consommé, par exemple,
10:03 des 3 MMC des drogues de synthèse,
10:07 n'hésitez pas, 0, 826, 300, 300.
10:10 En tout cas, c'est terrifiant.
10:12 C'est même un peu révoltant.
10:13 Il est temps de prendre ce problème à bras le corps.

Recommandations