La liste des secteurs appelant à se mettre en grève s'allonge. Les syndicats réformistes de la SNCF, lundi dernier, ont appelé à une grève reconductible. À l'Éducation nationale, les syndicats demandent à ce que toutes les écoles du pays soient fermées. Quel peut être l'impact d'une éventuelle grande grève sur l'économie? La réponse avec Guillaume Paul, journaliste économie à BFM Business.
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00:00 Bonjour Guillaume, ça se confirme la journée du 7 mars, c'est-à-dire mardi prochain pourrait être le début d'un long mouvement.
00:05 À quoi faut-il s'attendre exactement ?
00:07 Déjà pour le 7 mars, il y a une forte mobilisation parce que vous avez les huit syndicats qui appellent à mettre la France à l'arrêt.
00:11 L'expression revient partout.
00:12 Vous avez les organisations de jeunesse qui se joignent au mouvement, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.
00:16 Donc ce n'est pas très bon signe pour le gouvernement.
00:17 Et puis ça va se mobiliser dans pas mal de professions.
00:20 La liste s'allonge quotidiennement.
00:21 En fait, vous avez les transports, évidemment, vous allez voir ça.
00:24 Donc SNCF et RATP, vous avez l'éducation nationale qui appelle, je cite, à fermer totalement écoles, lycées, collèges, services, les raffineries.
00:33 Ça, il faudra suivre de près, évidemment.
00:34 Les livreurs, les travailleurs des plateformes, les éboueurs, les salariés des tris et collectent des déchets.
00:39 Et ça, ça concerne aussi bien les entreprises du privé que du public.
00:42 Et nous sommes à une semaine encore, donc il peut encore se passer pas mal de choses finalement.
00:45 Certains disent que ça pourrait ressembler aux grandes grèves de 1995.
00:48 Il y a de ça ou pas ?
00:49 Oui, il y a de ça.
00:49 Il y a de quoi mettre la France à l'arrêt.
00:51 À l'époque, ça avait duré trois semaines.
00:53 Donc effectivement, il faut avoir si le mouvement dure aussi longtemps.
00:56 Il y a des points communs qui est qu'effectivement, à l'époque, il y avait une opinion qui n'était pas favorable aux ordonnances JUP.
01:00 C'était ça à l'époque pour moderniser la Sécu.
01:03 Alors après, il y a une limite parce que 95, c'était il y a 30 ans et il y aurait sans doute beaucoup moins d'impact au plan économique
01:09 parce que c'est plus la même économie finalement par rapport à il y a 30 ans.
01:12 Il n'y a pas de télétravail.
01:13 Il y a 30 ans aujourd'hui, on télétravaille beaucoup plus facilement.
01:15 Ça se met en place.
01:16 Internet est là, donc on est plus informé sur l'état de circulation, sur l'état du trafic.
01:21 Vous avez les nouvelles formes de mobilité qui sont arrivées.
01:23 On a découvert en 95 qu'on pouvait faire du vélo dans Paris.
01:25 Aujourd'hui, c'est trottinette, vélo dans les grandes villes.
01:28 C'est l'autopartage dans les zones rurales.
01:29 Il n'y avait pas de blabla-cars à l'époque.
01:31 Ça s'est développé.
01:32 Vous avez la possibilité d'acheter en ligne.
01:34 Les commerçants ne sont pas handicapés par la situation.
01:36 14% du commerce de détail, c'est de l'e-commerce aujourd'hui.
01:39 Donc ça a radicalement changé la donne.
01:40 Et puis, vous avez le courrier qui n'est plus dématérialisé.
01:43 Les grèves des postes en 95, ça a mis sur le carreau pas mal de petites entreprises.
01:46 Aujourd'hui, ça ne serait plus le cas.
01:47 Vous voyez, ce n'est plus la même économie.
01:49 Et forcément, même si on allait sur un mouvement de plusieurs semaines,
01:51 ça n'aurait plus le même impact incontestablement.
01:53 Ça peut être aussi le fait que les syndicats pèsent moins aujourd'hui.
01:56 Oui, alors ça, c'est une fausse idée.
01:57 En fait, je pensais aussi, mais on a regardé.
01:59 Il y a 10% des syndicats, des salariés du public et du privé qui sont syndiqués.
02:03 C'était la même chose en 95.
02:04 Sauf que quand vous regardez ce qui se passe, c'est que depuis 95,
02:07 les syndicats n'ont pas remporté de grandes victoires face au gouvernement.
02:11 Et les salariés se sont laissés dire que finalement,
02:13 l'action des syndicats n'est plus du tout la même aujourd'hui.
02:16 Il y a moins de confiance dans l'action des syndicats.
02:18 C'est peut-être aussi ça qui pourrait faire que le mouvement se dégonfle
02:20 assez rapidement, en tout cas, que ça ne dure pas trois semaines,
02:23 comme en 95, justement.
02:24 Merci.
02:25 à bientôt.