• l’année dernière
Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 20 février 2023

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h37, Langléco avec vous François Langlé.
00:08 Bonjour à tous.
00:09 La guerre que se livrent la Chine et les Etats-Unis se joue aussi au fond des mers,
00:13 autour des fameux gigantesques câbles transcontinentaux.
00:16 Figurez-vous que le fond des océans de la planète est strié
00:20 par plus de 430 câbles de télécommunication.
00:24 Il y en a pour 1,4 millions de kilomètres de fibre optique sous-marine,
00:27 35 fois le tour de la Terre.
00:29 Elles sont immergées à des profondeurs qui peuvent atteindre plusieurs milliers de mètres.
00:32 Infrastructure essentielle parce que 95% de l'internet y transite,
00:37 ainsi qu'une partie des transactions financières internationales.
00:41 10 000 milliards de dollars par jour.
00:43 Bon, inutile de dire que c'est du très très haut débit.
00:46 Sur les plus puissants, il peut circuler l'équivalent de trois fois la bibliothèque du Congrès par seconde.
00:52 Chacun d'entre nous les utilise d'ailleurs sans le savoir,
00:55 parce qu'en fait un email entre Brive-la-Gaillard et Romorantin,
00:59 il peut passer par San-Francisco ou Singapour.
01:01 C'est vrai, c'est vrai, c'est absolument imprévisible.
01:04 Les circuits sont complètement aléatoires.
01:06 - Et ces câbles sont devenus donc un enjeu totalement stratégique ?
01:09 - Bah oui, parce que les posséder, c'est contrôler le trafic,
01:12 c'est en permettre le développement, en assurer la sécurité.
01:15 Et c'est pour ça que ça occasionne des conflits.
01:17 Il y a quelques jours, la Chine a claqué la porte d'un gigantesque projet appelé "Simiwi".
01:22 C'est un câble de quelques 20 000 kilomètres qui doit relier Singapour à Marseille d'ici 2025, via le Moyen-Orient.
01:29 Elle se retire parce que son champion, Heng Tong, a été éliminé du contrat au profit d'une entreprise américaine.
01:36 Heng Tong a repris les activités de câbles de télécom de Huawei.
01:40 Vous vous souvenez de Huawei ?
01:41 C'est l'entreprise qui est accusée d'espionnage par les Etats-Unis.
01:44 C'est l'un des épisodes qui illustrent le bras de fer que se livrent les deux superpuissances
01:50 pour le contrôle des infrastructures de télécommunications.
01:52 - Il y a vraiment des risques de sécurité ?
01:54 - Ah écoutez, les enjeux sont importants.
01:56 Sécurité, bien sûr.
01:58 Celui qui maîtrise les infrastructures peut éventuellement les couper,
02:02 par mesure de rétorsion, en cas de conflit.
02:04 Il peut aussi plus facilement espionner.
02:06 Et puis, il possède un instrument d'influence.
02:09 La Chine multiplie d'ailleurs les lignes sous-marines en Asie et entre l'Asie et l'Europe,
02:14 dans le cadre de ce qu'elle appelle "les routes de la soie numérique".
02:17 Vous savez, ça fait le pendant des vastes infrastructures de transports maritimes et terrestres
02:22 qu'elle développe entre l'Asie et l'Europe depuis 10 ans.
02:25 Elle possède par exemple le grand câble appelé "Pay-Peace" en anglais.
02:29 - Côté occidental, qu'est-ce qu'on fait ?
02:31 - En 2020, l'administration américaine a affiché un objectif
02:35 pour disposer d'un réseau de télécom international "propre".
02:38 Je mets ça entre guillemets.
02:40 C'est le mot utilisé par Pompéo, donc l'un des collaborateurs de Trump à l'époque,
02:45 c'est-à-dire dépolluer de l'influence chinoise.
02:47 Côté américain, ce sont les GAFA qui sont à la manœuvre,
02:50 les Google, Microsoft et Facebook qui déploient leurs propres câbles
02:53 avec la bénédiction de Washington.
02:55 En fait, on s'oriente peu à peu vers la partition du réseau Internet mondial.
03:01 Une zone d'influence américaine avec ses infrastructures spécifiques,
03:05 notamment sur les liaisons transatlantiques évidemment,
03:08 et puis une zone d'influence chinoise autour du Pacifique.
03:11 - Et nous en Europe, où en est-on ?
03:14 - L'Europe en tant que telle, j'allais dire, elle compte les points presque comme d'habitude.
03:18 Mais, mais, mais pas la France.
03:20 Il faut le noter, Orange, qui est l'ex-monopole français,
03:23 détient 25 000 km de cap sous-marin.
03:26 L'entreprise est d'ailleurs partie prenante de plusieurs grandes liaisons transcontinentales
03:29 et les Français possèdent aussi des navires spécialisés
03:33 capables de surveiller l'état de ces précieuses connexions,
03:36 voire d'intervenir pour les réparer.
03:38 - Tout cela est passionnant. Merci François Langlais.
03:40 [SILENCE]