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Anne Fulda reçoit Noémie Sylberg pour son livre «Vivre après Marc» dans #HDLivres

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00:00 Bienvenue, bienvenue à l'Heure des
00:01 Livres, Noémie Silberg.
00:02 Alors, vous êtes avocate de
00:04 formation.
00:05 Vous travaillez aujourd'hui dans
00:07 l'immobilier et vous venez de
00:08 publier un livre, "Vivre après
00:10 Marc", qui est publié aux
00:11 éditions Hermann.
00:13 Un livre plein d'émotions et qui
00:16 raconte un drame que vous
00:18 avez vécu, mais dans lequel vous
00:19 mettez, évidemment,
00:21 une dimension très triste, mais
00:23 aussi il y a de la joie, étonnamment,
00:25 dans ce livre.
00:26 Donc, vous racontez comment un jour
00:28 de décès enlève la vie de votre
00:29 famille.
00:30 Le décembre 2020 bascule lorsque
00:31 vous apprenez la
00:33 maladie dont est atteinte votre
00:35 mari et père de vos deux enfants.
00:37 Et lorsque vous apprenez vraiment
00:38 le diagnostic, vous expliquez
00:41 que vous choisissez de ne pas
00:43 le dire à votre mari.
00:44 C'est-à-dire qu'on sait qu'il n'en
00:45 a plus qu'un pour un an à vivre.
00:46 Pourquoi ce choix ?
00:47 Ce n'était pas mon choix, c'était
00:48 le sien que j'ai voulu respecter
00:50 jusqu'au bout.
00:51 Il ne voulait pas le dire pour deux
00:53 raisons. D'abord, parce qu'il ne
00:54 voulait pas que les gens le voient
00:56 comme un malade et un regard
00:58 différent sur lui et parce qu'il
01:00 était avocat et qu'il considérait
01:01 que c'était une mort professionnelle.
01:03 Donc, j'ai respecté ce choix.
01:04 Mais il y avait un autre secret que
01:06 j'ai tenu et celui-là, je l'ai tenu
01:08 par rapport à mon mari.
01:10 Il ne voulait pas que...
01:12 Il voulait maîtriser les
01:14 informations et il m'avait demandé
01:16 de ne pas poser trop de questions,
01:18 de ne pas poser même de questions du
01:20 tout quand on serait dans le bureau
01:22 de l'oncologue.
01:23 Et j'ai respecté, sauf
01:25 qu'à un moment donné, je me suis
01:26 retrouvée seule dans le bureau de
01:28 l'oncologue alors que lui était
01:29 allée avec les infirmières dans le
01:31 bureau d'à côté.
01:32 Et à ce moment-là, je n'ai pas pu
01:34 m'empêcher de poser des questions
01:36 sur le diagnostic et
01:39 j'ai compris à travers
01:41 les réponses de l'oncologue que
01:43 il ne pouvait pas guérir, qu'il
01:45 était condamné et que les
01:46 traitements ne permettraient que
01:48 de le faire survivre.
01:49 Et je savais qu'il ne voulait
01:51 pas avoir cette information-là.
01:53 Et donc, je l'ai avalé et j'ai
01:55 demandé à l'oncologue de ne pas le
01:56 lui dire.
01:57 Delfine Horviller, qui a écrit
01:58 l'introduction de votre livre,
01:59 écrit "Celui qui apprend sa fin
02:01 prochaine sait qu'en une seconde,
02:02 il vient d'aménager ailleurs.
02:04 Il n'a pas bougé d'un centimètre,
02:05 vit dans la même rue, mais il est
02:06 passé sur une autre rive".
02:08 Est-ce que vous l'avez senti ?
02:09 Est-ce que vous avez senti que
02:10 votre mari a changé de
02:12 rive ?
02:13 Tout dépendait des moments, mais
02:17 c'est vrai qu'il a très rapidement
02:19 accepté la maladie.
02:20 Il disait que ce n'était pas une
02:22 injustice parce qu'il
02:24 valait mieux que ça tombe sur lui
02:25 que sur mes enfants ou
02:27 moi, et qu'il avait vécu 43
02:29 ans formidables dont il ne
02:30 regrettait rien.
02:31 Donc, il avait accepté.
02:33 D'ailleurs, lui, c'était assez
02:35 étonnant. Il avait pris la décision
02:37 de se faire suivre, non pas par un
02:38 psychologue, mais par un
02:39 préparateur mental pour sportifs de
02:41 haut niveau.
02:42 Donc, il était vraiment ancré
02:44 dans la réalité.
02:45 Certaines choses, il préférait
02:47 vivre certaines choses tout seul.
02:48 Il voulait garder cette intimité
02:51 face à la maladie, mais
02:54 j'ai eu l'impression de l'accompagner
02:55 partout.
02:56 Oui, parce que vous racontez, vous
02:58 avez eu avec cet homme qui est votre
03:00 deuxième mari, un amour fusionnel.
03:02 Vous, vous avez cherché aussi le
03:05 réconfort dans la religion.
03:06 Ça a été un peu...
03:07 Ça n'a pas été très concluant,
03:09 mais même auprès d'un marabout,
03:11 racontez-vous.
03:12 C'est assez cocasse, d'ailleurs.
03:13 Alors, le marabout, c'était ma
03:15 belle-sœur.
03:16 Vous l'avez conseillé ?
03:17 Non, ma belle-sœur est d'origine
03:20 tunisienne et ils utilisent
03:22 une technique qui est le
03:24 prourre, qui est comme un enceint,
03:25 qu'on diffuse dans toute la maison
03:27 pour donner des bonnes ondes et des
03:28 bonnes énergies.
03:29 Et donc, je me suis retrouvée à
03:31 faire un FaceTime avec elle pour
03:33 qu'elle me guide.
03:34 Elle m'avait fait livrer
03:36 tous les petits papiers à faire
03:37 brûler dans l'enceint.
03:39 Et donc, j'étais avec mon petit
03:41 poilon à en
03:42 mettre partout dans la maison.
03:44 Vous l'avez fait quand même.
03:46 Alors, vous parlez évidemment de
03:47 la difficulté énorme,
03:50 essentielle qu'il y a de dire la
03:51 vérité aux enfants.
03:53 Est-ce que ce n'est pas une des
03:54 choses les plus difficiles qui soient
03:56 finalement dans
03:57 ce tourbillon ?
04:00 Sur le moment, c'est très
04:01 difficile, mais en fait,
04:03 c'est bénéfique parce que je
04:05 crois que c'est ce qui fait qu'ils
04:06 peuvent aller bien.
04:08 Et j'ignorais tout à fait ça.
04:10 Je ne savais pas comment il fallait
04:11 faire. Donc, j'ai demandé
04:13 à des experts, à des psychologues,
04:15 comment m'adresser à eux.
04:16 Et ce que j'ai compris, c'est
04:18 qu'il fallait leur dire la vérité,
04:19 ne rien leur cacher.
04:20 Il fallait juste utiliser des mots
04:22 adaptés, mais que tout
04:24 devait se faire le plus
04:25 naturellement possible.
04:26 Et c'est vrai qu'il n'y avait pas de
04:28 tabou et qu'en ne leur cachant rien,
04:30 ils avaient confiance en moi et ils
04:32 savaient qu'ils pouvaient se reposer
04:33 sur moi et que je leur disais la
04:34 vérité.
04:35 Enfin, je terminerai là-dessus
04:38 parce que c'est vrai que c'est un
04:39 livre où vous racontez cette
04:41 expérience douloureuse, mais il y
04:42 a aussi des moments de joie,
04:43 notamment lorsque vous racontez
04:44 ces messages que vous recevez
04:46 après la mort de votre mari, où
04:48 on voit qu'il y a des personnes qui
04:49 ne savent pas comment s'y prendre.
04:52 Et ça, il y a des choses tout à fait
04:53 cocasses, voire maladroites, voire
04:55 complètement à côté de la plaque.
04:57 Donc tout ça pour dire que, comme le
04:59 dit Zelfie Norviller, d'ailleurs,
05:01 sur le bandeau, c'est un livre
05:03 qui, en racontant la mort, ramène à
05:05 la vie, qui est toujours présente.
05:06 Et c'est probablement la leçon de
05:08 ce livre, de ce joli livre, qui
05:10 s'appelle "Vivre après Marc".
05:12 C'était son prénom.
05:13 Merci en tout cas, Noemé Silbert.
05:15 Merci à vous.
05:16 Et c'est paru aux éditions Herman.
05:17 Merci.
05:18 [Musique]
05:19 ♪ ♪ ♪
05:22 [SILENCE]