Alors, soutenez-nous et abonnez-vous à partir de 5 euros/mois, pour faire un vivre la première chaîne TV vraiment indépendante ! https://www.lemediatv.fr/soutien
Il flotte dans l’air en ce moment un parfum de guerre froide. Et c’est en toute logique que l’actualité nous donne souvent l’impression d’être immergés dans un James Bond.
En quelques jours, les États-Unis d'Amérique ont été pris dans deux feuilletons géopolitiques plein de mystères et d’intrigues, en tout cas palpitants. Les accusations de sabotage du gazoduc Nordstream 2 proférées par un journaliste d’investigation à la carrière ponctuée d’énormes scoops et de controverses, Seymour Hersh ; et l’affaire du ballon dit espion chinois abattu au large de la côte atlantique américaine. Sur ces deux affaires, la polémique a battu son plein, avec son lot de faucons et d’affirmations difficiles à prouver complètement. Chris dit « Politicoboy » (@politicoboyTX), journaliste et ingénieur, auteur d’une newsletter Substack de plus en plus consultée (https://politicoboy.substack.com/), et co-auteur du livre Les Illusions perdues de l’Amerique démocrate est avec nous par la magie de la visio pour faire le point sur ces controverses vues des États-Unis.
▶ Soutenez Le Média :
https://soutenez.lemediatv.fr (CB - SEPA - Chèque)
https://dons.lemediatv.fr (CB - SEPA - Chèque)
https://fr.tipeee.com/le-media (CB - Paypal)
Il flotte dans l’air en ce moment un parfum de guerre froide. Et c’est en toute logique que l’actualité nous donne souvent l’impression d’être immergés dans un James Bond.
En quelques jours, les États-Unis d'Amérique ont été pris dans deux feuilletons géopolitiques plein de mystères et d’intrigues, en tout cas palpitants. Les accusations de sabotage du gazoduc Nordstream 2 proférées par un journaliste d’investigation à la carrière ponctuée d’énormes scoops et de controverses, Seymour Hersh ; et l’affaire du ballon dit espion chinois abattu au large de la côte atlantique américaine. Sur ces deux affaires, la polémique a battu son plein, avec son lot de faucons et d’affirmations difficiles à prouver complètement. Chris dit « Politicoboy » (@politicoboyTX), journaliste et ingénieur, auteur d’une newsletter Substack de plus en plus consultée (https://politicoboy.substack.com/), et co-auteur du livre Les Illusions perdues de l’Amerique démocrate est avec nous par la magie de la visio pour faire le point sur ces controverses vues des États-Unis.
▶ Soutenez Le Média :
https://soutenez.lemediatv.fr (CB - SEPA - Chèque)
https://dons.lemediatv.fr (CB - SEPA - Chèque)
https://fr.tipeee.com/le-media (CB - Paypal)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:05 Il flotte dans l'air en ce moment un parfum de guerre froide.
00:09 Et c'est en toute logique que l'actualité nous donne souvent l'impression d'être immergé dans un James Bond.
00:16 En quelques jours, les États-Unis d'Amérique ont été pris dans deux feuilletons géopolitiques
00:21 pleins de mystères et d'intrigues, en tout cas palpitants.
00:25 Les accusations de sabotage du gazoduc Nord Stream 2 proférées par un journaliste d'investigation à la carrière
00:31 ponctuée d'énormes scoops et de controverses, Seymour Hersh,
00:36 et l'affaire du ballon dit espion abattu au large de la côte atlantique américaine.
00:41 Sur ces deux affaires, la polémique a battu son plein avec son lot de faux cons et d'affirmations difficiles à prouver complètement.
00:50 Chris D, Politico Boy, journaliste et ingénieur, auteur d'une newsletter sur Stacks de plus en plus consultée,
00:56 et co-auteur du livre "Les illusions perdues de l'Amérique démocrate",
01:01 est avec moi par la magie de la visio pour faire le point sur ces controverses vues des États-Unis.
01:07 Salut Chris !
01:08 Bonjour Théophile !
01:09 Alors, je voudrais qu'on commence à parler de l'affaire du ballon chinois supposé espion
01:14 qui a précipité une crise diplomatique entre Washington et Pékin.
01:19 Peux-tu nous résumer cette affaire ?
01:21 Oui, donc c'est une affaire qui commence il y a une semaine à peu près,
01:24 quand le Pentagone, les services américains, ont informé la presse qu'ils avaient repéré un ballon chinois
01:31 qui survolait le territoire américain depuis déjà plusieurs jours, en qualifiant ce ballon de ballon espion.
01:36 Et donc ça a créé une grosse polémique aux États-Unis, parce que l'opposition et la presse se sont demandées
01:42 "Mais pourquoi est-ce qu'on n'est prévenu que plusieurs jours après qu'il ait été repéré ?
01:45 Et qu'est-ce qu'on va en faire ?" Et comme c'est un ballon qui en fait est visible à l'œil nu,
01:49 c'était un peu difficile pour l'administration Biden de l'ignorer et de faire comme si c'était quelque chose de passager.
01:57 Et donc pendant plusieurs jours, les médias et le Pentagone ont continué d'informer la presse et les Américains
02:03 de la localisation géographique du ballon.
02:06 Et donc avec la grande question, c'était "Est-ce qu'on va l'abattre ?"
02:09 Et donc la décision a été prise une fois qu'il avait quitté les zones qui ne survolaient plus,
02:14 qui n'habitaient qu'au-dessus de l'océan Atlantique.
02:18 Et donc il y a eu un peu une mise en scène de la destruction du ballon aussi,
02:22 parce que ça a été fait par des chasseurs F-22 qui sont assez controversés aux États-Unis.
02:27 C'est la première fois qu'ils étaient engagés dans un véritable combat,
02:30 et donc il y a eu un peu tout un show aussi avec ça, avec la destruction du ballon.
02:34 Et donc ça, c'était le côté médiatique.
02:37 Et puis après, ça a surtout provoqué d'un point de vue géopolitique le fait que Anthony Blinken,
02:43 qui est le ministre des Affaires étrangères, le Secretary of State américain,
02:48 qui a annulé sa visite qu'il devait faire à Pékin pour rencontrer Xi Jinping.
02:53 Donc ça, ça a un impact important sur les relations entre la Chine et les États-Unis.
02:57 Que sait-on de ce ballon dit espion ? A quel point était-il dirigeable ?
03:02 Quel type d'informations collectait-il si l'on collectait ?
03:05 Ça, c'est un peu le mystère.
03:07 Au départ, la Chine a dit que c'était un ballon civil,
03:09 donc il faisait des relevés météorologiques et de la recherche scientifique.
03:13 Et donc les Américains, eux, suspectaient que c'était plutôt de l'espionnage.
03:18 Il faut savoir que c'est un gros ballon, puisqu'en gros, c'est un ballon gonflable,
03:23 mais avec une espèce de nacelle qui apparemment fait la taille de trois bus.
03:29 Donc c'est vraiment une grosse structure,
03:31 ce qui explique aussi pourquoi Biden ne voulait pas le détruire
03:34 alors qu'il survolait des habitations pour les potentiels retombées de débris.
03:38 Donc c'est quand même quelque chose d'assez gros,
03:41 mais on ne sait pas trop ses capacités.
03:43 Est-ce qu'il est vraiment dirigeable ou est-ce qu'il dérive ?
03:45 Les Chinois disaient quand ils avaient perdu le contrôle que du coup, il était à la dérive.
03:49 Et puis surtout, qu'est-ce qu'il fait ?
03:51 Donc là, on commence à avoir des réponses potentielles,
03:53 puisqu'ils ont commencé à récupérer les débris,
03:57 selon les dires de l'administration américaine.
03:59 Donc c'est toujours des choses qu'il faut croire sur parole, bien sûr,
04:03 mais selon leurs dires, ils ont récupéré des instruments, des antennes,
04:06 des choses comme ça, qui servent à capter des conversations, des télécommunications.
04:12 Donc on ne sait pas encore si c'est des communications civiles ou militaires.
04:15 Il y a probablement aussi des appareils optiques pour faire des photos,
04:18 des choses comme ça, mais ce n'est pas encore clair.
04:20 Mais en tout cas, ça vient contredire, a priori, ce que disait officiellement la Chine,
04:26 comme quoi c'était juste un appareil civil pour déroler les météos ou la recherche scientifique.
04:31 Mais disons que le bon sens nous amène à nous interroger sur l'utilisation
04:37 d'un appareil extrêmement voyant pour faire de l'espionnage.
04:42 Oui, alors ce que j'ai cru comprendre, c'est qu'en fait,
04:45 ce sont des ballons qui survolent à une certaine hauteur,
04:48 qui n'est pas régi par les mêmes traités internationaux.
04:52 Donc en théorie, ils auraient le droit d'être là où ils sont.
04:55 Ce serait plutôt un spécialiste qui pourrait détailler ça.
04:58 Mais il y a différentes raisons pour l'emploi de ballons éventuellement.
05:03 Le fait qu'on peut embarquer plus d'équipements qu'un satellite,
05:06 qu'on est plus près quand même du sol, donc on peut faire des images de meilleure résolution
05:12 ou capter des conversations.
05:14 Mais c'est vrai que ça fait un peu double emploi avec d'autres techniques,
05:17 que ce soit ce que fait la NSA avec les antennes
05:21 ou ce que font la Chine et les États-Unis avec les satellites.
05:24 Donc c'est pas clair non plus quel est l'avantage et le but de ces ballons dirigeables.
05:29 Mais apparemment, il y en a de plus en plus qui sont déployés.
05:32 Et ce n'était pas le premier, selon l'administration américaine,
05:35 qui dit qu'ils avaient repéré déjà trois ou quatre ballons,
05:38 trois il me semble, pendant l'administration Trump.
05:41 Donc ça, c'était un peu une façon aussi de dire aux Républicains
05:44 que Trump aussi avait été confronté à ça et qu'il n'avait rien fait.
05:47 C'était une manière de répondre aux critiques qui disaient que
05:50 Biden avait mis trop de temps à détruire le ballon.
05:52 Parce qu'en fait, forcément, une telle polémique,
05:55 même si elle est d'abord internationale,
05:58 elle a des résonances internes dans le jeu de qui est le plus fort,
06:03 qui est le plus compromis avec les Chinois,
06:06 qui est le plus faible entre les démocrates et les Républicains.
06:10 Voilà, parce qu'en fait, il faut savoir qu'aux États-Unis,
06:13 il y a vraiment un discours politique qui est bipartisan,
06:16 qui est tenu par les deux partis, de s'opposer de plus en plus à la Chine,
06:20 que ce soit d'un point de vue commercial ou militaire,
06:22 avec la question de Taïwan.
06:24 Et donc, c'est un peu une course à qui sera le plus hostile
06:28 ou le plus intransigeant avec la Chine.
06:31 Et donc, le parti républicain est celui qui montre d'habitude plus les muscles.
06:35 Donc, c'était aussi une occasion pour eux d'accuser Biden de laxisme.
06:39 Et c'est aussi pour ça que le ballon a été détruit,
06:41 pour que Biden puisse contrer cette attaque politique.
06:46 On a vu aussi que ça dépassait la sphère juste des partis,
06:50 parce qu'il y a eu beaucoup d'images de Républicains, de Trumpistes,
06:53 qui se sont pris en photo avec leur fusil pointé vers le ciel,
06:57 ce qui est un peu ridicule,
06:59 puisque la portée n'est pas suffisante pour toucher le ballon.
07:02 Mais ça dit quelque chose de ce qui se passe aux États-Unis,
07:04 avec cette question, avec le rapport à la Chine,
07:06 et la tension entre les deux partis, les deux camps politiques aussi.
07:10 Ce qui explique d'ailleurs pourquoi Blinken a annulé sa visite en Chine.
07:15 Ça devenait difficile politiquement d'aller rencontrer les Chinois,
07:19 alors qu'il y avait ce ballon qui survolait le territoire.
07:21 C'est une sorte de mise en scène de la belligérance,
07:24 ou du moins de la volonté de belligérance,
07:26 parce que tout cela s'inscrit dans une atmosphère de regain de tension
07:30 entre Pékin et Washington.
07:32 Et on a envie de se demander d'ailleurs ce que Antony Blinken allait faire en Chine.
07:36 Et est-ce qu'il y a des groupes d'intérêt qui avaient intérêt à ce qu'il n'y aille pas ?
07:41 Oui, parce qu'en fait la visite de Blinken, c'était censé, entre autres,
07:46 mettre en place des processus pour éviter des escalades militaires entre les deux pays.
07:51 Un peu comme une ligne téléphonique particulière,
07:54 ou des différents systèmes pour éviter que dans des accidents de ce type,
07:59 les deux puissances surréagissent.
08:02 Pour éviter tous ces dérapages.
08:06 C'était quelque chose que les Chinois voulaient vraiment faire.
08:10 Ce n'est pas les États-Unis qui voulaient absolument cette visite,
08:13 c'était plutôt la Chine.
08:15 Mais c'était quelque chose qui s'inscrivait dans une sorte de désescalade des tensions.
08:20 Et en fait, ce qu'on voit, c'est que la nouvelle comme quoi le ballon était au-dessus des États-Unis,
08:25 ça a été diffusé par les services américains, le Pentagone, à la presse,
08:31 et juste avant la visite.
08:33 Donc ça pose la question, pourquoi le dire maintenant ?
08:38 Ils auraient pu attendre deux jours de plus, ou le faire deux jours plus tôt.
08:42 Il y a la suspicion un peu que ça a été instrumentalisé pour empêcher la visite de Blinken.
08:48 – Alors, on peut dire que de toute façon, espionnage pour espionnage,
08:53 les Américains espionnent aussi les Chinois d'une certaine manière.
08:57 – Oui, c'est un peu le paradoxe, c'est que les Américains s'offusquent énormément
09:01 d'un ballon gonflable, alors qu'eux, ils ont leur programme de drone,
09:05 donc non seulement ils espionnent, mais ils frappent des pays comme ça,
09:09 répandent un peu la terreur dans certains pays, plus ou moins avec l'accord des dirigeants du pays,
09:13 mais pas toujours.
09:15 Et puis, il y a les programmes d'espionnage américains qu'on connaît,
09:17 la NSA avec tout ce qui avait été révélé par Edward Snowden,
09:21 l'espionnage des dirigeants européens, et donc c'est pareil avec les Chinois,
09:25 et les États-Unis ont bien sûr leur programme de satellite, etc., pour espionner la Chine.
09:31 Et il y avait eu un accident un peu similaire au début des années 2000,
09:35 sous la présidence de George Bush, où c'est un avion espion américain
09:40 qui avait percuté dans l'espace aérien chinois, un chasseur chinois,
09:44 un avion de chasse militaire chinois, et donc l'avion américain
09:48 avait dû se poser en catastrophe, et donc il y a eu tout un tas de négociations,
09:52 et les Américains avaient dû s'excuser pour récupérer l'équipage de l'avion à l'époque,
09:57 donc comparé à ça, le ballon dirigeable, ce n'est pas un événement particulièrement tragique.
10:05 – Mais disons que c'est un épisode, c'est un feuilleton qui nous montre
10:10 que nous sommes passés d'une ère de la conflictualité latente
10:15 entre Chinois et Américains, entre Américains et Russes aussi.
10:20 Alors l'autre nouvelle justement, en parlant de la guerre en Ukraine,
10:24 la Russie, de tout cet environnement géopolitique, c'est le gazoduc Nord Stream 2,
10:30 la polémique sur le pays qui est responsable de son sabotage,
10:34 elle a rebondi cette semaine aux États-Unis.
10:38 – Oui parce qu'il y a eu un journaliste assez connu, dont tu parlais,
10:43 Seymour Hersh, qui a publié une enquête sur sa newsletter Substack,
10:48 où il détaille comment selon lui les États-Unis auraient détruit le gazoduc Nord Stream 2,
10:55 et aussi le Nord Stream 1 d'ailleurs, donc les deux gazoducs,
10:59 qui relient la Russie à l'Allemagne et donc qui était une des sources principales
11:03 d'approvisionnement en gaz avant le conflit ukrainien.
11:07 Donc c'est des accusations très sérieuses qui sont portées,
11:10 puisque selon lui en gros, l'administration Biden avait planifié la destruction
11:15 de ces gazoducs dès l'été 2021, donc à peu près au moment
11:21 où les Russes commençaient à amasser des troupes à la frontière ukrainienne.
11:25 – Et donc ils auraient pris la décision…
11:27 – Précisément à l'appui de sa thèse, il y a des vidéos où Joe Biden
11:32 annonçait la capacité des États-Unis à stopper le transfert de gaz de la Russie
11:41 à l'Europe en cas de conflictualité.
11:44 Voilà, donc à l'époque ça avait été plutôt ressenti comme une menace diplomatique,
11:50 on va dire, comme quoi ils allaient avoir les moyens d'obliger l'Allemagne,
11:54 qui était au final l'acteur qui pouvait couper le gaz côté européen,
11:59 donc obliger l'Allemagne à stopper la mise en service du Nord Stream 2
12:03 et éventuellement à stopper les livraisons de gaz via le Nord Stream 1
12:07 qui fonctionnait déjà.
12:08 Mais quand il avait été relancé par les journalistes à l'époque
12:11 en conférence de presse, on lui avait dit "mais vous allez faire comment
12:14 pour empêcher ce pipeline ?"
12:16 Il avait dit "on aura les moyens", mais ce n'était pas très clair.
12:20 Du coup ça forcément, ça alimente les soupçons
12:23 que ce qu'il avait derrière la tête, ce n'était pas forcément des moyens diplomatiques
12:28 mais que c'était des moyens militaires.
12:31 – Alors comment les révélations, en tout cas les révélations supposées,
12:36 de Seymour Hersh ont été reçues aux États-Unis ?
12:40 Parce qu'ici en France c'était un peu sous les radars,
12:43 les grands médias n'en ont pas beaucoup parlé,
12:45 mais comment cette enquête qui est sortie d'une manière particulière,
12:49 puisqu'elle est sortie sur newsletter Substack et non dans un grand média,
12:54 dans les grands médias avec lesquels Seymour Hersh collabore,
12:57 notamment le New Yorker, comment ça a été reçu justement là-bas aux États-Unis ?
13:01 – Oui tout à fait, il y a différentes réceptions.
13:05 Déjà il faut voir en France, il me semble qu'il y a eu une dépêche AFP
13:08 qui a été reprise par la Tribune et Courrier international aussi a fait un article,
13:12 mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose qui a sorti beaucoup.
13:15 Aux États-Unis c'est un peu pareil dans le sens où la presse,
13:18 ce qu'on considère la presse mainstream, donc le New York Times,
13:20 le Washington Post, etc. à ma connaissance n'ont pas encore parlé.
13:24 Et donc il y a eu par contre des reprises dans la presse indépendante
13:27 et en particulier aussi, ce n'est pas la presse indépendante pour le coup,
13:31 mais Fox News qui a ouvert son principal JT de Tucker Carlson,
13:36 qui lui-même est un journaliste pas forcément très fiable,
13:41 qui distord pas mal les faits, mais donc qui a fait toute l'ouverture de son JT sur ça.
13:47 – Explique-nous un peu ce que c'est que Fox News, tout le monde ne sait pas.
13:50 – La Fox News c'est la chaîne d'information continue la plus regardée aux États-Unis,
13:54 donc le JT en question c'est de loin le JT le plus regardé aux États-Unis,
13:59 mais c'est une chaîne qui est très conservatrice, qui était pro-Trump
14:02 et qui est maintenant, enfin qui est toujours pro-républicain,
14:06 qui a été créée et qui est dirigée par des cadres proches du Parti républicain.
14:11 Donc c'est un média très partisan avec un agenda très politique
14:16 et plutôt classé à l'extrême droite maintenant,
14:18 compte tenu de la dérive du Parti républicain lui-même.
14:21 Ce n'est pas quelque chose qui est considéré en général comme un média mainstream,
14:25 même s'ils ont eux-mêmes leurs journalistes, leurs enquêtes,
14:30 dans certains domaines ils sont très pointus, dans d'autres c'est plus une presse d'opinion.
14:34 Et donc le JT en question c'est plutôt de l'opinion que de l'information d'ailleurs,
14:38 le JT de Tucker Carlson, mais ça a un poids important dans le paysage politique américain.
14:42 Et donc ce JT a donné énormément de crédits aux révélations,
14:47 ou plutôt aux allégations du journaliste Seymour Hersh,
14:51 qui lui-même est en fait une figure controversée comme tu disais,
14:54 puisqu'il a gagné un prix Pulitzer dans les années 70,
14:57 il a révélé aussi la torture en Irak de l'armée américaine en 2004,
15:02 mais il a aussi après sorti des informations non vérifiées,
15:07 et qui ont fait beaucoup plus polémique, en particulier sur les circonstances
15:11 de la mort d'Oussama Ben Laden et l'usage d'armes chimiques en Syrie.
15:15 Il n'a plus beaucoup de la confiance de la presse mainstream,
15:18 ce qui explique entre autres pourquoi cette information,
15:22 enfin son enquête assez accablante si elle était vraie,
15:27 n'est pas vraiment reprise par les médias.
15:29 Mais il y a eu des questions du coup qui ont été posées en conférence de presse
15:33 aux représentants du ministère de la Défense américain.
15:36 Le ministère de la Défense et la CIA ont nié les accusations,
15:39 ont dit que c'était des affabulations complètes,
15:41 mais quand même on voit que ça a été jusqu'à ce que ça soit posé en conférence de presse.
15:46 Donc c'est quand même une information qui a pas mal circulé aux États-Unis.
15:49 Et les Russes ont saisi cette information pour demander des explications aux États-Unis.
15:55 Oui, pour eux c'est sûr que c'est une occasion de ramener le sujet,
15:59 ce qui est assez surprenant au final.
16:02 L'enquête de Seymour Hersh, ça repose sur une seule source qui est anonyme.
16:06 Donc même s'il y a beaucoup d'informations relativement crédibles dedans
16:10 qui sont données sur le déroulé de l'opération qu'il présente,
16:14 il n'y a rien de vérifiable et tout repose, enfin l'accusation principale
16:18 de comment ça serait les États-Unis qui auraient planifié ça,
16:20 ça repose sur une source anonyme.
16:22 Donc c'est impossible de se dire ça.
16:24 Donc en fait, c'est Seymour Hersh qui met sa crédibilité dans la balance
16:28 et son histoire professionnelle en disant "bon c'est une source anonyme,
16:32 mais moi j'ai jugé qu'elle était assez crédible pour sortir sa version", en gros.
16:38 C'est ça, voilà.
16:39 Du coup, certains diront que sa crédibilité était déjà pas mal entachée,
16:42 donc il faut voir combien de crédit on peut apporter à son enquête.
16:46 Cela dit, ce qui est intéressant quand même à noter,
16:49 c'est que quoi qu'on pense de ce que lui il écrit,
16:52 on n'a toujours pas de piste alternative fiable pour dire qui est responsable.
16:57 Parce que la Russie...
16:58 Ça fait un certain nombre de temps qu'il y a eu ce sabotage,
17:03 il y a eu trois enquêtes indépendantes, une enquête suédoise, une enquête danoise,
17:07 une enquête allemande, les trois ont montré qu'il y avait bel et bien des charges explosives,
17:11 sans dire quand, qui ou comment.
17:15 Ou quand même, on sait à peu près où ils étaient.
17:18 Mais voilà, c'est clair, en particulier l'enquête suédoise,
17:22 c'est apparemment celle qui a été la plus aboutie selon le New York Times.
17:26 Et donc eux, ils disent clairement qu'il y a eu des charges,
17:28 ils pensent que ça a été déposé par des plongeurs,
17:31 et que c'est un État qui a fait l'opération.
17:34 Donc ça, ça cale parfaitement avec ce qu'écrit Seymour Hersh,
17:38 mais bon, Seymour Hersh a pu reprendre ça directement de la presse,
17:41 il n'a pas forcément, il aurait pu copier-coller ce qui est déjà su,
17:45 pour que son histoire rentre dans le cadre préexistant.
17:48 Ça ne valide pas l'enquête de Seymour Hersh pour autant,
17:52 mais c'est des faits qui sont là.
17:54 Et donc ça, ça pointe la responsabilité d'un acteur étatique,
17:58 et un mode d'opératoire qui serait proche de ce que décrit Hersh.
18:02 Après, la Russie avait accusé l'Angleterre, par exemple, le Royaume-Uni,
18:05 d'être derrière, sans fournir de preuves non plus.
18:08 Donc c'est assez compliqué de savoir qui est derrière ça.
18:11 On peut quand même noter aussi que désormais, les États-Unis,
18:15 il y a eu deux fois des articles dans le New York Times
18:18 qui montraient que les États-Unis sont de moins en moins convaincus,
18:21 ou sont pratiquement convaincus que ce n'est pas les Russes.
18:24 Parce que le New York Times s'interrogeait du fait que les Russes
18:27 sont en train de tenter de réparer le pipeline,
18:29 et que ça va leur coûter une somme astronomique.
18:32 Donc du coup, pourquoi auraient-ils détruit le pipeline,
18:35 si c'est pour le réparer après et dépenser une fortune ?
18:38 Ça, c'est un premier point.
18:40 Et avant, il y avait eu des révélations de la presse américaine,
18:44 mais encore une fois basées sur des sources anonymes,
18:47 mais cette fois-ci sur de multiples sources anonymes,
18:49 européennes et américaines, qui disaient que les services
18:52 de renseignement américains n'avaient pas trouvé la moindre preuve,
18:55 ou le moindre début d'indice comme quoi ce serait les Russes
18:57 qui étaient derrière ça, que la NSA, qui écoute les conversations
19:01 russes tout le temps, qui a su prédire à quel moment exactement
19:04 allait commencer la guerre en Ukraine, n'aurait pas trouvé
19:07 moindre élément pour incriminer les Russes.
19:09 Donc du coup, ça paraît impossible que ce soit les Russes
19:13 qui aient fait le sabotage, mais ça laisse ouvert encore
19:15 plusieurs options pour savoir qui est derrière ça.
19:18 – Et donc du coup, c'est ce vide qui est assez étonnant quand même,
19:22 cette incapacité de ces enquêtes à trouver le coupable,
19:25 qui justement donne de l'espace aux enquêtes comme celle de Semo Hersh.
19:33 – Oui, et toutes les thèses un peu conspirationnistes si tu veux,
19:36 mais après c'est vrai que les États-Unis sont un peu le coupable idéal
19:40 dans le sens où il y a toutes les déclarations qui ont été faites
19:42 avant et aussi après, puisque après les faits, il y a donc
19:45 Anthony Blinken qui avait qualifié la destruction du pipeline
19:48 d'une opportunité stratégique exceptionnelle pour les États-Unis,
19:54 ce qui est vrai puisque c'est eux qui ont en gros remplacé
19:56 le gaz russe par le gaz de schiste américain,
19:59 via le gaz liquéfié.
20:03 Et puis il y a une des principales diplomates américaines aussi,
20:08 Victoria Nuland, qui avait déclaré au Sénat américain
20:12 lors d'une audition qu'elle se félicitait,
20:16 et la Maison-Blanche se félicitait de savoir que le pipeline
20:20 était désormais un tas de ferraille au fond de l'eau.
20:23 Entre les déclarations avant, comme quoi,
20:26 et donc ce n'est pas que Biden, c'était aussi Mike Pompeo
20:30 sous Donald Trump, qui était le prédécesseur d'Anthony Blinken,
20:33 qui avait dit aussi qu'il ferait tout ce qu'il a en leur pouvoir
20:36 pour stopper le pipeline.
20:37 Donc il y a ces déclarations avant, et puis il y a un peu
20:40 les congratulations après, qui font que ça donne
20:43 beaucoup d'éléments aux personnes qui veulent mettre en cause
20:47 les États-Unis sur ce dossier.
20:49 – Merci beaucoup Chris pour tous ces éclairages.
20:51 Je rappelle donc que tu es journaliste ingénieur,
20:54 auteur du newsletter sur Sustac, qui est de plus en plus consulté,
21:00 et co-auteur du livre "Les illusions perdues de l'Amérique démocrate".
21:04 – Merci.
21:05 [Générique]
21:08 [Sous-titrage FR : VNero14]
21:11 [Générique]
21:14 [Générique]
21:17 [SILENCE]