Emilie Dequenne, comédienne du film CLOSE, nommé aux César et aux Oscars 2023, et Stéphane De Groodt; acteur dans CHAMPAGNE !, actuellement sur CANAL+, se retrouvent face à face au festival romantique de Cabourg pour discuter du cinéma Belge, et des ses caractéristiques par rapport au cinéma Français.
Une Rencontre Et.... propose de mettre face à face deux personnalités du cinéma qui ne se connaissent pas et qui n'ont jamais travaillé ensemble, pour voir ce qu'ils ont à se dire
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00:00 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'émission "Une rencontre et trois petits
00:06 points".
00:07 Son principe ? Mettre face à face deux personnalités du cinéma et leur offrir un espace de discussion
00:12 en toute liberté.
00:13 Aujourd'hui, nous recevons une comédienne et un comédien belge, Émilie Dequenne et
00:18 Stéphane Degrote.
00:19 Et c'est là, maintenant.
00:20 On n'a jamais parlé autant de temps.
00:24 C'est vrai.
00:25 Nous on s'est quand même rencontrés un milliard de fois mais c'est vrai qu'on n'a jamais
00:28 discuté aussi longtemps.
00:29 Autour de, déjà de l'eau, déjà.
00:31 Ça c'est une première.
00:32 C'est vrai.
00:33 Et j'espère que ça ne sera pas une dernière.
00:34 C'est marrant dans ce métier, on fait les mêmes métiers et puis on se croise.
00:44 C'est pour ça aussi que les tournages, je ne sais pas toi, ce que tu emportes comme
00:47 expérience de tournage, si t'es complètement immergé et tu, pendant un mois, deux mois,
00:52 trois mois, t'es complètement déconnecté de tout.
00:55 Ou alors si tu as la possibilité de ressortir, d'émerger de tout ça et d'entretenir une
01:01 relation avec les autres, avec tes partenaires, les techniciens, l'équipe.
01:06 La relation que j'ai avec les autres c'est surtout au sein du tournage.
01:10 En dehors de ça, j'ai besoin de me retrouver dans mon petit cocon très personnel et très
01:17 familial.
01:18 Si je peux par exemple partir avec mon mari, mon chien, bon maintenant mes enfants sont
01:22 grands donc ils ne partiraient pas avec moi en tournage.
01:24 Mais c'est vrai qu'à l'issue de la journée de tournage, j'essaye de me rapprocher le
01:27 plus possible de mon quotidien.
01:29 J'en ai vraiment besoin.
01:30 Les tournages c'est clairement unique et puis on est tellement privilégiés en plus
01:34 de ça.
01:35 - Tellement.
01:36 Et alors c'est ça aussi cette notion, parce que toi tu utilises ce terme.
01:38 Quand j'entends des gens qui disent "j'ai pris beaucoup de risques pour ce rôle",
01:41 ça a tendance moi un peu à me faire grincer les chines.
01:45 Parce que le risque il n'est pas là, le risque il est ailleurs.
01:47 Je ne pense pas qu'on soit vraiment des héros de quoi que ce soit.
01:50 - Ah non, on ne sauve pas des vies.
01:51 - Et tu vois, puisque nous sommes belges, je pense qu'on nous demande toujours c'est
01:57 quoi être belge, c'est quoi le cinéma belge.
01:58 Je pense que cet univers-là du cinéma, on le prend avec une certaine relativité.
02:03 On a du recul là-dessus.
02:05 On a conscience qu'on ne fait pas la chose la plus importante du monde.
02:07 - Mais qu'on est extrêmement chanceux de le faire.
02:10 - Bien sûr.
02:11 - C'est surtout ça en fait.
02:12 - C'est vrai qu'il y a des gens, ils se perdent.
02:13 Ils ne voient plus ce qu'ils sont en train de faire, pourquoi ils le font et que somme
02:16 toute, ça reste, c'est la culture, c'est très important, mais ça reste aussi un divertissement
02:22 qui nous divertit.
02:23 - C'est marrant que tu parles de ça parce qu'à chaque fois, moi on me pose souvent
02:25 la question, qu'est-ce qui caractérise le cinéma belge, qu'est-ce qui fait la différence,
02:29 etc.
02:30 Qu'est-ce qu'il y a comme différence entre le fait d'être belge ou français.
02:32 Moi souvent je suis assez dépourvue.
02:34 Tu arrives toi à mettre des mots là-dessus ?
02:36 - Je pense qu'on met l'enjeu ailleurs.
02:38 C'est que souvent on me dit aussi qu'est-ce qu'on aime les acteurs, les actrices belges.
02:42 Comment se fait-il qu'on ait autant d'élan pour vous.
02:48 Mais je pense que précisément, c'est parce qu'on aborde le cinéma autrement.
02:51 Comme si c'était pas grave, comme si on pouvait se tromper et comme si la notion de
02:55 jugement était très relative pour nous.
02:57 Comme le système est moins fort, je trouve, le système médiatique, il n'y a pas de
03:01 star system chez nous, déjà on n'a pas d'agent, il y a moins de pression.
03:04 Du coup, je pense qu'on vient de manière un peu plus légère, on s'autorise plus de
03:08 choses, comme s'il y avait plus d'attente ou plus de jugement ou de jaugement dans le
03:14 cinéma français.
03:15 Et comme tu te sens plus observé, peut-être que tu te libères un peu moins.
03:19 Moi systématiquement, c'est ce que j'entends sur nous, belges, c'est qu'il y a une forme
03:24 de liberté qu'on ne trouve peut-être pas toujours ailleurs.
03:26 - Ça je suis tout à fait d'accord.
03:27 Et le rapport à l'image est un peu différent.
03:29 - Complètement.
03:30 Je crois qu'on se soucie moins du jugement et du regard de l'autre.
03:32 Du coup, ça nous autorise plus de choses en amont, je pense.
03:35 - Oui, surtout quand on est planqué derrière nos personnages.
03:37 C'est tellement plus facile comme ça.
03:40 - Alors moi, on me pose souvent la question de savoir s'il y a un humour belge.
03:44 L'humour belge.
03:45 Je ne crois pas.
03:46 Je ne crois pas qu'il y ait, parce qu'on parle souvent de l'humour surréaliste, le
03:50 surréalisme belge.
03:51 Mais Dupieux, il est surréaliste.
03:54 Marcel Duchamp, il est surréaliste.
03:56 Il y a du surréalisme partout, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Suède.
03:59 Donc, je ne sais pas s'il y a un humour belge.
04:02 Et du coup, est-ce qu'il y a un cinéma belge ?
04:04 Quelle est la spécificité du cinéma belge ?
04:07 - Je crois que c'est la liberté, justement.
04:08 Parce qu'elle n'est pas que pour nous, comédiens.
04:11 J'ai l'impression que les enjeux, c'est pareil.
04:13 En termes de production, ils ne sont pas tout à fait les mêmes.
04:16 En tout cas, quand le film est vraiment produit belgo-belge, j'ai l'impression qu'il y a
04:22 moins de verrouillage.
04:24 Je ne sais pas si tu l'as déjà ressenti, mais j'ai quand même l'impression que le
04:27 metteur en scène est beaucoup plus libre.
04:28 J'ai l'impression qu'en France, la production, les décideurs, les chaînes vont beaucoup
04:32 plus influencer pas mal de décisions artistiques, ce qu'on n'a pas dans un film vraiment belge.
04:39 Du coup, le metteur en scène, son point de vue, il est libre de l'exploiter comme il
04:44 en a envie.
04:45 - Oui, c'est vrai qu'à la limite, on va faire notre petite pop-up.
04:47 On va réussir à monter le truc, vaille que vaille, avec des bouts de ficelle, mais avec
04:52 beaucoup d'énergie, beaucoup d'envie, beaucoup de conviction.
04:55 Oui, c'est vrai.
04:56 Je me sens très belge dans ma manière d'être, dans cette liberté de ton, d'identité,
05:02 de ton côté.
05:03 - Oui, c'est vrai.
05:04 - Et je pense que c'est un peu comme si on était dans un film, on est moins dans la
05:05 séduction, on est dans ce qu'on est, on est plus bonhomme.
05:07 Parce qu'il y a peut-être un côté moins assuré aussi.
05:11 Le peuple belge n'est pas un peuple fier qui marche droit et qui descend dans la rue en
05:15 revendiquant des choses.
05:16 - De plus en plus.
05:17 Ça va de mieux en mieux, ça, quand même.
05:18 - Mais si on doit faire le contraste avec la France, c'est vraiment des gens qui revendiquent
05:22 tout le temps des choses.
05:23 Même dans leur manière de parler, ils ont une élocution, ils disent les choses avec
05:27 plus d'aplomb.
05:28 Alors nous, on parle beaucoup, mais d'une autre manière.
05:30 Donc je me sens très belge dans cette manière d'être.
05:33 Après, moi, mon parcours, il est à l'opposé de celui d'Émilie.
05:39 C'est-à-dire qu'elle réunit tout.
05:41 C'est pour ça que c'est toute formidable, l'actrice.
05:42 C'est que non seulement...
05:43 Non, non, mais c'est vrai.
05:44 Je trouve que tu réunis et l'instinct et la technique.
05:48 Et les deux ensemble, ça donne le résultat qu'on connaît par l'actrice que tu as.
05:55 Et c'est pas pour être complaisant, c'est pas pour me la permettre, mais c'est ça ta
05:58 force, je trouve.
05:59 Et c'est ça qui va allier les deux.
06:00 Du coup, il n'y a pas de limite.
06:01 Je crois que tu peux tout jouer ou tu vas emprunter à l'instinct, tu vas emprunter
06:04 à la technique.
06:05 Et moi, je pense que je suis pas totalement un acteur.
06:09 Je fais l'acteur, mais je pense qu'en écriture, ça me plaît plus.
06:14 Là, je tends vers la réalisation.
06:16 J'écris un film et je pense que ça m'intéresse plus d'être, malgré tout, à imaginer un
06:21 univers, à pondre un œuf et à proposer à une actrice, un acteur de venir se livrer
06:26 que l'inverse.
06:27 Moi, je peux pas tout jouer.
06:28 Moi, je suis un instinctif.
06:29 Et puis, il y a des bagages que je n'ai pas.
06:32 Mais plus le temps passe, plus je joue.
06:35 En fait, j'apprends beaucoup en faisant.
06:36 Comme je n'ai aucun bagage, il faut que je tourne beaucoup pour comprendre à chaque
06:42 fois comment ça se passe.
06:43 Et plus je tourne, au tout début, j'avais des réflexes.
06:47 Je me réfugiais derrière ce que je savais faire.
06:48 En l'occurrence, au cinéma, pas grand chose.
06:50 J'avais des tics de jeu.
06:52 Et petit à petit, j'ai viré ces tics.
06:54 Au début, je n'osais pas me transformer trop.
06:57 Je voulais me reconnaître moi déjà et pas me perdre complètement.
07:01 Alors qu'aujourd'hui, et ça, c'est tout à fait ce que tu fais toi, plus on se perd,
07:05 plus on se cache derrière un personnage, plus on est derrière un costume, plus on
07:09 prend notre pied en tant qu'acteur ou actrice.
07:13 Et aujourd'hui, j'ai envie de ça.
07:15 J'ai la gourmance d'y être.
07:17 J'aimerais bien, par exemple, rentrer dans l'univers de certains réalisateurs que
07:21 Emilie a pratiqués.
07:22 Pour autant, il faut qu'il y ait des réalisateurs qui me fassent confiance, qui m'autorisent
07:25 d'aller là-bas.
07:26 - Et parfois pas beaucoup de curiosité, quoi.
07:28 Enfin, d'imagination et de curiosité.
07:30 - C'est peut-être pour ça qu'en Belgique, je tourne pas beaucoup, parce que comme j'ai
07:32 eu une ancienne vie belge où j'étais pilote de course, alors on se dit "mais de gros,
07:36 il fait quoi ? Il fait de la course, il fait du théâtre, il fait du cinéma, il fait quoi ?
07:40 C'est qui ?"
07:41 Je pense que j'ai un peu brouillé les pistes pendant des années.
07:43 Mais c'est pas grave.
07:46 - Non.
07:47 Regarde Virginie.
07:48 - Incroyable.
07:49 - Elle a plutôt bien brouillé les pistes, tu vois ?
07:51 - Incroyable, oui.
07:52 - Tout est possible.
07:53 - Bien sûr.
07:54 - Il faut juste essayer, quoi.
07:55 - Je me disais ça, il y a Virginie qui est passée par la case où jamais, jamais de
08:01 la vie on aurait imaginé qu'en présentant la nouvelle star, elle puisse terminer comme
08:04 étant la star.
08:05 - Attends, et avant la nouvelle star, il y avait Megamix, quand même, en Belgique, que
08:07 moi je regardais quand j'étais adolescente.
08:09 - C'est vrai, c'est complètement vrai.
08:10 - Je suis tellement, tellement fière et tellement fascinée par ce parcours qu'elle a, que
08:17 j'adore, quoi.
08:18 - Et puis même quand tu démarres dans le cinéma, regarde Marion Cotillard en taxi.
08:21 Jamais tu imagines qu'un film comme ça, très populaire et très "léger", l'amène à...
08:26 - En fait, j'étais sûre qu'elle s'amènerait où elle en avait envie.
08:29 Elle a tellement...
08:30 C'est une telle bosseuse, enfin, ça se voit, elle avait cette idée.
08:35 - Mais c'est pour dire que quoi que tu fasses, ce qui t'importe, c'est là où tu veux aller.
08:40 - Oui, peu importe, c'est ça.
08:41 Il faut tout essayer.
08:42 Et c'est vrai que moi, je trouve, en tout cas en Belgique, j'ai pas majoritairement travaillé
08:48 avec des metteurs en scène belge, mais malgré tout, tous les metteurs en scène belge avec
08:52 qui j'ai travaillé, je trouvais que c'était les personnages, les trucs les plus incroyables
08:57 que j'ai pu rencontrer.
08:58 Parce que la liberté, quoi, encore une fois.
09:01 - Merci mille fois à vous deux.
09:02 - Merci beaucoup.
09:03 - Merci.
09:03 - Merci.
09:03 - Merci.
09:04 - Merci.
09:04 - Merci.
09:05 - Merci.
09:05 - Merci.
09:06 - Merci.
09:06 - Merci.
09:07 - Merci.
09:07 - Merci.
09:08 - Merci.
09:08 - Merci.
09:09 - Merci.
09:09 - Merci.
09:10 Merci à tous !
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