Voici le programme de Toujours Debout ! du mardi 8 février.
▶ L'Entretien d'Actu : Les Rosies ️
La présidente l'AN Yael Braun Pivet a indiqué en point presse que les activistes étaient embarqués pour des "dégradations" sur la statue de la loi et une porte devant l'Assemblée. Elles ont depuis été libérées, Lou Chesné, porte-parole d'ATTAC et cofondatrice des Rosies étaient parmis elles et sera présente ce soir pour faire entendre leur version.
▶ Fond de l'Info : Paul Elek ️
Parallèlement à la bataille dans la rue, le bras de fer a commencé à l’Assemblée nationale. On en a parlé lundi dans le feu de l’action notamment avec notre consoeur Lisa Lap qui était en direct depuis le Palais Bourbon. On vous propose de revenir dessus à tête reposée avec notre fidèle camarade Paul Elek, analyste politique, ancien attaché parlementaire et doctorant en sociologie.
▶ Kissékadit ?
▶ Carte Blanche : Rémi-Kenzo Pagès ⬜️
Rémi-Kenzo Pagès nous rejoindra pour parler des bénéfices records de Total Energies, pour 2022. 19,5 milliards d’euros. Des chiffres qui interrogent. Il nous expliquera pourquoi avant de recevoir Clem Converset-Doré, porte-parole d’Alternatiba Paris, qui a mené ce matin une action au siège de l’entreprise, à la Défense, pour dénoncer les superprofits, avec ce mot d’ordre, "vous encaissez, nous subissons !"
▶ Entretien d'Actu : Alternatiba Paris️
Clem Converset Doré, porte-parole d’Alternatiba Paris qui ont mené ce matin une action devant le siège de TotalEnergie. Le groupe se distingue non seulement pour ces profits mirobolants mais également pour ses action mortifère, à la fois pour l’environnement et pour les population locale en Afrique, notamment en Afrique du Sud et en Ouganda.
▶ L'Entretien d'Actu : Les Rosies ️
La présidente l'AN Yael Braun Pivet a indiqué en point presse que les activistes étaient embarqués pour des "dégradations" sur la statue de la loi et une porte devant l'Assemblée. Elles ont depuis été libérées, Lou Chesné, porte-parole d'ATTAC et cofondatrice des Rosies étaient parmis elles et sera présente ce soir pour faire entendre leur version.
▶ Fond de l'Info : Paul Elek ️
Parallèlement à la bataille dans la rue, le bras de fer a commencé à l’Assemblée nationale. On en a parlé lundi dans le feu de l’action notamment avec notre consoeur Lisa Lap qui était en direct depuis le Palais Bourbon. On vous propose de revenir dessus à tête reposée avec notre fidèle camarade Paul Elek, analyste politique, ancien attaché parlementaire et doctorant en sociologie.
▶ Kissékadit ?
▶ Carte Blanche : Rémi-Kenzo Pagès ⬜️
Rémi-Kenzo Pagès nous rejoindra pour parler des bénéfices records de Total Energies, pour 2022. 19,5 milliards d’euros. Des chiffres qui interrogent. Il nous expliquera pourquoi avant de recevoir Clem Converset-Doré, porte-parole d’Alternatiba Paris, qui a mené ce matin une action au siège de l’entreprise, à la Défense, pour dénoncer les superprofits, avec ce mot d’ordre, "vous encaissez, nous subissons !"
▶ Entretien d'Actu : Alternatiba Paris️
Clem Converset Doré, porte-parole d’Alternatiba Paris qui ont mené ce matin une action devant le siège de TotalEnergie. Le groupe se distingue non seulement pour ces profits mirobolants mais également pour ses action mortifère, à la fois pour l’environnement et pour les population locale en Afrique, notamment en Afrique du Sud et en Ouganda.
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NewsTranscription
00:00:00 (Générique)
00:00:08 -Bonsoir à toutes et à tous.
00:00:09 Il est 18h30, vous êtes en direct sur Le Média
00:00:11 et vous regardez toujours debout votre quotidienne d'infos
00:00:15 et de combats.
00:00:16 Ce programme fait partie de notre nouvelle grande ambition,
00:00:19 faire du Média une véritable chaîne de télévision
00:00:21 qui vous proposera une autre hiérarchie
00:00:24 et un autre traitement de l'information,
00:00:25 une information populaire, alternative et indépendante
00:00:29 qui se démarque de la propagande réactionnaire et patronale
00:00:32 financée par les milliardaires.
00:00:33 Grâce à votre soutien, nous pourrions être
00:00:36 la première chaîne de télévision détenue
00:00:38 par ces milliers de sociétaires, des citoyens engagés
00:00:41 qui refusent la concentration des médias
00:00:44 entre les mains d'oligarques en collusion avec le pouvoir.
00:00:46 Imaginez un canal qui ne servira à la soupe
00:00:49 ni à la Macronie ni à l'extrême droite,
00:00:51 un canal qui sera sur tous les piquets de grève
00:00:53 et sur toutes les barricades,
00:00:55 qui racontera vos vies et vos combats,
00:00:57 qui sera de votre côté plutôt que celui de Bolloré.
00:01:00 C'est grâce aux abonnements payants,
00:01:02 qui demeurent notre source de financement la plus pérenne,
00:01:04 que nous pourrons nous installer définitivement
00:01:07 dans le paysage audiovisuel français.
00:01:09 À partir de 5 euros par mois,
00:01:10 vous pouvez vous garantir l'indépendance d'un média
00:01:12 attaché au pluralisme et à la diversité.
00:01:15 Pour nous soutenir dans la durée,
00:01:16 rendez-vous sur lemediatv.fr/soutien.
00:01:19 On compte également sur vos likes, partages et commentaires
00:01:22 qui nous aident à surnager dans la mer immense
00:01:24 des plateformes et des algorithmes.
00:01:26 Nous sommes le mercredi 8 février 2023.
00:01:28 La mobilisation contre le projet de réforme des retraits
00:01:31 du gouvernement se poursuit dans certains secteurs aujourd'hui,
00:01:34 avant le nouveau grand rendez-vous de samedi 11 février.
00:01:37 On reste à vos côtés, toujours debout.
00:01:56 Au sommaire de ce soir, une émission d'un peu plus d'une heure
00:01:58 qui se décline en deux parties.
00:02:00 On continue de parler de l'acte III
00:02:02 de la mobilisation nationale contre le projet de réforme
00:02:04 lancée par l'exécutif Macron-Borne,
00:02:06 qui a eu lieu hier, mardi 7 février,
00:02:09 parallèlement à la bataille dans la rue.
00:02:10 Le bras de fer a commencé à l'Assemblée nationale.
00:02:12 On en a parlé lundi, dans le feu de l'action,
00:02:15 notamment avec notre consoeur Lisa Lapp,
00:02:17 qui était en direct depuis le Palais Bourbon.
00:02:19 On vous propose de revenir dessus à tête reposée
00:02:22 avec notre fidèle camarade Paul Hellec,
00:02:24 analyste politique, ancien attaché parlementaire
00:02:27 et docteur en sociologie.
00:02:28 Nous analyserons également l'opinion publique,
00:02:31 toujours hostile, au projet de réforme des retraites,
00:02:33 selon les différents sondages réalisés ces dernières semaines.
00:02:36 On vous en parlait hier,
00:02:38 9 militants du collectif féministe Les Rosies
00:02:40 de l'organisation intermondialiste Attaque
00:02:42 ont été interpellés,
00:02:44 et 7 au moins placés en garde à vue.
00:02:46 La présidente de l'Assemblée nationale,
00:02:48 Yael Braun-Pivet, a indiqué en point presse
00:02:50 que les activistes étaient embarqués pour des dégradations
00:02:53 sur la statut de la loi,
00:02:54 une porte devant l'Assemblée.
00:02:56 Elles ont depuis été libérées.
00:02:58 Lou Chenet, porte-parole d'Attaque et cofondatrice des Rosies,
00:03:01 était parmi elles et sera présente ce soir
00:03:03 pour faire entendre leur version.
00:03:06 Mon camarade et confrère Capé nous rejoindra
00:03:08 pour parler des bénéfices records de Total Energy pour 2022,
00:03:12 19,5 milliards d'euros,
00:03:14 des chiffres qui interrogent et qui font mal à la tête.
00:03:16 Il nous expliquera pourquoi,
00:03:18 avant de recevoir Clem Convercé-Doré,
00:03:20 porte-parole d'Alter Natiba, Paris,
00:03:24 qui a mené ce matin une action au siège de l'entreprise,
00:03:26 à la Défense, pour dénoncer le super-profit.
00:03:29 Avec ce mot d'ordre, vous encaissez, nous subissons.
00:03:33 Mais avant ça, place à l'entretien d'actu
00:03:35 avec Lou Chenet, porte-parole d'Attaque
00:03:38 et cofondatrice du collectif féministe Les Rosies.
00:03:41 (Générique)
00:03:44 ---
00:03:47 Hier, mardi 17 février, c'était la 3e journée
00:03:50 de mobilisation nationale contre le projet du gouvernement
00:03:52 de porter l'âge légal de départ en retraite à 64 ans.
00:03:56 2 millions de personnes étaient dans les rues de France
00:03:58 pour dire non à un projet de loi
00:04:00 qui brutalise notre modèle social et les retraites
00:04:02 face à une opinion publique
00:04:04 qui rejette massivement des dispositions qui vont allonger.
00:04:07 L'âge de départ supprimé, les régimes spéciaux baissés,
00:04:10 le montant des pensions de certains.
00:04:12 Le pouvoir et ses relais nous assurent
00:04:13 qu'il y aura des gagnants à tout cela
00:04:15 et que ce ne sera pas uniquement le patronat.
00:04:17 Ils citent notamment les femmes.
00:04:18 L'organisation intermondialiste Attaque
00:04:20 dénonce depuis 2019 l'impact de la réforme des retraites
00:04:23 sur les femmes.
00:04:24 Sur leur site, une tribune signée de Christiane Marti,
00:04:27 membre du comité scientifique de l'organisation,
00:04:30 taille en pièces l'argumentaire du gouvernement
00:04:32 donnant une coloration quasi féministe
00:04:34 à la réforme des retraites de l'exécutif Macron-Borne.
00:04:37 Et dans les rues, elles organisent des actions revendicatrices
00:04:42 et festives qui n'ont pas plu à la Macronie.
00:04:45 Alors, avant d'entamer la chorégraphie de leur premier tube
00:04:48 à cause de Macron, le collectif Lerosy a annoncé au cortège
00:04:51 que neuf militantes ont été interpellées
00:04:53 et sept au moins placées en garde à vue
00:04:54 au commissariat du Vème arrondissement.
00:04:56 Elles ont été libérées hier soir.
00:04:58 La présidente de l'Assemblée nationale,
00:04:59 Yael Broun-Pivet, a indiqué en point presse
00:05:02 que les activistes étaient embarqués pour des dégradations
00:05:04 sur la statut de la loi et une porte devant l'Assemblée.
00:05:07 On vous propose de regarder quelques images
00:05:09 de la démonstration qui a été réduite
00:05:11 à des pressions et intimidations inqualifiables
00:05:14 sur les députés et sur la représentation nationale.
00:05:17 (...)
00:05:43 -A midi, la présidente de l'Assemblée nationale
00:05:45 a annoncé une grave dégradation
00:05:47 et deux heures plus tard, tout est effacé.
00:05:48 Avec la réforme et deux ans de plus avant la retraite,
00:05:51 c'est la dégradation de nos vies qui va s'empirer.
00:05:54 C'est ce qu'a déclaré l'organisation Attaque sur Twitter.
00:05:56 "La peinture employée à la craie est lavable à l'eau
00:06:00 "et biodégradable", rappelle Attaque.
00:06:02 Un ridicule, une situation ridicule
00:06:04 que la députée LFI Nupes, Danielle Simonnet,
00:06:06 n'a pas manqué de rappeler.
00:06:08 -Quand même, vous êtes en train de faire un hold-up.
00:06:10 Vous êtes en train de prendre deux ans de leur vie
00:06:13 à l'ensemble des travailleuses et des travailleurs.
00:06:15 Et qu'est-ce que vous me rétorquez ?
00:06:16 Que c'est scandaleux parce que les Rosi d'Attaque
00:06:19 ont chanté et dansé devant l'Assemblée nationale
00:06:21 avec des tags à la craie.
00:06:23 Des tags à la craie.
00:06:24 -C'est pas normal,
00:06:25 c'est pas ça, la démocratie.
00:06:27 -Dans un ridicule absolu.
00:06:29 -Bonsoir, Lou Chénet.
00:06:30 -Bonsoir. -Vous êtes porte-parole d'Attaque
00:06:32 et cofondatrice du collectif féministe Les Rosi.
00:06:35 Vous avez été arrêtée hier matin et placée en garde à vue
00:06:38 avant d'être libérée hier soir.
00:06:40 Première question, mais comment ? Ca va ?
00:06:42 -Ca va bien.
00:06:44 On était neufs à être placées en garde à vue.
00:06:47 Et donc c'est plus facile quand on est plusieurs.
00:06:50 Et surtout, on a été très surpris et surprises
00:06:53 parce que vraiment, on s'attendait pas du tout.
00:06:56 On sait que la répression augmente,
00:06:58 que c'est compliqué de faire entendre notre voix
00:07:01 autrement qu'en manifestation déclarée.
00:07:04 Mais on s'attendait vraiment pas à avoir ce niveau de répression
00:07:09 sur des danses et des inscriptions à la craie
00:07:13 qui sont les mêmes que celles que font les enfants par terre
00:07:16 dans la rue quand ils dessinent des arcs-en-ciel
00:07:18 ou peut-être des trucs moins subversifs, des marelles.
00:07:21 -Est-ce que vous pouvez nous raconter
00:07:23 les circonstances de cette interpellation ?
00:07:25 -Oui, donc on a fait, comme on a pu le voir sur les images,
00:07:29 une action de désobéissant civil qui consistait en un flash mob,
00:07:33 une danse improvisée, répétée,
00:07:37 mais improvisée sur le lieu de la dernière chanson,
00:07:40 ou plutôt de l'avant-dernière chanson des Rosi,
00:07:43 qui s'intitule "Nous, on veut vivre",
00:07:44 et qui dit bien ce que vous avez dit avant,
00:07:46 c'est-à-dire que pour nous, ce projet de réforme
00:07:49 est profondément injuste et illégitime
00:07:53 et va priver les citoyens et les citoyennes
00:07:56 de deux ans de vie.
00:07:59 Pour certaines, ce sera vraiment deux ans de vie réelle
00:08:02 parce qu'il y a des personnes qui meurent
00:08:03 avant d'atteindre l'âge de la retraite,
00:08:05 et ce projet de réforme va amplifier ces effets néfastes.
00:08:08 Donc on a une chanson qui s'intitule "Nous, on veut vivre"
00:08:10 sur l'air de "I will survive" de Gloria Gaynor.
00:08:13 Et pendant ce temps-là, la statue de la loi,
00:08:15 qui est derrière l'Assemblée nationale,
00:08:17 était habillée en rosy,
00:08:19 une pancarte indiquant que la retraite à 60 ans
00:08:23 était apposée,
00:08:24 et des inscriptions à la craie indiquant aussi
00:08:26 retraite à 60 ans, qui est la mesure emblématique
00:08:31 d'un projet beaucoup plus juste
00:08:33 porté par l'ensemble des forces progressistes,
00:08:35 était apposée.
00:08:36 Et donc suite à cette mobilisation,
00:08:39 plusieurs personnes ont été interpellées
00:08:41 à différents endroits,
00:08:43 et on a tous et toutes été emmenées en garde à vue
00:08:45 au commissariat du 5e pour 9 heures de garde à vue.
00:08:48 -9 heures de garde à vue.
00:08:49 Alors comment vous avez été traitées par la police ?
00:08:51 Je veux dire, à partir du moment où vous avez été interpellées,
00:08:54 durant le trajet et dans les locaux du commissariat ?
00:08:56 -Euh...
00:08:58 Je pense plutôt mieux que la plupart des gens.
00:09:01 Et la plupart des interpellations,
00:09:03 y compris des camarades qui ont pu déjà être en garde à vue,
00:09:06 ça s'est bien passé.
00:09:08 Reste qu'être privée de liberté, c'est toujours...
00:09:11 -Violent. -Violent, marquant.
00:09:13 D'autant qu'il y avait la manifestation l'après-midi,
00:09:16 et donc on a été en plus privées
00:09:18 d'un droit constitutionnel de manifester.
00:09:21 Donc c'est jamais agréable, non.
00:09:23 Et puis psychologiquement, c'est pas facile, quoi.
00:09:26 -Bien sûr. Est-ce qu'il y a des charges
00:09:29 qui ont été retenues contre vous ?
00:09:30 -Alors, donc on était 9 interpellées.
00:09:34 Pour 2 d'entre nous, il y a une convocation au tribunal
00:09:38 pour... -La justice est rapide.
00:09:40 -Oui, dégradation légère.
00:09:43 Voilà, c'est une amende de quelques centaines d'euros
00:09:46 qui est encourue.
00:09:47 Et pour les 7 autres,
00:09:49 aucune charge n'a été retenue, évidemment, j'ai envie de dire.
00:09:52 Mais ce qui m'interpelle, moi, quand je vois les propos,
00:09:55 par exemple, de la présidente de l'Assemblée nationale
00:09:57 et des députés macronistes et du Rassemblement national,
00:10:01 qui, curieusement, étaient sur la même longueur d'onde hier,
00:10:04 c'était assez violent.
00:10:05 Donc ils ont qualifié des faits d'inqualifiables,
00:10:09 d'atteintes à la République, à la démocratie.
00:10:13 Nous avons été considérés, insultés de voyous,
00:10:16 de nervis d'extrême-gauche.
00:10:18 Bon, moi, je veux bien qu'on prenne des postures
00:10:21 de communication de ce type.
00:10:22 Mais je rappelle qu'ils ont, dans leur rang,
00:10:26 plusieurs ministres accusés de corruption,
00:10:28 de prise illégale d'intérêt.
00:10:29 Le dernier en date, Olivier Dussopt,
00:10:31 pas plus tard que la semaine dernière,
00:10:33 on a appris qu'il était accusé de soupçon de favoritisme
00:10:36 dans une affaire d'octroi de marché public.
00:10:39 Lui, il risque pas quelques centaines d'euros d'amende.
00:10:41 Il risque deux ans de prison et 200 000 euros d'amende.
00:10:44 Et curieusement, là, on les entend pas.
00:10:47 Donc, OK, prendre des postures de communication,
00:10:49 je veux bien, mais on leur demande de la cohérence quand même.
00:10:51 -Vous avez rappelé, Lou, que vous, vous avez été privée
00:10:53 d'un droit constitutionnel,
00:10:55 le droit de pouvoir faire grève.
00:10:57 Est-ce que vous, à votre tour,
00:10:58 vous allez peut-être traduire l'État en justice ?
00:11:01 -Alors, à ce stade, c'est pas à l'ordre du jour.
00:11:03 J'étais en grève hier,
00:11:05 donc moi, j'ai passé ma journée de grève dans le commissariat,
00:11:07 mais je n'ai pas pu manifester.
00:11:09 Ce qui est intéressant, quand même, de remarquer,
00:11:13 c'est que, donc, on a été auditionnés,
00:11:15 dans les questions qui nous ont été posées,
00:11:16 moi, il y en a une qui m'a marquée quand même,
00:11:18 c'est est-ce qu'on était en possession
00:11:20 d'un matériel de défense ?
00:11:22 Donc, pour les personnes qui manifestent aujourd'hui,
00:11:23 je pense que tout le monde sait ce que c'est
00:11:25 du matériel de défense.
00:11:26 C'est, en gros, du sérum physiologique
00:11:28 et des lunettes de piscine.
00:11:30 Je rappelle que toutes les dernières manifestations
00:11:33 auxquelles on a participé, en particulier la dernière
00:11:35 qui s'est terminée invalide,
00:11:36 puisque je n'ai pas participé à celle d'hier,
00:11:39 les cortèges, et notamment le cortège des Rosy,
00:11:41 s'est retrouvé sous les gaz lacrymos.
00:11:43 Et donc, c'est quand même assez symptomatique
00:11:46 qu'on nous demande, en audition,
00:11:48 dans le cadre d'une mobilisation de grande ampleur,
00:11:52 d'un mouvement social tout à fait légitime,
00:11:54 si on disposait d'un matériel de défense,
00:11:57 comme si c'était un élément aggravant
00:12:00 qui pouvait nous mettre à défaut.
00:12:02 Et bon, voilà, c'est symptomatique.
00:12:05 - Oui, très symptomatique, en effet.
00:12:06 Et alors, comment...
00:12:08 Alors, c'est quoi, du coup, les prochaines...
00:12:09 C'est clairement une façon de vous intimider,
00:12:11 notamment, je le disais en introduction,
00:12:13 vous êtes un collectif qui, depuis 2019,
00:12:15 dénonce l'impact de cette réforme des retraites
00:12:18 qui s'en prend aux femmes,
00:12:21 contrairement à ce qu'ils laissent penser
00:12:22 dans leurs communications.
00:12:24 Quelles sont vos prochaines actions ?
00:12:26 Bien évidemment, vous n'allez pas être dissuadées.
00:12:29 Vous avez une stratégie.
00:12:30 Est-ce que vous voulez bien nous dire laquelle ?
00:12:32 - Alors oui, ce qui est intéressant, là,
00:12:33 c'est qu'on est des millions à s'exprimer
00:12:38 en manifestant, en faisant grève,
00:12:41 en répondant à des enquêtes d'opinion publique,
00:12:43 quelles qu'elles soient, mais enfin,
00:12:44 on voit vraiment un soutien massif de la population
00:12:47 à cette mobilisation contre la réforme des retraites.
00:12:50 Et la manière dont le gouvernement considère ça,
00:12:53 c'est au mieux par l'indifférence, au pire par le mépris.
00:12:57 Il va nous parler de pédagogie,
00:12:59 il va utiliser des arguments qui changent tous les deux jours
00:13:02 parce qu'il ne sait pas quoi répondre, finalement,
00:13:05 aux contre-arguments qui sont opposés.
00:13:07 Et effectivement, il a encore pris, cette année,
00:13:10 les femmes comme caution pour cette réforme régressiste.
00:13:14 Donc, bon, on est là, on répond,
00:13:16 et on remarque que, finalement, à 30 personnes,
00:13:21 en s'approchant un peu plus près des lieux de pouvoir,
00:13:24 on fait plus de bruit et on les oblige à se positionner.
00:13:26 Et encore une fois, je répète que, hier,
00:13:29 les députés macronistes et du Rassemblement national
00:13:31 étaient à l'unisson pour dénoncer l'attaque
00:13:35 qu'on aurait commise contre la République,
00:13:37 alors que, finalement, on ne faisait que porter
00:13:40 le même message que celui qui est porté depuis trois semaines
00:13:43 par les organisations syndicales,
00:13:45 les organisations de la société civile,
00:13:47 les millions de citoyens et de citoyennes,
00:13:49 qui est "on ne veut pas de cette réforme injuste
00:13:52 "et injustifiée et illégitime".
00:13:54 Et donc, on voit que multiplier les formes de mobilisation,
00:13:58 c'est vraiment un atout pour la mobilisation,
00:13:59 parce que ça permet d'aller tirer un peu des cordes sensibles.
00:14:03 Et la manière dont le gouvernement
00:14:06 et, plus largement, les députés de la Macronie
00:14:08 ont répliqué hier, ça montre vraiment une fébrilité,
00:14:12 et que, quand ils n'arrivent plus à répondre sur le fond,
00:14:16 ce qui est le cas, ils ont lâché l'argument des femmes avant-hier.
00:14:19 Ça y est, ils assument que, oui, cette retraite,
00:14:21 de toute façon, elle n'était pas faite
00:14:22 pour régler les inégalités femmes-hommes.
00:14:25 Merci. Ça fait trois ans qu'on dit la même chose.
00:14:28 Quand ils n'arrivent plus à répondre sur le fond,
00:14:30 ils attaquent ce qui leur reste,
00:14:32 c'est à savoir la forme, et la forme, nous, c'est notre force.
00:14:35 -Oui. Et donc, vous serez là samedi...
00:14:37 -Evidemment. -11 février,
00:14:39 dans les Cortès. Est-ce que vous allez retenter ?
00:14:41 Peut-être pas retenter avec de la craie et des inscriptions,
00:14:44 je crois, sur les murs.
00:14:45 -On sait pas encore. -On sait pas ?
00:14:48 Gros suspense, donc. Merci beaucoup.
00:14:50 Vous gênez.
00:14:52 Alors, on continue de parler de la réforme des retraites
00:14:55 avec notre invité Paul Elec,
00:14:56 analyste politique, ancien attaché parlementaire
00:14:59 et doctorant en sociologie.
00:15:01 (Générique)
00:15:05 ---
00:15:07 Hier, la France, en tout cas, un grand nombre de Français
00:15:10 étaient une fois de plus dans la rue pour dire leur opposition
00:15:12 à la réforme des retraites portée par l'exécutif Macron-Borne.
00:15:15 La colère demeure intacte, même s'il y a eu une certaine baisse
00:15:18 du nombre des manifestants et des grévistes.
00:15:20 Parallèlement à la bataille dans la rue,
00:15:22 le bras de fer a commencé à l'Assemblée nationale.
00:15:24 Nous en avons parlé lundi dans le feu de l'action
00:15:26 et nous avons voulu revenir dessus à t'être posé, évoqué aussi,
00:15:29 en fait, ce que pensent les Français de cette réforme des retraites
00:15:32 avec notre ami fidèle Paul Elec,
00:15:35 analyste politique, ancien attaché parlementaire
00:15:37 et docteur en sociologie.
00:15:39 -Salut, Paul. -Salut.
00:15:41 Tu étais en manif hier.
00:15:43 Alors, c'est quoi ton verdict sur la dynamique dans la rue ?
00:15:47 Moi, je pense que le mouvement social peut se satisfaire
00:15:49 du nombre de gens qui ont manifesté,
00:15:51 puisque finalement, il y a une petite baisse,
00:15:54 mais on avait quand même presque un tiers du pays
00:15:55 qui est déjà en vacances scolaires.
00:15:57 Donc, finalement, on n'en a pas beaucoup parlé.
00:16:00 C'est une députée européenne qui m'en parlait, comme ça,
00:16:02 en disant "mais attendez, il y a un tiers du pays
00:16:05 qui commence déjà les vacances,
00:16:06 donc là, on parle de temps libre et de temps non travaillé,
00:16:09 c'est normal aussi que les gens puissent en profiter."
00:16:12 Deuxièmement, il y a une baisse un peu du nombre de grévistes,
00:16:14 mais c'est normal, on en a parlé, le contexte de l'inflation,
00:16:17 le contexte de pertes secs sur les salaires
00:16:22 fait que c'est difficile de se mobiliser.
00:16:24 Donc, les gens font grève en fonction de leur capacité.
00:16:27 Et donc, pour une troisième journée de mobilisation,
00:16:29 on avait annoncé dès les premières journées
00:16:31 des chiffres qui étaient largement au-dessus de celui de 1995,
00:16:34 y compris selon la police.
00:16:36 Donc, non, je pense qu'on peut se satisfaire.
00:16:38 Et puis, je trouve qu'il y a une montée en puissance,
00:16:40 peut-être au début discrète,
00:16:42 mais du monde lycéen à étudiant, qui est frappante, en fait.
00:16:45 Je sais qu'en plus, aujourd'hui, il y a eu quelques actions
00:16:48 dans le quartier latin, pour les faire débrayer des établissements.
00:16:51 Et voilà, ça prend du temps, en fait, d'être en AG,
00:16:53 de décider de modalité.
00:16:54 Il y a des endroits où ils sont prêts.
00:16:56 À Rennes 2, ils ont bloqué l'université, et ailleurs, d'ailleurs,
00:16:59 et d'autres endroits où il y a encore des discussions.
00:17:01 Et ça prend du temps à s'établir un mouvement social,
00:17:04 mais voilà, ça monte.
00:17:05 Et on verra quelles sont les conséquences pour la suite.
00:17:09 Je sais qu'il y a aussi Solidaire, qui appelle à partir du 8 mars
00:17:11 à faire la grève reconductible, mais pareil, ça prend du temps.
00:17:14 Ça se monte, ça s'organise,
00:17:16 et on verra quelles sont les actions
00:17:18 que prennent les acteurs du mouvement social,
00:17:20 syndicats et autres.
00:17:21 Mais pour l'instant, je pense que, bon, voilà,
00:17:23 on n'a pas, comme d'habitude, l'espèce de couplet de "Ah, c'est bon,
00:17:27 c'est fini."
00:17:28 On en a terminé avec ces gauchistes qui prennent les rues.
00:17:32 - Alors, on voulait revenir avec toi sur la séquence
00:17:35 qui a commencé hier soir avec le début de la bataille
00:17:38 à l'Assemblée nationale.
00:17:40 A priori, le bilan de la journée, c'était un double échec
00:17:43 sur les motions référendaires et de rejet.
00:17:45 Est-ce qu'on peut revenir sur ces deux motions
00:17:46 et sur les intrigues qui ont précédé leur double rejet ?
00:17:50 - Alors, les motions, en fait,
00:17:51 ce sont des dispositifs réglementaires.
00:17:52 La motion de rejet préalable, c'est à l'article 91
00:17:55 du règlement de l'Assemblée nationale.
00:17:57 Et le but, c'est de démontrer avant,
00:18:00 de suspendre l'examen d'un texte avant l'examen d'un texte,
00:18:03 de démontrer que ce texte est contraire
00:18:05 à une ou plusieurs dispositions constitutionnelles
00:18:07 ou qu'il n'y a pas lieu de débat de ce texte.
00:18:09 Et comme son nom l'indique, la motion de rejet préalable
00:18:12 fait que si elle est adoptée, le texte est rejeté
00:18:15 préalablement à son examination.
00:18:17 Bon, et effectivement, la NUPES en a proposé une.
00:18:20 Elle a été refusée, mais sur quel fondement il se base ?
00:18:24 C'est le fait que la NUPES conteste encore l'idée
00:18:26 qu'on puisse examiner une réforme de retraite
00:18:30 au sein d'un PLFSSR, donc le mot barbare pour dire
00:18:33 le projet de loi de financement de la sécurité sociale
00:18:36 rectificatif.
00:18:37 Là, on va dire les jurisprudences du Conseil constituel
00:18:40 et des textes ne sont pas très claires
00:18:42 sur la possibilité ou pas de le faire.
00:18:44 En tout cas, c'est la 1re fois que c'est utilisé.
00:18:46 Et clairement, la NUPES a fait part de son intention
00:18:49 de pousser cette question et de saisir tous les recours
00:18:52 qu'ils avaient à leur disposition pour faire ça.
00:18:54 - Avec la volonté de créer un précédent.
00:18:55 - Exactement.
00:18:56 Et la 2e motion, c'est une motion référendaire.
00:19:00 Ça, c'est l'article 122 du règlement de l'Assemblée nationale.
00:19:02 C'est bien, en venant, ça me fait réviser
00:19:04 le règlement de l'Assemblée qui est extrêmement long
00:19:06 et que je ne connais pas nécessairement.
00:19:08 Mais bon, voilà qu'au fur et à mesure
00:19:10 qu'on organise une pratique parlementaire,
00:19:11 forcément, on commence à connaître les dispositions.
00:19:15 C'est très technique.
00:19:16 C'est des jeux parlementaires, mais le but, c'était de...
00:19:19 En fait, de suspendre pareil l'examen d'un texte
00:19:20 pour faire en sorte qu'il soit l'objet d'un référendum
00:19:23 et selon des conditions fixées à l'article 11 de la Constitution.
00:19:26 Et ces conditions sont une réforme
00:19:29 de l'organisation des pouvoirs publics,
00:19:31 par exemple, passer d'un septennat à un quinquennat
00:19:33 ou des choses comme ça,
00:19:34 sur des politiques économiques et environnementales
00:19:37 et quelque chose sur l'organisation des services publics,
00:19:39 je ne me rappelle plus exactement.
00:19:40 Mais bref, en fait, ce qui s'est passé,
00:19:42 c'est que ça a été fait le 1er février.
00:19:44 La NUPES en avait déposé une...
00:19:46 C'était le groupe communiste au nom de la NUPES
00:19:48 qui l'avait fait en premier,
00:19:49 puis ensuite le Rassemblement national,
00:19:50 puisqu'il faut 58 députés,
00:19:52 c'est-à-dire à peu près 10 % du Parlement
00:19:54 pour déposer une telle motion.
00:19:56 Et là, la Macronie a sorti un tour de magie réglementaire.
00:20:00 Ils ont dit, bon, il y a deux motions.
00:20:02 Il écrit très clairement dans les textes
00:20:04 qu'il ne peut y en avoir qu'une seule.
00:20:05 Et quand bien même la NUPES avait déposé en premier la motion,
00:20:10 la présidence a proposé de faire un tirage au sort.
00:20:13 Donc c'était vraiment un tour de magie.
00:20:14 Ils ont dit, bon...
00:20:17 Yann Brown-Pivet a dit, effectivement,
00:20:19 on doit reconnaître que notre règlement
00:20:20 ne fixe pas toutes les dispositions.
00:20:22 Donc on a décidé de faire un tirage au sort,
00:20:24 et c'est le Rassemblement national qui a gagné.
00:20:26 - Donc c'est comme ça qu'on comble un vide juridique.
00:20:28 - Exactement. - Un tirage au sort.
00:20:29 - Improvisation. Ils ont fait du hors-piste.
00:20:31 Et ça les arrange bien, parce que, bien entendu,
00:20:34 la question, c'était plutôt permettre de montrer,
00:20:38 de donner l'initiative au Rassemblement national.
00:20:41 Ça les intéresse plus facilement,
00:20:43 parce que ça met en face une contradiction,
00:20:45 c'est, est-ce que, et je pense que c'est ça la question,
00:20:47 est-ce que la NUPES doit voter, encore une fois,
00:20:50 un texte du Rassemblement national ?
00:20:51 C'est une question qui revient dans le débat.
00:20:53 Ils ne l'ont pas fait, donc elle a été rejetée.
00:20:55 Ils ne sont même pas venus en séance.
00:20:56 Je pense que c'est ça aussi, symboliquement, le geste,
00:20:58 c'est qu'il n'y avait personne. Donc voilà.
00:21:00 - Alors est-ce que, justement, la NUPES,
00:21:02 est-ce qu'elle peut à la fois maintenir
00:21:04 le cordon sanitaire anti-RN
00:21:06 et contre-efficacement la majorité relative macroniste
00:21:09 dans le rapport de force parlementaire actuel ?
00:21:12 - Moi, personnellement, mon avis,
00:21:13 ce n'est pas est-ce qu'elle peut maintenir,
00:21:15 c'est plutôt elle doit.
00:21:17 Elle doit. Cette question est importante, en fait.
00:21:20 On ne se rend pas compte, mais lorsque,
00:21:21 au deuxième tour de la présidentielle,
00:21:23 c'est Marine Le Pen en face d'Emmanuel Macron,
00:21:25 de fait, ça donne l'impression que la colère immense
00:21:28 contre le président de la République,
00:21:30 elle s'exprime en elle.
00:21:31 Or, entre 2017 et 2022, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:21:33 Il y a 5 millions de voix qui ont disparu
00:21:35 entre le premier et le deuxième tour.
00:21:37 En 2017, il y a 10 millions de voix d'écart
00:21:39 entre Macron, Le Pen et le deuxième tour.
00:21:41 Cette fois-ci, il y en a 5.
00:21:42 Et on sait que c'est énormément d'électeurs
00:21:44 et d'électrices de gauche qui, la mort dans l'âme,
00:21:47 sont allés voter au deuxième tour.
00:21:48 Et en fait, donner le point de l'opposition
00:21:52 au Rassemblement national, ça n'est pas un geste anodin.
00:21:54 C'est participer au brouillage des frontières
00:21:56 et à organiser un champ politique très compliqué pour l'avenir,
00:21:59 parce qu'on sait que c'est deux projets différents,
00:22:01 deux projets radicalement différents.
00:22:03 Et voilà, faire tomber des...
00:22:06 Comment on va dire ?
00:22:07 Voilà, des barrages, des obstacles, des frontières,
00:22:10 comme l'ont fait systématiquement la droite
00:22:12 pendant les 15 dernières années,
00:22:13 eh bien, ça donne un paysage
00:22:14 où il y a une radicalisation de la droite
00:22:16 et la gauche ne peut pas participer
00:22:18 de cette normalisation du Rassemblement national,
00:22:22 à mon avis.
00:22:23 - Alors, les motions référendaires et de rejet,
00:22:26 elles ont été rejetées.
00:22:27 L'examen du projet de loi a commencé aujourd'hui.
00:22:29 Et on se pose une question.
00:22:30 Est-ce qu'au final, le vote a lieu,
00:22:32 en faisant abstraction d'un éventuel 49.3 ou 49.1 ?
00:22:37 Est-ce que le texte passera ?
00:22:39 - Très difficile, encore une fois, de faire de la divination.
00:22:41 Ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement,
00:22:43 on est dans une situation, encore une fois,
00:22:44 différente du quinquennat précédent,
00:22:46 où on avait un rouleau compresseur,
00:22:48 une machine de guerre macroniste,
00:22:50 capable de voter comme une seule personne
00:22:52 à l'appel du président de la République.
00:22:53 Ce qui est intéressant, c'est qu'en gros,
00:22:55 aujourd'hui, la Macronie est un ensemble hétérogène,
00:22:59 un peu avec des sensibilités différentes,
00:23:01 et surtout, elle a des branches fragiles.
00:23:03 Elle a des branches fragiles.
00:23:04 Ceux qui disent potentiellement s'abstenir,
00:23:07 ceux qui disent potentiellement ne pas vouloir participer
00:23:10 et qui disent à demi-mot qu'il y a des problèmes,
00:23:12 un ministre qui reconnaît qu'effectivement,
00:23:14 les femmes ne s'en sortiront pas si bien, etc.,
00:23:16 il y a des dérapages, entre guillemets,
00:23:19 du point de vue de la Macronie sur la communication,
00:23:21 et derrière, effectivement, il y a cette question
00:23:23 de l'alliance tactique avec les Républicains.
00:23:25 Les Républicains, c'est eux qui font voter ou non la réforme,
00:23:28 puisque la majorité présidentielle n'est pas une majorité,
00:23:32 et ils n'ont pas la majorité pour faire adopter le texte.
00:23:34 Par contre, la question, c'est le paradoxe
00:23:37 dans lequel se trouvent les Républicains.
00:23:39 Aujourd'hui, il y a une opposition à Macron
00:23:40 qui est très forte dans le pays,
00:23:41 y compris quand on a les chiffres de l'opposition,
00:23:44 elle dépasse largement le poids que fait la gauche dans la société.
00:23:47 Donc ça fait partie aussi de leurs électeurs,
00:23:49 y compris des électeurs et des catégories populaires
00:23:51 qui n'ont pas envie de ça.
00:23:53 Et donc, leur question, c'est est-ce que je poursuis
00:23:57 mon accord idéologique avec la Macronie ?
00:23:59 Parce que c'est ça, la droite est quand même foncièrement d'accord
00:24:01 avec le programme de la Macronie,
00:24:03 ou est-ce que je réponds aux attentes des citoyens
00:24:06 et des citoyennes qui m'ont donné ma légitimité ?
00:24:09 Et là-dessus se joue l'enjeu d'une mobilisation profonde,
00:24:12 de maintenir la pression.
00:24:14 Il faut maintenir la pression, à mon avis,
00:24:15 entre d'un côté, l'opinion,
00:24:18 et surtout la mobilisation immense des personnes,
00:24:21 et de l'autre côté, la force que peut mettre la Macronie
00:24:24 pour mettre tout le monde d'équerre,
00:24:26 enfin, pour les forcer à voter.
00:24:30 Le jeu est ouvert.
00:24:31 Seul, à minima, on peut être sûr de cette affirmation.
00:24:34 Le jeu est ouvert.
00:24:35 Maintenant, moi, j'ai tendance à être pessimiste
00:24:37 sur ce genre de choses.
00:24:39 - Comme toi, on file.
00:24:40 - Non, mais voilà, il y a un moment où ça siffle
00:24:41 la fin de la récréation, et la classe dominante,
00:24:43 elle sait quand même être efficace dans les moments
00:24:45 où elle veut avancer son programme.
00:24:47 Donc, je pense qu'il y a un moment où ça risque de...
00:24:51 Tout le monde va rentrer au bercail,
00:24:53 à moins que l'opposition continue à les pousser à la faute
00:24:57 dans des situations où vous parliez tout à l'heure
00:25:00 avec le collectif des Rosi, etc.
00:25:05 On voit déjà le ridicule, l'exaspération des macronistes,
00:25:09 alors que c'est le début.
00:25:10 Donc, dans cette situation...
00:25:12 - Et quelque part, leur vulnérabilité.
00:25:14 - Exactement, c'est sûr.
00:25:15 - Alors, en tout cas, le député socialiste Philippe Brun,
00:25:18 lui, considère que le texte ne passera pas.
00:25:20 Il était sur notre plateau, et il nous rappelle également
00:25:23 que la Macronie est en réelle difficulté.
00:25:25 On regarde un petit magnéto.
00:25:27 - L'ambiance, évidemment, est électrique.
00:25:29 Parce qu'il y a, dans la rue, dans les foyers des Français,
00:25:33 80 % des gens qui sont opposés à cette réforme.
00:25:37 Et cette majorité sociale, elle doit aujourd'hui
00:25:40 trouver une majorité politique à l'Assemblée.
00:25:42 Et ce que nous savons, c'est que dans l'état actuel des forces,
00:25:45 la réforme des retraites, elle ne passe pas.
00:25:47 - Plus optimiste que Paul.
00:25:49 Alors, il y a également une projection
00:25:52 du site Datapolitics, qui va dans le même sens que Philippe Brun.
00:25:55 Quel est le regard que tu portes sur une telle configuration
00:25:58 où on verrait une partie des députés LR se distancier de la Macronie ?
00:26:02 - C'est ce que je disais, c'est que finalement,
00:26:04 ils sont dans une situation où, même tactiquement parlant,
00:26:07 c'est-à-dire d'un point de vue purement bureaucratique,
00:26:09 pour l'avenir de leur organisation,
00:26:10 ils doivent décider quel est leur rôle.
00:26:12 Ils ont une base électorale
00:26:14 qui s'est fait largement aspirer par Macron.
00:26:16 Ils sont dans cette situation, ils doivent exister
00:26:18 entre l'Assemblée nationale et la Macronie.
00:26:20 Et c'est un peu la déshérence, en fait,
00:26:22 mais déjà dès 2017, en fait.
00:26:24 À quoi sert une droite
00:26:26 lorsque le président de la République
00:26:29 assume un programme de droite
00:26:31 et que, de l'autre côté, la droite très radicale, extrême,
00:26:35 pour mêler les qualificatifs que vous voulez,
00:26:37 du Rassemblement national a conquis
00:26:39 une certaine hégémonie sur les sujets,
00:26:41 s'est normalisée, a acquis cette fois-ci,
00:26:43 en plus, deuxième étape, deuxième quinquennat,
00:26:45 une force parlementaire extrêmement puissante.
00:26:49 Enfin, on est à 89, 90 députés.
00:26:52 Donc, ils sont coincés, en fait.
00:26:55 Ils sont les victimes de la triangulation de Macron
00:26:58 et, des fois, peut-être, pour exister,
00:27:01 ils ont besoin d'un geste de retrait,
00:27:04 de ne pas être la voiture ballée de la Macronie, finalement.
00:27:07 Et en plus de ça, effectivement,
00:27:09 si on regarde un peu dans leur circonscription,
00:27:12 ce qu'on sait, moi, en parlant avec mes contacts,
00:27:13 encore, à l'Assemblée, etc.,
00:27:15 ils disent qu'ils sont sous pression.
00:27:16 Il y en a qui ne peuvent pas faire
00:27:20 comme les gens au cœur de la Macronie,
00:27:22 qui disent "Macron nous dit de sauter par la fenêtre,
00:27:24 on saute par la fenêtre".
00:27:25 Ca, ce n'est pas possible. Donc, ils sont plus fragiles.
00:27:28 - Alors, peut-être qu'on peut compter sur l'opinion publique
00:27:30 pour faire douter certains députés,
00:27:32 des Républicains, voire certains Macronistes.
00:27:34 Un cabinet de stratégie politique,
00:27:36 Spin and Strategy, a comparé la géographie des manifs
00:27:40 et celle des votes lors des législatives.
00:27:43 Et le constat est que la France,
00:27:44 des sous-préfectures, des villes moyennes et populaires
00:27:47 qui ont peur du déclassement, se mobilisent contre la réforme.
00:27:50 Alors, ça fait penser à la sociologie des Gilets jaunes,
00:27:53 mais aussi au moins 45 fiefs des députés Renaissance et LR
00:27:56 sont concernés par cette forte mobilisation.
00:27:58 De quoi faire flipper ces élus ?
00:28:00 - Ce qui sera intéressant, en tout cas déjà,
00:28:02 c'est de voir la sociologie
00:28:04 et le nombre des personnes qui vont manifester le samedi.
00:28:07 Parce qu'on se rappelle, on parlait des Gilets jaunes,
00:28:09 effectivement, une sociologie des gens
00:28:11 qui n'ont manifesté pas pendant le temps ouvré,
00:28:14 hors du temps de travail, par nécessité économique,
00:28:16 et également parce que leur but, c'était de contourner
00:28:19 les mécanismes de la médiation politique traditionnelle.
00:28:22 Et donc là, on a peut-être une occasion
00:28:24 pour pouvoir toucher ce genre de personnes
00:28:26 et élargir le mouvement social.
00:28:29 Après, je pense que la question,
00:28:31 c'est moins l'opinion que la mobilisation.
00:28:33 Pourquoi ? Parce que cette pression ne suffit pas.
00:28:35 L'opinion, on leur a dit, 93 % des affifs
00:28:38 sont contre votre réforme,
00:28:39 et 93, c'est quand même un chiffre assez époustouflant.
00:28:42 Et rien ne passe au niveau du gouvernement,
00:28:45 qui est complètement fermé à toute idée sur ce sujet.
00:28:49 Donc la question, c'est vraiment d'aller dans les mobilisations
00:28:52 et être physiquement présents.
00:28:54 D'ailleurs, on l'a vu, dans toutes ces villes moyennes, etc.,
00:28:57 le nombre de manifestants est toujours impressionnant
00:28:59 rapporté au nombre d'habitants.
00:29:01 On a des manifestations où vous avez 5, 7, 10 %
00:29:04 de la population de la ville dans la rue.
00:29:06 Et forcément, quand vous êtes député d'une circonscription
00:29:09 sur plusieurs villes et que vous voyez ça,
00:29:10 vous savez qu'il y a des gens qui ont voté pour vous
00:29:12 qui sont là-bas.
00:29:13 Donc voilà, la pression,
00:29:15 c'est l'avantage du camp social de la gauche,
00:29:18 c'est que la possibilité d'incarner l'opposition
00:29:20 ne peut pas se faire seulement en étant
00:29:22 des intermittents de l'opposition,
00:29:24 comme le fait le RNAssemblée.
00:29:25 Elle se fait aussi physiquement avec des symboles,
00:29:28 avec de la festivité,
00:29:30 avec une organisation concrète, visible,
00:29:32 et qui essaye de parler d'autre chose,
00:29:34 de montrer autre chose.
00:29:36 - Alors, en ce qui concerne la tactique,
00:29:38 on a l'impression que les oppositions
00:29:39 à la réforme des retraites n'ont pas la même.
00:29:41 Alors, manifestement, la NUPS veut gagner du temps
00:29:44 en multipliant les amendements.
00:29:45 Le Figaro a compté plus de 20 000 amendements,
00:29:48 il y en a 20 400, je crois, même, pour être plus précis,
00:29:50 dont près de 18 000 seulement pour la NUPS
00:29:52 et près de 13 000 seulement pour la France insoumise.
00:29:56 De l'autre côté, le RN et certains élèves
00:29:58 veulent que la discussion arrive vite à l'article 7
00:30:00 du projet de loi pour faire entendre
00:30:02 leurs petites différences.
00:30:03 Est-ce que tu peux nous décrypter ces choix tactiques ?
00:30:07 - Alors, on ne peut faire que des suppositions,
00:30:08 mais d'abord, ce qu'il faut comprendre
00:30:10 avec les amendements, c'est qu'ils peuvent être déposés,
00:30:12 mais ils peuvent être retirés très vite.
00:30:14 C'est-à-dire que la stratégie, là, qui apparaît d'obstruction,
00:30:17 elle peut changer et on peut décider,
00:30:19 à un moment, vu l'avancée du débat parlementaire,
00:30:22 de retirer un certain nombre d'amendements
00:30:23 pour arriver à la discussion sur tel ou tel article.
00:30:26 L'avantage de poser énormément d'amendements,
00:30:29 c'est qu'on peut répondre, on peut proposer,
00:30:31 on peut avancer des propositions différentes.
00:30:34 Or, je pense que dans l'État actuel,
00:30:36 avec un gouvernement qui n'a pas l'avantage
00:30:39 de sa dernière réforme, qui était une réforme
00:30:41 qui proposait de changer le système,
00:30:43 un système à point, qui avait des argumentaires
00:30:45 très préparés, très ciselés, un peu nouveaux,
00:30:47 là, il est dans une situation où il défend une réforme
00:30:49 qui a déjà été faite, en fait.
00:30:50 On la connaît, c'est toujours la même chose,
00:30:52 les mêmes personnes qui payent, les mêmes réflexes,
00:30:54 et qui ne convaincent personne.
00:30:55 Donc, ils ne peuvent pas non plus condamner l'opposition
00:30:59 en leur disant "mais vous dites toujours la même chose,
00:31:01 vous n'avez pas de projet, pas de problème,
00:31:03 vous n'avez rien à dire",
00:31:04 puisque l'opposition propose énormément d'amendements
00:31:06 dans le but simple de démontrer qu'ils ont des choses à dire,
00:31:09 des propositions alternatives,
00:31:11 et donc de délégitimer le programme du gouvernement,
00:31:13 qui est en fait une sorte de programme paramétrique
00:31:18 de gestion budgétaire.
00:31:19 On est en train de dire "la vie de votre vie vaut moins
00:31:23 que quelques milliards qui ne sont pas vraiment importants
00:31:28 relativement au poids que représentent les retraites".
00:31:30 Donc, je pense qu'il y a une stratégie, effectivement,
00:31:33 de démonstration, et puis aussi de les pousser à la faute.
00:31:36 En deux jours, on a déjà des réactions,
00:31:38 moi, je n'aime pas trop utiliser ce terme,
00:31:39 mais là, il faut dire ce qui est hystérique.
00:31:41 On vous taille à la craie, on vous met en garde à vue,
00:31:45 vous criez au scandale,
00:31:47 ça hurle en permanence à l'Assemblée,
00:31:49 et ils essayent de...
00:31:50 Et je pense que dans le contexte où l'opinion publique
00:31:52 n'est pas en accord avec la Macronie,
00:31:55 toutes ces démonstrations sont, comme tu le disais tout à l'heure,
00:31:57 des démonstrations de faiblesse,
00:31:59 des démonstrations de quelqu'un qui défend quelque chose
00:32:01 qui est indéfendable.
00:32:02 Et ça, ça peut être une stratégie avec les amendements.
00:32:04 Après, est-ce qu'il faudra débattre ou non de l'article 7 ?
00:32:08 Je pense qu'il y a une partie peut-être de désaccord
00:32:10 sur le fait que, de toute manière,
00:32:12 la question du rejet de ce texte,
00:32:14 elle se passe moins à l'Assemblée,
00:32:15 que l'Assemblée est un relais de la mobilisation
00:32:17 et du mouvement social,
00:32:18 mais que ce qui l'emportera, c'est la massification
00:32:22 de la participation aux mobilisations.
00:32:23 Tu peux nous rappeler d'ailleurs ce que dit ce texte,
00:32:26 l'article 7 du projet de loi ?
00:32:27 L'article 7, c'est le fameux article, pardon,
00:32:29 sur le report de l'âge légal.
00:32:30 Donc, c'est là où il y a le cœur de...
00:32:32 On va passer de 62 à 64.
00:32:35 Donc, c'est pour ça que c'est le cœur de la bataille pour certains.
00:32:38 - Voilà, une ambiance électrique, donc, ça danse
00:32:41 au sein de la Assemblée nationale, pour ne pas dire hystérique.
00:32:43 - Oui, effectivement.
00:32:44 En fait, vraiment, je revendique ce terme
00:32:46 dans le camp réactionnaire.
00:32:48 Je veux dire, on est dans un moment
00:32:49 où il n'y a absolument plus aucune rationalité,
00:32:52 aucune possibilité de débat et de dialogue serein,
00:32:56 parce qu'on est dans l'irruption irrationnelle permanente.
00:32:59 Et voilà.
00:33:00 Donc, effectivement, je n'utiliserai pas dans d'autres contextes.
00:33:04 - Il ne me pose pas de problème, je taquinais bien sûr, Paul.
00:33:07 Puis ça fait du bien d'entendre aussi que, oui,
00:33:10 des hommes peuvent être hystériques.
00:33:11 Ça change un peu des discours qui dominent.
00:33:15 Alors, la cote de popularité des deux têtes de l'exécutif
00:33:18 continue de baisser selon un sondage IFOP fiducial.
00:33:21 Pour Sud Radio, nos amis de Sud Radio et Paris Match,
00:33:25 34 % des Français ont une opinion positive d'Emmanuel Macron
00:33:29 et 31 % d'Elisabeth Ban.
00:33:31 Pour Macron, c'est son score le plus faible depuis mars 2020
00:33:34 et le début du confinement.
00:33:36 Est-ce que ça peut jouer dans la balance ?
00:33:38 - Je retends bien de ça dire non.
00:33:39 Pour une raison, c'est que c'est son deuxième quinquennat
00:33:42 et puis que vraiment, je pense qu'Emmanuel Macron
00:33:45 mène une politique de la terre brûlée.
00:33:47 Il y a vraiment cette impression qu'il veut arriver,
00:33:50 dans les brèves de presse qu'on entend ces derniers jours,
00:33:52 il engueule tout le monde en disant
00:33:53 pourquoi ce n'est pas déjà fini, cette histoire de retraite,
00:33:55 et que, en fait, sa politique consiste à être
00:33:58 une violence permanence, des coups de force parlementaires,
00:34:01 des coups de force dans la répression,
00:34:02 et que, vraiment, on payera le coût de sa politique
00:34:07 encore plus tard, parce que tous les brouillages,
00:34:09 la démonétisation des mots...
00:34:11 J'entends, il y a trois jours, Marlène Schiappa sur un plateau dire
00:34:13 "il n'est pas difficile d'être de gauche au gouvernement".
00:34:15 C'est quand même...
00:34:17 Soit un prix de l'humour doit lui être décerné,
00:34:19 soit c'est de la provocation.
00:34:20 Et tous ces brouillages sur les mots,
00:34:22 le fait qu'ils peuvent dire tout et leur contraire,
00:34:24 le caractère très orwellien, quoi,
00:34:25 "la guerre, c'est la paix, la paix, c'est la guerre",
00:34:27 le fait qu'on est vraiment dans la terre brûlée après eux,
00:34:31 comment on va se retrouver face à l'extrême droite qui monte,
00:34:34 face à des problématiques urgentes auxquelles ils disent en permanence
00:34:37 "nous répondons, nous avons fait les propositions qu'il fallait,
00:34:40 l'urgence climatique, c'est géré, pas de soucis,
00:34:43 l'urgence sociale, vous inquiétez pas,
00:34:45 vous aurez tous 1 200 euros",
00:34:46 alors que les gens vont s'en rendre compte qu'en fait,
00:34:47 ce n'est pas le cas.
00:34:48 Donc, face à ça, j'ai l'impression que lui, son but,
00:34:51 c'est d'avancer, d'avancer, et d'être...
00:34:53 Voilà, il est le porte-parole de la classe dirigeante,
00:34:57 de son projet de casse sociale, et peu importe,
00:35:00 lui, il le disait dans un interview, il n'y a pas si longtemps,
00:35:02 dans le JDD, il y a quelques mois, sur...
00:35:04 Qu'est-ce que vous voyez dans l'avenir ?
00:35:05 Il dit "j'espère que l'histoire me retiendra
00:35:07 comme quelqu'un qui a montré un chemin".
00:35:09 Il l'a ouvert au bulldozer, à minima, c'est ce qu'on pourra dire.
00:35:12 - C'est son dernier mandat, il veut tout éclater, il veut tout brûler.
00:35:15 - Je pense qu'il n'a plus rien à perdre,
00:35:16 ensuite, il fera comme Sarkozy, il ira faire du business...
00:35:19 - Il prendra sa retraite.
00:35:20 - Oui, voilà, retraite avec des conférences payées,
00:35:23 avec des trucs à six chiffres.
00:35:25 Non, je ne sais pas, mais je crois que, malheureusement,
00:35:27 voilà, malheureusement, on n'est même plus là-dedans.
00:35:29 Puis, est-ce que son égo est rattrapé par l'opinion,
00:35:32 par les sondages d'opinion ?
00:35:33 Alors ça, c'est aussi une question...
00:35:35 Je doute que ce soit le cas.
00:35:37 - Il pourra se consoler dans les bras d'Mbappé.
00:35:39 Merci beaucoup, Paul et Yannick,
00:35:41 pour cette histoire de terminer sur un ton un peu humoristique,
00:35:45 parce que c'est quand même très grave, en réalité, ce dont tu ne parles,
00:35:47 puis ça nous permet de faire la transition avec un jeu aussi ludique
00:35:50 que tu connais bien, "Le Qui sait qu'à dit",
00:35:52 on continue de parler d'actualité
00:35:54 de manière un peu plus décontractée.
00:35:55 Et donc, je demande à mon camarade et collègue RKP
00:35:58 de bien vouloir nous rejoindre pour ce petit jeu traditionnel
00:36:00 que vous connaissez bien.
00:36:02 Comment ça va, RKP ? - Ça va, et toi ?
00:36:10 - Je sais que tu es ravi de jouer avec nous.
00:36:12 - Oui, peut-être qu'à force d'essayer, je finirai par gagner un jour.
00:36:16 - C'est bien la détermination.
00:36:19 Alors, 1re question,
00:36:21 une déclaration qui fait mal,
00:36:24 mais malheureusement, on est en 2023,
00:36:25 on est encore capable d'entendre ça.
00:36:27 Qu'est-ce qui a dit que l'Assemblée nationale
00:36:29 se transformait en camp de gitan ?
00:36:32 Je vous fais des propositions.
00:36:34 Alors, le fameux écrivain Michel Houellebecq,
00:36:36 qui n'en rate pas une,
00:36:38 Hervé Marseille, président de UDI, Centre droit,
00:36:41 Valérie Précresse, toujours elle,
00:36:43 ou le président LR, Éric Ciotti ?
00:36:47 - C'est le mec de l'UDI. - Hervé Marseille, oui, effectivement.
00:36:50 - On l'a vu tourner sur Twitter. - Oui, exactement.
00:36:53 Tu vois, t'as déjà gagné un point, Paul également.
00:36:55 C'était au micro de Radio-J, qui a d'ailleurs supprimé la vidéo,
00:36:59 mais grâce à Twitter, on l'a retrouvé.
00:37:01 - Je veux dire, transformer l'Assemblée nationale en camp de gitan,
00:37:05 ce n'est pas les Saintes-Maries de la mer.
00:37:07 Je veux dire, quand on voit ces invectives permanentes,
00:37:12 on ne peut plus échanger, on interrompt tout le monde,
00:37:15 on voit M. Boyard, qui est le nouveau héros
00:37:19 des universités et de la jeunesse,
00:37:22 qui conteste tout, plus personne ne peut parler.
00:37:25 - Hervé Marseille, président de UDI, on se souviendra de lui,
00:37:29 pas pour des bonnes raisons.
00:37:31 Je ne vous lis pas les commentaires de Justine Laporte,
00:37:33 qui nous a préparé ce petit quiz.
00:37:35 Alors, je les garde pour moi.
00:37:36 Deuxième question, qui a cité un texte de mars 1941
00:37:40 à Carl-Régime de Vichy
00:37:41 pour justifier la réforme des retraites ?
00:37:44 Zemmour, qui fait son grand retour.
00:37:46 Grégoire de Fournasse, le député RM, qui avait insulté,
00:37:49 on se souvient, Carlos Martens Bilongo.
00:37:52 Marion Maréchal-Le Pen, parce qu'elle est nostalgique du Maréchal.
00:37:58 Ou bien Emmanuel Le Chypre, journaliste à BFM TV.
00:38:02 - Je l'ai vu aussi tourner, j'ai de la chance aujourd'hui.
00:38:05 - Je l'ai vu aussi. - C'est l'éditorialiste de BFM.
00:38:08 - Le Chypre, ouais. - Ouais, Le Chypre.
00:38:10 - Qui a trois reprises, on lui dit, mais 41 ?
00:38:13 Philippe Martens dit 41 ? 41, il ne capte pas.
00:38:16 - On regarde ça tout de suite. - Ah, super.
00:38:19 Moi, je vous lis ce qu'il y a écrit dans la loi du 14 mars 1941,
00:38:23 la loi sur la répartition, sur l'équilibre démographique.
00:38:26 - De quelle année ? - 1941.
00:38:28 - J'étais pas né, moi. - C'est pas grave,
00:38:29 c'est quand même la loi qui fond la répartition.
00:38:31 - Alors, 41 ?
00:38:32 - "Lorsque le nombre des retraités croît avec l'élévation
00:38:35 de l'âge moyen de la population, le service massif des pensions
00:38:38 impose un fardeau insurportable aux éléments productifs."
00:38:41 On se posait la question, déjà, de se dire...
00:38:43 - Mais 41...
00:38:44 - Oui. - La loi du 14 mars 1941.
00:38:47 - 1941. - Oui.
00:38:49 - Je pense que la France n'était pas dans son meilleur...
00:38:51 - Dans son meilleur...
00:38:53 - Vous avez le droit de prendre des références de Wi-Fi,
00:38:55 mais c'est un peu compliqué. - Oui, parce que 41, là, Emmanuel...
00:38:58 - Tout ça pour dire que... - Dites-le, dites-le.
00:39:00 Mais je tenais à faire cette décision.
00:39:02 - Ce que je voulais dire, c'est que... Je vérifierai.
00:39:05 - OK, on a vérifié pour toi, donc du coup,
00:39:08 on n'est pas sûr qu'on reverra Emmanuel Chypre
00:39:10 aux antennes de BFM très tôt.
00:39:12 - Là, il faut quand même noter que la journaliste de BFM le reprend,
00:39:16 ce qui n'est pas le cas de Radio-Gy ce matin
00:39:18 avec Christophe Barbier qui dit rien
00:39:20 et qui laisse complètement dérouler le discours raciste.
00:39:22 - Comme on disait sur les frontières, là,
00:39:24 là, on a un économiste reconnu, un président de l'UDI
00:39:28 qui est censé être la droite libérale.
00:39:29 Là, il n'y a plus de frontières avec l'extrême droite.
00:39:31 C'est un beau visage, cette droite libérale assez bourgeoise.
00:39:35 En fait, c'est le fascisme à visage humain.
00:39:36 - Oui.
00:39:38 - Et là, on va clore ce petit jeu, en fait, qui est drôle
00:39:40 et à la fois, il est froid dans le dos quand même.
00:39:42 Une dernière question. - Avec ses actus.
00:39:44 - Qui s'est rendu compte que le gouvernement mentait ?
00:39:48 Alors, et non, ce ne sont pas les 67 millions de Français
00:39:52 qui peuplent notre pays,
00:39:53 mais bien ont eu une journaliste en exercice de ses fonctions
00:39:56 hier matin.
00:39:57 Alors, Natacha Polony, surprise,
00:39:59 Léa Salamé, toujours impartiale,
00:40:01 ou Edwi Plenel ou Aurore Berger, je ne sais pas pourquoi.
00:40:03 Alors, du coup, je ne sais pas si vous avez compris ma question
00:40:06 parce que moi, je ne l'ai pas très bien compris.
00:40:08 Qui s'est rendu compte que le gouvernement mentait ?
00:40:12 Voilà.
00:40:13 - C'est la fameuse journaliste de l'homme à la malle,
00:40:15 Léa Salamé. - Bien joué.
00:40:17 - Exemplaire journaliste de cours.
00:40:19 Enfin, c'est vraiment incroyable.
00:40:21 Elle se dit, bon, 1 200 euros, c'est faux.
00:40:23 Tiens, ça m'étonne.
00:40:24 Et aujourd'hui, il y a, quand on dire Gérard Larcher qui est invité,
00:40:28 qui relance cette idée des 1 200 euros et ne le reprend pas.
00:40:31 Donc, ça lui a duré, on va dire, 5 minutes.
00:40:34 - Effectivement, c'était bien la journaliste de gouvernement
00:40:36 Léa Salamé. On écoute tout de suite.
00:40:38 - J'ai entendu le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire,
00:40:40 dire à plusieurs reprises la pension minimale à 1 200 euros.
00:40:43 C'est une phrase qu'on entend.
00:40:44 Il n'y a pas de pension minimale à 1 200 euros dans la réforme.
00:40:48 La seule mesure qu'il y a dans la réforme,
00:40:50 c'est une revalorisation de certaines petites pensions
00:40:52 si vous n'avez pas de décote.
00:40:54 Et cette revalorisation, elle est comprise entre 0 et 100 euros.
00:40:57 Et c'est plutôt 33 euros en moyenne pour les nouveaux retraités,
00:41:00 50 pour les retraités actuels.
00:41:02 Et donc, en fait, aujourd'hui,
00:41:04 vous avez 5 millions de retraités qui sont sous les 1 200 euros.
00:41:07 Les seuls qui vont passer la barre, c'est ceux qui sont à 1 100 euros ou plus.
00:41:10 Et vous aurez toujours, au terme de la réforme,
00:41:12 4 millions 2, 4 millions 3 qui seront toujours sous les 1 200 euros.
00:41:15 - C'est vrai, ça ?
00:41:17 - Alors...
00:41:18 - Parce que ça, c'est un des arguments les plus forts du gouvernement,
00:41:20 de dire 1 200 euros pour tous.
00:41:22 - C'est sûr et certain.
00:41:23 La seule chose qu'il y a dans la réforme,
00:41:25 c'est une revalorisation de ce qu'on appelle le minimum contributif,
00:41:29 c'est-à-dire, en fait, la pension de base sans la Gercarco
00:41:31 des salariés du privé.
00:41:33 Cette revalorisation, elle est au maximum de 100 euros, brute.
00:41:36 Et donc, au mieux du mieux, dans la meilleure situation,
00:41:39 ça vous décale de 100 euros.
00:41:40 Donc, si vous n'êtes pas à 1 100 euros,
00:41:42 vous n'atteignez pas les 1 200 euros, c'est sûr.
00:41:44 Même des personnes qui ont une carrière complète
00:41:46 ne seront pas garanties d'avoir 1 200 euros.
00:41:48 - Même des gens... Vous êtes sûre de ça ?
00:41:50 - C'est vraiment parce que le gouvernement a les papiers...
00:41:53 - Le gouvernement dit, si vous avez une carrière complète,
00:41:56 eh bien, ce sera 1 200 brut pour tout le monde.
00:41:59 - Tout le monde comprend comme vous.
00:42:00 C'est pour ça qu'il y a un problème démocratique.
00:42:02 Et même, il y a des gens qui ont compris
00:42:03 que tout le monde aurait 1 200 euros minimum,
00:42:05 notamment pendant les élections.
00:42:07 Bon, c'est complètement faux.
00:42:09 On aura toujours au moins une personne sur quatre
00:42:12 qui sera sous les 1 200 euros très nettement.
00:42:14 - Mais s'il y a une carrière complète,
00:42:16 vous êtes d'accord de dire que c'est 1 200 euros ?
00:42:18 Si vous avez votre carrière complète ?
00:42:20 - Non, non, je vous assure que non.
00:42:21 Il y aurait une mesure qui aurait permis de faire ça.
00:42:23 Ça aurait été de dire, on garantit un minimum de 1 200 euros
00:42:26 quand vous avez une carrière complète.
00:42:27 C'est pas la mesure qui a été choisie par le gouvernement.
00:42:30 - On va vérifier dans le texte du gouvernement,
00:42:31 parce qu'effectivement, ça change la donne.
00:42:34 - Oui, mince, on n'a pas bien fait notre travail de journaliste.
00:42:38 C'était un moment hyper gênant, en tout cas ici, sur ce plateau.
00:42:42 Merci, merci beaucoup, Paul Eyecke.
00:42:46 Et RKP, toi, tu vas rester avec nous.
00:42:49 C'est la fin de cette première partie de Toujours debout.
00:42:52 On reste avec vous pour un second plateau
00:42:55 après une courte vidéo d'auto-promo.
00:42:59 - Coucou, mes petits amours.
00:43:00 Alors, comme ça, on veut mettre la hagra à Bolloré ?
00:43:02 (Générique)
00:43:05 ---
00:43:24 (Bip)
00:43:25 ---
00:43:52 (Bip)
00:43:53 ---
00:43:55 - Bonsoir à celles et ceux qui nous rejoignent
00:43:58 pour ce second plateau.
00:43:59 Et mon collègue Rémi Quentzopagès est toujours à mes côtés.
00:44:03 Il s'est entretenu cet après-midi avec l'économiste Maxime Combes
00:44:07 sur les super-profits enregistrés par Total Energy
00:44:09 pour l'exercice 2022, 19,5 milliards d'euros, un record,
00:44:13 alors que l'inflation et la crise prennent les Français à la gorge.
00:44:16 C'est l'heure de la carte blanche.
00:44:18 (Générique)
00:44:24 - Total Energy annonce des bénéfices historiques.
00:44:26 La majeure pétrolière française a annoncé ce matin
00:44:29 un chiffre record la plus importante de son histoire
00:44:31 pour l'année 2022, près de 40 milliards de dollars
00:44:34 de bénéfices opérationnels, plus de 20 milliards de dollars
00:44:36 de bénéfices nets, un bénéfice record de 20,5 milliards de dollars,
00:44:41 soit 19,5 milliards d'euros en 2022.
00:44:44 Des chiffres qui donnent le vertige.
00:44:46 Rémi Quentzopagès, tu es venu pour nous en parler.
00:44:49 - Oui, exactement, Nadia.
00:44:50 Pour comprendre ces chiffres et comprendre les enjeux également
00:44:53 qu'il y a derrière ces chiffres et ce que cela implique,
00:44:55 on va essayer de dépasser un petit peu les éléments de langage
00:44:58 dans les annonces de Total Energy et de son PDG, Patrick Pouyanné,
00:45:02 qui s'est exprimé dans la presse.
00:45:04 Il y a eu, par exemple, ce matin, une interview
00:45:05 qui a été publiée dans "Le Parisien".
00:45:07 Il y a un journaliste du Figaro également
00:45:09 qui a pu interroger le patron de la multinationale
00:45:11 et qui se justifie dedans.
00:45:13 Nous sommes un peu vus comme les premiers de la classe.
00:45:16 Or, la France est un pays où l'on aime couper des têtes,
00:45:18 surtout celles qui dépassent, peut-on lire dans le Figaro.
00:45:22 - Oui.
00:45:23 - Alors, donc, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus,
00:45:26 en fait, sur ces profits ?
00:45:27 - Alors, déjà, en fait, il faut savoir
00:45:29 que la grande majorité des investissements de l'entreprise
00:45:31 sont fléchés vers la croissance
00:45:33 et la production de pétrole et de gaz à 75 %.
00:45:37 C'est là-dessus, en fait, que reposent les profits de Total.
00:45:40 Et c'est grâce à l'inflation de leurs cours
00:45:42 que Total Energy génère des profits.
00:45:44 Pour comprendre cela, il faut avoir en tête
00:45:46 le contexte géopolitique, le contexte international,
00:45:49 notamment avec la crise économique, le changement climatique
00:45:51 et la guerre en Ukraine.
00:45:53 Cette dernière donnée, elle est extrêmement importante,
00:45:56 car la compagnie pétrolière et gazière
00:45:58 détient toujours des parts dont Yamal LNG, à hauteur de 20 %,
00:46:01 et Arctic LNG, 2, à hauteur de 10 %,
00:46:04 2 mégaprojets gaziers considérés comme des bombes climatiques.
00:46:08 Total Energy est donc toujours engagé au prix des Russes,
00:46:11 tandis que ces derniers font la guerre à l'Ukraine.
00:46:14 C'est d'ailleurs pourquoi l'Observatoire des multinationales
00:46:16 qui scrute les activités de la Supermajor parle,
00:46:20 je les cite, de "dividende taché de sang".
00:46:22 J'ai donc contacté Maxime Combe,
00:46:24 économiste au sein de cet Observatoire des multinationales,
00:46:27 pour en discuter.
00:46:28 Selon lui, les profits montrent même
00:46:30 à 35 ou 36 milliards d'euros de profits
00:46:32 sans les habiles provisions sur les actifs russes.
00:46:34 -Mais d'où viennent ces profits, qui sont en croissance ?
00:46:37 -L'économiste nous dit que ce sont des profits d'aubaine,
00:46:41 des profits inducts Total, en fait,
00:46:43 n'a rien vraiment fait de plus que les années précédentes.
00:46:46 Il n'y a pas eu de nouveaux produits,
00:46:48 il n'y a pas eu non plus d'amélioration, par exemple,
00:46:51 dans les processus de production.
00:46:54 Ce sont, en quelque sorte, un peu des profits,
00:46:57 on va dire, même si ce n'est pas exactement ça,
00:46:58 mais pour prendre une image tombée du ciel,
00:47:00 Total Energy n'avait qu'à ouvrir les bras
00:47:03 sans effectuer d'efforts supplémentaires.
00:47:05 Pour le citer, Total Energy est un profiteur de guerre
00:47:08 qui profite de l'envolée des prix de l'énergie,
00:47:10 le tout dans un contexte de guerre, d'inflation et de crise.
00:47:13 Et je vous propose de l'écouter.
00:47:15 -Les profits que réalise Total Energy sur cette année 2022,
00:47:18 qui sont en croissance relativement importante par rapport à 2021
00:47:21 et en croissance très significative puisqu'ils ont quasiment doublé
00:47:24 par rapport à l'année 2019, l'année d'avant la pandémie,
00:47:27 ce sont des profits d'aubaine, des profits induits.
00:47:30 Ils sont liés, donc, du coup, à l'inflation qu'on a connue
00:47:34 et qu'on connaît encore sur les prix de l'énergie.
00:47:36 Et cette inflation sur les prix de l'énergie
00:47:39 sont liés à trois facteurs.
00:47:41 À la relance de l'économie mondiale juste après la pandémie de Covid,
00:47:46 sont liés aux difficultés d'acheminement
00:47:49 dans cette mondialisation que nous avons connue aussi
00:47:53 au lendemain de la pandémie de Covid et que nous connaissons encore,
00:47:57 et maintenant très fortement liées à la guerre en Ukraine
00:48:01 qui, pour plein de raisons,
00:48:04 conduisent à générer des prix à la hausse sur les marchés mondiaux,
00:48:09 à la fois du pétrole et du gaz.
00:48:11 Et finalement, d'une certaine façon,
00:48:13 il y a une forme de spoliation organisée et tolérée
00:48:18 du revenu des consommateurs de gazoil, des consommateurs d'essence,
00:48:24 qui voit une part toujours plus grande de leur pouvoir d'achat,
00:48:28 de leur capacité à acheter chaque mois,
00:48:31 qui, en fait, est récupérée par les majors pétrolières et gazières
00:48:36 parce que ces consommateurs, à court terme,
00:48:38 leur consommation sont, les économistes disent, inélastiques,
00:48:43 c'est-à-dire qu'elles sont contraintes.
00:48:44 Ce n'est pas parce que le prix augmente
00:48:46 que vous diminuez du jour au lendemain drastiquement
00:48:48 votre consommation de pétrole ou de gaz
00:48:51 parce que vous en avez besoin pour vous déplacer,
00:48:52 vous en avez besoin pour vous chauffer, pour faire cuire vos aliments.
00:48:57 Et donc, du coup, c'est une forme de captation,
00:49:01 une spoliation d'une partie conséquente du revenu de chacun d'entre nous
00:49:06 par ces majors.
00:49:08 Total Energy profite donc de la crise et des guerres.
00:49:11 Oui, et ils en profitent bien,
00:49:14 avec 9,4 milliards d'euros de dividendes pour les actionnaires en 2022.
00:49:20 Lors de la prochaine Assemblée générale, qui s'y rendra en mai,
00:49:22 la direction de l'entreprise proposera au vote
00:49:24 le versement d'un dividende de 2,80 euros par action détenue,
00:49:28 une hausse de 6,4 % sur un an,
00:49:30 qui s'ajoute donc aux dividendes exceptionnels
00:49:32 de 1 euro qui avait été accordé en décembre.
00:49:35 À ce sujet, ce qui est incroyable,
00:49:37 c'est que l'augmentation de la rémunération des actionnaires
00:49:40 est supérieure à l'augmentation des investissements
00:49:43 dans les énergies renouvelables,
00:49:44 alors même que Total Energy se dit aujourd'hui un énergéticien.
00:49:48 Oui, là-dessus, justement, vous pouvez aussi écouter
00:49:51 un morceau de ce que nous dit Maxime Combin.
00:49:54 La rémunération des actionnaires de Total Energy
00:49:57 a augmenté de, au moins simplement sur le plan des dividendes,
00:50:01 quasiment 3 milliards d'euros entre 2021 et 2022.
00:50:05 Et c'est sans compter les rachats d'actions
00:50:07 qui ont, eux, explosé de 255 % sur la même période.
00:50:11 Donc, on voit bien qu'en fait, plus il y a de super profits,
00:50:14 plus il y a de super rémunérations pour les actionnaires
00:50:18 et quelques miettes pour les énergies renouvelables.
00:50:21 Il faut bien comprendre pourquoi Total Energy
00:50:23 est en train d'investir dans les énergies renouvelables.
00:50:26 Ce n'est absolument pas pour substituer
00:50:29 ces énergies renouvelables aux énergies fossiles.
00:50:32 Quand on regarde leur business plan pour 2030,
00:50:34 la production en volume de pétrole et de produits pétroliers
00:50:41 va rester relativement constante.
00:50:43 Celle de produits issus du gaz va augmenter
00:50:47 et des énergies renouvelables va augmenter, mais moins vite.
00:50:50 Et donc, ce qu'on va avoir, c'est des énergies renouvelables
00:50:53 qui viennent s'additionner au pétrole et au gaz
00:50:56 avec une réduction de la part relative du pétrole
00:50:59 dans leur chiffre d'affaires global.
00:51:01 Mais d'une manière générale, pour le climat, ce qui compte,
00:51:04 c'est les émissions de gaz à effet de serre.
00:51:06 Et les émissions de gaz à effet de serre
00:51:07 qui sont celles de Total Energy
00:51:10 seront plus importantes en 2030 que ce qu'elles le sont aujourd'hui.
00:51:14 Et cerise sur le gâteau,
00:51:16 Total Energy n'a pas payé d'impôts sur les sociétés en France
00:51:18 en 2019 et 2020.
00:51:20 Et pour l'économiste, la multinationale
00:51:22 n'est donc pas seulement un profiteur de guerre,
00:51:24 il est aussi un profiteur de nos politiques fiscales.
00:51:28 Total Energy n'avait pas payé d'impôts sur les sociétés en France
00:51:31 ni en 2019 ni en 2020.
00:51:33 Pourtant, Total Energy a son siège social en France,
00:51:36 réalise 21 % de son chiffre d'affaires sur le territoire national,
00:51:40 dispose de plus de 30 % de ses effectifs mondiaux
00:51:43 sur le territoire national.
00:51:45 Mais Total Energy arrive en fait,
00:51:47 en localisant ses profits ailleurs que sur le territoire national,
00:51:51 à ne pas payer d'impôts.
00:51:52 Deuxième cerise sur le gâteau,
00:51:55 Total Energy reçoit aussi l'aide de l'État.
00:51:57 D'après l'économiste, la multinationale gagne sur tous les tableaux.
00:52:02 Total Energy bénéficie effectivement du soutien des pouvoirs publics,
00:52:05 aussi bien sur le plan diplomatique
00:52:07 pour aller négocier des contrats à l'étranger,
00:52:10 mais également sur le plan monétaire, pécunier,
00:52:15 puisque Total Energy a obtenu le soutien de la Banque centrale européenne
00:52:18 pendant la pandémie,
00:52:20 qui était une aide à la trésorerie relativement conséquente.
00:52:22 Et Total Energy est soutenu dans des investissements dans l'hydrogène,
00:52:27 dans des investissements dans les batteries électriques.
00:52:30 Avec Stellantis, ils ont reçu plus de 780 millions d'euros
00:52:34 pour une gigafactory de batteries électriques
00:52:39 à Douvrin, dans le nord de la France,
00:52:42 pour 2000 emplois.
00:52:43 Ça fait donc plusieurs centaines de milliers d'euros pour chaque emploi
00:52:47 que les pouvoirs publics donnent à Total Energy,
00:52:51 ce qui est relativement conséquent.
00:52:54 Donc en fait, Total Energy gagne sur tous les tableaux.
00:52:56 Total Energy bénéficie de la solidarité collective et nationale
00:53:01 quand elle en a besoin.
00:53:02 Total Energy bénéficie du soutien des pouvoirs publics
00:53:05 quand il faut investir pour l'économie dite de demain.
00:53:08 On pourrait discuter si l'hydrogène et les batteries électriques,
00:53:11 c'est vraiment l'économie de demain, mais peu importe.
00:53:14 Et en même temps, Total Energy ne paie pas d'impôts
00:53:17 et par contre, est en train de récupérer une part conséquente
00:53:20 et en croissance du revenu de chacun d'entre nous
00:53:24 lorsque nous passons à la pompe.
00:53:26 Alors, pourquoi est-ce qu'on dit tout ça ?
00:53:28 Pourquoi c'est problématique ?
00:53:30 Parce qu'en fait, c'est structurel.
00:53:32 Tant que ce sera dans leur intérêt immédiat,
00:53:34 tant que les actionnaires profiteront de ces profits records,
00:53:37 ils ne seront pas capables de faire autrement
00:53:39 pour reprendre une dernière fois les mots de Maxime Combes.
00:53:42 Tant que c'est jackpot pour l'industrie fossile,
00:53:44 la lutte contre le réchauffement climatique sera mise en échec.
00:53:47 Avec ces super profits, Total Energy obtient l'équivalent d'un bonus,
00:53:53 d'un méga bonus,
00:53:55 pour des activités qui sont extrêmement problématiques
00:53:57 du point de vue de leur impact sur la planète,
00:53:59 tant du point de vue de l'extraction des énergies fossiles
00:54:02 que de leur combustion en matière de réchauffement climatique.
00:54:06 Et donc, du coup, c'est comme si collectivement,
00:54:07 nous avions effectivement décidé de valoriser très fortement
00:54:11 par le fait que les prix s'envolent,
00:54:14 par le fait que du coup, les entreprises qui en profitent
00:54:17 engrangent des profits gigantesques,
00:54:20 comme si nous avions très fortement valorisé
00:54:22 l'extraction et la combustion d'énergies fossiles.
00:54:25 Et donc, de ce point de vue-là, on a effectivement…
00:54:29 tant que c'est extrêmement profitable d'exploiter des énergies fossiles,
00:54:33 il va être extrêmement difficile de convaincre ou d'empêcher
00:54:38 les investisseurs, les industriels des énergies fossiles
00:54:41 à aller chercher jusqu'à la dernière goutte de pétrole.
00:54:44 Et donc, c'est la raison pour laquelle on peut effectivement considérer
00:54:49 que tant que c'est jackpot pour TotalEnergie,
00:54:54 tant que c'est jackpot pour l'industrie pétrolière et gazière,
00:54:57 tant que c'est jackpot finalement pour ce capitalisme fossile,
00:55:02 on aura effectivement le plus grand mal
00:55:06 à avoir des politiques de lutte contre le réchauffement climatique
00:55:08 qui soient à la hauteur des 100 ans.
00:55:10 Alors, on va s'arrêter avec des mots
00:55:12 prononcés par le patron de TotalEnergie, Patrick Pouyanné.
00:55:17 On lit dans le Figaro cette réponse qu'il fait, Patrick Pouyanné.
00:55:20 Je le cite. "Ne pas forer, eh bien non, on n'est pas d'accord.
00:55:23 Ce n'est pas sérieux si l'industrie pétrolière suit ce scénario.
00:55:26 La vie des gens va être un enfer parce que le baril
00:55:28 pourrait monter à 300, 500 ou 1 000 dollars.
00:55:31 Tout ceci repose sur une idée profondément fausse
00:55:33 qui consiste à réaliser la transition énergétique
00:55:36 en rationnant l'offre de pétrole.
00:55:38 Or, c'est d'abord sur la demande de pétrole qu'il faut agir
00:55:40 en la faisant diminuer pour ensuite adapter l'offre.
00:55:42 Et plus loin, on lit, non, nous ne ferons pas le grand soir."
00:55:46 Conclut le PDG dans le quotidien libéral.
00:55:48 Ça tombe bien, on ne comptait pas sur lui.
00:55:50 - Merci beaucoup, Rémi Kenzo-Pagesse.
00:55:51 Il parle comme le président de la République,
00:55:53 des grandes déclarations.
00:55:55 Il donne les orientations pour le pays. Super.
00:55:58 Alors, on va poursuivre sur ce sujet
00:56:01 avec Clem Conversé-Doré, porte-parole d'Alter Natiba Paris,
00:56:06 qui ont mené ce matin une action devant le siège de TotalEnergie.
00:56:10 Le groupe se distingue non seulement
00:56:12 pour ses profits mirabolants,
00:56:14 mais également pour ses actions mortifères,
00:56:16 à la fois pour l'environnement et pour la population locale en Afrique,
00:56:19 notamment en Afrique du Sud et en Ouganda.
00:56:22 C'est l'heure de votre second entretien d'actu.
00:56:24 Bonsoir, Clem Conversé-Doré.
00:56:33 - Bonsoir. - Vous êtes porte-parole d'Alter Natiba,
00:56:36 pardon, Paris.
00:56:37 Vous avez mené ce matin avec l'ONG Les Amis de la Terre
00:56:40 une action au siège de TotalEnergie à la Défense
00:56:43 en jetant de la peinture ce logo de l'entreprise
00:56:45 pour représenter le sang qu'ils ont sur les mains.
00:56:48 Les activistes dénoncent les super-profits de la multinationale
00:56:51 et demandent l'arrêt des projets fossiles
00:56:54 qu'ils qualifient d'entreprise de climat.
00:56:57 Tisside, alors, j'espère que vous n'avez pas été arrêtée,
00:56:59 mais en tout cas, vous allez nous expliquer cette action de ce matin.
00:57:03 - Oui, du coup, on a fait ça avec Les Amis de la Terre,
00:57:06 qui est une autre organisation qui lutte contre Total.
00:57:09 On est en fait un fonds d'organisation.
00:57:12 Mais du coup, cette action, ce matin,
00:57:13 on a projeté de la peinture sur la façade
00:57:16 et de la mélasse sur le sol du siège de Total.
00:57:19 Comme vous le disiez, c'est aujourd'hui qu'ils annonçaient leurs profits.
00:57:21 On savait qu'ils allaient dépasser ceux de l'année précédente.
00:57:25 Et du coup, voilà, la peinture et la mélasse,
00:57:27 donc la peinture rouge et la mélasse noire,
00:57:28 symbolisent d'un côté l'impact et les victimes directes et indirectes
00:57:34 de l'action de Total, donc à la fois les victimes indirectes
00:57:36 et les personnes dont nous, en fait,
00:57:39 seront affectées par les conséquences du dérèglement climatique.
00:57:44 On a déjà vu les épisodes climatiques extrêmes qu'il y a eu,
00:57:47 notamment cet été, les canicules, donc on est touchés aussi.
00:57:51 Mais aussi, du coup, les victimes directes,
00:57:53 notamment en Ouganda, du nouveau projet de Total, E-COP.
00:57:57 Et du coup, la mélasse pour les énergies fossiles,
00:58:02 je pense qu'il n'y a pas besoin de faire un dessin.
00:58:04 Et voilà, du coup, c'est...
00:58:06 - C'est une action, en tout cas,
00:58:08 où vous n'avez pas subi la répression policière
00:58:11 qu'ont pu connaître les membres du collectif Rosy,
00:58:14 qu'on a reçus en première partie de ce plateau.
00:58:16 - On a deux activistes qui sont allés au poste,
00:58:18 mais c'était juste un contrôle d'identité,
00:58:20 il n'y a pas eu de garde à vue.
00:58:21 - Pas de convocation au tribunal.
00:58:23 - Elles ont été convoquées, mais en audience libre.
00:58:25 Donc pour une audience libre, pour l'instant,
00:58:27 on ne connaît pas vraiment les suites,
00:58:28 mais a priori, pas de tribunal.
00:58:30 - Alors, en pleine réforme des retraites,
00:58:32 il y a quand même quelque chose d'indécent
00:58:33 avec tous ces profits.
00:58:35 - Oui, effectivement, c'est vrai qu'on se demande
00:58:36 où aller chercher l'argent pour financer
00:58:38 le système des retraites, et d'un autre côté,
00:58:40 on refuse de taxer les super-profits.
00:58:42 C'est vrai que vous le disiez tout à l'heure,
00:58:44 ils n'ont même pas payé d'impôts en France,
00:58:46 sur leur activité, en tout cas, en France,
00:58:49 au cours... en 2019 et en 2020.
00:58:51 Et on se pose la question, on veut faire peser cette réforme,
00:58:55 qui d'ailleurs, évidemment, n'est pas nécessaire,
00:58:58 on veut faire payer ça sur le dos des travailleurs
00:58:59 qui déjà subissent l'inflation, la crise énergétique
00:59:02 et aussi la crise climatique, quelque part.
00:59:05 L'argent, il est là, l'argent, il est dans les profits de Total,
00:59:08 les profits qui étaient induits, comme le disait Maxime Combes.
00:59:12 Il est vraiment urgent de faire quelque chose,
00:59:14 de faire payer Total, en fait, à la fois payer financièrement,
00:59:17 mais payer pour tout ce qui sont...
00:59:18 Enfin, toutes les... Enfin, voilà,
00:59:20 toutes les conséquences de leur activité.
00:59:24 - Oui, parce que, comme vous dites, quand on voit
00:59:25 que Total Energy n'a pas payé d'impôts sur les sociétés
00:59:27 pendant deux années, on dit qu'il y avait peut-être
00:59:29 de l'argent à aller chercher quelque part,
00:59:31 pour le coup, notamment pour nos retraites,
00:59:32 mais justement, concernant la réforme des retraites,
00:59:34 l'un des arguments aujourd'hui du gouvernement,
00:59:37 c'est de dire qu'on va faire cette réforme,
00:59:41 notamment pour faire des économies qui nous permettront
00:59:43 de financer la transition écologique.
00:59:46 - Comme vous le disiez tout à l'heure,
00:59:47 enfin, comme le disait tout à l'heure la personne qui était là,
00:59:50 je pense qu'ils essaient de trouver n'importe quel prétexte
00:59:53 pour faire passer cette réforme.
00:59:56 Et d'ailleurs, je crois même que c'était Emmanuel Macron
00:59:58 qui avait utilisé cet argument, je crois,
01:00:00 et je crois qu'il a été rappelé à l'ordre par peut-être...
01:00:02 Enfin, par une ministre sur le sujet qui lui a dit
01:00:04 que non, en fait.
01:00:05 Et du coup, ils amassent les arguments.
01:00:07 Évidemment que ça ne va pas financer la transition écologique.
01:00:09 L'argent pour la transition écologique, on l'a.
01:00:11 C'est juste des choix politiques à faire.
01:00:13 Et Emmanuel Macron, aujourd'hui,
01:00:15 il n'est même pas dans l'inaction climatique,
01:00:17 il est dans le sabotage.
01:00:18 Il est complice, d'ailleurs, de Total.
01:00:19 Il a soutenu publiquement le projet E-COP,
01:00:22 qui est à la fois démocratiquement et socialement un scandale,
01:00:26 mais le fait que Macron, d'un côté,
01:00:29 invoque la transition écologique pour faire passer cette réforme,
01:00:32 qui est absolument impopulaire et illégitime, effectivement,
01:00:35 et de l'autre côté,
01:00:37 refuse de taxer les super-profits d'entreprises comme Total,
01:00:40 c'est, au-delà de l'incohérence, c'est de l'indécence.
01:00:42 Oui, parce qu'en plus, il mobilise la diplomatie
01:00:44 en faveur de Total,
01:00:46 notamment le cas avec E-COP en Ouganda.
01:00:48 Il l'avait écrit, notamment, au président ougandais.
01:00:51 On le voit, l'État français est investi sur le dossier.
01:00:54 Et pour revenir sur les retraites,
01:00:55 vous, notamment, vous manifestez avec Alternatiba.
01:00:59 C'est un dossier, en fait, où vous faites le lien...
01:01:01 Évidemment, Alternatiba Paris vient en soutien des syndicats
01:01:04 sur tout l'aspect social,
01:01:06 mais il y a aussi des arguments climatiques
01:01:07 sur la réforme des retraites,
01:01:09 puisque cette réforme, elle va toucher de plein fouet
01:01:12 les plus précaires,
01:01:14 qui sont déjà les premières victimes
01:01:16 du dérèglement climatique.
01:01:18 Et du coup, ça va être une sorte de double peine pour eux,
01:01:19 puisqu'ils auront déjà travaillé toute leur vie
01:01:21 dans des conditions pénibles,
01:01:22 parce qu'on parle principalement des personnes à la fois précaires,
01:01:24 mais des ouvriers, des personnes qui ont un métier pénible.
01:01:26 Le fait de devoir travailler plus longtemps,
01:01:30 finalement, c'est une perte nette pour ces personnes-là,
01:01:33 et en plus, subir les conséquences
01:01:36 du dérèglement climatique de plein fouet,
01:01:37 c'est, oui, une double peine.
01:01:39 -Pardon. J'avais une question, du coup,
01:01:41 parce que TotalEnergie, en fait, communique beaucoup
01:01:43 à propos de son virage vert.
01:01:45 Ils rappellent régulièrement qu'ils ont changé de nom,
01:01:47 ils sont devenus énergéticiens,
01:01:51 et ils investissent dans des énergies renouvelables.
01:01:53 Mais pour vous, c'est du mensonge, c'est du greenwashing.
01:01:55 -Je sais pas si vous le savez,
01:01:56 mais parmi les 4 milliards de dollars
01:01:59 que Total a prétendu investir,
01:02:02 enfin, en tout cas, affirmé investir
01:02:03 dans les énergies renouvelables,
01:02:05 ils comptabilisent dedans les usines à gaz et le gaz naturel.
01:02:09 En termes d'énergie propre, je pense qu'on a vu mieux.
01:02:12 Il faut que les conditions d'exploitation
01:02:13 de ces énergies-là soient déplorables.
01:02:17 Donc, en fait, Total, c'est des experts du greenwashing.
01:02:19 Déjà, dans les années 70,
01:02:21 ils étaient au courant du caractère anthropique,
01:02:24 de la cause anthropique du dérèglement climatique
01:02:26 et de la conséquence de leur activité
01:02:28 sur le dérèglement climatique.
01:02:29 Ils l'ont sciemment camouflé.
01:02:31 Ils ont même, je crois, financé des scientifiques
01:02:34 pour, en fait, fournir des comptes...
01:02:36 Enfin, en fait, nier le dérèglement climatique.
01:02:40 Et ce changement de nom
01:02:42 et toute cette tentative de greenwashing
01:02:44 s'inscrivent dans une tradition
01:02:46 que Total est habituée à entretenir,
01:02:47 et encore une fois, avec la complicité des dirigeants.
01:02:50 -En plus, Total, c'est une entreprise
01:02:52 qui, avec ce discours de greenwashing,
01:02:56 détruit des emplois en France.
01:02:57 Ca a été l'objet notamment d'une grève,
01:02:59 d'une mobilisation dans des raffineries.
01:03:02 On pense à celle de Grandpuis,
01:03:03 où il y a eu une grève importante qui a été menée,
01:03:06 sur cet aspect, justement, là.
01:03:09 -Je crois que c'était en février 2021.
01:03:11 D'ailleurs, on était en soutien de ces raffineurs,
01:03:13 puisqu'il y avait... -Avec le collectif Plus jamais ça.
01:03:14 -Plus jamais ça, exactement,
01:03:15 avec Greenpeace et des syndicats.
01:03:18 Mais Alternatives à Paris s'était mobilisé.
01:03:20 Je crois qu'il était question de supprimer 700 emplois
01:03:23 sous prétexte d'un site zéro pétrole.
01:03:26 Je crois que c'est ça qu'ils invoquaient.
01:03:28 Dans les faits, c'était un prétexte absolu
01:03:31 pour supprimer des emplois.
01:03:33 Leur site n'était pas...
01:03:34 Ils n'avaient pas véritablement pour projet
01:03:37 d'en faire un site zéro pétrole.
01:03:39 -D'ailleurs, vous avez interpellé l'Etat français, également,
01:03:41 sur cette question de la destruction des emplois en France.
01:03:44 -Oui.
01:03:45 Non seulement d'un point de vue climatique, humain,
01:03:49 même à l'international, c'est désastreux,
01:03:51 mais même en France, Total fait quand même des ravages.
01:03:55 Il y a aussi les projets de Total Energy,
01:03:57 notamment en Afrique.
01:03:58 On en a rapidement parlé avec le projet E-COP,
01:04:02 ce projet de pipeline en Ouganda.
01:04:04 Il y a aussi un autre projet dont on commence un petit peu à parler,
01:04:08 c'est le projet de Champs-Elysées en Afrique du Sud.
01:04:11 Total Energy, en fait, aujourd'hui, on le voit,
01:04:14 c'est une multinationale qui est coupable
01:04:16 de saccages environnementaux, sociaux, également,
01:04:19 à travers le monde et qui est présente sur tous les continents.
01:04:22 Et à chaque fois, ça laisse des traces.
01:04:25 -Et d'ailleurs, les Amis de la Terre et Survie,
01:04:27 et je crois 3 ou 4 ONG ougandaises
01:04:30 ont saisi les tribunaux français
01:04:33 sur la question du devoir de vigilance par rapport à Total.
01:04:37 On aura le délibéré fin...
01:04:40 Enfin, à la fin du mois, là.
01:04:42 Du coup, on attend de voir ce que ça va donner,
01:04:44 mais au-delà des actions des obéissances civiles,
01:04:47 on tente d'autres recours, notamment le recours juridique.
01:04:50 On va voir ce que ça donne.
01:04:52 -On vous rappelle également que Total Energy
01:04:54 est l'une des 20 entreprises fossiles
01:04:55 ayant le plus contribué au dérèglement climatique
01:04:57 depuis 1965.
01:05:00 -On ne cesse de le dire, effectivement.
01:05:02 -Et justement, après avoir écouté
01:05:04 notamment ce qu'a dit l'économiste Maxime Combes
01:05:07 de l'Observatoire des multinationales,
01:05:08 vous êtes d'accord avec ce qu'il dit ?
01:05:10 Parce qu'il a utilisé des mots
01:05:12 pour accuser Total Energy d'assez fort.
01:05:14 Il a parlé de profiteurs de guerre en Ukraine,
01:05:17 donc de profiteurs de crise avec l'inflation.
01:05:20 On pourrait aussi peut-être dire et en rajouter
01:05:23 que Total, c'est un morceau de la France-Afrique,
01:05:25 puisqu'on est en train de parler du projet E-COP.
01:05:27 C'est un criminel climatique.
01:05:29 C'est l'objet de plusieurs enquêtes
01:05:31 qui ont été faites ces dernières années
01:05:32 par différents journalistes,
01:05:34 responsable du changement climatique
01:05:36 et de l'effondrement de la biodiversité.
01:05:38 -Oui. Je pense que...
01:05:40 Je pense qu'effectivement, la question ne se pose même pas.
01:05:42 Au-delà de...
01:05:44 Je pense que Total littéralement fait son beurre sur...
01:05:48 Je ne vais pas parler de misère,
01:05:50 mais finalement sur la destruction à la fois de la planète,
01:05:54 mais aussi la destruction des personnes,
01:05:57 à la fois des salariés et des personnes
01:05:59 qui vont subir tous les projets,
01:06:01 notamment, encore une fois, E-COP.
01:06:03 Le projet impliquerait le déplacement
01:06:06 de plus de 100 000 personnes
01:06:07 sur le tracé du projet.
01:06:12 -De quoi Total est-il le nom, du coup, aujourd'hui ?
01:06:14 On peut dire que Total fait du sale
01:06:15 pour reprendre le slogan, justement, de la CGT,
01:06:18 à Grand Puic, à mener cette lutte
01:06:20 dans les raffineries.
01:06:21 -Criminal climatique, tout simplement.
01:06:23 Encore une fois, je pense qu'il nous appartient aussi,
01:06:27 en tant que mouvement de la société civile,
01:06:30 d'aller les chercher.
01:06:31 En fait, tant qu'ils ne changeront pas leur activité,
01:06:34 tant qu'ils n'investiront pas réellement
01:06:37 dans les énergies renouvelables,
01:06:38 et pas seulement en surface,
01:06:39 comme ils prétendent le faire actuellement,
01:06:41 nous, on sera là pour utiliser tous les recours
01:06:44 qu'on aura contre eux
01:06:45 et pour passer leur rentre des petites visites,
01:06:48 comme on l'a déjà fait à plusieurs reprises
01:06:51 et comme on l'a fait ce matin.
01:06:52 -Vous allez continuer à mobiliser
01:06:54 contre les projets Total Energy.
01:06:55 Quels sont les prochains événements prévus,
01:06:58 les prochaines échéances ?
01:06:59 -Déjà, délibérer à la fin du mois.
01:07:03 Et puis, voilà.
01:07:05 Sur le projet ECOB, effectivement,
01:07:06 sur l'action en justice.
01:07:09 En ce qui nous concerne, on va continuer à suivre
01:07:11 et à ne pas manquer une occasion d'aller les voir.
01:07:15 Et du coup, je pense que c'est important
01:07:17 que la société saisisse collectivement de la question,
01:07:22 parce que finalement, ça nous concerne toutes et tous.
01:07:24 C'est de notre dépendance aux énergies fossiles,
01:07:26 c'est notre trajectoire énergétique qui les question.
01:07:29 C'est urgent. On ne peut pas compter sur des acteurs comme Total,
01:07:33 qui se font littéralement, comme on le disait,
01:07:35 qui font leur beurre sur le dos d'un crime climatique et humain.
01:07:40 On ne peut pas compter sur eux
01:07:41 pour assurer notre avenir énergétique.
01:07:45 Donc il faut soit que Total cesse ses activités climaticides,
01:07:49 soit que le gouvernement français légifère,
01:07:52 le contraigne justement à abandonner ses projets
01:07:54 et fasse en sorte que Total cesse
01:07:57 l'exploitation des énergies fossiles.
01:08:00 -Merci beaucoup, Clem Ponverset-Doré.
01:08:02 Je rappelle que vous êtes porte-parole d'Alternatiba Paris.
01:08:06 Donc c'est l'association qui a mené ce matin une action
01:08:10 avec l'ONG Les Amis de la Terre
01:08:11 au siège de Total Energy à la Défense.
01:08:13 Merci beaucoup également.
01:08:15 Et RKP, vous pouvez compter sur nous, bien sûr,
01:08:17 pour relayer toutes vos actions.
01:08:19 Et merci également à vous, derrière vos écrans,
01:08:22 de nous avoir suivis.
01:08:23 Si on peut vous proposer chaque jour
01:08:25 cette qualité d'information et des intervenants de qualité,
01:08:28 c'est grâce à nos abonnés et nos sociétaires
01:08:32 qui financent notre antenne.
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01:08:59 Je vous souhaite une très bonne soirée
01:09:00 et je vous retrouve demain avec Jamy.
01:09:03 L'Ensemble en animera le dernier Toujours debout de la semaine.
01:09:07 (Générique)
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