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· Voici le programme de Toujours Debout du mercredi 1 février 2023
▶ Kissékadit ?
A l'aide de citation choisie nous interrogeons avec humour l'actualité politique pour mieux la décortiquer !
▶ Fond de l'Info️
Nous recevons Clément Coulet du média Le Vent se lève pour évoquer l'inflation et ses effets catastrophiques sur les conditions de vie de nos concitoyens, il débute son article ainsi : "L’inflation sur l’alimentation n’épargne personne. Si elle accélère la paupérisation de nos concitoyens et dégrade leur alimentation, elle met en exergue la vulnérabilité de notre modèle agricole. Face à cette situation, la timidité des réponses du gouvernement n’est pas en mesure de protéger les Français alors même que des propositions plus ambitieuses mêlant les enjeux de transition du système alimentaire, d’accès digne à l’alimentation et de juste rémunération des paysans tendent à émerger. "
https://lvsl.fr/inflation-et-alimentation-au-pays-de-la-bouffe-la-grande-pauperisation/
▶ Carte Blanche
Thomas Dietrich a carte blanche et ça tombe bien car la France va mal. Heureusement, notre bien-aimé Macron Ier va remettre de l'ordre. Il va mettre les Français, ces gaulois réfractaires, ces fainéants au travail, et les faire bosser jusqu'à 64 ans, au passage 25 % des plus pauvres seront morts avant d'atteindre l'âge de la retraite et pour ceux qui seront pas morts, il seront dans un triste état, rappelons que l'espérance de vie en bonne santé est justement de 64 ans pour les hommes...
· Voici le programme de Toujours Debout du mercredi 1 février 2023
▶ Kissékadit ?
A l'aide de citation choisie nous interrogeons avec humour l'actualité politique pour mieux la décortiquer !
▶ Fond de l'Info️
Nous recevons Clément Coulet du média Le Vent se lève pour évoquer l'inflation et ses effets catastrophiques sur les conditions de vie de nos concitoyens, il débute son article ainsi : "L’inflation sur l’alimentation n’épargne personne. Si elle accélère la paupérisation de nos concitoyens et dégrade leur alimentation, elle met en exergue la vulnérabilité de notre modèle agricole. Face à cette situation, la timidité des réponses du gouvernement n’est pas en mesure de protéger les Français alors même que des propositions plus ambitieuses mêlant les enjeux de transition du système alimentaire, d’accès digne à l’alimentation et de juste rémunération des paysans tendent à émerger. "
https://lvsl.fr/inflation-et-alimentation-au-pays-de-la-bouffe-la-grande-pauperisation/
▶ Carte Blanche
Thomas Dietrich a carte blanche et ça tombe bien car la France va mal. Heureusement, notre bien-aimé Macron Ier va remettre de l'ordre. Il va mettre les Français, ces gaulois réfractaires, ces fainéants au travail, et les faire bosser jusqu'à 64 ans, au passage 25 % des plus pauvres seront morts avant d'atteindre l'âge de la retraite et pour ceux qui seront pas morts, il seront dans un triste état, rappelons que l'espérance de vie en bonne santé est justement de 64 ans pour les hommes...
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NewsTranscription
00:00 ♪ ♪ ♪
00:22 ♪ ♪ ♪
00:33 - Bonsoir à toutes et à tous.
00:35 Il est 18h40.
00:36 Vous êtes en direct sur Le Média
00:38 et vous regardez toujours debout
00:39 votre quasi-quotidienne d'infos et de combats.
00:43 Alors, ce programme fait partie
00:45 de notre nouvelle grande ambition,
00:47 faire du Média une véritable chaîne de télévision
00:49 qui vous proposera une autre hiérarchie
00:51 et un autre traitement de l'information,
00:54 une information populaire alternative et indépendante
00:57 qui se démarque de la propagande réactionnaire et patronale
01:01 financée par les milliardaires.
01:03 Grâce à votre soutien,
01:04 nous pourrions être la première chaîne télé
01:06 détenue par ces milliers de sociétaires,
01:08 des citoyens engagés
01:10 qui refusent la concentration des médias
01:12 entre les mains d'oligarques
01:14 en collusion avec le pouvoir.
01:15 Imaginez un canal qui ne servira à la soupe
01:18 ni à la Macronie ni à l'extrême droite,
01:20 un canal qui sera sur tous les piquets de grève
01:23 et sur toutes les barricades,
01:24 qui racontera vos vies et vos combats,
01:26 qui sera de votre côté plutôt que celui de Bolloré.
01:29 C'est grâce aux abonnements payants,
01:31 qui demeurent notre source de financement la plus pérenne,
01:34 que nous pouvons nous installer définitivement
01:36 dans le paysage du visuel français.
01:38 À partir de 5 euros par mois,
01:40 vous pouvez vous garantir l'indépendance d'un Média
01:43 attaché au pluralisme et à la diversité
01:46 pour nous soutenir dans la durée.
01:48 Rendez-vous sur soutenez.lumedia.tv.fr.
01:51 On compte également sur vos likes, partages et commentaires
01:54 qui nous aident à surnager
01:56 dans la mer immense des plateformes et des algorithmes.
01:59 Nous sommes mercredi 1er février 2023.
02:02 Il est 18h43.
02:04 C'est parti pour Toujours debout.
02:06 (Générique)
02:09 ---
02:21 -Au sommaire de cette édition à programmes riches et variés,
02:24 en ce lendemain de la 2e journée de mobilisation nationale
02:27 contre le projet de réforme des retraites
02:29 qui cristallise toutes les colères populaires,
02:32 nous avons voulu revenir sur celles qui paupérisent nos concitoyens
02:35 et dégradent leur alimentation depuis au moins 2022.
02:38 L'année 2023 s'annonce plus terrifiante.
02:41 On en parle avec Clément Coulé,
02:43 Clément Coulé est auteur pour le média indépendant "Le vent se lève",
02:46 notamment d'un article très fouillé
02:48 intitulé "Inflation et alimentation au pays de la grande bouffe,
02:52 la grande paupérisation".
02:54 Il sera invité de la 2e partie de Toujours debout.
02:57 Mais avant ça, place au "Qui c'est qui a dit ?"
02:59 avec Théophile Cuamo et Thomas Dietrich
03:01 qui nous préparent une carte blanche
03:03 sur la suppression des régimes spéciaux.
03:05 (Générique)
03:08 ---
03:11 - Bonsoir, messieurs. - Salut, Nadia.
03:13 - On ne parlera pas de la France-Afrique ?
03:15 - Promis. Enfin, presque.
03:17 - Bon. Pas trop déçu ?
03:19 - Non, ça va. - Un peu quand même.
03:21 - Un peu quand même. - On en parlera bientôt.
03:23 - Voilà, les enquêtes se préparent.
03:26 Alors, on commence avec une 1re...
03:29 "Qui c'est qui a dit ?" Une 1re déclaration.
03:32 Vous devrez deviner, toujours, 4 propositions.
03:34 "Les syndicats défendent leurs intérêts propres,
03:37 "pas l'intérêt des Français."
03:38 Si vous avez la réponse, vous pouvez la donner maintenant.
03:41 Je fais quand même des propositions.
03:42 OK. Alors, Marine Le Pen, c'était ce matin sur France Info.
03:46 Aurore Berger, on la casse toujours, celle-là, sur BFM TV.
03:50 Elisabeth Borne, devant le Sénat.
03:52 Ou bien Olivier Véran, porte-parole du gouvernement,
03:54 hier soir, dans "Face à Baba", l'émission de Hanouna.
03:57 - Je crois que c'est Marine. - Ça ressemble à Marine Le Pen.
04:00 L'antisyndicalisme, c'est un peu la marque
04:02 de fabrique du Rassemblement national.
04:04 Bien joué. On écoute.
04:05 La violence avec laquelle M. Martinez a expliqué
04:09 qu'on jetterait les députés en dehors des manifestations,
04:14 c'est honteux, objectivement.
04:15 Et ça démontre qu'encore une fois,
04:17 ces syndicats défendent leurs intérêts propres,
04:18 et pas les intérêts des Français.
04:20 Parce que, vous voyez, quand on est opposé à la réforme des retraites,
04:22 eh bien, après tout, plus il y a de monde opposé
04:24 à la réforme des retraites, normalement, et plus on est content.
04:27 C'est un peu comme le référendum sur la Constitution européenne.
04:30 Il y a beaucoup de gens qui étaient très différents,
04:32 qui avaient des idées politiques très différentes,
04:34 qui ne combattaient pas dans le même camp politique
04:36 et qui se sont retrouvés à s'opposer à cette Constitution européenne.
04:40 Ça a permis au peuple de gagner,
04:42 enfin, même si après, il a été trahi.
04:44 Donc, c'est la même démarche pour la réforme des retraites.
04:46 Quand vous entendez, là, vous parler de Philippe Martinez,
04:48 mais quand vous entendez Laurent Berger dire,
04:49 il y a quelques jours, dans les colonnes du Monde,
04:51 "L'ORN se fiche des retraites, ce qu'il intéresse,
04:53 c'est de prendre le pouvoir et d'imposer ses idées sur la société."
04:56 Laurent Berger, c'est pas Philippe Martinez.
04:57 Vous les mettez tous les deux dans le même panier ?
04:59 Absolument, dans le même panier, oui. Absolument.
05:02 D'ailleurs, ils ont tous appelé à voter Macron au deuxième tour, non ?
05:04 Comment vous expliquez Marine Le Pen ?
05:05 Ils ont fait le choix du même candidat.
05:07 Ça leur fait déjà un énorme rapport en commun.
05:09 Alors, tu le rappelais, Théophile, effectivement, on le sait,
05:11 l'extrême droite est de toute façon historiquement opposée à la lutte
05:14 des classes et aux intérêts des travailleurs.
05:16 Mais là, on a quand même l'impression
05:18 que la gauche sort grandie du mouvement social
05:21 et prend le lit de l'opposition,
05:22 notamment lors des dernières, je vais y arriver,
05:26 législatives partiales, ce week-end.
05:28 Oui, alors, il faut quand même faire attention.
05:31 C'est-à-dire que le discours de Marine Le Pen,
05:33 qui consiste à dire, finalement,
05:35 il faudrait que les hommes de bonne volonté de droite et de gauche
05:38 se mettent ensemble contre Emmanuel Macron,
05:41 c'est un discours qui perce dans la société.
05:43 Et le fait qu'elle se victimise, ça lui apporte quand même...
05:48 Il y a un écho à ce qu'elle dit, parce qu'effectivement,
05:51 tout le monde n'est pas pénétré de l'histoire
05:53 des luttes sociales en France.
05:54 Tout le monde n'a pas forcément la profondeur de champ
05:57 pour analyser l'imposture économique
06:00 et qu'est le RN et le rôle de troll, en fait,
06:06 qu'il a dans, justement, la clarification
06:08 du champ politique entre le camp des travailleurs
06:10 et le camp des possédants.
06:12 Donc c'est quand même pas n'importe quoi ce qu'elle dit.
06:16 Alors, je comprends tout à fait le fait
06:18 que les syndicats ne veuillent pas du RN,
06:21 parce que les syndicats sont conscients
06:23 de l'histoire salariale,
06:25 mais je pense que les syndicats devraient être
06:27 encore plus conscients, et notamment la CFDT
06:30 devrait être encore plus consciente
06:32 du rôle historique qu'ils ont en ce moment
06:34 et ne pas défaillir.
06:35 C'est-à-dire qu'effectivement, on peut avoir
06:37 une sorte de posture de vigilance vis-à-vis
06:39 du Rassemblement national,
06:40 mais on doit aussi avoir une posture de clarté
06:43 et de vigueur face aux attaques du camp néolibéral
06:47 que représente Emmanuel Macron,
06:48 si on ne veut pas justement donner corps
06:51 à cette sorte d'équation du RN qui consiste
06:56 finalement à vouloir mettre
06:59 tous les anti-macronistes ensemble
07:01 et à considérer que celui qui n'est pas avec le RN
07:05 est finalement quelque part avec Macron,
07:06 parce que c'est ce qu'elle dit.
07:07 Ils ont tous appelé à voter pour Emmanuel Macron.
07:10 – Alors Marine Le Pen sous-entend également
07:12 qu'une seule alliance de toute l'opposition
07:13 pourrait faire tomber la réforme des retraites.
07:15 Est-ce que vous y croyez, Thomas ?
07:17 – Le problème, c'est que les voix de la gauche,
07:19 enfin, ce n'est pas le problème d'ailleurs,
07:21 les voix de la NUPES ne vont pas s'additionner
07:22 avec celles du RN.
07:24 On l'a vu dans la polémique qui a suivi
07:27 la question de la motion référendaire,
07:28 puisqu'il y a eu deux dépôts de motions référendaires,
07:30 une d'abord par la NUPES,
07:32 notamment par l'intermédiaire du Parti communiste,
07:34 et l'autre le lendemain par le RN.
07:37 Et alors la conférence des présidents,
07:38 normalement, au lieu de favoriser la motion
07:40 qui aurait été déposée en premier,
07:41 à savoir celle de la NUPES,
07:42 a fait une sorte de tirage au sort,
07:44 et c'est celle du RN qui est sortie.
07:47 Il est clair que la NUPES ne va pas s'abaisser
07:50 à joindre ses voix à celles du RN,
07:52 mais finalement, la position de Marine Le Pen
07:53 n'est pas surprenante.
07:55 Je pense que d'une part, il y a effectivement
07:56 un antisyndicalisme primaire
07:58 qui existe au RN depuis des années,
08:01 même avant la création du RN.
08:02 Il faut se souvenir que Jean-Marie Le Pen
08:04 avait été un député pougediste,
08:05 donc un député qui rejetait les corps intermédiaires
08:07 pour parler soi-disant directement au peuple,
08:09 mais certaines franges du peuple,
08:10 les petits commerçants, les petits artisans
08:12 sont souvent très à droite.
08:13 Et puis elle joue aussi sur le fait
08:14 qu'une grande partie de l'opinion
08:16 avait mis un peu de côté les syndicats
08:19 qui s'étaient décrédibilisés,
08:20 parce que, par exemple, pendant la crise
08:21 des Gilets jaunes, ils avaient été complètement absents,
08:23 ils n'avaient pas su capter
08:24 la colère populaire qui montait.
08:26 Alors là, effectivement, on voit
08:27 que l'intersadical arrive à mobiliser,
08:29 mais c'est en raison notamment
08:31 de l'opposition massive des Français
08:34 et à la quasi-totalité des actifs
08:36 que l'intersadical arrive à faire cette mobilisation.
08:40 Donc moi, je pense que, de toute façon,
08:41 Marine Le Pen, il n'y aura pas...
08:43 La motion référendaire ne passera pas.
08:46 Est-ce que le gouvernement va aller jusqu'au bout ?
08:48 En tout cas, il semble déterminé,
08:50 parce que c'est vraiment, on va dire,
08:52 l'épreuve du quinquennat pour Emmanuel Macron.
08:53 -D'ailleurs, au sujet de cette motion...
08:55 -Il faut quand même noter que le gouvernement
08:56 a réussi à neutraliser le champ politique
08:57 avec cette contradiction qui consiste
09:00 à ne pas justement mêler ses voix
09:02 aux voix du Rassemblement national.
09:04 Et en neutralisant l'opposition,
09:06 quelque part, il fait à moyen terme
09:08 le jeu du Rassemblement national,
09:10 et il donne à la posture de Marine Le Pen
09:12 qu'on vient d'entendre là une sorte de consistance.
09:15 Mais il sait ce qu'il fait, parce qu'à mon avis,
09:18 je pense que si on demande à Emmanuel Macron
09:20 qui il souhaite comme successeur
09:22 et qu'on lui montre quelqu'un de la nupèce pur sucre
09:25 et qu'on lui montre Marine Le Pen,
09:26 je pense qu'il choisira Marine Le Pen,
09:28 parce que quelque part, d'un point de vue dialectique,
09:31 l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite,
09:33 ce qu'elle fait, c'est qu'elle...
09:36 Elle donne une nouvelle virginité au centre,
09:38 comme on l'a vu, notamment aux Etats-Unis,
09:40 avec Biden, qui est venu après Trump.
09:42 Donc moi, je pense que dans ces milieux-là,
09:44 dans ces milieux néolibéraux de centre-gauche et de centre-droite,
09:48 ils se disent que, finalement,
09:50 une courte victoire du Rassemblement national en 2027,
09:54 leur donnera l'occasion de monter sur leurs grands chevaux
09:56 pendant 5 ans et de récupérer le pouvoir.
09:59 Et de récupérer le pouvoir pour un certain nombre d'années.
10:03 Il y a quelque chose comme ça aussi qui se joue, à mon avis.
10:05 -Oui, et la gauche n'est pas dupe,
10:06 puisque d'ailleurs, elle accuse le gouvernement
10:08 de choisir son opposition.
10:11 On poursuit avec le "qui sait qu'a dit".
10:12 Certains groupes qui a dit, certains groupes d'opposition
10:15 ne respectent pas le rôle et le travail du Parlement.
10:19 Nous sommes dans une volonté d'obstruction parlementaire.
10:22 Je cache mes notes.
10:23 Elisabeth Borne, sur BFM TV.
10:26 Olivier Véran, conférence de presse après le Conseil des ministres.
10:31 Aurore Vergé, sur BFM TV.
10:33 Un des 10 éditorialistes conviés au dîner jupitérien,
10:37 qui, visiblement, apprend bien ses leçons.
10:40 -On a vu que c'est soit Elisabeth Borne, soit Olivier Véran,
10:42 mais je dirais Olivier Véran.
10:43 -Aurore Vergé, pourquoi pas ?
10:45 -C'est Olivier Véran.
10:47 Un deuxième point pour Théophile. On écoute.
10:50 -Nous regrettons que certains groupes d'opposition
10:52 ne respectent pas eux-mêmes le rôle et le travail du Parlement,
10:56 car avec plus de 7 000 amendements,
10:58 10 fois plus que pour la réforme des retraites de 2010,
11:02 nous sommes clairement dans une volonté
11:04 d'obstruction parlementaire.
11:05 Alors, de quoi ces députés ont-ils peur ?
11:07 Est-ce qu'ils ont peur que du débat sur le fond
11:09 émerge des consensus ?
11:12 Que ce débat vienne éclairer les Français,
11:13 lever des malentendus, parfois tordre le cou
11:16 à certaines contre-vérités colportées par des extrêmes ?
11:20 Ont-ils peur de devoir se prononcer pour ou contre, par exemple,
11:23 le congé de réorientation professionnelle
11:25 qui permettra à des salariés qui travaillent dans une profession
11:28 avec de la pénibilité au bout d'un certain nombre d'années
11:31 de continuer à toucher leur salaire pendant un an,
11:33 pendant qu'ils peuvent suivre une formation professionnelle
11:36 pour changer de métier,
11:37 et cette formation étant elle-même payée ?
11:40 Ou ont-ils peur de voter les 3 milliards d'euros annuels
11:43 en faveur des travailleurs en situation d'invalidité,
11:45 de handicap, qui pourront toujours partir plus tôt à la retraite,
11:49 à moins qu'ils se trouvent en fâcheuse position
11:51 au moment de défendre ce qu'ils appellent leur contre-projet,
11:55 un contre-projet irresponsable, chimérique,
11:58 et qui voudrait faire croire qu'il serait possible
12:00 de partir à la retraite dès 60 ans,
12:03 sans autre solution de financement
12:05 que l'explosion des impôts et de la dette ?
12:08 On a un Olivier Véran plutôt vindicatif.
12:12 -Alors, quand j'entends un membre de la Macronie
12:15 parler de consensus,
12:17 moi, j'ai envie de crier, de hurler...
12:20 -Vous avez envie de rire ? -Non, pas du tout,
12:22 parce qu'ils ne gouvernent pas 49-3.
12:24 Maintenant, ils veulent nous faire découvrir le 47-1.
12:27 Ils ne peuvent pas, ils sont disqualifiés
12:29 pour parler de recherche de consensus.
12:30 Jamais ils n'ont recherché le consensus.
12:33 Ils essayent en général d'habiller leur passage en force,
12:37 de trouver des relais au sein des oppositions
12:39 qui partageraient leur point de vue,
12:41 et ils ne peuvent pas évoquer la recherche de consensus.
12:44 Il n'en a jamais été question.
12:46 D'ailleurs, ils ne font que rajouter des éléments
12:50 dans leur liste de ce qui n'est pas négociable.
12:51 Maintenant, c'est la retraite à 64 ans, ce n'est pas négociable,
12:54 et telle chose n'est pas négociable.
12:56 Alors, il n'y a rien de négociable,
12:57 mais ils parlent de consensus.
12:59 Et puis, surtout, le fait qu'ils utilisent le 49-3
13:04 pour éteindre toute discussion
13:06 et pour écraser les amendements qui ont déjà été votés,
13:10 je parle d'autres discussions sur d'autres projets
13:13 et propositions de loi,
13:14 montre qu'en réalité, ils sont contre le consensus,
13:16 parce que qu'est-ce qu'il y a de plus consensuel
13:19 qu'un amendement de l'opposition
13:21 qui finit par trouver une base de légitimation majoritaire
13:26 lors des discussions ? Rien.
13:27 Mais la Macronie s'en moque,
13:29 puisque sur plusieurs discussions précédentes,
13:32 elle a écrasé tout ce consensus
13:35 pour imposer sa volonté avec l'arme du 49-3.
13:39 Donc, il faudrait arrêter, à un moment donné,
13:42 non seulement d'insulter les Français,
13:44 mais d'insulter le français, la langue française.
13:46 Le mot "consensus", ce n'est pas possible
13:49 qu'il soit prononcé par Olivier Véran.
13:52 -Thomas, Olivier Véran qui parle quand même
13:54 d'une volonté d'obstruction parlementaire.
13:56 -C'est quand même assez extraordinaire.
13:58 C'est-à-dire qu'Elisabeth Borne a utilisé combien de fois ?
14:00 10 fois le 49-3 sur le projet de loi de finances,
14:03 sur le projet de loi de financement
14:04 de la Sécurité sociale.
14:05 Effectivement, au passage, on a éliminé
14:07 tous ces amendements qui avaient pu être votés
14:09 contre l'avis du gouvernement,
14:10 notamment les amendements sur les superprofits
14:12 qui étaient passés contre l'avis du gouvernement.
14:14 Et puis, on a eu un texte
14:16 qui a été dessiné par le gouvernement.
14:18 Et je trouve ça un peu fort de café
14:20 de venir parler de consensus.
14:21 Alors, la France insoumise fait...
14:24 Et la NUPS font leur travail.
14:26 Alors, ils déposent plein d'amendements,
14:28 mais pour la plupart qui sont justifiés.
14:31 Peut-être que ça arrangerait la Macronie
14:32 que tous les groupes politiques d'opposition
14:33 se comportent comme le Rassemblement national,
14:35 qui a quand même 89 députés à l'Assemblée nationale,
14:37 ou 88, maintenant,
14:39 et qui a déposé moins d'un amendement par...
14:42 -Ils ont déposé moins d'amendements
14:44 que La République en marche.
14:45 -Que La République en marche.
14:47 Et je crois que ça fait 2, 3 amendements par député.
14:48 -Ils sont moins en désaccord avec La République en marche
14:50 que La République en marche. -Que La République en marche
14:51 elle-même. Donc, ça montre bien
14:54 le peu d'appétence pour l'opposition
14:56 qu'a le Rassemblement national sur cette réforme.
14:59 Alors que quand même, ils ont été élus
15:00 dans des milieux plutôt populaires,
15:03 par des classes populaires,
15:05 notamment cette diagonale-là qui parle du Nord,
15:07 qui va jusqu'à Norest, qui passe par des territoires ruraux
15:09 très, très déshérités.
15:10 Et on voit que, depuis qu'ils sont arrivés
15:13 à l'Assemblée nationale en force,
15:14 ils n'ont fait que voter des lois antisociales
15:17 contre l'augmentation du SMIC, contre les super-profits,
15:20 et puis, aujourd'hui, en déposant 2, 3 amendements
15:22 pour la forme sur la réforme des retraites.
15:24 Mais je pense que ça ne trompera personne.
15:27 -Une dernière... Un dernier "Qui sait qu'a dit",
15:29 une dernière question.
15:30 "Le gouvernement ne cesse de bordéliser le pays.
15:34 "Pas de moyens pour nos pompiers, nos hôpitaux,
15:36 "nos écoles et nos boulangers."
15:38 Quatre propositions, comme toujours.
15:40 François Ruffin, hier, lors des questions au gouvernement.
15:43 Philippe Martinez, lors de la manifestation d'hier.
15:45 Daniel Simonnet, sur BFM TV,
15:48 qui répondait à une petite phrase de Darmanin,
15:51 qui accusait la LFI de bordéliser le pays.
15:54 Et Laurent Berger, qui se radicalise
15:56 au contact de la large intersyndicale.
15:59 -Je dirais Daniel Simonnet. -Ouais, la même chose.
16:02 -Vous avez raison. -Au risque d'être un mouton.
16:04 -On l'écoute.
16:05 -Le gouvernement ne cesse de bordéliser le pays.
16:09 J'accuse Macron de bordéliser le pays.
16:11 Quand vous avez les pompiers qui n'ont même pas de matériel
16:14 suffisant pour pouvoir éteindre les incendies cet été,
16:16 quand vous avez l'hôpital qui s'effondre à un point,
16:19 qu'on meurt dans les urgences,
16:20 quand, dans l'école publique de la République,
16:23 on n'arrive plus à recruter des enseignants,
16:24 quand vous avez vos boulangers
16:26 qui sont en train de risquer de fermer les uns après les autres
16:29 à cause de l'incapacité de votre gouvernement
16:31 à bloquer les prix de l'énergie,
16:33 on voit bien l'état de bordélisation du pays.
16:35 Je vais vous dire une chose.
16:36 Sur cette bataille des retraites,
16:39 vous êtes en train de changer de registre.
16:41 Vous ne voulez plus être dans le débat de fond sur les arguments
16:44 parce que vous savez qu'à chaque fois
16:45 que vous avancez les arguments de fond,
16:47 finalement, la seule chose que vous arrivez à convaincre
16:49 et à augmenter dans le pays, c'est le rejet de cette réforme.
16:52 Et le soutien aux grèves,
16:54 et y compris au blocage du pays, pour gagner.
16:58 -3 points pour Théophile, 1 pour Thomas.
17:00 Est-ce que vous partagez...
17:02 -Le point de dégagement, surtout.
17:04 -Je ne suis pas inspirée.
17:06 Est-ce qu'on peut bien me dire dans l'oreillette
17:08 ce qu'ils peuvent bien gagner ?
17:10 -Du café servi sur le bureau.
17:11 -A qui d'un pingouillet ? Voilà, ce qu'on balance.
17:14 Il y en a toujours dans la rédac.
17:16 Il n'y a pas de placement de produits.
17:18 Je vous le dis tout de suite.
17:20 Est-ce que vous partagez l'analyse de la députée Danielle Simonnet
17:22 qui dit, quand elle dit que le gouvernement
17:25 change de stratégie pour ne plus parler du fond de la réforme ?
17:28 -Oui, je pense qu'en fait, ils veulent construire
17:30 une sorte d'arc de la déraison
17:34 et couper la France en deux
17:38 en utilisant un prétexte
17:41 ou bien un argument qui est finalement au-delà
17:44 de la question de la réforme des retraites.
17:46 Parce que là, ils utilisent l'argument des révolutionnaires,
17:50 des casseurs, des désordonnés qui veulent tout bordéliser.
17:53 Ils ont également utilisé l'argument des gens
17:55 qui ne veulent pas bosser, des paresseux
17:57 de la France insoumise et de la nupèce.
17:59 Ils tournent souvent autour des clichés
18:02 qu'on a colle à la gauche, aux jeunes, aux gauchistes, etc.
18:08 Donc le désordre, la paresse, etc.
18:10 On voit bien que le rêve, c'est de ressusciter le clivage
18:15 qui avait été théorisé par Nicolas Sarkozy
18:18 sur la France qui se lève tôt,
18:20 et puis les racailles, contre les racailles, etc.
18:24 Bref, il y a ce genre de petites choses,
18:27 mais ça ne fonctionne pas, ça ne prend pas,
18:29 ça n'a pas de prise dans la réalité,
18:31 parce que selon les sondages, une majorité de Français,
18:34 certes, faible majorité de Français,
18:36 je crois que 51 % de Français considèrent
18:38 qu'il vaut mieux bloquer le pays
18:40 que d'accepter la réforme des retraites.
18:42 Ca veut dire que l'argument des personnes raisonnables
18:46 face à une horde de barbares révolutionnaires,
18:49 ça ne marchera pas cette fois-ci,
18:51 parce qu'il y a quelque chose d'intime qui a été touché,
18:54 c'est-à-dire la fin de vie,
18:57 c'est-à-dire les jours heureux qu'on pourrait avoir
19:00 après la retraite, c'est quelque chose qui parle,
19:03 finalement, à une partie de leur base sociologique,
19:07 même une partie des cadres,
19:09 même une partie des employés d'un certain âge.
19:12 Et je pense que plus le temps passe,
19:14 plus les seniors qui, finalement,
19:17 sont les seuls à valoriser cette réforme de retraite
19:21 vont se sentir mal quand la discussion va naître
19:24 dans le pays, dans les familles,
19:27 et que tous ces témoignages de ces Français et ces Français
19:30 de 55 ans, 60 ans,
19:32 qui vont au travail ayant des douleurs,
19:34 tous ces témoignages vont résonner dans la société.
19:37 Et donc, essayer de mettre fin au débat
19:42 en recourant à des clichés,
19:44 je ne suis pas sûr que ce soit du meilleur effet
19:46 en termes de communication politique.
19:49 – Je me demande s'il n'y a pas eu aussi un effet,
19:51 au-delà de tous les arguments que tu as avancés,
19:52 qui sont très justes, par rapport,
19:54 qui s'est suivi de la crise du Covid.
19:56 C'est-à-dire pendant très longtemps,
19:57 on a dit aux Français, bon, vous savez,
19:59 on va devoir faire des efforts,
20:01 on va devoir recourir à l'austérité,
20:02 vous savez, vous avez l'Europe avec le déficit limité à 3 %, machin.
20:06 Et puis, il y a eu la crise du Covid,
20:08 et tout d'un coup, l'argent magique qu'on vilipendait,
20:11 dont on se disait que ça n'existe pas,
20:13 il a été mis sur la table,
20:15 c'est-à-dire on a sorti la planche à billets,
20:16 on a soutenu d'ailleurs les entreprises à juste titre.
20:18 Et maintenant, on demande,
20:20 parce que dans 10 ans, il y aurait un déficit hypothétique
20:23 du régime de retraite,
20:24 on demande aux Français de faire un effort,
20:25 mais ça ne marche plus.
20:26 Ils disent, ben écoutez, déjà l'argent,
20:28 on pourrait le chercher ailleurs,
20:29 on pourrait le chercher en luttant contre l'évasion fiscale,
20:31 en rétablissant l'ISF,
20:33 et puis on a vu que l'État était capable de faire des efforts
20:37 en s'affranchissant des règles, y compris des synchro-synthes
20:39 règles d'or européennes qu'on avait érigées
20:42 en une sorte de totem de vaux d'or pendant des années.
20:44 Et je pense que ça doit jouer aussi dans l'esprit des gens,
20:47 en disant, ben oui, vous avez aidé les entreprises,
20:48 vous avez prêté 8 milliards à Air France,
20:51 vous avez allongé des milliards sur la table,
20:53 maintenant, vous demandez de travailler jusqu'à 64 ans
20:56 pour payer une toute petite partie des pots cassés.
20:59 Non, ça ne marche plus comme ça.
21:00 Et je pense qu'aussi ce contexte de la hausse des prix,
21:03 dont on va parler tout à l'heure avec notre invité,
21:05 vient attiser en fait ces colères populaires.
21:08 Donc cette réforme des retraites ne passe pas encore moins
21:10 dans ce contexte de guerre en Ukraine
21:12 et d'inflation galopante.
21:14 Merci beaucoup, Thomas et Théophile,
21:17 pour toutes ces brillantes analyses.
21:19 Alors, Théophile, je te libère,
21:20 mais toi, Thomas, je te garde encore un petit peu
21:23 pour la carte blanche, voilà, parce que c'est l'heure de la carte blanche.
21:26 - Je vais m'enlever mon Kinder Pingui rudement gagné ici
21:28 lors de ce qui s'est cadu.
21:30 - Merci, Théophile. À très vite.
21:32 - Alors, Thomas, toi, tu as souhaité nous parler
21:41 de ces régimes spéciaux que la Macronie espère éradiquer
21:45 avec la réforme des retraites.
21:46 - Alors, tu sais que la France va mal, va très mal,
21:48 mais heureusement, notre bien-aimé président
21:50 va remettre de l'ordre.
21:51 Il va mettre les Français, les Gaulois réfractaires,
21:54 les feignants qui n'aiment pas la valeur au travail,
21:56 et les faire bosser jusqu'à 64 ans.
21:57 Alors, au passage, c'est pas si grave si 25 % des plus pauvres
22:00 sont morts à cet âge-là, et puis ceux qui arrivent
22:03 encore à suivre jusqu'à 64 ans,
22:04 ben, ils sont pas toujours en bon état.
22:06 On sait que, par exemple, l'espérance de vie en bonne santé
22:08 est, justement, à 64 ans pour les hommes,
22:10 mais c'est pas grave pour Emmanuel Macron.
22:12 Il va mener sa grande oeuvre du quinquennat,
22:14 juste avant de recevoir le prix Nobel de la paix,
22:16 parce que je pense qu'il a prévu pour la fin de son quinquennat,
22:19 et il va mettre tout le monde au travail,
22:21 faire entrer de l'argent dans les caisses,
22:22 et surtout, surtout, il va supprimer les régimes spéciaux
22:25 qui, quand même, ont été le cauchemar de la droite
22:27 pendant des décennies.
22:28 On regarde un petit extrait de l'annonce d'Elisabeth Borne
22:31 sur la suppression de ces régimes spéciaux.
22:34 -Un système juste, c'est tenir compte, enfin,
22:37 de l'évolution des professions et faire en sorte
22:40 que le même métier donne la même retraite.
22:44 Aussi, nous allons fermer la plupart des régimes spéciaux
22:47 de retraite existants.
22:49 Olivier Dussopt y reviendra.
22:52 C'est une question d'équité.
22:54 Cette mesure ne s'appliquera qu'aux nouveaux embauchés
22:57 qui seront désormais affiliés au régime général de retraite.
23:01 -Tu notes, Nadia, le ton toujours enjoué d'Elisabeth Borne
23:04 quand elle annonce des trucs.
23:05 Vraiment, c'est un enthousiasme communicatif.
23:08 On a vraiment envie de danser sur les tables
23:09 et de faire tourner les serviettes.
23:10 Bon, bref, en gros, c'est terminer les régimes spéciaux de retraite
23:14 qui permettent aujourd'hui à certains salariés de la RATP,
23:16 de la Banque de France, des clercs, de notaires,
23:17 de partir plus tôt en retraite.
23:19 Tout ça, c'est terminé.
23:21 On va même supprimer le régime spécial
23:23 du Conseil économique et social.
23:25 Alors moi, je me suis souvenu que ça existait
23:26 au moment où je lisais l'article.
23:28 C'est quand même une assemblée, une sorte de troisième assemblée
23:30 qui permet de recaser les copains des politiques,
23:32 le tout payer aux frais du comptabilable.
23:34 Donc tout ça, c'est fini.
23:36 Et maintenant, Macron va rétablir l'équité pour tout le monde.
23:38 C'est vraiment beau et merveilleux.
23:40 -C'est fini, c'est fini.
23:41 Il y a quand même des régimes spéciaux qui vont perdurer,
23:45 pas n'importe lesquels.
23:46 -Bon, il y a déjà...
23:47 Or, les régimes spéciaux, il y a ce qu'on appelle
23:48 les catégories actives.
23:50 C'est des catégories de fonctionnaires
23:51 qui peuvent partir plus tôt en retraite
23:53 en raison de la difficulté ou du danger
23:56 que représente leur travail.
23:57 On a notamment les militaires ou les policiers
23:59 qui peuvent partir en retraite dès l'âge de 52 ans.
24:03 Et on veut allonger pour ces catégories actives
24:05 de 2 ans, l'âge de départ à la retraite.
24:07 Et c'est pour ça que les policiers descendent dans la rue.
24:09 C'est vrai que c'est usant du matraqué du manifestant.
24:12 Mais concernant les régimes spéciaux,
24:13 il va en rester 4 ou 5.
24:15 Alors, il y a celui des marins-pêcheurs.
24:18 Ca se comprend. C'est vrai que les gens...
24:19 C'est un travail très difficile.
24:20 Et puis, les gens risquent leur vie en mer.
24:22 Ils pourront toujours partir à 50 ans.
24:24 Mais il y a quand même des trucs un peu plus surprenants.
24:26 On va maintenir le régime spécial de la comédie française,
24:29 institution quasiment d'ancien régime,
24:30 et de l'opéra de Paris.
24:31 Alors, ce qui est drôle, c'est qu'on aligne
24:33 sur le régime général tous les opéras de province.
24:35 Mais, visiblement, à Paris, on va garder un régime spécial.
24:38 C'est peut-être un microclimat, ou alors, Emmanuel Macron,
24:40 la prochaine fois qu'il ira à l'opéra,
24:41 il n'a pas envie de se prendre des tomates.
24:44 Mais surtout, il y a un régime...
24:46 Enfin, deux régimes un peu particuliers
24:47 qui vont être préservés.
24:48 Et c'est assez étonnant.
24:50 -Alors, et celui qui en parle le mieux,
24:52 c'est sans doute le député centriste Charles de Courson,
24:56 qui en est à son cinquième mandat.
24:58 -Plusieurs questions à poser à madame le rapporteur.
25:01 Expliquez-nous pourquoi vous supprimez,
25:05 vous mettez en extinction, pour être précis,
25:08 5 régimes et pas les 9 autres.
25:10 Il y en a 14.
25:11 Et pourquoi, en particulier,
25:13 vous mettez en extinction le régime des élus du CESE,
25:17 enfin, des membres du CESE, pour être précis,
25:20 mais pas celui de l'Assemblée nationale et du Sénat,
25:24 des députés et des sénateurs ?
25:26 Moi, à titre personnel,
25:28 j'ai toujours déprimé la mise en extinction
25:31 de tous les régimes spéciaux,
25:33 mais pas de 4 ou 5 d'entre eux.
25:35 -Pour répondre à monsieur de Courson,
25:37 il s'agit bien de la nécessité
25:42 de mettre dans la loi organique les régimes des parlementaires.
25:46 C'est une ordonnance de 1958,
25:48 et c'est pour ça que les amendements déposés
25:51 ont été irrecevables.
25:52 -Madame la rapporteure nous dit
25:54 que ceci relève de la loi organique.
25:57 Je suis en train de le vérifier, car je n'en suis pas sûr
26:00 que son argument est solide.
26:02 Mais on pourrait parfaitement demander au Bureau,
26:05 puisque c'est les bureaux qui gèrent
26:07 le régime spécial du Sénat et le régime spécial de l'Assemblée,
26:11 de voter un texte de principe
26:14 en demandant qu'à compter de la prochaine législature,
26:18 ce sont les règles du régime général
26:20 qui s'appliquent à ce régime spécial.
26:23 Ca, ça me paraîtrait tout à fait bien.
26:27 Parce qu'on ne peut pas demander, mes chers collègues,
26:30 des efforts aux autres sans donner l'exemple soi-même.
26:34 -Donc, voilà des députés macronistes
26:36 qui vont sabrer les méchants et injustes régimes spéciaux,
26:38 mais qui vont conserver leur propre régime de retraite,
26:41 parce qu'effectivement, à l'Assemblée et encore plus au Sénat,
26:43 les parlementaires disposent d'un régime dérogatoire
26:45 qui est quand même assez favorable.
26:46 Les sénateurs, par exemple, qui disposent
26:48 d'une caisse autonome depuis 1905,
26:50 il leur suffit de faire un seul mandat de 6 ans
26:53 pour avoir une pension de retraite de 2 200 euros net.
26:56 Alors, quand la retraite moyenne des Français,
26:59 qui vont devoir trimer 43 annuités,
27:01 arrive péniblement en moyenne à 1 400 euros net,
27:03 les sénateurs, eux, ont 3 800 euros net.
27:06 Donc, vraiment, les parlementaires,
27:07 c'est "faites ce que je dis et ne faites surtout pas ce que je fais".
27:10 Il y avait un romancier un peu oublié
27:12 qui s'appelle Maurice Sarks, qui a été assassiné par la SS
27:14 pendant la Seconde Guerre mondiale, qui disait
27:15 qu'il n'est de bons moralistes que ceux qui ne s'occupent
27:17 exclusivement que de la morale d'autrui
27:19 et qui ne se préoccupent pas du tout d'eux-mêmes.
27:21 Et donc, effectivement, les députés vont conserver
27:24 leurs propres privilèges et les sénateurs vont faire d'eux-mêmes.
27:27 Et alors, il faut quand même parler d'un régime spécial
27:29 dont on ne parle pas souvent.
27:31 Ce n'est pas vraiment un régime spécial dans les textes,
27:34 mais c'est un régime spécial qui est très symbolique,
27:36 puisqu'il concerne deux personnes,
27:38 à savoir un capitaine de pédalo
27:40 et un repris de justice.
27:41 Je crois qu'on peut regarder un petit magnéto.
27:42 François Hollande quittera l'Elysée.
27:45 Il aura pour vivre, d'une part,
27:50 le traitement qui est accordé
27:52 aux anciens présidents de la République,
27:55 c'est-à-dire 5 000 euros,
28:01 5 200 euros net par mois,
28:04 s'ajouteront à cette somme,
28:06 je dirais, les retraites que François Hollande
28:10 a pu avoir durant sa carrière professionnelle,
28:14 en particulier comme magistrat de la Cour des comptes,
28:19 en gros, il aura 3 500 euros.
28:22 Comme parlementaire, il aura 6 200 euros
28:27 comme ancien parlementaire.
28:29 Et puis, comme élu local,
28:31 là, il aura 235 euros par mois.
28:35 C'est beaucoup plus faible.
28:37 Et donc, il peut additionner tout ça.
28:40 Et donc, en additionnant l'ensemble
28:42 des retraites auxquelles il a droit,
28:46 il aura, en gros, 15 100 euros nets par mois.
28:52 Un peu plus de 15 000 euros,
28:53 c'est enfin un pognon de dingue pour un retraité.
28:55 Ah oui, la fin de l'abondance dont parlait Macron,
28:57 ce n'est pas pour lui, visiblement.
28:58 Et tout ça, pour parler des anciens présidents,
29:00 bon, il y en a deux à être encore en vie,
29:02 Nicolas Sarkozy et François Hollande,
29:04 c'est sans compter les avantages à nature,
29:06 parce qu'il faut quand même en parler.
29:08 Les anciens présidents ont droit à 7 collaborateurs permanents
29:10 pour assurer leur secrétariat,
29:11 donc payés par le contribuable,
29:13 et 2 agents de service pendant les 5 ans
29:15 qui suivent la fin de leur mandat.
29:17 Après, ça baisse un peu.
29:18 Ils disposent aussi d'un logement de fonction meublé et équipé,
29:22 et aussi de frais de représentation et de déplacement,
29:25 avec notamment une voiture avec chauffeur.
29:26 Donc, la bonne nouvelle, c'est quand Nicolas Sarkozy
29:28 va au tribunal, il y va assez souvent,
29:29 c'est dans une voiture avec chauffeur payé par vos impôts,
29:32 et c'est avec du carburant payé par vos impôts.
29:35 Et comme si ça ne suffisait pas, Emmanuel Macron,
29:37 qui est quand même le grand redresseur de tort
29:38 et qui n'hésite pas à demander des efforts aux Français,
29:41 a signé un décret en 2019 offrant une voiture et un chauffeur à vie
29:44 aux anciens premiers ministres,
29:46 ce qui a été une bonne aubaine pour François Fillon,
29:47 qui lui aussi, ancien premier ministre,
29:49 a pu se rendre au tribunal dans l'affaire
29:51 de l'emploi fictif de sa femme en voiture de fonction,
29:53 avec au frais du contribuable.
29:54 Et puis, il pouvait même se rendre à des rendez-vous très importants,
29:56 puisque jusqu'en 2022,
29:59 jusqu'au déclenchement de la guerre en Ukraine,
30:01 ce cher François Fillon siégeait au conseil d'administration
30:05 de deux sociétés russes spécialisées dans l'énergie.
30:07 Donc, en gros, il trahissait notre pays,
30:09 mais il trahissait avec notre argent.
30:11 - Alors, donc, les présidents bénéficient d'un droit
30:14 qui leur rapporte gros, puisqu'ils peuvent être rémunérés
30:17 pour siéger au conseil constitutionnel
30:19 après la fin de leur mandat.
30:20 - Alors, c'est super, quand tu finis d'être président,
30:21 tu peux aller roupiller au conseil constitutionnel.
30:23 Et c'est quand même relativement bien payé pour faire la sieste,
30:25 puisque on gagne 13 000 euros par mois.
30:28 Alors, François Hollande avait annoncé,
30:30 et puis c'était toute sa somme d'honneur,
30:32 qu'il ne siégerait pas au conseil constitutionnel.
30:34 Nicolas Sarkozy, juste après la fin de son mandat,
30:36 il avait siégé pendant un an.
30:38 Il avait arrêté quand le conseil constitutionnel
30:40 avait refusé son recours,
30:41 puisque ses comptes de campagne avaient été invalidés en 2012
30:44 à cause de l'affaire Big Malion.
30:46 C'est vraiment dommage, parce que Nicolas Sarkozy,
30:48 il a quand même une sacrée expertise
30:49 en matière de campagne électorale.
30:51 Lui, qui quand même a fait sans doute financer
30:53 sa campagne de 2007 par le Guide libyen,
30:55 qui, en 2012, a vu des prestations subfacturées.
31:00 C'est dommage de s'être passé quand même d'une telle expertise.
31:03 Mais ça montre bien à quel point les anciens présidents
31:05 de la République disposent d'un régime dérogatoire
31:07 avec de multiples faveurs,
31:08 et puis même une certaine protection pénale.
31:11 Bref, heureusement, quand même, Emmanuel Macron a annoncé,
31:14 c'était, on se souvient, en pleine période de blocage à Noël,
31:18 quand il fallait demander aux chevinots de ne pas faire grève.
31:20 Lui, il a dit que non, il refuserait de toucher
31:23 sa retraite d'ancien chef d'État,
31:25 une fois qu'il ne serait plus en fonction.
31:26 C'est vrai qu'il est beaucoup à plaindre,
31:28 parce qu'il n'a quand même pas beaucoup gagné chez Rothschild,
31:31 et puis c'est sans compter les petits à côté.
31:33 C'est vrai que peut-être que pénal lui a rapporté
31:36 assez de malettes, en tout cas.
31:37 Emmanuel Macron a quand même fait des efforts,
31:39 et il se sent en droit aujourd'hui d'en demander
31:41 à la majorité des Français,
31:42 même si je pense qu'il ne gagne pas le même salaire.
31:45 - Exactement. Alors merci, Thomas, pour cette carte blanche.
31:48 Alors l'écrasante majorité des Français
31:50 concernés par la réforme des retraites vont apprécier.
31:54 - Ah oui, je pense qu'effectivement,
31:55 la personne qui va trimer pour soi-disant ce qu'on présente
31:58 comme une avancée et gagner 1 200 euros de retraite
32:01 pourra apprécier les avantages que continuent à s'accorder
32:05 les députés, les sénateurs, les ministres,
32:07 et puis les anciens présidents.
32:09 - La monarchie, quoi. - La monarchie.
32:11 - Dans quelques instants, merci encore, Thomas,
32:13 je recevrai Clément Coulé, collaborateur du site
32:16 "Le vent se lève". Il est l'auteur d'un papier passionnant
32:18 sur l'inflation des produits alimentaires,
32:20 qui alimente également les colères populaires
32:22 qui s'expriment dans les cortèges des manifestations
32:24 anti-réforme des retraites,
32:26 mais avant ça, place un petit moment autopromo
32:28 pour vous convaincre de passer le cap et de soutenir le média.
32:31 - Coucou, mes petits amours.
32:33 Alors, comme ça, on veut mettre la hagra à Bolloré ?
32:35 (Musique électro)
32:37 ---
32:57 (Bip)
32:59 ---
33:25 (Bip)
33:26 ---
33:28 - Contrairement à ce qu'anticipaient
33:31 les stratèges de la Macronie,
33:33 les Français sont mobilisés, vent debout,
33:35 contre une réforme des retraites, dont ils ont compris
33:38 qu'elle enlèvera du pain de la bouche,
33:40 comme celle de l'assurance chômage ou les autres.
33:43 Il faut dire que le contexte général a de quoi alimenter
33:46 les colères populaires, en particulier l'inflation,
33:49 qui était déjà importante en 2022
33:51 et qui devient littéralement terrifiante en 2023.
33:54 En ce lendemain de journée d'action,
33:56 nous avons voulu revenir sur cette thématique
33:58 avec Clément Coulet.
33:59 Clément Coulet est auteur, pour le média indépendant
34:02 "Le vent se lève", notamment d'un article très fouillé
34:04 intitulé "Inflation et alimentation,
34:06 au pays de la bouffe, la grande paupérisation".
34:09 Un article que nous vous invitons à lire.
34:11 C'est l'entretien d'actu.
34:12 (Générique)
34:17 - Bonsoir, Clément Coulet. - Bonsoir.
34:20 - Alors, dans votre article, vous attirez notre attention
34:24 sur ce qu'on pourrait appeler une inflation différentielle,
34:26 voire même discriminatoire.
34:28 En effet, selon les chiffres de l'INSEE,
34:30 si la hausse des prix à la consommation a été de 5,2 % en 2022,
34:34 elle est montée à 12,1 % pour ce qui concerne les produits alimentaires,
34:39 sauf que ce chiffre atténue une situation plus violente,
34:43 puisqu'elle invisibilise le fait que, pour les plus modestes,
34:46 cette inflation est encore plus élevée.
34:49 C'est ce que vous écrivez, ce que vous pouvez nous expliquer.
34:52 - Exactement. Donc, en fait, quand on regarde les chiffres,
34:54 les 12 % d'inflation, c'est pour toute l'alimentation.
34:58 Or, selon les catégories de la population,
35:00 on n'achète pas les mêmes aliments.
35:02 Et cette inflation est beaucoup plus élevée
35:04 sur les produits premier prix ou sur les marques distributeurs.
35:07 Les marques distributeurs, c'est les marques qui sont créées
35:09 par les grandes surfaces, par la grande distribution,
35:11 là où elle est plus faible, l'inflation, sur les marques nationales.
35:14 Donc, les marques nationales, ça va être Erta, Moura,
35:16 les grandes marques qui font de la pub, etc.
35:19 Pourquoi elle est plus forte, l'inflation,
35:21 sur ces marques distributeurs et sur ces produits premier prix ?
35:23 C'est parce qu'en fait, le coût matières premières,
35:25 il est proportionnellement plus élevé.
35:27 En fait, il faut bien voir que dans les marques premier prix,
35:31 en fait, il n'y a pas de marge de manœuvre très forte
35:35 pour se rattraper de la hausse des coûts des matières premières.
35:39 Parce qu'en fait, là où les marques nationales,
35:41 elles peuvent, par exemple, diminuer leurs coûts
35:44 en termes de marketing, en termes de packaging,
35:47 elles peuvent aussi réduire leurs marges,
35:48 qui sont d'un moment plus conséquents sur ces produits,
35:50 là, sur les marques premier prix, en fait, tout a été déjà fait.
35:53 On a déjà rogné la publicité, on a déjà rogné le marketing,
35:56 on a rogné au plus possible les marges.
35:58 Donc, en fait, quand le coût de la matière première augmente,
36:00 le coût du produit final augmente aussi.
36:03 -Vous parlez même de double peine
36:05 pour ces consommateurs les plus modestes.
36:08 Alors, nous nous installons dans une sorte d'économie de crise,
36:11 de crise inflationniste,
36:13 et votre article décrit les ruses et les stratégies
36:17 des groupes de grande distribution pour continuer à gagner
36:20 beaucoup d'argent dans ce contexte.
36:22 On va évoquer ensemble certaines de ces stratégies,
36:24 si tu le veux bien.
36:25 On commence par la shrinkflation, c'est ça ?
36:29 Ou réduflaction.
36:30 On regarde d'abord un petit magnéto.
36:32 -Regardez bien ce paquet de Doritos.
36:34 Et si je vous disais qu'il contient 5 chips de moins qu'il y a 2 ans ?
36:38 Et que pourtant, vous le payez toujours le même prix
36:40 sans l'avoir remarqué.
36:41 Salveta, Sucre Saint-Louis, Grenadine Tesserre, Kiri,
36:45 tous ces produits ont diminué leur quantité ces 3 dernières années,
36:48 et pourtant, leur prix, lui, n'a pas bougé.
36:50 Ce phénomène, il existe, et il a un nom, la shrinkflation.
36:53 Ou en français, si vous préférez, la réduflation.
36:57 -Oui, s'il marque bien connu des consommateurs
36:59 comme le fromage Kiri, le beurre Saint-Hubert
37:01 ou le sucre Saint-Louis, ainsi, la portion de Kiri
37:03 a été réduite en toute discrétion de 20 à 18 grammes.
37:06 Le prix de la boîte est resté le même, mais rapporté au kilo,
37:09 il augmente finalement de 11 %,
37:11 pareil pour les chocolats pyrénéens au lait de Lindt, par exemple.
37:14 La boîte est passée de 30 à 24 bouchées,
37:16 mais voilà, le prix au kilo a bondi de 30 %
37:19 en à peine 2 ans, et c'est encore plus marquant
37:21 sur le sirop de grenadine Tesser.
37:23 15 cl se sont évaporés, pourtant le prix au litre a pris 37 %
37:27 en un peu plus de 2 ans.
37:29 -Alors, est-ce que cette réduit, cette rediflation
37:32 est justifiée d'un point de vue économique
37:34 par des hausses des prix des matières premières ?
37:37 Et est-ce qu'elle est légale ?
37:38 -Elle est légale, elle trompe le consommateur,
37:41 mais elle est malgré tout légale.
37:42 Il faut savoir que la DGCRF, la répression des fraudes,
37:45 a fait une enquête dernièrement,
37:47 des sorties qui prouvent qu'effectivement,
37:49 il y a ces pratiques où on réduit la quantité de produits
37:52 sans réduire le prix au kilo,
37:54 moi-même des fois en l'augmentant,
37:56 donc c'est tromper le consommateur
37:57 puisqu'on ne va pas faire une communication
37:59 comme quoi la quantité a été réduite.
38:01 C'était l'exemple du kiri qui passe de 20 g à 18 g.
38:05 Mais ça, c'est tout à fait légal, malheureusement,
38:07 et ça pose question,
38:09 parce qu'on est quand même dans une du prix.
38:12 On trompe le consommateur, même si effectivement,
38:13 c'est écrit que la quantité va réduire,
38:15 que le prix au kilo augmente.
38:16 Si on regarde bien, ça va être écrit,
38:18 sauf qu'en fait, ça va être sur des produits
38:19 dont on a l'habitude d'acheter.
38:20 C'est presque, on va le prendre,
38:22 on pense pas qu'il a changé en quantité,
38:24 on va avec le prix reste le même.
38:25 Donc on se dit, très bien, c'est toujours le même produit,
38:26 mais non, il y a un petit peu moins dedans.
38:29 Donc c'est l'association Foodwatch
38:30 qui a d'abord mis ça en évidence, ce phénomène,
38:33 et il date pas de l'inflation, il date d'avant.
38:35 Par exemple, le kiri avait déjà réduit ses quantités en 2020.
38:39 Mais là, avec la hausse des matières premières
38:42 et des denrées agricoles,
38:43 les industriels se privent pas pour massifier,
38:46 pour augmenter ce phénomène.
38:48 - Oui, donc cette réduction ne se justifie pas
38:50 par la hausse des prix, puisque comme vous l'expliquiez,
38:52 c'était une pratique qui précédait même...
38:55 - C'est une pratique qui existait déjà,
38:56 qui est renforcée à cause de la hausse
38:57 des coûts en matières premières,
39:00 et qui, après, ça dépend,
39:02 on se considère comme justifié ou non.
39:04 Moi, personnellement, je trouve ça comme une tromperie.
39:06 - Oui, et c'est même étonnant que la DGCRF, en fait,
39:09 valide complètement cette pratique.
39:12 Vous parlez dans votre article de la France
39:14 comme d'un pays qui se paupérise,
39:16 et les habitudes alimentaires des Français s'en ressentent.
39:19 L'aide alimentaire devient un recours pour beaucoup.
39:21 Et un autre indice,
39:22 il y a une augmentation des vols à l'étalage.
39:25 - Exactement. On peut observer une hausse des vols à l'étalage.
39:28 Donc c'est peut-être l'exemple le plus tragique, finalement,
39:31 de cette paupérisation,
39:32 des gens qui sont obligés de voler pour se nourrir, tout simplement.
39:35 - Une hausse de 10 %, c'est ce que vous indiquez dans votre article.
39:37 - Oui, c'était les chiffres que j'ai pu trouver.
39:39 Voilà, donc c'est assez tragique.
39:41 Ça pousse des gens à aller jusqu'au vol.
39:43 Mais autre exemple tragique, comme vous le mentionnez,
39:45 c'était la hausse de l'aide alimentaire.
39:48 Donc de plus en plus de Français ont besoin
39:50 de l'aide alimentaire pour se nourrir.
39:52 Donc cette aide alimentaire qui avait été beaucoup visibilisée
39:54 pendant le Covid, on pense notamment à ces files d'étudiants
39:57 devant les distributions de denrées.
39:59 Donc cette aide alimentaire qui a des grosses limites, en fait,
40:02 puisqu'elle ne permet pas un accès digne d'alimentation,
40:04 elle ne permet pas un accès choisi.
40:05 C'est vraiment un dernier recours, c'est un pansement,
40:08 parce qu'on n'arrive pas à accéder à l'alimentation autrement.
40:10 Donc cette aide alimentaire,
40:11 elle est confrontée à une hausse du nombre de bénéficiaires,
40:14 et en même temps à une baisse de dons.
40:15 Et ça, c'est assez tragique,
40:17 puisqu'en fait, elle est fournie par la grande distribution,
40:19 l'aide alimentaire, elle va récupérer les surplus
40:21 de la grande distribution, mais en fait,
40:22 la grande distribution fait de moins en moins d'invendus,
40:25 puisque eux-mêmes, en fait, ils vont améliorer,
40:27 ils vont... quand un produit arrive proche de sa dette limite
40:30 de consommation, ils vont casser les prix, par exemple.
40:33 Donc c'est bien, ça permet d'avoir une alimentation
40:35 un peu moins chère dans le magasin,
40:36 mais en fait, c'est ce qui n'ira pas à l'aide alimentaire derrière.
40:39 Donc on se retrouve vraiment avec les produits
40:41 que personne ne veut dans l'aide alimentaire.
40:43 Donc c'est dommage, enfin, c'est pas un bon modèle, quoi.
40:47 - Et des produits de mauvaise qualité,
40:48 en plus trop salés, trop sucrés...
40:50 - Exactement, on choisit pas ce qu'on a,
40:51 puisqu'on a ce que personne ne veut.
40:53 Et donc des produits qui sont pas sains,
40:54 des produits qui sont pas durables,
40:55 qui sont issus de l'agro-industrie,
40:57 qui sont issus de la grande distribution.
40:59 - Alors la grande consommation réagit en misant sur le low cost.
41:02 Par exemple, elle pousse des marques comme Atacadao,
41:05 qui avait été pensée par les pays du Sud,
41:07 le Brésil, le Maroc.
41:08 On écoute les explications d'Alexandre Bompart,
41:11 qui expliquait son choix à BFM Business
41:14 le 9 novembre dernier.
41:15 - Donc on est très compétitif en termes de prix.
41:18 On veut l'être encore plus.
41:19 On veut l'être encore plus avec un format hypermarché
41:22 qui joue encore plus son rôle populaire.
41:24 Et puis on va, en effet, implanter en France
41:27 en septembre prochain, on va lancer, on va tester
41:29 notre format brésilien à coeur,
41:32 qui s'appelle Atacadao, qui est un format prix très bas,
41:35 assortiment, cette fois-ci, très court,
41:38 extraordinairement efficace, extraordinairement proche
41:40 de ceux qui souffrent le plus.
41:42 - Vous voulez nous vendre du riz par 5 kilos ?
41:43 - Oui, c'est quantité, quantité, quantité.
41:45 Même plus vous en achetez, moins c'est cher.
41:47 - En effet, ça repose sur des achats d'opportunités,
41:50 des gros conditionnements, des assortiments très courts.
41:54 C'est très efficace.
41:55 - On a l'air d'être très fiers
41:57 de cette... de l'installation, de cette enseigne.
42:01 On a appris récemment que le maire de Sevran, notamment,
42:04 ne veut pas de l'installation de ce discompteur dans sa commune.
42:08 Il parle, il le justifie par les menaces qui pèsent
42:12 pour l'emploi au sein du groupe Carrefour
42:13 et des menaces sur le petit commerce.
42:15 Est-ce qu'il a raison de s'inquiéter ?
42:16 - Je pense que son inquiétude est légitime.
42:18 Elle est courageuse, d'abord, son inquiétude,
42:19 puisque Sevran est quand même une ville populaire,
42:21 une ville très pauvre, donc ses habitants ont du mal
42:24 à accéder à l'alimentation de qualité.
42:26 Et là, voir un groupe comme Carrefour
42:29 proposer l'ouverture d'un magasin
42:30 où l'alimentation sera vraiment à très bas coût,
42:32 ça pourrait être tentant, a priori, pour un maire de cette commune.
42:36 Et il a le courage de dire que non,
42:38 c'est pas le bon système, c'est pas le bon modèle à valoriser.
42:40 Cette course au bas prix, il a compris qu'en fait,
42:42 elle pénalise tout le monde,
42:43 elle pénalise les producteurs agricoles, forcément,
42:45 puisque si on rémunère pas leur production au juste titre,
42:49 elle pénalise les travailleurs de la grande distribution,
42:51 les travailleurs des filières,
42:53 qui, eux, ont des conditions de travail très dégradées,
42:56 des salaires très bas.
42:57 Et elle va, au fait, dévaloriser aussi les consommateurs
43:00 qui, au final, vont accéder à des produits alimentaires,
43:03 mais des produits alimentaires de quelle qualité ?
43:05 Une qualité très médiocre, qui est pas bonne pour la santé,
43:07 qui est pas sain et qui est pas bon pour la planète.
43:09 Donc ça, c'est déjà un acte courageux de la part de ce maire
43:11 de sortir de cette logique de course au bas prix,
43:14 ce que vend en fait la grande distribution.
43:15 La grande distribution s'est imposée dans le pays
43:18 en proposant comme ça ce modèle de...
43:20 On casse les prix,
43:22 on casse en même temps le commerce local, forcément.
43:25 Et donc, pour un maire, effectivement,
43:26 il y aura des problèmes sur l'emploi.
43:27 On peut supposer que si ce modèle Atacadao
43:30 vise à réduire au maximum les prix,
43:34 ils vont viser à réduire les coûts,
43:35 et notamment les coûts du travail.
43:37 Donc ça va être des emplois qui vont être mal rémunérés,
43:39 qui vont être difficiles,
43:42 et qui vont faire concurrence
43:44 aux peu de commerces qu'il y aura à Sèvran,
43:45 parce qu'il y a aussi des enjeux sur les communes populaires
43:48 de dynamiser du commerce alimentaire de qualité,
43:51 de jouer dans ce qu'on appelle l'environnement alimentaire.
43:54 Donc l'environnement alimentaire,
43:55 c'est pouvoir accéder proche de chez soi
43:58 à des commerces de qualité,
43:59 à des commerces où l'alimentation est accessible et durable.
44:02 Et ça, dans plein de quartiers, c'est pas acquis.
44:05 Dans plein de quartiers, mais aussi dans plein de zones rurales,
44:08 c'est le petit paradoxe.
44:09 On peut être très proche des champs
44:11 et avoir une alimentation qui n'est pas de qualité.
44:13 Les agriculteurs eux-mêmes souffrent de ça.
44:15 Et c'est pas forcément ceux qui auront accès
44:17 à la meilleure alimentation.
44:19 Donc pour le maire de Sèvran,
44:20 effectivement, il y a une menace sur le commerce, sur l'emploi.
44:24 Donc c'est une proposition courageuse.
44:26 -Oui, c'est que vous considérez que l'augmentation prévisible
44:30 de l'espace du low cost
44:32 va dégrader la qualité de l'alimentation des Français
44:35 puisque les distributeurs, en fait, vont retirer des rayons
44:39 tous les produits bio pour y installer ces produits low cost.
44:44 Alors la question qui s'impose finalement,
44:47 et les paysans, dans tout ça, vous en avez un petit peu parlé,
44:50 mais est-ce qu'ils profitent de ces hausses de prix ?
44:54 -Malheureusement, non.
44:56 Grosso modo, personne ne profite de cette hausse des prix,
44:58 ou du moins personne parmi ceux qui vont travailler.
45:01 Donc ça se traduit pas par des hausses réelles
45:04 des salaires dans la grande distribution,
45:05 et ça se traduit pas par des hausses réelles
45:07 des rémunérations des producteurs,
45:09 parce qu'en fait, les producteurs,
45:10 ils sont victimes aussi de cette inflation
45:12 puisqu'ils voient leurs coûts de production eux-mêmes augmenter.
45:16 Et là-dessus, les systèmes les plus intensifs,
45:18 les systèmes les plus dépendants aux intrants
45:21 sont ceux qui sont a priori le plus fragilisés.
45:23 Par exemple, on peut voir que la tonne d'engrais azotés,
45:26 le prix augmente, il explose même.
45:28 Il augmentait déjà avant la guerre en Ukraine.
45:30 Depuis, c'est énorme aussi,
45:32 puisqu'il faut du gaz pour produire les engrais azotés, par exemple.
45:35 -Il est passé de 230 à 845 euros.
45:37 -Oui, sur la tonne.
45:39 Et donc ça les fragilise fortement.
45:42 Donc c'est des systèmes comme ça qui sont très dépendants des intrants
45:44 et donc qui sont très fragilisés.
45:46 Voilà.
45:48 -Et qu'est-ce que, justement, cette inflation,
45:50 cette hausse des prix dit de nos filières agricoles
45:53 et de leur dépendance et de leur fragilité ?
45:56 -Ca dit qu'en fait,
45:57 on a des objectifs de souveraineté alimentaire, par exemple.
45:59 On se rappelle de la phrase de Macron pendant le Covid,
46:02 "déléguer notre alimentation aux autres est une hérésie".
46:04 Enfin, c'était quelque chose dans le genre.
46:07 Bon, on voit bien que pourtant,
46:10 il ne se dirige pas vers sortir de cette modèle-là.
46:13 Il faudrait favoriser des modèles de production agricole
46:16 qui sont autonomes, plus autonomes, plus économes.
46:19 Et ça, c'est pas la voie qui est choisie.
46:21 On est plutôt sur une voie où on va faire une agriculture
46:23 qui est apte à exporter.
46:25 Donc ça a des grandes filières qui vont être prêtes
46:27 pour aller conquérir des marchés à l'étranger.
46:29 Par exemple, la réponse après la guerre en Ukraine,
46:32 la stratégie, c'était presque de récupérer
46:34 les marchés internationaux que l'Ukraine allait perdre
46:37 au fil de la guerre. Donc nous, on va aller les récupérer.
46:39 Alors que c'est pas la logique à avoir.
46:41 C'est se rendre plus dépendant de l'étranger en faisant ça.
46:42 Il faut au contraire se rendre moins dépendant
46:44 et du coup, promouvoir une agriculture plus souveraine
46:47 parce que plus économique et autonome.
46:49 -Oui, il y a quand même des gagnants, des gros gagnants
46:52 de cette inflation galopante.
46:54 -Il y a quelques gagnants, effectivement.
46:56 Comme souvent, ça va être les plus gros.
46:57 Donc par exemple, on a pu voir les chiffres d'affaires
46:59 des géants, la négoce de céréales.
47:02 Donc les ABCD, c'est les 4 plus grosses entreprises.
47:04 C'est Louis-de-Refus, Cargill, etc.,
47:06 qui ont vu entre 2021 et 2022 leur chiffre d'affaires exploser.
47:11 Vraiment, on peut parler de surprofits aussi dans ce domaine.
47:13 C'est pas réservé qu'à Total.
47:15 D'ailleurs, les géants de l'énergie éthique aussi,
47:17 on voit que c'est pas eux qui souffrent le plus
47:20 puisqu'après, ils vont diffuser leur hausse de coût
47:23 sur le reste de la filière.
47:24 -Alors il y a bien évidemment des solutions
47:26 pour éviter le pire, alors qu'on sait que l'inflation
47:28 n'est pas prête de s'arrêter.
47:31 Parmi elles, le chèque alimentation.
47:33 Alors la promesse d'Emmanuel Macron,
47:35 la crée se fait toujours attendre.
47:36 Et sauf erreur de ma part, la dernière fois
47:39 que la proposition a été évoquée, c'était en octobre 2022.
47:43 C'est Bruno Lemaire qui disait,
47:45 "Non, non, on n'abandonne pas du tout cette idée.
47:48 "C'est toujours en discussion."
47:49 Est-ce que vous savez si on a avancé sur ce dossier depuis ?
47:53 -On n'a pas avancé.
47:55 Il est officiellement pas abandonné,
47:57 mais officieusement, il y a rien qui se passe derrière.
48:00 Donc pour rappeler, le chèque alimentation durable,
48:02 c'est pas une solution miracle,
48:04 au moins, ça témoignait d'une volonté du gouvernement
48:06 de mettre de l'argent sur l'accès à l'alimentation
48:08 et sur un accès qui change de l'aide alimentaire,
48:11 donc où les gens pourraient quand même un petit peu choisir
48:13 ce qu'ils veulent consommer,
48:14 parce qu'ils pourraient l'acheter grâce à ce chèque.
48:17 -C'est quel montant, ce chèque d'alimentation ?
48:18 -Il n'y avait pas de montant défini.
48:20 Les chiffres, parfois, c'était 100 euros par mois,
48:22 mais il n'y avait pas de projet ficelé, concret,
48:24 de proposé par le gouvernement.
48:26 Mais quoi qu'il en soit, si on était sur des montants de 100 euros,
48:28 ça dépendait à quelle partie de la population
48:31 il était distribué,
48:32 mais on pouvait monter sur,
48:34 mettons, 3 milliards d'argent public, 2 milliards,
48:36 des sommes beaucoup plus conséquentes
48:37 que ce qu'on voit actuellement mis par le gouvernement
48:39 sur ces questions d'accès à l'alimentation.
48:42 -Donc a priori, cette idée-là est abandonnée.
48:44 En revanche, il y a une autre proposition
48:46 qui fait encore parler d'elle,
48:48 c'est le panier anti-inflammation.
48:50 Alors, qu'est-ce que c'est, ce panier anti-inflammation ?
48:52 Je vous propose d'écouter la réponse d'Olivia Grégoire,
48:55 ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises
48:58 du commerce, de l'artisanat et du tourisme.
49:00 -Un panier d'une petite cinquantaine de produits du quotidien
49:05 qui correspondrait aux besoins d'une famille avec enfant
49:08 et qui serait à prix bas, comme vous l'avez appelé,
49:11 et non pas à prix coûtant ou à prix cassé.
49:13 Les mots ont leur sens.
49:15 Évidemment, mon objectif est le suivant,
49:17 faire en sorte que les Français puissent avoir sur un panier du quotidien
49:20 des prix attractifs,
49:21 mais entre l'idée et l'action, c'est toujours compliqué.
49:24 Donc, il y a deux écueils que je cherche à éviter.
49:27 D'abord, faire en sorte que le droit à la concurrence des distributeurs
49:31 soit préservé.
49:32 Donc, je leur parle de famille de produits,
49:34 des produits d'hygiène, des produits frais.
49:36 Ce n'est pas au gouvernement de fixer les références.
49:39 C'est important de le rappeler.
49:40 Et deuxièmement, j'ai aussi à cœur de protéger les fournisseurs.
49:43 Si les prix sont bas,
49:45 ce n'est pas sur le dos de nos agriculteurs ou de nos producteurs
49:48 qu'il faut que ces marges soient trouvées.
49:50 L'idée n'est pas d'être uniquement sur le prix.
49:54 J'ai à cœur aussi qu'il y ait des produits de qualité,
49:56 par exemple des produits frais,
49:58 possiblement des produits bio dans des marges importantes,
50:01 et que ce ne soit pas uniquement un panier petit prix.
50:05 Entre l'idée et l'action, il y a du temps.
50:08 Alors, peut-être, il y a de la volonté politique ou il n'y en a pas.
50:13 L'enseigne, vous l'avez vu,
50:16 la système U n'a pas le temps puisqu'elle juste qu'il y a urgence.
50:20 Elle va lancer un panier de 150 produits à prix coûtant
50:24 dès mercredi pour une durée indéterminée.
50:26 C'est ce qu'a annoncé aujourd'hui son président Dominique Schellcher,
50:30 une opération commerciale qui intervient
50:32 alors que le gouvernement discute encore.
50:34 On le voit.
50:36 Et donc, Dominique Schellcher a expliqué effectivement
50:40 qu'il ne sort pas pour autant des négociations
50:43 avec le gouvernement,
50:45 mais que l'urgence impose l'action.
50:46 On peut se réjouir plutôt de cette nouvelle,
50:48 et en même temps, on peut regretter
50:50 que ce soit la grande distribution
50:53 qui se substitue finalement à l'action politique et publique.
50:57 - Exactement, ça résume bien l'ambition du gouvernement
50:59 sur ces questions d'accès à l'alimentation,
51:01 où finalement, plutôt qu'avoir une action publique,
51:04 des politiques volontaristes,
51:05 on délègue ça à la grande distribution,
51:08 on délègue ça aux hypermarchés, aux supermarchés.
51:10 Donc, c'est une forme de capitulation.
51:12 C'est assez tragique,
51:13 parce qu'on peut imaginer...
51:15 On se retrouve avec une situation, finalement,
51:17 où la précarité alimentaire augmente,
51:19 où de plus en plus de Français ont du mal à se nourrir.
51:21 On se retrouve avec une ministre
51:22 qui va faire la publicité de la grande distribution,
51:25 qui va dire "Allez chez eux,
51:26 "ceux qui proposeront les prix les plus bas."
51:29 Là, elle parle de protéger les fournisseurs.
51:32 Mais moi, j'aimerais qu'elle protège les Français un peu plus
51:35 en leur garantissant un accès à l'alimentation.
51:37 On a parlé de la promesse de chèque à l'alimentation,
51:38 une promesse de campagne d'Emmanuel Macron,
51:40 une promesse qu'il a aussi faite
51:41 devant les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat,
51:43 une promesse qu'il ne met pas en place.
51:46 Il y a d'autres propositions qui existent,
51:47 qui sont plus ambitieuses, on pourra peut-être en parler après.
51:50 Mais en tout cas,
51:51 ça montre bien qu'il n'y a aucune montée de protection,
51:53 c'est juste qu'on délègue notre action
51:55 à des acteurs privés majoritaires.
51:57 -Malheureusement que ce gouvernement,
51:58 c'est assez fréquent de voir,
52:01 pour le coup, des acteurs économiques
52:04 se substituer à l'action politique et publique.
52:07 C'est aussi le cas, même en matière de lutte contre les violences,
52:09 même en matière de lutte contre les discriminations.
52:11 Heureusement qu'on a les ONG qui sont là.
52:14 Effectivement, il y a une autre proposition très ambitieuse,
52:17 vous allez peut-être nous en dire un peu plus,
52:18 c'est la Sécurité sociale alimentaire
52:20 qui devrait être expérimentée au cours de ce premier trimestre.
52:24 -J'aimerais bien qu'elle le soit,
52:26 mais elle l'est par des initiatives citoyennes.
52:30 Pour expliquer un peu ce que c'est la Sécurité sociale alimentaire,
52:32 donc la SSA,
52:33 en fait, c'est une proposition
52:34 qui est portée par un collectif d'associations
52:36 comme le réseau Sivam, le réseau Salaria,
52:38 la Confédération paysanne, etc.
52:40 Donc ces associations-là, elles proposent d'étendre
52:43 la Sécurité sociale sur les questions d'alimentation.
52:46 Donc c'est assez novateur, c'est assez puissant,
52:49 car ça permettrait de créer un droit à l'alimentation,
52:51 de progresser vers une démocratie de l'alimentation.
52:53 Concrètement, ça veut dire qu'on aurait une carte vitale,
52:56 finalement, comme une carte vitale,
52:57 mais qui permettrait d'acheter de l'alimentation.
52:59 Elle permettrait d'acheter des produits
53:01 qui seraient conventionnés démocratiquement.
53:03 Et ça, c'est important.
53:04 C'est pas au gouvernement qui dirait
53:06 "Bon, ça, vous pourrez acheter ça avec votre carte d'alimentation."
53:09 C'est pas la grande distribution qui dirait
53:11 "Vous pourrez acheter ça avec votre carte d'alimentation."
53:13 Non, ce sera un conventionnement démocratique.
53:15 Donc ce serait choisi démocratiquement.
53:17 On se mettrait d'accord sur des listes
53:19 de lieux de distribution ou de produits
53:21 qui pourraient être achetés avec cette carte d'alimentation.
53:24 Elle serait financée par une cotisation,
53:26 donc comme la Sécurité sociale à son origine,
53:28 donc financée par les travailleurs,
53:30 qui, comme ça, permettrait de pouvoir distribuer
53:33 la somme de 100 euros par mois ou 150 euros par mois,
53:35 ça dépend des modèles.
53:38 Et enfin, le 3e pilier fort de cette proposition,
53:40 c'est qu'elle est universelle.
53:42 Et ça, c'est important.
53:43 C'est pas une mesure qui est pour les pauvres
53:44 et que pour les pauvres.
53:45 C'est une mesure qui est pour tout le monde.
53:46 Comme la Sécurité sociale à la santé,
53:47 tout le monde a une carte vitale.
53:49 Même les enfants de Bolloré, ils peuvent aller chez le médecin,
53:50 ils donnent la carte vitale, ils ne payeront pas le médecin.
53:52 Là, c'est pareil avec cette carte vitale de l'alimentation.
53:55 Ce principe universel est très, très important.
53:58 Parce que si on reste sur des mesures
54:00 réservées qu'aux plus pauvres,
54:01 c'est des mesures qui sont stigmatisantes,
54:03 qui peuvent un peu développer un sentiment de ressentiment
54:06 pour ceux qui n'en bénéficient pas, etc.
54:09 Donc, c'est un critère qui est important.
54:11 - Donc, c'est une initiative citoyenne
54:14 et qui n'est pas discutée avec le gouvernement,
54:19 avec les institutions ?
54:20 - C'est une proposition de la SSA
54:22 qui, actuellement, n'est pas mise en oeuvre
54:24 puisque ça devrait être mis en oeuvre au niveau national.
54:26 Le gouvernement se montre assez sourd à cette proposition.
54:29 Forcément, il est en train de détruire la Sécu,
54:30 il ne va pas la reconstruire sur d'autres thématiques après.
54:34 Il faut savoir que, quand même, le CNA,
54:35 le Conseil national de l'alimentation,
54:38 en fin 2022, a émis un avis appelant à expérimenter la SSA.
54:42 Donc, ça, c'est intéressant de voir
54:43 que ça progresse dans des arènes plus institutionnelles.
54:46 Et ensuite, il y a des expérimentations locales
54:48 qui se développent.
54:49 Par exemple, ce samedi, à Montpellier,
54:51 il y a eu le lancement d'une caisse alimentaire commune.
54:53 Donc, à Montpellier, il y a eu un comité citoyen,
54:56 donc des citoyens de Montpellier qui se sont réunis
54:58 et qui ont lancé cette caisse.
55:00 Donc, cette caisse, c'est la parole de distribuer
55:02 100 euros par mois à 400 personnes pendant un an.
55:04 Donc, c'est une expérimentation.
55:06 Et ces 100 euros par mois pourront être dépensés
55:08 dans des produits, dans des redistributions
55:10 qui seront choisis par ce comité de citoyens.
55:13 Donc, voilà, c'est une belle expérimentation
55:15 qui se base sur les propos de la SSA.
55:19 Donc, on va voir ce que ça va donner.
55:20 -Merci beaucoup, Clément Coulet.
55:23 Je rappelle, vous êtes auteur pour le Média indépendant
55:25 "Le vent se lève".
55:26 Et on vient donc de discuter de cet article très fouillé
55:30 intitulé "Inflation, alimentation, pays de la bouffe,
55:33 la grande paupérisation".
55:35 Un article, une fois de plus, qu'on vous invite vraiment à lire.
55:37 Un article très instructif. Encore merci, Clément Coulet.
55:40 Merci également à vous, derrière vos écrans,
55:43 de nous avoir suivis.
55:44 Si on peut vous proposer chaque jour
55:46 cette qualité d'information et des intervenants de qualité,
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56:38 Toujours debout de la semaine, présenté par Jemil.
56:41 Très bonne soirée.
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